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Une avancée, mais de peu d’incidences sur la recherche, avec la découverte d’une récente généalogie d’une partie de la famille de Swarte…

18juin

Ce jour,

découverte _ comment avais-je pu passer à côté jusqu’ici ? _ d’une généalogie inaperçue jusqu’alors, réalisée _ en 2020 : le 19 février… _ par Thibault de Swarte


Mais, in fine, trop partielle _ consacrée surtout à la descendance de Thibault _ pour élargir les connaissances que j’espère

concernant ses deux sœurs, Bertille et Béatrice, et son frère Eymeric de Swarte ;

Bertille, bien sûr, principalement :

ses lieux et dates de naissance ; ainsi que de ses deux mariages ;

ainsi que tout ce qui concerne ses 5 enfants : Sylvain, Alexis, Camille Sartre, et Pauline et Théotime Langlois de Swarte ;

et ses petits enfants : Sartre, Fizet et de Swarte _ pour le moment du moins…

Mais rien là-dessus : ce silence serait-il volontaire ? Ou bien exigé ?..

C’est tout de même frustrant.

À suivre…

Ce vendredi 18 juin 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un bilan récapitulatif provisoire de ma recherche sur la généalogie familiale des Langlois de Swarte : une sorte d’essai d’éclairage sur le terreau fécond de la culture de leurs talents…

12juin

Ce soir,

afin de me placer en position de récapitulation féconde afin de poursuivre ma recherche,

je procède à un recensement des articles que j’ai élaborés depuis celui du mardi 25 mai ,

à propos du très intéressant fécond terreau familial du violoniste baroque_ mais pas seulement baroque _ Théotime Langlois de Swarte, né à Céret en 1995.

Voici donc la liste de 18 articles de recherche réalisés jusqu’à hier vendredi 11 juin,

qui témoignent à la fois de ma méthode de recherche, et aussi de ses avancées _ et déjà leurs titres sont assez parlants…

..


Bien sûr, je suis encore loin de disposer de données biographiques suffisantes,

et tout particulièrement celles concernant les dernières générations des familles apparentées Langlois, de Swarte et Sartre _ et leurs enfants…

Mais, tout de même,

j’ai déjà assez bien progressé dans mon élucidation du terreau _ assez fécond _ des talents de quelques uns des membres de ces familles de Swarte, Sartre et Langlois…

Et je vais bien sûr continuer de tâcher de progresser encore davantage…

Ce samedi 12 juin 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

La présence des De Swarte dans les Pyrénées-Orientales : la filiation de Geneviève Rendu, née Sauvy, avec les Sauvy de Perpignan (et le château de l’Esparrou à Canet-en-Roussillon)…

29mai

Maintenant,

de même que je me suis demandé ce qui a pu déterminer Alain de Swarte de quitter Neuilly-Sur-Seine et la région parisienne

_ Alain de Swarte, né à Hazebrouk le 3 janvier 1926, s’est marié à  Geneviève Rendu à Neuilly-sur-Seine au mois de juin 1954 ;

Neuilly-sur-Seine où leur est né le petit Thibault le 3 mars 1955… ; Neuilly-sur-Seine, où furent aussi domiciliés (cf le Bottin de 1912, page 330) Eugène Sauvy (qui fut maire de Perpignan de 1904 à 1907) et son épouse Rose Sisqueille, les grands-parents maternels de Geneviève Rendu, au 20 bis de l’Avenue de Neuilly ; Neuilly-sur-Seine, aussi, où est décédé le 2 octobre 1995 Henri Sauvy, l’oncle maternel (frère de Marie-Thérèse Sauvy) de Geneviève Rendu… _

pour venir s’installer en 1956 _ l’année qui a suivi la naissance de Thibault _ au Domaine de la Meynie, à Trélissac, en Dordogne, et cela en l’absence de tout lien familial _ ni côté de Swarte, ni côté Rendu, ou Sauvy _ avec le département de la Dordogne,

de même, je me suis demandé ce qui a pu occasionner la résidence de la sœur d’Alain de Swarte, Bertille de Swarte, dans les Pyrénées-Orientales : à Perpignan, à Céret, ou à Canet-en-Roussillon

_ j’ai cependant noté, dans mes recherches, que le père d’Alain de Swarte (qui décèdera, lui, à Agonac, Dordogne, le 26 décembre 2009), Pierre de Swarte, né à Vieux-Berquin le le 10 décembre 1898, est décédé le 3 août 1990 à Prades (Pyrénées-Orientales) ;

alors que l’épouse de Pierre de Swarte, Suzanne Martin de Ramefort, née à Gennes, Maine-et-Loire, le 16 janvier 1902, est décédée à Agonac, Dordogne, le 15 août 1997…

Or, il se trouve que dans l’établissement d’une généalogie, il ne faut jamais négliger, ni perdre de vue, les ascendances maternelles des personnes…

Et les ascendances maternelles de Bertille de Swarte _ et de ses frères (Thibault et Eymeric) et sœur (Béatrice), issus du mariage d’Alain de Swarte avec Geneviève Rendu-Sauvy _ ont un puissant ancrage en Roussillon, comme nous allons le découvrir…

Si l’on remonte en effet dans la généalogie des enfants _ dont Thibault, et Bertille de Swarte _ d’Alain de Swarte (Hazebrouk, 3 mars 1926 – Agonac, 26 décembre 2009) et son épouse Geneviève Rendu-Sauvy (Paris, 1er décembre 1929 – Antonne-et-Trigonant, Dordogne, 26 octobre 2008)

_ il faut remarquer ici que les communes de Trélissac, sur le terroire de laquelle se trouve le Domaine de la Meynie, où avait choisi de s’installer, en 1956, Alain de Swarte, et où réside désormais son plus jeune fils, Eymeric de Swarte ; Agonac, où sont décédés Alain de Swarte (le 29 décembre 2009) et sa mère, née Suzanne Martin de Ramefort (le 15 août 1997) ; Antonne-et-Trigonant, où est décédée l’épouse d’Alain de Swarte, née Geneviève Rendu-Sauvy (le 26 octobre 2008) ; de même que Champcevinel, où se trouve le cimetière où reposent Alain de Swarte et son épouse Geneviève Rendu, sont des communes rurales voisines les unes des autres, dans les environs relativement proches de Périgueux _,

la généalogie _ ou ascendance _ maternelle en amont de Geneviève Rendu-Sauvy, est fort intéressante, géographiquement, tout particulièrement du côté _ roussillonnais… _ des Sauvy :

en effet, Geneviève Rendu-Sauvy _ ainsi que la nomme bien significativement son fils aîné Thibault de Swarte _, est la fille du couple formé _ leur mariage a eu lieu à Neuilly-sur-Seine le 17 mars 1923 _ par André-Marie Rendu (Paisandu, en Uruguay _ ou bien Provins, en Seine-et-Marne)… _, 17 mai 1885 – Canet-en-Roussillon, 8 août 1953) et Marie-Thérèse Sauvy (Perpignan, 1er mai 1896, Canet-en-Roussillon, 30 juin 1994).

Et cette dernière, Marie-Thérèse Sauvy _ la grand-mère maternelle des 4 enfants (Thibault, Bertille, Béatrice et Eymeric de Swarte) d’Alain de Swarte et Geneviève Rendu-Sauvy _, est la fille du couple _ le mariage a eu lieu à Rivesaltes le 21 juin 1894 _ formé par Eugène Sauvy (Perpignan, 19 octobre 1868 – 1917) et Rose Sisqueille (Estagel, 16 novembre 1873 – 21 mars 1945).

Et il se trouve qu’Eugène Sauvy a été maire de Perpignan : de 1904 à 1907.

Eugène Sauvy (1868 – 1917) est lui-même le fils du couple _ le mariage a eu lieu à Perpignan le 7 septembre 1857 _ formé par Joseph Sauvy (Perpignan, 30 octobre 1833 – 7 novembre 1892) et Joséphine Izam (Perpignan, 10 juillet 1838 – Perpignan, 10 janvier 1925).

Et en 1875, Joseph Sauvy, prospère négociant en vins perpignanais, et Président de la Chambre de commerce des Perénées-Orientales, acquiert l’important Domaine de l’Esparrou, à Canet-en-Roussillon, sur lequel il fait bâtir, en 1889, un château, le château de l’Esparrou.

Les successions familiales des Sauvy _ les descendants de Joseph Sauvy sont nombreux… _ sont relativement complexes,

mais le château de l’Esparrou constitue bien un fort ancrage, tant patrimonial qu’artistique (et musical) _ de nombreux concerts y sont donnés _, pour Bertille de Swarte et les siens,

tant Sartre que Langlois de Swarte…

À suivre,

Ce samedi 29 mai 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un premier point sur les cousinages Sartre de Dordogne, à Thiviers ou Périgueux, au fil des générations, de 1700 à aujourd’hui…

27mai

Afin de commencer à éclaircir un peu comment les De Swarte _ venus tardivement du Nord, et par alliance… _ et les Sartre ont pu, par un apparentement, devenir _ il fallait aussi établir à quel moment… _ des « cousins » de Jean-Paul Sartre,

dont la famille paternelle, des Sartre, était installée, au moins depuis la fin du XVIIe siècle, à Corgnacq-sur-l’Isle et Thiviers (et ensuite, pour quelques uns, à Périgueux),

il fallait procéder à l’établissement de leurs généalogies respectives.


Et tout d’abord celle des Sartre de Dordogne.

Ainsi suis-je parvenu à reconstituer un tronc commun de membres de la famille Sartre résidant à Corgnacq-sur l’Isle

un village situé à 6 kms au sud-est de Thiviers, au nord du département de la Dordogne.

Avec, d’abord, ce tronc commun de 4 générations masculines successives de Sartre, résidant à Corgnacq-sur-l’Isle, à partir de 1700 :

_ Pierre Sartre (ca. 1664 – avant le 26 septembre 1730)

_ Jean Sartre (10 novembre 1702 – 6 janvier 1742)

_ Pierre Sartre (25 janvier 1733 – 28 janvier 1807)

_ Pierre Eymard Sartre (27 novembre 1765 – 7 février 1849).

De là,

je démarque deux lignées parallèles de générations de Sartre

issues de 2 des fils de ce Pierre Eymard Sartre (Corgnacq-sur-l’Isle, 1765 – Corgnacq-sur-l’Isle, 1849),

dont voici la succession des générations :

_ les frères Pierre Eymard Sartre (Corgnacq, 9 novembre 1805 – Corgnacq, 27 avril 1878) et Pierre Sartre (Corgnacq, 20 mars 1815 – Corgnacq, 5 février 1882)

_ les cousins germains Eymard Sartre (Corgnacq, 17 mars 1836 – Thiviers, 22 octobre 1913) et Germain Sartre (Corgnacq, 5 octobre 1861 – Périgueux, 25 septembre 1935)

_ les cousins issus de germains Jean-Baptiste Sartre (Thiviers, 5 août 1874 – Thiviers, 17 septembre 1906) et Gérard Sartre (Périgueux, 7 janvier 1888 – Périgueux, 24 décembre 1966).

À la génération suivante :

_ Jean-Paul Sartre (Paris 16e, 21 juin 1905 – Paris 14e, 15 avril 1980)

est le fils unique de l’enseigne de vaisseau de Thiviers, Jean-Baptiste Sartre, prématurément décédé de maladie, à l’âge de 32 ans ;

_ tandis que son cousin André Sartre, inspecteur des impôts _ j’ignore à ce moment la date de naissance et la date de décès _,

est, lui, le fils de l’instituteur _ puis directeur de l’école communale de Saint-Pierre de Chignac _ Gérard Sartre et son épouse Irma Olivier _ en 1991, un des anciens élèves de l’école communale de Saint-Pierre de Chignac, Pierre Colombé, en un article intitulé « Gérard Sartre, un poète périgourdin peu connu (1888 – 1968)« , paru en 1994 dans le tome CXXII du Bulletin de la Société Historique et Archéologique du Périgord à la page 164), portera un témoignage émouvant des qualités à la fois poétiques et humaines de ce Gérard Sartre qui avait été son maître, et avait pris sa retraite en 1947. Et de lui, Gérard Sartre, il rapportera ces paroles : « Moi qui ne suis pas Jean-Paul (Sartre), mais simplement apparenté (grands-pères respectifs cousins germains)« 

Avant André Sartre  _ dont j’ignore, je le répète, les lieux et dates de naissance et de décès ; je sais seulement que le 18 juin 1935, à l’École municipale de Saint-Pierre-de-Chignac (dont son père Gérard était le directeur), André Sartre sera le premier des garçons au Certificat d’Etudes Primaires… _,

le couple de Gérard Sartre et Irma Olivier, mariés à Périgueux le 2 octobre 1911, avait donné naissance à 2 filles, Pierrette et Odile Sartre ;

Odile Sartre, qui épousera Roger Verdier, et survivra à sa sœur Pierrette et à son frère André _ tous deux déjà décédés en 1994 _, décèdera fin février 2014 à Périgueux…

Et André Sartre et son épouse née Lacroix, auront 2 enfants : Pierre Sartre et Françoise Sartre _ dont j’ignore les lieux et dates de naissance…

Et c’est par ce Pierre Sartre que s’est _ vraisemblablement _ fait l’apparentement, en un lieu et à une date que j’ignore, avec une De Swarte, de Dordogne _ mais pas seulement, nous n’allons pas tarder à le découvrir…

À suivre,

Ce jeudi 27 mai 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

Enfin de justes mots en français sur Venise : Jean-Paul Kauffmann, en son sensuel « Venise à double tour »

13juin

Longtemps je me suis irrité 

contre l’incapacité de la plupart des Français à trouver des mots justes

sur Venise

_ cf ma série d’articles du second semestre 2012 (26 août, 4 septembre, 31 octobre, 23 décembre et 30 décembre) :

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Et là,

je découvre le Venise à double tour de Jean-Paul Kauffmann

_ qui, lui, valorise, au passage, le regard sur Venise, et de Sartre, en son trop méconnu La Reine Albemarle, ou le dernier touriste ; et de Lacan, via divers témoignages, dont le La Vie avec Lacan, de Catherine Millot, ou le film de Gérard Miller, Rendez-vous chez Lacan ; et, de Lacan lui-même, sa conférence, Le Triomphe de la religion.

Enfin un Français vraiment curieux _ et de fond ! il s’y consacre à plein temps ; et tout le temps qu’il faut vraiment à sa quête : au moins plusieurs mois…de la Venise la plus intime et la plus secrète _ qui est _ ;

à l’instar de ce vrai vénitien _ retrouvant sa Venise quittée un long moment (pour des raisons de travail loin d’elle) _ que fut le Paolo Barbaro (Ennio Gallo, 1922 – 2014)

de son merveilleux et magique _ un indispensable !!!! _ Petit Guide sentimental de Venise

_ un titre français absurde, pour cette merveille qu’est son Venezia La Città ritrovata _ L’idea di città in una nuova guida sentimentale… Et il se trouve que la traductrice de ce trésor est Nathalie Castagné, avec laquelle je me suis entretenu le 9 avril dernier chez Mollat…

Tenter de « retrouver« 

étant pour Jean-Paul Kauffmann _ comme cela avait été le cas pour le vénitien Paolo Barbaro (l’ingénieur hydraulicien Ennio Gallo) de retour en sa chère cité un trop long temps quittéela clé du regard curieux, intensif et infiniment patient que Jean-Paul Kauffmann va porter des mois durant sur Venise, via sa quête, que rien n’arrête, de maints trésors cachés (tenus sous de puissants scellés) de celle-ci, en vue de se mettre une seconde fois en présence d’une image singulière dont la source _ en quelque sombre église vénitienne, lui semble-t-il _ n’a jusqu’ici pas été localisée par lui

Au départ du récit, le trésor à « retrouver« 

se situerait, dans l’esprit du chercheur du moins, en quelque sanctuaire d’église un peu obscure, pénombreuse…

D’où le choix radical d’inspecter seulement des églises, à l’exclusion de tout autre monument : palais, scuole religieuses, musées, etc… : il est déjà bien malaisé de parvenir à remettre la main sur une si précieuse _ minuscule _ aiguille en une si _ gigantesque _ meule de foin…

La quête présente de Jean-Paul Kauffmann est donc précisément ciblée, du moins en son presque anodin _ ou futile, mais tout de même marquant, et surtout carrément obsédant _ départ

_ et ne serait-ce pas là, mais à son corps défendant, cela nous devons le lui accorder, seulement un hitchcockien Mac Guffin (le terme est prononcé à la page 49) ? _ :

« retrouver«  _ et il y parviendra, même si ce sera, in fine, très obliquement, et ailleurs que là où il cherchait… : il le confiera in extremis, à la toute dernière page de ce récit _, re-éprouver la sensation _ étrangement puissante : au point de l’amener-contraindre à s’installer, lui, ainsi, plusieurs mois durant à Venise… _ éprouvée lors de son premier _ très éphémère _ passage _ plutôt que séjour : ce fut très court, et même évanescent… _ à Venise, l’été 1968 ou 1969, l’auteur ne se souvient même plus très bien de l’année, de retour d’un long voyage en Crète, Grèce et Yougoslavie ;

et pas vraiment « retrouvée«  telle quelle, en sa singularité du moins, depuis, lors de fréquents _ et même réguliers _ séjours à Venise, cette sensation

(face à « une peinture qui miroite« , page 19 ;

et à la toute fin du récit reviendra l’expression : « la fameuse peinture qui brillait dans la pénombre lors du premier voyage« , page 327 _ le verbe « miroiter » étant, mine de rien, diablement important ! même si l’auteur semble n’y prêter à nul moment attention, ni même ne s’y attarde : pas un seul mot de commentaire réflexif ou méditatif ne lui est consenti… _) ;

en dépit des nombreux séjours renouvelés _ depuis 1988 (son retour du Liban) tout particulèrement _ de l’auteur en cette ville, accomplis précisément pour confronter cette étrange et toujours puissante _ bien que vague _ émotion primale éprouvée jadis _ sur le mode d’une étrange obsédante « douceur« … _ face à une image « miroitante » bien réelle _ mais en quelque sorte égarée en les arcanes-tiroirs de sa mémoire, faute, aussi, de pouvoir en situer (et retrouver, revisiter, revoir) le lieu singulier de la scène-événement primitive _ à la sensation d’un présent qui la rafraîchirait, ou pas ; afin de comprendre peut-être enfin les raisons de cette marquante impression d’alors :

« depuis cinquante ans, je ne cesse de revenir bredouille _ de mes recherches de cette peinture à Venise. La poursuite exigerait d’être menée plus rondement _ en s’y consacrant pleinement, méthodiquement et exclusivement : systématiquement. La chasse _ voilà ! (cf l’exergue du livre, emprunté à Pascal : « Nous ne cherchons jamais les choses, mais la recherche des choses« …)_ n’a rien donné jusqu’à présent. On n’attrape pas une ombre _ brouillée, pas assez consistante, parce que demeure aussi mal localisé le site de l’advenue de l’émotion insidieuse persistante à laquelle donna lieu cette peinture « miroitante » : « qui brillait dans la pénombre » de quelque sanctuaire sacré, pensait-il…

En tout cas, je m’obstine _ à rechercher-retrouver le lieu (très probablement une église) de cette « image miroitante » puissante. L’obstination plus que la force d’âme m’a permis dans le passé de résister à l’enfermement« , nous confie-t-il alors à la sauvette, sans  s’y attarder, page 18.

Alors, en effet _ en situation (sauvagement rude) d’otage, au Liban, du 22 mai 1985 au 4 mai 1988 _, « je devais à tout prix identifier (des) épaves de la mémoire. Ce jeu _ actif et exigeant _ me permettait _ lui seul _ de tenir debout _ en tant que personne encore un peu humaine. Il consistait à mettre un nom _ précis ; pensons aux animaux qui ne possèdent pas cet atout… _ sur des moments, des scènes, des événements qui n’étaient que des flashs _ évanescents et étrangement forts à la fois. Et la relative cohérence (avec trous, cependant) de la mémoire est bien ce qui peut assurer tant bien que mal, de bric et de broc, l’unité infiniment complexe (et toujours un peu problématique : à trous…) de l’identité de toute personne humaine (via des mots, tout particulièrement, qui donnent un contour un peu précis, et tenu, formé, à ces images le plus souvent flottantes) : les philosophes nous l’apprennent. D’où la tragédie d’effondrement irrémédiablement destructeur d’Alzheimer…

Ces impressions, je les avais vécues naguère, mais leur contour _ voilà _ était _ _ estompé » _ cf ici ce qu’apporte comme ressource essentielle et fondamentale le concept idéal d’idée (jusqu’à le sacraliser en Idée) chez Platon…

Et pages 19-20 :

« dans l’enchaînement des séquences qui ont composé ce séjour _ passé _, de nombreux espaces vides, en tout cas mal comblés _ laissés vagues, indistincts et confus _, m’ont toujours empêché de localiser avec précision _ voilà ! _ l’image _ vénitienne _ disparue : une peinture qui miroite _ voilà ce qui demeure d’elle encore ; et à quoi se raccrocher : le miroitement lumineux d’une peinture ; on remarquera aussi le retour, à plusieurs reprises, et à des moments de révélation cruciaux, du mot « illumination«  Qu’avais-je vu exactement ? Je n’ai cessé _ depuis _ de le chercher _ dans les églises de Venise. Les églises ouvertes _ déjà explorées jusqu’ici dans l’espoir de cette retrouvaille _ n’ayant rien donné, je vais à présent me tourner vers les églises fermées _ au public depuis lors. L’objet _ perçu-aperçu une fois, autrefois : « miroitant«  _ de ma quête y est enfoui _ et donc à exhumer-retrouver et revoir : voici le nouveau défi (très concret, très matériel, lui) qui vient se surajouter à (et en) cette quête sensitive, à partir de ce qu’a laissé émotivement comme trace fugace conservée, la mémoire.

Mais on ne déverrouille pas si facilement une église, surtout vénitienne, avec ses tableaux, ses autels incrustés de gemmes, ses sculptures _ tout cela évidemment très précieux.

Venise _ la richissime alors _ a thésaurisé _ voilà ! _ un patrimoine artistique d’exception _ et qui, d’ailleurs, donne assez vite carrément le vertige, à la visite de cette accumulation-surdose exhibée de trésors : notre capacité d’attention-concentration comporte en effet des limites ; et se lasse-fatigue plus vite que les muscles de nos jambes parcourant (jubilatoirement) le labyrinthe des Calli, à Venise. De l’air ! Je pense ici à ma propre sensation d’étouffement éprouvée tout particulièrement en l’église des Carmine, face à l’impossible (à mes yeux !) accumulation des toiles peintes accrochées partout sur les murs, sans le moindre espace vide d’un peu de respiration ; une impression jamais ressentie en aucune église ailleurs qu’à Venise, par exemple à Rome… Ni encore moins en France. Réglementé et surveillé jalousement. (…)

Beaucoup d’églises sont _ désormais _ fermées à jamais _ peut-être _, faute de prêtres et de fidèles _ et même de Vénitiens continuant à vivre-résider à demeure dans la Venise insulaire même : chaque année cette Venise insulaire perd de ses habitants. Certaines, menaçant ruine, soutenues par des étais, sont interdites pour des raisons de sécurité _ certes : et plus que les usures naturelles du temps même, c’est le défaut d’entretien de la part des hommes qui défait-déchiquète, jusqu’à l’irréversibilité, un jour, de la ruine, les monuments : le défi de les restaurer devenant, à un certain seuil de décomposition, matériellement insurmontable. Quelques unes ont changé d’affectation _ faute de capacité suffisante d’entretien de toutes par l’Église ou les autres institutions qui en ont la responsabilité, aujourd’hui. Elles sont transformées en musées, bureaux, entrepôts, appartements, ou encore salles de spectacle _ et pouvant re-devenir alors, à l’occasion, accessibles à une visite.

Les églises closes de Venise, surtout celles qui s’ouvrent _ comme capricieusement _ de temps à autre, suscitent en moi un état de frustration insupportable _ : suscitant le défi ultra-vif et on ne peut plus concret de remédier à cette frustration de visite par ses propres efforts et sa sagacité, quasi héroïquees, à obtenir de les faire exceptionnellement ré-ouvrir… Impossible de prévoir leur accès. (…)

Mon séjour à Venise, je vais le consacrer _ voilà ! du sacré se cachant effectivement en cette entreprise kauffmannienne… _ à _ tâcher de _ forcer les portes _ le plus souvent, et il faut le souligner, belles, ou du moins profondément émouvantes ; cf là-dessus l’œuvre picturale particulièrement touchante de Roger de Montebello ; qui a choisi de carrément vivre (depuis 1992) à Venise _ de ces sanctuaires _ puisque ce ne peut être qu’en un tel sanctuaire ecclésial qu’eut lieu le miracle si marquant (et désormais obsédant) de la rencontre de « la peinture qui miroitait«  Approcher _ quel sport herculéen ! _ des administrations réputées peu localisables _ déjà leurs sous-officines se cachent à force de discrétion ! _, régentées par une hiérarchie aussi contournée qu’insaisissable. La burocrazia _ abusant bien peu charitablement et jusqu’à l’absurde de son pouvoir (de refuser d’ouvrir).

J’ai repéré depuis longtemps _ voilà : ces verrous, chaînes et cadenas sont des provocations pour la passion de la curiosité ! _ diverses églises toujours cadenassées.« 

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L’enquête, narrée en les moments les plus décisifs _ d’avancée, ou blocage et impasse : ils forment des étapes, des paliers haletants du parcours de recherche _ de son défilement, se révèle bien sûr passionnante déjà par son détail, savoureux ; et amène l’auteur à méditer, au passage, sur la peut-être plus lointaine origine _ que ce flash vénitien de 1968 ou 69 _ de cette persistance mémorielle de l’impact de l’émotion éprouvée face à une telle image origine liée, nous le découvrirons, à l’histoire en amont, durant l’enfance, de la formation même de la sensibilité religieuse _ et catholique davantage que chrétienne _ de Jean-Paul Kauffmann. Et c’est là un des éléments forts et fascinants de ce livre…

Sur cette distinction entre « chrétien » et « catholique« , cf les éclairantes remarques de l’auteur aux pages 130-131 :

« Le côté catholique l’emporterait _ l’auteur reste prudent _ davantage (que le côté chrétien) chez moi _ à la différence de son épouse Joëlle.

Le rapport _ tridentin, jésuitique peut-être même _ à l’image, au visible, au spectacle. La dialectique de la loi et du désir. Et cette façon d’avoir listé les sept péchés capitaux ! Ce sont tout de même ces vices qui mènent _ partout _ le monde _ Jean-Paul Kauffmann leur est en effet très sensible. Reconnaissons aussi que, à part l’avarice et l’envie _ deux passions tristes _, ils donnent du sel à notre condition humaine _ laquelle serait bien plate et fade sinon…

Voilà pourquoi je me sens _ très sensiblement, sinon sensuellement même, mais oui _ lié à cette religion _ catholique.

La rémission des péchés est une invention géniale _ diabolique ? Il n’y a aucune faute, aussi grave soit-elle _ vraiment ? _, qui ne puisse être remise. Avec le catholicisme, on trouve toujours des arrangements _ en en payant le prix (assez infime) de la contrition : c’est plutôt commode ! Quiconque commet une faute sait qu’il sera _ toujours _ accueilli à bras ouverts et reconnu _ pardonné ! _ en tant que pécheur.

La vraie indignité n’est pas d’enfreindre, mais de prétendre _ auprès de l’autorité maternelle ecclésiale, qui ne pardonnerait pas cela ! _ ne pas avoir enfreint« …

Et aussi ceci, page 144 :

« Le catholicisme, religion de l’incarnation _ et du mystère de la présence réelle dûment éprouvée _, on le ressent à Venise plus qu’ailleurs _ thèse cruciale décisive pour le devenir personnel existentiel de Jean-Paul Kauffmann lui-même ; et sa fidélité singulière aux séjours vénitiens.

Ce corps souvent nié ne cesse ici _ tout spécialement, à Venise _ d’être _ hyper-sensuellement _ glorifié. S’il existe une ville qui nous fait croire à l’ambivalence du christianisme, qui a toujours su jouer supérieurement _ Venise est aussi la cité des ridotti… _ sur la dialectique du bien et du mal, c’est bien _ la marchande et habile _ Venise.

La peinture traite de sujets sacrés, mais elle ne cesse d’exalter _ tridentinement et post-tridentinement, pour séduire _ la nudité, la chair, la beauté des corps _ des anges et des saints.

Je sais bien que les liens entre la religion catholique et la culpabilité ne sont plus à démontrer, mais ils me semblent manquer _ pour ce qui concerne le penchant mis sur la culpabilité _ dans « la ville contre nature » » _ qu’est décidément Venise (le mot est de Chateaubriand) ; la Venise de ce « grand vivant«  qu’a été Casanova, probablement le Vénitien emblématique de sa ville, si on le comprend bien, à revers des clichés… Et Sollers appartient lui aussi à cette famille d’esprits (portés sur le charnel)…

La superbe expression « grand vivant« , empruntée à Cendrars, se trouve à la page 318 :

« En 1988, quelques semaines après ma libération _ du Liban _, je suis allé me réfugier _ raconte ici Jean-Paul Kauffmann _ dans la ville d’eau de Karlovy Vary en Tchécoslovaquie, l’ancienne Karslbad. (…) J’étais sonné, indifférent. Je ne ressentais _ voilà le péril _ aucun appétit, aucune sensation. Ma seule envie _ voilà, au milieu de cette terriblement asséchante acédie  _ était d’aller visiter le château de Duchcov _ anciennement Dux _ où Casanova _ le Vénitien par excellence ! _ avait vécu les dernières années de sa vie comme bibliothécaire du comte de Waldstein. (…) On avait pris à tort mon souhait pour un caprice. Ce n’était pas une lubie. Je me sentais perdu, je ne savais pas à quel saint me vouer _ voilà. Casanova n’était pas un saint, mais certainement un homme selon mon cœur _ voilà le cri du cœur de Jean-Paul Kauffmann ! Ce n’était pas tant le don Juan libertin qui m’importait que le « grand vivant » (Cendrars), l’homme supérieurement libre _ oui _, toujours gai _ voilà ! _, dépourvu de tout sentiment de culpabilité _ pleinement dans l’alacrité… Sa devise, « Sequere deum » (Suis ton dieu), n’était pas si éloignée du « Ne pas céder sur son désir » de Lacan _ qui plaît bien, aussi, à Jean-Paul Kauffmann. Cette visite à Duchcov m’avait redonné un peu de tonus » : cette confidence personnelle de Jean-Paul Kauffmann nous en apprend pas mal sur sa religion personnelle, pas très éloignée, au final, de la philosophie sensualiste du bonheur d’Épicure et Lucrèce…

A relier à ce passage-ci inaugural du récit, pages 15-16-17 (du chapitre premier) :

« Pourquoi choisir Venise ? Pour mesurer le chemin parcouru _ le livre est aussi une sorte de bilan (heureux) de vie (désirante). Venise n’est pas « là-bas », mais « là-haut », selon le mot splendide de Casanova. Il existe sans doute bien des hauteurs de par le monde où l’on peut jouir d’une vue étendue sur le passé, mais je n’en connais pas d’autres où l’histoire nous saisisse à ce point pour nous relier _ voilà : c’est ici l’objectif _ à notre propre vie _ vue d’en-haut. (…) Comme toute chose ici-bas _ dont l’individualité des vivants sexués _, Venise va vers sa disparition. C’est un achèvement qui n’en finit pas, un terme toujours recommencé, une terminaison inépuisable, renouvelée, esquivant _ voilà _ en permanence l’épilogue _ et lui survivant. La phase terminale, on l’annonce depuis le début. Elle n’a pas eu lieu. Elle a déjoué _ par son combat permanent de survie et résilience contre ce qui la menace au quotidien _ tous les pronostics. Cette conclusion ne manquera pas de survenir pour nous tous ; Venise, elle, passera _ encore _ à travers.

Voilà pourquoi la Sénénissime représente pour moi la ville de la jouvence et de l’alacrité » _ où reprendre des forces, mieux encore qu’à Duchcov ; et revoici ce mot décisif : « alacrité« 

Et page 67 :

« S’il y a une ville qui n’est pas dans la nostalgie, c’est bien Venise. Mon envoûtement _ voilà _ vient peut-être de là. Elle fait totalement corps _ voilà, en ses formes maintenues contre vents et marées… _ avec son passé. Aucun regret _ ici _ de l’autrefois. Aucune aspiration au retour. Pas besoin d’un déplacement. La translation du temps, on y est  » _ en voilà le secret…

C’est ici l’analogue pour le temps, de ce que, pour l’espace, René de Ceccatty, en son Enfance, dernier chapitre, nomme, à la page 306, la « télétransportation« … Voir là-dessus mon article du 12 décembre 2017 : .

Et déjà pouvait se lire page 87 :

« On ne s’ennuie jamais _ l’ennui serait-il l’ennemi insidieux principal de Jean-Paul Kauffmann ? _ dans une église vénitienne.

Le champ visuel paraît illimité _ mais est-ce bien un avantage ? Il suffit à l’œil de se fixer _ mais le peut-il aisément, face à pareille profusion de propositions : accablante ? _ dans n’importe quelle direction pour être mis face _ voilà _ à la réalité (sic) des corps : corps suppliciés, corps extatiques. Toute cette chair _ voilà _ exhibée !

Ici, l’incarnation règne en maître« …

Ce jeudi 13 juin 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

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