Archives du mois de mai 2019

Aller écouter Michaël Foessel présenter son passionnant « Récidive 1938″ à la Station Ausone vendredi 24 mai prochain

21mai

En remerciement-hommage à Michaël Foessel,

philosophe

d’une singulière lucidité,

pour son passionnant Récidive 1938qui vient de paraître aux PUF
Récidive 1938 :
Tombé presque par hasard sur l’année 1938, un philosophe inquiet _ oui _ du présent est allé de surprise en surprise. Au-delà de ce qui est bien connu (les accords de Munich et la supposée « faiblesse des démocraties »), il a découvert des faits, mais aussi une langue, une logique et des obsessions étrangement parallèles _ voilà ! _ à ce que nous vivons aujourd’hui. L’abandon _ trahison _ de la politique du Front populaire, une demande insatiable d’autorité, les appels de plus en plus incantatoires _ c’est-à-dire de plus en plus éloignés des procédures d’une démocratie effective ! _ à la démocratie contre la montée des nationalismes, une immense fatigue _ hélas ! _ à l’égard du droit et de la justice : l’auteur a trouvé dans ce passé une image _ assurément  troublante _ de notre présent. Récidive ne raconte pas l’histoire de l’avant-guerre. Il n’entonne pas non plus le couplet attendu du « retour des années 30 ». Les événements ne se répètent pas _ non _, mais il arrive que la manière de les interpréter _ au présent de leur actualité _ traverse _ expression d’une assez parente contamination _ la différence des temps. En ce sens, les défaites anciennes de la démocratie _ soit l’abandon de ce qui allait bientôt mener à la supression, carrément, de la république à Bordeaux à la mi- juin 40, puis Vichy, au mois de juillet _ peuvent _ et devraient _ nous renseigner _ voilà ! _ sur les nôtres. Récidive est _ ainsi _ le récit d’un trouble _ quant au vécu (et au pensable : urgent !) de notre présent politique _ : pourquoi 1938 nous éclaire-t-elle tant sur le présent ?
et qu’il viendra présenter à la Station Ausone vendredi 24 mai prochain,
en un entretien _ qui promet assurément beaucoup ! _ avec l’excellent Nicolas Patin, historien,
voici, simplement, le courriel _ sans rien de personnel _ que je viens d’adresser au philosophe
dont j’apprécie depuis longtemps le travail.
Cf mes articles des 23 janvier 2011, 18 janvier 2011, 8 août 2011 et 22 avril 2010 ;
a aussi existé un podcast (de 65′) de sa présentation chez Mollat le 18 janvier 2011

Voici donc ce simple courriel à Michaël Foessel :

Achevant à l’instant ma lecture de Récidive 1938,

je tiens à vous dire, cher Michaël, ma vive admiration
pour la pertinence féconde de ce très riche travail
historico-philosophique.
Sa méthode : l’imprégnation méthodique de courants dominants de l’esprit d’une époque (1938) via la lecture la plus large de la presse, c’est-à-dire ses divers journaux
_ avec aussi la notation hyper-lucide de la cécité de cette presse à certains événements : trop latéraux à leurs (étroites et répétitives) focalisations intéressées ! _ ;
plus le rappel _ issu de votre culture philosophique _, de quelques vues singulières de penseurs particulièrement lucides : Bernanos, Mounier, Pierre Klossowski ;
et Hannah Arendt, Walter Lippmann _ le créateur du concept de néo-libéralisme _, Marc Bloch ;
Maurice Merleau-Ponty aussi.
Sans compter votre analyse de L’Enfance d’un chef, de Sartre.
Mais aussi l’éclairage que vous y cherchez _ et trouvez ! (cf votre très fécond Epilogue) _ pour l’intelligence (urgentissime !) de notre préoccupant présent,
face au massif rouleau compresseur de la propagande des pouvoirs _ politiques, médiatiques, etc. _ assénant, avec le plus éhonté cynisme (très a-démocratique, lui aussi), 
la pseudo-évidence _ confortée par l’élimination de vrais débats de fond _ de leur idéologie…
Et les chiens de garde veillent au grain…
Ce présent-ci, et comparé à celui de 1938, est assez effrayant !
même si l’à-venir demeure, bien sûr, ouvert…
Francis Lippa

 
Je viendrai vous écouter vendredi chez Mollat…
Nicolas Patin est lui aussi très bon !
P. s. :
avez-vous rencontré dans vos lectures sur l’année 1938 le nom du sénateur de la Gironde Georges Portmann,
bras droit de Pierre-Etienne Flandin,
et qui sera auprès de lui, à Vichy, en janvier-février 1941, son Secrétaire d’Etat à l’Information ?
Mon père, le Dr Benedykt Lippa (Stanislawow, 1914 – Bordeaux, 2006),
fut l’assistant en ORL de Georges Portmann à la Fac de Médecine de Bordeaux en 1940-41-42 ;
et c’est Portmann _ bien informé _ qui a permis à mon père d’échapper à la Gestapo au début du mois de juin 1942
Cf l’article de mon blog le 12 novembre 2014 :
J’ai en effet travaillé
et sur les mouvements de Résistance, 
et sur les Collaborations…

L’enchantement d’un merveilleux CD, avec cornet, d’Adrien Mabire et La Guilde des Mercenaires

20mai

Dans un répertoire très proche _ du moins pour le lieu, l’époque et les compositeurs _

des deux CDS que je viens de chroniquer

hier et avant-hier,

voici,

et cette fois avec une mise en valeur _ superbe _ du cornet,

dont joue Adrien Mabire,

qui dirige aussi son ensemble de La Guilde des Mercenaires,

un magnifique CD _ Encelade ECL 1703 _

pour des œuvres d’autour, à nouveau 1600, et en Italie,

des compositeurs :

Ippolito Tartaglino,

Orlando di Lasso,

Giovanni Battista Fontana,

Giovanni Valentini,

Giovanni Paolo Cima,

Giovanni Pierluigi da Palestrina,

Dario Castello,

Cypriano de Rore,

Biagio Marini,

Giovanni Antonio Bertoli

et Giovanni Antonio Ricci.

Il se trouve que ce jour ce CD reçoit une chronique extrêmement élogieuse

_ et merveilleusement méritée _

de Stéphane Reecht, sur le site Res Musica

intitulée La Guilde des Mercenaires, l’ampleur du geste


Mottetti et Canzoni virtuose

Œuvres d’Ippolito Tartaglino (c. 1539-c. 1582),

Roland de Lassus (1532-1594),

Giovanni Battista Fontana (c. 1571-1630),

Giovanni Valentini (c. 1582-1649),

Giovanni Paolo Cima (c. 1570-1622),

Giovanni Pierluigi da Palestrina (c. 1525-c. 1617),

Dario Castello (c. 1590-c. 1630),

Cypriano de Rore (c. 1515-1565),

Biagio Marini (1595-1663),

Giovanni Antonio Bertoli (1605-1669)

et Giovanni Antonio Riccio (c. 1600- après 1621).

La Guilde des Mercenaires ;

Adrien Mabire, cornet, flûte et direction.

1 CD Encelade.

Enregistré en juillet et août 2017

en l’abbaye de Saint-Amant-de-Boixe.

Durée : 66:44

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Après un premier disque _ déjà très réussi ! _ consacré à la musique instrumentale de Bassano, le jeune ensemble La Guilde des mercenaires continue à creuser le sillon de la musique italienne des XVIe et XVIIe siècles, avec une très grande réussite.

Ce programme vénitien qui va de Cipriano de Rore (mort en 1565) à Giovanni Antonio Bertoli (mort en 1669) et qui mêle voix et instruments, sacré et profane, est l’occasion pour le cornettiste Adrien Mabire _ excellent ! _ d’affirmer un ensemble d’idées fortes et tout à fait pertinentes : jouer la musique de cette époque dans une église, avec un orgue de tribune et une variété d’instruments au son ouvert, permet de lui redonner tout son lustre et son ampleur originels. Le projet d’enregistrer avec un orgue d’époque en Italie n’ayant pas pu être concrétisé, les musiciens se sont tournés vers l’abbatiale de Saint-Amant-de-Boixe en Charente et son orgue Renaissance de 2012 dû à Quentin Blumenroeder, bien connu du claveciniste et organiste Jean-Luc Ho et promu par le violoniste Guillaume Rebinguet-Sudre depuis le projet de sa construction. Le basson de Jérémie Papasergio, la bombardine d’Elsa Franck et la voix de Violaine Le Chenadec complètent _ parfaitement ! _ le dispositif, sachant que les trois instrumentistes à vent passent aussi à l’occasion à la flûte à bec renaissance.

Le résultat est absolument enthousiasmant _ mais oui ! Même une oreille habituée à la musique italienne de cette époque est immédiatement séduite par la variété et l’ampleur des sonorités et du jeu, la netteté des intentions et la force du discours. Le programme fait la part belle à des pièces pour soliste et orgue volontiers virtuoses, comme la Sonate pour cornet à bouquin et orgue de Biagio Marini, la Sonata prima de Bertoli prise au basson, ou encore des diminutions de Francesco Rognoni pour flûte soprano sur Ancor che col partire de Cipriano de Rore où Elsa Franck est époustouflante. Mais les ensembles, rutilants et flamboyants, impressionnent encore plus, comme dans la Canzon supra Susanna d’Ippolito Tartaglino avec cornet et deux bassons qui ouvre le disque, ou la Sonata sestadecima a tre de Giovanni Battista Fontana, la seule pièce du programme avec violon. Et quand ils intègrent la voix bien projetée de Violaine Le Chenadec et emplissent l’espace, ils produisent un effet tout aussi saisissant, notamment dans le motet Iubilent omnes de Giovanni Antonio Riccio. Les pièces vocales plus intimistes, religieuses comme Pulchra es amica mea de Palestrina avec trois flûtes à bec, ou profanes comme Susanne un jour dans un accompagnement pour orgue seul de Roland de Lassus, constituent quant à eux des moments de plénitude bienvenus.

Touchant un orgue muni pour l’heure de « seulement » une douzaine de jeux, Jean-Luc Ho quant à lui est à la base de la réussite de l’entreprise. Présent à chaque pièce, il sait trouver les bonnes combinaisons de registres au service à la fois de l’ampleur de la musique et de la variété des sonorités. La Sonata seconda de Dario Castello avec Adrien Mabire au cornet en est un excellent exemple, qui alterne les nuances et permet d’admirer des registres peu communs comme le nasard ou le tremblant.

En plus de donner une vision plus juste de ce qu’était la musique italienne de l’époque, sans distinction nette entre profane et sacré, cet enregistrement est un enchantement constant _ voilà ! _ pour l’auditeur et ne peut que donner envie de vivre l’expérience du concert en église.



Ce lundi 20 mai 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

Admirable « Regina Bastarda : The virtuoso viola da gamba in Italy around 1600″, par Paolo Pandolfo et La Pedrina

19mai

Comme pour poursuivre l’enchantement du CD que j’ai célébré hier même

_  _,

voici ce jour la grâce du CD

de Paolo Pandolfo, à la viola bastarda, et de La Pedrina,

soient les chanteurs Gabriel Jubin, Paolo Borgonovo, Matthias Deger, Raitis Grigalis et Matteo Bellotto,

sous la direction de Francesco Saverio Pedrini,

Regina Bastarda _ The virtuoso viola di gamba in Italy around 1600

_ soit le CD Glossa GCD 922519 _,

qui nous offre un florilège de variations virtuoses _ avec diminutions _ sur la viola bastarda

de divers compositeurs

_ Oratio Bassani, Francesco Rognoni, Riccardo Rognoni, Diego Ortiz, Aurelio Virgiliano et Vincenzo Bonizzi _

de chansons et madrigaux

d’autres compositeurs leurs contemporains

_ Giovanni Pierluigi da Palestrina, Cipriano de Rore, Girolamo dalla Casa, Thomas Crecquillon, Pierre Sandrin, Orlando di Lasso et Adrian Willaert _

en Italie,

au tournant de la Renaissance et du pré-Baroque.

C’est à nouveau une splendeur

d’un ravissement _ d’une très grande intimité _ rare.

La nuit en est illuminée.

Ce dimanche 19 mai 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

Au hasard de la discothèque : le CD « Pavane e Gagliarde 1626 – 1628″ de Carlo Farina, par Il Concerto delle Viole (2007)

18mai

Un peu au hasard de ma discothèque,

le CD Pavane & Gagliarde 1626 – 1628 de Carlo Farina (Mantoue, c. 1600 – Vienne, 1639),

par Il Concerto delle Viole

_ soient Roberto Fini, Kees Boeke, Sabina Colonna Preti et Marco Angelilla, violes ;

et Mario Martinoli, orgue et clavecin _,

un CD Olive Music de 2007.

Le principal de l’œuvre _ publié, et possiblement composé _ de Carlo Farina,

éminent violoniste virtuose,

l’a été de juillet 1626 à avril 1628 à la cour de Dresde,

auprès de son employeur d’alors, Johann Georg I, l’Électeur de Saxe,

sous forme de cinq livres de pavanes, gaillardes, sonates et autres danses.

L‘interprétation que nous donne en ce CD de 2007 le Concerto delle Viole

de son choix de pièces (de consort de violes) de Carlo Farina,

est d’un raffinement merveilleux.

Ce samedi 18 mai 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

Pour préparer la rencontre avec Hélène Cixous et son « 1938 nuits » à la Station Ausone le jeudi 23 mai prochain : 4 articles sur le fond

17mai

Afin de préparer un peu

ceux qui couront venir écouter Hélène Cixous à la Station Ausone, à 18 heures,

jeudi prochain 23 mai,

présenter son admirable 1938, nuits,

paru aux Éditions Galilée,

voici la série des 4 articles

que je lui ai consacrés

au mois de février dernier :

« Hélène Cixous retourne à Osnabrück, la ville de sa famille maternelle, les Jonas, pour comprendre _ vraiment _ pourquoi sa grand-mère Omi _ Rosalie Jonas, veuve Klein _ et ses frères et sœurs s’y trouvaient encore _ voilà ! à Osnabrück ou à Dresde, ou ailleurs dans le Reich _ en novembre 1938, période où les Juifs se savaient _ pourtant _ en danger. Au fil de ses recherches, elle suit la trace de Siegfried Katzmann, un ami _ de jeunesse, puis de vieillesse _ de sa mère _ devenu américain, à Des Moines, dans l’Iowa _ qui, au moment de la Nuit de cristal _ la nuit du 9 au 10 novembre 1938 _, a 25 ans et vient de décrocher son doctorat de médecine.« 
Ce vendredi 17 mai 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa
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