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De la prise de conscience de la proximité géographique de Menoncourt et Rougemont, à la découverte du mariage d’un François Wachter et d’une Marguerite Girot, les parents de Jean-Pierre Wachter, le cousin de Jean-Baptiste-Antoine Wachter, et témoin au mariage de celui-ci avec Elisabeth Confex, le 26 mai 1857, à Mustapha

06mar

Alors que, hier, vendredi,

en la continuation de la poursuite de ma recherche de cette famille Girot dont pouvait être originaire Joséphine Girot (ou Giraud) _ née probablement en 1856 (la même année que son futur mari Paul Bonopéra), en Algérie ; et cela, d’après les âges de « 36 ans«  notés pour chacun des deux parents, « Bonopéra Paul«  et « Giraud Joséphine« , du petit Georges Bonopéra, né à Rabelais le 21 février 1892, sur le registre des naissances de la « commune de Rabelais, mixte de Ténès«  _l’épouse de Paul Bonopéra (Miliana, 1er octobre 1856 – Orléansville, 18 janvier 1916), et mère de leurs six fils (Jean, né à Pontéba le 18 juin 1877 ; Paul, né à Pontéba le 19 septembre 1878 ; Alphonse, né à Charon le 1er janvier 1881 ; Auguste, né à Orléansville le 3 avril 1883 ; Julien, né à Charon le 9 janvier 1887 ; et Georges, né à Rabelais le 21 février 1992),

je m’intéressais aux cousinages des Girot de Menoncourt avec les Girot de Roppe, et à leurs arrivées respectives en Algérie _ cf la série de mes articles des mercredi 3 mars, jeudi 4 mars et vendredi 5 mars :  ;   et _,

voilà que vient me surprendre _ Euréka ! _ la double idée

d’une part, du fait patent de la proximité géographique de ces deux villages de Menoncourt et de Roppe,

situés dans le département du Haut-Rhin, et qui deviennent parties du nouveau département du Territoire de Belfort, suite à la défaite de la France face à la Prusse en 1870, et à la perte de la plus grande partie de l’Alsace, à l’exception, justement, de ce bout de territoire alsacien-là, devenu le nouveau département du Territoire de Belfort ;

avec, aussi, le fait que ce sort qui vient affecter alors ces villages de Menoncourt _ d’ou venait la famille de Jean-Claude Girot, son épouse Marie-Catherine Herbelin, et leurs enfants Catherine Girot, Jean-Pierre Girot et Auguste Girot _ et de Roppe _ d’où venait la famille de Joseph Girot et son épouse Marie-Rose Blanc, et leurs enfants _, concerne tout autant le village lui aussi voisin _ devenant alors carrément frontalier, lui, de l’Allemagne _, de Rougemont-le-Château  _ le village (alsacien) d’origine de cette famille Wachter que j’ai rencontrée dans mes recherches antérieures sur le parcours algérien d’Amédéee Ducos du Hauron, notamment à Orléansville… _ ;

et, d’autre part, l’intuition qui m’est venue de la possibilité _ une hypothèse à mettre bien sûr à l’épreuve ! tel serait donc le nouveau défi à affronter… _  d’une éventuelle parenté de ces Girot, tant ceux de Roppe que ceux de Menoncourt _ dont l’idée m’était venue, tout d’abord ,que pourrait en être issue cette Joséphine Girot (née en 1856) dont l’identité continue de m’intriguer… _,

avec ces Wachter, en particulier, bien évidemment, ceux d’Orléansville _ par exemple la famille d’Emile Wachter, ou celle de sa sœur Marie-Emélie, épouse (puis veuve, le 18 décembre 1927) d’Albert Ferrand, à Alger… _,

apparentés par le mariage _ j’en ignore la date _ d’une Wachter orléansvilloise _ j’ignore encore son identité et sa place exacte au sein de la constellation familiale des Wachter _ avec Louis Gentet (Orléansville, 1853 – Orléansville, 9 août 1906) _ dont elle va devenir la veuve (« Mme Vve Louis Gentet« ) au décès de celui-ci, ce 9 août 1906, à Orléansville… _, le tuteur, à Orléansville même _ à partir des décès successifs le 5 juillet 1886, puis le 28 janvier 1890 (à Oran) de leurs deux parents Rey et Gentet _ des sœurs Marie-Louise et Aimée-Laurence Rey, les deux filles d’Adélaïde Gentet (Orléansville, 1855, Oran, 5 juillet 1886) et Anatole Rey (Le Grand Serre, 11 janvier 1845  – Oran, 28 janvier 1890) :

Marie-Louise, l’épouse, et Aimée-Laurence, la belle-sœur _ future veuve Gadel : c’est à Alger qu’est décédé, le 30 mars 1930, Victor-Nicolas-Benjamin Gadel, né au Grand Serre le 8 juillet 1872 ; lui dont la mère, née Marie-Eugénie-Hortense Rey (née au Grand Serre le 21 mars 1848), était la sœur de Jean-Anatole-Firmin Rey, né au Grand Serre le 11-juin 1845) : Aimée-Laurence Rey, fille d’Anatole, et Victor Gadel, fils d’Hortense Rey, étaient donc cousins germains… _ de cet Amédée Ducos du Hauron (Agen, 1866 – Alger, 1935), l’aîné de ces trois neveux _ Amédée et Gaston Ducos du Hauron, et Raymond de Bercegol _, de Louis Ducos du Hauron (Langon, 1837 – Agen, 31 août 1921), qui m’intéressent…   

Rougemont-le-Château est en effet le village _ autrefois situé dans le département du Haut-Rhin, et depuis 1870, dans le département du Territoire de Belfort _ d’où venaient plusieurs membres de ces familles Wachter venues en Algérie :

d’abord, Jean-Baptiste-Antoine Wachter (né à Rougemont-le Château, le 5 février 1827 _ et dont j’ignore, hélas, le lieu et la date du décès, en Algérie _), accompagné de ses deux parents, son père François-Antoine-Humbert Wachter (Rougemont, 29 août 1794 – probablement Mustapha, entre 1857 et 1870 : entre la date du mariage de son fils et la date du décès de sa veuve) et sa mère, née Marie-Françoise Chevillot (Le Val, 12 février 1792 – Mustapha, 8 septembre 1870) ;

et qui épousera, à Mustapha, le 26 mai 1857, Elisabeth-Joséphine-Baptistine Confex (Marseille, 28 décembre 1836 – Alger, 30 mars 1925),

avec laquelle il aura au moins 5 _ et peut-être 6 _ enfants Wachter :

_ Elisabeth-Marie-Louise Wachter, née à Médéa, le 9 mars 1858 ;

_ Aimée-Marie Wachter, née à Mustapha, le 2 septembre 1859 ;

_ Louis-Jules Wachter, né à Orléansville, le 29 juillet 1866

_ qui épousera, à Bône, le 14 janvier 1905, Thérèse Grazia Gallo _ ;

_ Emile Wachter, né à Mustapha, le 15 mai 1869

_ qui épousera à Orléansville, le 21 octobre 1897, Hélène-Etiennette-Sophie Janet _ ;

_ Marie-Emélie Wachter, née en 1874 ou 75 _ je ne dispose ni du lieu, ni de la date précise de cette naissance _, peut-être à Orléansville

_ qui épousera (j’ignore à quelle date et en quel lieu) son cousin germain Albert-Philippe-Joseph Ferrand (1869 – Alger, 18 décembre 1927), qui était le fils de sa tante, une des sœurs d’Elisabeth Confex, Aimée-Justine-Marie Confex (née à Alger le 7 février 1839) ; laquelle, Aimée Confex, était l’épouse, à Alger, le 18 juin 1868, de Philippe Ferrand (Fleurey-lès-Lavencourt, Haute-Saône, 1 août 1828 – Alger, 2 décembre 1889) _ ;

_ et probablement encore une autre fille Wachter _ dont j’ignore pour le moment, et l’identité précise, et la place au sein de la constellation familiale des Wachter _ :

épouse, puis veuve, le 9 août 1906, de Louis Gentet, l’oncle et tuteur des sœurs Marie-Louise et Aimée-Laurence Rey, les deux filles d’Adélaïde Gentet, sa sœur, décédée à Oran le 5 juillet 1886

_ et il faut relever aussi que c’était ce même Louis Gentet, accompagné de son frère aîné Frédéric, qui était allé déclarer à la mairie d’Oran le décès de leur beau-frère Anatole Rey, décédé à Oran le 28 janvier 1890 _ :

ce couple Wachter-Gentet par lequel s’effectue _ et c’est bien là un nœud décisif de notre enquête ! _ l’apparentement des Rey-Gentet, Ducos du Hauron et Gadel, avec les Wachter-Gentet, Confex, et Bonopéra ;

dans la mesure où « Mme Vve Bonopéra« , l’épouse _ en quelque sorte finale… _ de Paul Bonopéra, est une sœur de « Mme Vve Wachter, née Confex » (Elisabeth de son prénom, et veuve du rougemontais Jean-Baptiste-Antoine Wachter) : une sororité révélée par l’avis du décès d’Elisabeth Confex, veuve Wachter, paru dans Le Progrès d’Orléanville du 2 avril 1925 _ un décès survenu à Alger le 30 mars 1925 _ :

« Nécrologie. Nous avons appris avec peine le décès à Alger à l’âge de 89 ans, de Mme Wachter née Confex, mère de notre ami M. Emile Wachter, d’Orléansville, et sœur de Mme Vve Bonopéra. Très estimée à Orléansville où elle avait demeuré de très nombreuses années, la défunte ne laisse que de très bons souvenirs à tous ceux qui l’on connue« « 

En revanche, j’ignore encore la date et le lieu précis _ à Mustapha, entre 1857 et 1870 _ du décès du père de Jean-Baptiste-Antoine Wachter, et époux de sa mère Marie-Françoise Chevillot : François-Antoine-Humbert (ou Hubert) Wachter ;

même si je sais que celui-ci a fait, avec son épouse et son fils, le voyage d’Algérie ; et qu’il y est effectivement décédé ;

ce François-Antoine-Humbert Wachter était cultivateur de profession, à Rougemont ;

il était né à Rougemont le 29 août 1794 ;

il avait épousé, à Rougemont, le 29 octobre 1814, Marie-Françoise Chevillot (née au Val _ autre village proche… _ le 12 février 1792 ; laquelle, devenue veuve, décèdera à Mustapha le 8 septembre 1870) ;

et leur couple aura eu 8 enfants, tous nés à Rougemont :

_ François Wachter, né le 2 août 1812 ;

_ Marie-Françoise Wachter, née en 1815 ;

_ Julie Wachter, née en 1817 ;

_ Marie-Catherine Wachter, née le 31 janvier 1819 ;

_ Jean-Claude Wachter, né le 20 mai 1821 ;

_ Sophie Wachter, née le 29 janvier 1824 (qui épousera à Birmandreis, en Algérie, le 4 avril 1857, François-Martin Molbert (né à Chaux, Haut-Rhin, le 9 décembre 1825, et qui décèdera à Mustapha le 22 juin 1884) ; Sophie Wachter décèdera à Courbet, en Algérie, le 9 mai 1897. Et ce couple aura eu trois enfants Molbert, Louise (née en 1858 à Birmandreis), Pierre (né vers 1860) et Charles, né en 1863, à Mustapha _ auxquels il faut ajouter un tout premier enfant, une fille aînée, née (à Rougemont, en Alsace, le 18 août 1853) avant mariage de ses parents, et reconnue seulement le jour du mariage de ceux-ci, à Birmandreis, en Algérie, le 4 avril 1857 : Sophie Wachter, et qui devient alors Sophie Molbert (Rougemont, 18 août 1853 – Courbet, 1er février 1938).

_ Jean-Baptiste-Antoine Wachter, né le 5 février 1827 ; et c’est lui qui, le 26 mai 1857, a épousé, à Mustapha, Elisabeth Confex _ l’aînée des 7 enfants Confex (dont la future « Mme Vve Paul Bonopéra« , « née Confex » !) de Jean-Baptiste-Pierre Confex (Marseille, 28 décembre 1811 – Mustapha, 28 mai 1887) et son épouse Marie-Claire-Joseph Vidal (Marseille, 22 septembre 1815 – Mustapha, 6 juillet 1869 ; les cinq autres enfants Confex de ce couple sont : Aimée-Justine-Marie (née à Alger le 7 février 1839 et future épouse de Philippe Ferrand, né à Fleurey-lès-Lavoncourt le 7 août 1828, et qui décèdera à Alger le 2 décembre 1889), et qui aura pour fils Albert-Philippe Ferrand (1869 – Alger, 18 décembre 1827) futur époux de sa cousine Marie-Emélie Wachter… ; Marius-Ernest-Jules (né à Alger le 19 février 1841) ; Marius-Etienne (né à Alger le 29 novembre 1843 ; et qui décèdera à Relizane-Renault le 30 décembre 1894) ; Marie-Léontine (née à Alger le 28 mars 1846) et Zoé-Marie-Thérèse (née à Alger le 19 août 1852) _ ;

et enfin _ François-Antoine-Humbert Wachter, né le 1er février 1830.

Mais il me reste le principal à révéler,

car de Rougemont-le Château, venait aussi un autre Wachter, et « cousin » de ce Jean-Baptiste-Antoine Wachter qui a épousé à Mustapha Elisabeth-Joséphine-Augustine Confex :

Jean Pierre Wachter (Rougemont, 24 mars 1801 – El Biar, 20 janvier 1871).

Par lui, j’allais en effet découvrir la parenté, dès les années du XVIIIème siècle, à Rougemont, des Wachter et des Girot :

via le mariage _ j’en ignore la date et le lieu : probablement ailleurs qu’à Rougemont ; peut-être au Val… _ de François Wachter (né à Rougemont le 11 mars 1754, fils de Marc Wachter et Marie-Anne Blaisy ; et qui décèdera à Rougemont le 5 mai 1807 ; il était teinturier de profession), avec Marguerite Girot (née au Val, le 20 août 1767 ; et qui décèdera à Rougemont le 19 décembre 1840) ;

François-Antoine Wachter et Marguerite Girot _ fille de Germain Girol, du Val (et qui signe Girot) et son épouse Anne-Marie Sonet, qui s’étaient mariés à Angeot le 17 février 1756… _ sont, eux, les parents, notamment _ comme cela est inscrit dans l’acte de décès de celui-ci, en date du 20 janvier 1871, à El Biar _ de ce Jean-Pierre Girot (Rougemont, 24 mars 1801 – El Biar, 20 janvier 1871 ; chevalier de la Légion d’honneur ; « garde comptable d’artillerie« ), qui se déclarera « cousin » du marié, Jean-Baptiste-Antoine Wachter ; et sera un des quatre témoins assistant les mariés Jean-Baptiste-Antoine Wachter et Elisabeth-Joséphine-Baptistine Confex, lors de leur mariage, à la mairie de Mustapha, le 26 mai 1857.

Il faut donc bien reconnaître que des Wachter, déjà apparentés à des Girot, sont présents en Algérie à ce moment _ 1856 _ de la naissance, à Ténès, de Joséphine Girot.

Et il est tout à fait dans l’ordre du possible qu’à Orléansville Joséphine Girot _ qui a accouché, là, de son quatrième fils, Auguste Bonopéra, le 3 avril 1883 _, ait fréquenté certains des membres de la famille Wachter qui y résidaient ; en plus de membres des familles Girot de Menoncourt et de Roppe, qui résidaient eux aussi dans la région, par exemple à Ténès ;

Ténès où s’est marié, le 1er août 1854 _ avec une demoiselle Hermite _, Jean-Pierre Girot : l’assez probable père de notre Joséphine… 

C’est que l’installation en Algérie des nouveaux arrivants ne concernait pas seulement des individus isolés, mais aussi des familles,

et élargies assez souvent à des cousins…

La solidarité _ en l’occurrence familiale _ pouvant avoir une importance vitale.

À suivre...

Ce samedi 6 mars 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

Penser le post-néolibéralisme : prolégomènes socio-économico-politiques, par Christian Laval

18avr

Mercredi dernier, 14 avril 2010, Christian Laval était l’hôte de la Société de Philosophie de Bordeaux et de la librairie Mollat, dans les salons Albert-Mollat, copieusement remplis _ et avec une très remarquable qualité d’attention de la part de l’assistance _, pour la cinquième et dernière conférence de la saison 2009-2010 de notre Société.

Le « sujet«  _ déterminé en accord avec Barbara Stiegler, en charge de la présidence _ en était « Néolibéralisme et économie de la connaissance«  : le podcast de cette conférence, particulièrement clair, alerte et passionnant, dure 60 minutes…

C’est la lecture de La Nouvelle raison du monde _ essai sur la société libérale de Pierre Dardot et Christian Laval, aux Éditions de La Découverte ;

ainsi que les applications de ses dispositifs, plus spécifiquement, aux sphères de l’enseignement et de la recherche _ soient les domaines (et institutions) de la constitution et de la diffusion de la connaissance _ ;

qui a (et ont) incité Barbara Stiegler à inviter Christian Laval à éclairer le public sur les enjeux culturels _ et civilisationnels ! _ de ce bouleversement majeur, d’ampleur considérable ! qui affecte et les rapports sociaux et la conception de la subjectivité même, selon les intuitions lumineuses de Michel Foucault, en ses dernières leçons au Collège de France :

Le Gouvernement de soi et des autres _ Cours au Collège de France. 1982-1983

Le courage de la vérité _ Le Gouvernement de soi et des autres Cours au Collège de France. 1984 (de février à mars) ;

Michel Foucault meurt le 25 juin 1984…

Voici, déjà _ farci de quelques précisions de mon cru _, la fort éclairante quatrième de couverture de La Nouvelle raison du monde _ essai sur la société libérale :

« Après la crise financière de 2007-2008, il est devenu banal de dénoncer l’absurdité _ ravageuse _ d’un marché omniscient, omnipotent et autorégulateur. Cet ouvrage montre cependant que, loin de relever d’une pure «folie», ce chaos procède d’une rationalité dont l’action est souterraine, diffuse et globale _ d’ampleur considérable et à l’échelle de la planète. Cette rationalité, qui est la raison _ la ligne de force (de fait), comme la justification (de droit revendiqué, au moins…) _ du capitalisme contemporain, est le néolibéralisme lui-même _ voilà.

Explorant sa genèse doctrinale _ dans l’histoire des idées de l’Occident depuis les XVIIème et XVIIIème siècles, en Angleterre et en Écosse, pour commencer… _ et les circonstances politiques et économiques de son déploiement _ depuis l’arrivée au pouvoir (politique) des équipes soutenant Margaret Thatcher et Ronald Reagan, tout d’abord _, les auteurs lèvent les nombreux malentendus qui l’entourent : le néolibéralisme n’est ni un retour au libéralisme classique _ celui développé à partir des thèses de John Locke et d’Adam Smith _ ni la restauration d’un capitalisme «pur» qui refermerait la longue parenthèse keynésienne.

Commettre ce contresens, c’est ne pas comprendre _ bien dangereusement… _ ce qu’il y a précisément de nouveau _ voilà ; et de probablement irréversible, du fait de son ampleur et de sa vitesse de mise en œuvre : considérables _ dans le néolibéralisme _ qu’il faut donc, et urgemment, correctement penser : si l’on veut le contrer !..

Son originalité _ voilà ! _ tient plutôt d’un retournement que d’un retour : «Loin de voir dans le marché une donnée naturelle _ idéologiquement _ qui limiterait l’action de l’État, il se fixe pour objectif _ on ne peut plus pragmatique _ de construire le marché _ voilà ! sur ces questions (de naturel et artificiel), on se rapportera avec profit à l’ouvrage essentiel de Clément Rosset L’Anti-nature_ et de faire de l’entreprise le modèle _ structurel _ du gouvernement des sujets» _ comme l’a révélé l’intuition lumineuse de Michel Foucault dès le début de la décennie 80… Par des voies multiples, le néolibéralisme s’est imposé _ de fait, tout particulièrement en la première décennie du XXIème siècle ! _ comme la nouvelle raison du monde, qui fait de la concurrence _ voilà _ la norme universelle _ et exclusive ! _ des conduites ; et ne laisse intacte _ totalitairement, par là ! _ aucune sphère de l’existence humaine, individuelle ou collective _ voilà qui déborde considérablement du seul champ de l’économie !

Cette logique normative _ détruisant, tel Attila, tous ses obstacles _ érode jusqu’à la conception classique de la démocratie _ ce qui n’est tout de même pas rien ; particulièrement en France… Elle introduit des formes inédites d’assujettissement _ des personnes : voilà ! _ qui constituent, pour ceux qui la contestent, un défi politique et intellectuel inédit _ tant théorique, à penser, que pratique, à combattre et surmonter, donc…

Seule l’intelligence _ à construire _ de cette rationalité _ à démonter en sa mécanique (tant destructive que constructive) _ permettra de lui opposer _ avec quelques chances de succès _ une véritable résistance et d’ouvrir un autre avenir » _ civilisationnel, lui : là-dessus, se reporter au plus que jamais d’actualité L’Institution imaginaire de la société, de l’excellent Cornelius Castoriadis…

Ce que personnellement je retire de la conférence de Christian Laval mercredi soir dernier,

c’est l’urgence _ tant pratique que théorique _ d’une anthropologie faisant le point _ up to date _ sur ce qui est là détruit, par ce néo-libéralisme ; et sur ce qu’il faut aider et à préserver et à développer, a contrario de la misérable _ davantage encore que pauvre, réduite, simpliste : paresseuse ! et dépourvue d’imagination qualitative ! _ « employabilité« , en les hommes…

Un des paradoxes de la situation présente _ avec l’extension rapide et difficilement résistible, par sa massivité, de ce néo-libéralisme _

étant l’hostilité des inspirateurs de ce néo-libéralisme, Hayek et von Mises, à la logique de la planification ! ainsi que leur éloge de l’ignorance (de tout ce qui peut être jugé inutile) !…

D’où l’expression de « prolégomènes«  du titre de cet article.

Par là,

faire le point sur les racines du pragmatisme utilitariste :

chez un Jeremy Bentham, pour commencer ; mais aussi chez un Friedrich Hayek et un Ludwig von Mises ; et un Théodore Schultz et un Gary Baker ;

afin d’éclairer ses actuelles applications à l’échelle _ cruciale pour nous, Français, notamment, parmi les autres membres de l’Union européenne _ des directives européennes ;

ou dans un rapport _ « d’orientation sur l’université et la culture«  _ de Jean-Pierre Jouyet et Maurice Lévy à destination de Nicolas Sarkozy _ en 2008 ; mais ne pas oublier non plus que Jean-Pierre Jouyet faisait partie des « conseillers«  de Ségolène Royal en 2006-2007… _,

est plus qu’utile : nécessaire !

Au nom du réalisme de l’efficacité, de la raison de la rentabilité économique (= maximiser les gains en diminuant le plus possible les coûts

_ mais « coût«  pour qui ? qui tire, ici, les marrons du feu ? et qui brûle (= est brûlé) ? et est passé par « profits et pertes« , en ce drolatique jeu de bonneteau ?.. quid d’une expression telle que « ressources humaines«  ?.. hommes-moyens, mais pour quelles fins, donc ?.. et de qui ?.. _ ),

c’est à la fois l’ensemble des relations (de convivialité, d’affection, de reconnaissance : au-delà des critères de l’intérêt !!!) de chacun aux autres _ cf ici mon article du 11 novembre 2008 « la pulvérisation maintenant de l’intime : une menace envers la réalité de la démocratie » à propos du judicieux travail de Michaël Foessel La Privation de l’intime ! _ ;

sans compter, aussi, la solidarité, la fraternité, la générosité, l’amitié ou l’amour vrais!

ainsi que le statut de l’identité même _ terriblement appauvri ! survivre, consommer, s’enrichir, individuellement (et égoïstement)… : sans désirs vrais, ni sentiments ! _ de la personne

qui se voit attaqué, réduit, détruit !

Et pour quels misérables _ bling-bling (selon un misérable standing)… _ « profits » ?..

Il y a là matière à résister, en faveur d’un sujet « humain » vraiment actif et créateur de perspectives ouvertes et généreuses de vraie vie !..

Jeudi 15 avril dernier _ le lendemain même de la conférence de Christian Laval _,

en une double page de Libération, dans la rubrique « Économie » (pages 14-15),

un significatif article générique _ signé Catherine Maussion _, intitulé « Internet en toile de fonds« , et sous-titré « Les jeunes grands patrons français du web se réunissent (et s’affrontent) pour investir dans les start-up«  ;

accompagné de trois portraits de fondateurs de « fonds » :

Pierre Kosciusko-Morizet (un des 3 patrons du fonds Isai Developpement _ et patron de Price-Minister) : « Le credo du coach« ,

Marc Simoncini (fondateur-patron du fonds Jaina Capital _ et créateur de Meetic) : « Le concret avant tout« ,

& Xavier Niel (fondateur-patron du fonds Kima Ventures _ et patron de Free) : « La mise à tout va« .


La fonction de ces fonds :

aider _ financièrement (et de leurs conseils avisés) _ à « faire émerger des géants européens » d’Internet.

« Avec la crise, les fonds sont devenus beaucoup plus frileux ; il y a un trou dans la chaîne de financement« , confie Simoncini.

« Ces nouveaux investisseurs de la Toile joueraient donc sur la prise de risques assumée. « Ce qui manque en France _ ajoute Marie-Christine Levet (Jaina) _, c’est l’argent pour l’amorçage« … « Nous, on en a bavé, il faut aider les jeunes« .

« De là à en faire des philanthropes du Net ? Les fonds ne veulent pas du virtuel. Mais du retour. Isai veut rendre deux à trois fois leur mise aux investisseurs au bout de huit ans. « L’idée, c’est d’accompagner les boîtes, puis les revendre », dit-on à Jaina Capital _ avec plus-value ; mais cela va sans dire… Avant de recommencer ailleurs«  :

telle est la conclusion de la présentation de Catherine Maussion, page 14 de Libération.

Et Xavier Niel, in « La mise à tout va« , interrogé et présenté par Catherine Maussion :

« Niel guette des « projets simples » qu’il prend au sortir du nid et dans lesquels il mettra « des petits tickets », entre 5 000 et 150 000 Euros. A un rythme affolant : un investissement par semaine pour faire germer _ voilà _ une centaine de petits business. Niel se défend d’être« dans la recherche du profit immédiat ». La preuve : « On fait dix trucs bancals et on est content à la fin quand il y en a un qui marche ». Sur45 à 50 dossiers « faits » avant Kima Ventures, il recense 15 à 20 sociétés qui « bougent encore » ; 15 à 20 qui ont sombré ; 15 à 20 qui continuent doucement leur chemin. « Je ne suis pas sûr d’avoir gagné de l’argent » _ c’est de l’ordre du jeu… Sauf avec Deezer _ toutefois. « Un carton », souffle-t-il. Un retour sur investissement multiplié » par 40 ou 50″… »… Bingo !

Voilà l’illustration même de la logique _ ludico-financière : à vide !.. _ d' »innovation » du néo-libéralisme : en matière de recherche _ et création d’entreprises, ici.

En matière d’enseignement, la norme est celle de la « compétence« , mise en valeur strictement comme « employabilité«  _ pression des coûts et de la rentabilité « obligeant«  !

Et en ce qui concerne « la valeur économique«  des services et des produits, « la valeur d’usage n’est que le support de la valeur d’échange« , a dit en son exposé Christian Laval.

Quel sens y a-t-il à réduire tant d’existences humaines,

et même tant de compétences possibles _ combien de Mozart seront ainsi assassinés ? mais en anglais, « marketable skill«  désigne plus crûment un « savoir-faire négociable sur le marché«  : une « employabilité«  _,

à de si mesquins et avares calculs ?..

Qui en « profite » ? Au secours !!!

André Malraux rapporte ce mot _ bien intéressant _ de Staline à De Gaulle : « A la fin, c’est la mort qui gagne«  ; il suffirait, ainsi, de sur-vivre un peu plus longtemps que ses victimes. Soit la logique du crime des mafieux…

Ou encore : « Après nous le déluge !« … Sans responsabilité ; à l’heure de « Crime et châtiment« …

Une autre conception du vivre, du faire _ voire créer _ et du vivre-ensemble, plus fraternelle _ car les dégâts sociaux de la concurrence généralisée sont terribles ! _, doit être pensée et proposée, face à cette dévastation vide qui se répand…

Penser (et construire) le post-néolibéralisme : voilà la tâche…

A condition que les politiques alternatives (socio-démocrates, par exemple…) ne « se rendent » pas, comme elles l’ont fait depuis bientôt trente ans, à cette logique « réaliste« 

_ « There is no alternative » : les autres font ainsi… Un des grands maux de notre pauvre Europe… _

de la « modernité » marchandisée…

Un Jean-Pierre Jouyet est passé directement de l’équipe de Ségolène Royal en 2006-2007, au gouvernement nommé par Nicolas Sarkozy ;

c’est Lionel Jospin qui a mis en place la loi (de gouvernementabilité) Lolf _ loi organique relative aux lois de finances _ en France, le premier août 2001 ;

et que dire des Tony Blair et Gerhard Schröder ?.. _ et de leurs pantouflages au sortir du gouvernement ?..

Il y a du pain sur la planche… Au travail !

Pour se donner un supplément de « cœur à l’ouvrage« ,

on peut reprendre la devise (à panache) de Charles le Téméraire (1433-1477),

reprise déjà par Guillaume Ier d’Orange-Nassau (1533-1584 ; dont Turenne _ 1611-1675 _ est un des petits-fils) :

« Point n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer« … 

Titus Curiosus, ce 18 avril 2010 

Les « rêves » de Stanley Ann Dunham, « la mère de Barack Obama », selon l’article de Gloria Origgi, sur laviedesidees.fr

21jan

Pour compléter la passionnante réflexion sur ce qu’est une identité (de personne humaine)

_ et ses implications socio-historico-politico culturelles ! si cruciales pour le devenir de nos sociétés : en France, en Europe et aux États-Unis, comme partout ailleurs, en tout État de notre planète, aujourd’hui et demain (matin…) _

que sont

_ écrits et publiés en 1995 ; puis la (très belle, aussi) « Préface » ayant été ajoutée en 2004 _

Les rêves de mon père _ l’histoire d’un héritage en noir et blanc

_ cf mon article d’avant-hier 19 janvier : « Président Obama : lecteur et écrivain _ la construction d’une identité et d’une politique dans les pas d’Abraham Lincoln…  » _,

voici, ce (petit) matin du 21 janvier, un fort intéressant _ par la richesse des détails présentés _ article,

sur le toujours très riche site _ que dirige Pierre Rosanvallon _ de « la vie des idées » (laviedesidees.fr ),

de Gloria Origgi :

« la maman _ mieux : la mère ! _ de Barack Obama« .

Gloria Origgi est chercheur au CNRS, à l’Institut Jean Nicod. Elle s’occupe d’épistémologie sociale, d’épistémologie du web et de philosophie des sciences sociales.

Son dernier ouvrage : « Qu’est-ce que la confiance ?« , est paru aux Éditions Vrin, à Paris, en décembre 2007, dans la très remarquable collection « Chemins philosophiques« , que dirige Roger Pouivet (qui fut l’invité de la Société de Philosophie de Bordeaux le 24 avril 2003).

Et n’est pas du tout un hasard que cette connexion entre ces curiosités croisées (de Gloria Origgi),

tissées entre le concept de « confiance »,

le projet politique démocratique du Président Barack Obama,

et la réflexion cruciale sur les identités croisées,

nœud, déjà, des « Rêves de mon père » du jeune Barack Obama, en 1995  :

rédigés en 1994 et parus le 18 juillet 1995,

peu avant le décès _ le 7 novembre de la même année 1995 ; d’un cancer _ de sa mère…

Aussi me permets-je de citer, auparavant, cette page de cette « Préface » de 2004 aux « Rêves de mon père« , par Barack Obama lui-même _ in person ! :

« La plupart des personnages de ce livre font toujours partie de ma vie (…). Mais il y a une exception : ma mère, que nous avons perdue brutalement _ le 7 novembre 1995 _, à la suite d’un cancer, quelques mois après sa publication _ le 18 juillet précédent.

Elle avait passé les dix années précédentes à faire ce qu’elle aimait. Elle voyageait à travers le monde, travaillant dans de lointains villages d’Asie et d’Afrique, aidant les femmes à acheter une machine à coudre ou une vache laitière, à acquérir une formation qui leur permettrait de mettre un pied dans le commerce mondial. Elle avait des amis dans tous les milieux, faisait de longues promenades, contemplait la lune, farfouillait dans les marchés de Delhi ou de Marrakech à la découverte d’une babiole, d’un foulard ou d’une sculpture de pierre qui la faisaient sourire ou qu’elle trouvait jolis. Elle écrivait des articles, lisait des romans, harcelait ses enfants pour qu’elle ait des petits-enfants.

Nous nous voyions souvent, notre lien était fort. Pendant l’écriture de ce livre, elle en rectifiait des épisodes que j’avais mal interprétés, tout en veillant soigneusement à s’abstenir de commentaires sur mes descriptions la concernant ; mais en s’empressant d’expliquer ou de défendre les aspects moins flatteurs du personnage de mon père. Elle affrontait sa maladie avec dignité, et sans se plaindre, en nous aidant, ma sœur et moi, à continuer à vivre normalement, malgré notre angoisse, nos dénis, nos accès d’abattement.

Je me dis parfois que si j’avais su qu’elle ne guérirait pas, j’aurais peut-être écrit un livre différent… j’en aurais moins fait une méditation sur le parent absent _ disparu _, j’aurais rendu davantage hommage à celle qui était le seul point constant de ma vie. Chaque jour, je la vois dans mes filles, avec sa joie de vivre, sa capacité d’émerveillement. Je ne vais pas essayer d’exprimer à quel point je pleure encore sa mort. Je sais qu’elle était l’être le plus noble, le plus généreux que j’aie jamais connu ; et que c’est à elle que je dois ce que j’ai de meilleur en moi.« 


Voilà ;

et maintenant voici l’article s’efforçant de présenter un peu cette « dette » du fils Barack Hussein _ ou plutôt, pour elle : « Barry«  _ à l’égard de sa mère, « Ann« , ou « Anna« …

« La Maman _ la mère ! _ d’Obama »

par Gloria Origgi [20-01-2009]

« C’est une femme qui a gagné les élections américaines » : Gloria Origgi retrace la vie et la carrière anticonformistes de la mère _ car c’est de celle-ci qu’il va s’agir… _ du nouveau président des États-Unis. Contrairement à ce qui a été avancé _ mis en avant _ durant la campagne, c’est bien cette femme libre et indépendante  _ certes ; et pragmatique _ qui a formé le jeune Barack Obama, le préparant au monde multi-culturel et globalisé dont sa courte vie anticipa _ est-ce à mettre d’ores et déjà au passé (d’un présent bel et bien « arrivé ») ? _ l’avènement.

C’est une femme qui a gagné les élections américaines : Stanley Ann Dunham, née en 1942 _ le 29 novembre _ et emportée par un cancer en 1995 _ le 7 novembre _, à 53 ans à peine, _ ou presque… _ avant de voir s’accomplir son « rêve visionnaire » (!), l’élection de son fils Barack Hussein Obama comme 44e président des États-Unis. Son prénom masculin lui avait été imposé par son père, Stanley Dunham, qui aurait préféré avoir un garçon. Fille unique de Stanley _ Armour Dunham, 1918 – 1992 _ et de sa femme Madelyn Payne _ née le 26 octobre 1922 et morte le 2 novembre 2008, deux jour avant l’élection présidentielle du 4 novembre… ; Barack était allé à Hawaii lui dire adieu quelques jours auparavant, les 22 et 23 octobre _, Stanley Ann fut une jeune fille anticonformiste et une mère solitaire, convaincue de pouvoir élever ses enfants en les préparant _ peut-être _ à un monde nouveau, globalisé et multi-culturel. Un monde radicalement différent de son quotidien de petite fille de classe moyenne dans une anonyme _ Fort Leavenworth _ petite ville du Kansas _ cela, à coup sûr ! Barack _ Barry comme elle l’appelait _ est _ en partie du moins : l’éducation est un processus infiniment complexe ; à ne pas « instrumentaliser » ! _ sa créature _ est-ce tout à fait le mot juste ? _, le fruit d’une éducation patiente, attentive et aimante _ oui ! lire aussi (tout Donald Winnicott ! _, à laquelle elle consacra toute sa vie, tant elle voyait dans ses deux enfants métis l’image d’un avenir proche et meilleur, qui réconcilierait dans le mélange des sangs les fausses oppositions, les odieux sentiments d’appartenance, les unreal loyalties _ comme les appelait (dans « Trois Guinées« …) Virginia Woolf _ qui nous rassurent tant dans notre quête désespérée d’identité sociale.

Au moment de sa naissance, le 4 août 1961, son fils Barack était encore considéré dans la moitié des États américains comme le produit criminel _ rien moins ! _ d’une miscegenation, d’un croisement de races : un hybride biologique honteux auquel on ne reconnaissait pas la possibilité d’exister, et dont les auteurs étaient punis par la prison. Ce terme, aujourd’hui imprononçable, avait été forgé aux États-Unis en 1863, avec une fausse étymologie latine associant miscere et genus, pour indiquer la différence supposée génétique entre Blancs et Noirs. La question de la miscegenation devint cruciale à l’époque de la guerre civile américaine (1861-1865), et de l’abolition de l’esclavage qui s’ensuivit _ le 18 décembre 1865. Passe encore accorder des droits civiques aux non Blancs, mais autoriser des relations intimes entre Blancs et Noirs était une autre histoire… Le terme apparaît pour la première fois dans le titre d’un pamphlet publié à New York _ en 1864 _, « Miscegenation : The Theory of Blending of the Races, Applied to the American White Man and Negro« . L’auteur, anonyme, y révèle que le projet du parti républicain, qui s’était prononcé en faveur de l’abolition de l’esclavage, était d’encourager au maximum le mélange entre Blancs et Noirs, afin que les différences raciales s’atténuent peu à peu, jusqu’à disparaître complètement. On ne tarda pas à découvrir qu’il s’agissait d’un faux, fabriqué de toutes pièces par les Démocrates  _ en fait, un certain David Goodman Croly _ pour faire dresser les cheveux sur la tête des citoyens américains face à l’intolérable projet républicain d’un métissage souhaitable. Le délit de miscegenation fut définitivement aboli en 1967 lorsque la Cour Suprême américaine déclara _ le 12 juin 1967 _ les lois anti-miscegenation anticonstitutionnelles, à l’issue du célèbre cas judiciaire Loving vs. Virginia. Un couple mixte marié _ Richard (1933-1975) et Mildred (1939-2008) Loving _ avait été condamné à un an de prison et à quitter l’État de Virginie, uniquement parce que mari et femme avaient été trouvés dans le même lit : le certificat de mariage _ en juin 1958 _ suspendu au-dessus du lit fut considéré comme non valide par les policiers, qui avaient forcé la porte d’entrée et, armés de fusils, avaient frappé et humilié les jeunes mariés, car il avait été établi dans un autre État, _ le District of Columbia _ qui ne condamnait pas la miscegenation. Les faits eurent lieu en 1959 _ le 6 janvier _ et le couple dut attendre huit ans pour voir reconnue son innocence, ainsi que l’indécence morale de ce qu’il avait subi.

Il faut essayer d’imaginer cette Amérique-là _ en effet _ pour comprendre le courage de Stanley Ann, qui épousa _ c’était le 2 février 1961, à Maui _ à dix-huit ans, enceinte de quatre mois, le jeune et brillant étudiant kenyan Barack Obama senior, premier Africain admis à l’Université de Hawaï  Il avait 25 ans et était arrivé à Hawaï en 1959, grâce à une bourse du gouvernement kenyan partiellement financée par les États-Unis, destinée à aider les étudiants africains les plus doués à se former dans les universités américaines, pour rentrer ensuite dans leur pays et constituer une élite compétente et moderne. Barack senior avait grandi sur les rives du lac Victoria _ au nord-ouest du Kenya _, dans une famille de la tribu Luo. Il avait passé son enfance à s’occuper du bétail de son père, l’un des chefs de la tribu, en fréquentant l’école du village. Une première bourse lui avait permis de s’inscrire au lycée de Nairobi _ la capitale du Kenya. Il était venu étudier l’économie à Hawaï, et obtint son diplôme en trois ans avec les meilleures notes de sa classe. Il rencontra Stanley Ann à un cours de russe, qu’elle suivait probablement parce que ce pays si différent des États-Unis l’attirait et la faisait rêver à l’accomplissement de ses « rêves«  de jeune athée marxiste depuis les lointaines îles Hawaï.

Stanley Ann était une jeune fille timide, studieuse et rêveuse. Elle était née à Fort Leavenworth, dans le Kansas, où son père faisait son service militaire. Ses parents, tous les deux originaires du Kansas, s’étaient rencontrés _ et mariés, le 5 mai _ en 1940 à Wichita, la ville la plus importante du Kansas. Sa mère appartenait à une famille respectable : des gens qui n’avaient jamais perdu leur travail, même pendant la grande dépression, et qui vivaient très correctement grâce à une concession à une compagnie pétrolière sur leurs terres. Son père venait d’une famille plus compliquée, aux revenus modestes : élevé par ses grands-parents, il avait été un adolescent particulièrement rebelle et renfermé, notamment après le suicide de sa mère. Ce caractère difficile lui resta à jamais ; il se montra sarcastique et sévère avec Stanley Ann. Sa fille commença très tôt à se détacher de lui et à manifester une véritable intolérance pour ses manières fortes et frustes, son excessive simplicité intellectuelle et le style obtus et masculin avec lequel il conduisait les affaires familiales.

L’enfance de Stanley Ann fut ponctuée de nombreux déménagements : ses parents quittèrent le Kansas pour la Californie, puis revinrent dans le Kansas avant d’habiter différentes villes du Texas, puis Seattle durant l’adolescence de leur fille, et enfin Honolulu, où ils décidèrent de s’établir _ en 1960. Son père s’était lancé dans des affaires variées, alternant succès et échecs ; il se consacra finalement au commerce de meubles à Hawaï. Sa mère, qui avait toujours travaillé dans la banque, devint directrice d’une agence à Honolulu. Le couple n’avait pas grand intérêt pour la religion, même si le père essaya de convaincre sa femme Madeleine, dite Toot, de se convertir à la Congrégation Unitaire Universaliste _ un groupe religieux qui mêlait les écritures de cinq religions _ en s’appuyant sur un argument financier : « cela revient à avoir cinq religions pour le prix d’une ! » Mais sa femme l’en dissuada, rétorquant que la religion n’était pas un supermarché. Les nombreux déménagements avaient fait des parents de Stanley Ann un couple américain typique d’ordinary outsiders, de gens ordinaires qui se déplacent pour des raisons financières, se sentant profondément américains dans leurs valeurs, mais n’ayant de racines nulle part. Le couple était néanmoins tolérant : le père se considérait bohême parce qu’il écoutait du jazz, écrivait des poèmes le dimanche et ne craignait pas de compter plusieurs Juifs parmi ses amis intimes. La question raciale n’existait pas pour eux. La vie des Noirs et des Blancs était tellement « séparée«  dans les villes où ils habitèrent durant leurs pérégrinations, que pour la plupart des Américains de leur génération le problème ne se posait même pas.

Stanley Ann grandissait solitaire, passait des après-midi entiers à lire des livres empruntés à la bibliothèque du quartier. Elle aimait les langues étrangères, les romans européens et le « Manifeste » de Karl Marx. À douze ans, elle vécut son premier traumatisme lié à l’intolérance sociale. Arrivée dans une petite ville du Texas, Stanley Ann devint l’amie d’une petite fille noire qui habitait dans le voisinage. Ses parents n’avaient rien à y objecter, mais ses camarades de classe commencèrent à se moquer d’elle. La dérision se fit de plus en plus forte, jusqu’à se transformer en véritable exclusion. Toot, la grand-mère d’Obama, se souvient d’un jour où elle trouva les deux petites filles couchées dans le jardin, regardant le ciel en silence, tandis que depuis les grilles qui entouraient le terrain, leurs camarades d’école et les enfants du quartier hurlaient des injures et des insultes. « Nigger lover« , criaient-ils à Stanley Ann, insinuant que leur amitié avait une connotation sexuelle, seule raison pouvant justifier une attraction pour ce qui est différent. Comme si le contact avec le Noir, pour le puritanisme wasp de l’Amérique des années cinquante, ne pouvait représenter rien d’autre qu’un phantasme sexuel, une altérité sauvage et un désir _ lust _ refoulé.

Ce Texas violent, intolérant et conformiste ne plaisait pas non plus aux parents de Stanley Ann, qui décidèrent de partir pour Seattle, « nouvelle frontière«  économique à l’extrême Ouest des États-Unis. La ville _ Mercer Island _ était plus ouverte et plus accueillante, Stanley Ann y fit tout son lycée _ Mercer Island High School. Marine Box, sa meilleure amie de l’époque, garde d’elle l’image d’une élève brillante, non seulement dans ses résultats scolaires, mais par sa capacité à réfléchir seule, à ne pas se plier aux clichés et au conformisme culturel de son pays. Elle se disait par exemple athée, scandalisant ses camarades de classe.

Quand ses parents déménagèrent à Hawaï _ en 1960, donc _, Stanley Ann s’inscrivit à l’Université d’Honolulu. Malgré la dureté de son père, ses parents ne s’opposèrent pas à sa relation avec Barack Obama senior. Au contraire, ils l’invitèrent immédiatement à dîner, pensant que le jeune homme se sentait seul, si loin de chez lui. Les gaffes furent évidemment nombreuses, tant ils avaient peu l’habitude de fréquenter des Noirs : le père lui demanda s’il savait chanter et danser, et la mère lui dit qu’il ressemblait de façon frappante à Harry Belafonte. Mais Barack senior ne se laissa pas intimider pour autant. Un soir, durant une fête, il se mit à chanter devant tout le monde, et bien que sa voix ne fût pas particulièrement belle, son assurance et son charisme firent effet sur tous les présents. C’est un homme fier de ses origines africaines, fils de chef, qui n’a jamais subi les humiliations des Noirs américains _ esclaves et descendants d’esclaves. Il ne sent pas encore le poids de la couleur de sa peau dans cette Amérique violente, ségrégationniste, mais « naïve«  sur les questions raciales, pour n’avoir pas encore été confrontée aux Black Panthers et aux mouvements de révolte et de construction de l’identité afro-américaine.

Juste après la naissance d’Obama Hussein _ le 4 août 1961 _, son père est sélectionné par les meilleures universités américaines et décide de poursuivre ses études à Harvard. Stanley Ann n’a pas envie de le suivre dans le Massachusetts : elle est heureuse d’avoir un bébé, pleinement heureuse, mais ne se voit pas mener la vie d’une épouse d’homme politique kenyan. Elle sait que le destin de son mari est tracé, qu’il devra rentrer au Kenya car sa réussite aux États-Unis est un exemple pour toute une nation ; c’est précisément pour cela qu’on l’a envoyé faire ses études en Amérique. Ils décident de se séparer en toute amitié, Barack senior vient d’une culture polygame et sait bien que sa vie de mari et de père ne s’arrête pas là. Stanley Ann est suffisamment sûre d’elle-même et heureuse d’avoir un enfant métis pour retourner à Honolulu sans complexes _ le divorce sera prononcé en juin 1964 _, et y reprendre ses études. Elle décroche une maîtrise en mathématiques et un master en anthropologie en 1967. La même année, elle rencontre un autre étudiant étranger, Lolo Soetoro _ ca 1936-1987 _,  un Indonésien petit, brun et gentil, qui commence à fréquenter la maison des Dunham. Toot, la mère de Stanley Ann, joue aux échecs avec lui tous les soirs, et se moque de lui car « Lolo » en hawaïen signifie « fou ». Mais ce garçon n’a rien de fou : il est d’une courtoisie extrême, affectueux avec le petit Barry et décidément très amoureux de la jeune femme extravagante et aventureuse qu’est Stanley Ann. Il lui propose de l’épouser, et de partir avec lui à Djakarta. Stanley Ann accepte et part avec son fils pour l’Indonésie à la fin de l’année 1967, au moment de l’irrésistible ascension au pouvoir de Suharto, des purges anti-communistes et du déclin du président Sukarno, fondateur de l’État, désormais âgé.

Stanley Ann trouve du travail à l’ambassade américaine, où elle emmène souvent son fils qui passe ses journées à la bibliothèque de l’ambassade à lire le magazine Life. Elle lui parle de politique, de géographie, de relations internationales. Lolo raconte à Barry les mythes indonésiens, le grand Hanuman, dieu singe et guerrier invincible dans sa lutte contre les démons. L’athéisme communiste du gouvernement Sukarno est vite remplacé, sous Suharto, par une vague religieuse. On étudie la religion musulmane à l’école : l’Indonésie est le plus grand pays converti à l’Islam. Barry est soumis à toutes ces influences, toutes ces cultures. Il n’a pas de problèmes d’appartenance raciale : il n’a pas de race, il est un citoyen du monde, curieux comme sa mère, intéressé par la différence, sûr de lui et entièrement à son aise dans la normalité quotidienne qu’est pour lui le clan multi-ethnique de sa famille recomposée. En 1970 _ le 15 août _ naît sa sœur, Maya Kassandra Soetoro. Barry va à l’école, mais le réveil sonne pour lui à trois heures du matin, quand sa mère entre dans sa chambre sur les notes de Mahalia Jackson, lui lit la biographie de Malcolm X, lui fait écouter les discours du révérend Martin Luther King. Elle lui inculque de cette façon un sentiment d’appartenance à la culture afro-américaine, qui est en train de prendre pied aux États-Unis, d’y trouver une expression politique, une identité communautaire et un langage propres.

Barry doit savoir tout être à la fois, américain, noir, blanc, cosmopolite, parce que c’est son avenir, le « rêve«  hasardeux et visionnaire de sa mère. Quand son mariage avec Lolo commence à vaciller, Barry est envoyé pendant un an chez ses grands-parents à Hawaï. Stanley Ann quitte Lolo car il désire avoir d’autres enfants. Peu après _ en 1972 _, Stanley Ann et Maya reviennent à Honolulu, et le clan se recompose, cette fois sans maris, mais avec les deux enfants et les grands-parents Dunham. Les parents de Stanley Ann se consacrent avec amour au petit Barry, mais contrairement à ce qu’on a pu lire dans les journaux, ce ne sont pas eux qui l’élèvent. C’est sa mère qui veille sur son éducation, elle qui, une fois de retour à Hawaï, reprend ses études pour décrocher un doctorat en anthropologie à cinquante ans, en 1992. Elle choisit comme objet de recherche la société rurale indonésienne, ce qui lui donne l’occasion de retourner fréquemment en Indonésie pour que sa fille Maya puisse voir son père, avec lequel elle a conservé des rapports amicaux _ le divorce officiel aura lieu en 1980. En 1977, elle décide d’y séjourner plus longuement, toujours pour ses recherches. Elle part seule avec Maya, Barry préfère terminer sa scolarité aux États-Unis.

La carrière de Stanley Ann, pendant ce temps, prend une tournure nouvelle : elle s’occupe de développement rural, de programmes de micro-crédit destinés aux femmes indonésiennes pour le compte de différentes agences et banques internationales. Sa vie, son expérience de femme et de mère de deux enfants multi-ethniques deviennent le terreau de sa croissance intellectuelle. Elles lui ont fait comprendre des choses qu’elle n’aurait pas vues autrement sur les différences sociales et culturelles, sur la condition féminine, sur les minorités ethniques. Son autobiographie est son terrain d’expérimentation, elle est à la fois observatrice et protagoniste d’un monde qui se transforme et se globalise. Mais son enthousiasme et sa carrière seront bientôt stoppés net par un cancer des ovaires _ qui se déclare en 1994 _, qui l’emporte à cinquante-trois ans, en 1995 _ le 7 novembre.

Il faut se demander ce qu’il y a _ indirectement _ de cette femme indépendante, courageuse et pleine d’une autorité naturelle _ oui _ dans l’obamanie qui s’est emparée du monde entier durant les élections américaines. La nouveauté que représente Obama réside peut-être moins dans sa peau noire que dans sa capacité profonde _ oui _ à comprendre et à concilier les contraires, que seul peut avoir un homme qui a accepté le modèle et l’autorité d’une femme. Obama est issu d’une génération nouvelle parce qu’il est le fils d’une femme intellectuellement compétente, parce qu’il peut prendre pour modèle sa mère et non son père, parce qu’il est imprégné de valeurs féminines de tolérance et de communion. Obama est le produit _ d’abord… : il n’est pas une chose ; ni un « outil »… _ de cette femme, il est sa plus grande réussite. Certes, durant la campagne électorale, il valait mieux _ électoralement ?.. _ laisser le souvenir de Stanley Ann à l’écart des feux de la rampe, et raconter _ story-telliser ?.. _ l’histoire du petit garçon noir élevé par ses grands-parents dans le Kansas _ du middlewest profond… Mais à présent qu’Obama est président, le moment est enfin venu _ politiquement correct ?.. _ de rendre hommage _ est-ce parfaitement sincère, en pareil cas ? _ à celle qui a « inventé«  (!) ce « fils parfait » (!), à celle qui en a pris soin et l’a élevé pour (!!!) « en faire l’icône » (!) du monde qui viendra, et qu’elle ne verra pas.

Traduit _ pas toujours opportunément (!) du point de vue d’une rigueur philosophique : c’est plutôt dommage…  _ de l’italien par Florence Plouchart-Cohn _ les données factuelles, étant, elles, on ne peut plus intéressantes !

par Gloria Origgi [20-01-2009]

Titus Curiosus, le 21 janvier 2009

Président Obama : lecteur et écrivain _ la construction d’une identité et d’une politique dans les pas d’Abraham Lincoln…

19jan

En contrepoint aux magnifiques « Rêves de mon père _ l’histoire d’un héritage en noir et blanc« , parus aux Etats-Unis en 1995,

puis réédités _ au moins une première fois (avec l’adjonction d’une « Préface« , alors) _ en 2004, à l’occasion de l’élection « au Sénat des États-Unis en tant que sénateur de l’Illinois » (page 11) de Barack Obama,

et traduits en français par Danièle Darneau (aux Presses de la Cité ; et paraissant maintenant _ décembre 2008 _ en Points-Seuil) ;

voici un bel article _ en anglais _

paru dans l’édition de ce 19 janvier _ veille de l' »inauguration » à Washington _ du New-York Times,

sous la plume de Michiko Kakutani,

intitulé « From Books, New President Found Voice ».

WASHINGTON _

In college, as he was getting involved in protests against the apartheid government in South Africa, Barack Obama noticed, he has written, that people had begun to listen to my opinions. Words, the young Mr. Obama realized, had the power “to transform” : “with the right words everything could change _ South Africa, the lives of ghetto kids just a few miles away, my own tenuous place in the world.

Much has been made of Mr. Obama’s eloquence _ his ability to use words in his speeches to persuade and uplift and inspire. But his appreciation of the magic of language and his ardent love of reading have not only endowed him with a rare ability to communicate his ideas to millions of Americans while contextualizing complex ideas about race and religion, they have also shaped his sense of who he is and his apprehension of the world.

Mr. Obama’s first book, Dreams From My Father _ en traduction française : « Les rêves de mon père _ l’histoire d’un héritage en noir et blanc«  _ (which surely stands as the most evocative, lyrical and candid autobiography written by a future president), suggests that throughout his life he has turned to books as a way of acquiring insights and information from others _ as a means of breaking out of the bubble of self-hood and, more recently, the bubble of power and fame. He recalls that he read James Baldwin _ l’auteur de « La chambre de Giovanni«  et de « La prochaine fois, le feu« _, Ralph Ellison _ l’auteur de « Homme invisible, pour qui chantes-tu ? » _, Langston Hughes _ l’auteur des « Grandes profondeurs » _, Richard Wright _ l’auteur de « Black Boy«  et « Un enfant du pays«  _ and W. E. B. Du Bois _ l’auteur des « Âmes du peuple noir«  _ when he was an adolescent in an effort to come to terms with his racial identity ; and that later, during an ascetic phase in college, he immersed himself in the works of thinkers like Nietzsche and St. Augustine _ l’auteur des « Confessions«  _ in a spiritual-intellectual search to figure out what he truly believed.

As a boy growing up in Indonesia, Mr. Obama learned about the American civil rights movement through books his mother gave him. Later, as a fledgling community organizer in Chicago, he found inspiration in “Parting the Waters” _ non traduit en français _, the first installment of Taylor Branch’s multivolume biography of the Rev. Dr. Martin Luther King Jr.

More recently, books have supplied Mr. Obama with some concrete ideas about governance : it’s been widely reported that Team of Rivals,” Doris Kearns Goodwin’s book _ non encore traduit en français _ about Abraham Lincoln’s decision to include former opponents in his cabinet, informed Mr. Obama’s decision to name his chief Democratic rival, Hillary Rodham Clinton, as Secretary of State. In other cases, books about Franklin Delanoe Roosevelt’s first hundred days in office ; and Steve Coll’s “Ghost Wars_ non encore traduit en français _ about Afghanistan and the C.I.A., have provided useful background material on some of the myriad challenges Mr. Obama will face upon taking office.

Mr. Obama tends to take a magpie approach to reading _ ruminating upon writers’ ideas and picking and choosing those that flesh out his vision of the world or open promising new avenues of inquiry.

His predecessor, George W. Bush, in contrast, tended to race through books in competitions with Karl Rove (who recently boasted that he beat the president by reading 110 books to Mr. Bush’s 95 in 2006), or passionately embrace an author’s thesis as an idée fixe. Mr. Bush and many of his aides favored prescriptive books _ Natan Sharansky’s “Case for Democracy” which pressed the case for promoting democracy around the world, say, or Eliot A. Cohen’s “Supreme Command” which argued that political strategy should drive military strategy. Mr. Obama, on the other hand, has tended to look to non-ideological histories and philosophical works that address complex problems without any easy solutions, like Reinhold Niebuhr’s writings _ non traduits en français _, which emphasize the ambivalent nature of human beings and the dangers of willful innocence and infallibility.

What’s more, Mr. Obama’s love of fiction and poetry _ Shakespeare’s plays (par exemple, ses « tragédies« ) , Herman Melville’s “Moby-Dick and Marilynne Robinson‘s “Gilead are mentioned on his Facebook page, along with the Bible _ par exemple « la Bible« _, Lincoln’s collected writings and Emerson’s “Self Reliance(en français « La Confiance en soi« ) _ has not only given him a heightened awareness of language. It has also imbued him with a tragic sense of history and a sense of the ambiguities of the human condition quite unlike the Manichean view of the world so often invoked by Mr. Bush.

Mr. Obama has said that he wrote “very bad poetry in college ; and his biographer David Mendell suggests that he once harbored some thoughts of writing fiction as an avocation.For that matter, “Dreams From My Father” evinces an instinctive storytelling talent (which would later serve the author well on the campaign trail) and that odd combination of empathy and detachment gifted novelists possess. In that memoir, Mr. Obama seamlessly managed to convey points of view different from his own (a harbinger, perhaps, of his promises to bridge partisan divides and his ability to channel voters’ hopes and dreams) while conjuring the many places he lived during his peripatetic childhood. He is at once the solitary outsider who learns to stop pressing his nose to the glass and the coolly omniscient observer providing us with a choral view of his past.


As Baldwin once observed, language is both “a political instrument, means, and proof of power” and “the most vivid and crucial key to identity : it reveals the private identity, and connects one with, or divorces one from, the larger, public, or communal identity.

For Mr. Obama, whose improbable life story many voters regard as the embodiment of the American Dream, identity and the relationship between the personal and the public remain crucial issues. Indeed, Dreams From My Father” written before he entered politics, was both a searching bildungsroman and an autobiographical quest to understand his roots _ a quest in which he cast himself as both a Telemachus in search of his father and an Odysseus in search of a home.


Like “Dreams From My Father”, many of the novels Mr. Obama reportedly admires deal with the question of identity : Toni Morrison’s “Song of Solomon_ en français « Le chant de Salomon » _ concerns a man’s efforts to discover his origins and come to terms with his roots ; Doris Lessing’s “Golden Notebook _ en français « Le Carnet d’or » _ recounts a woman’s struggles to articulate her own sense of self ; and Ellison’s “Invisible Man_ en français « Homme invisible, pour qui chantes-tu ? » _ grapples with the difficulty of self-definition in a race-conscious America and the possibility of transcendence. The poems of Elizabeth Alexander, whom Mr. Obama chose as his inaugural poet, probe the intersection between the private and the political, time present and time past ; while the verse of Derek Walcott (a copy of whose collected poems was recently glimpsed in Mr. Obama’s hands _ en français, « Une autre vie » _) explores what it means to be a  divided child”, caught on the margins of different cultures, dislocated and rootless perhaps, but free to invent a new self.

This notion of self-creation is a deeply American one _ a founding principle of this country, and a trope addressed by such classic works as The Great Gatsby(« Gatsby le magnifique« , de Francis Scott Fitzgerald) _ and it seems to exert a strong hold on Mr. Obama’s imagination.


In a 2005 essay in Time magazine, he wrote of the humble beginnings that he and Lincoln shared, adding that the 16th president reminded him of a larger, fundamental element of American life _ the enduring belief that we can constantly remake ourselves to fit our larger dreams.

Though some critics have taken Mr. Obama to task for self-consciously italicizing parallels between himself and Lincoln, there are in fact a host of uncanny correspondences between these two former Illinois state legislators who had short stints in Congress under their belts before coming to national prominence with speeches showcasing their eloquence : two cool, self-contained men, who managed to stay calm and graceful under pressure ; two stoics embracing the virtues of moderation and balance ; two relatively new politicians who were initially criticized for their lack of experience and for questioning an invasion of a country that, in Lincoln’s words, was “in no way molesting, or menacing the U.S.

As Fred Kaplan’s illuminating new biography (“Lincoln : The Biography of a Writer” _ non encore traduite en français _) makes clear, Lincoln, like Mr. Obama, was a lifelong lover of books, indelibly shaped by his reading _ most notably, in his case, the Bible and Shakespeare _ which honed his poetic sense of language and his philosophical view of the world. Both men employ a densely allusive prose, richly embedded with the fruit of their reading, and both use language as a tool by which to explore and define themselves. Eventually in Lincoln’s case, Mr. Kaplan notes, the tool, the toolmaker, and the tool user became inseparably one. He became what his language made him.

The incandescent power of Lincoln’s language, its resonance and rhythmic cadences, as well as his ability to shift gears between the magisterial and the down-to-earth, has been a model for Mr. Obama _ who has said he frequently rereads Lincoln for inspiration _ and so, too, have been the uses to which Lincoln put his superior language skills : to goad Americans to complete the unfinished work of the founders, and to galvanize a nation reeling from hard times with a new vision of reconciliation and hope.

« Paix » et « espérance » : ce ne sont pas que d’actifs espoirs

_ personnellement je n’apprécie que modérément le vocable « rêves » ; et, de fait, « ceux » du père du 44ème président, n’ont pas pris corps… _

« américains », bien sûr…


La tâche est grande, certes ; mais une confiance lucide _ à bâtir, patiemment : « yes, we can » _

vaut mieux que le cynisme des divisions montant systématiquement _ pour « régner », croient-ils… _ les uns contre les autres…


Et il y faut, en effet, une grande « vision« 

Et le « réalisme » vient peut-être, en changeant de camp

_ on se souvient de celui des Açores… _

de changer de sens…


Demain, nous serons sans nul doute nombreux à tourner nos regards

_ et avec « réalisme », donc _

vers cette renaissance d’espérance

à Washington ;

comme à Nairobi et à Djakarta…

Et

Guantanamo,

Gaza,

etc...

Soit, au sein même des États-Unis,

comme dans le « reste » de ce qui est aussi « le » _ et notre ! _ « monde » (= de plus en plus uniformisé) ;

soit un « monde » commun ; et _ qu’on le veuille ou pas ! _ partagé !..

soit, donc,

diviser et régner versus unir et réunir ;

 = aimer ou haïr…

Toute paix est une construction, et de très longue haleine…

Là-dessus,

(re-) lire

_ lecteurs, nous aussi ! et pour avoir (un peu) « voix au chapitre » (démocratique) _ ;

(re-) lire les « fondamentaux », tels que, par exemple, les « Traités«  :

« théologico-politique »

et « politique »

de Spinoza…

Titus Curiosus, le 19 janvier 2009

Comprendre le réel (et le monde) : « le moment Obama », un article de John Carlin, dans El Pais du 28 décembre

28déc

Comprendre le réel (et le monde _ en sa réalité historique ; et dans toutes ses facettes, disons « culturelles » ; dont artistiques…)

_ et cela, afin d’un peu mieux, peut-être, y vivre... _

est une de mes (modestes, mais fermes, constantes, décidées) « ambitions » de personne _ et de citoyen…

D’où l’un peu large

(comme _ ou autant que _ je peux et essaie, avec mon paquetage de bagages :

de même qu’avec _ ou plutôt sans ! _ ceux qui me font défaut,

et dont il faut _ tant soit peu… _ essayer de pallier les conséquences de l’absence…)

d’où l’un peu large éventail d’outils

à « alimenter »

_ et comme je peux, c’est-à-dire de bric et de broc, comme tout un chacun ! _

ma curiosité…

D’où, et m’y voici, ma lecture matinale de la presse _ notamment internationale _ de qualité : El Pais, La Repubblica, le New-York-Times, ou The Independent, entres autres (selon les langues que je peux au moins « déchiffrer » ; en plus du Monde, de Libération, du Figaro ; et quelques autres…


Ce matin,

avant que je mette à l’article que j’ai en tête (et en chantier) :

sur l’expo aixoise _ à la galerie Alain Paire, 30 rue du Puits-Neuf (et jusqu’au 31 décembre !!!) _ « Paysages et natures mortes »  d’Anne-Marie Jaccottet ; et cette merveille (de goût) qu’est le livre qui lui est « consacré » _ c’est le terme approprié ! _, « Arbres, chemins, fleurs & fruits _ aquarelles et dessins d’Anne-Marie Jaccottet« , avec des « textes » _ de « lecture » de ces œuvres _ de Philippe Jaccottet, Alain Madeleine-Perdrillat et Florian Rodari ; ainsi qu’un « entretien de l’artiste » avec Alain Paire ; aux excellentes éditions La Dogana ;

avant cela, que j’ai à cœur d’écrire,

vient solliciter mon attention un magnifique article de John Carlin dans El Pais de ce jour.

Le voici donc, en castillan ;

car il me paraît excellemment « éclairer » ce qui sera _ peut-être !.. _ un tournant de l’Histoire de nouveau siècle ;

et que je me permets de nommer « le moment Obama » ;

avec toutes les incertitudes attenantes, bien sûr, à l’Histoire collective des hommes, perpétuellement en train de se faire ;

avec ses pentes et pesanteurs (sociologiques) si puissantes, voire redoutables ;

mais aussi ses virages, ses inflexions ; et une part _ un clinamen ?.. _ de « liberté »…

J’ose y croire…

D’où la question _ philosophique en partie _ sur la « part » que peuvent, ou pas ; et dans quelle _ très fine !!! _ mesure ; y « jouer » de « grands hommes », tel que celui que promet d’être ce Barack Hussein Obama…

Or, il me semble que John Carlin met tout cela en balance, en son article optimiste, mais modéré, et assez « réaliste »…

En tout cas, aux yeux d’une personne qui « pense » _ ou « croit », c’est selon ce que chacun en jugera… _ que « le réel » _ on peut le qualifier ainsi ; et à sa suite « le réalisme » !… (celui de la « real politique ») _ ;

ou voudrait croire, avec un minimum d’objectivité,

que « le réel vient de changer de camp »

_ rien moins !!!

Voici donc cet article ;

dont je me contenterai _ sans commentaire aucun de ma part _ de mettre seulement en gras les expressions (de l’article de John Carlin) qui me paraissent les plus « importantes » ; du moins telles que je les « lis »… ;
et en rouge les expressions de Barack Obama jusqu’ici…


Afin de contribuer, à ma modeste mesure,

à la réflexion,

sur la page du monde qui se tourne ;

et la page du monde qui (nous) vient…

REPORTAJE : PERSONAJE DEL AÑO

Universal Obama

El presidente electo de Estados Unidos posee inteligencia, calma y aplomo. Ni sus adversarios más tenaces lo niegan. Su mandato estará marcado por un profundo instinto reconciliado

JOHN CARLIN 28/12/2008

    Barack Hussein Obama

    Barack Obama

    A FONDO

    Nacimiento:
    04-08-1961
    Lugar:
    Honolulu

    Estados Unidos

    Estados Unidos

    A FONDO

    Capital:
    Washington.
    Gobierno:
    República Federal.
    Población:
    303,824,640 (est. 2008)

Un atardecer en Hawai, Barack Hussein Obama, padre del presidente electo de Estados Unidos, estaba en un bar tomándose unas copas con su suegro y algunos amigos universitarios cuando un hombre blanco le espetó el insulto más grave, más hiriente, más políticamente incorrecto que existe en el inglés estadounidense. Le llamó nigger, algo así como negrata, pero con una cuota de desdén multiplicada por cien, ya que fue el apelativo con el que se denigraba a los esclavos en el siglo XIX.

Concretamente, el hombre blanco declaró que no quería tomarse un trago « al lado de un nigger« . Obama era conocido como un hombre orgulloso y se esperaba una pelea. Más aún cuando éste se dirigió con pasos firmes hacia su agresor. Pero no. Obama se plantó frente al hombre con una sonrisa y procedió a darle una serena y erudita clase de civismo. Citó la declaración universal de los derechos humanos, le recordó los ideales en los que se basaba el sueño americano y le explicó que la intolerancia, más que una grosería, era una estupidez. El hombre blanco se sintió tan mal que no sólo le pidió efusivas disculpas, sino que soltó un billete de cien dólares y le pagó todas las copas y la comida a él y a sus amigos.

Hay motivos para pensar que, en circunstancias parecidas, el hijo de aquel Obama haría lo mismo. La anécdota aparece en la autobiografía de Barack Hussein Obama, « Los sueños de mi padre » _ « Les Rêves de mon père » _, un libro que, como el título sugiere, rebosa fascinación por la figura paterna. Obama apenas conoció a su padre, nacido en Kenia, ya que éste abandonó a la familia en Hawai y se divorció de su mujer para irse a estudiar a Harvard cuando el pequeño tenía dos años. Sólo se verían una vez más en la vida. Pero el viaje de autodescubrimiento que narra el libro pasa por una exploración minuciosa del padre, una especie de trabajo de detective que concluye con interrogaciones a fondo de sus medio hermanos, primos, tíos y abuela durante su primer viaje a Kenia, a los 26 años.

Lo que queda claro hoy es que Obama ha heredado, y también conscientemente emulado, las virtudes de su padre, sin dejar de sacar las lecciones debidas de una tendencia terca y autodestructiva que lo condujo a la depresión, a la bancarrota, al alcoholismo y a la muerte, a los 46 años, en un accidente de coche.

El comandante en jefe número 44 de la historia de Estados Unidos posee la inteligencia, la calma y el aplomo de la mejor versión de su padre. A tal punto que ni sus adversarios más tenaces lo niegan. Charles Krauthammer, célebre columnista neoconservador del Washington Post, ha llegado a escribir que Obama goza de « una inteligencia de primera y un temperamento de primera« . Pero posee una cualidad incluso de más calado a la exhibida por su padre en aquel bar de Hawai y por él mismo durante y después de la campaña presidencial, que será la que definirá a su presidencia: un profundo instinto reconciliador.

Hay dos categorías de políticos : los que llegan al poder y gobiernan a partir de la división, apelando al tribalismo inherente a la especie _ la inmensa mayoría _ ; y los unificadores, los grandes, los que trascienden su época, como las figuras históricas más admiradas de las dos culturas que han forjado a Obama: Abraham Lincoln y Nelson Mandela, modelos reconocidos por el propio Obama.

La fe en que lo logre resume la esperanza global que ha despertado Obama de que, tras ocho años de infamia, y por primera vez desde tiempos de John Fitzgerald Kennedy, Estados Unidos vuelva a aportar de manera explícita y activa su fuerza y su peso moral para la creación de un mundo mejor.

Es difícil concebir dos individuos más diferentes que Barack Hussein Obama y el presidente saliente, George W. Bush. Este último nació en el seno de una familia perteneciente a la aristocracia adinerada del noreste de Estados Unidos. Su padre fue, sucesivamente, jefe de la CIA, vicepresidente y presidente de Estados Unidos. George W., la oveja negra de la familia, fue un estudiante vago que ingresó en Yale gracias a las conexiones familiares y pasó su juventud oscilando entre la borrachera y el despilfarro, sin demostrar jamás la menor curiosidad por el mundo que le rodeaba, mucho menos el mundo mundial. Hasta que a los 40 años cambió el alcohol por el evangelismo cristiano. Lo más notable que había hecho hasta aquella epifanía religiosa, el impulso divino que le hizo el favor a la humanidad de lanzarle a la política, fue estrellar el coche de su padre tras una noche de juerga en el acomodado barrio de Georgetown, en Washington.

Obama, recién llegado al mundo en 1961, ya era un iconoclasta: un símbolo, llevado a extremos impensables, de reconciliación racial. En una época en la que el Ku Klux Klan seguía linchando y en varios Estados de Norteamérica todavía era ilegal tener relaciones sexuales interraciales, Obama nació en Honolulú de un padre « negro como el carbón » y una madre « blanca como la leche« , como él mismo los describe en « Los sueños de mi padre« . Cuando tenía seis años, su madre, Ann Dunham, se casó con un ingeniero indonesio musulmán (la misma religión que practicaba el abuelo paterno de Obama) y se trasladaron a Yakarta. Obama, que en seis meses hablaba el indonesio, jugaba todos los días en las calles de la bulliciosa ciudad con los niños más humildes, y allí se acostumbró a comer, entre otras delicias locales, carne de perro y de serpiente y grillo asado. Con 10 años consiguió ingresar en el mejor colegio de Honolulú, lo cual le obligó a dejar atrás su hogar familiar en Yakarta e ir a vivir con los padres de su madre. Él era un simpático veterano de la segunda guerra mundial llegado a menos; ella, una disciplinada empleada de banco que aportaba más que su marido a la economía familiar. Obama fue a la universidad en California y después en Nueva York ; consiguió trabajo como activista comunitario en los barrios más pobres y más violentos del sur de Chicago ; hizo una gira de cinco semanas por Kenia, donde conoció a su extensa familia paterna y visitó los lugares donde su padre pastoreaba cabras de pequeño y donde su abuelo cocinaba y limpiaba las casas de los oficiales coloniales británicos. Obtuvo una beca para estudiar derecho en Harvard ; allí fue el primer hombre negro en ser elegido presidente de la prestigiosa revista Harvard Law Review ; y volvió a hacer política de barrio en Chicago. A los 33 años completó algo inimaginable para George W. Bush, y para muy pocos políticos de cualquier época y cualquier lugar : escribió su autobiografía, un libro que se caracteriza por una redacción impecable, una penetrante capacidad de autorreflexión y una generosa sensibilidad hacia los demás.

14 años después, tras breves etapas representando al Partido Demócrata en el Senado estatal de Illinois y el nacional de Washington, ha concluido los capítulos iniciales de una historia que apenas comienza con lo que él ha llamado el « improbable » desenlace de ser elegido, por sustancial mayoría y envuelto en un fervor público no visto desde tiempos de John Fitzgerald Kennedy. Lo tenía todo en su contra, y sus rivales republicanos lo sabían. Le acusaron de todo. De ser radical, socialista, marxista, musulmán, amigo de terroristas y antiamericano. Como dijo un columnista de la revista New Yorker, el futuro presidente « será un hombre cuyo primer nombre es una palabra en suajili derivada del árabe (significa bendición)« , cuyo segundo nombre no sólo es el de un nieto del profeta Mahoma, sino que también el del blanco original de una guerra sin terminar que empezó Estados Unidos, y cuyo apellido rima bien con Osama. « Ése no es un nombre, es una catástrofe, por lo menos en la política americana« , agregaba el columnista.

Sin embargo, Obama ha logrado transformar la aparente catástrofe en un triunfo histórico, convirtiendo su mestizaje en símbolo de optimismo y unificación. Como todo gran político, posee el don de la persuasión. Por eso hay tanta gente dispuesta a creer su grandilocuencia cuando define su misión de la siguiente manera: « Una nación curada. Un mundo reparado. Una América que vuelve a creer« . Lejos de albergar resentimiento hacia su país adoptivo, característica hasta hoy de una buena parte de sus compatriotas negros, Obama es un patriota. Lo declaró con convicción en el discurso que lo propulsó a la fama, durante la convención presidencial demócrata de 2004: « Me presento aquí hoy agradecido por la diversidad de mi patrimonio… sabiendo que mi historia es parte de una historia americana más grande, que estoy en deuda con todos aquellos que me precedieron y que en ningún otro país del mundo mi historia sería ni siquiera posible« .

Obama ha vuelto a recordar a todo el mundo los motivos por los cuales Estados Unidos ha sido históricamente digno de admiración, hasta « la larga oscuridad política » en la que se había perdido su país, como él mismo definió en aquel mismo discurso a los primeros cuatro años del mandato de Bush. Lo que está por ver es si seguirá ganándose la admiración mundial tras instalarse, el próximo 20 de enero, en el Despacho Oval de la Casa Blanca. Hay muchos escépticos, especialmente de izquierdas, que dudan de la capacidad de Estados Unidos de observar al resto del mundo a través de otra óptica que no sea la imperial, independientemente de la identidad o la retórica del presidente. Y es verdad que en la política exterior de Estados Unidos, como en la de cualquier país, están los intereses, primero, y después _ en el mejor de los casos _ los amigos. La diferencia ahora es que Obama, más que cualquier otro presidente que le precede, conoce el imperio desde adentro y desde afuera ; es capaz de ver a su país desde el punto de vista de un patriota convencido y de un extranjero crítico.

En este sentido, tiene por lo menos tanto que agradecer a su madre como a su padre. En una entrevista, Obama se refirió a su madre como « la figura dominante de mi juventud, los valores que me enseñó siguen siendo mi piedra de toque en el mundo de la política« . Ann Dunham, que murió de cáncer a los 53 años y nunca dejó de estar enamorada del padre de Obama, sería una mujer atípica hoy en un país en el que la proporción de matrimonios entre blancos y negros es mucho menor que en Europa occidental ; pero cuando esta hija de un soldado, nacida en Fort Leavenworth (Kansas) durante la Segunda Guerra Mundial, se casó con Barack padre a los 18 años tras conocerle durante una clase de ruso (¡ de todos los idiomas posibles en plena guerra fría !), era una aberración. Poco más normal fue casarse después con un indonesio, mudarse a su país y procurar que su hijo no sólo se empeñe a fondo en el colegio, sino que se integre de lleno en una cultura extraña. Como cuenta Obama en su autobiografía, su madre le enseñó durante su infancia asiática una lección que recordaría toda su vida : « A desdeñar aquella mezcla de ignorancia y arrogancia que con demasiada frecuencia caracterizaba a los americanos en el extranjero« .

Su condición de negro parcialmente desheredado en un país en el que hasta su aparición pública los matices raciales no han tenido palabra propia (los hijos que Thomas Jefferson tuvo en el siglo XVIII con una mujer esclava eran « negros« , como todos los que han nacido desde entonces con sangre africana), le ha dado también esa perspectiva de outsider, de individuo que ve Estados Unidos desde afuera. Lo cual alimenta las esperanzas de William Greider, el decano del pequeño núcleo de observadores progresistas residentes en Washington, de que Obama lleve a cabo un giro radical en la política exterior de Estados Unidos.

« Lo que el auge de China y la India y Brasil nos señala es que estamos entrando en una fase radicalmente nueva de las relaciones entre Estados Unidos y el resto del mundo ; una fase que requerirá una buena dosis de humildad« , dice Greider, anteriormente columnista de Rolling Stone, hoy principal comentarista político de la revista de izquierdas The Nation. « Ahora, al ver cómo nuestro poder decae y llegan tiempos de decepción y dolorosos ajustes, tendremos que elegir entre la respuesta de siempre _ « es la culpa de los chinos y los musulmanes y los demás extranjeros » _ o la respuesta sensata, que consiste en reflexionar un poco y evaluar hasta qué punto nuestros problemas los hemos creado nosotros mismos« .

Greider confía en que Obama entienda esto, pero lo que no tiene tan claro es si le resultará políticamente factible llegar hasta el extremo de cuestionar aquel concepto « de manifiesta superioridad, de que somos la mejor esperanza para el mundo, de que nuestro papel natural consiste en dirigir el destino del planeta, que está tan arraigado en el ADN nacional, sin excluir a nuestros diplomáticos y a la prensa seria« . Greider, un admirador de Obama, espera que el nuevo presidente se atreva algún día a violar « este tabú« , lo cual dependería en gran parte del grado de liderazgo moral que llegase a consolidar sobre sus conciudadanos. Pero reconoce que hoy por hoy sería aconsejable que la izquierda americana, como la mundial, templara sus expectativas de cambio radical ; aceptara que Barack Obama no va a ser, ni mucho menos, Hugo Chávez. Lo que sí se puede esperar con bastante certeza, dice Greider, es que se acabe con « aquella grosería y estupidez » que ha marcado la particular mezcla de arrogancia e ignorancia que ha sido marca de la casa en la era Bush.

Para empezar, la malograda « guerra contra el terror » cambia instantáneamente de carácter sin que Obama tenga que abrir la boca, mucho menos tomar nuevas medidas. En el ámbito de « mentes y corazones » ya hay una batalla ganada. Ya no va a ser tan fácil para los propagandistas de la yihad pintar a Estados Unidos como la tierra del Gran Satán cuando su presidente tiene el nombre que tiene, y su abuelo se convirtió al islam, entre otras cosas porque, según explicó un día a su esposa, no le convencía esa peculiar idea cristiana de « amar a los enemigos« . Sin embargo, Obama, cristiano practicante, sí pretende hablar con ellos. Ha expresado su deseo de dialogar con Irán y con Siria sin condiciones ; ha dicho que en Afganistán su política combinará la fuerza militar con el intento de buscar lo que sus asesores llaman focos de « reconciliables« , gente relativamente moderada en su compromiso ideológico, entre los combatientes talibanes ; ha declarado, repetidamente, que piensa extraer el grueso de las tropas estadounidenses de Irak, posiblemente dejando atrás algunos asesores militares, en un plazo de 16 meses ; y ha expresado su convicción de que la mejor forma de evitar otro Irak u otro Afganistán no es la intervención militar cuando es demasiado tarde, sino la inversión económica antes de que afloren los peligros terroristas.

Y aunque Obama tampoco es Gandhi (« no me opongo a todas las guerras« , ha declarado, y también, « mataremos a Bin Laden« ), todo lo que ha dicho a lo largo de su carrera política sugiere que buscará establecer relaciones de respeto con todos los países que lo deseen, y que su primer impulso no será, a diferencia del de Bush, disparar primero y hacer preguntas después. Él mismo lo dijo, quizá recordando a su madre, en un discurso hace un año: « El no hablar con otros países no nos hace quedar como gente dura ; nos hace quedar como arrogantes« . Desde la muerte de su madre en 1995, y la de su abuela materna el día antes de que ganara las elecciones presidenciales, la persona de su familia con la que tiene más intimidad, y a la que más se parece, es su media hermana keniana, Auma, que ha vivido gran parte de su vida en Europa. Auma Obama, que una vez le aconsejó que no entrara en política porque era un camino siempre decepcionante, afirmó en una entrevista con The New York Times el mes pasado que, si había una cosa en la que se podía confiar, era en que su hermano, al que definió como « una figura unificadora« , « entablaría un diálogo con el mundo« .

Ya lo está haciendo con su propio país. Nada de lo que ha hecho hasta la fecha ha demostrado de manera más convincente su confianza en sí mismo y la vitalidad de su instinto reconciliador que « el equipo de rivales«  _ citando el título de un libro sobre Abraham Lincoln que ha influido mucho en Obama _ con el que se ha rodeado en su futuro gabinete de Gobierno. Guiado más por el pragmatismo (cualidad imprescindible del reconciliador) que por las deudas contraídas y las habituales fijaciones partidistas, Lincoln eligió a los individuos más brillantes de su generación, independientemente de sus filiaciones políticas o del hecho de que algunos de ellos habían sido, hasta hacía muy poco, sus enemigos políticos acérrimos. Obama explicó el origen intelectual de su propio pragmatismo en su segundo libro, un tratado titulado « La audacia de la esperanza«  _ « L’Audace d’espérer _ une nouvelle conception de la politique américaine » _, publicado en 2006. Ahí escribe: « Creo que cualquier intento de los demócratas de seguir una estrategia duramente partidaria o ideológica significa no entender el momento político que estamos viviendo. Estoy convencido de que, cuando exageramos o demonizamos o simplificamos el argumento, perdemos. Cuando rebajamos el tono del debate público, perdemos. Porque es precisamente la búsqueda de pureza ideológica, la rígida ortodoxia y la total previsibilidad del actual debate político lo que impide el descubrimiento de medios nuevos para afrontar los retos que tenemos como país« .

Dicho y, planteada la prueba, hecho. No ha llegado hasta el extremo de nombrar para su Gabinete a Sarah Palin, que declaró con toda la razón del mundo ante sus enfervorecidos correligionarios durante un mitin electoral en Florida que Obama no era un hombre « que ve América como vosotros y yo vemos América« . Pero sí ha cogido al toro Clinton por los cuernos al nombrar a Hillary, su tenaz rival a la candidatura demócrata a la presidencia, para el puesto clave en política internacional de secretaria de Estado. Robert Gates, el secretario de Defensa, es un republicano que fue nombrado por Bush en diciembre de 2006, y que seguirá en su puesto con Obama. El equipo para enfrentar la grave crisis económica que indudablemente representará el reto inmediato más importante de Obama está compuesto por un tridente que incluso una conocida figura de la derecha washingtoniana, Sebastian Mallaby, del Council on Foreign Relations, no ha dudado en calificar de « absolutamente brillante« . Los antecedentes de Larry Summers, Timothy Geithner y Paul Volcker demuestran más simpatía demócrata que republicana, pero los tres son conocidos ante todo como individuos de fuerte personalidad que no dudarán en entrar en conflicto con Obama si lo creen oportuno. « Ahora hay un consenso total de que hay que incrementar el gasto público« , dice Mallaby, un experto en economía que conoce a los tres bien, « pero podemos estar seguros de que gente como Summers presionará a Obama, más temprano que tarde, para reducir el déficit, aunque esto sea a coste de programas de bienestar público que Obama quizá querría fomentar« .

Otra persona que estará muy cerca de Obama, y con el que es seguro que tendrá discrepancias de criterio, será el nuevo ocupante del puesto de asesor de seguridad nacional, es decir, el jefe de política internacional dentro de la Casa Blanca. James Jones, un formidable ex general marine de 65 años, tiene un vasto conocimiento dentro y fuera de Estados Unidos en el terreno político militar. No ha delatado simpatías partidistas hasta la fecha, y tal es la admiración que provoca su currículo que John McCain, el candidato presidencial republicano y ex militar, intentó infructuosamente reclutarle para su causa electoral.

La crítica más habitual que se le lanza a Obama, y la que le lanzaron con más frecuencia tanto Hillary Clinton como John McCain durante las dos fases de la campaña presidencial, es que, a sus 47 y con apenas cuatro años servidos en Washington, le falta experiencia para gobernar. Ni él ni sus más fanáticos admiradores lo niegan, aunque señalan (cosa que reconocen figuras de la derecha como Charles Krauthammer y Sebastian Mallaby) que su campaña electoral fue un modelo de disciplina y efectividad comparada con las caóticas campañas que llevaron a cabo los veteranos Hillary Clinton y John McCain. Lo que demuestran sus nombramientos para el futuro Gabinete, en otra opinión muy generalizada en Washington, es que tiene buen juicio y no teme rodearse de subordinados notablemente más experimentados que él e incluso, posiblemente, más inteligentes. El Gabinete de Obama tiene que ser uno de los más sesudos de la historia. De los 36 individuos nombrados hasta la fecha (el más reciente fue el premio Nobel de Física Steven Chu como secretario de Estado de Energía) la mitad tiene títulos de posgrado de las universidades más prestigiosas de Estados Unidos.

Todo lo cual demuestra, una vez más, la tremenda confianza que tiene en sí mismo, y que él mismo expresó en privado hace cuatro años a una amiga y colaboradora política cercana, Valerie Jarrett. Todavía no era senador, pero confesó que su ambición era ser presidente. Lo recuerda Jarrett : « Me dijo : « es que creo que tengo unas cualidades especiales y que sería una pena desperdiciarlas« . Me dijo : « ¿ sabes ? Creo que tengo algo«  ».

No siempre tuvo las cosas tan claras. Tras una infancia variopinta y sin complejos en Indonesia y en el alegre limbo de Hawai (« era demasiado joven« , escribe en su autobiografía, « para saber que necesitaba una raza« ), se sumergió en el drama afroamericano a través de los guetos de Chicago. Al no tener alternativa social a ser clasificado como negro, se puso a estudiar a personas de su raza en Chicago que no eran inmigrantes, o hijos de inmigrantes, como él. Lo que aprendió no le llenó de felicidad. Todos delataban, en mayor o menor medida, la carga de angustia histórica que arrastran los descendientes afroamericanos de los esclavos, una carga que los distingue (con la excepción de los indios americanos) del resto de la población de Estados Unidos, país que se define por el optimismo del inmigrante, con su energía y ganas de forjarse una vida mejor ; no importa que su país de origen sea Inglaterra, Polonia, México, Egipto o Kenia. Los afroamericanos no inmigrantes, como por ejemplo la esposa de Obama, Michelle Robinson, pertenecen al único grupo que no vino a Estados Unidos de manera voluntaria.

« Ha sido como transitar por la vida con una cadena y una bola de hierro atados al tobillo« , explicó Jim Coleman, que tiene menos motivos que la mayoría de personas la raza negra para sentirse agraviado. Coleman es profesor de derecho en la Universidad de Duke, en Carolina del Norte. Se identifica con Obama, con quien comparte ciertas ventajas en la vida, como por ejemplo ir becado a un buen colegio cuando era niño y después estudiar en Harvard. « Pero por bien que te haya ido, como negro en este país no has podido entender las relaciones sociales sin mirarlas a través del eterno prisma de la raza« , dijo Coleman. « Por eso incluso gente como yo, que hemos triunfado, nos hemos sentido como transgresores, como gente que nunca acabó del todo de pertenecer _ o de ser admitidos _ a este país« . Si Coleman antes se sentía, o se imaginaba que los blancos le veían, como un ciudadano de segunda clase, el triunfo electoral de Obama ha representado para él, como para millones de afroamericanos, un salto a primera. « Es, ni más ni menos, una liberación. Esa angustia ancestral, esa cadena que arrastrábamos : adiós. ¡ Fuera ! Sentimos el país como nuestro también, por fin. Ya no estamos afuera mirando para adentro, porque dentro de la Casa Blanca vivirá una familia negra, igual que las nuestras. Obama nos ha hecho sentir, de la noche a la mañana, que somos americanos al cien por cien. Tendremos problemas como país, claro, pero la gran y mágica diferencia es que ahora los enfrentaremos todos juntos« .

Sentimientos muy parecidos se han oído desde la victoria de Obama el 4 de noviembre de infinidad de personas negras, de todas las edades y toda la gama social. Esa liberación mental que han experimentado los descendientes de los esclavos, sumado a un más sutil fenómeno de casi equivalente importancia, la oportunidad implícita que han aceptado los blancos para pedir perdón a sus compatriotas negros por los pecados de sus padres, representan ya una hazaña histórica. Aunque no lograra nada más Obama durante su presidencia, eso ya tendrá una repercusión duradera. Pero el demócrata quiere que se le mida por mucho más. La promesa de « cambio » fue su eslogan electoral. Habla continuamente de la necesidad de regenerar el país y el mundo, de reparar los daños causados durante ocho años de Bush, a cuyo Gobierno Obama ha acusado de actuar con una « espectacular irresponsabilidad« .

Ante tanta esperanza en Washington, donde se respira un aire de euforia a pesar de la crisis económica, existe, según las cabezas pensantes de izquierda y derecha, una gran duda. Si el punto más fuerte de Obama acabará siendo el más débil ; si su afán reconciliador y su necesidad de consenso, le conducirán a la parálisis ; si tendrá las agallas, tras acumular tantísimo capital político, como lo expresó Sebastian Mallaby del Council on Foreign Relations, de gastarlo. Si acabará siendo no Obama, sino Obambi.

Cass Sunstein, profesor de derecho en Harvard, conoció a Obama durante sus años estudiantiles. Le define como un hombre que pretende cumplir grandes objetivos ofendiendo los valores del menor número de personas. « Pero también creo« , dice Sunstein, « que tiene la convicción de que, si uno asimila los valores e ideales de sus contrincantes, si uno demuestra respeto por ellos, es posible dar pasos mayores de los que uno se podría haber imaginado« .

Demostrar respeto a la gente significa, en un importante sentido, escucharles con atención. Un veterano economista de Washington que hizo una presentación el mes pasado a Obama y a cuatro miembros de su equipo observó que durante las dos horas y media que estuvo con él, el político habló, como mucho, el diez por ciento del tiempo. « A diferencia de Clinton, que en las mismas circunstancias hubiera hablado la mitad del tiempo« , explicó el economista. Frank Luntz, un conocido estratega republicano, tiene la misma impresión. « El típico político se impone a la gente con el objetivo de obligarles a prestarle atención« , dijo Luntz. « Obama es más reflexivo. No empuja. Tiene un aire relajado que atrae. Eso es tan poco usual…« . En otras palabras, sigue el consejo de Tom Daschle, el líder demócrata en el Senado, de que « la mejor forma de persuadir es con las orejas« .

Lo hizo en la primera campaña política de su vida, en la que acabó siendo elegido presidente de la Harvard Law Review. Ganó gracias a los votos conservadores. No estaban de acuerdo con él, pero la sensación de que les escuchaba de verdad y les tomaba en serio resultó decisiva a la hora de la votación. Ocurrió algo muy parecido durante uno de los momentos más complicados de su campaña presidencial. Su larga asociación con Jeremiah Wright, el pastor negro que le casó, se convirtió en un peligro mortal después de que salieran a la luz sermones en los que el reverendo expresaba un resentimiento que parecía rozar el racismo contra los blancos de su país. Obama respondió el 18 de marzo en Filadelfia con el que muchos consideran el discurso más valiente de su vida. No hay nada más delicado en Estados Unidos que el asunto de la raza, pero lo que logró Obama aquel día fue colocarse por encima del debate, resumirlo y reconducirlo. Sin asumir nunca una postura defensiva, sin negar la ofensa histórica contra los negros, o que su « rabia » fuera legítima, reconoció también que algunos blancos podrían tener motivos para sentirse resentidos al ver cómo a veces la política de « acción afirmativa » daba a compañeros de trabajo negros, o a jóvenes estudiantes negros, ventajas negadas a los blancos por el color de su piel. « Declarar que los resentimientos de americanos blancos son racistas, sin reconocer que tienen su origen en preocupaciones legítimas, esto también amplía la brecha racial y obstaculiza el camino al entendimiento mutuo« .

Tras presentar el argumento, se postuló a sí mismo como emblema hecho carne del noble objetivo, contenido en el prólogo a la primera Constitución de Estados Unidos, escrito hace 221 años, de crear « una unión más perfecta« . « No puedo repudiar al reverendo Wright del mismo modo que no puedo repudiar a la comunidad negra, del mismo modo que no puedo repudiar a mi abuela blanca, que ayudó a criarme, que hizo un sacrificio tras otro por mí, que me quiere más que nada en el mundo, pero que una vez me confesó el miedo que sentía al cruzarse con hombres negros en la calle… Estas personas forman parte de mí. Y forman parte de Estados Unidos, este país que yo amo« .

Fue quizá aquel el momento en el que salvó su candidatura y ganó las elecciones presidenciales. Despejó las dudas que podría albergar todavía la mayoría del electorado acerca de sus credenciales como patriota, surgidas de su condición de negro de padre africano, y convenció a todos _ blancos, negros y de toda condición racial _ de que hablaba por ellos y de que les entendía. Recondujo el debate en el sentido de que señaló no a los blancos y a los negros como el enemigo que hay que vencer, sino a la cultura corporativa « de avaricia a corto plazo » y a « las políticas económicas que favorecen a pocos a expensas de muchos« .

Es en la economía, más que en política internacional o en cualquier otro terreno, donde los observadores de Washington creen que Obama marcará un antes y un después en la historia de Estados Unidos. No es un hombre alevoso ni de una progresía temeraria. Es recto, cauteloso, deliberado a la hora de tomar decisiones, tendiendo a conservador. A diferencia de Bill Clinton y George W. Bush, tuvo el coraje de reconocer que fumó marihuana en su juventud y consumió cocaína, pero hoy es un hombre de familia, abiertamente enamorado de su esposa, que va a la iglesia todos los domingos y da toda la impresión de haber rechazado explícitamente los excesos mujeriegos y alcohólicos de su padre. David Axelrod, el principal estratega de la campaña de Obama, ha dicho que sería un error creer que « desde el punto de vista de los valores » ha concluido la era conservadora de Estados Unidos, la reacción al flower power de los años sesenta, que comenzó con la llegada de Ronald Reagan al poder en 1981. Obama es lo que en Estados Unidos llaman « un conservador cultural« . Pero desde el punto de vista económico, según dijo Axelrod, « no tenemos que elegir más entre una economía opresiva controlada por el Gobierno y un capitalismo caótico que no perdona« . El gran legado de Reagan, que ni siquiera Bill Clinton pudo enterrar durante sus ocho años de presidencia, fue la idea de que la injerencia del Gobierno en la economía es por definición mala, antiindividualista, antiamericana.

La actual crisis ha convencido incluso a George W. Bush de que ese prejuicio pertenece al pasado. Pero Obama lo ha tenido muy claro desde antes de que estallara la burbuja de Wall Street. En una entrevista con Rolling Stone hace dos años declaró: « En África muchas veces ves que la diferencia entre un pueblo donde todo el mundo come y otro donde la gente se muere de hambre es el Gobierno. Uno tiene un Gobierno que funciona ; el otro, no. Y por eso me molesta cuando oigo a gente como Grover Norquist  _el intelectual neoconservador por excelencia _ decir que el Gobierno es el enemigo. No entienden el papel fundamental que el Gobierno juega« .

La esperanza de gente de la izquierda americana como William Greider es que, más allá de invertir fondos públicos en salvar los bancos y a la industria del automóvil, Obama se enfrentará al enorme escándalo de un sistema de salud estadounidense que, a diferencia del de los demás países desarrollados, es incapaz de atender a las necesidades elementales no sólo de los pobres, sino de buena parte de la clase media. « Ahora que el big government se ha vuelto cool, a ver si por fin vemos una reforma del sector sanitario para que tengamos, en vez de salud para sacar grandes ganancias, salud para todos« , explicó Greider.

Queda pendiente la cuestión de si Obama tendrá la valentía de utilizar su capital político para tomar medidas que generarán polémica y desgastarán parte de su capital, que a su vez dependerá de su capacidad de mantener su popularidad personal en tiempos de profunda crisis. Lo que sí tiene a su favor es aquella enorme confianza en sí mismo, cualidad  _ más allá de la arrogancia porque es inherente _ que comparte con los dos grandes reconciliadores, Lincoln y Mandela. Su padre africano fue su primer modelo, aunque muchas veces las lecciones que aprendió de él vinieran de segunda mano. Fue su abuelo materno, el ex soldado, el que le contó cuando su padre se atrevió a cantar canciones africanas ante un gran público en un festival internacional de música de Hawai: « No era nada bueno, pero estaba tan seguro de sí mismo que la gente le aplaudió« . El abuelo sacó la siguiente conclusión del desparpajo de su yerno: « Ahora, ahí hay algo que puedes aprender de tu papá : la confianza. El secreto del éxito de un hombre« .

No le quedó más remedio que aprender la lección, primero en la cultura ajena de Indonesia con un hombre que no era su padre ; después en Hawai sin padre o madre ; y después en el inhóspito submundo de la Chicago pobre. De ahí, vía Harvard y los senados de Illinois y Washington, llegó a decir en diciembre de 2004: « Me siento cómodo en mi propia piel. La gente ve una autenticidad en mí que va más allá de las barreras ideológicas. Me atengo a mis principios sin recurrir a trucos políticos baratos« .


Eso lo ha demostrado durante una campaña presidencial cuya mesura y elegancia se contrastó de manera chocante con el cínico modelo republicano que patentó Bush e imitaron McCain y Palin, y que consistió en apelar al más bajo denominador común : el miedo y la división. Siempre se tuvo la sensación con Bush de que quiso ser presidente para exorcizar viejos complejos, para demostrar a su padre y a su madre que, pese a sus pocos auspicios comienzos, podía. Barak Obama, en cambio, declaró a principios de 2007, cuando decidió presentarse a la carrera para la Casa Blanca: « Sólo aspirar a ser presidente no es la mejor manera de pensar en el tema. Uno tiene que querer ser un gran presidente« .

Las condiciones para serlo, las tiene. Y para serlo hoy, en la época de la globalización. Dice su asesor, David Axelrod, que Obama « es la personificación de su propio mensaje« , « es la visión de sí mismo« . Se refería a su condición híbrida. Hijo de madre blanca y padre negro, encarna la idea de que la reconciliación inherente a su persona se debe de extender a Estados Unidos y al resto del planeta para intentar crear una « más perfecta » unión humana. Lo veremos con nuestros propios ojos la primera vez que el Air Force One aterrice en un aeropuerto europeo, africano o asiático y emerja de la puerta del avión, sonriente y saludando, una pareja negra. El pasado familiar de Obama, sus raíces intercontinentales, su capacidad de ver a su país desde adentro y desde afuera, lo convierten en el antídoto a la era Bush y en el prototipo ideal de presidente para un mundo sin fronteras. »

Voilà.

C’est, vous avez pu en juger, un bien bel article ;

qui fait très clairement le point sur ce qui attend Barack Obama,

et ce qui attend,

en conséquence de son action à la tête de son Etat,

et les Etats-Unis d’Amérique, et le monde, à sa prise de fonction

à Washington, le 20 janvier prochain, à midi…


Modestement, pour ma part,

j’espère que Barack Obama va donner un énorme « coup de vieux » à tous les « toutous » de George W. Bush de par le monde ;

et pas seulement les Durao Barroso, Aznar, Blair qui sont allés lui prêter allégeance enthousiaste à son escale aux Açores le 16 mars 2003, juste avant la si catastrophique

(à commencer par le cortège hallucinant de mensonges aux citoyens du monde, qui l’ont accompagnée, cette intervention militaire) ;

juste avant la si catastrophique intervention militaire en Irak

_ les Durao Barroso, Aznar, Blair et autres politiciens « hyperréalistes », tel que les Berlusconi et consorts…

Et nous savons grand gré au Président Chirac

d’avoir, ce jour-là, de mars 2003, su préserver l’honneur de la France…


Titus Curiosus, le 28 décembre 2008

Sur John Carlin,

ceci (dans El Pais) :

El periodista británico John Carlin (Londres, 1956), Premio Ortega y Gasset al mejor trabajo de investigación o reportaje en 2000 por Viaje por la emigración, ha sido corresponsal para el diario británico The Independent en México y Centroamérica, Suráfrica y Estados Unidos.

Sus primeros pasos en el periodismo los realizó en el Buenos Aires Herald. Posteriormente colaboró con la BBC y The Times, donde destacó por su gran conocimiento de Latinoamérica.

De madre española y padre británico, Carlin escribe desde hace tres años para EL PAÍS sobre diversos temas, desde políticos a deportivos. En la actualidad vive en Barcelona.

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