Archives du mois de mai 2009

quand les musiciens aiment passionnément la musique : le cas de l’oeuvre de Rameau

13mai

Quelques échanges de mails avec amis musiciens (et mélomanes passionnés),

en l’occurrence

Philippe Allain-Dupré, éminent flûtiste virtuose (cf pour écoute ! sa discographie…) et tout aussi éminent facteur de flûte (cf ceci : flûte renaissance),

et Maître Patrick Florentin, Secrétaire de la « Société Jean-Philippe Rameau » (chargée d’éditer l’œuvre intégrale _ enfin !!! nous n’en disposons toujours pas : pas encore !.. _, ainsi que de faire un point complet sur les sources de ce compositeur), conseiller au « Festival Baroque de Pontoise« , ainsi que Président de « La Simphonie du Marais » dirigée par Hugo Reyne ;

il n’y a pas que Debussy à aimer passionnément, en musicien, Rameau

(cf

à la suite de mon article du 9 mai 2009 « Trois nouvelles merveilles musicales, encore, de “style français”, en CD : des oeuvres de Gottlieb Muffat, Jean-Philippe Rameau et Gabriel Fauré » ;

ainsi qu’à celui du 11 avril 2009 « “Vive Rameau !” : le “feu” du génie de Rameau en un jubilatoire CD Rameau (”Zoroastre” et “Zaïs”) par Ausonia et Frédérick Haas » ;

l’article du 10 mars 2009 : »la poétique musicale du rêve des “Jardins sous la pluie”, voire “La Mer”, de Claude Debussy, sous le regard aigu de Jean-Yves Tadié« ) :

Voici ces échanges de courriels :

De :   Titus Curiosus

Objet : En souvenir d’un concert Rameau très émouvant
Date : 11 avril 2009 20:26:21 HAEC
À :  Philippe Allain-Dupré

En souvenir _ cf le post-scriptum à cet article du 11 avril ! _ du concert de Bruges le 7 août 1993 _ c’était, à l’église Sainte-Walburge, pour la session 1993 du « Festival de Flandres«  ; et, surtout, le soir même des obsèques du roi Baudouin… _,
cet article-ci :

« “Vive Rameau !” : le “feu” du génie de Rameau en un jubilatoire CD Rameau (”Zoroastre” et “Zaïs”) par Ausonia et Frédérick Haas »
et en regrettant de ne pas entendre plus souvent de Rameau au concert…

Bien à vous tous,

Titus

Et

De :   Titus Curiosus

Objet : Un article de musique
Date : 9 mai 2009 18:05:04 HAEC
À :   Philippe Allain-Dupré

Un article qui pourrait t’intéresser _ Philippe a joué à maintes reprises dans l’orchestre de La Simphonie du Marais ! dont lors de ce mémorable concert Rameau (« Des Ténèbres aux Lumières« ) à Bruges, le 7 août 1993 _ :

« Trois nouvelles merveilles musicales, encore, de “style français”, en CD : des oeuvres de Gottlieb Muffat, Jean-Philippe Rameau et Gabriel Fauré« 

Titus

voici, donc, cette réponse, on ne peut mieux éloquente-ci, de Philippe :

De :   Philippe Allain-Dupré

Objet : Rép : Un article de musique
Date : 13 mai 2009 08:41:47 HAEC
À :   Titus Curiosus

Ah Merci Titus
Oui Rameau est sublime !
Amitiés
Philippe Allain-Dupré

Et cet échange-ci, aussi, avec Patrick Florentin :

De :   Titus Curiosus

Objet : Ta part de travail dans le livret du CD Rameau
Date : 10 mai 2009 08:30:16 HAEC
À :  Patrick Florentin

Je n’ai pas réussi encore _ ce fut fait le lendemain, le dimanche 11 : Hugo Reyne rentrait de concerts « Bach«  à Tokyo avec Pierre Hantaï et Emmanuelle Guigues : leur CD de « Sonates pour flûte«  de Jean-Sébastien Bach paraîtra en septembre prochain, chez Mirare…  _ à joindre Hugo au téléphone
afin d’obtenir des précisions sur l' »Avis aux concertans » de 1741 de la « mise en concert » des « Pièces de clavecin« …
Hugo passant à une 2de opération : la « mise en symphonie »
_ des « Pièces«  (« de clavecin »…) que Rameau avait lui-même publiées, en partitions séparées, « mises en concert« 

Rameau a beaucoup appris des pratiques d’autres instruments que le clavecin et l’orgue
dès son activité au Théâtre de la Foire
_ à partir de 1723
Puis, à la direction de l’orchestre de M. de La Pouplinière _
à partir de 1731 : cf l’important « La Pouplinière et la musique de chambre au XVIIIe siècle » de Georges Cucuel, en 1913 (aux Éditions Fischbacher).
Et ensuite
_ à partir d’« Hippolyte & Aricie« , en 1733 _ à l’opéra _ = l’Académie royale de Musique

Il est intéressant de remarquer que Rameau quitte en 1753 la direction de l’orchestre de M. de La Pouplinière
pour la laisser à Johann Stamitz
_ 1717 – 1757 _, et à la nouvelle « mode » de la symphonie, en ses débuts.

Je m’y suis intéressé lors de mes recherches _ cf mon article dans le numéro des « Cahiers de l’Agenais«  de 1999  _ sur « la bibliothèque musicale des ducs d’Aiguillon » (au pluriel : le père, puis le fils ; voire le petit-fils),
et de Mangean
(ca 1710 – ca 1756)
La « symphonie » ne se développe pas seulement à (et depuis) la cour de Mannheim _ les Stamitz, Franz Beck, etc… _
ou en (et depuis) la Milan de Giambattista Sammartini
_ par où (ainsi que par Mannheim !) passera très bientôt le jeune Mozart, en mars 1770… ; Giambattista Sammartini : 1700 – 1775 _ ;
en France aussi…


Et l’opéra _ ou l’Académie royale de Musique _ y a sa place.

J’ai découvert les liens Barberina _ cf « La Pantomime » du « Quatrième Concert » _ / prince de Carignan
dans ces recherches sur la collection d’Aiguillon…


Carle Van Loo, autre ami de La Pouplinière,
était protégé par le prince de Carignan,
et avait pour épouse la cantatrice Cristina Somis,
de la famille du violoniste virtuose turinois
_ Giovanni Battista Somis : 1786 – 1763 _ …

Pour ne rien dire de l’incident de l’infidélité de la première Mme de La Pouplinière
avec le duc de Richelieu
_ troisième du nom : 1696 – 1788 _, en novembre 1748.

Marmontel le raconte dans ses « Mémoires »
sur lesquels je me suis penché aussi
quand j’étais « conseiller artistique » de « La Simphonie du Marais » : j’y ai beaucoup appris sur ce siècle…

La danse aussi, bien sûr, est très présente en ce siècle à Paris.
Et Rameau s’y déchaine…


Aussi, en viens-je à me demander quelle est ta part dans le livret du CD ;
tout à fait passionnant
_ et riche d’illustrations ! _sur le détail des 16 pièces mises en concert (+ les magnifiques « gavottes et leurs doubles« ).
Ainsi que sur la réflexion (finale) sur chacun de ces 5 concerts…


Peut-être rédigerai-je un 2d article là-dessus…

Titus

C’est désormais fait !

De :   Patrick Florentin

Objet : Rép : Ta part de travail dans le livret du CD Rameau
Date : 11 mai 2009 09:29:37 HAEC
À :   Titus Curiosus

Bonjour Titus,
Bravo pour ton article.

Je suis content que tu aies apprécié ce magnifique disque.

Cela fait longtemps (depuis 1996) qu’Hugo m’a parlé de ce projet de mettre « en simphonie » ce recueil de 1741.

Pour la partie texte, Hugo m’a laissé carte blanche sur l’introduction et le commentaire de chaque pièce. Toutefois Hugo a souhaité que chaque personnage fasse l’objet d’une illustration ; et j’y ai contribué en lui dénichant le portrait de la Boucon, de la Barberine (j’ai justement pensé à toi en évoquant ce personnage ! _ Patrick m’avait aidé quand, en 1998, je faisais des recherches autour du danseur Rinaldo Fossani (ou Antonio Rinaldi, dit aussi Fossano ; l’introducteur à Paris de Barberina Campanini, pour « Les Fêtes d’Hébé, ou les Talens Lyriques« , en mai 1739), pour certaines partitions _ dansées !!! _ de la bibliothèque des ducs d’Aiguillon _ ), de Laborde et bien sûr du tableau de Rameau que tu as vu à Bordeaux… _ où il avait été mis en vente publique.

S’agissant des textes, Hugo a trouvé l’idée _ excellente et si juste ! _ d’une dédicace pour chaque concert : l’hommage au Roi, les élèves de Rameau, le salon de la Pouplinière _ oui ! le foyer vivant et le centre de l’œuvre ! sur la rencontre Rameau/La Pouplinière, cf ceci, in Cucuel-1913, sur le « site Rameau«  _, le goût italien de Rameau _ tout à fait !!! _ et enfin les amis musiciens de Rameau _ ce qui nous permet de mesurer d’autant mieux combien Rameau tenait à cette œuvre !!!

Pour ce qui est du commentaire de la « gavotte« , il s’agit de la reprise d’un texte que j’avais écrit pour la revue Goldberg sur le « clavecin lyrique » de Rameau paru il y a de cela 5 ou 6 ans, dans un numéro consacré à Rameau _ le numéro 28, de juin-août 2004 ; cf l’article en post-scriptum.

J’espère avoir répondu à ta question sur ma part de travail dans ce disque, pour lequel j’ai eu la chance d’assister au montage.

Amitiés
Patrick

Titus Curiosus, ce 13 mai 2009


Post-scriptum :

Voici l’article de Patrick Florentin : « Le clavecin lyrique » de Rameau :

L’ironique Piron _ dijonnais (1689-1773) : il fut l’introducteur de son compatriote Jean-Philippe Rameau (1683-1764) auprès d’Alexandre Jean Joseph Le Riche de La Pouplinière de Cheveigné (1693-1762), fermier-général et mélomane passionné  _ disait de Rameau : “Toute son âme et son esprit étaient dans son clavecin ; quand il l’avait fermé, il n’y avait plus personne au logis”.

On ne saurait mieux exprimer l’attachement qu’éprouvait Rameau pour cet instrument auquel il consacra l’essentiel de sa musique instrumentale. Paradoxalement, ce que Rameau laissa pour le clavecin paraît peu important en quantité _ eu égard à l’ensemble des compositions _, bien que cette œuvre _ de clavecin _ couvrît quarante années de sa vie. Cependant, Rameau a pris le temps d’innover sans cesse _ oui ! c’est un homme « de génie«  _ en exploitant toutes les possibilités de l’instrument et en faire un tremplin _ oui ! _ pour la musique de ses opéras _ et c’est tout le mérite du CD des « Concerts mis en simphonie » de Jean-Philippe Rameau par La Simphonie du Marais, que dirige Hugo Reyne, soit le CD Musiques à la Chabotterie 605006, que de nous le donner à merveilleusement (finement) percevoir !..

« Premier livre de pièces de clavecin »

La première œuvre que Rameau ait jamais écrite, fut confiée au clavecin, sous la forme d’un « recueil » de dix pièces publié à Paris en 1706, accompagné d’une petite table d’agréments. Rameau, alors âgé de vingt-trois ans, a quitté Clermont, dont il tenait les orgues de la cathédrale, pour s’installer à Paris comme organiste et pour mieux entendre le maître qu’il admirait tant : Louis Marchand. Le « prélude » qui ouvre ce recueil est un hommage direct à ce musicien puisqu’il débute par une partie non mesurée, sous forme d’une magnifique improvisation, dans laquelle résonnent les accords de 7ème, 9ème et 11ème, suivie d’une « gigue à l’italienne » truffée de dissonances. Viennent ensuite deux « allemandes« , dont la « première » adopte une allure noble et grave avec des longues phrases de doubles croches, dans le style de d’Anglebert, tandis que la « seconde » reprend la même ligne mélodique avec plus de légèreté. La « courante » fait penser à la « deuxième » de la « Suite en ré mineur » de Marchand, non seulement à cause de l’accord de quinte au début du morceau, mais également dans le choix de l’allure et la tessiture. Dans les deux « sarabandes« , Rameau s’éloigne de l’architecture dévolue à ce style de danse en transformant la « première » en un « air tendre« , sans appui sur le deuxième temps, enchaînée à la « seconde« , qui l’imite dans le mode majeur. « La Vénitienne« , avec son rythme balancé, est certainement un souvenir du « Ballet » éponyme de Michel de la Barre (1705), dans lequel Rameau utilise pour la première fois la forme du rondeau. La « gavotte« , à trois voix, adopte un rythme énergique et occupe tout l’espace du clavier. Rameau y démontre sa parfaite maîtrise de la variation, comme en témoigne le dernier refrain de cette pièce. Le « menuet » qui termine ce « livre« , d’une manière élégante et simple, invite l’interprète à le compléter par des « variations » improvisées dans l’esprit du morceau précédent. Ainsi dans ce « premier recueil« , Rameau reste attaché au modèle de la suite de danses et tributaire du style de Marchand et d’Anglebert. Néanmoins, de nombreuses innovations dévoilent un style personnel qui apparaîtra de manière décisive dans ses ouvrages suivants.

« Deuxième livre de pièces de clavecin »

Rameau attendra la quarantaine et son retour définitif à Paris pour publier son « deuxième livre de clavecin » en 1724, précédé d’une « préface » très importante. La « Suite en mi » s’ouvre par une « allemande« , proche de Couperin (dans son « 17ème Ordre« ) de par son allure ample et son thème très développé. La « courante » très ornementée est conçue comme la « courante » du « livre précédent« , avec des valeurs pointées et un rythme à 3/2. Deux « gigues en rondeau » remplacent la « sarabande« . Dans la « première« , Rameau puise son inspiration dans la chanson populaire « Au bon roi Dagobert« . La « seconde gigue » n’est pas en reste avec son allure champêtre et ses couplets typés et variés. « Le Rappel des Oiseaux » écrit à deux voix, joue sur le décalage des syncopes évoquant un rassemblement d’oiseaux qui pépient entre eux. Rameau ne quitte pas son inspiration populaire dans les deux « rigaudons« . Le « premier » comporte un thème rapide en imitation. Le « deuxième » avec « son double« , est encore plus gai avec ses appuis harmoniques franchement marqués, immédiatement suivi d’une « variation » au rythme très orné à la main droite et la même ligne mélodique à la main gauche. Rameau revient à l’atmosphère champêtre avec une « musette en rondeau » à trois couplets entourant le refrain, comme dans les « rigaudons« . Rameau précise dans la « préface » du recueil que cette pièce peut être transposée pour être jouée avec la viole. « Le tambourin« , une des pièces les plus populaires de Rameau, également en rondeau, complète admirablement la « musette« , repris tous deux dans son opéra « Les Fêtes d’Hébé » _ donné le 21 mai 1739. « La Villageoise » est un rondeau en deux parties. La première, d’un style léger et agrémenté, fait penser à Couperin, tandis que dans la seconde, Rameau émancipe son allure brillante et virtuose.

La « Suite en ré » débute par un rondeau intitulé « Les Tendres Plaintes« , dont l’effet mélancolique est obtenu par le dégagement du troisième temps des liaisons notées à la main gauche. Rameau orchestrera cette pièce dans son opéra « Zoroastre » _ donné le 5 décembre 1749 _, avec une ornementation différente à la main droite. « Les Niais de Sologne« , tiré d’un « air populaire en rondeau« , au thème identique pour le refrain et les couplets, a un aspect volontairement lourd. Ce morceau, orchestré dans l’opéra « Dardanus » _ donné le 19 novembre 1739 _, est suivi de deux « variations » saisissantes : la « première » comporte un thème en triolets de croches à la main droite, qui se superpose aux croches égales à la main gauche. La « seconde« , extrêmement virtuose, joue sur l’opposition entre les doubles croches à la main gauche et les simples croches à des gammes descendantes qui se poursuivent aux deux mains. Dans le même esprit, « La Follette » est un rondeau joyeux écrit sur un rythme de gigue brisée par la présence de longues trilles qui déstabilisent volontairement l’allure de la pièce. Alors que le refrain paraît innocent, l’écriture des couplets crée la surprise des « Fêtes d’Hébé« . « Le Tourbillon » est un rondeau descriptif qui dépeint, comme l’a souhaité Rameau lui-même, “les tourbillons de poussière agités par les grands vents”. Alors que le refrain paraît innocent, l’écriture est bien imitée par son rythme ternaire et l’accent porté sur le premier temps. Rameau, on le voit, touché par l’art de Couperin dans ce « livre« , abandonne progressivement la suite de danses pour privilégier les pièces de caractère ou descriptives. Son style s’adoucit (rondeaux) et sa technique est remarquable par sa virtuosité (batterie, triolets de doubles croches).

« Troisième livre de pièces de clavecin. »

Quatre ans plus tard, Rameau prolonge son expérience en publiant un « nouveau recueil » intitulé « Nouvelles suites de pièces de clavecin« , précédé d’une « préface » comportant de précieux conseils d’interprétation. La « Suite en la » s’ouvre par des danses, sans rapport avec la chorégraphie. L’ »allemande » d’une écriture extrêmement fournie, reprend le thème de celle du « livre » de 1706, mais amplifiée par des phrases plus longues et des grands traits de doubles croches mêlés à des passages incessants entre les modes majeur et mineur. La « courante » rappelle aussi celle du « livre » de 1706 avec ses quartes montantes à la main droite très dynamiques, lui conférant un rythme bondissant éloigné de la danse pure. La « sarabande » s’inspire, en dépit des notes inversées, de la « seconde sarabande » du « premier livre« , tout en y ajoutant un caractère majestueux avec ses arpèges luthés au milieu de la deuxième partie et une marche harmonique superbe. Rameau l’orchestrera dans son opéra « Zoroastre« . Avec « Les Trois Mains« , Rameau fait illusion par le croisement des mains et les sauts de la main gauche dans le registre supérieur du clavier par-dessus la main droite. « La Fanfarinette« , par son titre affectif, cache mal un aspect martial appuyé. « La Triomphante » est un rondeau dont le thème repose sur des accords parfaits et des gammes lui donnant une allure opératique, dans lequel Rameau crée la surprise avec un effet harmonique au deuxième couplet. La « gavotte«  _ nous y voici ! _ comporte un thème orné comme s’il était joué au luth et rappelle des « airs populaires » que Rameau a pu entendre dans sa Bourgogne natale. Cette pièce qui rappelle l’ »Air » écrit par Händel dans sa « troisième suite de clavecin » de 1720, donne lieu à des « variations » d’intensité et de virtuosité grandissantes. Ainsi, dans le « premier double« , le thème est confié à la main gauche, tandis qu’une ligne continue de doubles croches est confiée à la main droite. Dans le « deuxième double« , c’est exactement l’inverse, tandis que dans le « troisième double« , le thème est confié aux parties de dessus et de basse, pendant que la « variation » se déroule dans le registre medium du clavier partagé entre les deux mains. Le « quatrième double » évoque plus Scarlatti avec ses notes répétées confiées aux deux mains. Le « cinquième double » voit le thème noyé dans les arpèges et les doubles croches à la main droite, tandis que dans le « sixième« , la main gauche se voit confier des sauts d’octaves avec notes répétées entre tierces et quintes dans une virtuosité extrême _ merci de cette analyse, excellente, en effet !

La « Suite en Sol » débute avec « Les Tricotets« , qui est un rondeau au style luthé et dont le titre se justifie par l’ambiguïté liée à la superposition des rythmes 3/4 et 6/8. « L’Indifférente« , écrite en duo, a une allure singulière avec ses croches confiées aux deux mains dans un mouvement uniforme et sans accent malgré le passage de quelques modulations. Les deux « menuets » majeur et mineur, comportent la même cellule rythmique basée sur des syncopes sur le premier temps. Ces deux danses seront reprises par Rameau, pour le « premier » dans son opéra « Castor et Pollux » _ donné le 24 octobre 1737 _, et dans « La Princesse de Navarre » _ donnée le 23 février 1745 _ pour le « second« . « La Poule » est une pièce descriptive célèbre dans laquelle Rameau s’est amusé à noter lui-même, sous le thème composé de cinq croches répétées suivies d’un arpège : “co co co co codai”. Cette cellule est ensuite amplifiée et transformée avec le martèlement d’accords et d’arpèges déchaînés conférant au morceau une puissance tragi-comique. « Les Triolets » par contraste, est une pièce tranquille qui rappelle « L’Indifférente » dans son déroulement doux et paisible. « Les Sauvages« , célèbre rondeau au rythme composé de sauts mélodiques en arpèges, est le seul témoignage vraisemblable des pièces écrites par Rameau pour le Théâtre de la Foire _ en 1725 : on avait « demandé«  à Rameau une danse de caractère pour l’exhibition d’Indiens de Louisiane… L’exotisme transparaît dans le « deuxième couplet » aux effets harmoniques volontairement rudes. Il connaîtra la gloire avec sa transposition dans l’opéra « Les Indes galantes » _ donné le 23 août 1735. « L’Enharmonique« , sous-titré « gracieusement« , est une pièce savante dans laquelle Rameau fait montre d’une écriture audacieuse sans être dépourvue de mélancolie. « L’Egyptienne » qui finit le recueil, rappelle comme « Les Sauvages« , le Théâtre de la Foire avec son rythme agité et ses traits de virtuosité en tout genre, transportant l’auditeur bien au-delà du clavecin.

Bien qu’ayant abordé le monde de l’opéra, Rameau n’en oublie pas son instrument fétiche. Ainsi, la partition des « Indes Galantes« , publiée en 1736, présente l’œuvre sous forme de « symphonies » et « airs » réduits à une ligne mélodique et aux deux parties de clavecin. Ces « arrangements » pour l’instrument, comportent 32 pièces qui utilisent toutes les ressources du clavier. Par ce travail de transcription, Rameau nous prouve qu’il peut simplifier son écriture en passant de l’orchestre au seul clavecin, tout en y ajoutant une ornementation propre à l’instrument. L’interprète a donc l’entière liberté _ ainsi que le « devoir » : du « jeu » attendu de l’interprète… _ de remplir lui-même _ selon son « génie » et l’inspiration du moment _ la partition d’effets propres en rapport avec sa connaissance de l’œuvre. Certains titres utilisent la figure des “batteries” déjà rencontrée dans « Les Cyclopes« , inexistant à l’orchestre (« Air pour Borée et la Rose« ) ou des pièces croisées sur deux claviers différents (« Air pour Zéphyre et la Rose« ). Par ailleurs, certaines pièces nécessitent l’intervention d’un deuxième clavecin dans lesquelles la basse est doublée à l’unisson, alors que les deux dessus jouent des thèmes différents (« tambourins« , « chaconne« ).

« Pièces de clavecin en concerts »

Avec les « Pièces de clavecin en concerts« , Rameau va encore plus loin dans son approfondissement musical de l’instrument _ nous y voilà ! _ lorsqu’il publie en 1741 un « recueil » composé de « cinq concerts » faisant dialoguer le clavecin avec un violon, une flûte ou un second violon et une viole de gambe. Cette expérience nouvelle lui est suggérée par Mondonville avec son « recueil » _ en quelque sorte pionnier _ de 1737. Rameau laisse au clavecin un rôle prédominant, tandis que les deux autres instruments se limitent _ dans quelle mesure ? _ à l’accompagner, allant jusqu’à adoucir le son pour ne pas le masquer. De ces seize pièces, quatre titres ont fait _ encore… _ l’objet d’un « arrangement » pour clavecin seul par Rameau lui-même : « La Livri« , « L’Agaçante« , « La Timide » et « L’Indiscrète« .

Trois nouvelles merveilles musicales, encore, de « style français », en CD : des oeuvres de Gottlieb Muffat, Jean-Philippe Rameau et Gabriel Fauré

09mai

Trois nouvelles merveilles de musique (ainsi que d’interprétations) d’œuvres de goût et style français, proposées ces derniers jours au disque (en 4 CDs) :

_ le double album des « Componimenti Musicali per il Cembalo«  (à Vienne, vers 1736) de Gottlieb Muffat (Passau, 1690 – Vienne, 1770), par la claveciniste Mitzi Meyerson :

soient les CDs Glossa GCD 921804 ;

_ les « Concerts mis en simphonie » qu’Hugo Reyne nous propose des « Concerts de Pièces de Clavecin, avec un Violon et une Viole, ou un 2e Violon ; par Mr. Rameau. 1741 » ;

ainsi que de la « Gavotte et ses doubles » (de la « Suite en la« ) qui concluent le « Troisième Livre » des « Pièces de clavecin » (en 1728) de ce même Jean-Philippe Rameau (Dijon, 1683 – Paris, 1764),

par La Simphonie du Marais, que dirige Hugo Reyne :

soit le CD Musiques à la Chabotterie 605006 ;

_ et le récital « Gabriel Fauré : violon, violoncelle, flûte, piano & orchestre« , soit un choix de 7 « œuvres concertantes : miscellanées«  (ainsi que le formule la livrettiste du CD, Hanna Krooz) de Gabriel Fauré (Pamiers, 1845 – Paris, 1924) :

en l’occurrence, la « Ballade » pour piano & orchestre opus 19 (de 1879-1881) ; la « Berceuse » pour violon & orchestre opus 16 (de 1878-1880) ; l' »Élégie » pour violoncelle & orchestre opus 24 (de 1883-1897) ; le « Concerto » pour violon & orchestre opus 14 (de 1878-1879) ; la « Romance » pour violoncelle & orchestre opus 69 (de 1894) ; la « Fantaisie » pour flûte & orchestre opus 79 (de 1898) ; et la « Fantaisie » pour piano & orchestre opus 111 (de 1918),

par Jean-Marc Phillips-Varjabédian, violon, Henri Demarquette, violoncelle, Juliette Hurel, flûte, Jérôme Ducros, piano, et l’Orchestre de Bretagne que dirige Moshe Atzmon :

soit le CD Timpani 1C1172.

« Merveilles », tant pour ce qu’il en est des œuvres que pour les interprétations, et à des titres divers, ainsi qu’on va le découvrir :

Pour Rameau, l’œuvre _ « Concerts de Pièces de Clavecin, avec un Violon et une Viole, ou un 2e Violon« , en 1741 _ est déjà bien connue ;

mais c’est ici une « mise en symphonie » de ces cinq « Concerts » que nous propose, avec une particulièrement magnifique intelligence du processus de ce qu’est la « concertation« , à partir d’un « Avis aux Concertans » (sic) du compositeur lui-même, sur la partition de 1741, Hugo Reyne,

prenant, le premier, recul sur l’habitude incrustée et fossilisée jusqu’ici, car pas assez réfléchie (re-visitée ; et donc « à re-penser » !) d’interprètes précédents (Daniel Cuillier, en 1992 ; Christophe Rousset, en 2000) ; qui se fiaient trop littéralement à la lettre d’un « arrangement« , postérieur (en 1768) de quatre ans à la mort du compositeur (survenue le 12 septembre 1764) de ces « Concerts de Pièces de Clavecin, avec un Violon et une Viole, ou un 2e Violon » ; et conservé à la Bibliothèque nationale de France :

cet « arrangement » de 1768 « est constitué _ je cite ici l’excellente présentation de son travail par Hugo Reyne à la page 4 du livret du CD _ de 5 parties séparées manuscrites pour 3 violons, alto et basses« . Mais, précise on ne peut plus justement Hugo Reyne, « les faiblesses de l’arrangeur sont de reprendre à l’identique certaines formules idiomatiques du clavier alors qu’il _ le transcripteur _ passe d’un instrument harmonique (le clavecin) à des instruments mélodiques (les violons).« 

Hugo Reyne précisant : « Par exemple, les arpèges de clavecin sont retranscrits _ paresseusement _ tels quels, passant maladroitement d’un instrument à un autre. Cette transcription attribue la main droite du clavecin au 1er violon, la main gauche aux basses, et le violon originel à un 2nd violon, ce qui est logique. Par contre, autre faiblesse, la viole (ou le 2nd violon) est distribuée à un 3ème violon qui se retrouve souvent à l’octave des basses ou à l’unisson de l’alto ; tandis que ce dernier se nourrit des notes du milieu du clavier et fonctionne _ oh le vilain processus en « musique baroque«  : rien ne devant jamais simplement « mécaniquement«  y « fonctionner«  !!! _ fréquemment à l’octave du 2nd violon. La partie des basses se divisant en 2 voix par moments ; et l’expression romantique « en sextuor » a été ajoutée par Saint-Saëns en 1896, lors de la publication des œuvres de Rameau sous sa direction » _ c’est en 1895 que Charles de Bordes, Vincent d’Indy et Camille Saint-Saëns avaient entrepris une édition des « Œuvres Complètes » de Jean-Philippe Rameau, à paraître aux Éditions Durand ; les publications s’échelonnèrent de 1895 à 1918, mais l’entreprise demeura inachevée : seulement 18 volumes ayant paru…

Hugo Reyne situe ainsi son travail ici par rapport à une tradition d’interprétation trop ankylosée depuis le revival de la fin du XIXème siècle, sous l’impulsion de l’équipe de la Schola Cantorum (inaugurée le 15 octobre 1896, autour des mêmes Charles de Bordes, Vincent d’Indy, etc.) :

« Cette édition des « Six Concerts en sextuor«  (le manuscrit _ de 1768 _ ajoutait effectivement un 6ème Concert, arrangé, lui, d’après des « Pièces de clavecin » _ de ce même Jean-Philippe Rameau) fit néanmoins les beaux jours de Rameau au 33 tours : les chefs Maurice Hewitt (dès 1952), puis Louis de Froment, Louis Auriacombe, Jean-François Paillard, Marcel Couraud, Jean-Pierre Dautel, etc. l’enregistreront avec leurs orchestres à cordes, perpétuant ainsi une tradition monochrome (cordes seules), oubliant malheureusement à quel point Rameau _ et cela, on ne le soulignera jamais assez !!! _ était un coloriste de l’orchestre. Les deux seules versions enregistrées à ce jour sur instruments anciens (Daniel Cuillier, en 1992, et Christophe Rousset, en 2000) proposent également cette version. »

Ce qui permet à Hugo Reyne de situer sa présente extrêmement bienvenue (et réussie !) « re-création » :

« Notre propos en enregistrant les « Concerts » est donc, un peu comme pour un tableau noirci, de retrouver _ en les ravivant _ ses couleurs d’origine (flûte, hautbois, basson). La comparaison va même plus loin, car les titres de chacune des pièces nous renvoient à l’univers pictural de ce milieu du XVIIIème siècle _ dont le livret offre de précieuses images (…) Nous avions à l’esprit l’image d’un petit orchestre de chambre entretenu par M. de La Pouplinière _ orchestre que dirigea Rameau lui-même vingt-deux ans durant ! de 1731 à 1753… _ ; et avons arrêté le nombre de musiciens-interprètes à treize : 3 violons I, 2 violons II, 1 alto, 2 violoncelles, 1 contrebasse, 1 flûte, 1 hautbois, 1 basson et un chef (nous-même, prenant la flûte pour « Les Tambourins« , « La Cupis » et « La Marais« ). »

« En ce qui concerne notre travail d’orchestration _ = de « mise en simphonie » ! ainsi que l’indique le titre même de ce CD : « Concerts mis en simphonie«  _, nous nous sommes référés à la phrase de l’« Avis aux concertans » de Rameau :

« le Quatuor y règne le plus souvent »

_ on appréciera la délicatesse du « jeu » ouvert par Rameau lui-même : en 1741, nous sommes encore dans l’ère (dite commodément par nous) « baroque » de l’interprétation…

Nous avons donc distribué notre partition en 4 parties : violon I (main droite du clavecin), violon II (violon originel), alto (viole ou 2nd violon) et basses (main gauche du clavecin et basses de la viole). La flûte et le hautbois venant _ très heureusement ! _ colorer les violons I ou II, le basson se mêler aux basses, et pour certaines pièces assurant des solos. (…)  Nous avons donc adapté les arpèges brisés du clavecin pour les approprier à la flûte. D’autres solos de bois sont confirmés _ et comment brillamment ! _ par Rameau dans ses opéras (les 2 flûtes de « La Cupis » _ dans un « Air tendre pour les Muses » du « Temple de la gloire« , en 1745 _, les petites flûtes du 1er « Tambourin » _ qui, provenant de l’ouverture de « Castor et Pollux« , en 1737, rejoindra le second « Tambourin » dans « Dardanus« , lors d’une reprise de ce dernier, en 1744 _, le hautbois et le basson du « 2nd menuet » _ dans « Les Fêtes de Polymnie« , en 1745 _, etc.) _ et c’est un point majeur, sinon crucial même, pour la compréhension de la musicalité propre de ces œuvres ! et donc leur plus juste interprétation ! Cependant, pour « La Livri« , nous avons préféré _ avis d’expert tout spécialement « musical«  _ renoncer à la version de « Zoroastre » _ la première de la « tragédie lyrique«  a lieu le 5 décembre 1749 à l’Académie royale de Musique _ afin de rester plus proche de l’écriture originelle de 1741, en donnant spécialement au basson la belle contrepartie de la viole ; et à l’alto l’arpègement syncopé de la main droite. Notre arrangement contient d’autres réjouissances encore, comme certains contrechants de flûte et hautbois dans « La Rameau » ou bien dans « La Marais » ; ou encore quelques ornements « à la Michel Legrand » _ why not ? si cette forme d’humour ou légèreté-là convient… _ dans « La Cupis« … »


« Enfin, nous devons signaler ici _ précise encore Hugo Reyne, à la page 5 du livret de ce CD _ l’existence d’un arrangement manuscrit contemporain de Rameau (conservé à la Bibliothèque nationale de Hongrie à Budapest) très mal réalisé, et qui n’a pas pu être joué tel quel à l’époque, qui a _ cependant _ l’avantage _ très significatif pour ce qu’il en était des interprétations de transcriptions ! _ de proposer, en plus des cordes, des parties de « flauto », « oboe » et « fagotto », ce qui nous a conforté _ si besoin en était encore !.. _ dans notre idée d’instrumentation. »

« Pour conclure cet enregistrement, nous avons, suivant l’exemple d’Otto Klemperer, qui, en 1968 revisitait _ voilà ce que doit être une « re-création » de musique ! _ la « Gavotte et ses doubles«  pour orchestre symphonique _ pas moins : et c’est sans doute trop !.. _ décidé de nous approprier aussi _ le résultat est une merveille ! _ ces sublimes _ en effet ! c’est un final somptueux !!! _ variations en les adaptant à notre façon _ comme toute interprétation vivante de cet art du « Baroque » : au sens le plus large _ Rameau en étant probablement le dernier grand (voire « sublime« …) représentant, jusqu’en ses sublimissimes « Boréades » de 1764, dont les représentations (sur la scène de l’Académie royale de Musique) furent hélas annulées par la disparition brutale du maître, le 12 septembre 1764…Vers ce moment, en effet, voilà que le siècle change d’« époque«  (et de « style« ) : on quitte le « Baroque«  pour, bientôt, le « Classicisme«  : approche l’heure qui vient de Haydn et Mozart, après le moment Gluck ; ainsi que le moment-charnière où les dernières (avant longtemps !) représentations des opéras de Rameau sont (ainsi, d’ailleurs que celles des indéboulonnables opéras de Lully), « adaptées«  au goût nouveau par un Pierre Montan-Berton…

Pour les deux autres CDs,

la « neuveté » des éclairages qu’apportent ces tout nouveaux enregistrements

est différente…

D’abord, nous découvrons enfin (si je puis me permettre cette expression), sous les doigts merveilleusement inspirés (et dansants) de Mitzi Meyerson, l’œuvre de Gottlieb Muffat

(Passau, 1690 – Vienne, 1770 : Gottlieb est le huitième des neuf enfants du magnifique Georg Muffat _ né, lui, le 1er juin 1653 à Megève, en Savoie, et mort le 23 février 1704 à Passau, en Bavière : un des plus somptueux musiciens de l’ère baroque ! et un de ceux (avec Johann-Sigismund Kusser et Johann-Kaspar-Ferdinand Fischer : dignes, eux aussi, de la plus haute délectation !) qui a diffusé _ combien brillamment ! _ et fait resplendir le « style » musical « français« , appris en sa jeunesse auprès de rien moins que Lully, à Paris, entre 1663 et 1669, en toute l’Europe baroque) :

Or, ce qui paraît vers 1736 à Vienne, et sous un titre de recueil en italien, « Componimenti Musicali per il Cembalo« , n’est rien moins que le « chant du cygne » (de toute beauté !) de la « Suite » de « goût français« , qui avait (possiblement) vu le jour sur les bords de la Seine autour de 1648 (au moment de la paix du « Traité de Westphalie« ), avec pour (peut-être, sinon probables) parrains les incomparables maîtres Johann-Jakob Froberger, Louis Couperin et autre Jacques Champion de Chambonnières ; ainsi que le luthiste Monsieur de Blanc Rocher, qui perdit la vie en chutant dans un escalier, un soir de fête…

Qu’on écoute les sept « Suites » de ce double album de Mitzi Meyerson ; de l' »Ouverture«  (à la française : lullyste !) de la « Suite V »  ouvrant le premier disque ; à la « Chaconne » de la « Suite VII«  qui conclut le second… La musique du fils, Gottlieb, à la cour impériale de Vienne, via la leçon, à la cour d’un prince-évêque bavarois, à Passau, du père Georg (disparu il y avait trente-deux ans en 1736), a toute la fraîcheur, la vivacité, l’élégance et la délicatesse qui font le charme d’éclat tout de discrétion, simplicité et beauté, de la « Suite » de « goût français« , en tout son parcours…

Et pour Gabriel Fauré,

pour terminer cette promenade musicale si délicieuse de charme,

nous prêtons (enfin ! un peu) mieux l’oreille à un aspect un peu négligé de son œuvre : son versant orchestral concertant, justement.

Si les deux sommets de ce CD « concertant » de Gabriel Fauré, sont, peut-être, la « Ballade » et la « Fantaisie » pour piano & orchestre (les deux !), le mérite de ces interprétations _ de pièces « libres » ! _ est d’abord celui des interprètes, magnifiques, tous et chacun, de charme, d’élégance, de fraîcheur, de vivacité : de beauté discrète et intense ; de vie.


Mais dans ces deux cas encore, après celui de l’occurrence-Rameau, c’est à la spécificité du style (musical) français que nous avons combien magnifiquement affaire :

au secret (issu de la danse) de sa légèreté libre et rayonnante de plénitude…

Titus Curiosus, ce 9 mai 2009,

se souvenant de Francine Lancelot

de sa personne, son sourire ;

et de son action en faveur de « La Belle dance« …

Et le piano va ! pour la musique ; et pour Schumann, et pour Chopin…

07mai

Deux très grands crus Alpha (les CDs Alpha 145 & Alpha 147), encore, cette année-ci, dans l’élan des très grands crus, décidément, de l’année discographique précédente d’Alpha :

le double album du volume VII de la « Klavierwerke & Kammermusik » de Robert Schumann, par Éric Lesage et ses amis

_ le programme de ce volume VII étant constitué des

« 12 vierhändige Clavier-Stücke für kleine und große Kinder« , opus 85 (par Éric Lesage & Frank Braley) ;

« Ball-Scenen _ 9 charakteristische Tonstücke« , opus 109 ;

et « Kinderball _ Sechs leichte Tanzstücke« , opus 130 (par Éric Lesage & Denis Pascal) ;

à quatre mains ;

sur un premier CD ;

et l' »Album für die Jugend« , opus 68 (par Éric Lesage)

sur un second CD :

pour le CD Alpha 145 _,

d’une part ;

et, d’autre part,

le CD « Ballades & Nocturnes » de Frédéric Chopin par Arthur Schoonderwoerd, sur un « piano Ignace Pleyel » de « 1836«  :

pour le CD Alpha 147 :

deux très rares merveilles !!!

Cette nouvelle fois, les programmes sont magnifiquement « choisis » :

un programme virevoltant (les quatre mains sont exceptionnelles de vie) de pièces « pour enfants » de Robert Schumann, pour le travail d’Éric Lesage et ses amis-compères ;

et un récital des quatres « Ballades » de Frédéric Chopin, précédées d’un « Prélude«  (le « Prélude » opus 45 en do dièse mineur : un sublime portail d’entrée !) ; et contrapointées de « Nocturnes » : les trois « Nocturnes » opus 9 ; et le « Nocturne » opus posthume Browne 49, en do dièse mineur, en conclusion d’adieu de ce récital…

Dans ces deux récitals, c’est moins au piano (et aux pianismes), dans tous ses (divers) états, que les interprètes-pianistes, nous convient ; mais d’abord, et plus essentiellement, à la musique, comme prise à la source (multiple, toujours renouvelée ; et par là riche de toutes ses « neuvetés »), de la composition-improvisation du compositeur _ que ce soit Frédéric Chopin (en 1835, en 1836, en 1840, en 1842, pour les « Ballades » ; en 1830, pour les « Nocturnes » opus 9, ainsi que pour le « Nocturne » posthume Browne 49 ; et en 1841, pour le « Prélude » opus 45), ou Robert Schumann (en 1848, pour l' »Album pour la jeunesse » opus 68 ; en 1849, pour les « 12 Pièces pour petits & grands enfants » opus 85 ; en 1851, pour les « Scènes de bal » opus 109 ; et en 1853, pour le « Bal d’enfants » opus 130) _, à son écritoire, à partir du jeu ouvert de ses doigts improvisant quelque chose comme des « fantaisies » sur le panel des touches à sa disposition…

Bref, un très rare plaisir offert par ces interprètes si sensibles et si justes, pris au plus vif de leur brillante re-création, en cette volée de disques Alpha 145 & 147…

Titus Curiosus, ce 7 mai 2009

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