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Un présent retour en grâce de la musique pour clavier de Muzio Clementi (1752-1832), au moins sur les platines…

11mar

En mes articles récents des 2, 3 et 6 mars derniers

_ « « ,

« « ,

et «  » _,

j’ai eu l’occasion, à propos de mon regard porté sur le passionnant CD de Jean Rondeau « Gradus ad Parnassum »  (Erato 5054197416170), de mentionner l’interprétation impressionnante sur clavecin _ voilà l’audace, et la merveille !!! _, notamment de deux morceaux de Muzio Clementi, le Studio n°14 et le Studio n°45 du « Gradus ad Parnassum » Op. 44, pour piano _ un recueil de 100 Études pour piano composées en 1817, 1819 et 1826 _, de celui-ci…

Or une récente actualité discographique nous a proposé et offert un bien intéressant CD « Clementi Piano Sonatas & Preludes« , par Ilia Kim, au piano _ le CD Piano Classics PCL 10254 _,

chroniqué notamment, sur son site Discophilia, par Jean-Charles Hoffelé, sous le titre « Secret bien gardé« , le 9 janvier dernier…

SECRET BIEN GARDÉ

Maria Tipo aura osé graver la première intégrale des Sonates _ au nombre de 54 pour piano seul, composées entre 1771 (Opus 1) et 1821 (Opus 50) _, de Muzio Clementi, révélant les splendeurs _ voilà _ d’un monument érigé comme en regard du massif des trente-deux Sonates de Beethoven. Las !, malgré tant de merveilles déjà auscultées par Horowitz et par une poignée d’autres pianistes, ce corpus passionnant sera retombé dans l’oubli.

Ilia Kim en ressaisit tout l’esprit si divers avec un talent pianistique éclairant. Dès le Piuttossto allegro de la sublime _ rien moins ! _  Sonate en fa dièse mineur, on balance de Scarlatti à Mendelssohn, l’œuvre souligne bien cet « entre-deux mondes » qui fait la singularité de la grammaire de ce génie méprisé _ oui… _ : même en composant pour demain, il ne peut s’empêcher de regarder _ aussi _ dans les siècles passés, voulant faire cohabiter dans un même geste des époques et des styles antithétiques, ne renonçant ni aux paysages romantiques, ni à la musique narrative des contemporains bohémiens, entendant les échos de Lieder de Schubert et le bel canto de Bellini, et se souvenant des fantaisies des clavecinistes italiens.

Mais tout cela ne serait rien si Ilia Kim ne saisissait pas la dimension expressive _ voilà ! _ qui fait tout le prix des trois sonates qu’elle a choisies d’un œil expert, les agrémentant des impertinents petits croquis stylistiques de l’Op. 19. Aurait-elle rouvert cette boîte de Pandore où sommeille un des trésors _ voilà ! _ du grand piano de l’orée du romantisme ?

LE DISQUE DU JOUR

Muzio Clementi
(1752-1832)


Sonate pour clavier en fa dièse mineur, Op. 25 No. 5
Sonate pour clavier en ré majeur, Op. 25 No. 6
Musical Characteristics,
Op. 19 (4 extraits : II. Preludio alla Haydn ; VI. Preludio II alla Mozart ; XI. Preludio I alla Clementi ; XII. Preludio II alla Clementi)

Sonate pour clavier en sol majeur, Op. 37 No. 2

Ilia Kim, piano

Un album du label Piano Classics PLCL10254

Photo à la une : la pianiste Ilia Kim – Photo : © DR

Une interprétation d’Ilia Kim qui sert excellemment l’élégance au moins de l’art de Muzio Clementi…

Ce samedi 11 mars 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

De l’apport, pour l’interprète, jusqu’à l’incandescence, d’un instrument particulier, voire original et imprévu, pour incarner-servir au mieux la plus pure idiosyncrasie même de telle ou telle oeuvre, ainsi incarnée-sublimée…

06mar

La question de l’apport, pour l’interprète, d’un instrument particulier, voire original et même totalement imprévu, pour servir au mieux et incarner _ et même sublimer ! _ telle ou telle œuvre musicale :

ce questionnement me travaille l’esprit depuis l’écoute enthousiasmée du clavecin  qui sert si merveilleusement le jeu de Jean Rondeau, dans son éblouissante interprétation d’œuvres de Joseph Haydn, de Mozart, de Muzio Clementi, et même de Claude Debussy, comme il vient de si bien le réussir en son CD « Gradus ad Parnassum » _ cf mes articles des 2 mars  «  » et 3 mars derniers « « 

Ce qui m’amène à me ressouvenir de ce qu’a pu, par exemple, apporter le divin dulcimer-pantaléon de Margit Übellacker, découvert dans le splendide CD « Portus Felicitatis«  _ le CD Ramée RAM 1302 _, pour des œuvres de Johann-Georg Reutter (1708 – 1772) _ dont le plus que fascinant pizzicato qui illumine le générique du « Mademoiselle de Joncquières » d’Emmanuel Mouret ; cf la conclusion de mon article du 16 janvier dernier : « «  _à un merveilleux, lui aussi, CD « Hebenstreit’s Bach«  _ Ramée RAM 2101 _, par la même magicienne Margit Übellacker dans des œuvres de Johann-Sebastian Bach (1685 – 1750), cette fois…

Quand l’instrument illumine, par la splendeur que sait bien sûr en tirer son exceptionnel interprète, l’idiosyncrasie même des œuvres ainsi portées à une bouleversante et évidente toute pure incandescence…


Ce lundi 6 mars 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

de l’arbitraire de quelques interprétations musicales _ et incohérences éditoriales discographiques

31déc

A propos de mon appréciation du CD « The Walsingham Consort Books« , par La Caccia que dirige le flûtiste à bec Patrick Denecker (CD Ricercar 275),

que voici :

« quant aux pièces extraites des Walsingham Consort Books,

elles sont d’une remarquable délicatesse…« ,

en mon article du 26 décembre « Un bouquet festif de musiques : de Ravel, Dall’Abaco, etc… »

j’ai reçu cette « réponse-ci »

de mon ami Stylus Phantasticus, ce matin même :

De :   Stylus Phantasticus

Objet : A propos de « Walsingham »
Date : 31 décembre 2008 10:18:22 HNEC
À :   Titus Curiosus

« The Walsingham Consort Books » par La Caccia / Patrick Denecker

Le CD est agréable à la première écoute, un doux ronronnement des cordes pincées que viennent colorer les suaves sonorités du dessus de viole et de la flûte à bec, tantôt grave , tantôt aiguë.

En approfondissant un peu, on reste cependant perplexe devant la légitimité d’une telle « réalisation »

_ musicale et discographique..

Car voici ce qui qu’écrivait la musicologue américaine Anne Smith dans le « Basler Jahrbuch » de 1978, la très sérieuse revue de la Schola Cantorum Basiliensis, l’école de musique ancienne de Bâle :

« Dans les « Walsingham consort lessons », la partie de flûte est de façon générale bien plus élaborée que dans les autres « Consort Lessons » (Morley, Cambridge et Rosseter).

Ainsi, de la 4ème pièce du recueil, « The Lady Frances Sidney’s Goodnight » de Richard Allison,  nous pouvons déduire que la flûte utilisée était une flûte traversière en Ré, avec une tessiture allant du ré2 au do 4 ; toute flûte d’une autre taille se révélant impraticable pour cette pièce. Et pareille tessiture correspond, en effet, à ce que nous attendons des virtuoses de l’instrument de l’époque (à la connaissance des œuvres de Virgiliano et Van Eyck…). Cette taille est également appropriée aux autres « recueils de consort« , du fait que la plupart de leurs pièces sont en clef de mezzo-soprano ou d’alto (ut2 ou ut3) ; ce qui signifie que la musique se joue dans le registre moyen de la flûte ténor en ré. Seul « Joyne hands » de Thomas Morley atteignant la limite supérieure de l’instrument (sol 4).

La partie de flûte est souvent interprétée sur une flûte basse en sol de nos jours… Or cela, pour toutes sortes de raisons, ne semble pas du tout correspondre à ce qui était effectivement prévu.

D’abord, et cela de façon générale, toutes les pièces pour flûte traversière et pour flûte à bec étaient jouées une octave au-dessus de la notation. Ce qui est impossible sur une basse en sol2.

De même qu’il est impossible de les jouer toutes en hauteur réelle, en 8-pieds, car les parties descendent souvent au fa2, et même une fois au ré2, dans l’exemple cité plus haut.

Deuxièmement, le fait de jouer la seconde voix à la flûte, une octave au dessus de la notation, semble avoir été une pratique également bien établie sur le continent, comme nous l’avons vu dans les pièces de Praetorius, de Schein et de Schütz. »

Anne Smith, ‘Die Renaissancequerflöte und ihre Musik. Ein Beitrag zur Interpretation der Quellen’, Basler Jahrbuch für Historische Musikpraxis 2 (1978) pp. 47-48

Lorsqu’on achète un CD de musique ancienne, une certaine « aura » musicologique auréole les interprètes ; et on voit mal pourquoi on mettrait en doute leur compétence, ou leur probité, musicale(s).

Et Patrick Denecker fait bien partie de ceux là, lorsqu’on prend connaissance de son CV sur Internet :
– Patrick Denecker étudie la flûte à bec à Anvers et est lauréat de plusieurs concours internationaux, tant en musique ancienne qu’en musique contemporaine.
– Musicien érudit, il s’entoure d’interprètes curieux, dépassant les frontières dans les pratiques d’interprétation. Il explore le répertoire (immense) pour flûte à bec, notamment les œuvres oubliées du XVIIe au XIXe siècle, et fonde l’ensemble La Caccia.

Patrick Denecker a déjà enregistré l’autre corpus de « consort Lessons » décrits par Anne Smith dans son CD :
Morley : « First Book of Consort Lessons » / La Caccia, et al.  (CD  Ricercar  RCR 251).

Ce premier CD a reçu les éloges de la presse ; comme va très certainement les recevoir le second volume, « The Walsingham Consort Books ».

Pourtant dans ces deux CD, les choix de Patrick Denecker sont en contradiction flagrante avec les résultats de la recherche d’Anne Smith :

_ Non respect de la signification du mot « flute« , qui implique l’utilisation d’une flûte traversière ; et non de flûtes à bec, toujours nommées « recorder«  en Angleterre à cette époque.

_ Non respect de la registration : très souvent Denecker joue la partie de flûte sur une flûte à bec basse en hauteur réelle. C’est en contradiction avec les conventions d’époque, où les flûtes jouaient en 4-pieds. Et c’est aussi en contradiction avec l’écriture : on ne joue pas des parties en ut2 ou en ut3, clefs de mezzo-soprano ou d’alto, avec un instrument appelé « basse ». Cela implique aussi que certaines notes (ré2 et mi2) de la partition ne sont pas jouées, cette flûte ne descendant qu’au fa2.

_ Non respect de l’instrumentation : Patrick Denecker s’arroge le droit de jouer la partie de dessus de viole à la flûte ; et de faire jouer la partie de flûte au dessus de viole. Ce qui n’est pas justifiable quand on sait que cette musique n’existait _ = n’était disponible à la lecture _ qu’en parties séparées, un cahier par instrument. Comment mépriser à ce point une instrumentation écrite avec précision et parmi les toutes premières de l’histoire de la musique, pour simplement mettre sa propre interprétation _ au sein du consort _ en avant ?

L’effet mis en évidence par la description qu’en donne Anne Smith de disposer de la contrepartie de flûte au dessus de la viole est du coup totalement effacé !


Ne blâmons pas les collègues-interprètes de notre flûtiste à bec un peu trop « gourmand ». Ils sont tous excellents _ c’est bien ce que j’avais personnellement, moi aussi, ressenti _ et offrent en cette « réalisation », comme en la précédente, une écoute tout à fait agréable. Mention spéciale au luthiste Philippe Malfeyt, tout en délicatesse et virtuosité. Denecker est lui même excellent sur son instrument.

Mais souhaiteriez-vous acquérir un CD des « 4 Saisons » de Vivaldi jouées à la mandoline, ou au saxophone tantôt baryton, et tantôt soprano ? Ou un CD de concertos pour piano de Mozart joués sur un orgue en 16 pieds ? ou sur un 4 pieds de clavecin ?

Si Patrick Denecker dispose d’arguments musicologiques pour réfuter les thèses de l’article du « Basler Jahrbuch », il serai sain qu’il les porte à la connaissance du public, et que ces CDs viennent, dès lors, étayer ses « analyses »…

En attendant, nous aimerions beaucoup _ et c’est probablement un euphémisme (sous la plume de Stylus Phantasticus) _ voir _ en l’occurrence écouter _ un jour ces pièces enregistrées avec le « bon » instrument, à la « bonne » octave et avec « respect » de l’instrumentation. Car, à notre connaissance, cela n’a pas encore été « réalisé » : jamais…

Voici le message _ musical et musicologique _ qui m’a « alerté »…

Et me rappelle l’historique de la « réalisation » par « Les Witches«  _ CD Alpha 526 _ du manuscrit « Susan Van Soldt« , chez Alpha, sous l’impulsion _ originaire _ de Jean-Paul Combet, impressionné par la beauté de ces pièces (flamandes) en sa jeunesse de musicien…

Cf mon article du 5 octobre :

« musiques d’intimité (suite) : du noté à la réalisation _ “retrouver les couleurs sonores” d’un “pays” quitté  » …

Ou de la relative importance de la « réalisation » musicale, par les musiciens-interprètes ;

ainsi que, en amont, de toutes les conditions de cette « interprétation-réalisation », tant pour le concert, que pour la séance d’enregistrement discographique

_ et leurs conditions, de la part des divers décideurs,

dont _ leur situation est « stratégique » _ les éditeurs de disques…


Merci à Stylus Phantasticus de me l’avoir ainsi « rappelé » :

les musiques du passé sont en attente en quelque sorte « fantômatique »,

telles des « Ombres errantes« , aux Enfers, en attente

de reparaître,

revivre, ressusciter ;

cela me rappelle aussi que

si j’ai acheté dès que je l’ai aperçu sur l’étal du libraire « Vous comprendrez donc« , de l’excellentissime Claudio Magris, autour du retour éventuel de son Eurydice perdue,

Marisa Madieri (1938-1996 _ l’auteur du si beau « Vert d’eau« ) :

cf mon (autre) article, du 29 décembre : « A propos de Claudio Magris : petites divergences avec Pierre Assouline _ sur son blog “la république des livres”  » ;

et « errante » ;

je ne l’ai pas encore lu…

Titus Curiosus, ce 31 décembre 2008

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