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L’art du maquillage et du démaquillage, dans « Cara pace » (paru en italien, en 2020) et « Sous ma carapace » (traduit en français, en 2023), de Lisa Ginzburg, ou l’urgence en partie cathartique d’un récit de presque émancipation (d’un cadre familial cabossé), à absolument partager, pour se prémunir de la menace du retour éventuel de fantômes …

27avr

L’art du maquillage et du démaquillage (entre « Cara Pace«  _ en italien : le livre est paru en 2020, à Milan, chez Adriano Salani Editore, sur décision de Luigi Spagnol... _ et « Sous ma carapace«  _ en français : le livre vient tout juste de paraître le 6 avril dernier aux Éditions Verdier, dans l’excellente collection « Terra d’altri » de Martin Rueff… _ de Lisa Ginzburg

_ née à Florence le 25 octobre 1966, Lisa Ginzburg, qui vit depuis longtemps à Paris, est la fille du très grand historien (de la microhistoire) Carlo Ginzburg (Turin, 15 avril 1939) et la petite-fille de la magnifique Natalia Ginzburg (Palerme, 14 juillet 1916 – Rome 7 octobre 1991)… _ :

protéger et se protéger durablement soi et d’autres ou/et s’éclater _ soi _ en s’émancipant, au moins une petite fois, en une occasion totalement imprévue, du cadre ambivalent de son histoire familiale un peu trop cabossée en son départ, entre Genzano, Rome, Paris (ainsi que New-York-Brooklyn) ; ou l’urgence d’un récit à absolument partager…

De la première phrase, page 13 : « Je décide que je dois absolument aller à Rome. Je prends la décision un soir, en me démaquillant. Pierre est déjà couché…« ,

à, page 244, « Ce qui m’est arrivé à Rome, il faut que je le raconte à quelqu’un. Partager : nommer l’événement avant qu’il ne se congèle dans mon imagination sous forme de fantôme _ qui revienne méchamment (me) hanter. Le garder pour moi, protégé par ma carapace – cara pace, je n’y arrive pas. Ça ne m’est tout simplement pas possible » _ voilà ! en une fonction en quelque sorte cathartique du récit (parlé ou écrit)... _,

et surtout, à peine 15 lignes plus loin,  à la page finale, page 145 : « Il n’y a rien à commenter, ni à conseiller _ de la part de quelque interlocuteur que ce soit…  Juste attendre que ça passe _ l’ébranlement de l’événement imprévu survenu à Rome, et maintenant ses éventuelles répliques à venir… Chère paix, carapace.

À la fin de notre coup de fil _ à Nina, la sœur (qui vit avec son époux Brian à Brooklyn) de la narratrice, qui vit, elle, avec sa famille, à Paris, dans le 17e arrondissement _, ce que j’étais sur le point de demander à Nina, c’était si elle voudrait bien m’héberger _ chez elle et son mari _ à Brooklyn quelque temps. Partir, seule _ sans son mari Pierre (diplomate à l’Unesco) et ses enfants Val (Valentina) et Sam (Samuel) _, prendre des distances. Mettre de l’espace, du silence, retrouver la clé, le sens _ dérangeant _ de cette rencontre imprévue _ à Rome, au parc aimé de la Villa Pamphili… _ qui m’a choisie et atteinte comme un rayon de lumière.

Confier à Nina, à sa chaleureuse hospitalité d’âme désordonnée et de sœur, une histoire dont il aurait été plus normal qu’elle lui arrivât à elle, et qui au contraire m’est arrivée à moi. Un événement qui n’appartient qu’à moi, mais pourrait être à Nina, et s’il devient aussi le sien, c’est grâce à cette intime indistinction qui nous lie _ depuis la brutale séparation (puis le consécutif éloignement d’elles deux, encore bien jeunes, âgées alors de 9 et 8 ans seulement…) de leurs parents, Sebastiano Cavallari et Gloria Recabo _, ce fil invisible que rien n’a jamais pu rompre.

Je vais lui demander si elle peut m’accueillir à New-York, quelque temps, chez eux : mais pas aujourd’hui. Une autre fois. demain peut-être. » 

À suivre…

Un lumineux roman à connotations _ forcément _ en partie autobiographiques…

Ce jeudi 27 avril 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

En appendice à mes remarques précédentes sur les films « Andenken, je pense à vous » (de 2020) et « Philippe Lacoue-Labarthe. Altus » (de 2013), le passionnant article « Bordeaux 1965 : pour Philippe Lacoue-Labarthe », de l’excellent Jean-Michel Rabaté (en mai 2007)

30nov

C’est suite à mon envoi, à mon ami Philippe Trouvé, de courriels concernant les films « Andenken, je pense à vous » (de 2020) et « Philippe Lacoue-Labarthe. Altus » (de 2013),

et ma question de savoir si Sylvain Dupasquier, auteur d’images filmées de (et à) Bordeaux en 1965, alors que Sylvain Dupasquier était, cette année-là, élève _ de même  que Philippe Trouvé et Jean-Michel Rabaté _ de Philippe Lacoue-Labarthe en classes de Français au Lycée Montaigne à Bordeaux _ moi-même étant cette année scolaire-là (1964-1965) élève d’Hypokhâgne en ce même Lycée Montaigne, dont le proviseur était Jean Lacoue-Labarthe (1914 – 1999) ; et j’y étais condisciple d’Antoine Lacoue-Labarthe, le benjamin de la fratrie dont Philippe étaît l’aîné, et qui devint lui aussi professeur de Philosophie…)_,

des images de Bordeaux en noir et blanc intégrées en ces deux films de 2020 et 2013,

que Philippe m’a adressé l’article _ hyper-intéressant ! _ de Jean-Michel Rabaté _ né en 1949, et enseignant à l’Université de Pennsylvanie… _, intitulé « Bordeaux 1965 : pour Philippe Lacoue-Labarthe« , paru dans le n° 22 (2007/1) de Lignes, aux pages 37 à 41

Qu’on en juge, le voici _ agrémenté de quelques farcissures miennes, en vert... _ :

1Comme Roland Barthes qui s’étonnait de regarder « les yeux qui ont vu l’Empereur » en contemplant une photographie du frère de Napoléon, j’ai eu un très fort sentiment d’étonnement _ voilà ! _, presque plus fort que le deuil ou la tristesse, lorsque j’ai vu sur l’écran de l’université de New York _ cet éloignement géographico-océanique là, d’outre-Atlantique, venant constituer là une circonstance aggravante… _ les images d’Andenken, ce film sur Hölderlin à Bordeaux voulu depuis toujours _ au moins 1965, en tout cas... _ par Philippe Lacoue-Labarthe _ né le 6 mars 1940 : en 1965, il a 25 ans… _, un film qui montre _ voilà ; et ce qui m’a bien entendu le plus frappé et fasciné, ça a été de retrouver en sa violente vérité à l’image la ville alors si noire de 1965, en les inserts montés là, en des rushes noir et blanc, venant s’immiscer entre les deux panoramiques flmés, eux, en douces couleurs, probablement en 2000  _ en de très larges panoramiques _ oui, au nombre de deux, et à deux heures différentes de la journée, dont le second à la tombée du soir, au crépuscule… _ la ville de Bordeaux vue des rives de la Garonne _ depuis une hauteur verdoyante, arborée et surplombante (et en cela parfaitement fidèle au poème « Andenken«  de Hölderlin, écrit à son retour en Allemagne, en 1803), de Lormont, sur la rive de la Garonne opposée à Bordeaux, en contrebas _, avec un rapide passage sur les allées de Tourny _ monté en insert, et avec un très fort, quasi violent, impact sur nous qui regardons, et nous ressouvenons, aussi, et surtout, de 1965… Et sa voix _ du 20 juin 2000, et ainsi éternelle… _ lit le poème dans sa traduction _ personnelle _ ; sa voix grave, posée, égale, monte de la nuit dans laquelle la ville s’abîme peu à peu _ au moment de ce second panoramique de 2000… Ces images _ ainsi inserrées au montage _ filmées _ elles _ en 1965 m’incluaient forcément _ voilà ! _ puisqu’à cette époque j’y habitais. J’ai pensé : « Je suis dans le film ! » Si j’y suis encore, c’est que je suis encore un peu _ et pour toujours, et désormais même plus que jamais, par la grâce de ce que vient raviver si puissamment ce formidable film… _ cet élève de terminale de Bordeaux, élève dans une classe où Philippe Lacoue-Labarthe enseignait, que je reste marqué par une forte scansion, un temps formateur décisif _ oui _ que je voudrais évoquer brièvement.

2Afin d’entrer _ un peu plus précisément _ dans ce passé presque oblitéré par ce qui l’a suivi, je veux dire la césure historique de 1968, je voudrais prendre appui sur une anecdote récente. En février 2007, préparant quelque chose pour cet hommage à Philippe Lacoue-Labarthe _ décédé à Paris le 28 janvier 2007 _ à New York, j’avais emporté avec moi mon exemplaire de La Poésie comme expérience alors que j’allais à une réunion de parents d’élèves dans l’École française internationale de Philadelphie pour ma fille de huit ans. Son institutrice est française ; après son compte-rendu sur les activités et résultats de ma fille, elle a désigné mon livre : « Mon professeur », a-t-elle dit simplement. Il se trouvait qu’elle avait été étudiante en philosophie à Strasbourg avant de venir enseigner dans une école bilingue aux États-Unis. Elle a ajouté : « Il était toujours très clair, même quand nous lisions des textes difficiles. Pas comme certains autres professeurs de philo ! Mais de lui, je me souviens de chaque mot qu’il a prononcé. » Elle venait de dire les mots exacts que je me répétais à propos de Philippe Lacoue-Labarthe : en effet, plus de quarante ans plus tard, je pouvais me souvenir de presque tout ce qu’il avait dit.

3Cela se passait en 1965, au lycée Michel Montaigne de Bordeaux, lycée où son père _ Jean Lacoue-Labarthe (Paris, 3 octobre 1918 – La-Teste-de-Buch, 14 juin 1999 _ était proviseur _ il le demeurera jusqu’en 1978. Mon père était le professeur de latin et de français en khâgne, et nous étions secrètement unis par cette légère tare, d’être des fils de l’institution. Quand nous parlions de « Lacoue-Labarthe », c’était immanquablement de son père qu’il s’agissait. Lui était pour nous toujours « Lacoue ». Nous n’en parlions pas, mais il savait que je savais qu’il avait été l’élève de mon père comme j’étais son élève et comme, d’ores et déjà, je savais qu’à mon tour, inéluctablement, je serai l’élève de mon père en khâgne. Mon père parlait de lui avec beaucoup de chaleur et disait souvent : « Remarquable, mais trop philosophe pour être un vrai littéraire. » Car, curieusement, Philippe Lacoue-Labarthe enseignait le français et non la philosophie dans cette classe de terminale triée sur le volet, où chacun savait un peu de latin, de grec et d’allemand. Ses cours n’étaient pourtant pas des cours traditionnels _ tiens, tiens… Longtemps j’ai vécu avec ce capital de culture qu’il m’a donné en un an. Nous étudiions Nietzsche sur la tragédie, Racine lisant la Poétique d’Aristote (avec de longs excursus sur la notion de catharsis), le Montaigne sceptique de l’Apologie de Raymond Sebonde, Hegel sur l’esthétique, la Recherche de Proust conçue comme une incarnation romanesque du programme de la Phénoménologie de l’Esprit, les théories de René Girard sur le mensonge romantique et la vérité romanesque, les poèmes de Du Bouchet comme Dans la chaleur vacante, et ceux de Char, les Feuillets d’Hypnos surtout, à travers les lectures thématiques de Jean-Pierre Richard. J’avais seize ans et Philippe Lacoue-Labarthe vingt-cinq ans. Nous lui vouions tous un grand culte.

4Il nous donnait des devoirs difficiles qui nous revenaient couverts d’annotations en marge, et suivis d’une ou deux feuilles de son écriture serrée et minuscule qui faisait penser à un texte dactylographié en italiques de corps 9 ou 10. Nous avisions de discuter si l’on peut comprendre La Chartreuse de Parme selon la formule de Hegel qui définit le roman comme le conflit entre la poésie du cœur et la prose des relations sociales. Je m’étais mis en tête de refuser cette idée, sans doute parce qu’à l’époque je pensais encore naïvement que le chef d’œuvre de Stendhal ne peut se réduire à des formules aussi péremptoires et générales. J’ai longtemps gardé cette copie avec ses trois pages de commentaires agrafées au dos. Il en avait écrit plus que moi, s’efforçant de me démontrer patiemment comment on pouvait comprendre l’idée de Hegel et en quoi elle éclairait la lecture de Stendhal. En effet, je ne pus que m’avouer battu.

5C’était l’époque où les lycéens étaient, selon le mot de Barthes, encore des « petits messieurs » qui portaient la cravate presque tous les jours. Le seul signe de transgression était celui de fumer en classe – ce qui était théoriquement interdit. Dans ce lycée de garçons, nous étions plongés dans un nuage de fumée en cours de philo et de français, car, à cette époque, penser c’était fumer. Penser, c’était aussi bluffer ou faire semblant. Nous bluffions beaucoup ; ainsi je prétendis avec quelque succès avoir lu toutes les nouvelles de Borges alors que je n’en connaissais que deux ou trois (nous n’avions pas oublié le conseil de notre professeur de philosophie, _ le très marquant, lui aussi _ André Pessel _ Versailles, 24 mars 1935 – Paris, 18 décembre 2019 ; de lui, lire son passionnant « Les Versions du sujet« , paru, posthume, en mars 2020 _, qui nous conseillait : « Cuistrez, messieurs, cuistrez ! ») et, avec moins de succès, je jurai que j’avais entendu toutes les symphonies de Mahler qu’on redécouvrait à cette époque. Mais nos velléités de jouer à des petits messieurs cultivés s’évanouissaient devant la culture vraiment universelle de Philippe Lacoue-Labarthe. Un jour qu’il voulait nous parler de la Renaissance et de l’invention de l’humanisme classique, à la suite (je le compris plus tard) de sa lecture de Groethuysen _ son « Anthropologie philosophique« , parue en 1953… _, il s’inquiéta de nos lacunes : « Comment, Pomponazzi, Pomponazzi, vous n’avez jamais entendu parler de Pomponazzi ? Et Pic de la Mirandole ? Vous ne connaissez même pas son nom ? Voyons, vous savez bien,De Omne Scibili”. » Non, nous ne savions pas, nous n’avions jamais entendu ces noms-là, et son accablement n’était pas feint. Ce qui me frappa alors, c’est qu’il avait authentiquement l’espoir que l’un d’entre nous lève le doigt et réponde à l’appel. Je retrouvai plus tard ce même effarement, devant l’ignorance des étudiants, avec Paul Celan, qui enseignait l’allemand à des normaliens en première année, lorsqu’il nous demanda comment il se faisait que nous ne puissions décliner les variations historiques sur le mot « cheval » en dialecte picard…

6De omne scibili Ceci se passait en 1965, dans cette capitale provinciale bien douillette _ et aux façades encore tristement noirâtres… _ qui était pourtant parcourue de frissons annonciateurs ; les comités Viêt-Nam de base déclamaient déjà contre l’impérialisme américain ; j’allais écouter des vieux anarchistes espagnols rescapés de la guerre civile dans le quartier ancien de Saint-Michel, où les mots d’ordre étaient « Conseils ouvriers » et « Ni Dieu ni Maître » ; je découvrais Max Stirner et Bakounine que je lisais pieusement ; nous collectionnions précieusement les premiers numéros de L’Internationale situationniste, éblouis de voir nos visages imberbes de préadolescents se refléter dans la couverture miroir teintée en jaune ou vert de certains d’entre eux. C’était en 1965, les Beatles étaient plus célèbres que Jésus-Christ, de Gaulle favorisait un rapprochement avec l’Union soviétique, Claude Simon venait dans le Sud Ouest lire des passages de La Route des Flandres, Jean-Luc Godard et François Truffaut proposaient des marathons filmiques qui duraient tout un week-end, jour et nuit compris, seule façon en effet de monter le génie de Griffith, Eisenstein et Fuller, tous les classiques russes et américains qui les avaient marqués. Et, de toute façon, quand il y avait un trop-plein de culture, la mer n’était pas loin.

7Philippe Lacoue-Labarthe et André Pessel avaient l’habitude de se retrouver chez l’un ou l’autre, et un petit groupe d’entre nous était régulièrement invité. Là, nous fumions beaucoup et buvions un peu, discutant de Pierrot le Fou ou du déjà légendaire « Docteur Lacan » qui parlait de phallus de manière oraculaire à tout bout de champ. Saussure était dans l’air du temps, mais nous savions déjà que, « lassé de Saussure, Lacan délabre. » C’est au cours de ces discussions informelles que j’ai entendu Philippe Lacoue-Labarthe expliquer qu’il allait _ voilà ! _ filmer le voyage de Hölderlin à Bordeaux, pour un long film _ tiens, tiens… _ qui s’appellerait Hölderlin à Bordeaux _ nous y voilà donc ! Et ce sera, mais seulement en 2020, le poignant film « Andenken, je pense à vous«  de Christine Baudillon, à partir de ces divers rushes de 1965, ainsi que des prises de 2000 ; et avec, surtout aussi, la voix grave de Philippe Lacoue-Labarthe, lisant, le 20 juin 2000, le si marquant poème « Andenken« , sur un Bordeaux (et ses « jardins« ) vu(s), à l’équinoxe de mars 1802 (et ouverture du printemps), de la verte colline arborée (d’essences très diverses) de Lormont… Ce séjour bref _ de 102 jours (du 28 janvier au 9 mai) _ de Hölderlin en 1802 lui fit découvrir la Grèce _ celle de Diotima et Hyperion… _ sur les rives de la Garonne, avant sa remontée vers Strasbourg, Paris et le Nord de l’Allemagne _ avant son retour vers la Souabe et Tübingen. D’ailleurs, nous nous voyions bien comme habitant dans une petite Grèce, à cette époque où un autre lieu de réunion des intellectuels était la Librairie Mimesis _ rue de Grassi, que tenait Jacqueline Pontévia ; elle vit toujours, à Bordeaux _ où l’on entendait souvent _ Jean-Marie _ Pontevia _ âgé de 35 ans en 1965 : né le 37 janvier 1930, Jean-Marie Pontévia, mon maître de Philosophie (et Esthétique), est précocement décédé le 27 octobre 1982 _ et _ Philippe _ Lacoue-Labarthe _ âgé de 25 ans alors _ se lancer dans des joutes oratoires époustouflantes au sujet du projet esthétique de Heidegger ou de Totalité et Infini qui venait de paraître et que j’achetai sur le champ. Philippe Lacoue-Labarthe voulait filmer la ville vue par Hölderlin, le poète génial qui entrevoit la lumière et la santé juste avant son obscurcissement fatal, et aussi les « jardins de Bordeaux » et tous ses compagnons disparus inexplicablement. Hölderlin le dit bien : « Was bleibet aber, stiften die Dichter ».

8Ce qui demeure est fondé ou « institué » (verbe _ d’élévation _ qu’il préfère _ à l’acte de donner des fondations dans le sol… _ dans sa traduction) par les poètes. Dichter était un terme qui allait bien à Philippe Lacoue-Labarthe. Nous considérions « Lacoue » comme un poète et un traducteur, autant, sinon plus, que comme un philosophe de l’esthétique ou un éducateur génial. Ce qui reste, il me l’a donné. Il me l’a donné parce qu’il a su l’instituer _ voilà, le faire tenir solidement debout et quasiment pour toujours _, mais sans « institution » _ sociale _, en sa personne singulière _ et par la puissance de la seule portée de sa voix _, en sa vocation _ un appel de (et à) la voix… _ exigeante. Il m’a appris à penser au sujet de la littérature et, ce qui est bien plus, il m’a montré que la littérature pense. Je ne saurais le remercier _ voilà _ assez. Andenken, Andanken.

Mis en ligne sur Cairn.info le 01/01/2014
https://doi.org/10.3917/lignes.022.0037

Et en étant un cran plus attentif à la chronologie qu’implique l’article « Bordeaux 1965 : pour Philippe Lacoue-Labarthe » que Jean-Michel Rabaté a publié dans Lignes au mois de mai 2007, et tout particulièrement à ce passage inaugural-ci :

« lorsque j’ai vu _ en 1967, donc ; cet article ayant paru aux pages 37 à 42 du numéro 22 de Lignes au mois de mai 2007  _ sur l’écran de l’université de New York les images d’Andenken, ce film sur Hölderlin à Bordeaux voulu depuis toujours par Philippe Lacoue-Labarthe« ,

il m’a fallu réviser, ou du moins affiner-préciser-compléter, ma datation du film « Andenken, je pense à vous » (de 2020) de Christine Baudillon et Philippe Lacoue-Labarthe (décédé le 28 janvier 2007) _ voir aussi, avec certaines mêmes images, ainsi que la voix, encore, de Philippe Lacoue-Labarthe (enregistrée en 2002), leur précédent film, paru en 2013, « Philippe Lacoue-Labarthe. Altus«  _ :

le film, ou au moins des extraits très significatifs de celui-ci, ayant donc été déjà monté(s) et montré(s) en hommage In Memoriam à Philippe-Lacoue-Labarthe, à l’université de New-York, assez peu de temps après le décès de celui-ci au mois de janvier 2007…

Et Maintanant j’attend bien de nouvelles précisions à coup sûr fort éclairantes de Christine Baudillon, quand nous échangerons sur la genèse et le « travail » qui se poursuit en elle de ses échanges si féconds qu’elle a eus avec Philippe Lacoue-Labarthe, et ce « don d’un poème« …

Et il est vrai que sur le conseil de mon ami Pascal Chabot le 29 novembre dernier

_ cf son beau courriel conjoint à Christine Baudillon et moi-même :

« Christine, Francis, je vous mets en contact, car vous avez des choses à vous dire, je pense ! Et je crois que vous allez vous entendre !
Francis, les films de Hors Œil que tu as regardé, c’est François Lagarde et Christine !
Christine, Francis est philosophe à Bordeaux, et il a bien connu la famille de Lacoue !
Francis, Christine est une amie de Lacoue !
Etcétéra, etcétéra…
Amitiés,
Pascal » _,

je dois prendre contact avec cette passionnante cinéaste…

Mais il se trouve que je tenais à mettre auparavant les choses un peu plus au clair à propos de Jean-Michel Rabaté,

de ses parents et de ses frères _ Étienne et Dominique _que j’ai un peu connus et appréciés, chacun séparément, jadis _ et à des dates différentes du passé _, à Bordeaux…

Ce mercredi 30 novembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le charme envoûtant des « Danses populaires roumaines » et de la « Rhapsodie sur des thèmes moldaves », de Bela Bartok et Mieczyslaw Weinberg, en une Europe aux frontières bouleversées par les guerres, et les déplacements de populations…

11juil

Un charme fou se dégage d’œuvres du XXe siècle entées sur le folklore populaire,

telles que les « 6 _ ou plutôt 7, en fait _ Danses populaires roumaines » Sz. 56, Bb. 63, de Bela Bartok (Nagyszentmiklos, 25 mars 1881 – New-York, 26 septembre 1945), en 1915,

et les 3 pièces de la « Rhapsodie sur des thèmes moldaves » Op. 47 , n°1, 2, 3, de Mieczyslaw Weinberg (Varsovie, 8 décembre 1919 – Moscou, 1996), en 1949 ;

qui ont, les deux, connu et connaissent toujours, pas mal de succès auprès des mélomanes de par le monde entier…

 

Ce lundi 11 juillet 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un coup d’oreille sur l’importante interprétation, sous la direction de Michael Gielen, de la « Lyrische Symphonie », Op. 18, d’Alexander Zemlinsky

29déc

Parmi les grandes œuvres du XXe siècle musical,

la « Lyrische Symphonie« , Op. 18, pour soprano, baryton et orchestre, créée à Prague le 4 juin 1924, d’Alexander Zemlinsky (Vienne, 14 octobre 1871 – New-York, 15 mars 1942).

 

Ce mercredi 29 décembre 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

« Une recherche injuste  » : un échange de courriels en réponse à l’envoi de mon article « A propos de notre cousin argentin Adolfo Bioy Casares (1914 – 1999) et de sa descendance : « Bioy Casares, l’homme qui aimait les femmes »… »

25juil

Voici une réponse qui n’a pas manqué de me surprendre, suite à l’envoi à quelques parents et amis s’intéressant d’un peu près à Adolfo Bioy Casares, de mon article du 21 juillet dernier : .

Il s’agit là de la réponse d’une amie universitaire émérite, et éminente connaisseuse de l’œuvre de Bioy,

à ce courriel mien de présentation de mon article, que, pour commencer, voici :

« La question que m’a adressée hier soir mon cousin toulousain Bioy à propos de l’identité de la mère de Marta Bioy, m’a fait revenir au dossier de la naissance de celle-ci, le 8 juillet 1954.


Où Marta Bioy est-elle née ? À New-York ? En Suisse ? À Pau ? À Paris ?.. Là-dessus, les pistes sont bien brouillées…
Et les témoignages des fils du Dr Edouard Bioy, palois, n’arrangent rien à cette élucidation…
Adolfito était, il est vrai, un expert en mirages…
Voici donc l’article que je viens d’en tirer :
À suivre…« 

Et voici maintenant la réponse un peu surprenante :

« Je pense que les cousins français n’ont aucune information sur cette naissance et que leur vision de Bioy, comme tous les souvenirs personnels, n’est pas disons « historique » . Bioy lui-même avait refusé de répondre et à _ son fils adultérin _ Fabiàn _ né à Buenos Aires le 15 août 1963 _ et à ma chère amie Noemi ULLA _ Santa Fé, 1940 – Buenos Aires, 22 mai 2016. Silvina _ Ocampo, l’épouse de Bioy : leur mariage a eu lieu à Las Flores le 15 janvier 1940 _ avait élevé cette fille _ Marta Bioy _ née d’une liaison d’Adolfo ou d’une naissance « impure » comme on disait autrefois dans la famille Ocampo.
 Personnellement j’admets parfaitement cette recherche, mais je la trouve disons injuste, car toute famille a droit à ses secrets.
Fabiàn m’a dit n’avoir jamais compris que Bioy était son père, et que cela le rasait profondément d’avoir à répondre aux questions de cet ami de la famille qui tous les vendredis téléphonait pour lui demander ce qu’il avait étudié, si le latin marchait, etc ; et c’est un copain qui lui a dit : « Mais tu ne comprends pas que Bioy est ton père« …
Dans une de mes familles amies, un beau jour l’ami de la famille, petit industriel aux belles Jaguar, s’est révélé l’amant de la mère depuis de longues années, et a « enlevé » cette dernière à son mari et à ses enfants parce qu’il était veuf sans enfants depuis huit jours.
Alors par pitié, vous saurez tout aux Enfers antiques ou dantesques, mais ne nous jouez pas les Pandore.
La vérité, quelle farce ! » 

À méditer…

Un écrivain qui laisse un énorme Journal posthume, ou des Mémoires,

et pas seulement des récits de fiction,

est un auteur qui se livre peu ou prou au public.

Et qui doit forcément s’attendre à ce qu’existent bientôt des recherches posthumes sur ce qu’il a raconté et publié de lui…

La famille d’un tel écrivain n’est pas tout à fait dans la situation de la plupart des familles…

Surtout vingt ans après le décès de l’écrivain _ lui-même fils unique _,

25 ans après le décès de sa fille Marta,

et 15 ans après le décès de son fils Fabiàn _ décédé sans descendance…

Quant aux trois enfants de sa fille _ Florencio Basavilbaso Bioy, Victoria Basavilbaso Bioy et Lucila Frank Bioy _,

ils demeuraient en liens suivis avec la mère naturelle de leur mère : il n’y avait donc pas là de secret pour eux…

Ce dimanche 25 juillet 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

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