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Superbe et indispensable coffret « Vers le Nord » de l’intégrale de l’oeuvre pour clavier de Bach, par le toujours parfait Benjamin Alard

13avr

Le volume 2 _ en un coffret de 4 CDs _ de l’intégrale _ qui débute _

de l’oeuvre pour clavier(s)

de Johann Sebastian Bach,

tient déjàn toutes les promesses du volume premier,

sous les doigts véloces et justes

du superbe Benjamin Alard

_ en ce coffret Harmonia Mundi HMM 902453.56 de 4 CDs.


Parmi cette initiation _ magistrale ! _ du jeune Bach

au Stylus fantasticus

des maîtres de l’Allemagne du Nord,

Buxtehude et Reincken,

je veux mettre l’accent à la fois

sur le 3ème CD tout entier :

un choix de 16 chorals,

où intervient le soprano merveilleusement souple et chantant

de Gerlinde Sämann ;

et aussi

à la place réservée,

soit à des œuvres, soit à des adaptations par le jeune Bach, d’œuvres

de Dietrich Buxtehude,

mais encore de l’immense Johann Adam Reincken (1643 – 1722) ;

en l’occurrence le grandiose choralfantasie An Wasser flüssen Babylon,

dans le CD n°2,

ainsi que le tendrissime adagio d’après une sonate de Reincken, dans le CD n°4

_ Reincken, un génie musical bien trop méconnu…

Voici dès maintenant un indispensable !


Ce samedi 13 avril 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

Ecouter le passionnant et très sympathique Benjamin Alard présenter son projet d’intégrale Bach aux divers claviers

22avr

Vendredi matin dernier, l’invité de Saskia Deville à 8 heures 10 sur France-Musique était le passionnant et très sympathique Benjamin Alard, présentant le premier coffret (de 3 CDs) _ il y en aura 14, en environ 10 ans… _ d’une intégrale de la musique pour claviers _ clavecin, orgue, clavicorde, etc. _ de Johann Sebastian Bach (1685 – 1750), pour la maison Harmonia Mundi.

Ce premier coffret _ intitulé « le jeune héritier » (CDs HMM 902450.52) _ présente les dix premières années _ d’apprentissage et créations : à Ohrdruf, Lüneburg et Arnstadt _ du compositeur, soit les années 1695 – 1705, est absolument passionnant ;

et il faut dire que Benjamin Alard est un interprète prodigieux.

Normand,

Benjamin Alard a lui-même fait ses premières classes sur l’orgue d’Arques-la-Bataille _ près de Dieppe _, très vite reconnu et encouragé par le créateur de l’Académie Bach, ainsi que des disques Alpha, mon ami Jean-Paul Combet.

Je tiens aussi à mentionner ici que le 2 août 2014 Benjamin Alard s’est rendu à Bordeaux afin de tenir _ magnifiquement _ l’orgue Dom Bedos de l’abbatiale Sainte-Croix pour les obsèques de Jacques Merlet, qu’avait organisées Marcel Pérès ;

cf mon article du 31 août 2014 : 

Ecouter cet entretien (de 30′ environ),

ainsi que quelques extraits de ce premier coffret Bach de Benjamin Alard,

est un très grand plaisir…

Ce dimanche 22 avril 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

Découvrir l’entame merveilleuse de l’oeuvre de clavier de Jean-Sébastien Bach par le prodigieux Benjamin Alard

30mar

Benjamin Alard publie ces jours-ci le volume 1, en 3 CDs,

intitulé The Young Heir / Le Jeune Héritier (1699 – 1705),

de The Complete Words for Keyboard de Johann-Sebastian Bach (1685 – 1750),

une intégrale de 14 coffrets…


Ces plus de 4 heures de sublime musique

nous transportent dès maintenant très, très, très haut…

Le 1er CD du ce 1er coffret concerne Ohrdruf _ soit la toute première formation du jeune Johann-Sebastian (1685-1750) auprès de son frère aîné Johann-Christoph (1660-1721), qui le recueille là entre 1695  et 1700, suite à la perte successive de la mère, Elisabeth, en 1694, et du père, Johann-Ambrosius, en 1695 ; et se frottant à des œuvres de Johann-Michaël Bach (1648-1694), Frescobaldi (1583-1643), Kuhnau (1660-1722), Böhm, déjà (1661-1733), Froberger (1616-1667), Pachelbel (1653-1706), Marchand (1669-1732), Grigny (1672-1703), ainsi que de Johann-Christoph Bach (1642-1703) _ ;

le second, Lüneburg _ l’apprentissage méthodique tout autant qu’inspiré, auprès d’un immense maître, Georg Böhm, entre 1700 et 1703 ; tout en permettant au très audacieux et fougueux jeune homme de pouvoir gagner assez aisément, de là, et à pied, Hambourg et Lübeck, où officiaient les merveilleux Reincken, à Hambourg, et Buxtehude, à Lübeck… _ ;

et le troisième, Arnstadt _ lieu du tout premier poste du jeune organiste et compositeur, à partir de juillet 1703 ; et c’est somptueux…

Bien sûr,

la musique du jeune Johann-Sebastian Bach vient trancher très tôt avec les compositions des maîtres de son temps.

Le texte au dos de ce premier coffret _ des 14 au total, qui formeront cette intégrale des œuvres pour claviers de Bach ! _ est tout à fait éloquent :

« On ne naît pas génie, on le devient _ en effet ! La jeunesse de Bach a été un vaste champ _ et chantier : chantant ! _ d’observation intense et intensive. Depuis les années d’apprentissage à Ohrdruf, où sa sensibilité artistique précoce se manifeste de façon éclatante _ oui ! _, jusqu’au premier grand poste d’organiste à Arnstadt _ où son génie s’emballe et se donne très libre cours _, Bach n’a cessé d’enrichir _ oui _ sa _ phénoménale _ culture musicale, porté par une _ déjà _ puissante tradition familiale, animé par le respect iconique _ _ des maîtres anciens, des affinités _ en effet _ décisives et une _ infinie _ curiosité _ gourmande, boulimique et de très grand goût _ constamment en éveil… En prélude à une intégrale _ de 14 coffrets _ d’un nouveau genre _ mêlant tous les claviers, et intégrant aussi, à l’occasion quelques voix de chanteurs _  il fallait l’éloquence _ parfaite _ et l’intelligence vigilante _ sans défaut _ du jeu de l’excellent _ et c’est là, encore, un euphémisme, tant il est prodigieux ! _ Benjamin Alard pour révéler la maîtrise technique _ aussitôt, mais c’est loin d’être le principal ! _ des premières œuvres pour clavier de Bach et traduire l’essence même _ mais oui… _ du discours musical d’un jeune compositeur qui se mesure déjà _ avec une totale réussite, couronnant son audace et la générosité et très haute inspiration de ses élans _ à l’aune de ses prédécesseurs comme de ses contemporains« .

Mais il faut aussi, et encore plus, rendre pleine justice au miraculeux talent _ révélé depuis bien longtemps déjà  : merci, merci !, à l’ami Jean-Paul Combet, pour cela, et d’abord sur l’orgue d’Arques-la-Bataille !!! _ de Benjamin Alard _ né à Rouen le 13 juillet 1985 _

de savoir si bien d’abord écouter chacun de ses instruments _ tant, ici, l’orgue de Sainte-Aurélie de Strasbourg, que le clavecin que lui a construit, d’après des modèles flamands de Ruckers et Dulken, le maître-facteur Emile Jobin _, en les moindres de leurs sonorités singulières,

et de si bien savoir mettre celles-ci au service de son interprétation, aussi puissante que souple, délicate, fluide, et merveilleusement chantante, aussi vive et brillante que toujours parfaitement juste, de ces merveilleux chants de gloire, de la plume inspirée à foison, telle une inépuisable source de lum!ère, de notre génial compositeur… 

Et ici je me souviens de la profondeur, douceur, noblesse et gravité, de l’hommage que, le 7 août 2014, Benjamin Alard, accouru aussitôt de sa Normandie, est venu rendre à Jacques Merlet, à l’orgue Dom Bedos de l’abbatiale Sainte-Croix de Bordeaux,

pour les obsèques de cet incomparable défenseur de la musique ancienne _ et des meilleurs de ses servants _, qu’était notre facétieux, aussi, maître Jacques…

cf mon article du 31 août 2014 : Tombeau de Jacques Merlet en son idiosyncrasie _ à un grand bordelais… ; ainsi que cet autre, du 11 décembre 2015 : «  ; ainsi que le podcast de mon entretien du 12 décembre 2015 avec Marcel Pérès : Les Muses en dialogue _ hommage à Jacques Merlet

Et ce n’est pas un hasard si dans l’entretien présent dans le livret, Benjamin Alard sait, aussi, rendre hommage

à ce qu’il doit à Pierre Hantaï,

et à Elisabeth Joyé.

Ce tout premier coffret de trois CDs de l’intégrale à venir de la musique pour clavier de Johann-Sebastian Bach

est, déjà, un merveilleux et très épanoui juvénile monument de vie.

Pourvoyeur à ce degré de joie,

il n’est pas près de quitter ma platine…

Ce vendredi 30 mars 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

Tombeau de Jacques Merlet en son idiosyncrasie _ à un grand bordelais…

31août

En hommage à ce grand vivant qu’a été Jacques Merlet (5-12-1931 – 2-8-2014),

je me permets de reproduire un très beau texte de Marcel Pérès, explicitant la conception de son (très heureux !) choix des psaumes qu’il a dits, et d’abord qu’il a lui-même choisis, lors de la très belle cérémonie des obsèques de Jacques Merlet, le jeudi 7 août dernier, en l’église (et ancienne abbatiale) Sainte-Croix de Bordeaux.

Je dois ajouter que Benjamin Alard était (magnifiquement !) présent à l’orgue Dom Bedos de Sainte-Croix ; orgue (restauré par le facteur Pascal Quoirin) pour lequel, instrument unique, Jacques Merlet avait tant fait !

Ce texte remarquable de Marcel Pérès sera ici assorti de mon commentaire de certaines des expressions de son auteur.

Cher Marcel Pérès,

je ne vous avais pas reconnu « officiant » à Sainte-Croix, pour ce bien beau Tombeau de l’ami Jacques.

Mais je veux ici vous remercier
et de ce que vous avez si splendidement « porté », par votre voix et d’abord par votre choix, lors de ce Tombeau,
et de votre mot si juste à France Debès _ mot sur lequel je me permets de « gloser », en contrepoint (et pas trop lourdement, j’espère), de vous _,
ainsi que des magnifiques textes de vous que vous y joignez, en fichiers attachés :

tout particulièrement votre texte rédigé à Ronda,
qui va droit au cœur (et l’âme) du philosophe que je suis,
 un peu sensible au jeu du tissu complexe du temps
_ celui de notre vie, mortelle :
mais la mort n’est que le modeste prix biologique à payer pour la prodigalité heureuse du renouvellement sexué des générations ;
place aux jeunes !.. _,

et de (ou plutôt avec) la dimension si puissante d’éternité, en quelque sorte surplombant à tout moment le temps,
et lui donnant cette dimension décisive (élévatrice) de verticalité ;

et que le miracle de l’art (et il y faut aussi la grâce de l’interprétation, à ce moment et en ce lieu)
est en mesure de rendre très physiquement sensible,
pour peu qu’on accepte, aussi, d’ y prêter si peu que ce soit, hic et nunc, sa propre aisthesis
Car on peut aussi, cela arrive hélas, s’y fermer : mauvaise humeur, rage de dents, colère, pulsion masochiste, bêtise, etc.

Tout est donc affaire de capacité (ponctuelle) à accepter la rencontre…
Celle du divin Kairos artiste !
Et cela, nécessairement, et s’apprend, et se cultive…

Avec reconnaissance pour tout cela,
et bien sûr aussi pour votre œuvre, cher Marcel Pérès,

Francis Lippa, à Bordeaux

Début du message réexpédié :
De: Marcel Pérès
Objet: Explicatio…
Date: 10 août 2014 02:14:37 UTC+2
À: France Debes
Répondre à: Marcel Pérès

 

Bonsoir France et à tous ceux et celles à qui tu transmettras ma lettre !

Ici commence le très beau texte de Marcel Pérès,

que voici :

Oui… effectivement … on peut se poser bien des questions sur le rituel dont Jacques a bénéficié pour ses funérailles. Ce fut un grand moment _ d’intensité splendide et sobre, à la fois _ car, à aucune étape de sa conception, l’officiant, le père Jean Ariel, ne fut un obstacle, comme c’est malheureusement bien souvent le cas _ en effet, tout et tous doivent y aider… J’ai alors pu déployer toute mon intuition _ magnifique ! _ et laisser s’exprimer les textes qui spontanément émergeaient dans ma conscience lorsque je tournais mes pensées vers Jacques et plus précisément la quintessence de ce que fut sa personnalité, expression de son être _ bravo ! Vous avez été merveilleusement inspiré ! Le père m’avait proposé quelques psaumes, que l’on chante habituellement dans les offices pour les défunts (miserere, de profundis…). Mais je sentais que ces textes ne convenaient pas _ fonctionnant, habitudes trop bien installées aidant, comme des clichés : impersonnels ; des formules, à l’usage banalisé, usées. Jacques Merlet méritait un hommage mieux fidèle à la singularité de sa rayonnante personnalité…

Ils n’exprimaient pas ce qui, en définitive, était la véritable nature métaphysique de Jacques _ en son idiosyncrasie géniale : intuition très féconde ! _ – au delà de sa personnalité – et le parcours qu’il devait _ mais oui ! _ accomplir dans les premiers instants de sa naissance à l’autre monde _ et nous avons bien ressenti l’intensité de cette présence en effet advenue, alors, là : Jacques comme jamais présent au dessus du cercueil de bois contenant sa simple dépouille inerte. Tel qu’en lui-même enfin l’éternité le change

Oh certes Jacques n’était pas religieux, bien malin qui pourrait dire s’il était croyant… mais … pourtant… il avait un sens de l’absolue nécessité _ impérieuse ! _ d’une véritable authenticité artistique _ et c’est bien là ce que nous avions pu admirer, quasi en permanence, en son discours radiophonique de présentation, et des œuvres, et de leurs interprétations, en sa visée sans cesse exigeante d’une profonde et immense justesse à donner-faire passer (par les artistes) à ressentir ; nous, auditeurs, devant nous en faire (et chacun via sa propre aisthesis sans cesse à affiner…) le sobre réceptacle, ou, mieux encore, devant, en retour, devenir, par notre écoute active, le passage à la fois empathique et exigeant, lui aussi, forcément, de ces superbes flux de sens… S’il ne se reconnaissait pas dans les discours convenus sur la foi, c’est parce qu’il était fondamentalement un homme de foi, de cette catégorie d’hommes, tellement identifiés à leurs convictions _ passionnées parce qu’exigeantes quant à la fidélité recherchée à ce que ces convictions elles-mêmes visaient _ que les réduire à une expression – aussi savante, alambiquée ou simple qu’elle soit – serait trahir et altérer la nature de ce qu’ils savent être vrai _ l’œuvre d’art et son interprétation (physique) devant sans cesse, et impérativement, davantage rendre justice à la Natura naturans elle-même, visée in fine par elles, qu’à la seule Natura naturata figurée et notée…


 
 La vérité de Jacques ne pouvait se satisfaire des discours religieux et même des discours sur l’art _ en des lettres toujours un peu trop figées, s’il y manque un peu trop la vérité même du souffle exigeant et porteur de l’élan en sa justesse dynamique… Non, pour lui, c’était par un don total _ oui _ qu’il vivait sa foi, sa foi en la capacité des hommes _ en l’occurrence au premier chef les artistes, passeurs des œuvres, mais aussi, ensuite, ceux qui sont en situation (au moins théorique) de pouvoir les recevoir et ressentir en vérité, en ayant à les recevoir-contempler un minimum activement… _, malgré toutes les turpitudes qui les traversent, d’exprimer l’étincelle _ de vie, de feu et de lumière _ qui les anime _ oui ! _, souvent infime et presque invisible, mais qui détermine ceux qui en sont porteurs _ et donc les premiers passeurs. De là venait son extraordinaire capacité d’instantanément percevoir _ sur le champ, en effet : il faut avoir cette promptitude (d’une expérience s’élaborant toute une vie) à saisir ce qui se croise de magiquement beau, à l’instant ; eu égard à la vitesse de course de l’espiègle et terrible à la fois divin Kairos, qui dispense sans compter les biens de sa corne d’abondance, mais qui, aussi, du tranchant de son rasoir, coupe la main du retardataire étourdi ! Jacques savait ainsi se faire l’allié (quasi indispensable) du divin Kairos ! _ la nature des innombrables artistes qui ont croisé sa route et dont il se sentait le devoir _ telle une vocation de pédagogie rieuse, mais aussi tragique, de l’art _ de faire connaître le travail _ en sa dure exigence artistique, aussi humble, fière et modeste, que vierge (le plus possible) de bassesse de compromissions, à la fois transcendante et, plus encore, immanente, de vérité et justesse visée quant aux œuvres à servir-faire humblement passer-ressentir. Car c’était là l’implacable terrible critère du passeur passionné.

C’est pourquoi spontanément le premier psaume qui m’est venu à l’esprit est le Laetatus sum, qui exprime cette attraction qu’exerce la Jérusalem céleste chez ceux qui portent en eux une parcelle d’indicible, pôle magnétique qui détermine toutes leurs actions.

Et puis le psaume Dominus regit me, que l’on traduit : « le Seigneur est mon berger », mais qui exprime plutôt la conscience que le flux de nos vies suit _ physiquement _ une trajectoire _ nous régissant, du moins idéalement, tel l’appel élévateur de la plus noble des vocations _ qui nous précède et continue après notre court, mais révélateur, passage sur terre.


 
Le Levavi oculos meos ad montem exprimait encore une fois, cette attitude qu’a eue Jacques toute sa vie, d’élever son regard _ oui : vers le plus beau _ et d’essayer d’élever celui des autres vers ces hauteurs auxquels l’homme peut _ effectivement _ accéder par la pratique des arts _ on ne saurait mieux dire : c’est là toute la dignité de l’art, quand il est loin de toute imposture ; ainsi que l’immensité de joie qu’il sait prodiguer alors. « Exultate ! Jubilate !« 

Enfin, j’ai mis aussi deux chants de la messe : le premier et le dernier : l’introït Requiem eternam et celui de l’absoute  : In paradisum deducant te angeli. Ce qu’il y a entre ces deux chants ne convenait pas à … la nature religieuse de Jacques, lui qui n’était pas dévot, mais pourtant tellement religieux… lui qui a œuvré tellement pour nourrir et enrichir la conscience artistique des … religieux …  Sa vie fut un sacrifice pour la cause de l’art _ oui ! Nous n’avions pas besoin – dans ce cas précis – de rappeler le sacrifice du Christ.

Voilà, en vrac et comme cela s’est présenté à ma pensée, ce qui a créé cette liturgie qui fut un grand moment de grâce _ voilà ! C’est ainsi que nous l’avons effectivement ressenti. Nous avions un vrai orgue _ pour lequel Jacques avait beaucoup fait ! _ joué par un vrai organiste _ immense merci à Benjamin Alard _, et moi je n’ai fait qu’exprimer une science que j’ai acquise à force de scruter les rituels anciens, leurs origines et l’énergie interne _ oui ! _ dont ils furent l’expression. Travail que j’ai pu accomplir grâce, principalement, à la confiance et  à la foi en cette démarche dont Jacques m’a toujours fait bénéficier. Pour mémoire, j’ai créé l’ensemble Organum en juillet 1982. A la fin de l’automne de cette même année, il m’avait déjà fait faire une émission de télévision sur FR3, une longue émission de 1h30 sur France Culture et une « petite » interview d’une demi-heure sur France musique. On ne peut pas dire qu’il perdait son temps. Il avait le sens _ assez rare, finalement _ de l’urgence _ oui ! en quelque sorte sacrée… _ à exprimer et faire connaître ce qui vraiment était important _ = essentiel, mais sans rien d’imposé, ni de dogmatique _ pour ses contemporains.


 
Tellement de choses à dire sur Jacques… mais pour moi il est encore plus présent que jamais _ je l’ai aussi personnellement ressenti à la cérémonie (ainsi que je l’ai écrit à France). Tout le monde n’est pas obligé de me croire, mais je sais qu’il jouit maintenant de l’intégralité de sa véritable dimension… Merci Jacques !


J’ai écrit quelques textes qui ont jalonné mon parcours et ma réflexion sur les rituels en général et les rituels funéraires en particulier. Le plus récent _ il est magnifique ! _ a été écrit l’année dernière en une nuit _ transfigurée probablement… _, à Ronda en Andalousie (là où Rilke a commencé les Élégies) où j’avais participé à un colloque de philosophie. Les deux autres sont des textes qui accompagnent des disques, le Requiem de Divitis-Févin, et l’enregistrement de mon œuvre pour orgue « Contemplation« , paraphrase musicale du livre des morts des anciens Égyptiens. Peut-être ces textes vous aideront-ils à mieux comprendre ce qui s’est passé jeudi dernier.


 
A bientôt peut-être,

Marcel

En post-scriptum,

voici aussi mon petit mot à France, vendredi 8 août, en réponse à son message me remerciant de ma présence à la cérémonie à Sainte-Croix, le 7 :


Jacques était un être d’exception : sa passion et sa générosité étaient « exemplaires », entraînantes.
Mélomane, je demeure fidèle en pensée à ce qu’il fut pour la Musique, bien que ne l’ayant pas revu depuis son séjour à la Tour de Gassies.
Et je dois dire qu’il a beaucoup manqué, à France-Musique : il est resté irremplacé !
Les artistes, les premiers, y ont sans nul doute beaucoup perdu…

Et j’aurais aimé en voir davantage venir lui rendre un dernier petit hommage,
tel que celui que pas mal ont rendu en se déplaçant à Amsterdam,
avant le décès, pour lui dire au revoir ;
puis aux obsèques
de Gustav Leonhardt…
Je suppose que beaucoup d’artistes avaient des obligations de concert…

J’ai aperçu Benjamin Alard au moment où il allait monter à la tribune, mais, si je ne lui ai pas parlé _ il filait vers l’escalier… _,
je dois dire que j’ai beaucoup aimé son hommage musical, splendide sur cet orgue,
pour la renaissance duquel Jacques a pas mal œuvré _ et c’est un euphémisme…


J’en dirai un mot à l’amie Elisabeth Joyé.
J’avais adressé deux messages (téléphone et mail) à Jean-Paul Combet,
qui doit être en vacances _ j’ai participé à la notice du CD Alpha 017 L’Orgue Dom Bedos de Sainte-Croix de Bordeaux, par Gustav Leonhardt, par mon texte « La Construction de l’orgue Dom Bedos en l’abbatiale Sainte-Croix de Bordeaux sous la réforme mauriste« , en octobre 2001 ; et j’étais présent aux séances d’enregistrement de ce disque, le tout premier sur cet orgue…

J’ai aussi beaucoup apprécié l’hommage (si vrai !) de ses huit neveux,
ainsi que le témoignage, assez extraordinaire, de son thérapeute : peut-être un cas d’école d’amour de la vie, de la musique et des Arts.

Pour ma part, j’ai évoqué sur la cahier ouvert à l’entrée de Sainte-Croix, deux petits souvenirs personnels de Jacques :
une discussion en nous rendant à la Maison de la radio, à Paris,
où il contestait (!) les liens qu’avaient pu avoir, à Rome, Charpentier et Carissimi…
Et une fin de soirée à la fête de la morue à Bègles…

La cérémonie d’aujourd’hui, non vide d’anges (au moins dans les textes donnés à entendre _ ceux choisis, donc, par Marcel Pérès ! _),
était très émouvante, et très belle : Jacques a dû l’apprécier !

….

Bien à vous tous,

Francis

la postérité-filiation (musicale) de l’immense Gustav Leonhardt : Pierre Hantaï, Elisabeth Joyé, Benjamin Alard…

19fév

Comment rendre _ enfin ! j’ai appris son décès, survenu le 16 janvier, le 18 janvier : cela fait un mois… _ l’hommage le plus juste qui soit, à un talent musical tel que celui de Gustav Leonhardt ? qui nous a procuré tant et tant des plus hautes jouissances qu’un musicien peut offrir tant au concert qu’au disque ?..


Car nous avons eu bien de la chance, à Bordeaux, que le maître apprécie non seulement la beauté élégante et noble (sans ostentation) de notre ville, mais aussi la singularité de l’orgue Dom Bedos de l’abbatiale Sainte-Croix, au point d’y revenir souvent donner des concerts : d’abord, peut-être, à l’amphi 700 de la Faculté des Lettres, pour le Gram ; mais aussi et surtout au Temple du Hâ, pour le Carré, à de nombreuses et ô combien heureuses reprises ; mais aussi au Grand-Théâtre ; et encore en quelques beaux châteaux de vin, tels que Yquem ou Carbonnieux ; et encore Soutard, pour un concert privé de clavicorde… Sans compter, outre plusieurs grands récitals d’orgue à Sainte-Croix, l’enregistrement si marquant, en juin 2001, du CD Alpha 017 L’Orgue Dom Bedos de Sainte-Croix de Bordeaux, à l’advenue duquel j’ai ma modeste participation, outre ma contribution au livret « la construction de l’orgue Dom Bedos en l’abbatiale Sainte-Croix de Bordeaux sous la réforme mauriste« , pages 16 à 23. Et côtoyer au quotidien le maître, et son humour incisif, outre son élégance, n’est certes pas peu en une vie d’amoureux de la musique… Je l’ai revu et écouté aussi à Arques…

Aussi, mets-je à profit pour ce blog

ce courrier adressé ce matin même à mon ami Jean-Paul Combet, le fondateur d’Alpha,

pour lui faire part de l’article de Renaud Machard dans Le Monde daté de ce dimanche 19 février 2012, qui à l’occasion de concerts du très doué et toujours « parfait » Benjamin Alard, lui rend au passage aussi hommage,

en saluant l’amitié et la collaboration éditoriale (pour Alpha) qui les unissait, Gustav et Jean-Paul…

Voici donc ce courriel :

De :  Titus Curiosus
Objet : Benjamin Alard, Gustav Leonhardt et Jean-Paul Combet : texte choisi à lire aux funérailles
Date : 19 février 2012 08:42:17 HNEC
À :   Jean-Paul Combet

Un bel article d’hommage(s),
que tu as dû relever, dans Le Monde
(édition papier de ce dimanche 19 février)…

Sinon, le voici…
http://www.lemonde.fr/culture/article/2012/02/18/benjamin-alard-fait-sonner-saint-louis_1645273_3246.html


J’espère que tu vas bien,
amitié(s)

Titus

P.s. : sais-tu ce qu’est ce texte
« magnifique » (!)
que Gustav Leonhardt a fait lire à ses funérailles ?

Benjamin Alard fait sonner Saint-Louis

MUSIQUE | | 18.02.12 | 13h42

On ne l’avait pas revu depuis quelque temps : Benjamin Alard, 27 ans, a toujours la même allure et ces traits juvéniles à la Harry Potter que lui donnent parfois des lunettes cerclées, mais il n’est plus tout à fait le benjamin de l’école de clavecin et d’orgue française. Elle est si florissante (ce que Murray Perahia, le grand pianiste américain, confirme quand on lui parle de clavecin, un instrument qu’il adore et joue en privé) que, chaque semestre, un nouveau talent _ tel, à Bordeaux, Aurélien Delage… _ semble éclore _ grâce au génie de la transmission d’Elisabeth Joyé, me faut-il tout spécialement ajouter ! Une fée !

Mais Benjamin Alard est d’une graine différente _ et singulière. On pourrait dire que ce grand jeune homme discret, fin, réservé mais à l’humour subtil, a su être vieux _ c’est-à-dire pleinement mature _ de bonne heure. Dès ses premières apparitions publiques, après l’obtention du très prestigieux Premier Prix du Concours international de Bruges, en 2004 (sorte de Concours Tchaïkovski ou Chopin du clavecin et de la musique ancienne), le musicien semblait avoir tout compris des chefs-d’oeuvre de la littérature pour le clavier, ce qu’il démontrait avec l’aplomb sans tapage d’un sage : un jeu extrêmement calme et affûté, dégraissé mais d’une souplesse merveilleuse, comme géré par un subtil entrelacs de tensions savamment poussées et relâchées _ c’est parfaitement énoncé !

Pour ceux qui ne connaîtraient pas ses _ merveilleux ! _ disques d’orgue ou de clavecin, distribués par les labels Hortus, puis Alpha _ par exemple le génial double CD des Partitas de Bach : Clavier Übung – I, le CD Alpha 157 _, il est possible d’entendre Benjamin Alard un dimanche par mois, à l’heure du déjeuner, à la tribune de l’église Saint-Louis-en-l’Ile, où il est organiste titulaire, et au clavecin, lors de concerts organisés à l’hôtel de Lauzun, à quelques pas, quai d’Anjou. Deux séries en écho et en intelligence, la première dans la vaste nef, la seconde dans une salle de 90 places seulement.

L’ensemble fait la part belle à Jean-Sébastien Bach, mais fait entendre aussi des compositeurs auxquels Alard est très sensible, ceux de la jointure des XVIIe et XVIIIe siècles, comme Samuel Scheidt _ 1587-1654, en fait : c’est un contemporain de Schütz… « Sa programmation permet de prendre des distances avec les concerts d’orgue, parfois un peu poussiéreux, du dimanche après-midi« , avoue Benjamin Alard. « Je n’y vois rien de mal, mais je tiens à faire passer un message vraiment musical et exigeant, et aussi à mettre en regard, en « contrepoint », le terme qui sert de titre à la série, la littérature des deux instruments. »

Alard dit aussi vouloir faire découvrir la beauté de l’orgue Bernard Aubertin dont il est le cotitulaire depuis 2005 : « C’est un instrument neuf qui est construit d’après les canons anciens pour jouer spécifiquement la musique allemande des XVIIe et XVIIIe siècles. Son statut et son état sont exceptionnels, surtout si on les compare à ceux de beaucoup d’orgues de la capitale, dont certains sont en mauvaise santé et attendent des restaurations, comme les tribunes de Saint-Nicolas-des- Champs ou Saint-Merri« , précise Alard.

On s’étonne de la jauge de la petite salle de l’hôtel de Lauzun et de son incidence sur l’économie du projet : « Ce projet n’a, en fait, pas vraiment d’économie car notre association, Claviers en l’Isle, ne possède pas la licence de concert. D’ailleurs, ce n’est pas l’esprit de ces rencontres avec le public, que nous voulons singulières et au service premier de la musique. » Singulières mais en rien élitistes, assure Alard : « C’est juste que le clavecin n’est pas fait pour être joué dans des grandes salles et ce n’est que dans un tel cadre qu’on peut vraiment l’entendre » _ oui ! ; comme, aussi, dans les salons ou chambres de l’Hôtel de Soubise, où je suis venu écouter la perfection d’Elisabeth Joyé dans un récital (sublime !) de musique française…

Le festival Contrepoints est aussi soutenu par L’Autre Monde, l’association créée par Jean-Paul Combet, fondateur du label discographique Alpha. « Jean-Paul, qui est un ami, ne fait pas qu’éditer notre dépliant, mais il nous conseille dans la programmation. » Benjamin Alard doit beaucoup à M. Combet : « Il a publié la plupart de mes disques, mais je lui suis redevable de ma découverte _ in vivo : à l’Académie Bach, d’Arques-la-bataille, en Haute-Normandie, près de Dieppe _ de Gustav Leonhardt« , confie le claveciniste à propos du « pape » de l’instrument, qui vient de mourir le 16 janvier.

« C’était en Normandie, ma région natale, lors d’un concert organisé par Jean-Paul. Je me souviens encore avec émotion de ce choc. » Le choc pour l’orgue eut lieu très jeune. Le jeune Alard s’initie à l’instrument grâce au curé de sa paroisse. « Le son de cette machine me fascinait« , se souvient-il. Il travaille avec Louis Thiry, pour lequel il ne cache pas sa vive admiration. Le clavecin vient après. Mais il ne cessera de jouer de conserve les deux types de clavier.

De Leonhardt, auquel on l’a plusieurs fois comparé pour la noblesse _ oui ! _ de leurs jeux, Benjamin Alard n’a cependant pas été l’élève. « J’ai été comme beaucoup extrêmement impressionné par son dernier concert, donné à Paris _ c’était le 12 décembre dernier _, quelques jours _ un mois à peine _ avant sa mort. Et très marqué aussi par les textes _ de sagesse de la vie _ qu’il avait choisi de faire lire à ses funérailles _ à la Westerkerke d’Amsterdam. Des textes magnifiques qui disaient tous le doute _ actif _ face à l’existence. Cet homme suggérait, aidait les musiciens à puiser ce qu’il y a de meilleur et singulier en eux. Il doutait _ positivement _, ne proférait rien. C’est cela qu’il nous laisse en héritage« , conclut Benjamin Alard, visiblement ému.

Contrepoints,
par Benjamin Alard (orgue). Eglise Saint-Louis-en-l’Ile, 19 bis, rue Saint-Louis-en-l’Ile, Paris 6e. Un dimanche par mois, jusqu’au 10 juin. Prochain concert : le 19 février à 12 h 30. Œuvres de Samuel Scheidt, Dietrich Buxtehude. Entrée et participation libres. Durée du concert : une heure, sans entracte.

Renaud Machart

Article paru dans l’édition du 19.02.12

Titus Curiosus, ce 19 février 2012

 

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