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Le charme absolu, très prenant et très tendre, des « Lieder ohne Worte » de Felix Mendelssohn, en un choix de 14 pièces, par Igor Levit, en un parfait CD, tout fraîchement enregistré à Berlin au mois de décembre dernier…

06fév

Retrouver le charme très prenant et très tendre, voilà, des « Lieder ohne Worte«  de Felix Mendelssohn, en une anthologie de 14 d’entre eux, puisés aux Op. 19, 30, 38, 53, 62 et 102 du maître,

sous les doigts justement délicats d’Igor Levit,

en un CD Sony Classical 19658878982 tout fraîchement enregistré à Berlin les 3 et 4 décembre 2023 pour paraître le 26 janvier 2024

_ en une forme de réponse sienne au massacre du 7 octobre dernier : « And, at some point, it became clear that I had no other tools than to react as an artist. I have the piano, I have my music. And so the idea came to me to record these works, Mendelssohn’s « Songs Without Words » (…)  It is my artistic reaction  – as a person, as a musician, as a Jew – to what I have felt in the past few weeks and months. Or, to put it more precisely, it is one of many reactions that came to mind  » ; écouter et regarder cette brève vidéo de présentation par Igor Levit lui-même…

Je dois immédiatement ajouter cependant ici que rien, rien de rien, surtout, ne s’entend des terrifiantes atroces circonstances (et retentissements) qui ont conduit Igor Levit à ce parfait enregistrement-ci au Teldex Studio de Berlin les 3 et 4 décembre derniers, du sublime classicisme (mozartien ?..) de Felix Mendelssohn à son apogée de poésie (apollinienne ?..) de ces sublimissimes, si parfaitement dénuées du moindre pathos, 14 « Lieder ohne Worte« … Le choix d’une toute simple musique pour l’éternité, très humblement parfaitement servie ici, voilà, par l’interprète, tout simplement, comme il se doit… _,

est un très délicat et modeste délice : écoutez donc…

Qui me rappelle aussi mon affection personnelle pour le jeu magnifique et idéal de Roberto Prosseda, dant tout l’œuvre pour piano de l’immense probe et humble Felix Mendelssohn

_ et en cette occurrence-ci le parfait double CD Decca 476 6796 des 57 « Lieder ohne Worte » (8 x 6 = 48 + 7 restés sans numéro), enregistré à Aci Reale, en Sicile, au pied de l’Etna, aux mois de janvier et mars 2008 ; cf le témoignage-constat de mon bref article du 3 mars 2018 :  « « , et écoutez aussi ceci…

Tout simplement servir la grâce humble et modeste, heureuse et tranquille, intérieure et sereine, toute pure, de Felix Mendelssohn…

Ce mardi 6 février 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Presque Ferrare, mais plutôt Rimini : lumineuse et colorée, en noir et blanc aussi, l’Adriatique de son enfance retrouvée du resplendissant « Biarritz Paradiso » de l’ami Claude Nori…

16sept

 

Biarritz : c’est toujours l’été, même sous la pluie et jusque sous la neige, avec Claude Nori,
en son lumineux « Biarritz Paradiso« , aux Éditions Contrejour ;
et cet après-midi, à 14h 30, en vernissage à la galerie Arrêt sur l’image de la chère Nathalie Lamire-Fabre, Cours du Médoc à Bordeaux…

Je viens de prendre le temps de bien regarder tranquillement, revenu chez moi, les lumineuses photos _ certaines en couleurs, beaucoup en noir et blanc ; et avec aussi quelques clins d’œil complices (et heureux !) à Jacques-Henri Lartigue (et sa Bibi) et au fidèle copain de si longtemps Bernard Plossu… _ de l’ami Claude Nori, en son album,

et apprécier beaucoup le très beau texte inspiré d’Erwan Desplanques « Un paradis latin sur l’atlantique ».
Et oui, Biarritz, c’est bien aussi la Rimini enfuie des films si touchants de Zurlini _ ou encore la Rimini épanouie et retrouvée de l’« Amarcord » d’enfance de Fellini _,
sinon la Ferrare brumeuse des Este, un peu plus loin de la mer, elle, du chef d’œuvre « Al di là delle nuvole » de mon cher Antonioni le ferrarais…
L’Adriatique, avec ses longues plages de sable avec parasols, est donc bien présente, elle aussi, dans le bel été, hiver neigeux compris, de l’ami Claude Nori, biarrot « pour y être heureux » _ et y nager, au Port-Vieux… _ depuis 1999, et pour toujours.
Sauf, peut-être, qu’à Biarritz, la néoclassique, se déchaînent les rouleaux des vagues déferlantes de l’Océan Atlantique, et pas à Rimini, placide et nonchalante…
Ce samedi 16 septembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Ravel ravelissime ! L’enchantement du sublime CD « Maurice Ravel In search of Lost Dance », du Linos Piano Trio…

13juil

Supérieur encore aux  promesses dont je faisais état en mon article du 5 juillet dernier « « , à propos de l’interprétation du Trio en la mineur de Ravel par le Trio Helios

_ « regarder et admirer cette admirable interprétation-ci (de 26′ 33), en concert, le 28 septembre 2019, au Festival de Musique de Chambre de Trondheim, de ce sublime Trio de Ravel« , écrivais-je alors… _ ;

et consécutivement au très prometteur article « En Trio » de Jean-Charles Hoffelé, le 24 mai précédent _ lui aussi emploie le mot d’« enchantement«  _,

et venant de recevoir ce jeudi 13 juillet ce CD « Maurice Ravel In search of Lost Dance » par le Linos Piano Trio, soit le CD Avi Music 8553526 _ enregistré à Baden-Baden au mois de septembre 2022 _, que j’avais pris soin de commander, lui aussi, à mon disquaire préféré,

ce magique CD Ravel, ravelissime, du Linos Piano Trio _ appréciez cette trop brève vidéo de 1′ 22 ; ainsi que celle-ci de 4′ 48… _, est d’une écoute enchanteresse…

Il comporte,

outre le Trio avec Piano en la mineur de Maurice Ravel _ jamais entendu, pour ma part, à ce niveau d’incarnation-engagement ! _,

de sublimes arrangements, par le Linos Piano Trio lui-même, de la Pavane pour une Infante défunte et du Tombeau de Couperin :

des interprétations à tomber par terre de bonheur !

Le Linos Piano Trio : un ensemble à suivre de très près…

Ce jeudi 13 juillet 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Retour à Rome (et retour de Rome) : les périples romains de la narratrice du prenant, subtil et troublant roman-récit « Sous ma carapace » (« Cara pace ») de Lisa Ginzburg (suite)…

28avr

En continuation-poursuite de mon article d’hier « « ,

voici, ce vendredi 28 avril, quelques remarques sur les biens intéressants périples romains de la narratrice _ Maddalena Cavallari, Maddi _ du prenant et troublant subtil très beau roman-récit « Sous ma carapace » (« Cara pace« ) de Lisa Ginzburg _ à partir de quelles données, peut-être autobiographiques, a-t-il été créé ?.. Lisa Ginzburg est fille des historiens très remarquables que sont Carlo Ginzburg et Anna Rossi-Doria.

Ce qui m’importe aujourd’hui,

c’est d’abord de compléter les citations que j’avais rapportées hier encadrant le récit du roman « Sous ma carapace« , de la page 13 à la page 245,

afin de mieux mettre en avant l’élément décisif qu’en est le va-et-vient un peu difficile _ d’abord un peu longtemps mental (et in fine obsédant…), puis finalement bien effectif ! _ de la narratrice, principalement entre son présent (du récit) à Paris, et son passé (d’enfance et adolescence blessée par la séparation de ses parents, Seb-Sebastiano et Gloria, et l’éloignement d’eux deux qui s’en est durablement suivi pour elle-même, Maddi-Maddalena, et sa petite sœur, Nina) à Rome, où elle, Maddalena, la narratrice de ce récit ardent et contenu, décide de se rendre _ c’est là la toute première phrase du récit, à la page 13 _,

et d’où elle vient, Maddalena, une semaine plus tard, de revenir chez elle et son mari Pierre et ses enfants Val-Valentina et Sam-Samuel, à Paris _ aux pages 242 à 245 du tout dernier chapitre.

Le retour, décisif dans l’intrigue _ même si le récit en est réalisé avec infiniment de pudeur, discrétion et même délicatesse _, à Rome, s’étant, lui, déroulé entretemps _ le récit rétrospectif de ce décisif séjour romain d’une semaine nous étant donné par la narratrice aux pages 229 à 241 ; alors qu’aux pages 227-228, elle vient juste de déclarer, au final de ce chapitre encore « parisien » (avant son départ pour Rome), ceci _ :

« Les destinations pourraient être multiples, mais seule Rome m’obsède à présent _ voilà ! Revoir la ville qui est la mienne et celle de Nina _ sa sœur cadette : elles ont quatorze mois de différence et demeurent très étroitement liées… _, avoir l’illusion pendant quelques jours de recomposer une mosaïque dont les tessons se sont presque perdus dans ma mémoire aussi. Suturer une plaie _ surtout _ impossible à recoudre : Gloria _ leur mère maintenant décédée _ n’est plus là, le paquet de cartes s’est envolé, toutes les parties sont perdues. Des pensées de ce genre me traversent ce samedi matin _ qu’une nuit sépare probablement de la décision prise la veille au soir, à moins que ce ne soit bien davantage… ; cf le tout début du récit, à la page 13 _, alors que, restée seule à la maison, j’allume mon ordinateur et me décide enfin _ ce fut donc difficile d’oser franchir enfin ce pas… _ : j’achète un billet d’avion pour Rome« .

Et je reprends ici les citations de mon article d’hier :

De la première phrase, page 13 : « Je décide que je dois absolument aller à Rome. Je prends la décision un soir, en me démaquillant. Pierre est déjà couché…« ,

à, page 244, « Ce qui m’est arrivé à Rome, il faut que je le raconte à quelqu’un. Partager : nommer l’événement avant qu’il ne se congèle dans mon imagination sous forme de fantôme _ qui revienne méchamment (me) hanter. Le garder pour moi, protégé par ma carapace – cara pace, je n’y arrive pas. Ça ne m’est tout simplement pas possible » _ voilà ! en une fonction en quelque sorte cathartique du récit (parlé ou écrit)...

et surtout, mais avant de poursuivre ma citation, d’à peine 15 lignes plus loin, empruntée à la page finale, page 145,

je tiens cette fois, aujourd’hui, à citer in extenso, le passage qui précédait ma citation finale d’hier, que je reprendrai plus loin, à sa juste place.

Voici donc en quelque sorte rétabli ici le passage que j’avais shunté hier :

« À mon retour de Rome, je suis entrée dans la maison en même temps que Pierre _ son mari _, qui était venu me chercher à l’aéroport, depuis la porte, les enfants ont accouru à ma rencontre. Sam _ son fils, Samuel _ m’a regardée fixement, un long regard inquisiteur — comme s’il avait tout vu _ ce qui s’était passé à Rome. Et le lendemain, je jouais du piano avant le dîner, le second mouvement du Nocturne opus 9 de Chopin _ et je l’écoute interprété magnifiquement par Nelson Goerner, dans le double CD Alpha 359 _ avec lequel je me bats ces derniers temps sans grands résultats, et de nouveau je me suis aperçue que mon fils me regardait, il attendait de moi une réponse. Mon fils qui a quelques années — trop peu — de moins que Tommy.

Leïla _ la seule amie à Paris, et confidente, de Madeleine _ écoutera mon récit, peut-être qu’ele essuiera mes larmes parce qu’elle est mon amie et qu’elle sait faire ça _ elle qui est maquilleuse de profession. Je ne crois pas qu’elle formulera de jugement, ni qu’elle donnera de conseils. D’ailleurs

_ et c’est précisément ici que je reprends le fil de ce que j’ai cité hier !!! _

il n’y a rien à commenter, ni à conseiller _ de la part de quelque interlocuteur que ce soit…  Juste attendre que ça passe _ l’ébranlement de l’événement imprévu survenu (avec le jeune Tommy) à Rome, et maintenant ses éventuelles répliques à venir… Chère paix, carapace.

À la fin de notre coup de fil _ à Nina, la sœur (qui vit avec son époux Brian O’ Brien, à Brooklyn) de la narratrice, qui vit, elle, avec sa famille, à Paris, dans le 17e arrondissement _, ce que j’étais sur le point de demander à Nina, c’était si elle voudrait bien m’héberger _ chez elle et son mari _ à Brooklyn quelque temps.

Partir, seule _ sans son mari Pierre (diplomate à l’Unesco) et ses enfants Val (Valentina) et Sam (Samuel) _, prendre des distances. Mettre de l’espace, du silence, retrouver la clé, le sens _ dérangeant _ de cette rencontre imprévue _ à Rome, au parc aimé de la Villa Pamphili, avec Tommy… _ qui m’a choisie et atteinte comme un rayon de lumière.

Confier à Nina, à sa chaleureuse hospitalité d’âme désordonnée et de sœur, une histoire dont il aurait été plus normal qu’elle lui arrivât à elle, et qui au contraire m’est arrivée à moi.

Un événement qui n’appartient qu’à moi, mais pourrait être à Nina, et s’il devient aussi le sien, c’est grâce à cette intime indistinction qui nous lie _ depuis la brutale séparation (puis le consécutif éloignement d’elles deux, encore bien jeunes, âgées alors de 9 et 8 ans seulement…) de leurs parents, Sebastiano Cavallari et Gloria Recabo _, ce fil invisible que rien n’a jamais pu rompre.

Je vais lui demander si elle peut m’accueillir à New-York, quelque temps, chez eux : mais pas aujourd’hui. Une autre fois. Demain peut-être. » 

L’idée de « retourner » à la Rome de son enfance et adolescence _ durablement blessées, avec recherche de protection (et paix) en sa carapace indurée… _ est évoquée à 20 reprises dans le récit de la narratrice, de la page 13 à la page 228 :

aux pages 13 (« Je décide que je dois absolument aller à Rome« ), 14 (« Je suis rarement allée à Rome ces dernières années, et toujours pour des occasions d’une importance « capitale ». Avec Nina, pour les obsèques de notre mère« ), 15 (« Dans ma tête, cependant, Rome reste un endroit problématique : un enchevêtrement de souvenirs sur lesquels, par un instict naturel d’autoprotection, j’évite de trop m’attarder » et « Mais voilà, c’est décidé, pas le moindre doute ce soir. Je dois aller à Rome« ), 24 (« Pour l’instant, je n’ai pas la moindre envie de parler de mon éventuel voyage à Rome, ni à Pierre, ni aux enfants. Il faut d’abord que l’idée mûrisse, qu’elle prenne dans ma tête une forme suffisamment nette pour que je puisse la communiquer de façon adéquate. J’imagine un séjour bref, une semaine maximum. Ce sera la première fois que je pars seule. (…) J’hésite, je m’enferre dans es propres questionnements« ), 29 (« je suis en train de me demander si je dois aller à Rome ou pas« ), 40 et 41 (« Si j’éprouve un si fort besoin de retourner à Rome, c’est pour revoir les lieux, certains en particulier. (…) Mon désir de partir est survenu à l’improviste ; pourquoi justement maintenant et avec une telle urgence, je ne saurais le dire. Assurément c’est un vrai désir, net, qui se détache sur mes pensées comme une silhouette détournée sur une photo où le reste des détails est flou. Maintenant que Gloria est morte, maintenant qu’elle nous a abandonnées d’un coup et cette fois pour de bon, notre enfance explosée risque de s’effacer ; les preuves tangibles font défaut (…) Aller à Rome, c’est garder vivants les souvenirs, empêcher qu’ils ne s’estompent« ), 80 (2 fois: « Je retournerai chez Giolitti, si je vais à Rome. C’est un endroit que j’affectionne car j’y ai des souvenirs » et « Je me retrouverai à Rome, et les lieux seront différents de ce qu’ils sont dans mes souvenirs, plus banals, dépouillés, moins évocateurs qu’ils ne le sont dans ma mémoire ; (…) pourtant, y penser me réconforte et m’émeut. Pouvoir y revenir et m’y arrêter, à l’écoute des battements du temps« ), 99 (« Un autre endroit où je veux retourner si je vais à Rome, c’est le parc de Villa Pamphili, ce circuit où nous allions nous entraîner avec Mylène« ), 128 (« Je retournerai via Borgognona, à Rome. (…) Pendant des années Gloria s’y est rendue chaque jour« ), 171 (« Aujourd’hui que je désire y retourner pour un séjour, Rome me manque pour la première fois depuis que j’en suis partie. Nostalgie neuve, inconnue. Jusqu’à présent, la ville m’avait semblé être un chapitre révolu, un tressaillement terminé du passé. Maintenant, j’ai hâte de la revoir, je suis impatiente de renouer un pacte avec elle. J’habite à Paris depuis plus de vingt ans, sans avoir jamais réussi à me sentir parisienne. (…) D’ailleurs, s’expatrier dans mon cas n’a pas été un désir : plutôt une nécessité du cœur, un besoin spontané de rejoindre Pierre, de partager sa vie« ), 200 (« Pierre comprendra si je lui fais part de mon idée d’aller passer quelques jours à Rome toute seule ; il comprend toujours« ), 224 (« me demandant si je dois ou non faire mon voyage à Rome« ), 225 (« Je pense partir quelques jours, Pierre. Je ne suis pas allée à Rome depuis les funérailles de ma mère. J’ai besoin de revoir ma ville, elle me manque« ), 226 (« Quelle drôle d’idée, ma chérie. Qu’est-ce que tu pourrais bien trouver à Rome que tu ne connaisses déjà ? Mais vas-y, bien sûr, si tu en éprouves le besoin. Je m’occuperai des enfants, comme ça tu partiras plus tranquille« ), 227 (« Les funérailles _ de Gloria _ à Prima Porta  (…). Notre effroi à nous ses filles, pas du tout préparées au coup violent de cet événement inattendu. Tout avait été rapide, aussi sacrément rapide qu’il avait été, ensuite, difficile et long de le digérer. Pour cela aussi, le besoin de partir, de revoir Rome. Réinventer la conclusion posthume d’un parcours qui s’est terminé de façon traumatisante car trop brutale » et « Seule Rome m’obsède à présent. Revoir la ville qui est la mienne et celle de Nina, avoir l’illusion pendant quelques jours de recomposer une mosaïque dont les tessons se sont presque perdus dans ma mémoire aussi. Suturer une plaie impossible à recoudre« ) et 228 (« Des pensées de ce genre me traversent ce samedi matin, alors que, restée seule à la maison, j’allume mon ordinateur et me décide enfin : j’achète un billet d’avion pour Rome« ).

La présence à Rome de la narratrice lors de son « retour » d’une semaine, apparaît nommée à 8 reprises dans son récit rétrospectif « romain« , de la page 229 à la page 241 :

aux pages 230 (« J’aimerais bien revoir Marcos à Rome. (…) Mais Marcos n’est pas là, il est en Argentine« ), 232 (« À Rome ? » et « Mais qu’est-ce que tu fais à Rome, Maddalena ? Il est stupéfait, Seba, très surpris »), 233 (« Et ta sœur, elle en dit quoi, que tu sois venue à Rome comme ça, sans mari et sans elle ?« ), 234 (« Il est évident que tu en avais besoin, si le fait d’être à Rome te fait autant de bien que tu le dis, mon amour, me dit Pierre lorsque, rentrée tard le soir à l’hôtel, je l’appelle enfin. J’entends sa belle voix claire, vibrante »), 235 (« Devant celle qui était notre maison, en levant les yeux je parviens à voir l’angle de notre balcon. Je souris, libérée et nostalgique. Ces états d’âme, je les recherche depuis des semaines, depuis qu’à Paris je me suis mis en tête de vouloir aller à Rome. Le voilà le sens de mon petit pèlerinage : cette tristesse libre« ), 236 (« Je ne vis pas ici ; je suis en visite à Rome, comme touriste… mais pas une touriste par hasard« ) et 239 (« Peut-être que tu vas revenir à Rome et tu viendras chez moi, à la maison dans la journée il n’y a jamais personne« ).

Et le souvenir de ce séjour « romain » et la nécessité de le « rapporter » à un interlocuteur _ ou lecteur _ qui le reçoive, est mentionné à 3 reprises dans le chapitre conclusif, « parisien« , qui va de la page 242 à la page 245 :

aux pages 243 (« Le magnolia de la cour est en fleur, ça a dû se passer pendant que j’étais à Rome« ), 244 (« Ce qui m’est arrivé à Rome, il faut que je le raconte à quelqu’un. Partager : nommer l’événement avant qu’il ne se congèle dans mon imagination sous forme de fantôme« ) et encore 244 (« À mon retour de Rome (…), Sam m’a regardée fixement, un long regard inquisiteur — comme s’il avait tout vu« ).

L’étrange et surprenant, c’est l’échange final des comportements entre les deux membres de ce très lié _ presque imbriqué _ couple sororal , Madeleine et Nina, qui survient en ce « retour à Rome » de Madeleine,

de même, aussi, que dans la décision _ parallèle, à Brooklyn _ du double renoncement _ définitif, provisoire ?.. Mais pour Nina aussi, comme pour Maddi, tout reste ouvert au final : « pas aujourd’hui. Une autre fois. Demain peut-être« de Nina de quitter son mari Brian, à New-York, et de « retourner à Rome« , comme elle l’avait envisagé, disait-elle à sa sœur (« je pense rentrer à Rome, j’y pense vraiment« , tel que le citait la narratrice, Madeleine, à la page 104 du récit ;

avec le complément, aussi, de cette réflexion, alors, à ce moment, de Madeleine :

« Pour moi, les géographies sont des choix inébranlables, pour Nina, des transits provisoires, des hypothèses prêtes à se muer en d’autres accostages _ ici, et pour Nina, de New-York-Brooklyn à Rome, par exemple _, en de nouveaux ancrages temporaires« …) _ mais y a t-il vraiment du définitif et du complètement solidifié pour Maddi elle-même ?..

Même si, et c’est capital, le final du récit demeure, lui, ouvert :

« Je _ Madeleine _ vais lui _ Nina _ demander si elle peut m’accueillir à New-York, quelque temps, chez eux : mais pas aujourd’hui. Une autre fois. Demain peut-être« …

Ainsi la carapace protectrice-défensive indurée de Maddi-Madeleine s’est-elle finalement un peu entrouverte, à Rome…

Quant à Nina, et toujours en ce même dernier chapitre, et  à la page 243, voici ce qu’elle confie à ce même moment, au téléphone, depuis Brooklyn, à sa sœur Maddi :

« Il y a des trains _ ou Kairos… _ qui ne passent pas souvent dans une vie : il s’agit de savoir ne pas les rater. (…) Des arguments qui m’ont convaincue d’essayer encore _ voilà _ avec Brian. Ce n’est pas le moment de lâcher. Après tellement de temps ensemble, je dois essayer de ne pas tout envoyer balader, tenter, au moins…« .

Si les chapitres du roman ne comportent pas de titres,

le récit se trouve partagé en 4 grandes parties, de longueurs assez inégales, et aux intitulés assez parlants :

1) « Les courants » _ affectifs et pulsionnels, basiques pour la formation des personnalités… _ (pages 13 à 89)

2) « Les additions » _ de liens inter-personnels, avec leurs poids et indurations… _ (page 93 à 190)

3) « Les départs » _ d’abord géographiques : pour Paris et pour New-York… _ (page 193 à 212)

et 4) « Occasions » _ au pluriel, mais sans article ! Ou la croisée cruciale de Kairos... _ (page 215 à 245)

Et en voici le résumé :

Maddalena et Nina grandissent dans une famille dysfonctionnelle : leur mère _ Gloria Recabo, argentine vivant à Rome _ a quitté le domicile pour s’enfuir avec son amant _ Marcos, argentin, lui aussi _ tandis que le père _ Sebastiano Cavallari, Seb, romain des Castelli (à Genzano)… _ est obnubilé par son travail _ de photographe de mariages _ et incapable d’assumer ses responsabilités. Suite à une décision de justice, elles vivent seules dans une maison à Rome _  située à proximité du splendide parc verdoyant de la Villa Doria-Pamphili, dans le quartier de Monteverde _ sous la surveillance d’une gouvernante _ française, Mylène Roussel. Maddalena et Nina développent une relation fusionnelle.

ainsi que la 4e de couverture :

Que reste-t-il du lien que deux sœurs ont su tisser au milieu de l’enfance explosée, quand leurs parents se séparèrent et s’absentèrent ? Ce lien est celui de Maddi et Nina, la cadette, sœur intense, sœur jaillissante. Au côté de l’écorchée vive, Maddi a su se faire une carapace d’intelligence pour se retirer et observer _ telle sa petite tortue _ la vie sans jamais trop s’y exposer.

Mais, longtemps après, lorsqu’elle décide de laisser un temps _ une petite semaine de « vacances romaines«  _ sa maison parisienne, ses deux enfants _ Valentina-Val, et Samuel-Sam _ et son couple forteresse-tendresse _ qu’elle forme avec son cher mari à la « belle voix claire et vibrante«  Pierre, diplomate à l’Unesco _, pour revenir sur les lieux de son enfance, Maddi sent que sa carapace se fendille et qu’un équilibre _ de paix lentement gagnée  _ menace de se rompre. Tout le passé resurgit, les lumières déchirantes de Rome, Mylène la gouvernante athlétique _ française, originaire de Nantes _, les espérances, les leçons, les duretés et ce lien avec Nina plus fort que l’amour.

Que faire alors d’une carapace ? de deux ? Et les carapaces vieillissent-elles ? N’interdisent-elles pas les caresses ? Et puis, apportent-elles la paix ? _ cette paix qui n’est pas simplement l’absence de guerre, mais bien la concorde, l’union vraie et profonde des cœurs, comme nous l’apprend Spinoza…

Parce qu’il est le roman des sœurs, Sous ma carapace est celui des femmes dans le temps des fidélités _ et rencontres : oui, c’est bien cela.

Et fidélité au soi-même aussi : à découvrir peut-être, et en cherchant pas mal (sans rechercher cependant, surtout pas !), en apprenant à accueillir, plutôt même que saisir, au passage, seulement, tellement c’est fragile et délicat en la rareté de sa pure et si frêle beauté… Une grâce assez difficile, mais pas non plus impossible, à retenir, soigner, entretenir et cultiver…

Le principal du secret de l’art de vivre une vie vraiment humaine heureuse étant bien là.

Un livre passionnant, subtil et infiniment délicat

d’une très belle et fine écriture (et traduction) !!!

Ce vendredi 28 avril 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Compléter : pour un bref parcours de l’infiniment (tant qu’il y aura de l’encre et du papier) « complétante » Hélène Cixous : un regard rétrospectif sur mes articles d’investigation de sa féconde et joyeuse poïesis, du 2 mars 2018, au 18 novembre 2022. Pour prolonger la communication « Résistance à la finitude et méditation sur la mort dans les écrits d’Hélène Cixous » de Martine Motard-Noar, ce matin, au colloque « Poétiques de l’incomplétude », mis en oeuvre par Eric Benoît, à la Maison de la Recherche à Bordeaux, ce vendredi 7 avril 2023…

07avr

En introduction à une petite _ modeste _ réflexion sur la très judicieuse communication de Martine Motard-Noar, Professeur à l’Université de McDaniel College, Maryland, intitulée « Résistance à la finitude et méditation sur la mort dans les écrits d’Hélène Cixous« , ce matin même, vers 10h à la Maison de la Recherche de l’Université Bordeaux-Montaigne, pour le très riche colloque « Poétiques de l’incomplétude » du Professeur Éric Benoît,

et à propos de ce que je me permettrai de qualifier l' »infiniment complétante » écriture-ouverture _ tant qu’il y aura du moins pour elle de l’écriture et du papier : pour elle exactement comme pour nos très chers Montaigne et Proust : ce sont d’infinis compléteurs _ d’Hélène Cixous,

et cela tout particulièrement dans sa fécondissime production depuis son merveilleux « Osnabrück » (paru le 12 février 1999),

voici,

pour commencer,

un récapitulatif un peu commode _ et dans la chronologie de leur parution sur mon blog Mollat « En cherchant bien« , du 2 mars 2018 au 18 novembre 2022… _ de la série des articles que j’ai consacrés à ma lecture attentive de ses textes, jusqu’à celui le plus récemment publié, son « MDEILMM Parole de taupe » (paru le 13 octobre 2022).

Pour les 16 premiers d’entre ces articles miens (publiés sur mon blog du 2 mars 2018, au 23 décembre 2020),

je renvoie au commode récapitulatif des 16 liens donnés dans mon article détaillé et rétrospectif du 24 décembre 2021 : « « ,

se rapportant aux importants et même décisifs « Gare d’Osnabrück à Jerusalem » (paru le 14 janvier 2016), « Correspondance avec le mur » (paru le 19 janvier 2017), « Défions l’augure » (paru le 18 janvier 2018), et 1938, nuits » (paru le 24 janvier 2019), surtout _ donnant lieu aussi (!) à mon merveilleux entretien avec Hélène, à la Station Ausone, le 23 mai 2019, dont voici l’accès et à la vidéo ; et au podcast.… _ ;

et encore « Nacres » (paru le 19 septembre 2019) et « Ruines bien rangées » (paru le 22 octobre 2020)…

Avec aussi ces liens aux deux articles du 21 décembre 2021 « « 

et du 23 décembre 2021 « « …

Et voici aussi, et toujours en l’ordre chronologique des publications sur mon blog, les liens aux 12 autres articles cixoussiens qui ont suivi cet article récapitulatif du 24 décembre 2021 « « , :


_ le 25 décembre 2021 : à propos du très important « Rêvoir » (paru le 7 octobre 2021) :

mon article « « 

_ le 26 décembre 2021 : à propos toujours de « Rêvoir » :

mon article « « 

_ le 27 décembre 2021 : à propos encore de « Rêvoir » :

mon article « « 

_ le 28 décembre 2021 : à propos, cette fois, du terrible « Le jour où je n’étais pas là » (paru le 6 septembre 2000) :

mon article «  « 

_ le 1er janvier 2022 : à propos d’une passionnante série d’entretiens donnés par Hélène Cixous à divers interlocuteurs :

mon article « « 

_ le 4 janvier 2022 : à propos d’ « Abstracts et brèves chroniques du temps. Volume 1 Chapitre Los » (paru le 24 janvier 2013) :

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_ le 5 janvier 2022 : à propos d’ « Abstracts et brèves chroniques du temps. Volume 2 Corollaires d’un vœu » (paru le 17 septembre 2015) :

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_ le 10 novembre 2022 : à propos de « MDEILMM parole de taupe » (paru le 13 octobre 2022):

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_ le 14 novembre 2022 : à propos du récent « MDEILMM Parole de taupe » :

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_ le 16 novembre 2022 : toujours à propos de « MDEILMM Parole de taupe » :

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_ le 17 novembre 2022 : encore à propos de « MDEILMM Parole de taupe » :

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_ le 18 novembre 2022 : et à nouveau, encore, à propos de « MDEILMM Parole de taupe«  :

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Ce sont là des réflexions sur mes propres lectures, et au fil _ enchanté, réjoui _ de celles-ci.

L’intuition majeure que j’en tire est celle de l’infinie et inlassable _ tant qu’il y aura donc de l’encre et du papier, et de la vie… _ positivité joyeuse _ et complétance heureuse… _ d’Hélène Cixous à son écritoire, en lien constant de conversations fidèlement entretenues, avec un peu de chance _ puis retenues, à l’écritoire… _, avec les ombres fidèlement présentes de tous ceux qui lui demeurent plus que jamais chers, et continuent _ en un jubilatoire entretien poursuivi _ de venir lui parler :

sa mère Éve Klein (Strasbourg, 14 octobre 1910 – Paris, 1er juillet 2013), son père Georges Cixous (Oran, 5 septembre 1908 – Alger, 2 décembre 1948), sa grand-mère maternelle Rosalie Jonas (Osnabrück, 23 avril 1882 – Paris, 2 août 1977), et les Jonas (d’Osnabrûck et ailleurs _ Dresde, etc. _ de par l’Allemagne, et le monde), et les Klein, auxquels son imageance heureuse demeure si vivement et fécondement attachée…

Bien peu de goût, donc, chez Hélène Cixous _ et son irrésistible formidable humour, face à la vie et aux vivants, même un peu éloignés d’elle, ceux-ci… _, pour quelque morose et noire incomplétude bilieuse que ce soit…

C’est même tout le contraire, tant ce schème de l’incomplétude lui est absolument étranger, tant le flux de la vie offre _ infiniment généreusement _ un permanent et renouvelé sans cesse _ nuits (avec appoints fort bienvenus de rêves) comprises… _ très nourrissant complément, à jouir et fruir Kairos aussi un peu aidant de son mutin et acéré concours : à apprendre à saisir comme il le faut au vol quand il se présente _ en riche matière de complétance à son imageance inépuisable et heureuse d’auteur :

 

un formidable goût et appétit, le même que celui de son très cher Montaigne, pour la générosité de la vie, et cela jusque dans la confrontation-relance _ pour qui, par chance ou par effort aussi, un peu, y survit _ aux pires atrocités de son _ assez shakespearien ! _ tragique…

Un grand merci, en conséquence, à la lumineuse et si juste communication, ce matin, à l’université de Bordeaux-Montaigne, de Martine Motard-Noar ;

et à l’initiative si ingénieuse et brillante du Professeur Éric Benoît.

Ce vendredi 7 avril 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

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