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Le « désir-monde » du désir face à ses pièges : Clément Rosset à la rescousse des élans de Daniel Mendelsohn et de Régine Robin

18fév

La double lecture des puissants « L’Étreinte fugitive » de Daniel Mendelsohn et « Mégapolis _ les derniers pas du flâneur«  de Régine Robin, continue de me travailler ;

et m’amène à (continuer à) creuser un peu plus loin ou plus avant  _ et ici même, sur ce clavier, ce blog et cet écran _ la question des conditions du désir ;

je veux dire

la situation du désir,

avec ses divers tenants et aboutissants _ à l’infini, en fait… _

face aux pouvoirs auxquels immanquablement ce désir-ci, ou désir-là, a à se heurter,

par ce qu’il vient, en son bougé même (forcément…), « gêner » et « déranger », pour les autres (rarement complètement indifférents à ce jeu-là ; et donc « neutres »…) ;

comme, aussi, et en même temps, nécessairement, face aux propres efforts de soi-même (ou « Moi«  ?) pour « faire avec » lui ;

lui = lui, le désir (venant nous traverser de son mouvement, de sa flèche : d’où l’image d’un « Eros archer« …) ;

« faire avec » lui, le désir, donc,

en sa réalité toute matérielle filante, échappante, traversante

(et renversante, à commencer par les corps ; et pour commencer le sien ! ;

sinon foudroyante, même, parfois… : le mot même de « désir », on a fini par s’en re-souvevenir, a rapport aux astres _ « sidera » _ ; aux étoiles, « filantes » donc ; avec leur terriblement puissante « attractivité »…),

menant toujours (et poïétiquement !) plus loin et plus avant _ plus outre… _ qu’au (prosaïque = « po-pote » !) « ici et maintenant » (de nos habitudes installées = tendant à la simple répétition…) ;

et « faire avec » lui, toujours, le désir, toujours en quelque façon difficilement nommable (ou « Ça«  ?) et repérable, nonobstant son incroyable obstination, une fois, du moins, qu’on l’a identifié, reconnu (et nommé ! baptisé !), qu’on s’est, si peu que ce soit, « familiarisé »

_ mais est-ce jamais tout à fait réellement (et vraiment !) le cas : une « familiarisation » ?.. _

avec lui ;

et qu’on a, si peu que ce soit, aussi, « consenti » à sa réalité (de désir désirant),

et qu’on lui confère alors, par là même, par cette prise en considération (ou « considération » tout court _ cf toujours l’étymologie !!! _) un minimum de légitimité, au moins personnelle

_ ce qui n’advient peut-être pas dans le cas du « refoulement » (inconscient, ne pas le perdre de vue ; et pas pré-conscient ! il « résiste » à la prise de conscience ; et suscite bien des dénégations…) au cours de ce que Freud identifie comme « névrose » ; et demeure fort répandu ; pour se référer à la taxinomie feudienne..

Daniel Mendelsohn comme Régine Robin ont une filiation, en amont, est-européenne :

à Bolechov, en Galicie (arrondissement de Stanislavov _ qui fut en Pologne, puis en Autriche, puis en Pologne, puis en URSS, et maintenant en Ukraine), pour le premier (cf « Les Disparus« ) ;

à Mínsk Mazowiecki _ apprend-on très incidemment et sans autre précision au détour (très anodin) d’une page (314) du chapitre « Rivadavia y rincón : secret de famille », qui sert de conclusion à la « Quatrième partie : Buenos-Aires _ la ville de l’outre-Europe »  de « Mégapolis » _, en Mazovie, la province même de Varsovie, en Pologne, pour la seconde : c’est le 21 juillet 1942 que furent raflés les Juifs de cette ville, pour être exterminés « à Treblinka« , page 314, donc.

Pour l’un comme pour l’autre, et sans que jamais cela soit dit, pouvoir échapper à la nasse est vital ;

vital à leur respiration quotidienne la plus élémentaire même ;

et constitutif de leur « être-au-monde » fondamental…


Le souffle qui parcourt si magnifiquement ces livres

est ainsi le vent (porteur et fécond) de la liberté !


L’un comme l’autre, Daniel Mendelsohn comme Régine Robin, sont perpétuellement des « décalés »,

détestant tous les ghettos, tous les enfermements, tous les pièges

_ peut-être y compris familiaux ; du moins trop étroitement familialistes…

Même si, et il faut bien le noter, Régine Robin dédie « Mégapolis« , page 7, à sa « petite-fille Rebeccah, future flâneuse de Londres » ;

« Mégapolis« , ou, très montaniennement (cf le merveilleux avis « Au lecteur » à l’ouverture des « Essais« ), « la ville comme autobiographie«  _ le dernier mot de sa présentation de son livre, page 28 (et pudiquement retiré de la citation de ce paragraphe, en quatrième de couverture :

cf mon article « Aimer les villes-monstres (New-York, Los Angeles, Tokyo, Buenos Aires, Londres); ou vers la fin de la flânerie, selon Régine Robin« ) ;

et même si Daniel Mendelsohn adore sa famille, et tout particulièrement ses trois frères, Andrew, Matthew, Eric, et sa sœur, Jennifer _ à la page 643 des « Disparus« , au moment des remerciements, il a des mots particulièrement merveilleux, que j’ai à cœur de citer in extenso ici même :

« Un livre qu’il a fallu cinq ans _ et plus, en fait _ pour achever, n’aurait pas pu être écrit sans le soutien et l’encouragement de nombreuses personnes ; et c’est un grand plaisir pour moi que de témoigner ma gratitude envers ceux qui le méritent tant« , commence-t-il.

Et tout de suite : « Ce livre est un livre consacré à ma famille ; et ma plus grande dette, à tous égards _ merci d’être né ! et d’avoir été élevé, éduqué, et aimé ! _, est et a toujours été vis-à-vis de ma famille :

tout d’abord et surtout vis-à-vis de mes parents, Marlène et Jay Mendelsohn, qui ont encouragé les enthousiasmes bizarres de mon enfance (« la table d’Athéna » ; les excursions photographiques au cimetière) ; et qui, depuis lors, ont dépensé sans compter _ ce point est capital : la générosité ; l’amour (sans fond) et à perte ! _ leur temps _ oui !!! donner de son temps à qui on aime… _, leurs souvenirs et bien d’autres choses encore pour moi ;


puis, vis-à-vis de mes frères et de ma sœur, et leurs épouses et époux, qui ont été, comme ces pages l’ont montré, non seulement des supporters enthousiastes, mais aussi des participants actifs et constants du projet Bolechow : Andrew Mendelsohn et Virginia Shea ; Matt Mendelsohn et Maya Vastardis ; Eric Mendelsohn ; Jennifer Mendelsohn et Greg Abel _ leurs noms sont cités in extenso.


Il serait toutefois injuste de ne pas souligner ma gratitude profonde _ toute particulière, ici _ envers Matt _ l’auteur de la plupart des nombreuses photos qui composent aussi « Les Disparus » _, dans la mesure où il a collaboré pleinement à ce projet, du début jusqu’à la fin _ et continue ! en ses « suites… : cf les expositions des photos de Matt Mendelsohn, accompagnant les présentations des « Disparus » par son frère Daniel, de par le monde, comme au Mémorial de la Shoah, 17 rue Geoffrioy l’Asnier, à Paris, par exemple… _ ; le récit _ = « a search« , une quête tout autant qu’une enquête ! _ conté dans ce livre doit tout autant à lui qu’à moi ; et pas seulement parce que tant de pages de ce livre donnent la preuve de son talent _ de regardeur (et saisisseur d’images) _ extraordinaire.

Si je dis qu’il a une façon magnifique de voir les choses, je fais référence à quelque chose de plus que son œil de photographe professionnel ; au bout du compte, sa profonde humanité _ le mot va (et considérablement !) loin : « bien faire l’homme« , dit notre Montaigne, quand tant le font si vilainement… (= non « non-inhumainement » !..) ; et il s’agit ici de la « profonde humanité » de Matt _ s’est inscrite dans les mots _ du livre : ceux, en aval, de Daniel _ autant que dans les images _ de Matt lui-même… Parmi tout ce que j’ai trouvé au cours de ma quête, il _ Matt ! _ est le plus grand trésor«  : quel hommage !

et compte-tenu de ces considérants-là,

nos deux auteurs, Régine Robin et Daniel Mendelsohn, sont des chercheurs (et au plus concret de leur propre existence _ et œuvre, si étroitement mêlée à elle ; comme cela se doit) de liberté ; c’est-à-dire de l’épanouissement de la puissance humaine de chacun, pour reprendre l’analyse la plus riche et la plus juste de ce qu’est la liberté, je veux dire celle de Spinoza dans l' »l’Ethique« ….

Avec le critère décisif _ qui s’éprouve (et pas sur commande ! pas instrumentalement !) _ de la joie…


Aussi, voudrais-je mettre en regard de la finesse (et justesse) de leurs analyses _ tant dans « L’Étreinte fugitive » et « Les Disparus« , pour lui, que dans « Mégapolis » et  » « Berlin chantiers« , pour elle,

la très belle analyse du désir _ et aussi de la joie (et de l’amour) _ que propose le très fin (et toujours bref, aussi !) _ Clément Rosset,

dans un bien beau (et si juste, comme toujours !) récent texte de 30 pages en tout et pour tout ;

+ un « Avant-Propos » de même pas deux pleines pages… qui n’est ni plus ni moins que le récit de ce « rêve«  effectué, si j’ose ainsi le qualifier, « dans la nuit du 30 au 31 mai 2007 »  qu’évoque le titre de ce petit essai _ page 7 ;

et « l’écrit qui (le) suit » n’étant, en sa teneur, « que le strict développement (sic) de ce plan _ à toute vitesse brossé dans le rêve _, quelque chose comme son passage à l’acte«  ;

avec, à peine encore, cette ultime infra-précision concernant cet « écrit«  : « Il n’est ainsi que la simple réalisation d’un rêve _ de philosophe _ ; revu et développé certes mais ni revu ni tronqué« 

_ soit comment l’inspiration philosophique, chère Marianne Massin (auteur d’un « La Pensée vive _ essai sur l’inspiration philosophique« ), peut advenir jusque dans l’activité nocturne du rêve au cours du sommeil !.. _ ;

il s’agit de

« La Nuit de mai« , paru le 14 février 2008, aux Éditions de Minuit…


Je me permets d’en retenir ceci :


D’abord cette parole (de « conseil » _ de « quelqu’un » ! _ à propos d’« une conférence sur « le désir »«  que Clément Rosset pense devoir (« il me faut«  !) « prononcer dans l’après-midi«  même, à Nice ; je reproduis in extenso le passage de la page 8 :

« Or voici que quelqu’un (que je n’identifie pas dans le rêve, mais à qui je me sens très redevable dans la réalité) me prend à l’écart pour me dire : « C’est pourtant bien simple. Il suffit de montrer que le désir est quelque chose de très compliqué, ou plutôt de très complexe _ c’est beaucoup mieux, en effet ! On ne désire jamais quelque chose _ d’unique, séparé d’un contexte _, mais une pluralité _ en quelque sorte « ouverte »… _ de choses.

Evoquez en passant Deleuze

et concluez avec Balzac.

Le début ? Eh bien, il n’y a qu’à parler du « Combray » de Proust, de la petite madeleine. »

Pour la référence au « Combray » de Proust _ une Bible, en effet ! _, voici la source vive, donnée page 13 :

« Comme dans ce jeu où les Japonais _ cf une très belle scène du film « Domicile conjugal » de François Truffaut _, s’amusent à tremper dans un bol de porcelaine rempli d’eau, de petits morceaux de papier jusque là indistincts qui, à peine y sont-ils trempés, s’étirent, se contournent, se colorent, se différencient, deviennent des fleurs, des maisons, des personnages consistants et reconnaissables ;

de même maintenant toutes les fleurs de notre jardin et celles du jardin de Monsieur Swann _ « Combray » constitue le (grand !) chapitre d’ouverture de « Du côté de chez Swann » _, et les nymphéas de la Vivonne,

et les bonnes gens du village et leurs petits logis _ tout se précipite et accourt _ et tout Combray et ses environs,

tout cela qui prend forme et solidité,

est sorti,

ville et jardins, de ma tasse de thé«  _ page 13 de « La Nuit de mai« …

Clément Rosset commente : « Autrement dit Combray n’est pas en soi, ou à lui seul, un objet _ séparé, individualisé et, statiquement, coupé du reste _ de joie ou un sujet de désir (en l’occurrence rétroactif, comme il advient toujours chez Proust), mais la somme _ et même le produit, la multiplication proliférante et féconde _ des joies et des désirs connotés par l’enfance de Proust _ ou plutôt « Marcel » seulement, le narrateur de la « Recherche » ; et pas directement, du moins, l’auteur, Proustà Combray. (…) Je suggère qu’un objet d’amour n’est jamais _ pour qui le ressent et l’éprouve, cet « ob-jet«  _ seul _ statiquement, en quelque sorte ; et figé… _ mais toujours accompagné (…) d’un ensemble de facteurs favorables _ dynamiques, dynamisant _ qui le favorisent _ en son statut même d’objet désiré _ et lui tiennent lieu, comme pour un mets réussi _ c’est-à-dire véritablement « appétissant »  et « réjouissant » _, d’excellente et nécessaire _ oui ! _ garniture«  _ comme la dynamique des guirlandes des notes bien mal nomméees « d’accompagnement« , et de leur jeu, surtout, improvisé, dans l’interprétation de la musique baroque, ou dans le jazz, ou dans tout vrai concert euphorisant ; et pas seulement dans les cadences dont je parlai hier à propos de celles de l’éblouissant Martin Fröst dans les œuvres concertantes pour clarinette solo (virtuose) de Weber, à propos de la vertu charmeuse de l' »élégance »…


Le propos de Clément Rosset _ page 15 _ sera donc de formuler « les raisons pour lesquelles un bonheur, s’il est seul, est moins une marque de joie qu’un symptôme dépressif » _ cf du même Rosset : « Route de nuit _ Episodes cliniques« 

« A mes yeux _ précise alors Clément Rosset _ la joie parfaite (que j’ai appelée « force majeure« ) ne se contente pas d’un accompagnement idoine _ et refermé sur lui ; clos ; sécurisé ! garanti à tous égards (y compris contractuels) !!! _ mais exige _ eh oui ! _ un accompagnement plus général _ et festif, s’il vous plaît ! _, englobant l’approbation de toutes les choses dont on peut avoir l’expérience » _ cf Montaigne, ce maître ès joie, au final de l’essai « bouquet-final » lui-même des « Essais« , « De l’expérience« , Livre III, chapitre 13 : « Pour moi donc, j’aime la vie et la cultive _ activité capitale ! sinon, on « perd«  son temps !.. en laissant « couler et échapper«  sa vie… _ telle qu’il a plu à Dieu nous l’octroyer. (…) On fait tort à ce grand et tout-puissant donneur de refuser _ pour quelque détail qui déplaît _ de refuser son don, l’annuler et défigurer. Tout bon, il a fait tout bon. » Ce que Georg-Friedrich Händel traduit, au final magnifique (peut-être le sommet de tout l’œuvre haendelien) de l’acte II de son « Jephtah« , en 1752, par ces paroles puissantes de l’immense chœur : « Wathever is, is right. » Et que Nietzsche nomme l’épreuve (cruciale) de « l’éternel retour (du même) »..

« Etre amoureux, continue Rosset, signifie qu’on est amoureux de tout, comme l’exprime si bien _ oui !!! l’expression est magnifique ! _ un amant dans une pièce du dramaturge latin Trabea : « Je suis joyeux de toutes les joies » _ « omnibus laetitiis laetum » », page 15.


Plus loin, page 18 :  » Ce que j’ai dit jusqu’ici de la joie peut naturellement se dire aussi du désir, pour cette raison _ que je me permets de partager pleinement ! _ que joie et désir sont des termes complémentaires qui frisent l’identité. L’homme joyeux désire (et à la limite désire tout) ; le triste ne désire guère (et dans les cas de tristesse aiguë, c’est-à-dire de dépression, ne désire _ carrément _ rien). L’amour étant la forme la plus intense du désir _ oui ! _, La Fontaine _ que je pense connaître un peu pour avoir avec un peu de soin construit la majeure partie du programme du CD « Un portrait musical de Jean de La Fontaine« , en 1995 (paru chez EMI en mars 1996, par La Simphonie du Marais, dirigée par Hugo Reyne) ; et écrit le texte du livret de présentation de ce beau programme _ ;


La Fontaine _ un des sommets de l’Art français... _ résume en quelques mots l’identité du désir et de la joie lorsqu’il écrit, au début des « Animaux malades de la peste » : « Plus d’amour, partant, plus de joie ».«  Et « de même que la joie ne saurait surgir _ oui ! à l’occasion d’un seul motif _ qui lui a donné de son mouvement (ascendant : jusqu’à atteindre le plan _ a-temporel, lui _ de l’éternité) _, le désir ne peut naître _ sourdre _ que s’il vise, non un seul objet _ et c’est tout ! _, mais un objet auréolé _ dynamiquement, en quelque sorte _ d’autres occasions _ sourcières _ de plaisir _ ou plutôt « joie«  (…) Ce qui doit finir, surtout lorsqu’il doit incessamment finir, n’a jamais eu aucun goût. Cioran le répète sous une forme ou une autre : ce qui doit finir est déjà fini. Nul n’a jamais désiré quoi que ce soit, si ce quelque chose n’est pas répétable à merci, au moins en imagination, et moyennant _ aussi, en effet ! _ quelques variations, comme le dit Leibniz dans la « Théodicée« , qui contient curieusement une première version du retour éternel nietzschéen : « Je crois qu’il se trouverait peu de personnes qui ne fussent contentes, à l’article de la mort, de reprendre la vie, à condition de repasser par la même valeur des biens et des maux, pourvu que ce ne fût point par la même espèce : on se contenterait de varier sans exiger une meilleure condition que celle où l’on avait été ». »

Ce que Clément Rosset commente ainsi, page 20 : « Autrement dit, l’accomplissement d’un désir n’a de sens que s’il est accompagné de la perspective _ ouverte ! _ de mille autres accomplissements du désir.« 

Car « en réalité l’objet désirable n’est désiré que si l’accompagne la perspective _ dynamisante _, même fugace _ et c’est son jeu qui nous charme ; même au prix de déceptions répétées _, d’une multitude d’autres objets désirables _ eux aussi _ ; que dans la mesure où il est mobile ; où il ne tient pas en place _ l’enfer, c’est l’immobilité d’un huis-clos : généralisant l’horreur (médusante) du pratico-inerte sartrien !  _, tel un vif-argent.

Le désir est
_ très freudiennement, même si Clément Rosset ne l’aborde pas ainsi ici _ dans le déplacement ; lequel Clément Rosset préfère se référer, page 21, au « De natura rerum » de Lucrèce : « Vénus est « vulgivaga » _ au vers 1071 _ : c’est une vagabonde qui saute sans cesse d’un lieu à l’autre.« 


C’est que « sans ce que j’appellerai le combustible _ adjuvant dynamiseur conditionnant et entretenant le feu _ du désir, c’est-à-dire tout un mélange d’autres désirs et de raisons de désirer _ soit tout un monde !!! ; où tout élément renvoie, d’une façon ou de mille autres, à mille autres éléments ayant un semblable pouvoir (kaléidoscopique !) _, le désir _ plombé ! _ ne décolle pas« , page 27…« Or, ce combustible est précisément ce qui fait totalement défaut au déprimé. Il perçoit bien qu’une prise de taille s’offre à lui. Pourtant il n’en a, à strictement dire, rien à faire : parce que cette prise, « isolée », n’aura ni témoin ni observateur _ ni rebondissement éventuel, ni jeu d’ouverture _, tel un spectacle merveilleux qui n’aurait pas de public. A quoi bon ?  : c’est l’éternelle rengaine du dépressif« , page 27 aussi…

Voilà ce jeu ouvert (et joyeux) du désir qui plaît aussi tant à Daniel Mendelsohn, qu’à Régine Robin, en leurs villes ouvertes… Même si le désir peut, à l’inverse, être menacé de danse de Saint-Guy…

Un monde a certes besoin d’ouvertures et de perspectives de rebonds _ et de filiations, en aval (et pas seulement en amont), ainsi que de vraies œuvres ;

mais il a besoin aussi de sujets ayant du répondant, avec une capacité vraie de converser (autre que mécanique _ cf les répondeurs automatisés…) _ pas seulement de (beaux) mannequins (avec lunettes noires Armani, ou autres : mettre ici tous les noms _ interchangeables _ qu’on voudra ; et en I, et en A…) ;

il a besoin, pour être un « monde » réel (et pas rien que virtuel), d’amitiés et d’amours vraies entre des sujets qui en soient eux aussi vraiment, en leurs principaux actes, du moins ; et pas de commodes objets _ ou pures silhouettes, ou sacs de son _ qu’on pourra systématiquement « éluder » (un clou chassant l’autre…) ;

avec de vraies confiances ; et constances ; et fidélités…

On y discerne aussi tout ce qui distingue la vraie plasticité _ qu’analyse la philosophe Catherine Malabou, par exemple dans « Que faire de notre cerveau ? » _ ; de ce l’on cherche à tout prix à nous fourguer sous la scie prétexte de « flexibilité » managériale…


Et il me semble que tout cela se lit aussi dans les dangers que soulignent, sans les négliger, à « bien » les lire, ces œuvres profondes et importantes (et éminemment cultivées…) de Daniel Mendelsohn _ « L’Étreinte fugitive » et « Les Disparus » _ et de Régine Robin _ « Berlin chantiers » et « Mégapolis« …

Titus Curiosus, ce 18 févier 2009

Science et littérature faisant chambre commune : pénétrer l’acte mémoriel

16juil

Ou,
titre alternatif :
L’activité mémorielle : Scientifiques « attentifs intensivement » à l’œuvre de Proust

Lecture d’un passionnant article (de Hervé Morin)
sur les métamorphoses de la mémoire : « L’Hippocampe de Proust« 
dans le Monde le 14 juillet (16h 13), édition du 15 juillet

http://www.lemonde.fr/sciences-et-environnement/article/2008/07/14/metamorphoses-de-la-memoire-1-6-l-hippocampe-de-proust_1073179_3244.html

Sans commentaire, même « philosophique »
_ Bergson, Janet, Halbwachs, et même Théodule Ribot (à re-découvrir), pour débroussailler le terrain _
je me contenterai de « lire »,
en pratiquant,
en « exercice », en quelque sorte,
ma méthode « attentive intensive« ,
un remarquable article de Hervé Morin (« L’Hippocampe de Proust«  dans Le Monde, édition du 15 juillet 2008)
sur la mise à profit
par des chercheurs scientifiques
(de par le monde)
de l’analyse « poïétique« 
(active-créatrice,
« plastique » en le travail d' »écriture » de ses phrases « labyrinthiques »)
de Proust, en sa « Recherche » à lui,

à propos de la « ré-activation » du souvenir
(déjà lui-même richement « machiné« ),
dans les allées à ramifications prodigieuses
de la mémoire personnelle sédimentée après ses avancées  exploratoires si fécondes

en réseau neuronal synaptique « labyrinthique » :

lisons donc tout simplement,
mais un peu plus « attentivement intensivement »
que d’habitude
,
pour ce qu’on peut demander à de l' »information« -« communication »
_ simplificatrice… _, veux-je dire…

Bien sûr, lire (« attentivement intensivement« ) Proust lui-même
_ sa « Recherche » : quel monde !!!

nécessitant toute une panoplie de « focales », du « télescope » au microscope », ainsi que lui-même le dit, l’écrit _
irait beaucoup plus loin probablement…
Mais, à six heures du matin,
voilà déjà une potable « mise en jambes »
de l’activité cérérébrale synaptique, neuronale,
etc…

Voici cet article simplement re-découpé, et avec des gras:

Longtemps, science et littérature ont fait chambre à part.
Marcel Proust les a réconciliées.

Outre la montagne d’exégèses qu’a suscitée son oeuvre,
le « phénomène proustien » a engendré une foule d’analyses psychologiques et neurobiologiques.
Ce « phénomène« ,
c’est bien sûr celui attaché à l’épisode de la madeleine, relaté au début d' »A la recherche du temps perdu » :
le narrateur, goûtant chez sa mère un biscuit trempé dans du thé,
est soudain assailli par une vive émotion.

Intrigué, il cherche en lui-même
et découvre la cause de ce trouble.
Le voilà transporté des années en arrière, le dimanche matin à Combray,
lorsque sa tante Léonie lui offrait un morceau de madeleine trempé dans son infusion de thé.

Souvenir en apparence ténu, anodin.
« Mais, écrit Proust, quand d’un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses,
seules,
plus frêles mais plus vivaces
,
plus immatérielles,
plus persistantes, plus fidèles,
l’odeur et la saveur restent encore longtemps,
comme des âmes,
à se rappeler, à attendre, à espérer,
sur la ruine de tout le reste,
à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable,
l’édifice immense du souvenir.
 »

« J’ai tout un dossier d’articles qui tentent de réinterpréter scientifiquement cet épisode« ,
témoigne la neurobiologiste Pascale Gisquet (CNRS – université Paris-Sud),
qui a bien voulu mettre ses archives à notre disposition.
« J’ai moi-même été très inspirée par Proust« , confesse-t-elle.
Etrange attrait…
Le premier réflexe des scientifiques est de se défier d’un témoignage subjectif.
Mais Proust fascine les spécialistes de la mémoire.
Sans doute
, avance le neuropsychologue Francis Eustache (Inserm-université de Caen),
parce que « ce visionnaire a eu
bien avant nous
l’intuition
que la mémoire est au centre du psychisme :
elle permet cette rencontre intime avec soi
et avec l’autre,
présent ou absent
« .
Peut-être aussi parce que chacun de nous, un jour,
a cru mordre dans sa « madeleine« …

Qu’a donc découvert la science
de ce qui, dans la tête d’un Proust
,
mais aussi sous nos crânes,
abrite les souvenirs,
les entretient
et les ressuscite ?

« On sait des choses,
mais on en ignore plus encore
, prévient Serge Laroche,
du laboratoire de neurobiologie de l’apprentissage, de la mémoire et de la communication (CNRS-Paris-Sud).
La science de la mémoire est très jeune
et porte sur un organe longtemps resté inaccessible,
le cerveau.
 »
Depuis un siècle, les scientifiques ont compris que
celui-ci est organisé en ensembles interconnectés,
et que son unité cellulaire de base est le neurone.

Le neuroanatomiste espagnol Santiago Ramon y Cajal (1852-1934)
avait supposé que les modifications de « protubérances » neuronales
étaient responsables de la mémorisation.

Ses successeurs lui ont donné raison.

Chaque neurone est en effet
capable de
transmettre de l’information,
sous la forme d’influx électrochimiques
et de synthèses moléculaires
,
et d’entrer en contact avec des milliers d’autres.
Ces points de contact,
les « protubérances » de Cajal,
ce sont les synapses.

Les études sur l’animal ont montré que leur activité
peut être renforcée
,
voire qu’elles peuvent se multiplier
au fil de l’apprentissage,
et ce de façon durable.
Leur remodelage à long terme
implique des cascades complexes de gènes.

« Sur des souris mutantes,
on en a déjà identifié 165
qui jouent un rôle dans le fonctionnement synaptique
« ,
dit Serge Laroche.

Avec un milliard de millions de connexions,
la combinatoire de ces réseaux est hallucinante !
Qu’est-ce donc qu’un souvenir,
dans cette jungle neuronale ?
« Il serait un motif particulier
d’activation cellulaire de réseaux neuronaux
« 
,
répond Serge Laroche.
Concrètement, chacun des sens du jeune Marcel
entraîne l’activation d’une portion du cerveau.
Tout un réseau neuronal est impliqué.
Les n
œuds de ce réseau,

les synapses,
sont renforcés par ces perceptions.
« A chaque souvenir
correspond un réseau
qu’il faut activer
pour se le remémorer
« 
,
avance Serge Laroche.

« Pour ce qui est de la mémoire simple,
comme modifier des réflexes d’évitement d’un organisme basique
tel que l’aplysie,
un escargot de mer que j’ai étudié,
nous comprenons très bien ce qui se passe
,
dit l’Américain Eric Kandel, Prix Nobel de médecine en 2000.
Mais pour des choses plus complexes
comme l’odorat,
modalité sensorielle très vaste,
combinée parfois avec la perception visuelle,
c’est plus compliqué.
Nous ne comprenons pas exactement
comment tout cela est traité
au niveau de l’hippocampe.
 »
L’hippocampe !
Depuis un demi-siècle,
cette structure profonde du cerveau
fait l’objet de tous les soins des spécialistes de la mémoire.
Comme souvent,
c’est un cas clinique qui a tout déclenché.
En l’occurrence,
H. M., un jeune Américain épileptique
qui a subi en 1953 une ablation de l’hippocampe
et d’une portion des lobes temporaux
,
censée mettre fin à ses crises.
Depuis lors,
H. M. est prisonnier du temps :
ses souvenirs, dégradés,
se sont figés
à la période précédant son opération.

Ses capacités intellectuelles sont intactes,
mais il est incapable de retenir
une information nouvelle
plus de quelques secondes.
Sans mémoire, impossible de construire l’avenir.

La psychologue Brenda Milner
a pu montrer que son amnésie
n’était pas absolue :
H. M. a bien enregistré
que ses parents étaient morts,
et que Kennedy avait été assassiné,
sans doute en raison de la charge émotionnelle de ces événements.

Il a aussi pu
apprendre à recopier un motif
en le regardant dans un miroir,
un savoir qui mobilise la mémoire inconsciente.
Mais après des décennies de consultations,
il ignore toujours qui est Brenda Milner !

Grâce à H. M.,
grâce aussi aux psychologues expérimentaux,
les sciences cognitives
distinguent plusieurs types de mémoires,
reliées par des passerelles cérébrales
qui restent à identifier.
D’un côté, la mémoire à court terme, ou de travail,
de l’autre celle à long terme.
Celle-ci peut être implicite,
ou procédurale.

Elle nous permet de faire du vélo « inconsciemment »
ou à H. M. de dessiner dans un miroir.
La mémoire à long terme
peut aussi être explicite (consciente)
.
Raffinement supplémentaire,
on ne confond pas dans cette dernière
ce qui est sémantique

(connaissance : Combray n’est pas éloigné de Guermantes)
et ce qui est épisodique
(histoire personnelle : « J’allais voir tante Léonie le dimanche matin« ).

Pour mieux cerner cette mémoire autobiographique,
l’équipe de Francis Eustache a interrogé des femmes de 65 ans
sur leur passé.
« Quelle que soit l’ancienneté du souvenir évoqué,
la période de vie concernée,
c’était bien l’hippocampe
qui était activé
« ,
indique le chercheur.
Et la madeleine,
quel est son rôle ?
C’est la clé
sans laquelle le passé serait resté perdu :
« 
Il dépend du hasard que nous le rencontrions
avant de mourir,
ou
que nous ne le rencontrions pas
« ,
écrit Proust.
Son narrateur eut plusieurs fois la chance
de tourner cette clé :
à (l’Hôtel de) Guermantes,
un pavé disjoint
le projette en pensée
sur les dalles inégales de la place Saint-Marc, à Venise.
Ou le tintement d’une cuillère
le transporte
vers un sous-bois, où son train avait stoppé jadis.

Les chercheurs ont préféré s’intéresser aux odeurs.
Celles-ci sont supposées
souveraines pour ouvrir
« ces vases disposés sur toute la hauteur de nos années« 
,
comme l’écrit Proust,
où sont encloses
autant de sensations passées.

L’aromachologie (la psychologie de l’olfaction)
tente de déterminer leur rôle
dans la ressuscitation des souvenirs anciens
.
En laboratoire, les odeurs ne sont pas un indice très puissant
dans des tests de mémorisation
où elles sont associées à des chiffres, des images ou des actions.
Au point que le psychologue expérimental Alain Lieury (Rennes-II)
soupçonne que
plus que l’odeur,
« c’est peut-être la vue
de la madeleine
qui fut efficace
« .

Une expérience conduite par John Aggleton et Louise Waskett (université de Cardiff)
autour d’un musée de la ville de York consacré aux Vikings
montre pourtant leur puissance d’évocation.
L’exposition associait une fragrance particulière
à chaque scène présentée
– terre, bois brûlé, viande…
Un interrogatoire, auquel ont été soumis des visiteurs six ans après l’avoir parcourue,
a montré qu’en présence de ces odeurs,
ils étaient capables de se souvenir de détails plus nombreux (+ 20%)
que lorsqu’on les aspergeait – ou non – d’autres parfums.

De telles observations
ne cernent pas réellement le « phénomène proustien« ,
qui implique l’évocation, chargée d’émotion,
de souvenirs forts anciens.

Simon Chu et John Downes, de l’université de Liverpool,
ont exposé des sexagénaires
à des odeurs
ou à des indices verbaux,
et leur ont demandé de
décrire
les expériences passées
qui leur venaient
.
Alors que les mots évoquaient
des souvenirs datant de la période
où les « cobayes » avaient de 11 à 25 ans,
les réminiscences induites par les odeurs
remontaient à leur petite enfance
,
à l’âge où l’on se voit offrir des madeleines.

Récapitulons :
le jeune Marcel
– en faisant l’hypothèse que Proust s’est inspiré d’événements réels –
va le dimanche grignoter une madeleine chez sa tante.
Cette expérience multisensorielle renouvelée
se traduit dans son cerveau
par une poussée de connexions neuronales,
impliquant des phénomènes
à la fois électrochimiques
et la production de protéines,
qui stimule et renforce durablement certains circuits.
Ceux-ci
vont constituer
un souvenir,
« stocké » dans l’hippocampe.
Des décennies plus tard,
une saveur oubliée
réactive
ce réseau délaissé,
d’abord
sous la forme d’une émotion sans objet,
qui
dans l’écheveau des neurones
finit – miracle ! –
par trouver
son origine,
faisant le pont
entre l’affection
toujours présente
de sa mère
et celle,
retrouvée,
de sa tante disparue.

Le reste est littérature :
« Tout Combray et ses environs,
tout cela qui prend forme et solidité,
est sorti,
ville et jardins,
de ma tasse de thé
« …

Bibliographie :
« A la recherche du temps perdu« , Marcel Proust, Gallimard.
« Le sens de la mémoire« , Jean-Yves et Marc Tadié, Gallimard, 1999.
Sites Internet :
Sur Proust : le temps retrouvé
Sur les controverses scientifiques suscitées par Proust : une contribution publiée dans la revue Chemical senses (en anglais)

Prochain article : « Cet étrange sentiment de déjà-vu« .

Hervé Morin
Article paru dans l’édition du 15.07.08.

Dans mon article d' »ouverture » de ce blog « En cherchant bien…« , « le carnet d’un curieux« ,
j’ai « oublié » une lecture basique fondamentale
de mon rapport au monde disons « culturel » _ pardon Michel Deguy ! je veux dire une lecture « de référence » formatrice, éducative fondamentale _,
à côté de Montaigne, et de Shakespeare, surtout
_ j’en ai passé bien d’autres, certes, sous silence, tel Marivaux, par exemple : si incroyablement fin… _,
bref, j’ai passé grièvement sous silence Proust : bien à tort ; mea culpa
Délaisser _ reporter à plus tard, veux-je dire _ bien des autres, mais lire pour commencer, et y revenir souvent, la « Recherche« …

Philosophiquement, on progressera notablement en se reportant aux travaux de Catherine Malabou autour de la « plasticité«  _ en commençant par exemple par son « Que faire de notre cerveau ?« , paru aux Editions Bayard en avril 2004…

Mais des lecteurs peut-être nous ferons « avancer » en pareil balisage de ce chantier d’analyse de « l’activité mémorielle » si riche de complexité…

Le « génie »
(humain :
en est-il d’autre ?
entre Dieu, la bête, la plante, le rocher, l’ange, le diable,
et qui _ ou quoi _ d’autre encore ?) ;

et non-inhumain _ merci (et après Kant : « Critique de la faculté de juger« ), Bernard Stiegler (« Prendre Soin« ) _

est passionnant en ce qu’il donne à « se repérer » et « avancer »
en terra incognita

Et que nous cultivons si mal, ce « génie« ,
si déplorablement
en France, en particulier ;
et à l’école

d’abord.

Qu’on se penche un peu sur la misère laissée
(ministre après ministre :
qu’ils se soucient un peu moins de leur « image » auprès des électeurs,
« tenus » bien mal informés, eux _ ou plutôt les « citoyens » qu’ils sont pas seulement les jours de vôte !!! _, du « réel » ;
et un peu plus de la vérité du terrain, du réel lui-même ;
de ce qu’advient le « génie » des « humains » en formation
(= les « élèves » qu’il faudrait, et faut, « élever » _ comme y insiste Alain !!!),
quand prolifèrent ce qui s’intitule _ assez peu « humainement« , eh oui ! _ « département des ressources humaines » :
merveille de la novlangue
_ relire aussi, souvent, « 1984 » de George Orwell !!!

qu’on considère sérieusement et avec gravité
_ car « c’est Mozart » et Einstein « qu’on assassine » ainsi _
la misère abandonnée à la pratique artistique
créatrice
_ il faut lui mettre le pied à l’étrier ! _
à l’école,
au collège,
au lycée ;
et en dépit des efforts de tant de « maîtres »
qui n’en peuvent mais
et s’essoufflent parfois
de lutter contre les conditions qu’on
_ système interposé :
mais il y a toujours des responsabilités
et des responsables,
même si c’est à des degrés divers ;
ce qui facilite la dé-responsabilisation,
quand elle est diluée _ ;

et en dépit des efforts de tant de « maîtres » qui n’en peuvent mais et s’essoufflent parfois de lutter contre les conditions qu’on
impose à leur pratique
(quand elle n’est pas, cette pratique-là,
carrément supprimée
d’un trait de plume
_ « économie » obligeant,
qu’on nous assène ! _) ;

en horaires, en coefficients, en budget,
comme en considération en retour ! _ ;

au détriment de la plasticité
créatrice et féconde _ en oeuvres _ ;
quand entend règner
impérialement
en pratiquant la politique de la terre brûlée :
la fielleuse flexibilité

Voilà bien une priorité pédagogique :
agir contre l’incuriosité (qui en arrange tant),
cultiver positivement et joyeusement la curiosité !

Et qu' »acteur  et système » _ pour reprendre l’expression du livre de Michel Crozier et Erhard Friedberg en 1977 (aux Editions du Seuil) _
conduisent le génie des personnes humaines (non-in-humaines)
à se former :
est-ce trop cher à payer donc ?…

Titus Curiosus, le 16 juillet 2008

P.S. : en commentaire musical à l’expression d’Hervé Morin « Longtemps, science et littérature ont fait chambre à part« ,

je propose l’interprétation (d’un raffinement _ viennois _ à se pâmer) par Elisabeth Schwartzkopf de la délicieuse mélodie viennoise elle-même « Im chambres séparées » (CD EMI CDC 7 47284 2)…

im-chambres-separees.jpg

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