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Comparer trois interprétations du Motet « Ego dormio » de Claudio Monteverdi (publié à Rome en 1626) : par Il Concerto italiano de Rinaldo Alessandrini (en 1996), par l’Ensemble Concerto de Roberto Gini (en 2004), et par I Disinvolti de Massimo Lombardi (en 2020) ; ou servir au mieux l’italianité de ces Motets italiens du premier Seicento, d’une tendresse sublime…

27mar

En désirant creuser mon plaisir pris aux écoutes renouvelées du merveilleux CD « Motets from the Song of Songs – Vulnerasti cor meum » des I Disinvolti, le CD de toute beauté (!) Arcana  A 562 _ cf mon article d’hier « «  _,

j’ai recherché dans ma discothèque personnelle une autre interprétation du Motet qui m’est apparu comme le probable sublime sommet de cet admirable programme si merveilleusement servi ici par I Disinvolti sous la direction de Massimo Lombardi,

je veux dire le Motet « Ego dormio » de Claudio Monteverdi,

paru à Rome en 1625 au sein d’une anthologie intitulée « Sacri Affetti« . réunie par les soins de Francesco Sammaruco (Edition Luca Antonio Soldi),

et assez peu présent au disque…

C’est ainsi qu’après une petite recherche, je suis tombé sur le CD « Monteverdi – Musica sacra » du Concerto italiano de Rinaldo Alessandrini, le CD Opus 111 OPS 30-150, enregistré et paru en 1996.

En janvier 1996, à Briosco,

les interprètes de ce Motet « Ego dormio » « à soprano e basso » du Concerto Italiano, à la plage 20, étaient Elisa Franzetti, soprano, Sergio Foresti, basso, ainsi qu’Andrea Damiani et Tiziano Bagnati, tiorba.

….

Puis, après une seconde recherche, se présente à moi le double CD « Claudio Monteverdi – Sacred Music » de l’Ensemble Concerto de Roberto Gini, le double CD Dynamic CDS 491/1-2, enregistré à Vigevano au mois de septembre 2004 et paru en 2006.

Et en septembre 2004, à Vigevano,

les interprètes _ superbes ! _ de ce Motet « Ego dormio » de l’Ensemble Concerto, à la plage première de leur second CD, étaient Antonella Gianese, soprano, Salvo Vitale, basse, et Roberto Gini, à l’orgue _ écoutez-ici les 3′ 25 de cette lumineuse interprétation de 2004…

 

Alors qu’en juin 2020, à Breno,

les interprètes de ce même Motet « Ego dormio » « à deux voix, pour soprano (ou ténor) et basse, avec accompagnement de basse continue« , sont cette fois Massimo Altieri, tenor, Guglielmo Buonsanti, bass, Noelia Reverte Reche, viola di gamba et Nicola Lamon, organ :

une interprétation à nouveau de très haute tenue, et superbe de tendresse.

Et il me faut dire qu’à mes oreilles et à mon goût, l’interprétation de cet « Ego dormio » monteverdien des Disinvolti _ avec leur choix des voix et des instruments _ est, elle aussi, d’une tendresse retenue infiniment délicate et juste :

à tomber totalement sous le charme de cette musique d’une douceur enveloppante et pudique sublime…

Ce présent CD « Vulnerasti cor meum » _ comportant 17 Motets (d’entre 1606 et 1643) de 16 compositeurs différents _ des Disinvolti, est un enchantement musical d’une réussite discographique absolue,

qui met aussi, et plus généralement, excellemment en évidence le niveau transcendant de toute cette musique « amoureuse » religieuse en Italie, entre 1606 et 1643,

héritière de l’ère magnifique du Madrigal…

Et je place désormais cet ensemble des Disinvolti, inconnu de moi jusqu’ici, au niveau de la merveilleuse Compagnia del Madrigale… 

Et même si c’est en latin _ et pas en italien _ qu’est le texte de ces Motets,

il va pour moi sans dire que la très patente « italianité » de ces Motets place les seuls ensembles d’interprètes italiens en mesure de leur rendre pleinement et le plus splendidement justice !!!

Ce CD enchanteur d’une tendresse sublime, « Vulnerasti cor meum« , est donc tout simplement un must !

Ce mercredi 27 mars 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Sublime Piotr Anderszewski dans le profond de la poésie d’un programme « Janacek – Szymanowski – Bartok », comme je les aime…

27jan

Le toucher de piano de Piotr Anderszewki est très souvent magnifique : sa douceur, sa justesse la plus intime.

Avec son CD « Janacek – Szymanowski – Bartok« , le CD Warner Classics 5054197891274

qui vient récemment de paraitre,

une nouvelle fois Piotr Anderszewski nous comble…

Et tout spécialement, outre, et d’abord bien sûr, son magique toucher, par son confondant art de choisir les pièces de son programme, ainsi que leur ordre d’apparition, et d’ordonner l’éblouissante composition _ exclusivement musicale ! _ de celui-ci :

ici du Janacek de 1911 au Szymanowski de 1924, et du Szymanowski de 1924 au Bartok de 1908…

Le magistral résultat musical _ tout en humilité et naturelle évidence _ de ce magique CD est confondant de beauté !

C’est l’article, le 13 janvier dernier, de Pierre-Jean Tribot dans Crescendo, intitulé « Piotr Anderszewski, le promeneur songeur des sentiers escarpés« , qui m’a appris l’existence de ce nouveau CD du pianiste polonais…

Voici donc cet excellent compte-rendu :

Piotr Anderszewski, le promeneur songeur des sentiers escarpés

LE 13 JANVIER 2024 par Pierre Jean Tribot

Leoš Janáček (1854-1928) : Sur un sentier recouvert, Livre II ;

Karol Szymanowski(1882-1937) : Extraits des 20 Mazurkas, Op.50 M.56 ;

Béla Bartók (1881-1945) : 14 Bagatelles, Op.6 Sz.38.

..

Piotr Anderszewski, piano. 2016.

Livret en : français, anglais et allemand.

63’12.

5054197 891274.

Piotr Anderszewski est un artiste unique _ probablement, oui _ par la singularité des propositions musicales qu’il élabore. Chacun de ses disques est attendu par les commentateurs toujours heureux de stimuler leurs neurones avec des objets qui sont l’incarnation d’un véritable travail et d’une réflexion sur les œuvres et leurs combinaisons _ voilà : le programme est admirablement composé…

Dès lors, c’est avec grande satisfaction que l’on ouvre cet album que Warner a bien pris le temps de faire mûrir dans ses caves….car enregistré en _ octobre _ 2016 à Varsovie et _ en juillet-août 2023 à _ Berlin, ce disque ne sort curieusement que maintenant _ en janvier 2024.  On espère donc tenir un millésime musical de choix !

Ce qui séduit _ complètement ! _ avec le jeu de Piotr Anderszewski, c’est sa capacité à cerner l’essence et le ton _ spécifique _ des pièces, souvent courtes ou brèves, de rentrer au plus profond des musiques tout en marquant les césures, les différences et les contrastes _ c’est là parfaitement vu ! Dans le Cahier n°2 de Sur un sentier recouvert (Po zarostlém chodníčku) de Leoš Janáček _ ce cahier a été composé en 1911…  _, l’artiste nous mène avec sens des images au travers de cette balade. Sa conception n’est ni trop scolaire, ni trop aride et vise à une fluidité du jeu et une grande variété des couleurs et du jeu. Ce promeneur solitaire rêve _ avec une ultra-douce sensualité éperdue… _ au fil des paysages. On monte _ peut-être, ou peut-être pas….. _ encore d’un cran avec les extraits des Mazurka _ les 6 choisies ici par Piotr Anderszewki datent de 1924… _ de Karol Szymanowski ou le cycle des Bagatelles de Béla Bartók _ des pièces elles-mêmes de climats très distincts, fortement contrastés ; ces 14 Bagatellles Op. 6 ont été composées en 1908 ... La densité du piano compose un dramatisme de tous les instants, que ce soit avec une forme d’élégance racée pour les pièces du Polonais _ quelle magie ! _ et une variété des tons anguleux et énergiques _ quelle force ! _ pour celles du Hongrois. On a ainsi rarement entendu des Bartók plus justes, radicaux certes, mais foncièrement humains, rythmés mais émouvants, savoureux mais rigoureux.

Le déception de ce disque _ mais est-elle de la responsabilité de l’interprète ? _ vient d’un livret très bref : un seul paragraphe de la main du pianiste qui nous dit placer ces partitions sous le signe de la rébellion, ce qui n’est pas le qualificatif qui nous vient à l’esprit _ en effet : le livret est manifestement baclé… _ à la mise en relief _ si artiste et juste à la fois : quel degré de poésie est ici atteint ! _ de ces partitions.

Mais cet album saura combler les nombreux admirateurs du pianiste et hisse aux sommets l’art de l’interprétation de Karol Szymanowski et de Béla Bartók _ et de Janacek aussi ; et ici, je ne partage pas, mais alors pas du tout, le ressenti de Pierre-Jean-Tribot : la tendresse presque insoutenable à l’audition répétée de l’interprétation de ce Janacek-ci par Piotr Anderszewski, est probablement même le sublime sommet de ce sublimissime CD ! ;

écoutez donc ici l’Andante (3′ 45), l’Allegretto (3′ 58), le Vivo (2′ 17), le Piu mosso (2′ 38) et l’Allegro (6′ 22) de ce superbe Livre II du si poétique « Sur un sentier broussailleux«  de Leos Janacek …

Son : 9  Notice : 4  Répertoire : 10  Interprétation : 10

Pierre-Jean Tribot

Et en effet, c’est très très beau !

Ce samedi 27 janvier 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

L’art de composer un programme de concert (et de disque) : la magie du CD « Bartok, Janacek & Kurtag » de Benedek Horvath, en novembre 2018 à Paris…

21oct

Dans la continuité de mes articles d’avant-hier «  » et hier « « ,

c’est sur l’art de composer un programme aussi magique que celui du CD Artalinna ATL 027 « Bartok, Janacek & Kurtag« , que je désire ce matin me pencher d’un peu près…

En mes articles «  » du 8 octobre et «  » du 9 octobre dernier, et dans l’esprit de précédents articles consacrés à l’oeuvre de Bela Bartok, c’était l’œuvre éminemment singulière et si prenante de Bela Bartok qui avait initié de polariser ma curiosité…

Et c’est dans la poursuite de l’exploration de cette curiosité-là _ que je qualifierais de « Bartok«  _ que l’article « Paysages imaginaires » de Jean-Charles Hoffelé en date du 3 octobre dernier, m’avait conduit à aussitôt commander ce CD Artalinna ATL 027 « Bartok, Janacek & Kurtag » de Benedek Horvath, reçu et écouté le 8 octobre…

Et c’est tout de suite la magistrale, si idéalement brumeuse, interprétation de « Dans les brumes » (de 1913) de Leos Janacek, qui, de fait, m’a immédiatement saisi, subjugué, et très vite confondu d’admiration éperdue pour le magistral poétique art d’interpréter de Benedek Horvath _ écoutez ici : les podcasts des mouvements I (3’28), II (3’45), III (2’30), et IV (4’19) de ce sublime « Dans les brumes« , par Benedek Horvath… _cf ainsi mon article d’hier « « …

Cependant, peu à peu, en mon écoute en boucle de ce merveilleux CD de Benedek Horvath, et comme insidieusement,

c’est la petite douce et très tendre musique de György Kurtag en ses « Éclats » (de 1973) et en ses « Jeux« , « Jatekok » (de dates diverses), qui s’est imposée aussi à mon admiration éperdue, telle qu’ainsi servie par la poésie de ce jeu de piano magique de Benedek Horvath ;

me faisant presque oublier les bartokiennes « Improvisations sur des chants paysans hongrois » (de 1920) et les « Danses roumaines » (de 1910) que je désirais, au départ de ma curiosité, écouter…

De György Kurtag, je possède plusieurs CDs _ dont le magistral CD BMC CD 233 du Budapest Music Center Records « György and Marta Kurtag play Kurtag« , en une sélection de 39 « Jatekok«  enregistrés en 1978, 1988, 1993 et 2001 (+ une « Suite pour 4 mains«  de 1950-51, enregistrée, elle, en 1955… ; jeter aussi un œil et une oreille à cette vidéo, par Zoltan Kocsis, hélas moins poétique à mon goût que ce que propose ici, en ce CD Artalinna, Benedek Horvath, dont voici des accès aux podcasts :

« Livre VI n°18 » (2′ 35), « Livre III n°4b«  (1′ 26), « Livre II n°21«  (0′ 33), « Livre II n°5«  (0′ 15), « Livre VI n°6«  (0′ 46), « Livre I n°57«   (1′ 04) et « Livre II n°37«  (2′ 30)… _,

mais qui n’avaient jusqu’ici pas suscité pareil sentiment d’admiration éperdue que celui éprouvé à l’écoute, ce jour, de ce magique CD de concert live de Benedek Horvath…

Peut-être, justement, une affaire de programme subtilement, c’est-à-dire poétiquement, composé de concert ;

en plus de la magie, ensuite, du jeu sur le piano…

Voilà !

Ce samedi 21 octobre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le charme extrêmement prenant de Benjamin Appl à nouveau opérant et superbe dans un programme à nouveau original et assez singulier : un bouquet de 19 Lieder de Franz Schubert en des adaptations orchestrales d’Anton Webern (5), Max Reger (7), Alexander Schmalcz (2) et 5 autres compositeurs-orchestrateurs, avec la complicité du chef, natif lui aussi de Ratisbonne, Oscar Jockel, et le Münchner Rundfunkorchester : un album infiniment séduisant de clarté et naturel, justesse et poésie…

10oct

Benjamin Appl à nouveau superbe dans la réalisation très réussie _ quel beau timbre de voix, et quel subtil et évident art du chant ! _ d’un nouveau projet très original et singulier :

un bouquet magnifiquement composé de 19 Lieder _ avec piano, à l’origine _ de Franz Schubert en des adaptations orchestrales _ assez peu courues et ainsi rassemblées… _ d’Anton Webern (5), Max Reger (7), etc.,

avec la complicité du chef _ natif de Ratisbonne (le 24 décembre 1995) comme Benjamin Appl (né le 26 juin 1982) _ Oscar Jockel, et le Münchner Rundfunkorchester :

soit un album BR Klassik 900346 _ enregistré à Munich du 28 au 30 septembre, le 30 novembre, et les 1er et 2 décembre 2022 (Benjamin Appl vient d’avoir 40 ans ; et Oscar Jockel a tout juste 26 ans), et en une prise de son de Christine Voitz, d’une stupéfiante clarté et un exemplaire naturel ! ; l’album est sorti le 6 octobre dernier, il y a à peine 4 jours… _ à nouveau très prenant et vraiment plein de charme…

De Benjamin Appl _ baryton bavarois, formé au très fécond Regensburger Domspatzen de Ratisbonne (et ultime élève de Dietrich Fischer-Dieskau), et désormais installé à Londres _, mais cette fois avec le seul piano de James Baillieu _ né, lui, en Afrique du Sud au mois de mars 1982 _,

m’avait si fortement impressionné le très original et éminemment singulier CD Alpha 912 « Forbidden fruit » _ enregistré à Lugano du 27 au 30 juillet 2020 _, que je lui avais consacré rien moins que 4 articles, les 29, 30, 31 juillet et 1er août derniers :

« « ,

« « ,

« « 

et « « …

De même,

je m’étais tout de suite procuré le « Winterreise » schubertien de Benjamin Appl et James Baillieu, au piano, le CD Alpha 854 _ enregistré à Kentish Town, en Angleterre, au mois de septembre 2021 _, très réussi lui aussi.

Incontestablement,

ces 19 adaptations de Lieder avec piano seul de Franz Schubert (Lichtental, 31 janvier 1797 – Vienne, 19 novembre 1828) pour des interprétations avec accompagnement d’orchestre,

et par des compositeurs aussi différents qu’Anton Webern (Vienne, 1883 – Mittersill, 1945) pour 5 Lieder, Max Reger (Brand, 1873 – Leipzig, 1919), pour 7 Lieder,  ou le contemporain Alexander Schmalcz (né à Weimar en 1969), pour 2 Lieder,

mais aussi Johannes Brahms (Hambourg, 1833 – Vienne, 1897), Kurt Gillmann (Wannsee, 1889 – Hannovre, 1975), Felix Mottl (Unter Sankt Veit, 1856 – Munich, 1911), Benjamin Britten (Lowestoft, 1913 – Alderburgh, 1976), ou Jacques Offenbach (Cologne, 1819 – Paris, 1880), pour un Lied chacun,

surprend, étonne, charme et enrichit notre écoute…

En commençant ici par les 2′ 39 du très beau lied « Abendstern » de la première plage du CD, un lied de 1824 sur un poème de Johann-Baptist Mayrhofer, ici dans une orchestration d’Alexander Schmalcz,

on pourra écouter, en suivant, l’ensemble des 23 plages _ ainsi accessibles ici à l’écoute _ de ce très beau original CD…

De ce CD, je recommande tout spécialement la plage 5 (de 4′ 18) « Du Bist die Ruhe« , un lied de 1823 sur un poème de Friedrich Rückert, ici dans une orchestration d’Anton Webern,

et la plage 18 (de 3′ 44) « Nacht und Träume«  _ peut-être mon lied préféré de Franz Schubert : extatique !.. _, un lied de 1825 sur un poème de Matthäus von Collin, ici dans une orchestration de Max Reger…

À ces 19 Lieder chantés par le baryton éminemment charmeur _ quel naturel ! quelle clarté ! _ de Benjamin Appl,

le CD adjoint, aux plages 3, 7, 13 et 20,

10 « Deutsche Tänze (serie 1) » de Franz Schubert, adaptées pour l’orchestre par Johann von Herbeck (Vienne, 1831 – Vienne, 1877)…

Le très grand talent d’interprète de Benjamin Apple, aidé ici de celui d’Oscar Jockel, est de ne jamais tomber en une réalisation hyperbolique, opératique, de ces Lieder en ces versions avec accompagnement symphonique _ toujours tendre, précis, doux, délicat et infiniment léger _,

mais de savoir conserver et excellemment restituer l’intimité chaleureuse et tendre, complice, des humeurs des soirées de Liederabend, en un très attentif petit cercle d’amis proches, pour lesquels étaient donnés et créés ces Lieder avec un simple piano _ données du 26 janvier 1821, dans l’appartement de la famille von Schober, au 28 janvier 1828, chez Joseph von Spaun, pour ce qui concerne ces mémorables schubertiades auxquelles a participé Franz Schubert à Vienne… _,

tout en procurant à ces si touchants et très variés Lieder, d’une infinie délicatesse, sans le moindre surlignage de moindre mauvais goût, cette coloration symphonique qu’ils comportent aussi, en très fin subtil filigrane,

et que se sont amusés à leur apporter, à diverses époques de rayonnement de ces chefs d’œuvre intimes de Schubert _ très vite reconnus comme tels ! _, ces divers compositeurs ainsi orchestrateurs :

Jacques Offenbach (1819 – 1880),

Johannes Brahms (1833 – 1897),

Felix Mottl (1856 – 1911),

Max Reger (1873 – 1919),

Anton Webern (1883 – 1945),

Kurt Gilmann (1889 – 1975),

Benjamin Britten (1913 – 1976)

ainsi que notre contemporain et en activité _ en particulier pour le magnifique Matthias Goerne.. _ Alexander Schmalcz (né en 1969) _ ici, en ce programme, pour les Lieder « Abendstern » et « An Sylvia« , un lied de 1826 sur un texte de Shakespeare (extrait des « Deux gentilshommes de Vérone« ) adapté par Eduard von Bauernfeld…

Un CD tout simplement admirable : exceptionnel de justesse, clarté, naturel

…et poésie.

Benjamin Appl, décidément magnifique ; et plus que jamais à suivre…

Ce mardi 10 octobre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

La perfection superlative de l’ « A Chloris » de Reynaldo Hahn par Benjamin Appl en le très original programme de son CD « Forbidden Fruit », avec son compère pianiste James Baillieu _ ou atteindre l’acmé de sérénité du plaisir…

29juil

Qu’on commence par écouter _ en boucle si nécessaire… _ la plage 11, d’une durée de 3’10, de l’assez extraordinaire CD « Forbidden Fruit » du baryton allemand Benjamin Appl _ Ratisbonne, 26 juin 1982 _ et de son compère pianiste James Baillieu _ Afrique-du-Sud, mars 1982 _,

le très original CD Alpha 912, enregistré à Lugano du 27 au 30 juillet 2020, et paru seulement _ du fait de sa marquante a priori peu commerciale singularité ?!? _ le 23 juin 2023 ;

soit une interprétation plus que parfaite

_ entre bien d’autres enregistrées d’excellente qualité ; cf par exemple mon article du 23 mai 2020 : « « ,

dans lequel je donnais à écouter deux interprétations très réussies de la sublime « À Chloris » de Reynaldo Hahn (Caracas, 9 août 1874 – Paris, 28 janvier 1945), sur un poème de Théophile de Viau (Clairac, 1590 – Paris, 25 septembre 1626 ; le poète avait été condamné à mort pour libertinage…) ;

un poème lui-même sublimissime (on découvrira l’entièreté de 100 vers des Stances « À Cloris«  aux pages 64 à 67 du passionnant « Après m’avoir tant fait mourir Œuvres choisies«  de Théophile de Viau, paru en 2002 en la collection Poésie-Gallimard… ; le poème datant de 1621)

S’il est vrai, Chloris, que tu m’aimes,
Mais j’entends, que tu m’aimes bien.
Je ne crois point que les rois mêmes
Aient un bonheur pareil au mien.
Que la mort serait importune
De venir changer ma fortune
Pour la félicité des cieux !
Tout ce qu’on dit de l’ambroisie
Ne touche point ma fantaisie
Au prix des grâces de tes yeux.

_ une interprétation, assez étonnante, par Philippe Jarrousky, en sa voix pour une fois non pas de haute-contre, mais de ténor, en son très réussi CD « Opium«  (Virgin Classics 50999 216621 2 6, un CD sorti en 2009) ;

_ et une autre, celle-ci, par Véronique Gens, en son très réussi, lui aussi, CD « Néère«  (Alpha 215, un CD sorti en 2015) ;

en un article que je concluais par ces mots « Reynaldo Hahn sait être prodigieusement simplement délicieux«  _

soit une interprétation plus que parfaite de ce chef d’œuvre insurpassable de la mélodie française qu’est le si délicatement fondant « À Chloris » du cher Reynaldo Hahn

Quelle diction française ! et au service de quel chant ! à un tel degré admirables !

Quel art superlatif de si merveilleusement incarner ce qu’il chante _ en français comme en anglais, et, bien sûr, en allemand ; et cela en des genres aussi divers, voire carrément opposés, aux antipodes les uns des autres, tels que la mélodie, le lied ou la chanson canaille de cabaret !… _ possède ainsi ce décidément prodigieux interprète chanteur-diseur qu’est Benjamin Appl, avec la complicité radieuse, elle aussi _ attentivissime ! _, du magique piano de James Baillieu…

Quelle enchanteresse incarnation, donc, ici,

lumineuse de douce, légère, méditative, claire, et tendre gravité _ à fondre on ne peut plus sereinement d’infiniment délicat plaisir : la « grâce«  même ainsi attrapée et restituée… _de ce sublimissime « À Chloris« … 

Et demain,

après pareille toute simple mise en bouche auditive enchanteresse,

je reviendrai me pencher, cette fois en détails, sur l’originalité remarquable de ce véritable bijou discographique assurément singulier (!) _ ce qui permet probablement de comprendre (mais pas justifier !) la longueur du délai (de trois années !) écoulé entre l’enregistrement, en juillet 2020, et la parution de ce  CD, en juin 2023 : lors de leur enregistrement de juillet 2020, à Lugano, Benjamin Appl et James Baillieu avaient tous les deux 38 ans… _ qu’est tout ce CD « Forbbiden Fruit » _ Alpha 912 _, de Benjamin Appl et son compère pianiste, excellentissime lui aussi, James Baillieu…

Ce samedi 29 juillet 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

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