Archives du mois de novembre 2020

Question : lesquels des « Tirages Fresson » de Bernard Plossu, sont ceux que je préfère ?.. Et un second volet de conclusion, préparatoire à un repêchage d’images trop rapidement écartées…

15nov

Hier,

j’ai commencé à préparer-baliser mon terrain afin de prendre un peu de sain recul rétrospectif quant à mes préférences (subjectives) d’images, à partir de mes 2 listes de départ :

ma première liste de 13, puis ma liste complémentaire de 22… _ cf mon article du 5 novembre dernier : _ ;

d’autres images _ que ces 35 -là _ étant, et avec force et grande justesse, venues se rappeler à mon attention, parmi les 80 images de ce sublime « Tirages Fresson« , de Bernard Plossu, qui vient de paraître aux Éditions Textuel…

La variété très riche, déjà, des « genres » d’images,

soient, selon mon essai de classement :

d’abord les images « d’extérieurs« 

partagées entre :

_ les images « de nature » ;

_ les images « de villages » ;

_ les images de « villes et grandes métropoles » ;

_ ainsi, encore, que celles, un peu particulières, « avec vue sur la mer » ;

puis les images « d’intérieurs« ,

en la si puissante étrangèreté poétique de leur banalité presque la plus quotidienne,

assez souvent _ mais pas toujours, non plus ! _ ;

ainsi, aussi _ ne pas les oublier ! _les images que j’ai qualifiées de « tendant vers l’abstraction » _ et auxquelles ne manque jamais la faveur (ludique) très fidèle de leur auteur… ;

la variété très riche des « genres » d’images, donc,

auxquels il me semble possible de rattacher _ par commodité un peu facile de rangement _ chacune de ces diverses images, pourtant le plus souvent éminemment singulières !,

me semble ainsi constituer un premier élément,

et déjà assez important,

sur lequel s’appuyer, pour étayer _ fonder un peu en raison _ le large et très profond _ intense _ plaisir éprouvé

à la contemplation, page après page, de ce merveilleux album, si divers,  de 80 images…

Au passage, on lira aussi avec très grand profit (et immense plaisir) pour la très grande justesse de sa sensibilité !

le magnifique article sur son blog, le 24 octobre dernier, de Fabien Ribéry,

intitulé « Michel Fresson, le traducteur, par Bernard Plossu, photographe« .

Mais il me faut aussi un peu revenir maintenant sur certains de mes premiers choix

d’avoir écarté, de ces 2 sélections premières, certaines images :

ou bien parce que déjà bien connues _ et même célèbres : devenues quasi des « classiques » de Plossu _ par de précédentes publications ;

ou bien parce que trop vite jugées par moi _ probablement assez injustement ! _ un peu redondantes

par rapport à d’autres images au départ retenues, parmi les 13 ou parmi les 22 _ et parmi, donc, les 35 d’abord préférées sur les 80 de l’album…

Ces images ne méritaient pas pareille mise à l’écart _ même, comme ici, seulement pragmatique, et très relative : choisir un peu pour ne pas rien écarter du tout… _ ;

Il me fallait donc impérativement et dare-dare en repêcher certaines…

D’abord, certaines images, déjà, qui me semblaient « un peu trop » connues

_ mais seulement eu égard à leur très relatif ! (et très subjectif) coefficient circonstanciel de « surprise » du regardeur ! ;

soit un critère absolument pas universel, il faut bien le reconnaître… _,

que je n’avais donc pas _ et seulement pour cela _ retenues,

ni dans ma liste première de 13, ni dans ma liste complémentaire de 22 :

il s’agit des 8 images

_ chacune, et en sa stupéfiante singularité, plus admirable que l’autre _

des pages

28 : « Californie, États-Unis, 1980« ,

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29 : « Californie, États-Unis, 1977« ,

 37 : « Côte belge, Belgique, 1970« ,

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47  : « Françoise, Paris, France, 1988« ,

Plossu couleur Fresson

60 : « Grenoble, France, 1974« ,

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61 : « Madrid, Espagne, 1975″,

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67 : « Ranchos de Taos, Nouveau-Mexique, États-Unis, 1977« ,

Bernard Plossu

et 95 : « Mexico, Mexique, 1966″,

Bernard Plossu

de ce « Tirages Fresson » de 2020,

que je m’apprêtais _ bien à tort ! _ à citer ici comme écartées de mes tout premiers choix,

mais effectivement à tort puisqu’elles faisaient tout de même partie _ Ouf ! _ de ma liste complémentaire de 22

_ cf à nouveau mon article du 5 novembre dernier, qui les citaient très effectivement ! :  _ ;

et qui, de plus, étaient aussi _ et peut-être surtout ! _ co-présentes,

_ cf cette fois mon article du 4 novembre : _,

du moins pour 6 d’entre ces 8 -là… ;

soient les images des pages

28, légendée : « Californie, États-Unis, 1980« 

(page 98 du « Plossu Couleur Fresson » de 2007 ; et page 101 du « Couleurs Plossu » de 2013),

47, légendée : « Françoise, Paris, France, 1988« 

(page 131 du « Plossu Couleur Fresson » de 2007 ; et page 122 du « Couleurs Plossu » de 2013),

60, légendée : « Grenoble, France, 1974« 

(page 114 du « Plossu Couleur Fresson » de 2007 ; et page 82 du « Couleurs Plossu » de 2013),

61, légendée : « Madrid, Espagne, 1975« 

(page 95 du « Plossu Couleur Fresson » de 2007 ; et page 105 du « Couleurs Plossu » de 2013),

67, légendée : « Ranchos de Taos, Nouveau-Mexique, États-Unis, 1977« 

(page 106 du « Plossu Couleur Fresson » de 2007 ; et page 53 du « Couleurs Plossu » de 2013),

et 95, légendée : « Mexico, Mexique, 1966« 

(page 33 du « Plossu Couleur Fresson » de 2007 ; et page 65 du « Couleurs Plossu » de 2013),

de ce fabuleux « Tirages Fresson » de 2020,

co-présentes, donc, ces 6 – là, dans les albums

de 2007 « Plossu Couleur Fresson« , pour le Théâtre de la Photographie et de l’Image,

et de 2013 « Couleurs Plossu » , pour les Éditions Hazan ;

de même qu’une 7éme image,

celle de la page 37 de ce « Tirages Fresson« , légendée « Côte belge, 1970« ,

était déjà présente à la page 81 du « Couleurs Plossu » de 2013, légendée alors « Mer du Nord, 1970 » ;

et qu’une 8ème,

celle de la page 29 de ce « Tirages Fresson« , légendée « Californie, États-Unis, 1977« , 

était déjà présente à la page 115 du « Plossu Couleur Fresson » de 2007, légendée alors « Hiver en Californie, 1977« .

Aucune de ces 8 images ne faisaient donc partie _ Ouf ! _ des images non retenues par moi en mon article de base, du 5 novembre dernier :  !

Et ce rapide passage en revue rétrospectif a au moins permis de mieux re-regarder, certaines des images, sinon jusqu’ici inédites, du moins les plus frappantes, de Bernard Plossu

parmi ses fabuleux « tirages Fresson« …

Et demain, lundi,

je me consacrerai au choix _ une nouvelle fois difficile : tellement méritent la plus grande attention !des images que je désire repêcher

de mes deux premières sélections de 13, puis de 22, du 5 novembre dernier…

Ce dimanche 15 novembre 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Question : lesquels des « Tirages Fresson » de Bernard Plossu, sont ceux que je préfère ?.. Et pour conclure cette revue d’articles, avec un récapitulatif commode : soit un premier volet, introductif…

14nov

Et enfin, voici le premier volet d’une sorte de conclusion _ du moins provisoire… _

de cette revue de 11 articles (d’entre le mardi 3 novembre et le vendredi 13 novembre derniers),

à propos de mes préférences personnelles entre les 80 images de ce magnifique « Tirages Fresson« ,

de Bernard Plossu, aux Éditions Textuel ;

précédés de 2 articles, des 22 et 30 octobre derniers,

le premier d’annonce de la parution de ce livre ;

et le second,

après réception et découverte admirative de l’album :

et

Ces 11 articles sont donc les suivants :

et 

Alors, que conclure de ce passage en revue de mes choix préférentiels d’entre ces 80 images ?…

D’abord, l’intensité poétique prodigieuse de beaucoup de ces images, 

et cela en des genres eux-mêmes déjà très variés…

Je remarque aussi, rétrospectivement, et à mon énième relecture, que,

parmi les diverses images que je préfère _ et en m’étant un peu émancipé maintenant des deux listes de 13 et de 22 que j’avais d’abord élues… _

se placent certaines des images occupant _ fort justement ! _ une double page,

et sans bords _ et cela, il faut aussi le remarquer ! _,

soient les splendides images légendées :

pages 30-34, « Cantal, France, 2014 » ;

pages 40-41, « Taos, États-Unis, 1979 » _ une des assez rares images avec un personnage _ ;

pages 65-66, « Jumièges, France, 2017«  ;

et pages 90-91, « Île de Capraia, Italie, 2014« ,

dans des « genres » vraiment très différents les uns des autres…

Me touchent aussi beaucoup les magnifiques associations de mise en page, face à face, de deux images

déjà elles-mêmes _ intrinsèquement, veux-dire _ puissantes ;

soient les 5 couples suivants de 10 images ainsi légendées : 

aux pages 18 et 19 : « Palerme, Italie, 2018 » et « Livourne, Italie, 2014 » ;

aux pages 26 et 27 : « Milan, Italie, 2009 » et « Livourne, Italie, 2014 » ;

aux pages 42 et 43 : « Ligurie, Italie, 2008 » et « Chez les Mirabel, Ardèche, France, 2012 » ;

aux pages 68 et 69 : « Purroy, Aragon, Espagne, 2018 » et « Sud du Nouveau-Mexique, États-Unis, 1980 » ;

et aux pages : « Giverny, France, 2010 » et « Bourgogne, France, 2010 » .

Il me faudra le commenter un peu précisément…

Ainsi, aussi, que les images très volontairement privées de répondant,

la page d’en face, à gauche, étant délibérément laissée en blanc ;

soient les 5 images ainsi légendées :

page 17 : « Giverny, France, 2011 » ;

page 57 : « Milan, Italie, 2008 » ;

page 67 : « Ranchos de Taos, Nouveau-Mexique, 1977 » ;

page 73 : « Nice, France, 2008 » ;

et page 92 : « Obón, Espagne, 2016 » ;

avec l’exception de l’ultime image, placée, elle sur la page de gauche,

et la page de droite, en face, étant laissée blanche :

page 98 : « Île de Ventotene, Italie, 2010« .

À suivre…


Ce samedi 14 novembre 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Question : lesquels des « Tirages Fresson » de Bernard Plossu, sont ceux que je préfère ?.. Et un postlude, pour les images « tendant vers l’abstraction »

13nov

Dans le choix des deux listes (de 13, puis, complémentaire, de 22) de mes préférences personnelles parmi les 80 images du récent sublime « Tirages Fresson » de Bernard Plossu, aux Éditions Textuel,

j’ai fait le choix principiel d’écarter les images qui tendent _ une image photographique procède toujours d’un réel originel, qui a ensuite été saisi par le geste du photographe sur une pellicule, puis choisi, puis tiré, puis exposé… _ un peu trop, pour moi, vers l’abstraction,

alors que je sais bien la place de cœur que de telles images, quasi abstraites, ou plutôt « tendant vers l’abstraction« ,

occupent au sein du goût personnel de l’ami Bernard Plossu

_ cf ce qu’il en dit dans ses passionnantes, très précises, merveilleusement détaillées, conversations avec Christophe Berthoud dans l’indispensable « L’Abstraction invisible« , en 2013, déjà aux Éditions Textuel.

Mais, à quelque niveau, ou moment, que ce soit, opérer un choix nécessite toujours forcément des sacrifices

_ et en l’occurrence ici, pour moi, celui d’images à ne pas retenir parmi mes préférences personnelles… Et exclure et rejeter (et a fortiori jeter) m’est toujours difficile : mon tropisme de fond est de tout retenir…

Et en effet, pour moi, ces images « tendant vers l’abstraction »

_ une telle image ne pouvant bien sûr pas, dans l’absolu, s’abstraire totalement, absolument, de ce réel dont viendra (ou est venue) sourdre, justement, sur la pellicule nécessairement impressionnée, l’image photographique... _

font plutôt partie de ce que j’appellerais une sorte de « cahier d’exercices » préparatoires du photographe,

telles ce que sont, pour le peintre figuratif, les dessins préparatoires, les  premiers jets, les esquisses _ du moins avant Fragonard _,

le travail de « l’artiste«  _ et je sais que Plossu n’aime pas du tout ce terme-là pour lui être appliqué ! _, du moins en une certaine conception classique _ pour un Molière, par exemple ; même si celui-ci s’est aussi amusé à monter des « Impromptus » un peu audacieux, sortant quasi effrontément des normes officielles des genres en cours (et de la cour)… _,

consistant à _ le plus adroitement et subtilement possible _ effacer dans l’œuvre finale la moindre trace d’effort, de travail long et pénible, difficile, d’exercice préliminaire préparatoire compliqué, afin de donner, a contrario, le plus grand sentiment de « naturel » et d’aisance immédiate possible, de la part de l’auteur de l’œuvre parfaitement accomplie, à qui viendra admirer la grâce aisée la plus évidente, et confondante, de la performance géniale, d’où résulte, comme magiquement, le chef d’œuvre exposé…

Ces exercices d’abstraction sont donc certes bien intéressants pour comprendre d’un peu près la genèse un peu tâtonnante et complexe, nécessairement, et toujours, d’une œuvre, au fil des réalisations successives _ avec bien des « ratés« , forcément : il existe fort peu de miracles du « premier jet«  _ de son auteur,

mais n’offrent pas tout à fait _ à mes yeux de regardeur, du moins _ la qualité de sidération admirative la plus sincère des images dont est clairement mieux perçue la filiation _ figurative _ issue du réel perçu en la ressource immensément généreuse de sa profuse concrétude…

Même si l’artiste est bien sûr, lui aussi, et le premier, placé face à de très nécessaires choix, artisanaux _ de représentation : il s’agit là de sa cuisine interne, de ses démarches d’atelier… _, par rapport à ce si formidablement riche réel à figurer : afin de nous en faire ressentir et partager, sans faisandé trucage, la « poésie » la plus « vraie » de l' »ambiance« , pour reprendre certains des mots de Bernard Plossu…

Et ici, c’est moi qui ai à justifier les options esthétiques de mes injustes (!) choix ici…

Bref,

parmi les 80 images de ce nouveau proprement merveilleux « Tirages Fresson« ,

je viens de choisir encore 3 images « tendant vers l’abstraction » :

à la page 44, l’image référencée « Dans le train, Italie, 2008« ,

à la page 45, l’image référencée « Barcelone, Espagne, 2019« .

et à la page 46, l’image référencée « Mexico, Mexique, 1966« .

Bernard Plossu aime beaucoup, en ses nombreux voyages, se déplacer en train : cela lui donne l’occasion d’images à prendre depuis le compartiment du wagon _ cf son livre « Col treno« , avec Jean-Christophe Bailly, aux Éditions Argol, en 2014

 et cf aussi l’image que j’avais tout spécialement choisie pour l’article inaugural et programmatique de mon blog « En cherchant bien« , intitulé « Le Carnet d’un curieux« , le 3 juillet 2008 :

(sans titre) © Bernard Plossu

 

  _,

et cela lui permet de se plonger, l’assez long moment du voyage, dans la lecture suivie d’un livre de littérature,

qui vient aussi nourrir l’acuité de la sensibilité de sa quête iconique à venir…

L’image de la page 44,

légendée « Dans le train, Italie, 2008« ,

et qui n’occupe que la moitié supérieure de la page de gauche de l’album,

donne ainsi à percevoir la porte ouvrant sur le couloir d’une voiture _ d’un train, en Italie, en 2008, donc _, avec les deux premières fenêtres du couloir, d’où l’on devine _ à la couleur _ le défilement à grande vitesse du paysage _ de verdure _ traversé. C’est principalement le jeu géométrique des lignes qui anime l’image, avec un contraste dominant de noir et de blanc…

L’image qui lui fait face, et sur la page entière cette fois _ et la composition de la mise en page est, bien sûr, toujours très importante ! _,

à la page 45,

est légendée « Barcelone, Espagne, 2019« .

Cette fois-ci, l’image, au contenu très riche, ne se laisse pas aisément immédiatement décrypter,

tant l’entremêlement des lignes et des surfaces colorées _ blanc, gris, noir, avec aussi deux courtes lignes rouges _,

ne permet presque pas d’identifier ce dont il s’agit en cette scène,

saisie ainsi _ à dessein _ de très près :

il pourrait peut-être s’agir là d’un bateau, à quai _ Barcelone est aussi un grand port… _, mais c’est peu discernable…

Cette image a pour moi quelque chose de kafkaïen _ Franz Kafka : 1883 – 1924 _ ;

et aussi, vaguement _ mais plus lointainement _, de Juan Gris _ 1887 – 1927…

Enfin, à la page 46, se trouve l’image légendée « Mexico, Mexique, 1966 » :

qui compte parmi les toutes premières de la carrière photographique de Bernard Plossu, né en 1945

_ Bernard Plossu avait alors ses grands-parents maternels qui vivaient au Mexique…

L’image n’a pas un brin vieilli.

Il s’agit d’une vue, légèrement de biais, prise à travers les barreaux, noirs, d’une fenêtre très moderne,

d’un immeuble très moderne, lui aussi, tout blanc, et au semblable fenêtrage noir ;

avec une unique fine ligne verticale rouge, doublant une fine ligne verticale noire, partageant toutes deux l’image en deux parties égales.

L’effet obtenu en l’image

a quelque chose d’un pastiche réussi de la géométrie d’un Mondrian… 

Ce vendredi 13 novembre 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Question : lesquels des « Tirages Fresson » de Bernard Plossu, sont ceux que je préfère ?.. Et en venir enfin aux images d’intérieurs

12nov

Pour _ presque _ terminer _ peut-être en secrète beauté, du moins pour moi, au plus intime et chaleureux de ce dont se réjouit mon for intérieur.. _le petit panorama de mes 13 images préférées

_ choisir, hiérarchiser, ne serait-ce que très subjectivement, est une nécessité pragmatique permanente, et cela pour tout un chacun, et vis-à-vis de tout, sans la moindre exception : eu égard à l’urgence souvent ultra-pressante du présent (non extensible) de l’action, et plus largement de la vie (non perpétuelle), qui commande… _

parmi les 80 de ce « Tirages Plossu » de septembre 2020, aux Éditions Textuel,

j’en viens maintenant aux images d’intérieurs,

de l’ami Bernard Plossu

_ et ce mot d’« Intérieurs«   n’est pas sans m’évoquer irrésistiblement le film très émouvant, et de tonalité grave, de Woody Allen, en 1978…

en ce magique album :

pour lui, déjà, à sa table de travail,

opérer le choix, ainsi que la compatibilité de mise en page _ ou en espace _, de ses images

est, chaque fois, très littéralement, crucial…

J’ai donc ici choisi 4 images de ma liste première de 13 images préférées

_ cf mon article du 5 novembre dernier : _ :

page 17, « Giverny, France, 2011« 

page 27, « Livourne, Italie, 2014« 

page 43, « Chez les Mirabel, Ardèche, France, 2012« 

pages 64-65, « Jumièges, France, 2017« 

auxquelles je rajouterai deux autres :

d’une part,

l’image qui faisait partie de ma liste complémentaire de 22

page 19 , « Livourne, Italie, 2014« 

et d’autre part,

l’image qui ne faisait partie ni de ma liste des 13 préférées, ni de ma liste complémentaire des 22 autres,

page 57, « Milan, 2008« .

Assez étrangement,

de ce photographe voyageur invétéré marcheur-randonneur,

et de par diverses contrées très lointaines du monde (et de chez lui),

ce sont en effet ces images-là d’intérieurs

_ mais le plus souvent des « intérieurs«  situés ailleurs que chez lui, en son domicile (même si en existent, tout de même aussi, quelques exceptions, par exemple page 34 : « La Ciotat, France, 2014« , voire page 84 : « La Ciotat, France, 2014« ) ; des « intérieurs«  seulement de passage, pour lui ; et assez souvent des chambres, anonymes, de halte rapide inconséquente (récupérer un peu, dormir…), notamment et surtout dans des hôtels de très brefs passages ; et assez souvent, aussi, ailleurs qu’en France, au cours de ses randonnées passionnées (et souvent éreintantes) de quêtes photographiques « sur le terrain« , quel qu’il soit… ; et donc lors de moments un peu creux, où, normalement, il n’y aurait pas d’image intéressante à saisir ! Tel est donc le paradoxe brûlant de ces si intensément poétiques, et profondément attachantes, images d’« intérieurs« -là… :

probablement leur faut-il, en effet, à ces images d’« intérieurs«  qui vont être saisies, un très puissant quotient viral d’étrangèreté propre, voilà !, pour que le réel entr’aperçu, l’espace d’un éclair, de son regard iconique assez infaillible, ait pu susciter, de la part du photographe qu’est très fondamentalement (et quasi en permanence ! voilà : quasiment sans relâche…) Bernard Plossu, le déclic décisif quasi instantané de la prise de vue (et ne perdons pas non plus de vue que ce déclic donne aussi lieu, de fait, à dix mille prises, qui se révèleront, in fine, la très grande majorité d’entre elles, du moins, très pauvres en un quelconque intérêt iconique ; même si c’est aussi seulement à la revoyure hyper-attentive de ses milliers d’images encore dormantes en planches-contact que se découvrira presque miraculeusement l’image a priori ratée qui se révèlera, alors, à l’acuité extraordinaire du regard si formidablement incisif de l’« artiste«  (il n’aime pas ce mot) une très étonnante merveille (à la façon de la découverte patissière des sœurs Tatin à Lamotte-Beuvron ; même si ce n’est là qu’une légende…) ;

et je renvoie à nouveau ici à la très étrange image (« abstraite« …), prise chez lui, à La Ciotat, de la page 84… _

qui me surprennent, m’attirent, me retiennent, et me touchent le plus, par cette charge même d’étrangèreté au cœur le plus profond du plus proche et du plus intime _ mais toujours avec une extraordinaire pudeur ! _,

saisies, donc, en des lieux de pause relative, d’instants voués à un certain repos photographique, au cours du voyage de quête d’images, en ces lieux d’a priori plus faible intensité de rencontre du surprenant, ces lieux calmes où l’on va pouvoir cesser de rechercher des images « à saisir« , et puis pouvoir fermer les yeux et dormir, ou tranquillement se restaurer un peu, pour reprendre des forces, et repartir demain, d’un bon pied, en sa quête… 

L’image légendée « Giverny, France, 2017 » de la page 17

image

;..

est pour moi une merveille absolue _ de mouvements : à notre tour, nous sommes gentiment invités à nous avancer (avec infiniment de respect ! pas du tout en voyeurs indiscrets et malotrus…) de pièce en pièce de la maison _,

tant par la douce flamboyance _ pardon de l’oxymore ! _ du bleu céleste des deux merveilleusement lumineuses grandes portes en enfilade, dans la maison de Monetet aussi l’angle de vue légèrement oblique de cette image, qui nous invite bien poliment à pénétrer un peu plus avant, par-delà les successifs tapis, vers la pièce au sol rouge (s’agit-il une nouvelle fois d’un tapis ? peut-être… ; et là est le cœur même de la force de l’image !) dont on n’appréhende, sur l’image, qu’un étroit oblong rectangle rouge _ mondrianien ? _, par l’entrebâillement de la seconde des grandes portes bleues, et qui débouche sur encore une autre porte, à peine perceptible, elle aussi, en un nouvel étroit rectangle, cette fois-ci verdâtre, au-dessus du rectangle rouge du sol de la pièce qui la précède..,

que par ce qu’elle nous perpétue, aussi, bien sûr, de l’intimité même, chez lui, du peintre Monet (Paris, 14 novembre 1840 – Giverny, 5 décembre 1926), en sa demeure enchantée de Giverny.

Cf, bien sûr cette merveille qu’est le « Monet intime » de Bernard Plossu, en la co-édition Filigranes et Musée des Impressionismes, en 2012 : un autre chef d’œuvre absolu de Plossu !

Cette image me rappelle aussi, plus personnellement, une image qui m’est familière, en son intime étrangèreté, à elle aussi :

une superbe toile du peintre bordelais Guillaume Alaux (1856 – 1912), comportant, elle aussi, une enfilade de portes, en un intérieur de campagne ; mais dépourvue, elle, du moindre bleu…

« Wow » ! dirait l’ami Plossu…

Cette image est fascinante !

L’image légendée « Livourne, Italie, 2014« , de la page 27, est-elle aussi un chef d’œuvre absolu.

Bernard Plossu à la galerie arrêt sur l’image galerie

 

qui pourrait même, et à la perfection, signifier l’étrangèreté absolue de l’intimité plossuienne, réduite ici au minimal d’une exigüe, et a priori terne, assez anonyme chambre d’hôtel, avec son mobilier élémentaire, sinon rudimentaire, en attente d’occupation très éphémère… :

un petit lit _ pas encore défait : le voyageur découvre seulement la chambre _, un fauteuil, une petite table,

et une fenêtre protégée de rideaux légers filtrant une lumière un peu vive _ possiblement celle du jour _ :

cette fois-ci en cette ville portuaire, elle-même déjà un peu étrange _ avec son port assez important, et un notable très ancien quartier juif : qu’en reste-t-il désormais ?.. _, et assez peu toscane,

qu’est Livourne,

où a vécu l’étrangissime Amedeo Modigliani (Livourne, 12 juillet 1884 – Paris, 20 janvier 1920).

On sait aussi le goût affirmé de Bernard Plossu pour la peinture italienne de la première moitié du XXe siècle _ Fabien Ribéry, en son superbe article « Michel Fresson, le traducteur, par Bernard Plossu, photographe« , citait les noms (« avis aux chercheurs« , ajoutait-il !..) de Telemaco Signorini, Stefano Bruzzi, Raffaelo Sernesi, Angiolo Tommasi, Cesare Bertolotti et Giovanni Fattori…

Ce camaïeu de gris, ici pris en couleur,

est lui aussi, en ce somptueux « tirage Fresson« ,

proprement sublime.

Re-wow !!

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La troisième image, à la page 43 de ce trésor de « Tirages Fresson« ,

d’entre les 13 de mon premier choix préférentiel,

est, elle aussi, proprement admirable

de lumineuse minimalité splendide.

image

Son référencement est assez peu précis géographiquement (« Ardèche« ),

mais très précis, en revanche, en mode d’amitié : « Chez les Mirabel » (Annie et Bernard) :

assez probablement au Pont d’Aleyrac, commune de Saint-Pierreville.

L’image, simplissime,

nous présente le départ, vers l’étage, d’un tout simple escalier de bois, tout noir, et rectiligne,

dont paraît, quasi frontalement, l’élancement des six premières marches ;

en appui sur du noir, un noir bleuté, qui s’enfonce dans l’ombre, et colonise quasi entièrement la partie en bas à droite de l’image…

Les dominantes de couleur sont, outre le somptueux noir bleuté de l’escalier et de son appui jusqu’au sol,

le jaune ocré du mur de fond de ce rez-de-chaussée, 

ainsi que le bleu-vert qui, de sa diagonale ascendante, suit la montée de l’escalier, et mange rectilignement l’important jaune ocré du mur jusqu’à _ pour l’image saisie _ la hauteur approximative de la rampe de l’escalier.
Le sol, au premier plan, lui, est gris.

Ici encore, nous nous trouvons devant l’invite de l’image à un mouvement, ici ascendant,

vers l’étage…

L’image n’a rien de statique.

L’image que j’ai choisie ensuite, la quatrième,

en cette section d’images d' »Intérieurs » plossuiens,

ne concerne pas, cette fois, un intérieur habitable, dans lequel se loger et résider, ne serait-ce qu’un court moment,

non.

Car l’image légendée « Jumièges, France, 2017« , aux pages 64-65,

concerne cette fois l’assez vaste dépôt d’un musée,

dans lequel  cohabitent, en un certain désordre _ non accessible, d’ordinaire, aux visiteurs _, les vestiges précieux et émouvants de quelque statues gothiques de l’abbaye _ en ruines _ de Jumièges, en Normandie.

Cette image,

à dominante ocre jaune,

et dynamisée par des lignes verticales,

valorise le contraste entre le chaleureux éclairage du jour, dans les deux pièces du premier et du second plans,

et,

d’une part, le gris de la pierre des statues déposées ici,

et, d’autre part et surtout, le fond noir central de la pièce du fond,

qui recèle diverses précieuses têtes, pieusement conservées, qu’on y aperçoit, lointainement…

Un bel hommage _ lumineux ! _ au travail humble et indispensable de la conservation patrimoniale,

dans les Musées… 

Ma cinquième image d' »intérieur » fait, elle, partie de ma liste complémentaire de 22 ;

et elle ne concerne pas une pièce d’habitation, mais, comme pour l’image « Chez les Mirabel, Ardèche, France, 2012« ,

un escalier.

Mais, en cette image de la page 19, légendée « Livourne, Italie, 2014« 

_ autre merveille minimale absolue ! _

il s’agit très probablement cette fois-ci d’un escalier d’hôtel ;

et peut-être même de l’escalier modern’ style _ un peu à la Mallet-Stevens… _ de cet hôtel où se situait aussi la chambre de la sublime image de la page 27,

semblablement légendée _ je le souligne au passage _ « Livourne, Italie, 2014 » …

Ainsi ces deux images, toutes deux saisies à Livourne en 2014, faisaient-elles possiblement partie de la même planche-contact…

Prise au niveau d’un palier d’un étage,

s’ouvrant lui-même sur un couloir,

dont on ne discerne pas très clairement sur quoi ce dernier vient assez vite buter _ quelque chose (?), là-bas, au fond, brille d’un éclat métallique… _,

l’image,

prise cette fois à nouveau d’un très léger biais,

nous offre une vue sur quatre des volées de ce large escalier modern’ style,

possiblement de béton, et tout blanc :

la volée de l’étage même où est prise l’image

_ mais, étant donné l’angle de la prise de vue, donnant le sentiment d’avancer, et presque, déjà, de monter un étage plus haut… _ ;

l’amorce d’une volée descendante, au bas à droite de l’image ; 

et deux volées montantes _ vers un étage supérieur _,

la seconde de ces deux volées montantes -là occupant le coin en haut à droite de l’image.

La rampe, sans la moindre aspérité, et qui semble en aluminium, brille.

Et cette fois encore, l’image nous donne le sentiment d’un mouvement de déplacement, ici ascensionnel,

de ce très fonctionnel, large et moderne, escalier d’hôtel…

La couleur qui domine est un tout simple blanc, net,

parfois teinté de rose dans ce qui résulte d’effets d’éclairage sur trois des volées de cet escalier…

Une image marquante, oui,

d’un lieu on ne peut plus normal et banal _ dépourvu du moindre pittoresque anecdotique _,

qu’a su saisir, de son cadrage à la fois dynamique et éminemment pondéré, le regard (et le geste) photographique(s) de Plossu :

une merveille de poésie de la presque banale normalité ;

à laquelle la couleur de ce « tirage Fresson« 

vient apporter son nimbe de poésie vraie, au sein de la plus pure quotidienneté

d’une modernité qui cependant dure, ne vieillit pas.

Quel regard !

Enfin,

je me suis permis d’ajouter une sixième image « d’Intérieur« ,

alors que je ne l’avais retenue ni dans ma première liste de 13,  ni dans ma liste complémentaires de 22 ;

et, de plus,

alors que celle-ci ne concerne pas, elle non plus, un intérieur dans lequel se loger et résider un certain moment,

mais, cette fois, l’intérieur d’un café, ou d’un restaurant _ c’est difficile à discerner : un café, plutôt ; on y passe un court moment… _, à Milan.

Mais l’image impose incontestablement sa puissante présence

au regardeur, qui finit par vraiment s’y attacher _ une image peut ainsi s’imposer…

L’image « Milan, Italie, 2008« , page 57 _ inédite, probablement : elle non plus, en couleurs, ne fait pas partie des images exclusivement en noir et blanc du catalogue de l’exposition milanaise de 2008, « Attraverso Milano«  _, est, comme presque toujours chez Plossu, minimalement légendée

_ puisque cela suffit amplement au repérage mémoriel de Plossu : il s’agit, je le répète, d’un repérage que Plossu effectue seulement pour lui-même, pour son archivage mémoriel rudimentaire mais efficace, et en rien (ou si peu !) pour le regardeur de l’image ; l’image, pour Plossu, doit (et c’est même impératif pour lui !) en quelque sorte se suffire (iconiquement) à elle-même, et ne rien détourner d’elle le regard du spectateur ; même si une image photographique a nécessairement la majeure partie de sa provenance, à l’exception de l’idiosyncrasie du regard singulier propre du photographe, dans le réel extérieur visible (à peu près commun, au départ), auquel accède la photographie que celui-ci « prend«  ; une photographie ne peut jamais être totalement « abstraite« , même parcourue (et charpentée) qu’elle est d’une « abstraction invisible« … Et même si ce qui intéresse surtout Plossu est bien l’« ambiance«  à capter, par cette image sienne, du réel à l’instant même croisé, et dont une part de vraie « poésie«  un peu secrète, discrète, humble, pudique,  a été, en un éclair, décelée à révéler, avec douceur, sans jamais de violence, par la simple grâce de la capacité de l’image du réel entr’aperçu, à, d’un geste (photographique) immédiat, fulgurant, réussir à réaliser ensuite, secondairement, et sur une surface sensible : la pellicule, puis, au tirage, le papier, pour l’image iconique qui en résultera… _ :

« Milan, Italie, 2008« .

image






















L’image,

mise en tension par quelques lignes obliques, eu égard à la position et l’angle de prise de vue du photographe par rapport à la configuration du lieu même de ce café _ ou peut-être restaurant : café, plutôt… _,

est animée surtout par les puissantes lignes verticales des larges rayures rouge vif et blanc des banquettes,

et le rouge framboise de la sorte de nappe _ en est-ce bien une ? c’est difficile de se prononcer… _, au premier plan.

Nous sommes ici, en partie du moins _ voire à moitié _, déjà dans la puissante veine « abstraite« , qui a une certaine prédilection de Bernard Plossu,

quand le réel qui se présente, ainsi que l’angle et le cadrage de la prise de la vue, se prêtent bien à offrir de telles puissantes et consistantes images…

Et peut-être pourrait-on généraliser davantage

ce trait de la façon de procéder de Bernard Plossu :

ce serait à lui de le confirmer, ou infirmer…

Mais pour ce qui me concerne, je demeure viscéralement attaché aux images figuratives du réel,

avec la qualité _ disons géographico-historique, civilisationnelle _ de leur ancrage…

J’aime savoir _ et apprendre, pas à pas _ où ont à se mettre les pieds : aussi bien ceux du photographe que ceux des regardeurs de l’image,

car nous sommes alors sous le charme poétique intense d’une télétransportation…

Voilà :

 de ce « Tirages Fresson » de Bernard Plossu,

qui vient de paraître, ce mois de septembre, aux Éditions Textuel,

je viens successivement de me pencher ici

sur mes images personnellement préférées :

de « nature« ,

de « villages« ,

de « villes« ,

d' »avec vue sur la mer« ,

et aujourd’hui d' »intérieurs« .

Soient les 5 articles successifs suivants :

après une première série de 5 premiers :

Il me faudra maintenant me relire,

et méditer une petite synthèse commode de tout cela…

Ce jeudi 12 novembre 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Question : lesquels des « Tirages Fresson » de Bernard Plossu, sont ceux que je préfère ?.. Et maintenant, des images avec vue sur la mer

11nov

Et pour en terminer aujourd’hui avec les images d’extérieur de ce « Tirages Fresson« 

de septembre 2020, aux Éditions Textuel, de Bernard Plossu,

mon choix se porte maintenant sur 3 images « avec _ discrète _ vue sur la mer » :

aux pages 73 ( »Nice, France, 2008« )

et 98 (« Île de Ventotene, Italie, 2010« ),

pour ce qui concerne ma liste d’images préférées, au nombre de 13 ;

et à la page 42 (« Ligurie, Italie, 2008« ), dans ma liste complémentaire de 22.

La rencontre de notre regard avec la mer est

la plupart du temps _ mais il existe aussi de rares exceptions ; et, pour ma part, le paysage déchiqueté de rochers et falaises noirs de Suances, en Cantabrie, est représentative de ce genre répulsif pour moi… Alors que j’apprécie tant, et Santander, et la Cantabrie…magnifiquement bienfaisante ;

ne serait-ce que l’espace d’une brève seconde, par exemple lors d’un trajet en voiture ou en train _ j’en ai maintes fois fait l’expérience, par exemple au pays basque aimé, sur la côte entre Hendaye et Biarritz : que ce soit dans mes trajets (pour le travail) entre Saint-Jean-de-Luz et Bayonne, du côté de Bidart ; ou (pour le pur plaisir) le long des quelques kilomètres de la sublime corniche, entre Ciboure-Socoa et Hendaye ! Et chaque fois, j’exulte sur cette route de corniche, promise à probable prochaine disparition ! quand elle domine l’océan ; cf l’article de Sud-Ouest le 31 octobre dernier : Une partie de la corniche basque s’est effondrée _ :

une formidable bouffée d’énergie joyeuse nous est alors donnée, sans compter, par la simple vision de l’océan…

Ainsi l’œuvre de photographie _ et tout spécialement ses « tirages Fresson » en couleurs ; et peut-être, cela, pour le bleu tendre que ces tirages subliment si merveilleusement… _ de Bernard Plossu

comporte-t-il pas mal d’images fascinantes avec _ le plus souvent discrète _ « vue sur la mer«  ;

mais sans rien, jamais, de particulièrement pittoresque, spectaculaire, ni même décoratif ; surtout pas.

La mer se passe très bien de publicité…

Simplement ce bleu-là de la mer,

que l’image vient jusqu’à nous, qui la regardons, par quelque magique télétransportation en quelque sorte au carré,

 nous donner-transformer-augmenter, nous aussi

_ pour ce terme de « télétransportation« , cf l’usage que j’en fais, à la suite de René de Ceccatty en son magnifique « Enfance _ dernier chapitre« , en mon article du 12 décembre 2017 :

L’image référencée comme « Nice, France, 2008« , à la page 73,

présente pour l’essentiel,

et au-dessus d’un sol légèrement mouillé de pluie, qui en reflète _ et multiplie, par diffraction _ quasi imperceptiblement le bas,

le portique délicieusement suranné (en 2008), mais soigneusement conservé tel quel,

d’une plage privée de Nice, sur la Promenade des Anglais : la « PLAGE BEAU RIVAGE » ;

un portique _ un peu tarabiscoté _ qui s’élève, se dresse, à la fois fier et désuet _ d’où son étrange charme, indéniable _, au-dessus d’une mer uniforme, dépourvue de vagues,

et surtout sur le fond d’un ciel gris-bleu, lui aussi, tout embrumé ;

un portique _ de gloire balnéaire ! _ dont une fine rampe blanche propose de descendre jusqu’à la plage _ de galets de Nice _, qu’on ne voit pas, en contrebas…

Tout se présente ici à nous en un infiniment tendre _ quasi virginal et céleste _ camaïeu bleu et blanc.

Quant à l’image référencée « Île de Ventotene, Italie, 2010« , à la page 98 (et dernière de l’album)

Ventotene 2010 photo B.Plossu

 

et déjà présente dans l’album « Couleurs Plossu« , de 2013 aux Éditions Hazan, à la page 79,

c’est un très émouvant chef d’œuvre _ notablement marquant : on ne l’oublie certes pas ! _,

et lui aussi, bien évidemment ici, « avec vue sur la mer« ,

ici la mer Tyrrhénienne _ entre Campanie et Sardaigne _ :

Ventonene est une petite île volcanique,

située au large de la Campanie, au nord-ouest de l’île d’Ischia et au sud-est de l’île de Ponza ;

et qui, depuis l’empereur Auguste qui y exila, en l’an 2 ap. Jésus-Christ, sa propre fille Julia l’aînée, a servi maintes fois de prison de relégation et exil, suffisamment éloignée de la terre ferme, notamment pour des opposants au fascisme sous Mussolini.

Et c’est surtout une des îles préférées de Bernard Plossu, en Méditerranée.

Au premier plan, et en une prise de vue légèrement oblique,

au pied d’un muret de pierres qui le sépare de la mer et du ciel _ d’un bleu qui se confondent presque _, avant l’emprise, au haut de l’image, de gros nuages blancs,

un intrigant carrelage géométrique ocre et rose, désormais à ciel ouvert, d’une ancienne villa _ peut-être, ou peut-être pas, romaine (?) _, que vient doucement coloniser l’herbe,

et sur lequel est déposé, près du muret, en son coin gauche, un gros rouleau de ce qui pourrait être (?) du foin…

Une indicible harmonie du jeu du temps et de l’éternité dynamise discrètement l’espace sonore _ musical _ de ce paisible lieu de bout du monde…

La troisième des images choisies ici, fait partie, elle, de ma liste supplémentaire de 22.

Discrète _ elle aussi : c’est décidément un trait paradoxalement marquant de l’œuvre plossuien _, à la page 42 de l’album,

son référencement « Ligurie, Italie, 2008« , n’a pas eu besoin de retenir le lieu précis de cette plage ligure ;

comparable à bien d’autres, similaires…

Sa particularité est d’être beaucoup plus sombre que la plupart des autres images ;

il s’agit là d’une plage privée, comme bien d’autres, en Italie, sous un ciel noir assez menaçant,

et, comme souvent, sans la moindre figure humaine.

Une sorte de contrepoint ligure sombre _ mais tout de même en couleur ! _

au portique céleste _ assez lumineux lui _ de la « Plage Beau Rivage » de Nice…

Ce mercredi 11 novembre 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

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