Archives du mois de janvier 2009

une merveilleuse « entrée » à la musique de goût français : un CD de « Sonates » de Jean-Marie Leclair, avec le violon de John Holloway

12jan

Goûtant tout particulièrement le « baroque » français _ c’est presque un oxymore ! mais justement… _,

je désire faire partager la joie que me donne, en le passant et repassant sur ma platine, avec toujours davantage de degrés de plaisir, le CD « Sonatas« 

_ au nombre de 5, extraites du « Troisième Livre de Sonates« , opus 5 (en 1734) _

de Jean-Marie Leclair, par le violon _ « seul » _ de John Holloway ; qu’accompagne « la basse continue » _ ici le violoncelle et le clavecin _, par les soins, particulièrement fins, eux aussi, de Jaap ter Linden et Lars Ulrik Mortensen :

le CD « Sonatas » de Jean-Marie Leclair _ CD ECM 2009 n° 476 6280 (avec une exceptionnelle prise de son !..).

Une merveille de musique !!!

Il y a bien longtemps que me « touche » tout particulièrement (toute) la musique de Jean-Marie Leclair (Lyon, 10 mai 1697 – Paris, 23 octobre 1764) ; lyonnais, et formé _ juste de l’autre côté des Alpes, à la cour de Savoie, à Turin _ au violon virtuose par Giovanni-Battista Somis (turinois, Turin, 1686 – Turin, 1763), lui-même élève _ à Rome _ d’Arcangelo Corelli (Fusiniano, 1653 – Rome, 1713) ; et, probablement aussi _ à Venise _ d’Antonio Vivaldi (Venise, 1678 – Vienne, 1741)…

« Confronté », en sa carrière _ d’abord en 1728 lors d’un séjour à Kassel ; puis de passage à Amsterdam en 1743 _, au virtuose du violon Pietro Locatelli (Bergame, 1695 – Amsterdam, 1764),

alors que le jeu du bergamasque avait valu à celui-ci la réputation de « diable« ,

le jeu de notre lyonnais lui avait mérité la qualification d’« ange« 


Étrangement, c’est encore « au compte-gouttes » que paraissent à l’enregistrement discographique les œuvres de Jean-Marie Leclair ; pourtant assez peu nombreuses : 89 « pièces » de musique, exactement, en 13 opus de musique instrumentale _ splendide ! _ (des recueils de « Sonates » _ avec ou sans basse continue _ ; et de « Concerti » pour quelques instruments ; pour l’essentiel…), parues de 1723 à 1753 ; ainsi qu’une tragédie en musique, « Scylla & Glaucus« , représentée à l’Académie royale de musique en 1746 ; ainsi que 2 pièces (un trio et une sonate) posthumes, en 1766 et 67…

Qu’on écoute sur ce Cd ECM de 5 « Sonatas »

(extraites du « Troisième livre » _ ou opus 5, dédié à Louis XV, en 1734 : les sonates VIII, VII, I, III & IV)

ces trois magnifiques interprètes ! que sont John Holloway, au violon, Jaap ter Linden, au violoncelle, et Lars Ulrik Mortensen, au clavecin ;

et on sera introduit, avec la plus raffinée et tout à la fois la plus « simple » des délicatesses, dans un univers d’une diaprure merveilleusement splendide de souplesse, et somptueuse de pureté et de tendresse

_ française…

Un enchantement !

En 1776, en sa marquante « General History of the Science and Practice of Music« , le musicologue anglais John Hawkins avait livré cette (notable) appréciation-ci :

« Le Clair est célèbre pour l’esprit et l’énergie de son jeu ; et ses compositions en sont, en quelque sorte, la _ toujours bien vivante, encore pour nous, aujourd’hui ! _ preuve. On peut dire au moins que, pour la grandeur et la dignité du style _ oui ! _, il n’y a aucune composition de musiciens français, ni de Lully lui-même _ dont l’autorité resplendissait encore par l’Europe entière quatre-vingt-neuf ans, encore, après sa mort (en 1687) _, qui mérite d’être comparées aux siennes«  : pas moins !..

Cela étant plus que jamais avéré par l’interprétation de ces (trois) musiciens-interprètes-ci

en ce si remarquable enregistrement-ci !..

de la musique (en 1734) de celui qui, en 1733, avait été nommé « premier symphoniste » du roi.


Titus Curiosus, le 12 janvier 2008

Juste ce post-scriptum-ci

au réveil :

Ce CD « Sonatas » de l’opus 5 (de 1734) Leclair illustre merveilleusement

quant à son effet sur mes (modestes) oreilles,

sinon d' »amateur« , encore moins de « connoisseur »

_ cf mon article du 10 janvier : « sur la part des désirs d’œuvres dans la vie et l’Histoire des Arts » _,

ni, a fortiori, d' »expert« (!),

mais seulement de « curieux« ,

ce splendide mot

_ qui risque bien de retomber au statut de « cliché » (pour « les nuls » !…)

si l’on ne veille à (bien soigneusement) le réactiver, avec toute la formidable vigueur que vraiment il mérite !!! _ ;


ce splendide mot de Nietzsche

(au § 33 de « Maximes et pointes » du « Crépuscule des idoles« )  :

« la vie sans la musique ne serait qu’une erreur« …


A preuve,

le formidablement vif _ et tout bonnement merveilleux ! _ « essai » de François Noudelmann

_ l’excellentissime animateur du blog (que je recommande !) « 24 heures philo » sur le site de « Libération » _ :

« Le Toucher des philosophes _ Sartre, Nietzsche et Barthes au piano« …


Une réflexion unique

sur l’écoute

de l’amour

de la pratique de la musique (au piano…)

dans les marges de ce qu’on pu écrire _ et ne l’ont pas tout à fait fait (!!!) _ d’immenses (géniaux !) philosophes,

tels que Frédéric Nietzsche, lui-même, Jean-Paul Sartre,

et Roland Barthes…

Un livre très rare : une priorité même de lecture !..

Pour aimer davantage encore écouter _ sinon la pratiquer… _ la musique ;

tel, par exemple, ce si beau CD de « Sonates » du « Troisième Livre«  _ et opus 5 (en 1734) _ de Jean-Marie Leclair

par John Holloway, Jaap ter Linden et Lars Ulrik Mortensen…

Tenants et aboutissants de l’interview des Obama par Mariana Cook en 1996 ; et « réactions » des lecteurs-abonnés du Monde

11jan

Simplement pour information,

et en tant que « tenants » et « aboutissants » de cette si précieuse « interview » de Michelle et Barack Obama en 1996 par la photographe Mariana Cook, En 1996, les confidences de Michelle et Barack Obama_ en plus de la photo non publiée alors _,

ces deux fort intéressants articles « en suivant », en quelque sorte, du Monde :

 « Genèse d’un entretien exclusif »

et « les réactions des lecteurs-abonnés du Monde.fr  » :

« C’était une après-midi de novembre 1996. La photographe Mariana Cook se souvient _ la remarque est déjà intéressante _ d’un appartement modeste, près de l’université de Chicago. Elle se souvient d’un parquet en bois, de peintures balinaises et de statues africaines. Elle se souvient surtout d’un couple, amoureux et très naturel _ voilà… Lui, Barack, était avocat et écrivain. Il venait de terminer son premier livre, « Les Rêves de mon père« , et songeait à se présenter au Sénat _ ce qui n’était pas rien, tout de même… Elle, Michelle, parlait du bébé qu’ils voulaient avoir. Tous deux étaient très présents _ un terme assez significatif _ dans la vie communautaire de leur quartier et de la ville.

Mariana Cook se souvient d’avoir fait six ou sept rouleaux de pellicule en deux heures et avoir été touchée par le charme du couple _ en effet ! et il ne s’est pas « évaporé »… Elle était allée à Chicago pour un projet de livre sur les couples. Un ami lui avait signalé les Obama, qui s’étaient mariés en 1992. Elle les a donc photographiés et interrogés, mais ils ne seront pas dans le livre… Car « Chronicle Books« , l’éditeur, les a supprimés à l’impression. « Trop ordinaires« . Il a préféré un autre couple noir plus « exotique » _ l’édition est assez souvent « impayable » !.. A ce jour, cet entretien n’a donc jamais été publié.

Mariana reverra Michelle en 2007 au début de la campagne de son mari, lors d’un rallye à Martha’s Vineyard. Elles parleront d’enfants. Michelle en a deux, Mariana un, une fille de 14 ans, avec Hans Kraus, le plus important marchand de photographies du XXe siècle. Chez les Kraus-Cook, la photographie est une passion _ tiens donc : elle a au moins du regard !.. C’est le B. A. BA de la photo !!! Mariana y est venue très jeune. Fille d’un couple flamboyant, elle est une enfant timide au-delà de toute expression.

Pour aller vers les autres, s’ouvrir un tant soit peu _ voilà… _, mais néanmoins rester protégée _ par l’écart de la distance photographique _, Mariana choisira la photographie. Son professeur particulier : Ansel Adams _ cf « 400 photographs » (aux Éditions Little Brown and Company) ; le (beau !) livre est bien présent sur les tables du rayon Beaux-Arts (de la librairie Mollat, rue Vital-Carles). Son maître : Walker Evans _ cf, par exemple, et parmi bien d’autres : « Walker Evans _ la soif du regard » de Gilles Mora & John T. Hill, aux Éditions du Seuil en 2004. Son mentor à l’université Yale : Walter Rosenbaum.

Mariana reste très méconnue dans le monde photographique, malgré ses huit livres et ses trente expositions. Groupie francophile, pour un projet raté avec Agathe Gaillard, elle a photographié à la fin des années 1980 toute une partie de l’intelligentsia française, de François Mitterrand à Jacques Attali, d’Alain Finkielkraut à Patrice Chéreau. Son prochain livre de portraits de mathématiciens, intitulé « An Outer View of the Inner World« , sera publié au printemps par l’université de Princeton.

Jean-Jacques Naudet
Article paru dans l’édition du 11.01.09.


Et :

A la suite de « En 1996, les confidences de Michelle et Barack Obama« , les réactions des lecteurs-abonnés au monde.fr

LE MONDE | 10.01.09 | 13h51  •  Mis à jour le 10.01.09 | 20h24


FSP 10.01.09 | 21h37

Un vrai plaisir _ oui ! _ à lire cette remarquable interview. Merci _ bien ! _ au journaliste du Monde qui a eu l’idée _ lumineuse ! _ de le publier. Par ces temps de crise, c’est rassurant _ quelque part, probablement, en effet… _ de savoir _ avec confiance, du moins... _ qu’il y a une réelle épaisseur humaine _ mais oui ! _ derrière ce couple présidentiel.

Yves C. 10.01.09 | 20h51

Une bouffée d’intelligence et d’humanisme dans ce monde de plus en plus centré _ par les media !!! complices ! _ sur les ‘people‘ et autres ‘VIP‘. Il n’est donc pas interdit _ encore tout à fait… _ de désespérer !

Africa-survie 10.01.09 | 20h46

Quelle bouffée d’air ! Quelle sagesse, quelle simplicité ! Comme quoi, ils existent encore des hommes et des femmes pour lesquels il y a d’autres valeurs en dehors du fric : les valeurs humaines _ on peut le dire ainsi ; ou bien « non-inhumaines », comme le dit Bernard Stiegler… Bonne chance _ certes… _ à Michelle et Barack OBAMA.

Bertrand D. 10.01.09 | 20h10

Vu son ancienneté et son contexte, cet article est important _ oui ! _ et très encourageant _ en effet ! _ quant à la personnalité _ au singulier _ du nouveau couple _ vrai, lui… _ présidentiel américain.

Gilles Chenaille 10.01.09 | 19h22

C’est extrêmement intéressant _ oui _, et les profils psychologiques de Barack et Michelle O. ressortent bien _ photographiquement ? _ de cette série de questions-réponses. Et donnent à Barack une certaine profondeur de pensée et de sentiment _ oui _, une épaisseur humaine _ ne courant pas trop les rues ; ni les allées des pouvoirs… _, qui confortent la sympathie que j’éprouve instinctivement pour ce bonhomme _ comme pas mal d’autres de par le monde ; mais pas tous, non plus : ne nous leurrons pas trop…

Juliana P. 10.01.09 | 18h56

La 7ème université dans la liste de l’Ivy League s’appelle « Princeton » et non pas « Portsmouth« .

we want more ! 10.01.09 | 18h51

Le sens de l’autre et de l’intérêt collectif, la simplicité, la modestie, l’efficacité et la compétence, la noblesse d’âme, la générosité… _ tout cela, en effet ! _, ça rassure un peu _ à côté de (et face à) tant de forces cyniques _ sur l’humanité en ces périodes _ hélas, cela ne se constate que trop ! _ nauséabondes… Pourvu qu’ils agissent, pourvu qu’ils résistent, pourvu qu’ils se ne fassent pas simplement abattre _ certes ! Si seulement pouvait _ aussi _ émerger un Obama en France !

michel l. 10.01.09 | 18h51

D’accord avec les priorités d’alors _ oui _ des Obama ! Souhaitons qu’elles persistent _ oui _ au contact du pouvoir _ une constance et une cohérence semblent toutefois émerger, au moins des grands discours, si importants (Sprinfield, Chicago) de la campagne de 2008…

Parigot 10.01.09 | 18h48

Il n’y a pas d' »Université de Portsmouth » dans l’Ivy League. Il faut certainement lire « Dartmouth College« …

Erreur de l’auteur (peu probable si elle est américaine, Dartmouth est très connu), de la traductrice, de la rédaction du Monde ? Pour l’amour du ciel, quelqu’un pourrait-il RELIRE pour éviter des erreurs de cet acabit ? Il n’en faut pas plus pour détruire la crédibilité d’un journal….

Renaud D. 10.01.09 | 18h18

Humanité, simplicité, intelligence… ces gens sont admirables de classe, sans prétention _ probablement : Chapeau !

Alain B. 10.01.09 | 18h16

Bravo pour le « scoop » ; je ne suis pas people, mais j’avoue que je suis ému _ c’est en effet le mot juste… c’est rassurant _ quelque part _ que des personnalités de ce type soient « à la tête » de l’Etat dominant ; ou en tout cas dont nous ne pouvons mésestimer le rôle, en bien ou en mal… _ et cela changerait un peu…

henri 10.01.09 | 17h55

tiens ! un président peut marcher _ le mot est intéressant _ à autre chose qu’au « bling bling » démago !?

Joseph E. 10.01.09 | 17h43

Quand on referme « Les Rêves de mon père« , on cerne mieux son auteur : Obama. On voit combien il est « articulate« , comme disent les américains. Les Mitterrand, De Gaulle, et tous ces présidents écrivains avant le pouvoir, ont un plus sur les autres : l’écriture _ sans doute : la capacité, en s’en donnant le temps, de réfléchir _ ; qui permet souvent de se poser les vraies questions de la vie _ Oui ! La France est _ ou a été ; voire fut… _ un grand pays de l’écriture. Qu’elle en fasse un critère de choix de ses dirigeants _ est-ce un voeu pieux ? Cela lui évitera _ au futur ? ou au conditionnel, plutôt ?.. _ la pensée unique. Nous autres, n’avons pas cette chance en Afrique.

Edouard F. 10.01.09 | 17h22

Barack et Michelle Obama sont deux personnages époustouflants _ probablement _, de vrais _ le mot devient presque incongru _ humanistes comme on aimerait en rencontrer plus souvent dans la vie. J’en suis presque ému _ bis _ …

philippe R. 10.01.09 | 17h22

Obama est la seule chance pour les USA de s’en sortir. Cela va être difficile, mais avec un couple pareil, on ne voit pas qui pourrait mieux faire _ sans doute… tels que furent les Roosevelt, Franklin et Eleanor… Souhaitons leur 8 ans à la Maison Blanche… Mais le diable est toujours dans les détails _ certes _ ; et les détails aux USA, les diablotins sont toujours _ du moins assez souvent ; mais le pire n’est pas forcément absolument certain ! _ là pour les faire sortir. Yes he Can !


Emilie G 10.01.09 | 16h06

C’est « Sidley Austin« …

ERIC F. 10.01.09 | 15h27

Assez passionnant et assez peu peopleVivent les euphémismes !

FOXTERRIER Groupie du MONDE 10.01.09 | 15h132/2

Voilà qui augure de bonnes choses pour l’Amérique et la cause des femmes, face à toutes les « FIRST » pas toujours « first » ; c’est un peu plus relevé, sans méchanceté, que de faire des révérences et sussurer dans un micro ! L’Elysée et le gouvernement n’ont qu’à bien se tenir, face à ce DUO DE CHOC ! TRES CHIC , PAS TOC _ on peut peut-être le dire ainsi… _ ET AU Q.I. HARMONIEUSEMENT DEVELOPPE ! On ne va pas rêver ; et cela sera, c’est évident, « AMERICA FIRST » ; MAIS PAS COMME DES PIGNOUFS Républicains !

LIONEL P. 10.01.09 | 15h06

C’est fantastique _ presque trop beau pour être vrai ?.. au point de devoir se pincer pour s’assurer de ne pas rêver ?.. _ … La capacité à se mettre à la place de l’autre _ oui ! _, l’attention _ intensive ! même… _ à l’avenir des enfants les plus fragiles… Le désir de travailler les valeurs du collectif _ que signifie donc « socialisme » ?… Ici, en France, au pays de la baguette, celle qui fait mal, pas celle qui nourrit, notre nouveau chef incarne la démolition du collectif _ et des services publics _ et le chacun pour soi _ charité bien ordonnée !.. _ au service du profit, de l’argent et la revanche des plus forts, des plus brutaux économiquement et politiquement au détriment des autres _ relire aussi les articles de Paul Krugman sur l’histoire des Etats-Unis depuis un siècle… Alors, oui, on attend _ aussi en France _ un Obama _ et pas un clone, pour la photo, l’affiche, le micro et la caméra !

FOXTERRIER Groupie du MONDE 10.01.09 | 15h06

C’est ni plus ni moins qu’un régal ! Lire une interview si simple, équilibrée dans ses questions, avec une liberté donnée aux intervenants ! Bravo au journaliste _ c’est une artiste ! _ ! Félicitations ! Excellente idée du MONDE de nous offrir comme cadeau de NOEL ! du bon travail ! PLEIN D’ENSEIGNEMENT ET DE DELICATESSE _ un terme bien significatif !.. _ ! Grand DIEU, que les journalistes en prennent de la graine ! Il faut dire aussi que cette interview prend tout son jus _ en effet ; il y fallait de la constance, de la patience, de la persévérance… _ du fait de l’élection ! Mais cette MICHELLE Obama est impressionnante ! 1/2

Francesco A. 10.01.09 | 14h57

Décidément, ils me plaisent vraiment bien ces deux là ! L’espoir fait vivre _ davantage que les spéculations des mathématiques appliquées financières !.. _, et ces deux là sont bien en Vie ! _ oui _ ça fait du bien…

ChrisCraft 10.01.09 | 14h38

Pour une fois, sur un sujet « people« , un document intéressant. Bravo Le Monde d’avoir publié. Cela a déja un intérêt historique. Et rassure un peu vis à vis du candidat Obama, qui n’a pas mégoté sur le populisme pendant sa campagne… (les Obama fans, attendez vous à être déçus!) _ le seul réflexe (sur 23) de lecteur non généreux…

Jean A. 10.01.09 | 14h22

D’où il se confirme que dans cette crise structurelle grave _ on peut le dire _, on pouvait difficilement espérer un président US meilleur _ oui ; et politiquement ; pas seulement éthiquement ! Haut les cœurs !

Dont acte…


Titus Curiosus, ce 11 janvier, au réveil…

L’alchimie Michelle-Barack Obama en 1996 ; un « défi »politique qui vient de loin

10jan

A propos d’un très remarquable article  _ inédit depuis 1996, semble-t-il _ et que Le Monde nous offre, en avant-propos à la présidence Obama _ et à l' »inauguration » du 20 novembre : « En 1996, les confidences de Michelle et Barack Obama« , de la photographe Mariana Cook (pour un projet sur « les couples en Amérique« , en 1996 ; il va y avoir treize ans)…

L’alchimie Michelle-Barack en 1996 ;

ou quelque chose comme l’idée d' »une grande famille » américaine ; et la « priorité » de « l’empathie » et « des responsabilités partagées« 

_ avec « la capacité à vous mettre à la place de l’autre » ; et « le défi de faire passer cela d’une cellule familiale au domaine public » ;

selon les mots mêmes d’un Barack Obama, l’année de ses 35 ans _ il est né le 4 août 1961 à Honolulu ;

ou ce que c’est qu’un projet démocratique non démagogique ni populiste…

Réalisant un livre sur « les couples en Amérique« , la photographe Mariana Cook s’est entretenue avec le jeune couple Michelle Obama-Barack Obama, il y a douze ans.

Mais l’éditeur s’étant montré peu intéressé,

pas plus que la photo de Michelle et Barack Obama chez eux à Chicago, en 1996 _ accessible sur le site personnel de Mariana Cook _,

cet entretien-ci _ non plus que d’autres _ n’est jamais paru. « Actualisé » par l’élection du 4 novembre dernier du candidat Barack Obama _ à la suite d’une brillante et difficile longue campagne électorale _ Le Monde le publie ce 10 janvier en exclusivité…

Ce projet de Mariana Cook s’appellait « Des couples en Amérique« .

Ici, en interrogeant d’abord Michelle Obama, Mariana Cook essaie de resituer les relations personnelles d’un couple dans un contexte sociologique plus large.

« Si vous pouviez m’en dire un peu plus sur vos origines sociales et familiales, votre rencontre avec Barack, vos relations avec lui et vos objectifs dans la vie.

(…)

Michelle Obama : Quant à ma rencontre avec Barack, eh bien, cela s’est passé au cabinet d’avocats où il travaillait pendant l’été…

C’était chez Sidney and Austin ?

M. O. : C’était au cabinet Sidney and Austin (en 1989). Il avait obtenu un poste de stagiaire pour l’été. Je venais d’être promue associée. On m’avait demandé de lui servir de mentor : je devais prendre en charge un étudiant et j’avais hérité de Barack. Je m’acquittais de ma tâche avec beaucoup de sérieux, je lui donnais des conseils, je le promenais un peu partout ; je m’assurais que tout allait bien pour lui ; je lui trouvais des missions qui l’intéressaient ; et après un mois à ce régime, il m’a invitée à sortir avec lui ; et je me suis montrée très réticente.

Je pensais : « Non, je suis votre conseillère, ce serait mal d’accepter un rendez-vous avec vous » ; mais mes hésitations n’ont pas duré longtemps ; et cet été-là, on a commencé à se fréquenter.

Une fois diplômé de la faculté de droit, il est revenu plusieurs étés. Nous nous sommes fiancés l’été suivant l’obtention de son diplôme.

Il sortait tout juste de la faculté de droit.

M. O. : Oui, c’est ça. Voilà la version abrégée de notre rencontre et de notre engagement mutuel _ l’expression, avec son sens de « promesse » (mutuelle) est intéressante ; surtout en 1996…

Que pensiez-vous de lui quand vous le pilotiez dans ce cabinet d’avocats ?

M. O. : C’était bizarre, cette agitation autour de cet étudiant de première année, si brillant, si beau, si intelligent, tout le monde n’en avait que pour Barack… Moi, je suis plutôt du genre sceptique, je pensais « ouais, c’est sûrement un crétin » ; enfin, j’étais très sceptique parce que j’ai toujours pensé que quand les juristes s’extasient sur quelqu’un, ils négligent les qualités sociales ; donc je me disais « il est génial, mais il est sûrement très ordinaire« .

Et voilà que le premier jour, il arrive en retard. Il est arrivé en retard parce qu’il pleuvait ! Et puis il s’est avancé dans le bureau ; et nous nous sommes tout de suite bien entendus parce qu’il est très charmant et très beau ; enfin, je le trouvais beau. Je crois que nous étions attirés l’un vers l’autre parce que nous ne prenions pas nos rôles très au sérieux, contrairement à certains _ l’humour importe beaucoup…

Il aimait mon humour pince-sans-rire et mes réflexions sarcastiques. J’ai trouvé que c’était un type bien, intéressant ; et j’étais fascinée par son histoire personnelle, si différente de la mienne.

Dans quel sens ?

M. O. : Eh bien Barack a grandi dans un milieu multiracial. Sa mère était blanche, son père kényan, il a vécu à Hawaï où il est né, et il a passé une bonne partie de son adolescence en Indonésie parce que sa mère était anthropologue. Ce n’est pas souvent qu’une fille des quartiers du South Side de Chicago rencontre quelqu’un qui parle indonésien, a voyagé et vu plein de choses fascinantes _ ces éléments sont très importants dans le cursus et l’ethos de Barack Obama : pas grand chose à voir avec un George W. Bush ; ou une Sarah Palin…

Cela lui ajoutait une dimension plutôt rare dans mon environnement professionnel de classes moyennes supérieures. Généralement, ces gens-là sont tous coulés dans le même moule ; mais lui, il venait d’ailleurs. Il avait un niveau de conversation assez élevé tout en demeurant un type normal. Il avait eu un parcours étonnant, mais était très terre à terre ; et aimait bien jouer au basket. Voilà ce qui m’a attirée chez lui. Notre relation a d’abord été basée sur l’amitié _ mais qu’est-ce qu’un amour qui n’est pas basé sur une amitié ?… Nous sommes partis de là _ une base solide ; et apparemment jamais quittée…
Avez-vous une vision _ vous êtes tous les deux jeunes _ en 1996 _, avez-vous une vision de l’avenir ? de votre vie commune ?

M. O. : Eh bien, il y a de fortes chances que Barack poursuive une carrière politique, encore que ce ne soit pas tout à fait clair. C’est un test intéressant, le Sénat de l’Illinois, bien que nous ayons des accrochages à ce sujet. Quand vous vous impliquez dans la politique, votre vie devient publique ; et les gens qui s’y intéressent ne sont pas forcément bien intentionnés. Je suis assez secrète _ peu bling-bling ! _ ; et j’aime m’entourer de gens que j’apprécie et dont je suis sûre de la loyauté _ une réalité très importante !..

Quand vous entrez en politique, vous devez vous confier _ certes ; un peu (ou beaucoup) à l’aveugle… _ à toutes sortes de personnes. Il est possible que nous nous engagions dans cette direction _ de projets politiques, en 1996, donc… _ ; même si je veux aussi avoir des enfants, voyager, consacrer du temps à ma famille et à mes amis. Il n’est pas sûr que nous y parvenions. Mais nous allons être occupés par des tâches très variées ; et ce sera intéressant de voir ce que la vie a à nous offrir. Nous sommes prêts à nous lancer dans l’aventure pour plusieurs raisons, par exemple, les opportunités que cela peut nous apporter. Plus vous avez d’expérience, plus c’est facile d’agir à différents niveaux.

Si j’étais restée dans un cabinet d’avocats comme co-associée, ma vie serait totalement différente. Je ne connaîtrais pas les gens que je connais ; je serais moins exposée ; et je ne prendrais pas autant de risques. Barack m’a aidée à vaincre ma timidité, à affronter des risques ; puis à essayer un itinéraire plus classique, juste pour voir _ en « essayant » ; à la Montaigne, dirai-je, pour ma part… _, parce que c’est comme ça qu’il a été élevé _ avec « confiance » ; à la Donald Winnicott (cf deux récentes biographies sur ce psychanalyste particulièrement « créatif » : « Winnicott ou le choix de la solitude« , d’Adam Phillips ; et « Winnicott, sa vie, son œuvre«  de F. Robert Rodman) … Donc, il est celui qui… ; je suis plus traditionnelle ; dans le couple il est le plus audacieux.

Le plus aventureux ?

M. O. : Oui. Je suis plus prudente. Il me semble que cela transparaît sur les photos. Il est plus extraverti, plus expansif ; moi je suis plutôt du genre « attendons de voir comment ça se présente et ce que ça apporte« …


Je crois que c’est une bonne façon d’envisager les choses. Très bien, c’est parfait.

M. O. : Bon.

Merci.

M. O. : Je vous en prie.

La bande se casse.

Le projet s’appelle « Des couples en Amérique« . Donc, j’essaye d’établir des relations personnelles avec des couples américains ; et je ne sais pas trop comment m’y prendre, il n’y a pas de méthode ; mais j’essaye de faire un portrait de ce pays.

Cela ne vous ennuie pas de parler un peu de vos origines ? De qui vous êtes ?

Barack Obama : Puis vous me poserez des questions.

Oui, c’est ça.

B. O. : Vous me relancerez.

Oui.

B. O. : J’ai une histoire un peu particulière parce que comme je l’ai déjà dit, mon père était un Africain noir et ma mère une Américaine blanche. Leurs relations n’ont duré que deux ans, à Hawaï, quand ils étaient étudiants ; et ils se sont séparés. Je n’ai donc pas connu de vie de famille traditionnelle. Ensuite ma mère s’est remariée ; et j’ai vécu pendant un temps en Indonésie ; puis je suis retourné à Hawaï.

Vos parents ont-ils été mariés ?

B. O. : Oui, pendant deux ans ; puis ils ont divorcé. Je crois que d’une certaine façon j’ai toute ma vie essayé de me fabriquer une famille _ un point important ! et pas qu’au niveau de leurs deux personnes… _ à travers des histoires, des souvenirs, des amis ou des idées. Le contexte familial de Michelle était différent, très stable avec deux parents, une mère au foyer, un frère, un chien, ce genre de décor. Ils ont vécu dans la même maison toute leur vie.

Et je crois que d’une certaine façon nous sommes complémentaires _ ici encore, un vecteur décisif de l’idiosyncrasie de Barack Obama (bien aidé en cela par Michelle) _, nous représentons deux modèles courants de vie de famille dans ce pays. Un très stable et solide, et un autre qui s’affranchit des contraintes de la famille traditionnelle, voyage, se sépare, est très mobile.

Etiez-vous attiré par l’idée de former une famille stable ?

B. O. : Une « partie de moi » _ la personne n’a rien de « compact » _ se demandait _ Barack a toujours pas mal de distance, à commencer avec lui-même ; tout en étant d’une entière sincérité _ à quoi ressemblerait une vie de famille solide, sécurisante. Alors que Michelle, « d’une certaine façon », avait envie de rompre avec ce modèle. « D’une certaine façon » seulement, parce qu’elle tient beaucoup aux valeurs familiales ; mais je crois que parfois elle voit en moi un mode de vie plus aventureux, plus exotique ; et dans ce sens, nous sommes _ en effet, au final ; et un final toujours « ouvert »… _ complémentaires.

Quel genre de métier exerçait votre père ?

B.O. : Il était économiste ; et il a pas mal travaillé pour le gouvernement.

Le gouvernement des Etats-Unis ?

B. O. : Non, le gouvernement kényan. Il est retourné au Kenya et a fini par se retrouver dans une situation difficile. Il appartenait à cette génération d’Africains noirs qui étaient venus ici pour faire des études avant de retourner chez eux.

Il a étudié l’économie ?

B. O. : Il a étudié l’économie aux Etats-Unis, à l’université d’Hawaï et à Harvard. Il se voyait contribuant au développement du Kenya ; et, pour finir, il a été très déçu, il s’est retrouvé impliqué dans les difficultés politiques ; et le gouvernement l’a inscrit sur une liste noire parce qu’il s’insurgeait contre le népotisme et le tribalisme. Il a eu une vie amère ; et il est mort jeune _ c’est un repère important, aussi. Le père de Michelle a lui aussi relevé quelques défis ; et il a été frappé par la sclérose en plaques. Lui aussi est mort jeune ; mais je pense qu’il avait une vie plus régulière et mieux établie.

Votre mère était anthropologue ?

B. O. : Pas quand mes parents se sont mariés. Elle l’est devenue par la suite ; et a déménagé en Indonésie. Elle est morte récemment, il y a environ un an.

J’en suis désolée. Elle devait être assez jeune.

B. O. : Oui, elle n’avait que 53 ans. Et quand vous appartenez à une petite famille dont tous les membres vous sont très proches… cela a été une période difficile pour moi.

Vous avez des frères et sœurs ?

B. O. : J’ai une sœur du côté de ma mère, elle est à moitié indonésienne comme le second mari de ma mère, et j’ai aussi des frères et sœurs du côté kényan. Ils sont très dispersés ; certains vivent en Allemagne, d’autres au Kenya, d’autres ici, aux Etats-Unis.

Qu’avez-vous ressenti quand vous avez rencontré Michelle pour la première fois ? Qu’avez-vous pensé ?

B. O. : Eh bien, j’ai trouvé qu’elle avait beaucoup d’allure, ça me plaisait. Et puis Michelle est une personne forte, elle sait qui elle est et d’où elle vient.

Mais si vous la regardez au fond des yeux, vous y lirez une certaine vulnérabilité. En tout cas, moi, je la vois ; même si la plupart des gens ne s’en doutent pas : elle arpente le monde, grande, belle, sûre d’elle, très compétente… Il y a une part d’elle-même qui est fragile, jeune, effrayée parfois, et je crois que ce sont ces contradictions _ une richesse, quand on s’en enrichit en une « composition « puissante » _ qui m’ont attiré chez elle. Et puis elle me rend très heureux. Elle m’est très familière _ le terme, ici, est mal traduit _ ; et donc je peux être moi-même avec elle _ et c’est fondamental : une absolue confiance règne ! _ ; elle me connaît bien ; je lui fais entièrement confiance _ voilà ! _ ; mais en même temps, par certains côtés, elle demeure un mystère pour moi _ elle n’est pas un objet (possédé).

Parfois, lorsque nous sommes couchés, je la regarde ; et je suis saisi d’un vertige en réalisant qu’ici est étendue une personne distincte de moi ; qui possède des souvenirs, des origines, des pensées, des sentiments différents des miens _ c’est une pensée magnifique. Cette tension entre la familiarité et le mystère tisse quelque chose de solide _ absolument, on le comprend excellemment ; et on sait que c’est totalement vrai !!! c’est assez rare… _ entre nous. Même si vous construisez une vie basée sur la confiance, l’attention et l’entraide, je crois que c’est important que l’autre continue de vous étonner et de vous surprendre _ mais oui !

Qu’attendez-vous de l’avenir et de votre vie commune ?

B. O. : Les enfants sont une priorité importante. Nous les attendons avec impatience. Je pense que le problème sera de trouver un équilibre entre la vie publique et la vie privée ; qui contrebalancera mon tempérament davantage porté sur la prise de risque et l’ambition que celui de Michelle ; qui a un instinct pour la stabilité, la famille et les valeurs sûres. La façon dont nous aborderons ces questions sera cruciale.

Qu’espérez-vous accomplir quand vous entrerez en politique ? Je ne voudrais pas… mais vous devez avoir des projets ou une qualité de vie à…

B. O. : Vous voulez parlez des autres _ auxquels se consacre en majeure partie l’homme politique authentiquement démocrate. Vous savez, je crois que j’aimerais… ce qui me préoccupe le plus, ce sont les enfants et la façon dont ils sont traités. En tant qu’Africain-Américain, je suis très inquiet pour les enfants dans les quartiers défavorisés, les difficultés qu’ils traversent, le manque total de cadre stable qui leur permette de grandir et de se développer. Cela tient beaucoup à l’économie, aux chances et aux possibilités qui leur sont offertes, à eux et à leurs parents. Cela tient aussi aux valeurs, par exemple aux valeurs familiales dont on parle _ parfois insincèrement _ sans arrêt, les politiciens ne cessent de s’y référer.

Mais les valeurs ne sont pas qu’individuelles, elles sont collectives.
Les valeurs, les enfants les trouvent autour d’eux _ en des exemples on ne peut plus concrets ! _ ; et s’ils constatent que la vie de leurs parents et de leur communauté n’est pas valorisée, si leurs écoles et leurs foyers s’effondrent, de même que la vie des gens parce qu’ils n’ont pas de travail ou d’opportunités intéressantes, comment voulez-vous que des enfants créent des valeurs à partir de rien ?


Ma priorité est de ramener les valeurs
_ oui… _ publiques ou collectives au centre du débat _ politique démocratique _, car nous formons tous une grande famille, au-delà des clivages de races ou de classes sociales _ probablement l’axe (et vecteur) principal du projet obamien ; et la clé de sa victoire ; de l’élan de confiance qui lui a été « donné » par 53% du peuple américain _ ; et nous avons des obligations et des responsabilités _ oui ! _ les uns envers les autres. C’est peut-être là que le public et le privé se rencontrent quand on en vient aux couples, aux relations, à la famille ou aux tribus _ le mot est ici encore mal traduit. La priorité, c’est l’empathie ; la conscience des responsabilités partagées, la capacité de vous mettre à la place de l’autre _ voici les points décisifs et de cet entretien (avec Mariana Cook, en 1996, à Chicago) ; et du programme impératif que s’est donné le président élu, et 44ième Président des Etats-Unis d’Amérique. C’est ainsi que mon mariage avec Michelle reste vivant _ on le croit ; on le sait ; ce n’est pas de la poudre aux yeux électoraliste ! _, parce que nous sommes capables d’imaginer _ avec une vraie empathie _ les espoirs, les douleurs ou les combats des autres ; et le défi pour tous est de faire passer cela d’une cellule familiale au domaine public _ quel programme magnifique ! Et quel espoir pour le monde entier !

Voilà donc ce que,

à partir des propos recueillis par Mariana Cook (avec une traduction de l’anglais par Hélène Prouteau) dans l’article « En 1996, les confidences de Michelle et Barack Obama« , paru dans l’édition du 11.01.09 du Monde,

j’ose _ tout personnellement, de mon petit coin de France _ espérer de la présidence Obama…

Titus Curiosus, le 10 janvier 2009

Sur la part des désirs (d' »amateurs » d’oeuvres) dans la vie (et l’Histoire) des Arts

10jan

Tout spécialement pour Michèle Cohen

Un très intéressant _ par la précision de ses détails, comme par la vigueur et la pertinence de ses focalisations _ travail d' »Histoire de l’Art » : « Les Amateurs d’Art à Paris au XVIIIe siècle« , par Charlotte Guichard, dans la collection « Époques » aux Éditions Champ Vallon

_ l’ouvrage paru en septembre 2008 est assez tardivement « apparu » dans la chronique de livres des journaux : dans le cas de ma « découverte », c’est grâce à l’article « Profession : amateur«  (avec pour sous-titre « le rôle de l’Académie royale au XVIIIe siècle« ) de Jean-Yves Grenier, en page du cahier « Livres » de Libération, jeudi 8 janvier dernier…

L’article étant accompagné de cette phrase le « signalant » au lecteur (peut-être parfois un peu trop pressé) : « Parlementaire, financier, mais aussi membre de l’élite politique » (…) « l’amateur doit faire preuve d’un goût sûr et éclairé, à la différence d’un simple curieux« …

Le distinguo « amateur« / »curieux » m’ayant particulièrement « accroché »…

D’autant que l’article de Jean-Yves Grenier, en ce cahier « Livres » de Libération, en « suivait » un autre consacré, lui aussi, à la « réception » des Arts (et à la « constitution » des « publics« ) :

un article de Dominique Kalifa « L’Europe en scènes«  (sous-titré « La Somme de Christophe Charle sur l’essor du spectacle« ), consacré au livre « Théâtres en capitales _ Naissance de la société du spectacle à Paris, Berlin, Londres et Vienne« , aux Éditions Albin Michel..


Or ces questions de la « réception » des œuvres, ainsi que de l’existence même d’une « vie _ et d’abord d’une « réalité » même « artistique » ! _ artistique« , donc, sont à la source même (et « inspiration », ou « souffle ») de ce blog

_ qui ne s’appelle pas pour rien « Carnets d’un curieux«  ; et encore « En cherchant bien » ; et de la part de qui se nomme et signe Titus Curiosus !!!

Ainsi l’Art « existe »-t-il bel et bien, en dehors (et en aval) de l’acte (de la création) même _ au jour le jour, en quelques moments (plus) intenses (que d’autres) _ de l’artiste ; ainsi qu’en des œuvres qui vont (un peu ; et plus ou moins… ; d’une certaine façon, en tout cas, et qui leur est propre) demeurer (et durer un peu) ; s’offrant, un moment (plus ou moins bref, ou prolongé…), à quelque « rencontre » et « contemplation » (plus ou moins jubilatoire, voire extatique ! mais oui !!!) d’un autre (= autrui) qui s’y livre, s’y donne, s’y adonne peut-être, si peu que ce soit… ;

ainsi, donc

(en conséquence de cette « chaîne » d’activités _ créatrices et æsthétiques _ là…)

l’Art « existe »-t-il aussi sous le regard

_ et les (divers) sens (= complémentaires les uns des autres), tous plus ou moins convoqués _ d’un « amateur« , et d’un « public« , qui s’en enchante ; et le valorise _ y applaudit ; au point de parfois même (voire souvent, voire toujours) payer un prix fou (!) pour en jouir ; et, dans certains cas, « acquérir » lœuvre _ si et quand « œuvre » il y a bien… _, en devenir le « possesseur », qui s’en assure une permanence _ et/ou exclusivité _ de « jouissance » (et peut devenir, aussi, alors _ « en suite »… _, un « collectionneur » d’œuvres d’Art…)…


Bref, un « sujet » qui m' »intéresse » passionnément ;

car l’Art même est menacé en sa « vie » même

_ et en sa plus élémentaire matérialité ; et économique ! _

de n’être pas ;

et, à sa suite, encore plus menacé, lui, le « goût » _ qui serait alors rien que « mort-né » !.. _ de l’Art ;

menacé de, tout bonnement, n’être pas

_ quel terrible paradoxe ! pour tant de générosité de joie prodiguée !!! _

un peu largement partagé : au-delà de ce que l’on, en son corps, ressent soi ;

et sur cette question

éminemment cruciale _ à mes yeux _,

on se reportera toujours avec le plus grand profit de compréhension

_ et parmi quelques autres,

tel l’essentiel, lui aussi, « Homo spectator » de Marie-José Mondzain ;

ainsi que le si merveilleux « L’acte esthétique » de Baldine Saint-Girons ; j’y reviens toujours !!! _,

au livre très remarquable de Jacques Rancière « Le Partage du sensible« , paru en avril 2000, aux Éditions La Fabrique…


Fin de l’incise.

Je reviens dare-dare aux enjeux des distinctions entre curiosité (à propos des « curieux« ), amour (à propos des « amateurs« ), et connaissance (à propos des « connaisseurs«  _ et bientôt « experts«  : au siècle suivant, plus « lourd » ; et dominé, lui, par les « marchands », à un moment d’expansion, bientôt « irrésistible » (?) de la « marchandisation »…) ès Arts…

La première phrase de « conclusion » _ page 339 du livre de Charlotte Guichard, « Les Amateurs d’Art à Paris au XVIIIe siècle » _ le dégage on ne peut plus clairement,

et plus largement encore

et que « à Paris »

et que « au XVIIIe siècle » :

« Le XVIIIe siècle est l’âge d’or de l’amateur, entre l’apogée du mécène au XVIIe siècle et celui du collectionneur au XIXe siècle.« 

Mais Charlotte Guichard précise tout aussitôt : « Loin d’être une figure universelle de l’amour de l’art _ une expression capitale ! _, l’amateur au siècle des Lumières _ et surtout à Paris ; à la différence de Londres, de Berlin ou de Dresde, ou de Rome (exemples choisis par cet auteur) !.. _ est un acteur important du système monarchique _ en France : à Versailles et à Paris, pour l’essentiel… _ des arts. Son essor est lié _ voilà le principal acquis de ce travail-livre _ à la réforme académique qui se met en place dans les années 1740 _ le roi Louis XV, né le 15 février 1710, abordant tout juste alors sa trentaine _ : le modèle de l’amateur, théorisé par le comte de Caylus en 1748, est une réponse de l’Académie royale de peinture à l’ouverture de l’espace artistique _ un concept assez intéressant ; et à creuser-explorer… _ à l’espace public de la critique et du marché«  _ deux facteurs qui deviennent ici et alors décisifs !

Charlotte Guichard synthétise les acquis de sa recherche : « Associé à l’institution académique à travers le statut d' »honoraire », l’amateur est défini par l’exercice du goût, que la connaissance visuelle _ dans le cas, bien évidemment, des arts plastiques, et au premier chef desquels se trouve la peinture ; mais l’analyse peut s’appliquer à d’autres Arts, à commencer par la musique ! _ des œuvres, la pratique artistique en amateur _ et c’est un des apports très concrets de son travail ici que de l’avoir révélé et très bien mis en valeur _, et les relations de sociabilité avec les artistes _ qui, de fait, se développent alors (par exemple en la fréquentation de « salons », à la Ville…) _ doivent perfectionner.

Face à la publicité nouvelle du jugement de goût _ à la Ville (= Paris), par rapport à la Cour (de Versailles) ; dans les salons (parisiens, donc) ; mais aussi dans la presse qui va très vite se développer et prendre de l’ampleur _, l’Académie royale propose donc une alliance _ « politico-culturelle », pourrait-on dire, si l’on ne craignait le pléonasme ; en un « milieu » plus ouvert et plus large que le milieu de cour ; auquel Louis XIV, fort habilement cornaqué par son parrain romain, le plus que judicieux Jules Mazarin (né à Pescina dans les Abruzzes le 14 juillet 1602, formé auprès du pape Urbain VIII Barberini, à Rome, et décédé au Château de Vincennes le 9 mars 1661…), avait consacré son effort _ ;

une alliance entre les artistes et les amateurs, dont le rôle de conseil est rendu légitime par leur position de médiateurs _ le terme est bien intéressant ! _ entre l’espace de l’atelier et l’espace des sociabilités, où se recrutent les commanditaires.

Les amateurs sont donc au cœur d’une conception académique _ la chose est directement issue de Rome (et des « académies » romaines !!! ; après Florence ; et, en amont, via Venise, la Constantinople byzantine d’avant 1453…) _ du public, qui promeut des communautés de goût _ un concept diablement intéressant ! lui aussi !.. _ associées au système monarchique des arts,

comme le montrent les écrits du comte de Caylus

_ Anne-Claude-Philippe de Tubières-Grimoard de Pestels Levieux de Lévis, comte de Caylus, marquis d’Esternay, baron de Bransac, né à Paris le 31 octobre 1692 et mort le 5 septembre 1765 ;

et fils de Madame de Caylus (1673-1729 _ lire ses très intéressants « Souvenirs« , dans l’édition du Mercure de France), nièce (chérie et tout spécialement « élevée » par elle) de Madame de Maintenon… ;

sur Caylus, lire : « Le Comte de Caylus : les Arts et les Lettres« , études réunies et présentées par Nicholas Cronk & Kris Peeters, aux Éditions Rodopi, en 2004 ; et « Caylus, mécène du roi : collectionner les antiquités au XVIIIème siècle« , sous la direction d’Irène Aghion & Mathilde Avisseau-Broustet, à l’Institut National de l’Histoire de l’Art, en décembre 2002 _

et, avant lui, ceux de l’abbé Du Bos

né en décembre 1670 à Beauvais et mort le 23 mars 1742 à Paris : existe une édition récente, à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts, en 1993 (mais hélas non disponible : épuisée !), de ses « Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture » (dont la toute première édition est de 1719 _ par Pierre-Jean Mariette) ;

on pourrait y joindre utilement aussi les écrits  _ « Abecedario de P.-J. Mariette, et autres notes inédites de cet amateur sur les arts et les artistes, ouvrage publié par MM. Ph. de Chennevières et A. de Montaiglon » _ de Pierre-Jean Mariette lui-même (né à Paris en 1694 et mort à Paris en 1774)…

Juste le temps, encore, de quelques brèves précisions qu’apporte Charlotte Guichard, pages 15 à 17, aux distinctions quant à quelques uns des « médiateurs« 

qui _ écrit-elle, page 15 _ « ne sont pas dans une relation secondaire par rapport à l’œuvre : ils participent activement _ oui ! _ à sa création _ rien moins ! en effet… _, à sa reconnaissance et à sa réception, grâce aux relations d’interdépendance qui structurent _ aujourd’hui comme alors ! comme cela est (tragiquement ; cruellement ; suicidairement !) méconnu ; et pis encore, négligé, hélas !!! _ les « mondes de l’art » ! :

une expression dont il faut mesurer avec soin toute la portée (et les « exclusions ») !!!


Je lis, page 15 : « Mentionné pour la première fois dans le dictionnaire de l’Académie française _ dont c’était la toute première édition _ en 1694, le terme d' »amateur » est alors rapporté au domaine des objets, en particulier des productions savantes, littéraires ou artistiques :

« Qui aime. Il ne se dit que pour marquer l’affection qu’on a pour les choses, & non celle qu’on a pour les personnes. Amateur de la vertu, de la gloire, des lettres, des arts, amateur des bons livres, des tableaux. »

Un peu plus bas, pages 15 et 16 :

« En France, la littérature artistique spécialisée confirme la stabilisation du lien entre le terme d' »amateur » et la peinture au milieu du XVIIIe siècle »

_ en 1746, 57 & 59 ;

attestant « la spécialisation picturale du terme »

et résumant « la définition autour du « goût », devenu l’attribut essentiel de l' »amateur ». »

Charlotte Guichard synthétise :

« l' »amateur » est défini dans un rapport de prédilection, mais aussi de discernement et de compétence :

l’opposition avec la figure du professionnel apparaît pour la première fois

_ en 1759, dans le « Dictionnaire portatif des Beaux-Arts« , de Lacombe de Prézel…

L’amateur s’inscrit donc dans la sphère de l’otium et des loisirs cultivés.


Surtout, Charlotte Guichard note, et marque, que « dans « L’Encyclopédie », la figure de l' »amateur » est construite au sein d’un champ sémantique plus large : un intense souci taxinomique travaille les définitions, qui spécifient les figures du « curieux », de l' »amateur » et du « connaisseur » ; et  les inscrivent dans des hiérarchies de valeur.

Soit la définition du « curieux » par Paul Landois :

« CURIEUX. Un « curieux en peinture« , est un homme qui amasse des dessins, des tableaux, des estampes, des marbres, des bronzes, des médailles, des vases, &c. ce goût s’appelle « curiosité« . Tous ceux qui s’en occupent ne sont pas connaisseurs ; et c’est ce qui les rend souvent ridicules, comme le seront toujours ceux qui parlent de ce qu’ils n’entendent pas. Cependant la curiosité, cette envie de posséder qui n’a presque jamais de bornes, dérange presque toujours la fortune ; & c’est en cela qu’elle est dangereuse. Voyez AMATEUR. »


L’auteur _ Paul Landois, commente Charlotte Guichard, page 15 _ définit le « curieux » par la pratique de l’accumulation (il « amasse »), et non par l’exercice du goût. Il le distingue du « connaisseur », mais le renvoie à l' »amateur », confortant l’hypothèse d’un champ sémantique large.


La définition du « connoisseur » dans l’« Encyclopédie » confirme cet effort taxinomique :

« CONNOISSEUR. N’est pas la même chose qu’amateur. Exemple. Connaisseur, en fait d’ouvrages de Peinture, ou autres qui ont le dessin pour base, renferme moins l’idée d’un goût décidé pour cet art, qu’un discernement certain pour en juger. L’on n’est jamais parfait connaisseur en peinture, sans être peintre ; il s’en faut même beaucoup que tous les Peintres soient bons connoisseurs. »

Le « connaisseur » _ commente Charlotte Guichard, page 16 _ est défini par son savoir (« discernement ») et sa compétence à juger les œuvres. Il se distingue de l' »amateur », qui, lui, est défini par son « goût » : « Il se dit de tous ceux qui aiment cet art, & qui ont un goût décidé pour les tableaux. »

Le souci de spécifier ces différentes figures en établissant un jeu de renvois et d’oppositions révèle la volonté d’organiser un ordre légitime des pratiques du goût. Cette opération de définition _ en déduit Charlotte Guichard, page 17 _ fait donc surgir une hiérarchie de valeurs associées à ces expériences _ ainsi distinguées  _ de l’objet.

La critique du « curieux » est définitive : ainsi, l’effacement du terme au XVIIIe siècle renvoie à la condamnation de l’accumulation, parallèlement au déclin de la culture de la curiosité.

Krzysztof Pomian _ en son « Collectionneurs, amateurs et curieux » (en 1987) _ a bien montré que les définitions du « curieux » sont construites autour du « désir de totalité ». Dans l’organisation du champ sémantique, ce type de disposition laisse place au goût _ associé à l' »amateur » _ et aux compétences artistiques _ associées au « connaisseur », caractérisé par son « discernement », ses « connaisances » et ses « lumières ».


Ceci annonce _ propose, dès cette page 17 de l’« Introduction » à son travail, Charlotte Guichard _ le triomphe d’un régime d’expertise dans les mondes _ divers ; y compris ce qui se situe à son extérieur ! _ de l’art.


Le marchand d’art Gersaint _ et cette référence est passionnante ! _ inscrit ainsi _ en 1744, en son « Catalogue de Quentin de Lorengère » : note 2, page 17 _ ces figures dans une hiérarchie stable de valeurs : il distingue « les Curieux de Tableaux & les Amateurs de la Peinture ». Seuls ces derniers sont susceptibles d’acquérir les compétences techniques en « admir(ant) le mérite et les talents de chaque _ en sa singularitéMaître » : « par gradation, on acquiert la qualité de connoisseur« .

En 1792, le « Dictionnaire des arts de la peinture » résume cette hiérarchie des valeurs associées aux pratiques de la prédilection : « On est connoisseur par étude, amateur par goût, & curieux par vanité. »

Il est vrai que la pente du second XVIIIe siècle, celle qui a mené au régime de la guillottine sous la Terreur, a été le commandement de « toujours plus de vertu  » !..


Pendant ce temps, les « affaires » _ exclusivement marchandes ?!.. _ n’en « tournent » que mieux…

Et bientôt, dès le XVIIIème siècle, la « place » de Londres concurrence, sinon supplante déjà, « celle » (commerciale) de Paris…

Mais, à trop effacer, et la « curiosité » (des « curieux ») et l’amour (des « amateurs ») au seul profit de l’expertise _ mais de qui ? et de quels « connaisseurs » ? Est-elle technique ? est-elle artistique ? est-elle marchande (et exclusivement marchande)  ?.. cette dite « connaissance »-« expertise »-là ?.. _, ne jette-t-on pas Bébé (« Art ») avec l’eau de son bain (les « mondes des Arts ») ?..

En Art, Désir et Amour _ et chance des rencontres ! _ sont indispensables ;

et n’obéissent _ certes pas ! _ au doigt et à l’œil, non plus qu’à la commande _ de quelque ordre qu’ils ou qu’elle(s) soi(en)t…

Il y faut aussi pas mal d’empathie

_ et peut-être encore, au delà des œuvres elles-mêmes, stricto sensu, avec les artistes, en personne (et en chair et en os) !.. _ ;

et _ loin du calcul, exclusivement « spéculatif » _ de la générosité…


Titus Curiosus, le 10 janvier 2009

Quant au survivre : un bel article à propos des (difficiles) errances amoureuses (et blessures) de Paul Celan

09jan

Un bel article _ par Carlos Ortega, directeur de l’Institut Cervantes de Vienne : « Paul Celan, un moribond amoureux » _ dans l’édition de ce jour, 9 janvier 2009, de l’excellent quotidien de langue espagnole El País,

quant au si difficile « survivre » de Paul Celan :

TRIBUNA : CARLOS ORTEGA

Paul Celan, el moribundo enamorado

El gran poeta judío que escribió en la lengua de sus verdugos consiguió escapar de la persecución nazi, pero su vida estuvo dañada por la experiencia del genocidio y por el sentimiento de culpa del que ha sobrevivid

CARLOS ORTEGA 09/01/2009

Del Holocausto hubo víctimas mortales y víctimas moribundas. La cifra de víctimas del exterminio de los judíos por parte del nazismo en Europa es conocida, pero la verdadera magnitud del Holocausto sólo es completamente visible si se tiene en cuenta también a los supervivientes del crimen. La tradición judía acuñó un término para referirse a ellos : sheerit, el remanente, lo que quedó _ celui qui demeure ? le « survivant » ?.. Esa carga residual tiene, en el término hebreo, un matiz de orfandad : lo que quedó, pero lo que quedó sin nada ni nadie. El núcleo de este remanente lo constituyeron los cerca de 50.000 judíos liberados de los campos de concentración dispersos por Austria y Alemania en abril y mayo de 1945.

A ellos habría que sumar algunos cientos de miles que antes se habían escabullido por poco de las tenazas asesinas de Hitler, pero que se vieron igualmente huérfanos, vagando por las frías estepas del Este europeo o por los sórdidos ambientes de las capitales donde se ocultaron hasta alcanzar un lugar más seguro en el mundo.

El poeta Paul Celan fue uno de éstos. Había escapado a las redadas que los soldados alemanes llevaron a cabo sistemáticamente durante los fines de semana de 1942 en su ciudad natal de Czernowitz, entonces en Rumania y hoy en Ucrania. Su novia, Ruth Lackner, le había conducido hasta un refugio a las afueras un día de junio en el que sus padres, que no habían querido seguirle a su escondite, hartos de la indignidad a que les forzaba la ocupación alemana, serían detenidos. Su padre moriría de tifus meses después en el campo de concentración de Transnistria, adonde habían sido deportados, y su madre lo haría un poco más tarde, asesinada de un tiro en la nuca en el mismo campo. Celan viviría ya siempre como el que quedó.

El destrozo de la soledad y de la pérdida, el clavo de la culpa, el desvarío por la violencia terminal y la humillación sufridas quebraron la capacidad de los supervivientes del Holocausto para vivir

_ un point crucial ! que nous aident un peu (!) à comprendre, par exemple, « Les naufragés et les rescapés« , le livre-maître (!) de Primo Levi ; « Kaddish pour l’enfant qui ne naîtra pas« , « Liquidation » & « Le chercheur de traces » (publié aussi dans le recueil _ magnifique ! _ du « Drapeau anglais« ) d’Imre Kertész ; et aussi « Histoire d’une vie » d’Aharon Appelfeld : tous auteurs et livres essentiels !!! _,

igual que se quiebra un árbol, con el particular chasquido que le desgaja de su raíz principal. Muchos sucumbieron a tan extrema desgracia, y se suicidaron en los primeros años después del fin de la guerra _ ou plus tard. Celan, sin embargo, pudo durante un tiempo luchar en su interior por no ser leña seca, y se resistió a su destrucción. Él constituye un ejemplo más, añadido a los Horowitz, Shmueli, Appelfeld _ le voici… _ y tantos otros de Czernowitz

_ sur « Czernowitz », on lira le très beau « Bruits du temps _ poèmes de Czernovitz«  (de douze auteurs juifs de langue allemande, nés entre 1898 et 1924, traduits de l’allemand et présentés par François Mathieu), aux Éditions Laurence Teper, paru en mars 2008 _

y de otros muchísimos lugares que también sobrevivieron. Pero, aunque no es un modelo, se puede rastrear su resistencia, porque habita en sus poemas escritos en la lengua de sus verdugos, una lengua que él cuidó con delicadeza extrema como si fuera un cristal único, frágil y radiante, capaz de transparentar con fidelidad el complejo espectro de su experiencia y de su espíritu.

La lengua alemana era, en efecto, el instrumento que hacía posible el espesor de los estratos sentimentales y la polisemia que Celan buscaba llevar a su poesía, porque era una lengua agitada en la emoción de lo familiar y de lo extraño, un sortilegio para tener presente el mundo invariable de su madre y de sus tías, su amor incondicional, el círculo de amigas que lo admiraban, y el mundo aprendido de la poesía alemana. Celan se sentía un traidor por seguir viviendo allí donde se había extinguido lo humano, un muerto viviente _ sans doute : et l’expression donne bien à penser !.. Lire là-dessus et Primo Levi, et Imre Kertész, et Aharon Appelfeld ! _ que carecía ya de aquel amor infinito de su infancia en una espera sin límites _ l’expression de Carlos Ortega est réellement magnifique… Si el judío, como Albert Cohen _ le marseillais, auteur de « Belle du seigneur«  et du « Livre de ma mère«  _ explicó, ha buscado en el siglo XX el amor fraterno del gentil como condición _ tellement difficile, précaire, problématique… _ para no sentirse expulsado _ un mot qui fait frémir !!! _ de la humanidad _ et de la communauté des humains non-inhumains ! à l’heure de tant d’autres expulsions de tant de pauvres gens… : je suis en train de lire « L’Amour des autres _ Care, compassion et humanitarisme« , le très riche n° 32 de la revue du MAUSS, qu’ont dirigé Alain Caillé et Philippe Chanial _, la carencia de Celan agravó su sufrimiento de la existencia. Entonces él, el enamoradizo, buscó allá por donde iba ese amor infinito que le faltaba.

Tal vez por ello, escribir para Paul Celan fuera, como para el mismo Cohen, escribir a una mujer, seducir a una mujer. Sus poemas están llenos de un normalmente femenino al que se toma como interlocutor. Hay 1.400 du en la obra del poeta, y es la palabra más repetida en ella. Cada uno de esos no es una evocación imprecisa de una entidad eterna. En muchos casos es su propia madre, pero en otros muchos responde a mujeres con las que Celan mantuvo relaciones. En medio del odio que le había negado la existencia, Celan levantó poemas que, como ha visto Bertrand Badiou _ éditeur de la « Correspondance » entre Paul Celan et Ileana Shmueli ; et de bien des œuvres traduites en français de Paul Celan _, tienen una lectura claramente amorosa o aun erótica.

Detrás, pues, de ese se esconde la presencia de Ruth Lackner, una judía austriaca, actriz, a quien Celan dejó mecanografiada su primera colección de poemas antes de huir desde Bucarest hacia París, a través de Viena. Está ella, pero también Rosa Leibovici, a quien conoció en los últimos años en Czernowitz y que le siguió a Bucarest (1944-1947), o Ilana Shmueli, apenas una adolescente entonces, y con quien el poeta volvió a encontrarse en diversas ocasiones a partir de 1965 en París y en Jerusalén. El de Celan se extiende por otras latitudes y por todos sus libros. A su paso por Viena, en 1948, conoce y se enamora de la poeta Ingeborg Bachmann, hija de un maestro de Carintia miembro del partido nazi. Con Bachmann, Celan se encontrará varias veces más, sobre todo entre el otoño de 1957 y julio de 1958, recomponiendo un vínculo que unía a dos extraños a pesar de su amor

_ sur Ingeborg Bachmann, outre son œuvre, bien sûr (!), dont son roman « Malina« , on peut lire une biographie, par Hans Höller, parue, traduite en français, aux Éditions Actes-Sud : « Ingeborg Bachmann« .

Cuando en 1948 llega a París, Celan frecuenta el círculo de su amigo rumano Isac Chiva, del que también participa Ariane Deluz, primera mujer de Chiva y amante de Celan entonces y en sus últimos años. Es precisamente Chiva quien presenta al poeta a la que será su futura mujer, la artista gráfica Gisèle Lestrange, e inmediatamente surge entre ambos una pasión intensa.

En 1952 se casan y en 1955 tienen a su hijo Éric. Celan aspiraba a crear una familia como se aspira a tener una vida plena. Amaba a su mujer y a su hijo, pero no pudo alcanzar esa aspiración. Al final de la década de 1960, hubo de separarse de ellos y vivir solo.

Antes, entre 1953 y 1962, Britta Eisenreich había sido su « mujer alemana« . Eisenreich está ultimando la escritura de lo que seguramente serán unos interesantes recuerdos de su relación con Celan.

Sin embargo, donde realmente se puede rastrear el alcance de los lazos con todas estas mujeres _ du moins pour nous autres, lecteurs, aujourd’hui _ es en la correspondencia que Celan mantuvo con ellas. Algunos de estos cruces de cartas han conocido en los últimos tiempos una publicación acompañada generalmente con notas esclarecedoras de sus editores. Magnífica por mil razones, la correspondencia con su mujer, Gisèle _ oui ! _, pone al descubierto el doloroso forcejeo entre el amor del poeta a su familia _ oui… _ y su locura, que fabricó la gasa negra en la que se asfixiaron los últimos diez años de su vida _ en effet. Lo que él mismo llamó « su enfermedad » era grave, producto de una personalidad sumamente dolorida, dañada sin remedio _ hélas _ por la experiencia del genocidio y por el sentimiento de culpa del que queda _ le « rescapé » d’entre les « naufragés » dont a parlé, en son ultime témoignage : essentiel ! Primo Levi : « Les naufragés et les rescapés« . En una anotación de 1966 del diario del filósofo Emil Cioran, se puede leer : « Anoche, en una cena, me enteré de que habían internado a Paul Celan en una casa de salud, después de que intentara degollar a su mujer. (…) Ese hombre encantador e insoportable, feroz y con accesos de dulzura, al que yo estimaba y rehuía, por miedo a herirlo, pues todo le hería » _ « herer » = « blesser »…

Celan había oído por fin aquel chasquido que le separaba de la existencia. Mientras pudo, se había alimentado con el amor de esas mujeres, un amor que necesitaba y buscaba, sin saciarse, también como motor para su poesía. Pero esa vitalidad de moribundo se acabó con el brutal tratamiento psiquiátrico a que fue sometido durante una década de duros internamientos clínicos con administración de psicotropos y electroshock : « Había muchas fuerzas reunidas en mí _ no sólo las de la poesía _, que eran una sola fuerza, una sola. Han querido quitármelas _ tal vez porque eran demasiado grandes _ ; mi fuerza era tan grande que no han podido dejármela. Me defendí durante mucho tiempo, pero cuanto más decidido y concentrado llevaba ese combate, más dura se hacía la caída« , le escribió en una carta de 1969 a Ilana Shmueli. Cuatro meses más tarde, el moribundo enamorado se arrojó al río Sena.

Carlos Ortega, escritor, traductor y editor, es director del Instituto Cervantes de Viena. Su último libro publicado es « La perfecta alegría« (Pre-Textos).

Un bel article, qui nous invite à (re-)lire d’abord Paul Celan :

ce qui demeure de sa poésie :

« La Rose de personne« , « Renverse du souffle« , « Grille de parole« , etc… ;

et sa correspondance aussi…


Titus Curiosus, le 9 janvier 2009

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