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Epatantissime « Frescobaldi’s Manuscripts » d’Adrien Pièce, en un superbe double album Claves… Un Frescobaldi vivant et incarné à la perfection, touché tant au clavecin qu’à l’orgue par ce jeune brillant et très juste claviériste vaudois !

30mai

Fort longtemps,

je me suis plaint de ne pas entendre le Frescobaldi (Ferrare, 13 septembre 1583 – Rome, 1er mars 1643) si réputé dans l’histoire de la musique _ maître, par exemple, du merveilleux magique Froberger (Stuttgart, 18 mai 1616 – Héricourt, 7 mai 1767), tellement admiré ; que dis-je, vénéré ! _, que j’espérais écouter enfin incarné comme il le fallait, au disque, par ses divers interprètes…

Cf par exemple mon article du 14 septembre 2021 « La délicatesse de l’interprétation du clavier de Girolamo Frescobaldi : quel interprète choisir ?« 

_ avec son renvoi à deux précédents articles témoignant de mes endémiques jusque là insatisfactions discographiques, celui du 28 avril 2019 : « «  ; et celui du 21 décembre 2019 : « « 

Or voici qu’un double album Claves 50 3074/75 « Frescobaldi’s Manuscripts« , à l’orgue et au clavecin, par le jeune claviériste vaudois, né à Bex en 1988, Adrien Pièce, vient ce jour enfin superbement combler mes espérances musicales…

Voici Girolamo Frescobaldi réincarné tout vivant sous ses doigts…

M’a fait connaître la parution toute récente de ce double album Claves,

un remarquable article du 21 mai dernier, sous la plume du toujours perspicace Frédéric Munoz, sur le site de ResMusica,

intitulé « Les manuscrits de Girolamo Frescobaldi sous les doigts inspirés d’Adrien Pièce, à l’orgue et au clavecin » :

, musicien _ très _ réputé _ un immense maître ! _ de la première moitié du XVIIᵉ siècle, a composé de nombreux recueils _ musicaux _ publiés, dont plusieurs _ une très bonne part _ sont consacrés au clavier. D’autres œuvres, non éditées, sont restées à l’état de manuscrits qu’ sort de l’ombre sur deux instruments à claviers.

Largement reconnu de son vivant _ absolument ! et bien au-delà de l’Italie seulement… _, Frescobaldi bénéficia d’un important réseau de mécénat qui permit la publication _ souvent fastueuse _ de nombreux Livres de musique, essentiellement dédiés au clavier. Ces derniers sont très populaires _ en effet _ et largement joués et enregistrés _ oui. Pour autant, on découvre avec cet album d’autres œuvres pour le clavier restées dans l’ombre, car n’ayant pas fait l’objet d’une édition _ voilà ! dispendieuse… _ du vivant de l’auteur. On a ainsi recensé en Italie une centaine de manuscrits de la première moitié du XVIIᵉ siècle, dont certains sont fortement attribuables à Frescobaldi. D’éminents musicologues et spécialistes dont Etienne Darbelay ou Luigi Ferdinando Tagliavini ont établi par de nombreuses recherches de quoi proposer une édition regroupant les manuscrits pour le clavier de Frescobaldi _ voilà…

Les sources de ces manuscrits sont nombreuses, réparties dans diverses bibliothèques en Italie, Allemagne et Angleterre _ oui. Les authenticités sont parfois difficiles à établir, mais le style général de ces œuvres se rapproche complètement de celui du grand maitre du clavier _ avec pas mal d’élèves formés par lui, ou auprès de lui, notamment à Rome… _ que fut Frescobaldi. Les formes musicales retrouvées sont du même ordre que celles déjà connues : Toccatas, Canzone, Chaconnes, Partitas, Danses… D’autres compositeurs, dont Louis Couperin _ (Chaumes-en-Brie, vers 2626 – Paris, 29 août 1661) ; après sa rencontre à Paris avec Johann Jakob Froberger _ ou Johann Jakob Froberger, ont interféré dans ces documents au point que l’on peut avancer le fait que parfois ils puissent être les auteurs de certaines pièces. Mais peu importe finalement _ en effet ! _, l’essentiel étant la musique _ oui ! _ et ce qu’elle apporte pour une connaissance plus large de celui qui fut l’organiste du pape à Rome. On peut d’ailleurs encore entendre l’orgue monumental dont il était le titulaire à la basilique Saint-Jean de Latran.

L’album propose deux CDs, tour à tour consacrés à l’orgue et au clavecin. C’est un choix très judicieux quand on sait combien la musique de Frescobaldi est inféodée à ces deux instruments. Le premier CD « orgue » a été enregistré à Lausanne en l’église Saint-François qui possède plusieurs instruments dont un d’esthétique italienne ancienne, construit en 1990 par Barthélémy Formentelli, spécialiste de ce type de facture. C’est un orgue de taille moyenne parfaitement adapté à ce répertoire. Il est à noter que l’orgue a été ré-harmonisé en 2020 par Jean-Marie Tricoteaux qui lui a donné un son quelque peu différent, plus proche d’un esprit italiano-germanique. Bien sûr certaines œuvres sont logiquement destinées à l’orgue, notamment les pièces pour la liturgie : Élévations, Hymnes ou Ricercari. L’interprète place aussi à l’orgue des Canzone et diverses Toccatas  _ par exemple celle-ci, la n°4, conservée à Rome, à la bibloteca vaticana, avec la cote « Chigi Q. IV.25 » : à écouter ici (la plage est d’une durée de 4′ 36″) _, de style assez variés.

Concernant le clavecin du second disque, il s’agit d’une très belle copie d’un instrument italien du XVIIᵉ siècle réalisée en 2014 par le facteur Matthias Griewisch. Ici sont regroupées d’autres œuvres à caractère plus profane. Outre quelques Danses, Balleti ou Passacailles, quelques Suites de variations sur des thèmes à la mode sont de la meilleure veine. On retrouve avec bonheur _ oui ! _ les airs de La Monica, Ruggieri et Romanesca _ notée n°26, conservée à la bibliothèque privée Cosimo Prontera, à Brindisi : à écouter ici (la plage est d’une durée de 2′ 42″). L’exubérance de la musique est totale _ absolument ! _ et servie avec clarté _ oui _ par les sonorités du clavecin.

Il faut louer ici le jeu à la fois brillant et profond _ tout à fait _  d’ qui, tant à l’orgue qu’au clavecin, au-delà d’une maitrise totale des ces deux instruments, apporte un discours nourri et inspiré _ oui ! Grâce à lui, un pan entier de musique nous est révélé _ voilà Et c’est un apport considérable à notre connaissance de l’œuvre de Frescobaldi… _ pour une meilleure connaissance et une compréhension approfondie d’un répertoire qui se hisse largement au niveau des œuvres déjà connues et éditées du vivant de Frescobaldi _ mais oui. La présentation de l’album est très soignée, tant par les textes instructifs que par les prises de son, de _ très _ grande qualité.

Girolamo Frescobaldi (1583-1643) :

Pièces manuscrites non-éditées.

Adrien Pièce à l’orgue italien Barthélémy Formentelli (1990) harmonisation Jean-Marie Tricoteaux (2020) de l’église Saint-François à Lausanne (Suisse), et au clavecin italien Matthias Griewisch (Bammental 2014).

2 CD Claves.

Enregistrés à Lausanne en juillet 2021 et à Haltingen (Allemagne) en août 2021.

Durée totale : 118:21

Un double CD magnifique et très important !

Ce mardi 30 mai 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Ecouter l’admirable chanson « Tu crois ô beau soleil », de Louis XIII (et Pierre de La Barre) : magique acmé du génial CD d’Arnaud De Pasquale « Le Fier virtuose _ le clavecin de Louis XIII »…

20jan

Le magique _ et magistral ! _ CD « Le Fier virtuose _ le clavecin de Louis XIII » (CD Château de Versailles Spectacles CVS 047) du claveciniste _ virtuose… _ Arnaud De Pasquale _ avec ici, un bref échantillon vidéo de 2′ _,

a probablement pour acmé la chanson _ merveilleuse ! _avec ses variations _ splendides : par Pierrre de La Barre, épinette et organiste du roi…_,  composée par le roi Louis XIII lui-même, « Tu crois ô beau soleil« ,

telle que rapportée et spécifiquement notée par Marin Mersenne en son « Harmonie universelle » (de 1636-37)…

De cette chanson composée par Louis XIII,  une seule version chantée m’a jusqu’ici été accessible sur le web :

celle réalisée, en 1967, sur le disque Pathé-Marconi DTX 329 _ cf ici les intéressantes précisions données au verso de ce disque… _ intitulé « Louis XIII Roi de France » _ un enregistrement comportant, outre cette chanson « Tu crois ô beau soleil«  (suivie de ses diminutions réalisées par Pierre Chabanceau de La Barre, « épinette et organiste du Roi et de la Reyne«  : des diminutions « que les mains les plus adroites et les plus vites peuvent exécuter« , comme l’indique Marin Mersenne, « afin que cet exemple serve d’idée à la perfection du beau toucher« …), le célèbre « Ballet de la Merlaison«  (de 1635), ainsi que les brefs Psaume CXXX et Psaume V _, par divers musiciens du Groupe des Instruments Anciens de Paris, dirigé par Roger Cotte :

les chanteurs Geneviève Roblot (soprano), Michel Fauchet, Jacques Husson (ténors) et Bernard Cottret (basse), avec, au luth, Jean-Pierre Cotte, et au clavecin, pour les diminutions, Marcelle Charbonnier.

Sur ce précieux podcast de 24′,

le « Ballet de la Merlaison » est donné du début jusqu’à 12’54 ;

et c’est à 12′ 55 que débute la chanson « Tu crois ô beau soleil« , interprétée par les 4 chanteurs ;

puis, de 15′ 02 à 21′ 24, la claveciniste Marcelle Charbonnier interprète les diminutions réalisées par Pierre de La Barre sur la chanson du roi… 

On peut comparer cette réalisation de 1967 avec celle de février 2005, instrumentale seulement, cette fois, et historiquement mieux informée _ et vraiment très belle, déjà… _ d’Olivier Schneebeli, avec les Symphonistes du Centre de Musique Baroque de Versailles, sur le très réussi CD Alpha 097 intitulé « Nicolas Formé _ Le Vœu de Louis XIII » :

le podcast de la chanson dure ici 2′ 24…

Pour revenir à l’interprétation, absolument, merveilleuse, au clavecin, d’Arnaud De Pasquale

en son admirable CD « Le Fier virtuose _ le clavecin de Louis XIII » (CD Château de Versailles Spectacles CVS 047),

celle-ci se situe à la plage 20 de ce CD (d’une durée totale de 70′ 36),

et dure 9’46 :

elle constitue à coup sûr l’acmé de cet admirable travail d’interprétation d’Arnaud De Pasquale… 

Le 10 janvier dernier, sur l’excellent site ResMusica,

l’excellent organiste Frédéric Muñoz, a publié une excellente très éclairante chronique, très justement intitulée « Arnaud De Pasquale nous révèle le clavecin français sous Louis XIII« ,

que je m’empresse de donner ici,

avec mes farcissures :

Arnaud de Pasquale nous révèle le clavecin français sous Louis XIII

Le clavecin en France sous Louis XIII représente la période d’éclosion _ oui ! _ de cet instrument, appelé à s’imposer jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. Arnaud de Pasquale nous propose de mieux connaitre ce monde fascinant, inspiré par la danse _ un art très français _ et par l’Italie.

Le règne de Louis XIII se déroule depuis la mort d’Henri IV en 1610 et ce durant 33 ans _ 14 mai 1610 – 14 mai 1643. Comme nous l’explique Arnaud de Pasquale, ce monde déjà lointain ne laisse que quelques traces _voilà _ presque tardives _ oui _ à l’exception de rares pièces dont l’une _ la chanson « Tu crois, ô beau soleil » composée par le roi Louis XIII, suivie de ses diminutions réalisées par l’épinettiste du roi, Pierre de La Barre _ dans le Traité de l’Harmonie universelle du Père Marin Mersenne, et d’autres de Jacques Champion de Charbonnières ou de Louis Couperin. Cette période connait sous l’impulsion même du roi, danseur _ oui _ et compositeur _ oui _, un élan sensible vers la musique de ballet _ oui _ où la danse occupe _ bien sûr _ une place centrale. Divers instruments _ oui _ servent ces musiques dont le luth, la viole ou le clavecin. L’improvisation y est très présente _ oui, ainsi que les diminutions _ ce qui permet d’adapter au mieux les situations. Le programme offre ainsi une quarantaine de pièces dont certaines sont originales _ au disque _ et constituent quelques points de repères utiles. Les autres sont des adaptations pour le clavier _ voilà _ par l’interprète. Tout un monde nouveau _ oui : à dimension de continent, même ! _s’offre alors à l’écoute au travers de musiques issues de ballets de cour ou un groupe assez vaste d’auteurs _ oui ; ainsi que quelques pièces demeurées anonymes, aussi _ intervient.

Une ambiance de fête _ absolument ! _ traverse ce disque _ et il fallait bien çà pour ce roi au tempérament mélancolique… J’ai déjà dit ailleurs (cf mon livret du  CD « Un portrait musical de Jean de la Fontaine«  dont j’ai composé 90 % du programme…), que le chanteur (d’origine bayonnaise), Pierre de Nyert (1597 – 1682) était à disposition permanente, jour et nuit, du Roy, pour le distraire de ses accès de mélancolie… Les pièces sont judicieusement regroupées par tonalités en quatre suites en ut, ré, fa et sol, mais l’auditeur pourra s’amuser à les écouter également en lecture aléatoire comme le permettent la plupart des appareils. On découvrira même _ au moins _ deux pièces écrites par le roi Louis XIII lui même _ oui : il a probablement participé à quelques pièces de divers ballets de cour… Ces musiques s’inspirent encore du siècle passé _ oui _  où la danse était omniprésente en Europe _ et plus particulièrement encore en France ; mais les musiques, de même que les musiciens, d’ailleurs, aussi, circulaient beaucoup, beaucoup, de par l’Europe entière… _, comme l’atteste cette Courante de Michael Praetorius, réminiscence de la Renaissance.

Arnaud de Pasquale a choisi deux clavecins qui lui paraissent traduire au mieux la musique française de ce début du XVIIᵉ siècle. Aucun clavecin français de l’époque _ hélas _ ne subsiste, le premier _ conservé _ étant de 1658, construit par Jean Denis ; aussi le claveciniste s’est-il plutôt tourné vers des copies d’instruments qui circulaient à la cour à cette époque, notamment des modèles flamands et italiens. On entendra ici un instrument d’esprit italien construit en 2005 à Barbaste par Philippe Humeau _ oui _  et un autre, flamand, restauré par Emile Jobin en 1991, édifié par Ioannes Rückers, de 1612. Ces instruments sonnent assez différemment de ceux qui viendront par la suite _ oui _ et exaltent magnifiquement _ oui, oui _ ce répertoire _ plutôt jubilatoire (et éloigné de la musique anglaise, à la Dowland)… _ de danceries et de chansons…

Dans cette frénésie rythmique _ voilà ! que sert splendidement la virtuosité dépourvue de tout maniérisme d’Arnaud De Pasquale _ on retrouve les fastes de la Renaissance pas si éloignés encore _ certes… Et Louis XIII, très cultivé, avait aussi une mère italienne… Une montée en puissance s’opère par moments jusqu’à demander la complicité _ jubilante _ de François Guerrier au deuxième clavecin dans quelques mouvements endiablés _ voilà : mais sans hystérie… _ qui rendent les instruments envahissants enivrants _ oui. Arnaud de Pasquale transcende ces répertoires « retrouvés » par un jeu très vivant _ oui ! _ et puissant _ oui _, et par la portée _ éloquente _ qu’il procure au discours _ oui. Le clavecin ainsi représenté préfigure l’époque suivante qui verra l’apogée _ à partir de Frescobaldi, Froberger et Louis Couperin, pour commencer… _ de cet instrument sous les règnes de Louis XIV et Louis XV, et se prolongera jusqu’à la fin de la royauté avec l’arrivée du pianoforte _ en effet.

Œuvres d’Etienne Moulinié (1600-1669), Jacques Chambonnières (1601-1672), Charles Bocquet (1570-1615), Anthoine Boësset (1586-1643), Louis XIII (1601-1643), Louis Couperin (1626-1661), Guillaume Dumanoir (1615-1697), Michael Praetorius (1571-1621), Claude Le Jeune (1528-1600).

Quatre Suites en Ré, Ut, Fa et Sol d’après divers auteurs français du XVII° siècle, reconstituées et jouées par Arnaud de Pasquale :

clavecins Philippe Humeau et Emile Jobin d’après Joannes Ruckers et un modèle italien.

1 CD Château de Versailles Spectacles.

Enregistré au château de Montgeroult en septembre 2019.

Livret en français, anglais et allemand.

Durée : 70:36

Un CD absolument enthousiasmant !!!

Et donc indispensable !!!

Ce jeudi 20 janvier 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un voyage dans l’Allemagne baroque musicale, de Johann-Kaspar Fischer (1656 – 1746) à Johann-Balthasar Kehl (1725 – 1778)

30août

Ce soir, l’actualité discographique nous donne l’occasion d’un très intéressant voyage musical dans l’Allemagne baroque du XVIIIème siècle…

Avec un CD du label Encelade _ ECL 2002 _ intitulé « Ich schlief, da träumte mir« , par la claveciniste Anne-Marie Dragosits ;

que nous présente, sur son site Discophilia, un article de Jean-Charles Hoffelé, intitulé, lui, « Visages du sommeil« ,

 

autour d’œuvres de 7 compositeurs,

allant de Johann-Kaspar Fischer (1656 – 1746) à Johann-Balthasar Kehl (1725 – 1778),

en passant par Johann Kuhnau (1660 – 1722), Christoph Graupner (1683 – 1760),

et Johann-Sebastian Bach (1685 – 1750) et ses fils Carl-Philipp-Emanuel (1714 – 1788) et Wilhelm-Friedemann (1710 – 1784)

VISAGES DU SOMMEIL

Les rêves tendres, la mort, les voluptés du repos, les abîmes des songes noirs, Anne Marie Dragosits conduit les splendeurs de son grand Clavecin Zell dans le monde entre baroque et Aufklärung, où se pressent toutes les contradictions _ ou variétés _ du XVIIIe siècle.

L’idée même de sommeil renvoie à la tragédie lyrique  _ dont l’Atys de Lully... _ et à l’omniprésence du style français _ oui ! _ dévié de l’art des luthistes _ oui _ qui se prolonge dans les œuvres des clavecinistes allemands, Christoph Graupner en tête, dont l’abondante œuvre de clavecin mériterait _ assurément ! _ d’être plus courue, et qui fait entendre cette persistance dont son Sommeille de la Suite « Febrarius » ou dans celui de la Partita VII, alors que Johann Kuhnau, dans sa Sonata quarta compose un lamento qui pourrait être tiré d’une cantate italienne : cette Hiskia agonizante e risanato semble venir d’une autre planète, anticipant sur les sonates narratives qui feront la fortune de Dussek.

Entre deux mondes donc, cette claveciniste sensible et brillante dévoile les feux du grand clavecin signé par Zell en 1728 et restauré par Martin Skowroneck en 1973 – l’instrument est pieusement conservé au Musée de Hambourg -, éblouissant ce répertoire rare de ses couleurs si vives, faisant chanter les polyphonies dans ses registres contrastés, animant dans le foisonnement de sa richesse harmonique les libertés et les inventions _ en effet _ de tout un pan de l’histoire de la littérature du clavecin.

Si elle goûte tant la variété que lui autorisent ces disques aux programmes transversaux, oserait-elle revenir à un album monographique ? – après tout, elle l’a bien fait voici quelques lustres pour Froberger – et toujours sur ce Zell miraculeux, elle pourrait nous offrir tout un disque consacré à Johann Caspar Fischer ? La grande Passacaille de la Suite « Uranie », qu’on croirait tirée d’un opéra de Lully, le commande _ Johann-Kaspar Fischer étant un des tout premiers compositeurs allemands à diffuser en Allemagne le grand style des tragédies lyriques de Lully.

LE DISQUE DU JOUR

Ich schlief, da träumte mir

Carl Philipp Emanuel Bach(1714-1788)
La Stahl & La mémoire raisonnée (Nos. 25 & 30, extraites des « Petites Pieces per il cembalo solo, Wq. 117 »)
An den Schlaf, Wq. 202
Variations sur « Ich schlief, da träumte mir »


Wilhelm Friedemann Bach (1710-1784)
Réveille, F. 27
Fantasia, F. 15


Christoph Graupner (1683-1760)
Sommeille (extrait de la Suite « Febrarius », GWV 110)
Sommeille (extrait de la Partita VII, GWV 107)


Johann Kaspar Fischer (1656-1746)
Musicalischer ParnassusSuite No. 9 « Uranie »
(3 extraits : I. Toccata, IV. Sarabande, XI. Passacaglia)


Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Praeludium (Harpeggiando) en ut majeur, BWV 921
Komm süßer Tod (extrait du „Musicalisches Gesang-Buch, de Schemelli, 1736)


Johann Kuhnau (1660-1722)
Suonata quarta, « Hiskia agonizzante e risanato »


Johann Balthasar Kehl (1725-1778)
Wie schön leuchtet der Morgenstern

Anne Marie Dragosits, clavecin…

Un album du label L’Encelade ECL2002

Photo à la une : la claveciniste Anne Marie Dragosits – Photo : © DR

Ce lundi 30 août 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un récapitulatif commode de mes 106 « Musiques de joie » pour situation de confinement : du dimanche 15 mars au dimanche 28 juin 2020

29juin

Sous forme de courriels à certains de mes amis

avec lesquels je me suis initié à la recherche (et découverte !) de circonstances extra-musicales méconnues de la création musicale,

voici un récapitulatif commode de liens à mes 106 articles de « Musiques de joie« ,

au départ du dimanche 15 mars, premier tour des Élections Municipales 2020,

au dimanche 28 juin, second tour ;

pour temps de confinement…

Chers vous,
 
cette collection de 106 « Musiques de joie »
_ d’un dimanche d’Élections à un autre dimanche d’Élections,
avec cette expérience rare de confinement prolongé, qui m’a permis de mettre mieux (ou enfin !) à profit le trésor désordonné des piles de CDs de ma discothèque personnelle _
constitue, bien sûr, et forcément, un choix partiel et subjectif,  que j’espère cependant pas trop arbitraire.
 
Une sorte de vagabondage heureux à travers l’histoire, assez hiératique et imprévue, non calculée en tout cas, de la formation assez variée de mes goûts de mélomane vraiment curieux,
à défaut d’être effectivement musicien ;
ou comment retourner (un peu) à son profit les insuffisances rédhibitoires de sa formation…
 
Ce qui m’a offert d’étonnantes et bien belles rencontres, totalement imprévues et improgrammées, que j’ai appris aussi à cultiver avec passion en même temps que recul, de cette place un peu étrange et atypique, me semble-t-il, de mélomane inlassablement curieux, ouvert et …passionné !
 
Voilà pourquoi je tenais à inclure en ce bouquet de « Musiques de joie » ce qui a aussi marqué ce parcours personnel _ et atypique _ de réelles découvertes,
à travers l’attention méthodique que j’ai pu porter par exemple à La Fontaine et Marc-Antoine Charpentier, ou à Lucien Durosoir…
 
Ce qui a enrichi considérablement ce que j’ai naguère nommé « l’aventure d’une oreille »…
Et qui est aussi le charme d’une vie (un peu philosophique) épanouie à sa façon…
 
Avec reconnaissance,
 
Francis
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
10) mardi 24 :  
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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         73) mardi 26 :    

 
 
 
 
 
 
 
  
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Réjouissez-vous !

Ce lundi 29 juin 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Musiques de joie : le pétillant proprement céleste des Variations pour piano de Mozart, par le jubilatoire Ronald Brautigam

26mai

Certains genres se prêtent, mieux que d’autres, à la belle réalisation _ ludique _ musicale de la joie :

ainsi en va-t-il tout particulièrement du genre de la Suite

_ au départ, des Suites contrastées de danses, comme dans l’œuvre emblématique de Johann Jakob Froberger (1616 – 1667) : allemande, courante, sarabande et gigue… _

que ce soit pour un instrument seul : le luth, le clavecin, etc.,

ou pour un ensemble plus ou moins étoffé d’instruments : un duo, un trio, etc.,

voire pour un orchestre

_ elles sont alors souvent nommées Ouvertures ; toujours d’après le vocable français…

Et c’est davantage le critère de la variété, déjà, qui importe,

plutôt que le critère plus simple du contraste, comme c’est le cas dans les Sonate et Concerti, à l’italienne…

Ainsi que je l’ai éprouvé au fil _ heureux _ de mes écoutes

pour mes articles de « Musiques de joie« …

Mais il en va aussi ainsi,

même si c’est, bien sûr, selon d’autres modalités _ plus destructurées _,

pour le genre de la Variation sur un thème donné,

dont le compositeur se plait à jubilatoirement s’émanciper

_ comme dans les Goldberg, de Bach (vers 1740), ou les Diabelli, de Beethoven (en 1823)…

J’en veux pour exemple les nombreuses Variations pour piano de Mozart (1756 – 1791) ;

et tout particulièrement, pour l’écoute discographique, dans l’interprétation merveilleusement ludique

qu’en a proposé le flamboyant Ronald Brautigam ;

réunies dans un indispensable coffret de 4 CDs Bis _ le coffret Bis-CD-1266/1267 _,

enregistré en 1997, et publié en 2001.

En voici, par exemple, les Variations sur un Allegretto en Si bémol Majeur KV 500 (de 1786) ;

soit la plage 3 du CD 1

de ce magistral coffret Bis.

Ronald Brautigam est un formidable mozartien !

Ce mardi 26 mai 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

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