De nouveau un excellent article, sur ResMusica, sur le magnifique CD « Wagner In the Shadows » de cet exceptionnel interprète qu’est Michael Spyres : un disque-culte ! Sur la genèse cachée, idéalement servie, de l’idiosyncrasie d’un compositeur d’exception…
24avr
Comme venant à la rescousse des précédents articles consacrés à ce très beau CD Erato 5054197879821 « Wagner – In the Shadows » de l’extraordinaire Michael Spyres, avec ici Les Talens lyriques dirigés par Christophe Rousset _ cf, à propos de ce magique CD, mes articles « De Claudio Monteverdi à Richard Wagner, de 2004 à 2022, le très large répertoire musical (et discographique), et le talent d’interprète de très haute volée et hors normes, du décidément somptueux Michael Spyres… » du 29 mars 2024,
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voici encore, ce mercredi 24 avril, un très judicieux article de Charlotte Sauneron, intitulé « Les influences de Richard Wagner selon Michael Spyres« , sur le site de ResMusica :
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Peu importe le manque de lisibilité du marketing mis en place pour défendre ce projet de Michael Spyres sur Wagner : c’est un disque culte _ oui ! absolument !.. _ qui est entre nos mains.
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Et pourtant, s’il y a bien une démarche artistique que le principal protagoniste de ce disque en la personne de Richard Wagner aurait détesté _ en effet ! _, c’est bien celle que Michael Spyres initie aujourd’hui dans cet enregistrement intitulé « In the Shadows ». C’est seulement en lisant la note de présentation rédigée par le ténor que l’acquéreur de ce disque cerne le fil conducteur de cette proposition : sortir de l’ombre les prédécesseurs de Richard Wagner (d’où le titre !), ceux l’ayant influencé. La suffisance et l’aura du compositeur a longtemps masqué l’apport de nombre de ses prédécesseurs _ voilà ! _, à un point tel que cette programmation musicale est particulièrement intéressante pour deux raisons : par la démonstration de ces filiations étonnamment convaincante _ oui ! _ et par l’originalité et la qualité des ouvrages présentés _ et c’est stupéfiant, en effet _ offrant un large éventail totalement cohérent _ oui.
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Une histoire du chant en dehors des sentiers battus _ voilà qui est très juste et va à l’essentiel de ce projet et cette réalisation !
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Le récital est donc construit chronologiquement _ oui _, des œuvres françaises du début du XIXe siècle (Joseph d’Etienne Méhul) au récit du Graal (Gralserzähling) de Lohengrin. Intelligemment, le lien entre ces pièces trouve sa genèse dans les répertoires des premiers interprètes wagnériens de l’époque _ voilà _, le ténor Josepf Tichatschek en tête. Avant une analyse de la technique compositionnelle du chant, c’est d’abord une analyse de la carrière des chanteurs de Wagner que Michael Spyres a entrepris _ c’est très juste.
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Avec Joseph _ de Méhul _, c’est le rapport au théâtre qui sera transformé pour un Wagner admirant cette intégration idéale de l’orchestre dans le déroulement du drame _ voilà. Pour cet air du rôle-titre, « Vainement Pharaon, dans sa reconnaissance…Champs paternels », c’est l’occasion pour Michael Spyres d’offrir une ligne de chant d’une pureté remarquable _ oui _, soutenue par un legato velouté _ oui _ et une diction impeccable _ absolument.
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Le héros _ Florestan, de « Fidelio » _ de Beethoven fait ensuite son apparition avec l’air « Gott ! Welch Dunkel hier !… In des Lebens Frühlingstagen » sous les impulsions dramatiques de la direction de Christophe Rousset qui met en exergue la couleur profonde et la majesté d’interprétation des Talens lyriques. Pour Michael Spyres, Florestan, par son registre dramatique, « représente le prototype du heldentenor wagnérien » _ voilà _ que l’on retrouvera dans l’ario de Pollione « Meca all’altar di Venere » de Norma _ de Bellini _ (piste 8). Là encore, la variété d’intentions du chanteur est admirable tant par sa puissance que par sa majestuosité _ oui. On retrouve ensuite l’écriture du « baryténor » et son mélange de dramatisme et de virtuosité (quelle cadence sur près de trois octaves dans l’air de Leicester « Della cieca fortuna un tristo esemio » extrait d’Elisabetta, regina d’Inghilterra _ de Rossini _ !) que l’interprète a défendu dans un précédent disque,
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De Meyerbeer (air du Crociato « Suona funerea » _ in Il Crociao in Egitto _) l’orchestration cuivrée, de Weber (air de Max « Nein, länger trag’ ich nicht die Qualen, Durch die Wälder, durch die Auen » extrait de l’opéra Der Freischütz) le surnaturel des apparitions de Zamiel avec un Michael Spyres particulièrement engagé et ardent, d’Auber (air de Masaniello « Spectacle affreux ! O Dieu ! Toi qui m’as destiné » de La Muette de Portici) le grand opéra français retranscrit en allemand…
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La souplesse de la voix du ténor met en lumière un trésor lyrique _ oui !! _ avec l’air d’Heinrich « Der Strom wälzt ruhig seine dunklen Wogen » extrait d’Agnes von Hohenstaufen de Spontini (dans sa version initiale en allemand). Superbe lamento sombre par les couleurs des vents, la douceur des intonations belcantistes et l’éloquence de la déclamation d’un ténor à son apogée _ tout cela étant d’une parfaite justesse. Ce parcours pré-wagnérien se termine avec une autre découverte _ oui _, l’opéra Hans Heiling d’Heinrich Marschner où Michael Spyres finit de démontrer son adaptabilité sans pareille – dans un récital qui reste toutefois irréalisable sur scène – dans un phrasé exemplaire.
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Le chant selon Wagner
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La fougue des Talens Lyriques, dans ses vagues orchestrales comme dans ses silences, porte un Michael Spyres inspiré dans cet univers fantastique des Fées (air d’Arindal « Wo find ich dich, wo wird mir Trost ? ») où le jeune Wagner s’inscrit dans les codes en respectant la forme usuelle de l’époque : récitatif accompagné, aria et strette finale. Sa singularité s’affirmera dans son Rienzi (air de Cola Rienzi : « Allmächt’ger Vater, blick’ herab ! ») avec des intentions vocales qui évoluent dans une profondeur et une résolution appréciables, l’intensité de son chant trouvant son éclat _ splendide _ dans le dernier air de ce récital avec Lohengrin (« Mein lieber Schwan !). Pour ces deux derniers airs, Les Talens Lyriques se caractérisent par leur subtilité et leur délicatesse, autant dans l’équilibre et la fusion des pupitres, que dans leurs couleurs et la texture instrumentale _ oui. Il n’y a pas à dire, Michael Spyres est prêt cet été pour _ la scène de _ Bayreuth !
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« In the Shadows ».
Œuvres d’Etienne Méhul (1763-1817), Ludwig van Beethoven (1770-1827), Gioachino Rossini (1792-1868), Giacomo Meyerbeer (1791-1864), Carl Maria von Weber (1786-1826), Daniel Auber (1782-1871), Gaspare Spontini (1774-1851), Vincenzo Bellini (1801-1835), Heinrich Marschner (1795-1861), Richard Wagner (1816-1883).
Michael Spyres, ténor. Julien Henric, ténor. Jeune chœur de Paris (chef de chœur : Marc Korovitch). Les Talens lyriques, direction musicale : Christophe Rousset.
1 CD Erato. Enregistré en décembre 2022 à la Salle Colonne à Paris.
Notice de présentation en anglais, français et allemand.
Durée : 84:49
ERATO
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Un disque culte, oui, vraiment !
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Ou la genèse idéalement servie de l’idiosyncrasie d’un compositeur d’exception…
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Ce mercredi 24 avril 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa