A Chantal Thomas, en souvenir d’avant 1968 à Bordeaux
17juin
17juin
22mai
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Ce matin, j’ai enfin trouvé ton « Plossu/Granet Italia discreta » chez Mollat.Et j’achève à l’instant de le lire et regarder-contempler en entier :c’est un chef d’œuvre absolu ! de partaite humilité du regard, d’une tendre et éblouissante évidence sensible, à la fois.On dirait que vous vous êtes trouvés, Granet et toi, aux mêmes lieux, à Rome et ailleurs en Italie, et aux mêmes moments _ c’est déjà un peu plus extraordinaire ! _, avec de semblables regards : justissimes ! C’est stupéfiant !Mais c’est que tous deux êtes d’un parfait classicisme d’éternité !…Francis…J’aime beaucoup aussi la simplicité justissime, elle aussi, de l’entretien avec Bruno Ely.Bravo, bravo !Cette réalisation est splendide !
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10mai
Le madrigal en musique a connu ses beaux jours tout au long du XVIe siècle, à la Renaissance, et jusqu’en la première moitié du XVIIe siècle.
Et tout particulièrement avec les 8 Livres de Madrigaux de Claudio Monteverdi.
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L’édition des Madrigali a Cinque Voci de Domenico Mazzocchi, à Rome, en 1638,
marque ainsi une étape tout à fait intéressante dans l’histoire de ce très précieux genre musical…
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Et c’est donc à ce titre que le CD qui paraît ce mois de mai 2022 du CD « Prime le parole » de l’Ensemble Les Traversées Baroques, sous la direction musicale d’Etienne Meyer,
constitue un très notable apport à la discographie de ce genre éminent, et même majeur :
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cf cette vidéo….
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Et au passage, je remarque aussi la grande qualité de la notice du livret, sous la plume d’Olivier Rouvière.
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La vie et la carrière de Domenico Mazzocchi sont l’exemple même de la condition aisée et mondaine d’un musicien cultivé à Rome au 17è siècle. La protection des familles _ papales _ Aldrobrandini, Barberini, Pamphilij et Borghese lui vaut une réputation tenace de musicien dilettante, d’autodidacte ou d’amateur : si cette condition de gentilhuomo le tient en effet à l’abri des soucis financiers, s’il n’est attaché à aucune chapelle ou institution musicale, Domenico Mazzocchi n’en est pas moins un érudit, historien passionné par l’antiquité, un lettré et un musicien « poète » très attaché au choix de ses textes : Virgile, Petrarque, Le Tasse…
Son œuvre musicale reflète parfaitement la richesse de la culture romaine de l’époque.
Mazzocchi est également soucieux d’indiquer de manière très précise la manière d’interpréter ses œuvres : ces Madrigali à 5 datant de 1638 donnent de précieuses indications en matière de signes dynamiques, d’expression et de nuances. Mazzocchi est l’un des premiers à noter par les termes cresc, dim, p ou f au cœur de l’ouvrage. Il donne également une définition très utile des messa di voce, écho, trilli ou enharmonies et chromatismes.
Domenico Mazzocchi, gentilhomme di naturale modestia e gentilezza di maniere, contribue par l’écriture de ces madrigaux à l’évolution de la musique de son temps, dans la lignée de Caccini et à la suite de Claudio Monteverdi, à servir la cause de la Seconda Prattica, sa devise étant : l’oratione sia padrone del armonia e non serva (que l’art oratoire soit le maître de l’harmonie, et non son serviteur).
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Ce mardi 10 mai 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa
09mai
En réponse à mon envoi, ce jour de mon article d’hier 8 mai _ et achevé ce matin _ « Pour percevoir vraiment « la voix qui s’élève de la page » (et contre le fétichisme niais de « la forme romanesque ») : un bel article sur « Le Soldat indien » de René de Ceccatty (paru aux Editions du Canoë), suivi d’un superbe passionnant entretien de René de Ceccatty avec Martine Sagaert…« ,
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l’ami René de Ceccatty m’a adressé ce courriel-ci :
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« Merci cher inépuisable Francis…
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De fait,
cet Entretien-ci (de 105′ ; vidéocasté), depuis le Mémorial de la Shoah, à Paris, avec Edith Bruck se trouvant, elle, à Rome,
apporte de nouveaux compléments utiles aux lecteurs admiratifs et un peu curieux de son passionnant _ et best-seller international ! _ « Le Pain perdu« …
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Et René de Ceccatty est aussi en train de traduire de l’italien en français deux autres livres récents d’Edith Bruck,
qu’il connaît bien désormais,
ouvrages dans lesquels Edith Bruck aborde la vie à Rome avec son compagnon Nelo Risi (Milan, 1920 – Rome, 2015) :
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« La Rondine sul termosifone » paru en 2017
et « Ti lascio dormire » paru en 2018,
aux Éditions La nave di Teseo…
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Actualité littéraire bien sûr à suivre de très près…
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Ce lundi 9 mai 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa
02mai
Un charmant texte-regard de l’aixois Alain Paire sur l’Exposition aixoise, au Musée Granet, intitulée « Italia discreta« ,
et rassemblant des œuvres de François-Marius Granet et de Bernard Plossu,
deux arpenteurs tranquilles et passionnés _ et pudiques _ des mêmes discrètes beautés romaines…
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Plossu voyage avec Granet
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Petits formats, affnités et cousinages : sous les combles du musée d’Aix, un photographe intuitif croise un lointain précurseur de l’impressionnisme.
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En préambule, on félicitera chaleureusement les conservateurs du musée, Pamela Grimaud et Bruno Ely qui ont inventé les séquences de cette exposition. L’équation n’était pas simple à résoudre, François-Marius Granet est le fls d’un maçon aixois qui découvre Rome en 1802. C’est un novateur discret, son goût pour les ruines et les vedute relève pour partie de l’Ancien Régime. Né en 1945, Bernard Plossu se considère comme un enfant de la Beat Generation et de la Cinémathèque de Paris. Pour ses apprentissages de jeune artiste, il cite Robert Bresson, Vittorio de Sica et Pasolini. Cette union libre n’était pas évidente, de grands écarts d’âge et d’époque séparent les protagonistes. L’insatiable passion qu’ils éprouvent pour les voyages et les séjours en Italie ne suffisait pas pour qu’ils dialoguent.
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Avec ses poutres et ses découpes d’espaces inattendus, la structure de l’ultime étage du musée _ le Musée Granet _ de la rue Cardinale est propice. Ce dossier impliquait des rapprochements rigoureux, de l’élégance et de la précision, rien qui soit lourd et démonstratif. La surprise et l’enchantement sont au rendez-vous, les petits et les moyens formats se succèdent : souvent minuscules, une centaine de noirs et blancs accompagnent les teintes assourdies de vingt tirages Fresson _ qui me plaisent personnellement tant… Chez Granet, voici soixante lavis rehaussés de brun, des aquarelles et des dessins fnement encadrés. Dans les photographies, exception faite pour quelques silhouettes furtives – des jeunes femmes, les passagers d’un bus, l’apparition d’une robe de moine – les présences humaines sont _ comme le plus souvent dans l’oeuvre de Plossu _ infimes. La précarité, la ferveur ou bien la légèreté peuvent surgir. On est sur un col de haute-montagne, dans les jardins de la Villa Adriana, en Toscane, ou bien à Vérone. Une fois de plus, voici « ce qu’on ne peut toucher autrement qu’en prenant des photos », l’improbable « courant d’air doux » désigné par Denis Roche quand il commentait Le _ plossuien _ Voyage mexicain : Guillaume Geneste en est témoin, Plossu « dépose tous les jours… un peu plus qu’il ne prend ».
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On chemine parmi les chemins de crête, les arrière-cours, les placettes et les ruelles de l’accrochage. On ne capte pas une totalité _ mais toujours des interstices _ : les strates, les réponses et les détails de ces miniatures sont innombrables. Les rênes du sismographe _ du cadrage _ sont fermement tenues, Plossu confesse les éventuelles lacunes de son inventaire : des interlocuteurs qu’il rencontrera plus tard, les Dolomites pris par la neige, Urbino qui l’a toujours fasciné, la ville natale de son arrière-grand-mère.
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Pour mieux comprendre l’Italie, des livres et des peintures
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L’Italie est captivante. Elle ne se donne pas immédiatement. Appréhender et traduire les particularités d’un territoire procède aussi de la lecture. En vitrine, confectionnée avec des livres modestes que Plossu affectionne, une bibliothèque intime se dévoile : on aperçoit des pages de garde griffonnées, Cesare Pavese, Vincenzo Consolo, ou bien Antonio Tabucchi en édition de poche, des ouvrages dont les titres et les maquettes suscitent immédiatement l’adhésion, Les routes de poussière de Rosetta Moy, Un hiver à Rome d’Elisabetta Rasy _ notre amie romaine _, La mer couleur de vin de Sciascia. Dans une seconde vitrine, des références picturales indiquent que la liberté la plus farouche, les décentrements et les impulsions natives n’empêchent pas une acculturation de tous les instants. Plossu connaît bien _ en effet _ la peinture métaphysique italienne avant Mussolini. Pas seulement Corot, Morandi ou De Chirico.
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Une exposition dédiée à celle qui vient de partir _ Françoise…
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Granet vécut en Italie pendant presque 25 ans. En son époque, Rome était une cité meurtrie et déclinante de 130.000 habitants qu’il parcourait à cheval ; les monuments antiques étaient envahis par les herbes et les troupeaux. Des vues de campagne, des tours crénelées, des couvents, des fragments du Colisée envahis par les arbres fgurent parmi ses motifs de prédilection. Avec davantage de liberté et de subjectivité, une attention _ voilà, et ses saisies au vol _ identique se manifeste chez Plossu. Ce qui le distingue de ses prédécesseurs, ce sont les accélérations et les coupes de son tempo, la rapidité-fugacité _ Kairos complice _ de ses intuitions : des jeux d’ombres et de rêve, la lumière et la mémoire transforment le réseau des apparences.
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Une personne lui manque _ désormais _ infiniment. Pendant la visite de presse, ou bien au téléphone, Bernard Plossu raconte sobrement son déchirement et son immense chagrin. Sa compagne depuis 1980, Françoise Nunez, la mère de ses deux enfants, l’a quitté le 22 décembre 2021. Un cancer a précipité sa vie, elle avait 64 ans. Une complicité rigoureusement magique leur permettait de travailler ensemble. Plossu repérait parmi ses planches-contact les images qu’il fallait développer, Françoise Nunez dont on évoquera l’œuvre photographique dans un autre article, traduisait magistralement les nuances des tirages de Bernard : « Elle avait l’intelligence du gris » .
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Alain Paire.
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Jusqu’au 30 août, Italia discreta, musée Granet, Aix-en-Provence, ouvert du mardi au dimanche, de 12 h à 18 h,
Catalogue, éditions Filigranes, 29 euros.
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Ce lundi 2 mai 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa