Archives du mois de octobre 2021

Le flamboyant CD « Baritenor » du parfait Michael Spyres, admirable en son exploration des registres de voix entre ténor et baryton…

22oct

En quelque sorte en suite de mon article du samedi 16 octobre dernier :

et pour commencer,

avant d’apporter un commentaire plus singulier,

je désire enrichir de remarques en quelque sorte « complémentaires« _ en vert _, l’article (chronique d’album) très riche et très juste qu’Elodie Martinez vient de consacrer _ sur Opera Online _ à son écoute du merveilleux travail _ incroyablement varié _ de Michael Spyres

en son merveilleux CD « Baritenor » (Erato 0190295156664)…

Voici donc, cet article,

agrémenté de mes farcissures personnelles (en vert) :

Chronique d’album : « Baritenor », de Michael Spyres

Xl_baritenor………Avec son dernier disque chez Erato (Warner Classics _ 0190295156664 _), Baritenor, Michael Spyres s’attaque à ce registre particulier _ de voix _ aux côtés de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg dirigé par Marko Letonja. En regroupant dix-huit airs et quinze compositeurs s’étendant sur trois siècles d’opéras italiens, français et allemands _ de Idomeneo, de Mozart, créé à Munich le 29 janvier 1781, à Carmina Burana, de Carl Orff, créé à Francfort le 8 août 1937 _, l’artiste offre un enregistrement anthologique _ très large et varié _ dans lequel sa voix exceptionnelle _ vraiment ! _ enchante _ oui ! _ et se teinte de mille couleurs _ voilà… _, comme peut-être seul _ probablement… _  Michael Spyres peut le faire aujourd’hui….

Il faut dire qu’il n’est pas donné à tout le monde _ certes _ de pouvoir faire _ ainsi _ l’écart entre les registres de ténor et de baryton. Mais qu’est-ce qu’un baryténor ? C’est justement la question posée _ et excellemment traitée _ dans le livret, et à laquelle le principal intéressé répond en plusieurs _ au nombre de 5 _ pages, expliquant notamment qu’il est « d’avis que le baryténor est un phénomène oublié, qui depuis que l’opéra existe se cache à la vue de tous au sein de différents ouvrages ». Il retrace _ superbement _ l’histoire de cette voix ample et malléable depuis le XVIIIe siècle _ depuis le baryton-martin de Jean-Blaise Martin (Paris 24 février 1728 – Ternand, 27 octobre 1837) _, démontrant qu’il existe une tradition _ cachée, et méconnue _ de baryténor dans les partitions qui s’est malheureusement étiolée avec le temps. Le terme convient pourtant fort bien à Michael Spyres, d’abord baryton, ayant souhaité devenir ténor après avoir découvert à 21 ans _ en 2000 : Michael Spyres est né en 1979 _ Chris Merritt et Bruce Ford. Il lui aura « fallu cinq ans, à raison de quatre à six heures de travail quotidien, pour y parvenir » _ en 2005 _, selon ses mots lors d’une interview pour France Musique.

Après des années à chercher sa voix de ténor, il est aujourd’hui l’une des voix les plus saisissantes du moment _ voilà : qu’on écoute ce CD ; mais qu’on écoute aussi sa superlative interprétation du Don Ottavio (ténor superlatif !) du Don Giovanni de Mozart à Salzbourg, cet été, sous la direction de Teodor Currentzis ; cf, entre plusieurs autres articles que j’ai consacrés à  Michael Spyres, mon article (avec un lien à la vidéo de l’intégralité de l’extraordinaire spectacle de ce Don Giovanni de Salzbourg 2021 !) du 10 août 2021 : … ; ou celui du 18 août suivant :  _, capable de graves impressionnants pour un ténor, mais aussi d’atteindre des aigus habituellement inaccessibles à un baryton _ mais la performance de Michaël Spyres est bien loin de se réduire à de pures prouesses techniques vocales ; son génie, si fin et délicat de l’interprétation-incarnation des personnages des opéras, est encore plus profond… Difficile dès lors de ne pas être conquis _ certes ! _ par un _ tel merveilleux _ disque, soulignant l’impressionnant _ oui _ ambitus _ un critère quantitatif _ du chanteur et ses infinies _ exceptionnelles _ nuances _ qualitatives, surtout ; et là est bien le principal… D’autant que le programme est riche _ oui _ et _ très _ réjouissant, mais aussi _ parfaitement _  pédagogue _ absolument : Michael Spyres ayant le plus grand souci de la justesse d’intelligence d’écoute du public, à la scène comme au disque… Baritenor s’ouvre ainsi par « Fuor del mar », de l’Idomeneo de Mozart _ rôle créé à Munich le 29 janvier 1781, pour la première de cet Idomeneo de Mozart, par l’immense ténor Anton Raaf (1714 – 1797) _, et sa musique vive capte instantanément l’auditeur : Michael Spyres a cette capacité de raconter _ excellemment _ ce qu’il chante _ oui ! _, de transmettre la psychologie et l’histoire de la partition _ voilà. Le disque poursuit avec un extrait des Noces de Figaro, « Hai gia vinta la causa », plus sombre dans la partition du personnage _ du comte Almaviva _, tandis que l’air de Don Giovanni « Deh, vieni alla finestra », lui aussi superbement interprété, se révèle charmant et charmeur _ deux rôles pour baryton… Retour au registre de ténor avec « Ô Dieux ! écoutez ma prière » de _ l’Edgard de _ l’Ariodant de Méhul _ créé le 11 octobre 1799, à Paris, avec Jean-Pierre Solié dans le rôle d’Edgard _, enregistré _ ici _ en première mondiale _ en effet, l’édition discographique est loin d’exploiter toute la richesse du grand patrimoine musical français… Il s’agit également de la première incursion _ en ce CD ; mais pas dans la discographie de Michael Spyres ; cf par exemple ses magnifiques Troyens (en 2017) et Damnation de Faust (en 2019), de Berlioz, avec John Nelson, toujours pour Erato… _ de l’artiste _ qu’est Michael Spyres _ dans le registre français qu’il sert à merveille _ oui ! _ et où il excelle _ vraiment ! _ : la diction _ si fondamentale pour tout le chant français… _ est superbe _ absolument ! Les élans musicaux _ oui _ sont ici comme des vagues déferlantes et viennent happer l’auditeur, tandis que le cœur est saisi de pitié. Cette perfection de la diction se retrouve dans tout le disque _ oui _, et notamment dans la _ bouleversante _ version française de Lohengrin et de son « Aux abords lointains ».

Le « Largo al factotum » (le podcast a une durée de 5′ 13) de Figaro (Le Barbier de Séville) est particulièrement savoureux _ oui _  : jouant avec les multiples couleurs de sa voix _ ici en registre de baryton _, Michael Spyres l’ensoleille, l’assombrit, lui confère une palette chromatique époustouflante _ voilà ! _, et s’amuse à prendre des voix différentes. Le jeu et l’interprétation transpirent _ avec grâce _ à chaque seconde, pour rendre l’air particulièrement vivant _ comme il convient parfaitement au personnage de Figaro...

L’impression de saisir un tableau en cours d’exécution se retrouve également dans les _ superbes et marquants _ extraits d’Otello _ de Rossini : créé le 4 décembre 1816, à Naples, avec le grand ténor Andrea Nozzari (1776 – 1832) dans le rôle d’Otello _ qui permettent d’entendre aussi en second plan le Iago de Sangbae Choï, mais aussi le chœur de l’Opéra national du Rhin, qui intervient à plusieurs reprises dans le disque, comme « Mes amis, écoutez l’histoire » (Le Postillon de Lonjumeau _ créé à Paris le 13 octobre 1836, avec Jean-Baptiste Chollet (1798 – 1892), ici ténor, dans le rôle de Chapelou _), « Pour mon âme » (qui suit « Ah mes amis, quel jour de fête ! », de La Fille du régiment _ créé à Paris le 11 mars 1840, avec le ténor Mécène Marié de l’Isle (1811 – 1879) dans le rôle de Tonio  _) ou encore « Va pour Kleinzach ! » (Les Contes d’Hoffmann _ créé à Paris le 10 février 1881 _). À la fois puissant et homogène, le chœur offre ainsi un beau répondant au baryténor, qui poursuit son voyage dans ce large registre. Si l’on apprécie les rôles aujourd’hui traditionnellement proposés aux barytons, le registre de ténor n’est pas en reste avec « Mes amis, écoutez l’histoire » qui déploie des aigus sans cassure entre les graves et les mediums. Quant à la couleur solaire et mordorée de l’extrait de La Fille du régiment, elle gomme _ mais oui _ l’impression d’effort que l’on ressent parfois dans la montée en force _ que n’avait pas réussie Marié de l’Isle le soir de la création, le 11 mars 1840… _, et elle convoque les souvenirs de certaines des plus grandes voix désormais immortelles.

Son Hoffmann prend une couleur ombragée, noire, et noble, avant que son Lohengrin français ne s’engouffre dans le romantisme wagnérien. La langue allemande est aussi présente avec « O Vaterland du machst bei tag »… « Da geh ich zu Maxim » (La Veuve joyeuse) et clôture _ avec une extraordinaire intensité _ le disque avec « Glück, das mir verblieb » (La Ville morte _ créée à Hambourg le 4 décembre 1920, avec le ténor Richard Schubert (1885 – 1959) dans le rôle de Paul _). Là aussi, la voix caméléon de Michael Spyres lui permet de briller _ merveilleusement ! _ et de s’inscrire comme une évidence _ absolument ; quel artiste !!!

Le livret permet non seulement de découvrir les mots de Michael Spyres, d’en apprendre davantage sur ce qu’est un baryténor et l’histoire de ce type de voix _ et c’est tout à fait passionnant ! _, mais il offre aussi les textes traduits des airs – non pas dans leur ordre d’écoute, mais en les regroupant par langue (à l’exception de « Voilà ce que j’appelle une femme charmante » _ de L’Heure espagnole, de Maurice Ravel _ intercalé entre deux textes allemands, ce qui semble être une erreur). Un système de couleur, à la fois simple et ingénieux _ en blanc, pour la voix de ténor, et en bleu, pour la voix de baryton _, permet par ailleurs _ en effet _ d’identifier quels airs relèvent de la tessiture de baryton ou de ténor.

Un mot enfin sur l’Orchestre philharmonique de Strasbourg _ déjà présent pour les superbes enregistrements discographiques de Michael Spyres des Troyens et de La Damnation de Faust, de Berlioz : sous la direction de John Nelson, en 2017 et 2019… _ qui donne le meilleur de lui-même sous la baguette de Marko Letonja, parvenant à suivre toutes les couleurs _ somptueuses : voilà… _ du soliste. Avec une dextérité sans faille, l’ensemble instrumental propose des nuances tout aussi changeantes que peut l’être la voix de Michael Spyres, et devient un formidable compagnon de jeu _ le mot est très juste _ pour le baryténor.

A noter qu’un concert « Baritenor » sera notamment donné le 5 novembre 2021 à la salle Érasme du Palais des congrès et de la musique de Strasbourg, puis au Théâtre des Champs-Elysées le 19 mai 2022. De quoi prendre plaisir à (re)découvrir en direct depuis la salle, à la fois ce programme, cette voix et surtout cet artiste _ tout à fait, en effet _  impressionnant.

Elodie Martinez

À suivre :

je compte ainsi revenir un peu plus précisément sur l’historique des divers chanteurs _ et divers rôles interprétés _ sur les exemples-jalons desquels s’appuie, en ce CD, Michael Spyres, en son passionnant parcours anthologique, d’entre 1781 (la création d’Idoménée, à Munich) et 1937 (Carmina Burana, à Francfort), de l’ambitus magnifique _ plus encore qualitativement, par ses nuances, que quantitativement, par son étendue… _ de cette voix jusqu’ici encore mal identifiée, de « baritenor« ,

que lui sait, ici, si magnifiquement incarner par son très subtil _ à la fois très délicat et très puissant _ art…

Et en toute modestie, un art exemplaire…

Un travail _ et pas seulement discographique… _ qui fait incontestablement date.

Ce vendredi 22 octobre 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

P. s :

Voir aussi ce petit article _ que j’ai essayé de traduire en un français un peu moins macaronique et un peu plus intelligible que l’original, probablement italien… _ abordant la caractérisation et l’historique de cette voix de « baritenor » (en France « taille) » :


baritenor (ou ténor, baryton ou, en France, Taille)

Est le type de voix de ténor couramment employée dans les œuvres du Baroque des XVIIe et XVIIIe siècles, et qui est demeuré sur la scène jusqu’aux premières décennies du XIXe siècle.

TRAITS

BARITENORI CÉLÈBRES

BIBLIOGRAPHIE

  • Rodolfo Celletti, Histoire du bel canto, Discanto Editions, Fiesole, 1983 passim
  • Salvatore Caruselli (ed) Grande encyclopédie de l’opéra, Longanesi Périodiques C. S.p.A., Rome, à nomen ( «  », « Contenu baryton »)

A nouveau à propos de la formidable expansion du style lulliste en Allemagne : un nouvel article de présentation du CD « Lully’s followers in Germany _ Works by Fischer, Muffat, Telemann » de l’ensemble El Gran Teatro del Mundo…

21oct

Tout à fait dans la continuité, décidément, de mes articles de ces derniers jours-ci à propos de CDs de musique française de l’époque baroque, de Lully à Rameau :

 ;

et plus encore, et plus spécialement, cette fois, de mon article du 13 octobre dernier :

 ;

voici que je découvre ce jour, sur le site de ResMusica, et sous la signature de Cécile Glaenzer, 

ce nouvel article

venant chroniquer le très remarquable CD de l’ensemble El Gran Teatro del Mundo, intitulé, un peu sèchement, « Lully’s followers in Germany _ Works by Fischer, Muffat, Telemann » ;

soit le CD Ambronay AMY314,

dont j’avais signalé l’existence le 13 octobre dernier…

Voici donc ce nouvel article :

Quand les musiciens allemands s’emparaient du style lulliste

Pour son premier enregistrement, le jeune ensemble El Gran Teatro del Mundo a choisi d’illustrer l’influence de la musique française _ voilà _ dans les cours allemandes autour de 1700.

L’influence artistique du règne de Louis XIV à travers toute l’Europe est considérable _ en effet… Au-delà de la puissance politique et militaire de la France de l’époque, le style versaillais a infusé _ vraiment _ tous les arts, tant était important le rayonnement culturel du royaume à la fin du XVIIᵉ siècle _ musique comprise, c’est tout à fait cela. Il n’est que de considérer tous les châteaux qui ont été érigés comme autant de « petits Versailles » dans de nombreux États germaniques à l’époque _ en effet. Il en est de même pour la musique, _ voilà _ où le style dont Lully fut le promoteur _ au service de la glorification du roi _ se retrouve partout : ouverture à la française, suites de danses, écriture à cinq parties… _ oui. Le meilleur exemple d’assimilation du style français nous est donné par le compositeur Georg Muffat. D’origine savoyarde _ ou plutôt d’ascendance écossaise ; même si c’est dans l’Etat de Savoie, et précisément à Megève que Georg Muffat est né, le 1er juin 1653 _, formé en Alsace et en Italie auprès de Pasquini, il étudia à Paris avec Lully avant de faire carrière à Vienne, Prague, Salzbourg et Passau _ où il décède le 23 février 1704. Il est donc au carrefour _ voilà _ des traditions musicales française, italienne et germanique. « Lorsque je mêle des airs français à ceux des Allemands et des Italiens, ce n’est pas pour émouvoir une guerre, mais plutôt préluder peut-être à l’harmonie de tant de nations, à l’aymable paix« , écrit-il dans la préface de son _ admirableFlorilegium Primum en 1695. Les sonates _ merveilleuses ! _ de l’Armonico tributo, véritables concerti grossi, se réclament conjointement de l’influence de Corelli et de celle de Lully _ oui, dont Muffat avait l’élève, à Rome et à Paris. Il est ainsi le précurseur des _ couperiniens _ Goûts Réunis qui culmineront au début du XVIIIᵉ siècle _ à partir de l’œuvre de François Couperin. Johann Caspar Ferdinand Fischer (Schönfeld, 6 septembre 1656 – Rastatt, 27 août 1746) n’est pas en reste au regard de sa parfaite connaissance de la tradition lulliste, sans que l’on ait la preuve _ formelle _ qu’il soit venu se former en France. Ses suites pour clavecin en attestent, mais également les suites orchestrales de son « Journal du Printemps » (publié sous ce titre en français). Celle qui est jouée ici _ la suite n°1 en ut majeur du Journal du printemps, de 1695 _ cite presque littéralement certaines danses d’opéras de Lully _ oui. Enfin, George Philipp Telemann, d’une génération plus jeune _  Magdebourg, 14 mars 1681 – Hambourg, 25 juin 1767 _, se réclame lui aussi du style français, bien que l’influence italienne soit aussi palpable.

Le cosmopolitisme des compositeurs de ce programme fait écho à la mosaïque de nationalités des musiciens qui constituent El Gran Teatro del Mundo. On sent chez les musiciens une belle complicité artistique et une parfaite connaissance de la danse _ un élément fondamental, toujours, du style français _ , ce qui donne beaucoup d’élan _ oui _ à cette interprétation _ tout à fait _ enjouée _ cf les appréciations similaires de mon article du 13 octobre dernier : . Le livret _ très intéressant _ nous signale_ en effet _ qu’ils utilisent des partitions réduites en basse et dessus _ à partir d’originaux pour orchestre _, comme éditées à l’époque, ce qui permet une très grande liberté _ oui _ dans les parties intermédiaires comme dans la réalisation de la basse continue _ absolument… On remarquera particulièrement ce que fait Julio Caballero Pérez au clavecin dans les conduits et parties improvisées, ainsi que la vélocité exceptionnelle du basson de Claudius Kamp. Dans la suite (TWV 55:Es4) de Telemann, un très beau solo de basse de viole, joué avec beaucoup de sensibilité par Bruno Hurtado Gosalvez et accompagné au théorbe, nous offre une magnifique respiration au milieu du tourbillon des danses. La Chaconne qui conclut la suite n°1 de Fischer est un modèle du genre, _ tout à fait _ comme on en trouve à la fin des tragédies lyriques de Lully. Au château de Rastatt, où Fischer était attaché à la cour du Margrave de Bade, l’illusion d’être à Versailles devait être parfaite, depuis l’architecture jusqu’à la musique.

Encore une réussite du projet Eeemerging+, qui repère et promeut les meilleurs ensembles européens de musique ancienne, et leur permet d’enregistrer leur premier disque dans la Collection Jeunes Ensembles du label Ambronay.

Georg Muffat (1653-1704) : Sonata n° 2 en sol mineur (de l’Armonico Tributo) ; Suite Nobilis Juventus, du Florilegium secundum I.

Johann Caspar Ferdinand Fischer (1656-1746) : Suite n° 1 en do majeur (du Journal du Printemps).

Georg Philipp Telemann (1681-1767) : Suite TWV 55.

El Gran Teatro del Mundo ; Julio Caballero Pérez, clavecin et direction artistique.

1 CD Ambronay.

Enregistré à Jujurieux en février 2021.

Livret anglais/français.

Durée : 68:24

Un CD absolument emballant !

qui sert magnifiquement le délicieux et dansant style français des « suiveurs » de Lully…

Ce jeudi 21 octobre 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

A propos de l’accessibilité discographique aux merveilles de Jean-Philippe Rameau et autres compositeurs d’opéras français d’opéras entre 1686 (« Armide » de Lully) et 1764 (« Les Boréades » de Rameau) : un sublime répertoire laissé en dormance…

20oct

Au plus éminent des ramelliens d’aujourd’hui,

voici un courriel exprimant une opinion sur d’éventuelles promesses de renouvellement discographique qui offrirait au grand public des mélomanes la possibilité tangible d’un peu plus facilement accéder aux trésors de la splendide musique d’opéra à la française,

d’œuvres produites entre l’Armide de Lully, en 1686, et Les Boréades de Rameau, en 1764.

Un répertoire splendide bien trop laissé en dormance…

Cher Patrick,

 
nul n’est mieux à même que toi de goûter les merveilles du CD que Reinoud Van Mechelen vient de consacrer à « Jeliote, haute-contre de Rameau » , le CD Alpha 753.
 
Voici l’article que je viens de lui consacrer sur mon blog :

Je suppose que tu connais déjà ce CD ;
et je serais bien sûr ravi de recueillir, concernant ce tout récent travail discographique, l’avis du plus éminent ramellien d’aujourd’hui !..
 
Au passage, il est aussi très intéressant de mesurer ici, grâce à ce très riche CD
_ au point qu’un second volume de ce répertoire chanté par Jélyotte, et dans Rameau, et dans ses contemporains, serait même tout à fait bienvenu ! Il y a très amplement matière pour… _,
ce que les compositeurs français contemporains de Rameau, ont pu apprendre très positivement concrètement de lui ;
de même que ce que ses plus ou moins immédiats prédécesseurs, après la mort de Lully, en 1687, ont pu apprendre ou inspirer, à Rameau lui-même, ce compositeur si essentiel…
Et c’est parfois sidérant !!!
 
Tout un riche pan, hélas trop mal connu jusqu’ici, parce que trop mal servi au concert comme au disque, de la si belle musique française de l’époque, commence encore timidement, par des choix de quelques airs, surtout, plutôt que par des intégrales d’opéras, à révéler ici un bout de ses trésors…
C’est passionnant !
 
 
Au passage, 
en un autre de mes articles,  en date du 17 octobre,
 
j’ai relevé une erreur d’attribution, en ce CD « Amazone » produit par Erato,
concernant, à la plage 9 de ce CD, trois extraits (Marche, Récits et le duo entre Thalestris et Hippolyte « Combattons, courrons à la gloire » _ duo interprété par Léa Désandré et Véronique Gens ; cf la vidéo de 2′ 40 _ de la mascarade « Les Amazones » , une mascarade donnée à Marly, pour Louis XIV, en 1700 ;
soient des pièces que les indications du CD accordent, mais c’est à tort, à André Danican Philidor (1652 – 1730), dit Philidor-l’aîné, le bibliothécaire et archiviste musical du roi Louis XIV,
alors que cette mascarade-ci, « Les Amazones », est en fait l’œuvre de son fils, Anne Danican Philidor (1681 – 1728), le créateur, en 1725, de l’institution si importante à Paris, entre 1725 et 1790, du Concert spirituel :
la dynastie des Philidor, de France, est bien moins repérée et connue que celle des Bach, d’Allemagne ; non seulement du grand public, mais même et surtout de certains musicologues ; ce qui est évidemment fâcheux et gênant…
Un tel manque de professionnalisme de la part de l’auteur-signataire du programme de ce CD, est bien triste !
Il se trouve que _ conseiller artistique de La Simphonie du Marais _ j’avais participé, début juillet 1995, à l’enregistrement, à la Maison de la Radio, à Paris, du CD _ instrumental seulement : vierge de pièces vocales chantées… _ d’Hugo Reyne et La Simphonie du Marais « Marches, fêtes et chasses pour Louis XIV », d’André Danican Philidor _ cf le récit que j’en donne en mon article du 25 juin 2020 :
 
J’ai donc joint Hugo au téléphone, et nous avons convenu de l’incuriosité bien trop répandue aujourd’hui _ à quelques heureuses exceptions près ; tel, par exemple, à mes yeux (et oreilles !) du moins,  l’exemplaire travail du violoniste Johannes Pramsohler, en son très intéressant label discographique Audaxde pas mal d’interprètes d’aujourd’hui,
le plus souvent davantage obnubilés par la dure pression de leur carrière, de leur com, et de leur buzz, que soucieux d’une recherche musicologique vraiment approfondie et tant soit peu sérieuse…
 
Cependant, un des grands mérites de ce très réussi CD « Amazone » de Léa Désandré et Thomas Dunford, est de participer, lui aussi, à un début de redécouverte, au moins au disque, de ce même merveilleux répertoire français _ si extraordinairement fin et délicat _, de Lully à Rameau,
que celui auquel nous fait accéder le magnifique CD « Jeliote, haute-contre de Rameau » de Reinoud Van Mechelen ;
avec, notamment, de très beaux extraits (aux plages 11, 13 et 16 de ce CD « Amazone ») de « Marthésie, première reine des Amazones », d’André-Cardinal Destouches (1672 – 1749), tragédie en musique créée à Fontainebleau le 16 octobre 1699…
Le CD, plus décevant, lui _ en sa réalisation _, « Passion », de Véronique Gens, m’a toutefois permis de découvrir _ ou re-découvrir _ certains airs de Pascal Collasse (1649 – 1709), extraits d’ « Achille et Polyxène » (1687) et « Thétis et Pélée » (1689) ;
ainsi que certains airs de Henry Desmarets (1661 – 1741), extraits de « La Diane de Fontainebleau » (1686) et « Circé » (1694).
 …
Collasse et Desmarets,
deux vraiment magnifiques compositeurs dont Hugo Reyne et La Simphonie du Marais avaient commencé à explorer les œuvres, en leurs très beaux CDs de 1995-96 : « Un Portrait musical de Jean de La Fontaine », pour ce qui concerne Collasse _ avec le sublime air du suicide d’Astrée, chanté ici par Isabelle Desrochers, extrait du merveilleux opéra « Astrée » de Collasse, sur un livret de La Fontaine, créé à l’Académie Royale de Musique, à Paris, le 25 novembre 1691… _, et « La Diane de Fontainebleau », pour ce qui concerne Desmarets…
Certes ni Collasse, ni Desmarets, non plus que Destouches, ne peuvent être considérés comme des compositeurs contemporains de Rameau (1693 – 1764), mais plutôt comme des prédécesseurs ;
il n’empêche que l’infiniment précieuse et délicate transmission musicale au sein de la musique française _ bien distincte de ce qui se passait au même moment en Italie, ou en Allemagne _ entre les décès de Lully (en 1687) et de Rameau (en 1764), est tout à fait passionnante ;
et encore bien trop peu servie au disque…
Et la quasi absence de Collasse au catalogue discographique constitue, à mes yeux, une énorme injustice…

Ce mercredi 20 octobre 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

P. s. :

cf aussi mon article du 17 septembre dernier : 

L’immense Edita Gruberova nous a quittés hier : « Vorrei spiegarvi, oh Dio »…

19oct

Edita Gruberova (Bratislava, 23 décembre 1946 – Zurich, 18 octobre 2021), immense soprano colorature, vient de nous quitter.

Sa voix, unique, et son art, irremplaçable, ne sont pas près d’être oubliés…

Que l’on écoute simplement son interprétation extraordinaire du sublime air de Mozart « Vorrei spiegarvi, oh Dio » (K. 418), sous la direction de Nikolaus Harnoncourt, avec l’Orchestre de chambre d’Europe, en 1991…

Un CD Teldec mémorable : 9031- 72302-2…

Une présence exceptionnelle : oui.

Comme l’a très bien analysé ce matin, sur France-Musique, Richard Martet, en dialogue avec Jean-Baptiste Urbain

Merci, Madame…

Ce mardi 19 octobre 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

La merveille Jelyotte (1713 – 1797) magnifiquement servie par Reinoud Van Mechelen : le joyau de musique que constitue le CD « Jéliote, haute-contre de Rameau » (CD Alpha 753)

18oct

Pour qui se réjouit de voir ces moments-ci la musique baroque française des siècles des rois Bourbon (Henri IV, Louis XIII, Louis XIV, Louis XV, Louis XVI) enfin, certes depuis très peu, un peu mieux servie, et au concert, et au disque,

le CD « Jéliote, haute-contre de Rameau« , soit le CD Alpha 753, vient très heureusement constituer un merveilleux et rafraîchissant moment de musique,

très fort et très élevé…

Une formidable réussite !

Le chanteur ténor haute-contre oloronais Pierre Jelyotte (Lasseube, 13 avril 1713 – Estos, 12 octobre 1797), en effet,

représente la perfection _ admirable ! _ du chant français à l’époque de Rameau (Dijon, 25 septembre 1683 – Paris, 12 septembre 1764), et de ses contemporains,

sous le règne de Louis XV

_ cf au passage mon tout récent article, du 16 octobre dernier, à propos de l’histire de la voix de ténor :

Le CD comporte 7 airs _ magnifiques _ de Jean-Philippe Rameau,

extraits de

Hippolyte et Aricie (1733),

Dardanus (version de 1744),

Platée (1745),

Le Temple de la gloire (1745 aussi),

Castor et Pollux (1737)

et Les Boréades (une oeuvre splendide achevée en 1764, mais non représentée alors du fait du décès subit de Rameau ; l’œuvre sera créée à Aix-en-Provence seulement en 1982…) ;

mais aussi 9 autres airs

tirés d’œuvres de 9 compositeurs contemporains de Rameau :

_ de François Colin de Blamont (1690 – 1760) : Les Fêtes grecques et romaines (1723) ;

_ de François Rebel (1701 – 1775) et François Francœur (1698 – 1787) : Scanderberg (1735) ;

_ de Charles-Louis Mion (1698 – 1775) : Nitétis (1741) ;

_ de Jean-Marie Leclair (1697 – 1764) : Scylla et Glaucus (1746) ;

_ d’Antoine Dauvergne (1713 – 1797) : Les Amours de Tempé (1752) ;

_ de Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville (1711 – 1772) : Daphnis et Alcimadure (1754) ;

_ de Pierre-Montan Berton (1727 – 1780) : Érosine (1765) ;

_ de Jean-Benjamin de La Borde (1734 – 1794) : Ismène et Isménias (1763) ;

ainsi qu’un air de Zélisca, une comédie-ballet de Jelyotte lui-même, créée à Versailles le 17 mars 1746…

Le programme ici réuni est absolument splendide ;

et l’interprétation qu’en donne ici Reinoud Van Mechelen, avec l’ensemble A Nocte Temporis, proprement admirable…

C’est toute la foisonnante et rayonnante vie de l’opéra français sous Louis XV qui reprend vie, ici, pour nous…

Soit carrément un CD de 80′ pour l’île déserte…

J’en avais rêvé depuis longtemps, Reinoud Van Mechelen vient de le réaliser !

Et maintenant j’attends un second CD de Reinoud Van Mechelen, avec d’autres airs aussi superbes que Rameau et ses contemporains ont composés pour le merveilleux Jélyotte ;

il y a matière fort abondante pour cela… 

Ce lundi 18 octobre 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

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