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Les merveilleuses porcelaines vives de Carl-Philipp-Emanuel Bach, malencontreusement écrabouillées par la balourdise pataude d’un troupeau d’éléphants berlinois : une très maladroite fausse audace d’interprétation, à contresens de ce jubilatoire chef d’oeuvre orchestral du filleul et digne successeur de Georg-Philipp Telemann à Hambourg…

06avr

Dans  la continuité de mon article enthousiaste «  « ,

c’est non sans stupeur et carrément grave irritation que je découvre la très injuste appréciation portée à l’encontre de ce magnifique CD « Carl-Philipp-Emanuel Bach – The Hamburg Symphonies Wq 182 » de the Orchestra of the Eighteenth Century, le CD Glossa GCD 921124,  dans le numéro 732 de ce mois d’avril 2024, à la page 73, par un critique aux étranges oreilles, à l’occasion d’un Diapason d’Or décerné par le magazine Diapason à un CD concurrent, le CD « Carl-Philipp-Emanuel Bach – Symphonies from Berlin to Hamburg » de l’Akademie für Alte Musik Berlin, soit le CD Harmonia Mundi HMM 902317 :

« Quatre symphonies de Hambourg (Wq 182) _ en l’occurrence les n° 1, 3, 4 et 5 de cet ensemble de six… _ manquaient encore à l’appel ; les voici ! Et si celles ont pu échapper (wow !) à des ensembles réputés, comme l’ont hélas (!!) démontré _ pas moins ! _ Gli Incogniti (HM, cf. Diapason n° 700) et l’Orchestre du XVIIIe siècle (Glossa, cf. Diapason n° 731 _ »L’audace, on la cherchera ici en vain. L’Orchestre du XVIIIe siècle propose une lecture certes propre, réfléchie, mais dépourvue d’angles saillants, défaut renforcé par une captation trop globale « , écrivait ainsi le mois précédent le même Jean-Christophe Pucek… _), elles constituaient un terrain d’élection pour nos Berlinois, dont l’audace, le goût pour les contrastes marqués font mouche _ lire ici la merveilleuse fable de Jean de La Fontaine : « L’Ours et l’amateur de jardins » _ dans cette musique.« 

Alors que l’interprétation de the Orchestra of the Eighteenth Century est d’une merveilleuse finesse _ et parfaite justesse ! _,

celle des Berlinois est tout simplement, bien tristement, celle d’éléphants grossiers et indélicats dans les allées d’un magasin de porcelaines…

Désireux d’en apporter ici une éclatante illustration par les oreilles, en comparant par exemple le tout début Allegro di molto de la Sinfonia n°1 en Sol Majeur Wq 182/1 par chacun de ces deux ensembles, dans le CD Glossa GCD 921134 et dans le CD Harmonia Mundi HMM 902317, c’est hélas en vain que j’en ai recherché des podcasts ou vidéos accessibles du moins aujourd’hui sur youtube…

Tout au plus ai-je réussi à mettre la main sur une vidéo de l’excellent, lui, Dave Hurwitz sur le site Classics-Today en date du 23 novembre 2023, commentant, enthousiaste, l’admirable, pour lui aussi _ « absolutly beautiful«  et « the best« , y déclare-t-il… _, CD Glossa de l’Orchestre du XVIIIe siècle : 

la voici donc, cette vidéo de Dave Hurwitz, elle est d’une durée de 7′ 04 ; mais elle ne comporte hélas pas d’extraits musicaux de ce merveilleux CD Glossa… 

Bref,

un bien faussement audacieux, mais à complet contresens hélas, enregistrement berlinois, pour un chef d’œuvre majeur, en 1777, de l’immense Carl-Philipp-Emanuel Bach (Weimar, 8 mars 1714 – Hambourg, 14 décembre 1788),

digne successeur à Hambourg de son parrain le jubilatoire, lui aussi en son œuvre orchestrale, Georg-Philipp Telemann (Magdebourg, 14 mars 1781 – Hambourg, 25 juin 1767) :

un CD HMM à vivement déconseiller par conséqnent…

Ce samedi 6 avril 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Comparer deux interprétations de la Suite pour orchestre n° 2 en si mineur BWV 1067 de Johann-Sebastian Bach : par d’une part The Orchestra of the Eighteenth Century, en 2021, et d’autre part Les Muffatti, en 2023…

30mar

Le vif plaisir éprouvé à l’écoute toute récente du CD Glossa GCD 921134 « Carl-Philipp-Emanuel Bach – The Hamburger Symphonies Wq 182 » par le décidément toujours épatant Orchestra of the Eighteenth Century _ cf mon article «  » du 17 mars dernier _, m’a conduit à commander très vite les dernières réalisations de cet orchestre, dont le CD Glossa GCD 921130 « The Hidden Reunion« …

Or ce CD comporte notamment la « Suite pour orchestre en si mineur n° 2 BWV 1067 » de Johann-Sebastian Bach.

Et il se trouve que mes disquaires préférés m’ont chaudement recommandé le CD Ramée RAM 2301 « Bach Triple » réalisé par Les Muffatti ; lequel CD se trouve comporter cette même « Suite pour orchestre en si mineur n° 2 BWV 1067 » de Johann-Sebastian Bach…

De fait, la comparaison de ces deux interprétations, la première enregistrée au mois d’août 2021, et la seconde au mois de mai 2023, se proposait donc à moi.

Eh bien ! la première, par un ensemble de 25 musiciens _ avec Marc Destrubé, au violon concertmaster _, s’impose d’elle-même, par sa vie, sa fluidité, son élégance et sa joie pure _ la toute simple évidence du bonheur de se retrouver afin de jouer ensemble ; écoutez-en ici la Badinerie finale… _, sur la seconde, plus lourde et même triste, par un ensemble pourtant de 15 musiciens seulement…

Et dans le n° 732 de ce mois d’avril 2024 du magazine Diapason, chroniquant ce CD Ramée « Bach Triple » des Muffatti, à la page 73, Loïc Chahine déclare ceci, à propos spécialement de leur interprétation _ regardez-ici cette vidéo de la Polonaise _ de cette Suite en si mineur :

« Tout augurait du meilleur. Il faut pourtant passer sur une Suite en si mineur décevante – lecture assez scolaire, en mal d’imagination : écoutez le Rondeau, systématique, la Badinerie plus vainement agitée que badine. La flûte, curieusement paraît plus d’une fois à la peine.« 

Et c’est là exactement ce que j’ai moi aussi éprouvé.

Dans ce CD Ramée RAM 2301 « Bach Triple » des Muffatti, comme l’estime lui aussi en son article de Diapason Loïc Chahine, c’est bien le triple Concerto pour Traverso, Violon, Clavecin, Cordes  et Basse Continue en la mineur BWV 1044, qui fait l’intérêt majeur de cet enregistrement de l’Ensemble des Muffatti, avec Frank Theuns, au Traverso, Sophie Gent, au violon et Bertrand Cuiller au clavecin ; 

et c’est fort justement que Loïc Chahine parle à propos de cette œuvre-ci de Bach « d’un impérieux sens du tragique« , et à propos de son interprétation en ce CD des Muffatti, de « sommet de l’album » :

« À son meilleur, l’orchestre déploie des teintes sombres, inquiétantes dans le redoutable BWV 1044, et alimente un dialogue soutenu. Carl-Philipp-Emanuel Bach n’est pas loin, comme en témoigne l’allure empfindsam de l’Adagio ma non tanto e dolce auquel le violon de Gent , presque « altisant », confère une couleur automnale très en rapport avec les cieux tourmentés des deux autres mouvements. Sommet de l’album, distillant mystères et angoisses, cette version offre une alternative de choix à celle, plus vive, du Café Zimmermann (Alpha)« . C’est fort bien vu.

Et pour ma part,

à ce programme choisi par Les Muffatti comportant cette « Suite pour orchestre en si mineur n°2 BWV 1067 » de Johann-Sebastian Bach,  je préfère l’esprit bien plus ludique, fluide et heureux de naturel animant le choix du programme, comme de l’interprétation, du CD « The Hidden Reunion » de l’Orchestra of the Eighteenth Century _ heureux tout simplement de se retrouver pour jouer de nouveau ensemble après les confinements de l’épidémie de Covid… _,

associant, lui, à cette belle « Suite n°2 BWV 1067« , ainsi qu’au « Concerto brandebourgeois n° 6 BWV 1051« , de Johann-Sebastian Bach, la lumineuse et tendre « Suite pour viole de gambe et cordes en ré majeur TWV 55:D6  » de _ l’heureux de tempérament ! _ Georg-Philipp Telemann _ le parrain de Carl-Philip-Emanuel Bach, dont Georg-Philipp fera l’héritier de son poste à Hambourg… _,

un Telemann jamais aussi épanoui et splendide que dans ses inventives et généreuses Suites pour orchestre, d’esprit de civilisation ludique et accompli, en douceur et naturel, si français…

Dont acte.

Ce samedi 30 mars 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un nouveau superbe opus de l’Ensemble Diderot et Johannes Pramsohler : le CD « Sonate a quattro – Goldberg – Fasch – Handel – Janitsch – Telemann »…

29oct

Pour son label Audax Records,

le violoniste, et chef de son excellent Ensemble Diderot _ composé aussi, ici, de Roldan Bernabé, violon, Alexandre Baldo, alto, Gulrim Choï, violonecelle et Philippe Grisvard, clavecin… _, Johannes Pramsohler, nous gratifie cette fois encore _ cf par exemple, et parmi pas mal d’autres, mon article du 7 décembre 2021 : « « … _ d’un vraiment superbe CD :

le CD « Sonate a quattro – Goldberg – Fasch – Handel – Janitsch – Telemann » (Audax ADX 11202),

dans lequel, cette fois, celui-ci met en valeur les prémices de ce qui va bientôt devenir le Quatuor à cordes du bientôt « classicisme« , non plus en Allemagne même, mais à Vienne, cette fois ;

même si nous n’en sommes pas encore tout à fait là :

Johann-Gottlieb Goldberg décède en 1756, Johann-Friedrich Fasch en 1758, George-Frideric Handel en 1759, Johann-Gottlieb Janitsch, en 1762 et Georg-Philipp Telemann, en 1767…

 

Ce dimanche 29 octobre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Retour sur un aspect du volet religieux de l’oeuvre de Georg-Philipp Telemann : son « Das befreyt Israel » de 1759…

08avr

En quelque sorte en complément à mon article «  » du vendredi 10 mars dernier,

avant-hier 6 avril,

et à propos de ce même CD Passacaille Telemann – Rolle « Die Befreiung Israels » _ PAS 1132 _, par l’Ensemble Il Gardellino, sous la direction de Peter Van Heyghen, que je chroniquais le mois dernier,

sur son site Discophilia Jean-Charles Hoffelé a donné un article, intitulé « Israel libéré« , qui fait entendre un son de cloche un peu différent.

ISRAEL LIBÉRÉ

Belle idée, regrouper la cantate festive que Telemann écrivit sur le texte de Wilhelm Zacharia et celle de son cadet de trente-quatre ans, Johann Heinrich Rolle. Le second est bien oublié : Die Befreiung Israels, enregistré il me semble en première mondiale, prêche pour qu’on le découvre.

Kappellmeister de la ville de Magdebourg, Rolle serait-il un des maîtres oubliés de l’Empfindsamkeit en musique ? L’invention mélodique, le raffinement des couleurs, les éclairs dramatiques et la profondeur des élégies, tout semble en faire le frère de Carl Philipp Emmanuel Bach. L’œuvre est superbe, abonde en surprises (Rolle indique « Ein musikalisches Drama » là où Telemann préfère « Ein musikalisches Gedicht »), dévoile un génie mélodique certain, c’est la révélation de ce beau disque porté par des solistes visiblement amoureux de l’œuvre, Peter van Heyghen en soulignant les contrastes.

En comparaison l’opus de Telemann semblera bien convenu, pris dans la gangue stylistique du siècle précédent, la belle bande fait tout ce qu’elle peut pour lui donner l’élan qu’il n’a pas vraiment, mais du moins une merveille paraît : l’ultime air de la soprano porté par les pizzicatos et les flûtes, chanté avec art par Miriam Feuersinger.

LE DISQUE DU JOUR

Georg Philipp Telemann(1681-1767)


Das befreite Israel, TWV 6:5


Johann Heinrich Rolle
(1716-1785)


Die Befreiung Israels,
WacR I:11

Miriam Feuersinger,
soprano
Elvira Bill, mezzo-soprano
Daniel Johannsen, ténor
André Morsch, basse
Sebastian Myrus, basse

il Gardellino
Peter van Heyghen, direction

Un album du label Passacaille PAS1132

Photo à la une : © DR

Alors, qu’on écoute les œuvres ainsi interprétées… 

 

Ce samedi 8 avril 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

La joie Telemann (Suite) : le CD « Suites & Concerto » de l’Altberg Ensemble, dirigé par Peter Van Heyghen…

31mar

La personnalité magnifiquement généreuse de Georg-Philipp Telemann (Magdebourg, 14 mars 1681 – Hambourg, 25 juin 1767) irradie à foison sa superbe musique…

Aujourd’hui le CD _ polonais, Dux _ « Suites & Concerto » _ le CD DUX 1761 _ de l’Ensemble Altberg placé sous la direction de l’excellent Peter Van Eyghen _ cf cet article mien du 10 mars dernier « « , consacré à son très réussi, lui aussi, CD Telemann, avec cette fois l’Ensemble Il Gardellino placé sous sa fine et très alerte direction, le CD Passacaille PAS 1132 « Die Befreiung Israels«  _, en fait à nouveau foi ;

avec  un programme de trois superbes très festives Suites _ en ré majeur TWV 55: D18, en la mineur TWV 55: a4, et en ré majeur TWV 55: D23 _ et un Concerto _ « Polonois« , en sol majeur TWV 43 G7… _ dans lequel abondent, en effet, les airs polonais,

que Telemann a découverts et beaucoup appréciés lors de ses séjours _ en sa jeunesse, en 1705-1706 : il avait 24 et 25 ans, et voyageait déjà pas mal… _ à Sorau (Zary), Cracovie et Pless (Pszczyna), en Pologne…

Sur les 600 et quelques Suites pour orchestre que Telemann a écrites,

134 nous sont parvenues :

nous avons donc, encore, l’embarras du choix, et le plaisir vraiment renouvelé, surtout, de la surprise, tant Telemann s’enchante à constamment découvrir et se renouveler, voilà, dans la joie la plus communicative _ alliée à la finesse et l’élégance (françaises de ce genre bien français qu’est la Suite…), aussi… _ et la fête des sens et de l’esprit…

Et Peter Van Eyghen sait magnifiquement conduire sa troupe polonaise ici, l’Altberg Ensemble, sur ce très festif chemin qui est celui des merveilleusement dynamiques Suites de Telemann…

Ce vendredi 31 avril 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

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