Carlo Gesualdo da Venosa
(Venosa, 8 mars 1566 – Gesualdo, 8 septembre 1613)
est un de mes compositeurs préférés !
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Mais combien sont rares les interprétations de ses œuvres
vraiment satisfaisantes
_ et réellement idiosyncrasiques ?..
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Longtemps, de ses six livres de Madrigaux,
ne m’a exclusivement agréé
que l’interprétation du Quintetto Vocale italiano, d’Angelo Ephrikian
_ avec les chanteurs Karla Schlean (soprano), Clara Foti (mezzo-soprano), Elena Mazzoni (contralto), Rodolfo Farolfi (ténor), Gastone Sarti (baryton) et Dimitri Nabokov (basse).
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Puis,
m’a beaucoup plu _ voire même comblé ! _,
livre à livre,
celle de La Compagnia del Madrigale,
pour les livres 6, 3 et 2
_ de même, d’ailleurs, que la totalité de leurs CDs : chaque fois, une extase…
Les chanteurs en sont Rossana Bertini, Francesca Cassinari (sopranos), Elena Carzaniga (alto), Giuseppe Maletto, Raffaele Giordani (ténors) et Daniele Carnovich (basse).
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Alors que m’horripilaient
toutes les autres interprétations,
tout particulièrement du fait de la non-italianité criante des chanteurs.
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Alors quand est paru,
le 28 novembre dernier,
l’article de Jean-Charles Hoffelé sur son blog Discophilia
intitulé D’amour à mort,
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ai-je été quasi blessé
de la chronique très négative _ et non argumentée ! _
portée par ce critique que j’apprécie beaucoup en général
à l’égard
et de La Compagnia del Madrigale,
et de leur CD du 2e livre de Madrigaux de Carlo Gesualdo ;
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notamment par la comparaison faite par Hoffelé
avec le double album
que les Arts Florissants, dirigés par Paul Agnew
_ avec les chanteurs Miriam Allan et Hannah Morrison (sopranos), Lucile Richardot et Mélodie Rubio (contraltos), Sean Clayton (ténor), Edward Grint (basse) et Paul Agnew lui-même (ténor) _,
ont consacré aux Livres 1 et 2 des Madrigaux de Gesualdo !
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La Compagnie del Madrigale s’est lancée voici quelques années dans une intégrale toujours en cours _ manquent encore les livres 1, 4 et 5 _ des Madrigaux de Gesualdo, je croyais l’entreprise salutaire _ certes ! _, après tout on n’avait pas vraiment d’alternative au geste expressionniste _ oui, éblouissant ! _ déployé par Angelo Ephrikian et ses chanteurs qui avaient enregistré dans des conditions difficiles la version princeps de l’ensemble des Livres.
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Hélas, les nouveaux venus faisaient bien pâle figure _ ah ! non !!! _ et ce dès le premier disque, étrange que Glossa n’ait pas préféré confier une entreprise si périlleuse à La Venexiana _ tellement décevante, elle, depuis le départ de ses membres qui allaient fonder La Compagnia del Madrigale… Quel ensemble pourrait concilier le style musicologiquement juste avec l’expression si intense _ oui _ devinée _ oui _ par la petite troupe dépareillée d’Ephrikian ?
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Une divine surprise m’attendait à la poste dans une enveloppe d’harmonia mundi, un joli double album qui semble le premier volume d’une intégrale des six Livres selon Les Arts florissants emmenés par Paul Agnew.
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Leur parcours Monteverdi m’avait bluffé _ pas moi ! _ ; dès Baci, soavi, e cari qui ouvre le Libro primo, les mots éclatent, assaillant les notes _ c’est vrai _ ; les affects brillent ; tout le feu du baroque italien exalte _ oui _ les couleurs et les accents de ces six voix, faisant résonner cette alliance coupante comme une pointe de diamant entre le mot et la note qui donne à la musique de Gesualdo ses vertigineuses _ en effet ! _ propriétés expressives. Car ici les mots dansent, dans la clarté aveuglante qu’impose Paul Agnew conduisant de son ténor ces efflorescences de sons.
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Admirable, jusque dans la sensualité trouble de bien des pages qui ne sont pas sollicitées _ artificiellement _ mais simplement exposées dans leurs singulières harmonies _ oui. Lorsque l’on sait qu’à mesure que les Livres s’accumulent, cette langue si libre se radicalise encore _ oui _, je peine à me dire qu’il faudra attendre les prochains volumes, je les voudrais tous pour m’immerger enfin dans ce corpus de chefs-d’œuvre _ assurément ; et sans postérité.
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LE DISQUE DU JOUR
Carlo Gesualdo (1566-1613)
Madrigaux à 5 voix, extraits des “Libro primo” et “Libro secondo”
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Les Arts florissants
Paul Agnew, direction
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Un album de 2 CD du label harmonia mundi/Les Arts florissants HAF8905307.08
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Photo à la une : le ténor et directeur des Arts florissants – Photo : © DR
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J’avais renâclé à me procurer ce double album des Arts Flo (et Paul Agnew), redoutant un certain défaut d’italianité de leur part…
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J’ai bien voulu cependant tenter l’expérience…
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Et n’ai pas été déçu, bien au contraire,
d’avoir écouté le conseil de Jean-Charles Hoffelé.
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Même si je ne change _ pas du tout ! _ d’avis sur La Compagnia del Madrigale !
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Je dirai simplement que
du Livre second des Madrigaux de Gesualdo,
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nous disposons là
de deux interprétations qui diffèrent
quant à leur regard sur le parcours même de création du compositeur :
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entre la tonalité des œuvres de la période de Ferrare (1594 – 1596),
pour les quatre premiers Livres,
et celle de la période de Gesualdo (1611 – 1613),
pour les deux derniers _ sublimissimes…
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La Compagnia del Madrigale se refusant, elle, à interpréter les premiers Livres de Madrigaux de Gesualdo
de la manière qui conviendra aux deux derniers…
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Quant à l’appréciation de Jean-Charles Hoffelé
sur la valeur des précédents CDs de La Compagnia del Madrigale
_ leurs merveilleux et magiques Monteverdi (les Vespro), Marenzio (les livres 1 et 5 de Madrigaux), De Rore (Vieni, dolce Imeneo)
et l’album Orlando furioso : madrigaux composés sur des poèmes de l’Arioste… _,
je ne la partage _ ni ne comprends _ pas du tout !!!
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À quoi peut donc tenir cette exécration musicale ?
Je me le demande bien…
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Ce jeudi 5 décembre 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa
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