Posts Tagged ‘amitiés

Marie Leonhardt nous a quittés le 23 juillet dernier : un échange de courriels avec l’ami Jean-Paul Combet…

28juil

À propos du bien triste événement qui nous a touchés, la mort de Marie Leonhardt, le 23 juillet dernier à Amsterdam,

cet échange-ci de courriels, ce jeudi 28 juillet 2022, avec l’ami Jean-Paul Combet _ l’éditeur (Alpha) des derniers merveilleux CDs de Gustav Leonhardt…

« Apprenant ce matin _ « Décès d’Alice Harnoncourt et de Marie Leonhardt, une page qui se tourne dans la musique ancienne«  _ le décès de Marie Leonhardt,

je me souviens de ce superbe CD, Chaconnes & Passacailles, avec l’Ensemble Mateus, que tu as publié.
 
Je me souviens aussi de sa présence au repas au restaurant La Tupina rue Porte-de-la-Monnaie à Bordeaux _ le 14 juin 2001 _,
pour conclure l’enregistrement _ du 10 au 13 juin _ du CD de Gustav Leonhardt sur le Dom Bedos de l’abbatiale Sainte-Croix _ le CD Alpha 017 _,
autre CD évidemment mémorable.
 
En dehors des mémoires personnelles qui passeront avec nous,
restent quelques beaux « Tombeaux » de divers genres,
susceptibles de durer un peu plus que nos corps…
 
J’espère que tu te portes bien, ainsi que les tiens _ peut-être es-tu grand-père ? _ ;
et que tes projets te donnent satisfaction…
 
Francis » 7h 22
« Cher Francis,
 je suis heureux de recevoir ton message. C’est une drôle d’année, les 10 ans de la mort de Gustav _ le 16 janvier 2012 _, celle de la mort de Marie. Tu sais, je suis presque soulagé pour elle, sa fin de vie ayant été assez triste : plus de mari, plus de musique, plus la belle maison du Herengracht mais une horrible chambre de maison de retraite. J’espère qu’elle avait un peu perdu la tête pour que ces pertes ne l’aient pas trop fait souffrir à la fin. Une fin longue finalement, plus de 8 ans… Son mari est mort très vite, la décision a été prise en quelques jours. Je les ai vus chez eux le 26 décembre 2011, il m’a alors annoncé qu’il serait sédaté définitivement le lundi suivant et le corps a lâché le 16 janvier. Lorsqu’il est parti de chez lui, la maison était remplie d’objets d’art, c’était un musée qu’il avait constitué au fil des années, pour lui seul finalement car ni Marie ni ses filles n’étaient concernées. Et tout a disparu en quelques heures lors de la vente chez Sotheby’s. Marie avait donc tout perdu de la mémoire de sa vie, même son violon, vendu à Sophie Gent. Bien étrange destinée, non ?
Non, je ne suis pas grand-père, aucune perspective de ce côté pour le moment.
Je me suis beaucoup amusé cette année à donner une série de 10 conférences sur les Variations Goldberg, que je travaille au clavecin depuis 2 ans. J’en suis venu à bout, avec beaucoup de difficulté au début et de moins en moins en avançant. Ce qui me semblait infaisable est juste devenu difficile. J’ai décortiqué la construction de chaque variation et abordé des thématiques plus générales, techniques ou philosophiques. Bref, j’ai beaucoup appris. C’était parfois difficile à exprimer de façon compréhensible, car le public d’aujourd’hui n’a quasiment plus de contact avec la pratique musicale. J’aimerais bien redonner ce cycle de temps en temps, mais qui a encore la patience aujourd’hui de consacrer 10 séances à une chose unique, alors qu’on attend que tout se résume à un post Facebook de 30 secondes ?
Peu de choses m’apportent de la satisfaction : le « Guerre »  de Céline, un très chouette livre intitulé « Beyond Bach », revoir « les 400 coups ». C’est déjà bien.

Si ça t’amuse, je joins le fichier du texte qui sera publié en hommage à Leonhardt dans le programme du festival d’août. Merci de ne pas le diffuser et de le garder pour toi _ c’est fait : Arques le découvrira très bientôt ; et c’est excellent !.. J’aimerais partir de ce texte pour en dire plus sur la musique ancienne et sur la musique en général, mais l’écriture me pèse tant, je n’y trouve aucun plaisir.

J’espère moi aussi que tu te portes bien.

Amitiés,

Jean-Paul » 11h 34
« Rien à retrancher à ton texte pour Arques si juste…
Oui, les «
Goldberg « sont un incontournable insurpassé !
On ne peut pas s’en lasser. Et il faut bien le « 
Quodlibet « , puis le retour de l´ « Aria « , pour accepter de quitter ces « Goldberg « …

Tes remarques sur l’avisibilité de la musique me conviennent admirablement, de même que la méfiance à l’égard de l’interprétation…

Humilité foncière nécessaire de celui qui lit et joue ce que la partition nous transmet, en attente de sonner.

Toute une éthique du jeu musical…

Pour le reste, Gustav Leonhardt était tout braise en l’intensité très exigeante de son jeu : j’ai eu la chance  de l’entendre souvent jouer ainsi en concert à Bordeaux.

Le public présent se contentant d’assister lui aussi humblement à l’avènement sonore de la splendide, musique.

À suivre…

Francis » 14h 28

« oui, plus je côtoie les Variations, plus je ressens ce qu’écrivait Jankélevitch dans L’irréversible et la Nostalgie. Insouciance de quitter le port pour parcourir le monde, voyage jalonné d’épreuves et désir de retrouver son foyer. Mais le retour à Ithaque est à la fois une joie et une tristesse, comme le retour de l’Aria initiale. Bach a visé juste dans sa connaissance de l’humain, une fois de plus…
JP » 14h 35
Ce jeudi 28 juillet 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un début de portrait de Paul Bonopéra, en son avis de décès paru le 20 janvier 1916, dans Le Progrès d’Orléansville

11mar

Pour commencer à nous faire une petite idée de la personnalité de Paul Bonopéra _ Miliana, 1er octobre 1856 – Orléansville, 18 janvier 1916 _,

voici la teneur, presque entière, de l’avis de son décès, survenu à Orléansville le mardi 18 janvier 1916, tel qu’il a été publié par Le Progrès d’Orléansville, le jeudi 20 janvier suivant :

« Mardi soir, notre ami Paul Bonopéra, qui la veille encore était des nôtres plein de bonhomie, a succombé des suites d’une cruelle maladie ; la nouvelle se répandait en ville en y provoquant l’émotion la plus vive.

Bonopéra s’était créé dans notre cité, par sa nature droite, par son ferme bon sens, par son travail opiniâtre, des amitiés franches et solides. Le destin aveugle s’est plu à l’arracher brutalement à l’affection de son épouse et de ses enfants, dont la douleur ne supporte pas d’atténuation.

Sur sa tombe, M. Louis Clément, maire, prononça quelques paroles sur la vie pleine de labeur de Bonopéra. Il dit combien est pénible pour le chef de la municipalité de saluer l’excellent homme dont nous avons apprécié la belle humeur, la parfaite loyauté et une compétence d’un précieux concours.

Après avoir rappelé les dix années du défunt au conseil municipal, M. Clément s’exprima ainsi. Nous n’oublierons pas à l’hôtel de ville le bon collègue, le bon camarade, enlevé trop tôt à notre amitié ; et je suis l’interprète de tous ceux qui ont connu notre collègue, en disant nos regrets, en exprimant à sa veuve et à sa famille, l’hommage de nos sentiments attristés.

Le Progrès prie sa veuve, ses enfants, ainsi que toutes les familles que cette mort met en deuil, d’agréer l’assurance de ses condoléances profondément émues et sincèrement attristées .« 

À comparer avec la sévère sobriété _ plutôt questionnante _ du communiqué de « Remerciements » publié par la famille du défunt, une semaine plus tard, le 27 janvier, toujours sur Le Progrès d’Orléansville :

« Madame Veuve Bonopéra, ses enfants et leurs familles remercient bien sincèrement les personnes qui leur ont témoigné leur sympathie à l’occasion du décès de

Monsieur Paul BONOPERA

décédé à Orléansville le 18 janvier 1916, à l’âge de 60 ans« … 

Dès l’année 1903,

le nom de Bonopéra apparaissait dans la chronique orléansvilloise du quotidien des jours de la cité, dans l’édition du 23 juillet 1903,

avec, cité dans le Palmarès de la fin d’année scolaire 1902-1903 de l’Ecole de garçons, pour la 1ère classe, celle de 2ème année du cours complémentaire, le nom de « Julien Bonopéra » _ il a 16 ans _ ;

et deux ans plus tard, le 2 novembre 1905, et toujours à propos du jeune Julien Bonopéra, ce bref avis-ci : « Examen des Postes et Télégraphes du cadre algérien : Julien Bonopéra, fils de M. Bonopéra, propriétaire à Orléansville : nommé commis stagiaire à Orléansville, après deux mois d’instruction à Alger »

Plus tard, on peut remarquer les trois élections successives, en 1907, 1908 et 1912, de M. Paul Bonopéra comme conseiller municipal d’Orléansville :

_ le 17 juillet 1907, lors d’élections municipales complémentaires pour 6 postes à pourvoir, est notamment élu Paul Bonopéra (51 ans).

_ l’année suivante, dès le premier tour du 7 mai 1908, sont élus 19 des membres de la liste républicaine de M. Paul Robert ;

sur 476 suffrages exprimés, Paul Robert, le mieux élu, obtient 470 voix ; Louis Clément le suit, avec 433 voix ; et immédiatement après _ troisième mieux élu des 19 de ce premier tour _ Paul Bonopéra, 423 voix.

Je remarque, au passage, que Emile Wachter, qui s’était présenté, a obtenu 97 voix, et n’a pas été élu.

Les deux derniers sièges, en ballottage, seront pourvus au second tour, le dimanche suivant.

_ aux élections municipales du 12 mai 1912, la liste républicaine conduite par M. Joseph Robert, banquier, sera élue en entier dès le premier tour.

Sur 652 votants, Joseph Robert obtient 406 voix ; M. Paul Bonopéra, propriétaire, 397 ; et M. Ramon Sanchez, propriétaire, 393…

Sans commentaire.

Ce jeudi 11 mars 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

Seconde vision enthousiaste du Grâce à Dieu de François Ozon

14jan

Je viens de procéder à une seconde vision,

après celle d’hier

_ cf mon article :  _,

du film Grâce à Dieu de François Ozon.

Mes impressions premières sont amplement confortées.

Je suis ravi aussi d’avoir été plus attentif à de multiples détails

qui m’avaient échappé,

ou que je n’avais pas retenus,

dans le fil syncopé du récit.

Et j’ai été encore plus sensible

à l’humanité profonde

des principaux personnages

par le regard et les souvenirs desquels

passe la focalisation de la caméra de François Ozon.

Des personnages qui sont loin d’être tout d’une pièce _ et donc caricaturaux _,

dont la personnalité, par de très intéressants micro-écarts,

frémit, bouge, « évolue« 

_ parfois, le plus souvent, avance, avec courage et responsabilité,

mais parfois aussi recule, régresse, non sans hésiter, et par un comble de lassitude ;

mais ce cas-là n’est pas celui des trois personnages principaux,

l’élégant et ferme Alexandre (de Melvil Poupaud),

le fort et audacieux François (de Denis Ménochet),

l’éperdu et admirable Emmanuel (de Swann Arlaud),

qui apprennent,

à l’expérience souvent très rude du réel,

et souvent grâce aux autres (des amitiés, dans la lutte commune, se créent),

à dépasser leurs failles….

Un grand film, subtil,

qui marque.

Ce mardi 14 janvier 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Energie, joie, reconnaissance _ et amitiés aussi : la grâce des oeuvres et de l’Art : François Noudelmann, Gilles Tiberghien, Bruce Bégout

05avr

Où puiser son énergie _ à part la chair de la viande, veux-je dire !.. _, où ?..

Dans la joie, principalement ; quand la joie, elle-même, déjà, est l’expression du « passage à une puissance supérieure« , pour reprendre la si juste formulation de Spinoza en son « Ethique » : un must (de la voie du bonheur : « béatitude« , dit-il, quant à lui) ! Et se manifeste en une œuvre.

Sans doute existe-t-il aussi des satisfactions « mauvaises », méchantes, lubriques, sadiques, etc… ; de même que des « œuvres » du Malin… Pour ma part, j’y goûte peu, à de telles « malices », sauf en situation de survivre (par l’ironie) face aux désespoirs qui menacent (intransitivement !) de tant de bêtise, de paresse, de lâcheté, de mauvaise volonté… Quant au cynisme du mal : directement le combattre, lui !.. Fin de l’incise.

La voie de la joie, donc ; celle de l’expression des potentialités, des talents en germe (et en jachère) qui aspirent à se réaliser, à passer à (davantage de) l’effectivité : « wirklichkeit« , dit Hegel _ en sa « Phénomélogie de l’Esprit » _, un excellent lecteur de Spinoza, il faut dire… Quand les Lumières, qui viennent tant de lui _ Spinoza _, ont commencé a déjà bien (ou un peu ?) mûrir…

D’où ma satisfaction à avoir écouté vendredi dernier, avant hier (le 3 avril, de 10h à 11h, sur France-Culture), l’excellente émission de François Noudelmann, « Les Vendredis de la philosophie« , consacrée à « Adorno et la musique« , avec Anne Boissière, Marc Jimenez et Jean-Paul Olive…

Adorno est le philosophe de l’effort pour surmonter la « vie mutilée » ;

tout de lui est à lire ; en commençant peut-être par les admirables « Minima moralia«  _ dont le sous-titre est très clairement (trop ?) « Réflexions sur la vie mutilée » : une expression éditorialement un peu trop dissuasive, par les temps qui courent ?.. Un must !!!


Je comprends que François Noudelmann, auteur du passionnant et si fin « Le Toucher des philosophes _ Sartre, Nietzsche, Barthes au piano« ,
s’intéresse
, au point de s’y focaliser en une telle émission, à l’articulation entre philosophie et musique ;
comme un point particulièrement élevé
(en degrés : la lave est en fusion !..) de rencontre _ et qu’il faut de toute urgence véritablement explorer ! _ entre les voies du penser (et du concept), les voies du parler _ cf la générativité du discours par la parole dans la langue, selon Chomsky : dès l’enfance : quand l’in-fans sort, en apprenant la langue (et la culture), de sa mutité ! De Noam Chomky, cf, par exemple, tout récemment, « Le langage et la pensée » ! _ et de l’écrire (distinct du simple parler ; cf Bernard Stiegler, passim) ;

…:

et les voies de l’œuvrer artistique _ tout spécialement musical.

Car la musique va ailleurs : et que l’écriture (avec ses métaphores) ; et que les arts plastiques (avec leur mobilisation de l' »imageance » _ j’ai jadis écrit là-dessus, en prolongement à l' »Homo spectator » de Marie-José Mondzain ; et je dois aussi rédiger urgemment un article en prolongement au passionnant « Quand les images prennent position _ l’oeil de l’Histoire 1« , de Georges Didi-Huberman…

Or, Theodor Adorno médite sur cette rencontre entre philosopher et musiquer
dans une perspective, pour les deux (et philosopher, et musiquer), du plus haut (= sacré, si l’on voulait…) « service » de la vérité. Voilà l’exigence très haute d’Adorno.

Je dois donc ré-écouter cette émission, une fois podcastée ; et re-lire Adorno lui-même : les « Minima moralia » ; mais aussi les très « vivants » recueils d’article « Modèles critiques » et « Prismes _ critique de la culture et société« …

En tout cas,
le petit mot amical de François Noudelmann
à mon envoi d’articles de mon blog « En cherchant bien« 
m’a fait très plaisir.
Et c’est de lui que je retiens ce mot même d' »énergie » :


De :      Titus Curiosus
Objet :     Écriture et musique
Date :     28 mars 2009 07:48:48 HNEC
À :       François Noudelmann

Au delà du plaisir de découvrir que votre « Toucher des philosophes  » vient de se voir récompensé
du « Grand Prix des Muses« 
_ déjà un bien beau nom ! _,
je me permets de vous adresser cet article « Rebander les ressorts de l’esprit (= ressourcer l’@-tention) à l’heure d’une avancée de la mélancolie : Jean Clair »
à propos du dernier volume du « Journal » de Jean Clair
« La Tourterelle et le chat-huant« ,


car une remarque de Jean Clair fait état de l’importance pour lui
de la musique
pour s’aider à « écrire plus juste« …
J’ai conclu mon article sur cette note (et le rappel de votre livre).


Bien à vous,
Titus Curiosus

Et la réponse de François Noudelmann :

De :       François Noudelmann
Objet :     Rép :Écriture et musique
Date :     30 mars 2009 08:41:55 HAEC
À :      Titus Curiosus

Merci beaucoup pour ces informations et vos textes. Quelle énergie vous avez, c’est impressionnant ! J’aimerais avoir le secret de ces “ressorts”…
Amicalement, François

Voilà qui fait bien plaisir… Les « bouteilles » (à la mer) atteignent parfois les rivages ;
et même les courriels leurs destinataires…
C’est (presque) à ne pas en revenir !..

De même,
avec un autre correspondant (et philosophe) de très grande qualité : Gilles Tiberghien

(cf mon article du 30 juillet 2008 sur son superbe « Amitier » :

« L’acte d' »amitier » : pour une anthropologie fondamentale (du sujet actant)« ).

Jeudi dernier, 2 avril,
deux conférences en même temps (!!!) auxquelles je tenais beaucoup à assister :

d’abord _ dans l’ordre de ma prise de connaissance _ celle de Gilles Tiberghien, à 18h 30 à la Bibliothèque Municipale de Bordeaux, sur le sujet « Land Art : la nature comme hors-champ de l’Art«  ; je l’avais informé par courriel, le 28 mars, que je viendrais…
Et il en avait aimablement accusé réception le jour même…


Or,
voilà que l’ami Bruce Bégout m’adresse trois jours plus tard
_ le 31 _ le message suivant :

Chers collègues et amis

Je présente mon prochain livre « Sphex » au café-librairie « Les Mots Bleus« , rue de Ruat à Bordeaux, jeudi prochain à 18h. Je serai ravi de vous y retrouver autour d’une lecture et d’un verre de vin.
Pour les impatients, cf. sur le site de « l’Arbre vengeur« , l’éditeur, une fiction en téléchargement gratuit.
Bien à vous tous
Bruce

Je lui fais part immédiatement _ par coup de fil téléphonique _ de mon intention
de passer un moment l’écouter ce jeudi soir (à 18h)
avant de rejoindre _ illico presto ! _ la Bibliothèque municipale écouter (à 18h 30) Gilles Tiberghien ;
auquel il me demande, alors, de bien vouloir adresser ses plus amicales salutations : il était tout à fait avisé de ce malencontreux concours de circonstances ;
et le regrettait vivement
. Mais la présentation de son livre « Sphex » faisait partie des « Escales du livre » de ce week-end _ en constituant, même, comme une « ouverture »…
Il me priait donc de transmettre à Gilles Tiberghien ses plus amicales salutations, et son très vif regret de ne pas pouvoir assister à sa conférence bordelaise.

De mon passage (d’une demi-heure) aux « Mots bleus« ,
je retiens la très agréable vivacité de la conversation entre l’éditeur
(David Vincent, toujours au plus vif de son acuité !) et l’auteur (Bruce Bégout, qui ne lui cède certes rien sur ce terrain _ commun _ là de l’acuité ! : d’où le projet même de ce livre (de « nouvelles »), « Sphex » _ d’après une espèce de guêpe particulièrement ingénieuse et habile à tuer à fin de nourrir ses larves _, sur le modèle des « Contes cruels » de Villiers de l’Isle-Adam, de Barbey d’Aurevilly _ « Les Diaboliques » _, ou de Jean Lorrain _ par exemple, « Histoire de masques« …

Je remarque tout particulièrement, bien sûr, l’articulation qu’opère Bruce Bégout, entre la démarche argumentative philosophique _ « marchant sur une (seule) jambe« , dit-il… _
et la démarche littéraire _ procédant métaphoriquement, davantage que conceptuellement : « marchant sur ses deux jambes, elle« … J’apprends aussi que le projet artistique de Bruce
est très ancien et profond : ce qui ne me surprend pas, à la lecture que j’ai pu faire de ses livres
: tels « Lieu commun : le motel américain » ; « L’Éblouissement du bord des routes » ; ou « De la décence ordinaire _ court essai sur une idée fondamentale de la pensée politique de George Orwell« …

La lecture d’une des quatre nouvelles qu’a choisies _ en totale liberté _ le comédien est elle-même très réjouissante, d’autant que cette lecture est « parfaite », de la part de ce remarquable lecteur qu’est Alexandre Cardin… La nouvelle (dont le titre est « Hasard et tragédie« ) porte sur, dirais-je, le « principe de précaution » ; et ses limites : niaises… Bruce Bégout s’en donne à cœur joie dans une écriture d’une remarquable efficacité (de sobriété et justesse). Comme « c »‘est remarquablement observé (et dit) ; tout tombe implacablement droit _ pas que la chute…

Hélas, je ne peux continuer d’écouter la suite de cette « présentation » de « Sphex » ; et profite de l’entrée dans la salle de nouveaux assistants pour quitter le lieu ; et gagner dare-dare la Bibliothèque Municipale, Cours du Maréchal Juin.

Je n’aurais manqué que les dix premières minutes. La salle (vaste : l’amphithéâtre du rez-de-chaussée) est, ici encore, comble ; pas un siège de libre.
L’assistance, extrêmement attentive, regarde les nombreuses diapositives (préparées par le conférencier ; et projetées à son rythme) au milieu de l’obscurité ;
et boit les paroles du conférencier,
qui les commente
, tranquillement (en pesant ses mots ; comme en confidence ; et non sans rêverie, en sa « réflexion » sur ce qu’il est en train de « montrer »), de son ordinateur, à la tribune,
éclairé seulement d’une minuscule lampe ad hoc.
On se croirait pour un peu admis à l' »expérience » (« réservée », sinon absolument secrète) de penser en quelque studiolo de palazzo italien à la Renaissance : à Mantoue (des Gonzague), Ferrare (des Este), ou Florence (des Medicis)…

Le commentaire des œuvres (situées presque toute dans l’immense nature ; pour ne pas dire pour la plupart en plein déserts) est passionnant : non seulement le panorama, parfaitement maîtrisé sur le sujet (du « Land Art », et ses complexes nuances et variantes, avec lisières et frontières… : cf. déjà « Nature, Art, Paysage« , paru aux Éditions Actes-Sud le 30 mai 2001…), est d’une exceptionnelle précision et richesse,
mais la pensée ultra-vivante du conférencier est toujours en acte, et continue (toujours) d’avancer sa réflexion.
Une heure et demi durant ; et encore, nous aurions pu en écouter bien davantage !

Suivra une (relativement courte ; et encore…) séance de questions-réponses avec la participation d’un public qui a été sensible à la (très grande) dimension de la réflexion de Gilles Tiberghien, à dimension de la Terre (« Earth« ), bien davantage encore que du Pays ou du territoire (« Land« ) ou du simple paysage _ nous ne sommes plus à la dimension des espaces européens… Un penser philosophique très ample, à hauteur d’un certain « sublime », même, sans nul doute ; auquel nous hisse le conférencier. Le mot, même avec précaution, de « sublime » _ je l’avais sur les lèvres, lecteur féru que je suis de la formidablement généreuse philosophe qu’est Baldine Saint-Girons ; cf, entre autres, son « Sublime, de l’Antiquité à nos jours« … _ a été prononcé, avancé, essayé… Gilles Tiberghien n’est pas un simple communiquant, mais un vrai philosophe…

Voici _ sans rien, ici non plus, de « personnel » _ notre échange de courriels :

De :       Titus Curiosus
Objet :     En novembre à Bordeaux
Date :     4 avril 2009 08:01:44 HAEC
À :       Gilles Tiberghien

Bravo encore pour le style de votre conférence,
pour les nuances très fines de votre commentaire
d’un dossier que vous maîtrisez excellemment
mais qui vous donne toujours à penser.


D’avoir (un peu, si peu que ce soit) partagé ce « penser » se cherchant encore et toujours
fut un très beau cadeau que vous avez fait à ceux qui vous ont écouté…


J’ai bien noté votre venue (en projet) à Bordeaux pour le mois de novembre.
Et j’en ai (déjà) (re-)parlé (hier) à qui s’occupe des conférences à la librairie Mollat,
rencontrée (par hasard) parmi les rayons si riches de la libraire Mollat..

En remerciement au plaisir de vous avoir écouté vous confronter
à la question
(qui vous tient tant à cœur !) de l’espace _ à grandes dimensions ; cf votre « Finis terrae _ imaginaire et imaginations cartographiques« … _,
je me permets de vous adresser un autre article (pas trop chronophage j’aimerais croire)
susceptible d’intéresser votre penser sur ce « sujet »…
Il s’agit de ma lecture
de « Mégapolis
 » de Régine Robin _ qui cite, d’ailleurs, l’ami Bruce Bégout.

Ayant eu ce dernier au téléphone,
afin de m’enquérir de son regard sur sa séance de présentation de son livre (« Sphex« )
_ avec lectures de 4 des 37 « nouvelles » (de ce recueil) par un excellent comédien, sans hystérie ! _,
j’ai eu l’occasion de lui dire
que je je vous avais effectivement bien salué de sa part ;
et il s’en est réjoui…

Voici cet article à propos de « Mégapolis » : « Aimer les villes-monstres (New-York, Los Angeles, Tokyo, Buenos Aires, Londres); ou vers la fin de la flânerie, selon Régine Robin« …

Bien à vous,
et ravi de vous avoir (un peu) rencontré et (bien) écouté,

Titus Curiosus

Voici sa réponse _ sans rien de personnel, donc :

De :       Gilles Tiberghien
Objet :     Rép : En novembre à Bordeaux
Date :     4 avril 2009 19:25:19 HAEC
À :       Titus Curiosus

Merci pour ces compliments. J’étais content de vous rencontrer. J’ai lu votre article et du coup j’y ai trouvé des suggestions de lectures. Merci pour cela aussi.
A bientôt
Gilles T.


Ne pas adresser rien que des « bouteilles à la mer » qui mettent des années à atteindre _ si c’est jamais le cas ! _ quelque destinataire
donne ainsi un peu de joie ; et d’énergie, aussi, par conséquent.
Sans qu’on le recherche : il suffirait de le vouloir trop rigidement

pour tout briser ; ces choses-là sont fragiles, en leur force….

Bruce Bégout avait aussi, à sa conférence aux « Mots Bleus« , répondu à une question de David Vincent sur le degré de son « intérêt » pour la réception (par le public) de son écriture ;
indiquant qu’en son écrire, en tant que tel, il n’écrivait que pour lui, ou plutôt que pour l’œuvre à venir et découvrir
(par lui-même, le tout premier, seulement, en quelque sorte, en sa « primeur »…) : en se faisant, cette œuvre advenant, sous ses doigts, tous « sens » ouverts, quant à lui, seulement son « huissier » (= « ouvreur »), si j’ose le dire ainsi (ce n’est pas Bruce qui le dit) ; il insistait _ fort justement _ là-dessus : les « sens » grand ouverts… _ du moins pour un écrit non spécifiquement philosophique ; bien campé sur ses deux jambes…) ;
et non pour complaire (mécaniquement) à quelque lecteur que ce soit _ comme tant aujourd’hui d' »écrivants », surtout ceux qui se produisent à la télévision ; et je ne parle même pas de ceux qui n' »écrivent » que par « nègres » (invisibles, cachés, forcément !) interposés (dans notre monde de l’imposture satisfaite de soi) !.. A la commande du « consommateur » de « loisirs » (et d’un éditeur un peu moins soucieux d’Art …que David Vincent et les Éditions de l’Arbre vengeur)…

Etant entendu
que certains lecteurs auront une lecture mieux que pertinente : adorablement impertinente, même,
à découvrir l’insu, l’impensé, l’invoulu du texte ; sa grâce miraculeuse, non « commandée » : en surplus…


Dans une amicale acuité d’attention de lecture et de réception (active ! cultivée !) de la part du récepteur ainsi « activé » ! ;

de celle _ aussi ! d’acuité… _ qui faisait dire (écrire, en fait : le 7 décembre 1831, en un article enthousiaste de la revue « Allgemeine Musikalische Zeitung » de Leipzig) à un « jeune allemand de Cassel » (= Robert Schumann, âgé en effet d’à peine 21 ans
découvrant l’œuvre d’un (autre jeune) musicien absolument inconnu de lui jusqu’ici (= sans marque d’identification ! de réputation un peu « établie » : un dénommé « Fryderyk Franciszek Chopin« …) : « Chapeau bas, Messieurs, voici un génie !« …

Il s’agissait de ce qui est numéroté comme opus 2 : les « Variations sur (un thème de « Don Giovanni » de Mozart) : « Là ci darem la mano«  »
d’un inconnu (encore alors) au bataillon : un musicien polonais lui-même âgé aussi, à cette date de décembre 1831, de 21 ans… Frédéric François Chopin est en effet né le 22 février 1810 ; et Robert Schumann, le 8 juin, trois mois et demi plus tard exactement.

Bref,
un peu de reconnaissance témoignée
_ sans être quémandée, bien sûr _
donne une joie
énergétique à proportion du surplus de sa parfaite gratuité…


Titus Curiosus, ce 5 avril 2009


Post-Scriptum :


Dans le parfait prolongement du sujet (et questionnement) de cet article ,

Mardi 7 avril prochain, à 18h 30, au CAPC

_ Musée d’Art Contemporain de Bordeaux, Entrepôt Laîné, 7 rue Ferrère à Bordeaux _ ;

dans la salle de conférence,

la Société de Philosophie de Bordeaux

recevra pour la dernière conférence de sa saison 2008-2009

Elie During,

sur le sujet de « A quoi pense l’art contemporain ?« …

En voici l’argumentaire :

 Que l’art, cosa mentale, ait quelque chose à voir avec la pensée, et même la philosophie ; qu’il dispose des éléments sensibles en vue de faire « penser plus », comme disait Kant, nous le savons depuis longtemps. S’il y a à cet égard une spécificité du régime « contemporain » de l’art, c’est dans la manière dont il réarticule les termes du problème en faisant de la pensée son objet. C’est à tort qu’on s’imagine que la théorie est convoquée par les artistes contemporains comme un discours de surplomb censé apporter un « supplément d’âme » à des productions sans consistance : même chez les mauvais artistes, c’est d’une tout autre relation qu’il s’agit _ une relation latérale, mais effective, beaucoup plus intéressante que celle que prescrit le commentaire ou l’illustration. La théorie y est d’emblée envisagée comme partie prenante de la machine artistique et de sa puissance d’invention formelle. Il y aurait ainsi une plastique du concept, qui ne relèverait ni de l’exemplification ni de l’allégorie, ni du schème ni du symbole. Les concepts s’exposent : il faut l’entendre littéralement. La pensée a une forme, mais la forme elle-même doit se comprendre dans toute son extension, de façon à y inclure formats et dispositifs, gestes et procédés. Deux exemples historiques, Marcel Duchamp et l’art conceptuel, permettront de préciser la portée de ces remarques, avant d’en examiner les prolongements sur quelques cas plus récents.

Elie During est Maître de conférences à Paris X – Nanterre et chargé de séminaire à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris. Ses recherches sur les formes de l’espace-temps le conduisent à l’intersection de la philosophie des sciences, de la métaphysique et de l’esthétique. Il a consacré plusieurs articles et textes de catalogues à des artistes contemporains, mais aussi au cinéma et à la musique. Son édition critique du livre de Bergson sur la relativité, « Durée et simultanéité« , paraîtra en 2009 aux Presses Universitaires de France.

Des bouffées de souvenir : « Alabama Song » _ ou Brecht par The Doors _ et Edward Hall, « La Dimension cachée » : la « mine » que sont les « notes » de Bernard Plossu…

01avr

Une brassée de souvenirs (excellents) en remontée du (joyeux) passé,

en cet échange de courriels avec Bernard Plossu : voici…

Le 29 mars 09 à 22:51, Bernard Plossu a écrit :

des petites notes (dans le train : « en route vers Carcassonne« …)

plo

De : Bernard Plossu

A : Amicus X

Envoyé le : Dimanche, 29 Mars 2009 22:48
Sujet : notes

Dans le livre « Quinze hommes splendides » de Yvonne Baby, Bresson parle de « bizarre mélange de hasard et de prédestination« , ça me fait un peu penser à ma lubie de parler de « rencontre de sagesse et de délire » en photographie…

Page 60, Robert Bresson cite Corot : « il ne faut pas chercher mais attendre« , citation que je cite toujours, tout le temps…

Robert Bresson parle, tourne, réfléchit autour du silence, de son rôle, sa présence plus forte que le bruit (que la musique), le non-bruit… Et même on pourrait dire que sa musique est une forme de silence, non ? elle ne dit pas quoi penser (grossière erreur de penser que Bresson est moral, on le disait janséniste, je dirais plutôt « puriste », comme Dreyer dans « Ordet » : chef d’œuvre d’image avant tout).

De son côté, Edward Hall (mon maître et ami) a analysé, décortiqué, le rôle des odeurs dans la société américaine, qui mourra un jour de ne plus en avoir.

Etc… Je passe les notes qui suivent…

Ma réponse (à ce passage-là ; qui « me retient » tout spécialement…) :

—–E-mail d’origine—–
De : Titus Curiosus

A : Bernard Plossu

Envoyé le : Lundi, 30 Mars 2009 6:24
Sujet : Re: notes : Kairos + Edward Hall + Brecht par Didi-Hubermann

La « rencontre » me passionne, comme tu le sais (notamment par ce que j’ai pu aussi en écrire :
« Pour célébrer la rencontre« , que publia sur son site (« Ars Industrialis« , en mars 2007) Bernard Stiegler ;
« Cinéma de la rencontre : à la ferraraise _ ou un jeu de halo et focales sur fond de brouillard(s) : à la Antonioni« , ce gros essai inédit).

Sur le hasard, et sa réception, le concept (grec) de « kairos » va très loin…
Je n’aime pas beaucoup, en revanche, le mot (de Bresson) de « prédestination« .
Je préfère plutôt ton cocktail à toi de « sagesse et délire« 
; même si « délire » n’est peut-être pas le terme (un peu trop « mode » ; « jeune »…) le plus adéquat à mes yeux, du moins…
Mais l’oxymore est parlant…

Sur le silence, oui… : un espace où peut _ et où seulement peut _ se déployer le jeu de la créativité
pour un artiste…


Le livre que je suis en train de lire, de Georges Didi-Huberman, « Quand les images prennent position _ l’œil de l’Histoire 1« ,
traite pleinement de cela
à travers le montage photos/légendes/épigrammes poétiques
que Brecht a élaboré en son « Kriegsfibel« 
(« ABC de la guerre«  ) qui ne put être publié qu’en 1955…

« Le livre se vendit très médiocrement, laissant à Brecht, peu avant sa mort, l’impression douloureuse que le public allemand cultivait un « refoulement insensé de tous les faits et jugements concernant la période hitlérienne et la guerre » (selon une expression de Brecht lui-même, citée par Klaus Schuffels, en une présentation intitulée « Genèse et historique« , de l’édition française, traduite par Philippe Ivernel, de cet « ABC de la guerre« , aux Presses Universitaires de Grenoble, en 1985)…

Ce livre (rare) de Brecht devrait te passionner.

Je ne crois pas, cependant, qu’on en trouve facilement des exemplaires, que ce soit en allemand, ou en français (cf la note page 30 du livre de Didi-Hubermen, pour toutes les précisions : Brecht ne put publier »Kriegsfibel« , et encore pas comme il le voulait _ il dut y opérer des « coupures » ; ainsi que promettre un second volume (qui aurait été) plus « positif », lui… _, qu’en 1955

_ né le 10 février 1898 à Augsbourg, en Bavière, Bertolt Brecht est mort très vite après cette publication de novembre 1955 : le 14 août 1956, à Berlin-Est, pour être précis : il n’a donc pas eu le temps d’écrire cette « suite »…)…

J’en suis page 198 de ce (très beau !) livre de Didi-Huberman ; et il me reste 60 pages.
J’écrirai bien sûr mon prochain article sur lui…


Le concept central, à partir de celui de « montage/démontage »
étant celui de « rythme« …
C’est fondamental.


« Ne pas chercher, mais attendre« , dis-tu : oui ; et encore, sans traquer ; seulement être prêt à recevoir,
et sans crispation, forcément… « Kairos » dit ici l’essentiel…

Se reporter à ce que j’ai pu en écrire
et en mon (petit) article (de mars 2007), et en mon (gros) essai (terminé en janvier 2008)…

Que tu parles de Edward Hall
comme ton « maître et ami« 
  est assez extraordinaire, pour moi : je parle de ses livres (« La Dimension cachée« , « Le langage silencieux » ; et « Au-delà de la culture« , « La danse de la vie _ temps culturel, temps vécu« , etc…) à mes élèves chaque année…

Il faudra que tu me racontes un peu
comment vous vous connaissez…


Edward Hall est un maître génial de l’attention !!!


Titus

La réponse de Bernard, enfin :

De :   Bernard Plossu

Objet : Re : notes : Kairos + Edward Hall + Brecht par Didi-Hubermann
Date : 31 mars 2009 10:22:34 HAEC
À :   Titus Curiosus

Je voyais très souvent Hall à Santa Fe !
(il m’a même cité plusieurs fois dans ses articles !)


Il a écrit un petit texte d’intro aussi à mon livre « Bernard Plossu’s New Mexico » publié il y a pas longtemps aux USA à University of New Mexico Press, on le trouve pas cher sur Abebooks ….

et je commence le texte de mon livre  » The African desert » publié à University of Arizona Press (Usa aussi) par une citation de « La Dimension cachée »
(on le trouve aussi pas cher sur Abebooks, mais le problème des livres américains est l’envoi postal qui peut être plus cher que le livre !)

Sa théorie de la proxémie s’applique totalement à la distance juste que la focale du 50 mm me permet en photo !

J’ai passé du temps voici 10 jours avec David Lebreton

_ cf mon article du 7 août sur le superbe « Éloge de la marche«  de David Lebreton, en mai 2000 : « Continuer d’apprendre à marcher«  _,

à Digne ensemble : il est à 100 % le successeur de Hall !

plo

Jamais lu encore Didi-Huberman, mais on me le conseille de toutes parts !

Merci de m’en parler si bien

b

ps :

à propos  de Brecht, un de mes « 33 tours » préféré a toujours été Lotte Lenya chantant « Surabaya Johnny » de « L’Opéra de 4 sous« , tu connais surement : sublime ! ! !

Oui !!! je le vénère aussi ;

et je collectionne même les chansons (et interprétations) de Brecht/Weil : outre Lotte Lenya, bien sûr _ plusieurs disques !!! _, Gisela May, Marianne Faithfull, Cathy Berberian, Milva _ j’aime tout particulièrement sa voix si chaude ! _, Teresa Stratas, Ute Lemper, etc… J’ai aussi un album de 2 CDs passionnants d’enregistrements des années trente et quarante, intitulé « From Berlin to Broadway« , édité par Pearl : GEMM CDS 9189 ; plus un autre d’extraits de cette compilation-là… Et encore un étonnant (et remuant les tripes) « September songs _ the music of Kurt Weill« , avec, parmi bien d’autres, Nick Cave, P. J. Harvey, David Johansen, Elvis Costello, Charlie Haden, Betty Carter, Lou Reed; et même Bertolt Brecht lui-même _ en 1930 : ne pas manquer !!! _ ; et Kurt Weil _ le charme ! _ ; et Lotte Lenya (en 1955) ; et encore William B. Burroughs : un CD Sony SK63046, en 1997… Le temps va son train… J’aime aussi, un peu à part _ quelle féminité ! _ le « Speak low« , particulièrement raffiné (= « sofistiqué » !), d’Anne Sofie Von Otter, en 1994 (CD Deutsche Grammophon 439 894-2) ; pour compléter cette somptueuse et fort variée palette d’interprétations…


Ainsi, l’autre jour, n’ai-je pas pu résister à l’écoute, au rayon Musique de la Librairie Mollat, juste à l’instant où j’y effectuais mon petit tour, presque de routine (pour jeter un œil _ ou une oreille _ aux derniers arrivages), à une interprétation par Les Doors _ ou par la voix sublime de Jim Morrisson ? mais les autres aussi y sont très bien ! _ d' »Alabama Song« , sur un Live (de mars 1967) « At the Matrix« , à San Francisco (double CD DMC 8122-79884-8 : une merveille !) : j’ai acheté l’exemplaire unique ; et me le repasse en boucle… C’est renversant de beauté…

Cela m’a rappelé, en outre, mon copain Pierre Géraud _ qui vit depuis longtemps à l’île de La Réunion _, chez lequel passait si souvent la musique des disques-vinyle _ je revois les pochettes ; comme je ré-entends les chansons ; et la voix si prenante de Jim Morrisson ! _ des Doors : ce devait être cette extraordinaire année 1969, l’été de laquelle notre groupe (de philosophie) auto-intitulé (!) « Freud » _ sur l’œuvre duquel nous « planchions » passionnément dans les sous-sols de la Fac des Lettres, Cours Pasteur, à Bordeaux _, avons, suite à la vision du film de Buñuel, « La Voie Lactée« , entrepris notre « pélerinage » à Compostelle : en fait l’aller-retour Bordeaux-Santander en vélo (un peu plus de 1000 kilomètres ; et camping sauvage : il pleuvait aussi pas mal) ! Quel merveilleux voyage de plus de cinq semaines… Dira-t-on jamais assez le charme des (rudes !) côtes des (ultra-vertes !!!) montagnes basques, et des ventas où se désaltérer, et se restaurer : tortillas, o huevos con jamón : le vélo creuse passablement l’appétit ! Un soir à Deva, nous avons même dîné deux fois _ la seconde rien que pour tenir compagnie à d’autres (joyeux !) convives de l’auberge… C’est (assez) beau, la jeunesse (= la décennie des « vingt ans »…) !

Et tout cela « revient » magnifiquement _ les « bouffées de souvenirs »… _ en écoutant Brecht et Les Doors ;

comme en me souvenant de ce que dit si finement Edward Hall, dans cette « Dimension cachée« …

Merci donc de tes « notes« , envoyées _ comme il se doit _ « au débotté« .., Bernard…

Titus Curiosus, le 1er avril 2009

Chercher sur mollat

parmi plus de 300 000 titres.

Actualité
Podcasts
Rendez-vous
Coup de cœur