les humbles progrès en amour lents de Mathieu Lindon : l’admirable délicatesse de sa conférence-entretien avec Xavier Rosan
12fév
Mardi 8 février 2011, les salons Albert-Mollat ont été le théâtre d’une des plus belles _ par son intensité dans la délicatesse ! _ conférences auxquelles il m’a été donné d’assister _ je me souviens en particulier de celle très impressionnante par le poids du moindre mot et du moindre silence de Aharon Appelfeld… _ : la conférence-entretien _ d’une durée de 65′ pour le podcast _ de Mathieu Lindon, avec Xavier Rosan _ parfait de clarté chaleureuse en la relance toute simple et sobre de ses questions justes _ à propos du récit si vibrant de justesse de Mathieu Lindon, aux Editions P.O.L. : Ce qu’aimer veut dire.
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Mathieu Lindon est d’une magnifique humilité : toute sa vie, il sera celui qui, fondamentalement, apprend _ voilà ! _ d’abord _ et cela en matière de sentiment et d’« intimité« (il s’agit là d’un « rapport« , et « vectoriel« , vibrant ; ainsi que l’analyse admirablement l’ami Michaël Foessel en son très important La Privation de l’intime, aux Éditions du Seuil) _ des autres ;
aujourd’hui, en sa vie comme en ce livre (qui s’essaie humblement à y réfléchir _ en un merveilleux « tremblé« de la phrase qui s’y livre : tel l’admirable « tremblement du temps« que naguère Gaëtan Picon repéra dans les Mémoires d’Outre-tombe du dernier Chateaubriand ; le livre de Gaëtan Picon, admirable Admirable tremblement du temps, paru aux Éditions Albert-Skira, dans la collection si belle Les Sentiers de la création, mérite, et urgemment, une ré-édition ! _),
ces « autres » _ qu’il aime et qui l’aiment _ sont Rachid et Corentin ; comme hier, ce furent et Jérôme Lindon et Michel Foucault sur les liens affectifs avec lesquels ce Ce qu’aimer veut dire se penche admirablement humblement tout spécialement !
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Toute vie est faite de rencontres,
et infiniment diverses en leur multiplicité, intensité, poids, conséquences.
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Mais certaines aident considérablement à la formation-déformation _ déflagration jusqu’à la désintégration parfois même _ de notre identité de personne,
toujours, toujours en chantier.
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C’est ce chantier-là de la formation de soi
que le discret et très humble (et magnifique d’humanité « vraie » !) Mathieu Lindon s’essaie ici,
en ce livre infiniment délicatement sensible _ la braise y chante en permanence sous la cendre _,
de cerner, tracer, retracer ;
et qui peut servir _ et Mathieu Lindon d’évoquer au passage une remarque à ce propos de Christine Angot : sur cet enjeu-ci pour le lecteur… _ d’amer (de repérage) à tout un chacun :
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puisqu’il nous arrive à tous de croiser en nos vies
et un père,
et un ami un peu plus âgé,
et des amis plus jeunes,
et un ou quelques amours aussi :
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encore faut-il, et chaque fois, en réussir _ c’est toujours à divers degrés ; et selon une gradation de nuances très complexe ! _ l’occurrence
_ j’avais d’abord écrit : « l’expérience« : mais celle-ci n’a rien d’expérimental ; et c’est toujours, vulnérablement, et chacun, « à son corps défendant« face à (et avec ! consubstantiellement ! les deux !) l’autre : c’est en cela qu’aimer « vraiment« est absolument admirable…
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J’entends, d’ailleurs, toujours ici, personnellement, le mot que Gilles Deleuze, dans Logique du sens, relève dans La Fêlure, de Francis Scott Fitzgerald :
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« Toute vie est bien entendu un processus _ éperdument généreux ! _ de démolition« …
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Bref :
le livre Ce qu’aimer veut dire
comme la conférence-entretien de Mathieu Lindon, avec Xavier Rosan, le 8 février dernier dans les salons Albert-Mollat,
sont une expérience
et de lecture
_ cf mon article du 14 janvier dernier : Les apprentissages d’amour versus les filiations, ou la lumière des rencontres heureuses d’une vie de Mathieu Lindon… _
et d’écoute attentive
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d’une intensité, délicatesse, humilité
et justesse d’intelligence de l’exister (et « aimer » !
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_ mais qu’est-ce qu’« exister« sans aimer « vraiment » ?..
Cela ne se faisant certes pas « sur commande« ! L’« épreuve« (lire ici la sublime pièce éponyme de Marivaux !) a toujours aussi quelque chose de terriblement « éprouvant« ; ce que la joie (à ne pas confondre avec le plaisir ! qui la contrefait…) compense, récompense, si l’on veut, et à l’infini ! : sans le moindre calcul, cela va sans dire ! il n’y a de joie que passionnément et généreusement, ce sont des synonymes, éperdue ! _)
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proprement admirables !
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Titus Curiosus, ce 12 février 2011