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L’erreur de parcours du « Douce France – Mélodies et Chansons – Berlioz – Chausson – Duparc – Kosma – Trenet – Brel » de Benjamin Bernheim : et pour la voix, et pour le style. Et c’est le charme qui fait défaut…

07sept

Le CD Deutsche Grammophon 486 6155 de 12 mélodies (et 3 chansons) françaises « Douce France – Mélodies et Chansons – Berlioz – Chausson – Duparc – Kosma – Trenet – Brel«  _ enregistré à Paris, salle Colonne, au mois de février 2024 _ de Benjamin Bernheim, avec le piano de Carrie-Ann Matheson, est pour moi, amateur passionné de mélodies françaises _ et qui avais aussi beaucoup apprécié jusqu’ici la discographie de Benjamin Bernheim… _, une douloureuse déception :

_ trop maniéré et sans assez d’allant, de sprezzatura, pour le style, inadapté à l’art subtil et sans la moindre pesanteur, de la mélodie pour ne rien dire de l’ajout incongru et très artificiel des trois chansons finales (de Kosma, Trenet et Brel) _ ;

_ et une voix parfois hélas engorgée, et avec des aigus bien trop métalliques, mal maîtrisés…

Je ne partage donc hélas pas, mais pas du tout, les avis bien trop généreux des articles « Vie antérieure » de Jean-Charles Hoffelé, en date d’hier 6 septembre, sur son site Discophilia ;

et « Mélodies et chansons françaises avec Benjamin Bernheim et Carrie-Ann Matheson » de Pierre Degott, lui aussi en date d’hier, sur le site de ResMusica…

LA VIE ANTÉRIEURE

Un étonnement d’abord : l’orchestre manque pour Les Nuits d’été, réduit en squelette par la transcription de Carrie-Ann Matheson, pas pour le Poème de l’amour et de la mer où la pianiste a saisi _ à son seul piano : bravo à elle ! _ toute la palette de l’original. On ne sait pas assez qu’Ernest Chausson aura écrit son triptyque pour ténor : Désiré Desmet en assura la création _ le 21 février 1893, à Bruxelles _, le compositeur au piano.

Benjamin Bernheim y est idéal, conteur d’abord, et ajoute une version majeure dans une discographie peu fréquentée côté homme : hier Ivan Kozlovski (et en russe), plus récemment _ dans le CD « Turbulent heart – Music of Vierne & Chausson« , avec le Queensland Orchestra, dirigé par Guillaume Tourniaire, un CD Melba paru en octobre 2009 : à écouter en podcast ici (27 ‘ 38) ; et c’est bien beau…Steve Davislim qui vient de nous quitter _ le 11 août 2024, à Vienne _, les deux avec l’orchestre que Chausson réserva pour les sopranos : l’original est donc seulement ici _ mais un tel scoop discographique constitué-t-il un motif bien suffisant ?..

Les Nuits d’été appelle une grande voix, Gérard Souzay y trouvait Eleanor Steber géniale, il aurait applaudi au vaste instrument qu’y déploie Benjamin Bernheim _ écouter ici le podcast, d’une durée de 27′ 06 pour ces 6 (sublimissimes) mélodies des Nuits d’été _, capable d’allégement sidérant : Sur les lagunes sur un fil, Le spectre de la rose fuligineux, que de poésie dans l’élégance, que de vertige dans l’émotion _ non ! ; et je partage bien plutôt l’avis de cet auditeur, jefgong : « Décevant. Trop appliqué. Pas de parfums, pas de sensualité. Que de raideurs, que de duretés ! »

Pourtant, le plus beau du disque reste à venir : les Duparc _ et là, je suis d’accord : les Duparc sont le plus satisfaisant de ce récital, à mon avis aussi… _ sont impérissables _ ce superlatif-ci est-il bien nécessaire ? _, L’Invitation au voyage trouble _ écoutez-en ici le podcast (d’une durée de 4′ 17)… _, La Vie antérieure opiacée _ écoutez-ici (d’une durée de 4′ 17)… _, Extase tristanesque _ écoutez-ici (d’une durée de 3′ 22)… _, Phidylé entre murmure et éclat _ ici le podcast (d’une durée de 4′ 55)… _, le disque se referme sur trois chansons qui ne me consolent pas _ moi non plus… _ des autres Duparc qui manquent. Il les faut au complet, Benjamin Bernheim y poserait tout son art _ qui gagnerait cependant à beaucoup plus de simplicité, et moins de pose : le partage au public de la mélodie est en effet de l’ordre de l’intimité, et pas du grand-guignol de la scène... _ face au modèle _ voilà !!! _ laissé jadis par Leopold Simoneau _ écoutez par exemple ici la perfection de l’art du chant « naturel » de Léopold Simoneau (Saint-Flavien, 3 mai 1916 – Victoria, 24 août 2006), enregistré en 1956, dans « Phidylé » (d’une durée de 6′ 31) ;

de « Phidylé« , j’apprécie bien aussi l’interprétation (l’écouter ici) de Véronique Gens, en son CD Alpha 215 « Néère« 

LE DISQUE DU JOUR

Douce France

Hector Berlioz (1803-1869)
Les nuits d’été, H. 81 (version pour ténor et piano : Matheson)


Ernest Chausson (1855-1899)
Poème de l’amour et de la mer, Op. 19 (version pour ténor et piano : Matheson)


Henri Duparc (1848-1933)
L’invitation au voyage
Extase
Phidylé
La vie antérieure


Joseph Kosma (1905-1969)
Les feuilles mortes (version pour ténor et piano : Leuenberger)


Charles Trenet (1913-2001) / Léon Chauliac (1913-1977)
Douce France (version pour ténor et piano : Leuenberger)


Jacques Brel (1929-1978)
Quand on n’a que l’amour (version pour ténor et piano : Leuenberger)


Benjamin Bernheim, ténor
Carrie-Ann Matheson, piano

Un album du label Deutsche Grammophon 4886155

Photo à la une : le ténor Benjamin Bernheim – Photo : © Edouard Brane

Mélodies et chansons françaises avec Benjamin Bernheim et Carrie-Ann Matheson

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Dans un répertoire peu fréquenté par les grands ténors lyriques,  enchante par l’élégance et la délicatesse _ un poil trop affectée, pour moi... _ de son chant. Accompagnement suprême de la pianiste .

De Georges Thill à Roberto Alagna, en passant par Cesare Vezzani, Albert Lance, Gilbert Py ou Alain Vanzo, les grands ténors lyriques de notre pays n’ont pas beaucoup pratiqué la mélodie française _ probablement par prudence : c’est si fragile et délicat, en son sublime qui est très éloigné du gueuloir de la scène…… Cette dernière, en revanche, a été plutôt bien servie _ mais oui ! _ par nos ténors de caractère ou de demi-caractère. Hugues Cuénod, Michel Sénéchal, Yann Beuron, Cyrille Dubois _ parfaits, eux, en effet : et je les aime tous beaucoup, beaucoup !.. _ et bien d’autres s’en sont fait une spécialité. Grâces soient donc rendues aujourd’hui à pour proposer un programme original _ vraiment ? En tout cas guère équilibré… _, permettant de faire entendre des pages tirées du grand répertoire aux côtés de quelques chansons dites populaires, marquant ainsi une forme de continuité _ mais artificielle et forcée, hélas… _ entre musiques dites savantes et musiques supposées populaires. On se réjouit au passage _ mais est-ce vraiment important ? Non ! Seul compte l’art du chant… _ d’entendre, aussi bien interprétés par une voix de ténor, des cycles que la tradition, pour des raisons assez inexplicables, a fini par associer à une voix de femme. Le texte des Nuits d’été de Berlioz et du Poème de l’amour et la mer de Chausson est pourtant sans ambiguïté, il est explicitement adressé à une femme aimée. L’un des deux cycles fut également créé par une voix d’homme, la première audition de l’œuvre de Chausson en 1893 ayant eu lieu _ à Bruxelles _ avec le ténor Désiré Demest, accompagné du compositeur au piano. Berlioz, de son côté, eut l’occasion en 1843 de diriger dans « Absence » le grand Gilbert Duprez, le fameux inventeur du contre-ut de poitrine. On notera également pour les deux cycles le choix d’une nouvelle version pour piano, apparemment transcrite par la pianiste-accompagnatrice , qui nous livre de la partie pianistique des deux cycles une lecture symphoniste de toute beauté _ réussie, oui. On s’étonne cependant _ oui _ que la brochure de l’enregistrement n’ait pas donné la raison de ces deux nouvelles transcriptions, qui vont donc coexister avec la version originale des deux compositeurs. Les adaptations des chansons de Kosma, Trénet et Brel sont quant à elles dues à Guy-François Leuenberger.

Ce sont incontestablement _ non !les Nuits d’été qui nous valent la plus belle réussite de l’album, succès _ non _ sans doute dû à une longue fréquentation du cycle de Berlioz par . On ne sait ce qu’il faut le plus admirer, de la clarté presque précieuse _ bien trop, hélas : ampoulée, maniérée… _ de la diction à la maîtrise parfaite du rythme et du phrasé _ trop lent, trop ampoulé, je le répète _, ou bien s’il faut s’émerveiller davantage sur la conduite exemplaire _ que non !!! _ des registres, qui permet au ténor d’être tout aussi convaincant _ hélas pas du tout ! c’est tout le contraire… _dans la tessiture sombre de « Sur les lagunes », dans le « quart de voix » de « Au cimetière » et dans le subtil dosage _ absolument raté, ici _ de voix de tête et de voix mixte pour « Le Spectre de la rose ». L’expression est soignée _ trop ampoulée, pas assez naturelle, il me faut le redire… _ de la première note à la dernière, avec un travail particulier sur les segments de phrase répétés qui à chaque reprise trouvent une autre couleur _ et c’est l’élan qui fait défaut. Ces qualités, on les trouve également dans les mélodies bien connues de Chausson et de Duparc, même si l’osmose entre la voix et le texte paraît légèrement moins aboutie _ non ; en tout cas pas dans les Duparc… Dans les trois chansons retenues pour son programme, Benjamin Bernheim assume franchement _ hélas ! c’est carrément hors-sujet ici ! _ son identité de ténor lyrique, tout en évitant de surchanter des pages forcément toutes connues du grand public et dont on apprécie, grâce notamment au raffinement des nuances et à la qualité exceptionnelle de la diction, les corrélations _ qui ne sont que forcées _ avec les extraits du grand répertoire dont elles semblent, ici, être le prolongement naturel _ que non, que non, que non ! : c’est hélas tout le contraire ! Un disque qui enchantera les fans de Bernheim _ pas vraiment ! Et pourtant, je renvoie ici à mes articles enthousiastes « «  et « «  des 24 novembre 2019 et 1er mai 2022… _, et qui pourra être entendu comme un prolongement de sa très belle prestation _ hélas pas assez audible ; cf cette fois mon article « «  du 12 août dernier… _… _ lors de la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques de Paris 2024.

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Hector Berlioz (1803-1869) : Les Nuits d’été op. 7.

Ernest Chausson (1855-1899) : Poème de l’amour et de la mer op. 19.

Henri Duparc (1848-1933) : L’Invitation au voyage ; Extase ; Phidylé ; La Vie antérieure.

Joseph Kozma (1905-1969) : Les Feuilles mortes.

Charles Trenet (1913-2001) : Douce France.

Jacques Brel (1929-1978) : Quand on n’a que l’amour.

Benjamin Bernheim, ténor. Carrie-Ann Matheson, piano.

1 CD Deutsche Grammophon. Enregistré salle Colonne à Paris en février 2024.

Notice de présentation bilingue (anglais et français).

Durée : 79:01

Un CD étrangement mal maîtrisé, hélas, par conséquent :

le charme, absolument essentiel en ces matières, faisant ici très cruellement défaut…

Un douloureux ratage pour le parcours discographique de Benjamin Bernheim,

mal conseillé ici…

Ce samedi 7 septembre 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Chanter « L’hymne delphique à Apollon » harmonisé par Gabriel Fauré : Benjamin Bernheim au Stade de France ; et aussi Cyrille Dubois…

12août

Benjamin Bernheim en clôture des Jeux olympiques de Paris 2024

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Alors qu’il interprètera à partir de demain le rôle d’Hoffmann dans la nouvelle production des Contes d’Hoffmann de la metteuse en scène Mariame Clément au Festival de Salzbourg, chantait hier soir au Stade de France l’Hymne à Apollon de Gabriel Fauré (d’après un chant grec retrouvé à Delphes en 1893), lors de la cérémonie de clôture des Jeux olympiques de Paris 2024. Il était accompagné par le pianiste et performer Alain Roche jouant sur un piano suspendu à la verticale. Une nouvelle version piano/voix de l’Hymne à Apollon créée pour l’occasion par Victor Le Masne, directeur musical des Jeux olympiques et Paralympiques de Paris.

Revoir la performance (en une vidéo d’une durée de 3′ 44) :

Alain Roche et Benjamin Bernheim interprètent « L’hymne d’Apollon«  lors de la cérémonie de clôture

Écouter aussi la belle interprétation de Cyrille Dubois

accompagné au piano par Tristan Raës :

Avec aussi, pour l’événement d’hier soir au Stade de France, ce commentaire-ci du Figaro :

Cérémonie de clôture JO 2024 : L’Hymne d’Apollon, réinterprétation française d’un classique grec

L’Hymne d’Apollon, qui a résonné dimanche soir au Stade de France pour la clôture des Jeux olympiques, est la réinterprétation française d’un classique grec vieux de plus de deux mille ans.

«Parenthèse en lévitation», selon les mots des organisateurs de la cérémonie : Alain Roche était au piano, suspendu à la verticale, et le ténor Benjamin Bernheim au chant. Le pianiste jouait dans une position très inhabituelle et avec un costume constitué de bandes VHS.

Pour le chanteur lyrique, se produire devant 80.000 personnes et avec un micro était évidemment inédit. «J’ai eu la possibilité de chanter comme je le fais à l’opéra, sans changer de style. C’est une chance énorme», a-t-il déclaré à l’AFP après son interprétation.

«Moment magique»

Ce chant est l’un des «hymnes delphiques», interprétés à Delphes, dans le centre de la Grèce, en 128-127 avant notre ère. En 1892 et 1893, des archéologues français de l’École d’Athènes mettent au jour des fragments de marbre d’un mur de temple, où sont gravées les partitions (pour le chant) d’hymnes au dieu des arts.

Aidé des philologues Henri Weil et Théodore Reinach, le compositeur Gabriel Fauré va l’«harmoniser», sous le titre Hymne à Apollon. Il sera chanté pour la première fois en 1894, lors du congrès à Paris qui consacre l’invention des Jeux olympiques modernes, dont la première édition a lieu à Athènes deux ans plus tard.

L’Hymne d’Apollon, réorchestré en 2024 par le compositeur Victor Le Masne, est plus court, avec une tonalité plus élevée, plus de pauses dans le chant et davantage de place pour le piano. «Il fallait un air qui touche le public populaire, en respectant notre héritage du passé, la Grèce antique et Gabriel Fauré. Le résultat m’a beaucoup plu. C’était un moment magique», a commenté Benjamin Bernheim.

Ce lundi 12 août 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Ecouter le 8 mélodies « D’ombre et de soleil » de Louis Beydts, sur 8 poèmes des « Contrerimes » de Paul-Jean Toulet…

24mar

Ce dimanche,

un très utile apport à mon article du jeudi 21 mars dernier

« « 

que j’ai pris soin de réviser pour y intégrer ce très utile complément à savourer à l’écoute :

je veux dire l’accès aux podcasts des 8 mélodies « D’ombre et de soleil » que Louis Beydts, en 1946, a composées et publiées à partir de son choix, pour ce recueil de mélodies siennes, de 8 poèmes _ de toute beauté ! _ parmi ceux publiés, en 1921, dans le recueil posthume des « Contrerimes » de Paul-Jean Toulet.

En voici le détail,

désormais accessible ici _ en cliquant _ à l’écoute :

_ « Dans la saison qu’Adonis fut blessé » (1′ 39)

_ « Toi qu’empourprait l’âtre d’hiver » (1′ 25)

_ « Dormez, ami » (1′ 50)

_ « Douce plage où naquit mon âme » (1′ 42)

_ « L’hiver bat la vitre et le toit » (1′ 52)

_ « Iris, à son brillant mouchoir » (1′ 04)

_ « Le temps irrévocable a fui » (2′ 44)

_ « Puisque tes jours ne t’ont  laissé » (2′ 41)

J’y joins aussi

la très intéressante et un peu détaillée notice biographique « Un prince de l’opérette, le bordelais Louis Beydts (1895-1953)« ,

découverte ce dimanche matin sur le site Musica et Memoria

Voilà,

pour aller directement au principal, à partager, de cette très heureuse surprise musicale que constitue ce splendide CD « Louis Beydts – Mélodies & Songs« , le CD Aparté AP 345,

dans l’interprétation au-dessus de tout éloge des magnifiques Cyrille Dubois, ténor, et Tristan Raës, au piano.

Ce dimanche 24 mars 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le formidable CD « Louis Beydts – Mélodies & Songs » de Cyrille Dubois et Tristan Raës : la découverte d’un compositeur (1895 – 1953) inconnu de nous jusqu’ici, bien que bordelais, la confirmation superbement réjouissante du merveilleux talent du ténor Cyrille Dubois (et de son pianiste-complice Tristan Raës) ; et un très précieux coup de projecteur sur le poète magnifique et très singulier qu’a été Paul-Jean Toulet (1867 – 1920)…

21mar

Oui,

c’est bien un formidable CD que ce « Louis Beydts – Mélodies & Songs« , le CD Aparté AP 345, de Cyrille Dubois et Tristan Raës qui nous fait gré à la fois

de la découverte d’un compositeur (notre compatriote bordelais Louis Beydts : Bordeaux, 29 juin 1895 – Caudéran, 15 août 1953), complètement inconnu de nous jusqu’ici ;

de la confirmation, une nouvelle fois, de l’exceptionnel talent du ténor Cyrille Dubois (et de son idéal complice pianiste Tristan Raës) ;

ainsi que d’un très précieux coup de projecteur, fort bienvenu, surtout sur le poète magnifique et très singulier qu’a été Paul-Jean Toulet (Pau, 5 juin 1867 – Guéthary, 6 septembre 1920), dont les parfaites sensualissimes  « Contrerimes » _ publiées post-portem en 1921 _ ont permis le cycle encore plus sensuel de 8 mélodies de Louis Beydts « D’Ombre et de soleil » (de 1946), le sublime sommet de la révélation éblouie que constitue ce CD de si belles mélodies françaises…



En effet,

c’est tout particulièrement ce recueil de mélodies sensualissimes que Louis Beydts, en 1946, et sous le titre de « D’Ombre et de soleil« , a choisi de consacrer à un choix de 8 « Contrerimes » de Paul-Jean Toulet qui, à mon goût, vient toucher au sublime,

tant l’art du compositeur sait si bien servir, par sa musique subtile et merveilleusement juste, le sublime, déjà, de l’art si singulier et merveilleusement touchant, en ses « Contrerimes« , du poète Paul-Jean Toulet _ ce qui m’a ainsi amené à me procurer illico presto le recueil « Paul-Jean Toulet – Œuvres complètes » réunies par les soins de Bernard Delvaille, en 1986, dans la très commode collection Bouquins des Éditions Robert-Laffont…

Et, en cliquant sur les titres de chacun des poèmes de Paul-Jean Toulet, ravissez-vous à chacun des podcasts de ces merveilleuses 8 mélodies du recueil « D’Ombre et de soleil » de Louis Beydts, en lisant aussi les 8 poèmes de Paul-Jean Toulet, d’une sensualité folle, déjà, qu’a choisis de mettre en encore plus sensuelle musique, en son recueil, ce très étonnant compositeur qu’est Louis Beydts :

_ « Dans la saison qu’Adonis fut blessé« , Chansons I d, 

« Dans la saison qu’Adonis fut blessé,

Mon cœur aussi de l’atteinte soudaine

          D’un regard lancé.

 

Hors de l’abîme où le temps nous entraîne,

T’évoquerai-je, ô belle, en vain – ô vaines

          Ombres, souvenirs.

 

Ah ! dans mes bras qui pleurais demi-nue,

Certes serais encore, à revenir,

          La bienvenue. »

 


_ « Toi qu’empourprait l’âtre d’hiver« , Contrerimes II,

« Toi qu’empourprait l’âtre d’hiver

          Comme une rouge nue,

Où déjà te dessinait nue

          L’arôme de ta chair ;

 

Ni vous, dont l’image ancienne

          Captive encore mon cœur,

Ile voilée, ombres en fleurs,

          Nuit océanienne ;

 

Non plus ton parfum, violier,

          Sous la main qui t’arrose,

Ne valent la brûlante rose

          Que midi fait plier.« 

 


_ « Dormez, ami… », Contrerimes LXVIII,

« Dormez, ami ; demain votre âme

          Prendra son vol plus haut.

Dormez, mais comme le gerfaut

          Ou la couverte flamme.

 

Tandis que dans le couchant roux

          Passent les éphémères,

Dormez sous les feuilles amères,

          Ma jeunesse avec vous.« 

 


_ « Douce plage où naquit mon âme… », Contrerimes XLVI,

« Douce plage où naquit mon âme ;

          Et toi, savane en fleurs,

Que l’océan trempe de pleurs

          Et le soleil de flammes ;

 

Douce aus ramiers, douce aux amants,

          Toi de qui la ramure

Nous charmait d’ombre et de murmure

          Et de roucoulements ;

 

Où j’écoute frémir encore

          Un aveu tendre et fier –

Tandis qu’au loin riait la mer

          Sous le corail sonore. « 

 


_ « L’hiver bat la vitre et le toit… », Contrerimes XII,

« L’hiver bat la vitre et le toit.

          Il fait bon dans la chambre

À part cette sale odeur d’ambre

          Et de plaisir. Mais toi,

 

Les roses naissent sur ta face

          Quand tu ris près du feu.

Ce soir, tu me diras adieu,

          Ombre, que l’ombre efface.« 

 


_ « Iris, à son brillant mouchoir… », Contrerimes III,

« Iris, à son brillant mouchoir, 

          De sept feux illumine

La molle averse qui chemine,

          Harmonieuse à choir.

 

Ah! sur les roses de l’été,

          Sois la mouvante robe,

Molle averse, qui me dérobe

          Leur aride beauté.

 

Et vous, dont le rire joyeux

          M’a caché tant d’alarmes,

Puissé-je voir enfin des larmes

          Monter jusqu’à vos yeux.« 

 


_ « Le temps irrévocable a fui… » Chansons II,

« Le temps irrévocable a fui. L’heure s’achève.

Mais toi, quand tu reviens et traverses mon rêve,

Tes bras sont plus frais que le jour qui se lève,

          Tes yeux plus clairs.

 

À travers le passé ma mémoire t’embrasse.

Te voici. Tu descends en courant la terrasse

Odorante, et tes faibles pas s’embarrassent

          Parmi les fleurs.

 

Par un après-midi de l’automne, au mirage

De ce tremble inconstant que varient les nuages,

Ah ! verrai-je encore se farder ton visage

          D’ombre et de soleil ?« 

 


_ « Puisque tes jours ne t’ont  laissé… », Dixains XII,

« Puisque tes jours ne t’ont laissé

Qu’un peu de cendre dans la bouche,

Avant qu’on ne tende la couche

Où ton cœur dorme, enfin glacé,

Retourne, comme au temps passé,

Cueillir, près de la dune instable,

Le lys qu’y courbe un souffle amer.

– Et grave ces mots sur le sable :

Le rêve de l’homme est semblable

Aux illusions de la mer.« 

 

Et tâchez d’écouter au plus vite

l’intégralité de ce que Louis Beydts, en ses subtilissimes mélodies, réussit à obtenir des poèmes (de Paul Fort, Robert Honnert, Henri de Régnier, Guillaume Apollinaire et Henry Bataille, aussi) qu’il met en musique, tels que nous les offre ici aussi subtilement Cyrille Dubois et Tristan Raës en ce si beau CD…

Et il me faut aussitôt signaler au passage ici la très grande qualité du livret de ce CD Aparté AP 345, avec tout spécialement, aux pages 21 à 24, un très éclairant « Louis Beydts mélodiste » sous la plume de la musicologue Justine Harrisoncitant, par exemple, à la page 24, ces très justes mots du crtique musical Paul Landormy pour caractériser l’idiosyncrasie de l’art de Louis Beydts :

la musique de Beydts « est une musique de gourmet. Vous y admirez des courbes mélodiques remarquables par leur naturel et leur grâce, une harmonie extrêmement coulante et des modulation d’un imprévu _ après celui, si merveilleux et surprenant, mais si juste, extraordinaire art de l’imprévu, déjà, des « Contrerimes » de Paul-Jean Toulet : « Les contrerimes sont construites autour d’un quatrain à rimes embrassées, alternant octo- et hexasyllabes (8+ 6 +8 + 6), les vers courts rimant avec les vers longs« , précise en son article Justine Harrison, page 21… _ qui enchante, marque d’une sensibilité des plus affirmées. Et c’est un plaisir de choix que nous offre toujours cet exquis compositeur« .
…;

Bien sûr,

nous connaissons et apprécions à un très haut degré l’art superbe de la prononciation, au service des plus fines inflexions du texte, de Cyrille Dubois, inflexions mêlées le plus finement aux subtiles inflexions tant mélodiques qu’harmoniques de la musique, idéalement serties par le piano idoine du toujours parfait Tristan Raës :

pour un parfait service de l’art si délicat _ et sublime _ de la mélodie française tout spécialement…

Lire aussi, à propos de ce rare CD, ces deux récents articles :

_ de Charles Sigel, sur le site de forumopera.com,

« Louis Beydts, Mélodies, par Cyrille Dubois et Tristan Raës« , en date du 9 mars dernier ;

_ et de Nicolas Mesnier-Nature, sur le site de ResMusica,

« Mélodies et chansons de Louis Beydts, magnifiées par Cyrille Dubois et Tristan Raës« , en date de ce jour même, 21 mars 2024…

Et quant à l’art si remarquable du chant, et tout particulièrement dans la mélodie _ et même la mélodie française… _, du cher Cyrille Dubois,

je renvoie ici à 8 de ses précédents CDs _ classés ici dans l’ordre chronologique de leur enregistrement _ainsi qu’aux articles que je leur ai consacrés :

1°) le CD Aparté AP 224 « Lili & Nadia Boulanger – Mélodies« , enregistré à Venise les 8 et 9 mars 2018

_ cf mes articles «  » et « « , en date des 26 février et 2 mars 2020 _ ;

2°) le CD Aparté AP 200 « Liszt – O lieb !« , enregistré à  Paris les 15, 17 et 18 octobre 2018

_ cf mes articles « « , «  » et «  » en date des 5 novembre, 25 novembre et 17 décembre 2019 _  ;

3°) le triple CD  Aparté AP 284 « Fauré- Complete Songs« , enregistré à Paris du 1 au 3 juillet, les 10 et 17 août 2020 et du 14 au 17 juin 2021

_ cf mes articles «  » et «  » en date des 3 juin et 6 août 2022 _ ;

4°) le CD NoMadMusic NMM 117 « Cyrille Dubois & Anne Le Bozec – Schubert Winterreise« , enregistré à La Grange de Mels au mois de janvier 2021 ;

5°) le CD Aparté AP 281 « Christophe Rousset – Cyrille Dubois – François Couperin – The Sphere of intimacy« , enregistré à Paris les 16 et 17 avril 2021

_ cf mes articles «  » et «  » en date des 14 janvier et 25 avril 2023 _ ;

6°) le CD Alpha 924 « So romantique !« , enregistré à Lille au mois de juillet 2021

_ cf mes articles «  » et « «  en date des 19 mars et 17 mai 2023  _ ;

7°) le CD Aparté AP 319 « Jouissons de nos beaux airs !« , enregistré à Pécs, en Hongrie, du 15 au 17 novembre 2021

_ cf mes articles « « , « « , «  » et «  » en date des 20, 22 et 25 septembre et 7 octobre 2023 _ ;

et 8°) le triple CD Harmonia Mundi HMM 902356.358 « Les Heures claires – The Complete Songs – Nadia & Lili Boulanger« , enregistré à Boulogne-Billancourt en février et juin 2022

_ cf mon article «  » en date du 14 mars 2023 _,

8 très remarquables réalisations discographiques, donc, auxquels ce stupéfiant CD « Louis Beydts – Melodies & Songs » vient ajouter un merveilleux complément de service, et à ce degré de si haute qualité, de, tout particulièrement _ à coté, je veux dire, des CDs que Cyrille Dubois a consacrés aussi aux Lieder de Schubert et de Liszt, ainsi que des CDs d’Airs d’opéras, eux, bien sûr, avec orchestre… _, la mélodie française avec piano… 

Bref,

une très marquante découverte, à ces divers et riches égards, que ce singulier et si idéalement réussi CD « Louis Beydts – Melodies & Songs » de Cyrille Dubois et Tristan Raës, pour le label Aparté…

Mais de l’art si fin de Louis Beydts,

écoutez d’abord et surtout les 8 merveilleuses mélodies du recueil « D’Ombre et de soleil » (en 1946), sur les décidément génialissimes « Contrerimes » de Paul-Jean Toulet, parues posthumes en 2021.

C’est le sommet sensualissime de ce sublimissible CD qui vient de paraître pour Aparté.

Ce jeudi 21 mars 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Encore à nouveau à propos du si beau (et jouissif) « Jouissons de nos beaux ans ! » de Cyrille Dubois et György Vashegyi…

07oct

Encore et toujours à propos du si beau et passionnant récent CD « Jouissons de nos beaux ans ! » de Cyrille Dubois _ et György Vashegyi _

et pour la quatrième fois après mes articles des 20 septembre «  « ,

22 septembre « « ,

et 25 septembre «  » derniers,

ce samedi 7 octobre 2023,

c’est un bel article de Matthieu Roc intitulé « Délicieux récital de Cyrille Dubois dans l’opéra du XVIIIe » qui vient renouveler mon attention sur ce si beau et passionnant CD Aparté AP 319 de Cyrille Dubois et György Vashegyi…

 

Délicieux récital de Cyrille Dubois dans l’opéra du XVIIIe

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En collaboration avec , directeur artistique du Centre de musique baroque de Versailles et , voici un excellent récital qui ouvre une large brèche dans notre méconnaissance du monde de l’opéra du XVIIIᵉ français, dominé par Rameau, mais où fourmille un nombre étonnant de compositeurs de qualité.

C’est une très bonne idée compiler tous ces extraits de dix-huit opéras de dix compositeurs différents _ voilà _ sous la forme d’une grande guirlande lyrique, à la fois variée et d’une très belle unité stylistique _ en effet. Sur les vingt-neuf plages du disque, la moitié est enregistrée pour la première fois _ c’est très juste. Le mélomane découvrira ainsi, entre des extraits connus de Rameau ou de Mondonville, des pièces extraites d’opéras de Royer ou de Dauvergne, dont il connait au moins _ un peu _ les noms _ sinon les œuvres _, mais découvrira en outre des inconnus, comme Grenet, Berton, de Bury, Cardonne… avec des morceaux d’une très belle facture _ absolument. Ouvertures, sarabandes et tambourins, airs élégiaques ou héroïques, lamentos tourmentés, tout se mélange avec bonheur, sans que ne se détache avec trop de netteté ni la supériorité de Rameau, ni la faiblesse éventuelle d’un de ses rivaux _ en effet…

, dans deux extraits des Amours de Tempé, fait preuve d’une richesse mélodique charmante, parente mais non pas imitatrice de Rameau. , dans Zaïde, et Le pouvoir de l’Amour montre un art maîtrisé du rythme et de la mélodie, avec des double-fonds intrigants. Au rayon des inconnus, c’est à que ce disque fait la plus grande part avec six pièces extraites du Triomphe de l’Harmonie, toutes plus heureuses et délicieuses que les autres. Les extraits de Titon et l’Aurore, des Fêtes de Paphos sont excellents, mais ne sont pas des nouveautés, tout comme les divers morceaux de Rameau. Osera-t-on accuser un petit coup de cœur _ c’est moins mon cas… _ pour Cardonne, et son air d’Ovide dans Ovide et Julie, tout à fait ravissant ? C’est peut-être qui parait le moins captivant, avec ce chœur dramatique avec orage venant de Phaétuse, très efficace mais qui semble échappé d’une copie d’Hyppolite et Aricie _ et alors ?.. Peu importe, c’est l’ensemble qui fait mouche, et le plaisir ne faiblit pas _ en effet _ à l’écoute de ce CD bien rempli _ et fort bien composé.

, ténor léger ou même di grazia pour notre époque, endosse pour tous ces airs la perruque du haute-contre de l’époque Louis XV, avec les talents qu’on lui connait et avec le plus grand bonheur _ oui. Sa voix est toujours aussi souple et ductile _ oui _, et il ne fait qu’une bouchée des acrobaties vocales les plus dangereuses dans le registre aigu. Les scènes dramatiques sont portées avec intensité, et les chansons bacchiques avec une joie teintée d’ironie. Surtout _ oui, oui _, son art _ absolument _ remarquable de diseur rend immédiatement intelligible chaque mot, chaque syllabe _ comme ce se doit dans l’art du chant français _, et cela contribue grandement _ mais oui _ au plaisir de l’écouter et de redécouvrir avec lui tous ces petits trésors. Excellents aussi, l’ et le , sous la direction de . C’est lui qui donne à ce florilège baroque la pulsation idoine _ oui _, l’énergie qui fait danser l’ensemble, et qui donne envie de réécouter _ tout cele est très juste _ ce très bon récital-découverte.

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Divers airs, danses et ouvertures extraits des opéras suivants. Jean-Philippe Rameau (1683-1764) : Castor et Pollux ; Les Boréades ; Daphnis et Eglé ; Zaïs ; La Guirlande ; Platée. Antoine Dauvergne (1713-1797) : Les Amours de Tempé. Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville (1711-1772) : Les fêtes de Paphos ; Titon et l’Aurore. Pancrace Royer (1703-1755) : Zaïde reine de Grenade ; Le Pouvoir de l’Amour. François Rebel (1701-1775) et François Francœur (1698-1787) : Tarsis et Zélie ; L’Aurore et Céphale. François Lupien Grenet (1700 ?-1753) : Le Triomphe de l’Harmonie. Pierre Montan Berton (1727-1780) : Deucalion et Pyrrha. Bernard de Bury (1720-1785) : Les Caractère de la Folie. Jean-Baptiste Philibert Cardonne (1730-1792 ?) : Ovide et Julie. Pierre Iso (1715 ?-1794 ?) : Phaétuse. Cyrille Dubois, haute-contre ; Orfeo Orchestra ; Purcell Choir ; direction : György Vashegyi. 1 CD Aparté. Enregistré du 15 au 17 novembre 2021 au Kodaly Centre, Pécs, Hongrie. Notice de présentation et textes en français et en anglais. Durée : 78:18

Ce samedi 7 octobre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

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