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L’Entretien magnifique de Karol Beffa avec Francis Lippa à la Station Ausone, à Bordeaux, le 25 mars 2022, à propos de son passionnant « L’Autre XXe siècle musical » : artisanat, singularités, hédonisme, en un panorama considérablement élargi et ouvert, et infiniment plus juste et heureux, de la création musicale au XXe siècle…

07avr

Vient d’être très heureusement publié sur le site de la Librairie Mollat

la vidéo du très bel Entretien que le compositeur décidément important d’aujourd’hui qu’est Karol Beffa (né en 1973) a eu, le vendredi 25 mars dernier, à la Station Ausone de la Librairie Mollat à Bordeaux, avec le mélomane passionné qu’est Francis Lippa (né en 1947), vice-président de la Société de Philosophie de Bordeaux,

afin de chercher à creuser un peu plus avant encore en les lucidissimes analyses que Karol Beffa a superbement développées et détaillées en son très remarquable et nécessaire _ et à poursuivre ! J’attends impatiemment un volume 2… _ « L’Autre XXe siècle musical« , qui vient de paraître aux Éditions Buchet-Chastel…

À l’initiative de Francis Lippa, et en ouverture de la saison 2016-2017 de la Société de Philosophie de Bordeaux, un précédent Entretien de Francis Lippa et Karol Beffa, intitulé, lui, « Ce que nous fait la musique », avait eu lieu en cette même Station Ausone le mardi 11 octobre 2016…

Car écouter l’intelligence si sensible de Karol Beffa, son intelligence toujours mesurée et parfaitement argumentée _ Karol Beffa est en effet aussi un admirable pédagogue _, d’une très grande justesse en les nuances qu’il sait détailler avec une éloquente simplicité en ses lucidissimes _ j’insiste là-dessus _ analyses, est, chaque fois, un irremplaçable plaisir _ cf mon article détaillé du 1er juin 2016 «  » que j’avais développé suite à notre rencontre du samedi 28 mai au Festival Philosophia de Saint-Emilion, où je venais de savourer l’excellent Entretien que Karol Beffa venait d’avoir avec Hélène Lastécouères sur le sujet, bien sûr fondamental, qu’est « Création et créativité« 

À ce passionnant Entretien de ce vendredi 25 mars dernier à la Station Ausone,

d’une durée de 53′ _ sans une seule seconde d’ennui ou de redondance ! _,

je me permets de joindre ici, et bien sûr en toute modestie _ je n’aime pas du tout me mettre en avant ; l’art (bien français) de la conversation amicale, tel que l’a superbement analysé Marc Fumaroli en son « L’Art de la conversation« , consistant, et avec le plus grand naturel possible, à seulement mettre en valeur et faire briller son interlocuteur _ un commentaire que par courriel m’a adressé, en retour de mon envoi de cette vidéo, et après attentif visionnage, mon lucidissime ami René de Ceccatty _ un maître, lui aussi, tout comme Karol Beffa, tant de l’analyse la plus fine que de la synthèse la plus lumineuse... _

Cher Francis, j’ai vu et entendu ce très bel entretien d’une grande clarté, d’un grand naturel et d’une parfaite entente entre vous. Tu es (ce n’est pas une découverte pour moi…) vraiment l’interlocuteur idéal, érudit, pénétrant et discret, et admiratif, ce qui stimule évidemment ton invité, du reste assez modeste, mais maîtrisant parfaitement son sujet et ses prises de position.
J’avais lu un essai de lui publié par le Seuil _ il s’agit de « Parler, composer, jouer _ 7 Leçons sur la musique« , ces lumineuses Leçons données par Karol Beffa au Collège de France, dont j’avais données à regarder les vidéos en mon article du 1er juin 2016 ; mais qui ont hélas cessé d’être accessibles en ces liens aux vidéos, je viens de le constater… Il est nuancé, jamais sectaire, partisan de l’hybridation musicale… Quel génie musical n’a pas puisé dans les cultures populaires et même exotiques ? Car la vraie musique est au-delà de tous les genres. Il y a une impasse du modernisme et de l’avant-garde quand ils se proclament et se célèbrent eux-mêmes, car loin d’être novateurs ils sont piégés par le néo-académisme. Malgré son génie de chef d’orchestre et du reste d’orchestrateur, Boulez est tombé à pieds joints dans ce piège ! Et pourtant c’était un homme curieux et d’une certaine générosité.
J’envoie le lien à mon frère _ Jean Pavans, mélomane lui aussi passionné _ qui sera ravi, j’en suis sûr.
Et je commande le nouveau livre de Karol Beffa.
Avec mon amitié
René
J’espère que tu gardes précieusement tous tes entretiens qui mériteraient d’être retranscrits _ un bien utile conseil d’ami...

Voilà donc une très précieuse contribution à une meilleure connaissance d’un panorama élargi et considérablement plus ouvert _ et heureux ! _ de la musique au XXe siècle,

face à l’étroitesse ronchonne, grise et triste, des sectateurs d’un purisme moderniste acétique un moment hégémonique dans les institutions musicales en France, très éloigné des goûts du public des mélomanes, au risque de tarir la composition de musique d’exigence de qualité en France…

….

Mais le vent a commencé de très heureusement tourner…

Un immense merci, donc, à Karol Beffa, et à son œuvre ouverte et, somme toute _ en ses diverses très riches modalités, et in fine _, heureuse, en toute sa très humaine modestie, et son goût généreux du partage… 

Ce jeudi 7 avril 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le flamboyant CD « Baritenor » du parfait Michael Spyres, admirable en son exploration des registres de voix entre ténor et baryton…

22oct

En quelque sorte en suite de mon article du samedi 16 octobre dernier :

et pour commencer,

avant d’apporter un commentaire plus singulier,

je désire enrichir de remarques en quelque sorte « complémentaires« _ en vert _, l’article (chronique d’album) très riche et très juste qu’Elodie Martinez vient de consacrer _ sur Opera Online _ à son écoute du merveilleux travail _ incroyablement varié _ de Michael Spyres

en son merveilleux CD « Baritenor » (Erato 0190295156664)…

Voici donc, cet article,

agrémenté de mes farcissures personnelles (en vert) :

Chronique d’album : « Baritenor », de Michael Spyres

Xl_baritenor………Avec son dernier disque chez Erato (Warner Classics _ 0190295156664 _), Baritenor, Michael Spyres s’attaque à ce registre particulier _ de voix _ aux côtés de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg dirigé par Marko Letonja. En regroupant dix-huit airs et quinze compositeurs s’étendant sur trois siècles d’opéras italiens, français et allemands _ de Idomeneo, de Mozart, créé à Munich le 29 janvier 1781, à Carmina Burana, de Carl Orff, créé à Francfort le 8 août 1937 _, l’artiste offre un enregistrement anthologique _ très large et varié _ dans lequel sa voix exceptionnelle _ vraiment ! _ enchante _ oui ! _ et se teinte de mille couleurs _ voilà… _, comme peut-être seul _ probablement… _  Michael Spyres peut le faire aujourd’hui….

Il faut dire qu’il n’est pas donné à tout le monde _ certes _ de pouvoir faire _ ainsi _ l’écart entre les registres de ténor et de baryton. Mais qu’est-ce qu’un baryténor ? C’est justement la question posée _ et excellemment traitée _ dans le livret, et à laquelle le principal intéressé répond en plusieurs _ au nombre de 5 _ pages, expliquant notamment qu’il est « d’avis que le baryténor est un phénomène oublié, qui depuis que l’opéra existe se cache à la vue de tous au sein de différents ouvrages ». Il retrace _ superbement _ l’histoire de cette voix ample et malléable depuis le XVIIIe siècle _ depuis le baryton-martin de Jean-Blaise Martin (Paris 24 février 1728 – Ternand, 27 octobre 1837) _, démontrant qu’il existe une tradition _ cachée, et méconnue _ de baryténor dans les partitions qui s’est malheureusement étiolée avec le temps. Le terme convient pourtant fort bien à Michael Spyres, d’abord baryton, ayant souhaité devenir ténor après avoir découvert à 21 ans _ en 2000 : Michael Spyres est né en 1979 _ Chris Merritt et Bruce Ford. Il lui aura « fallu cinq ans, à raison de quatre à six heures de travail quotidien, pour y parvenir » _ en 2005 _, selon ses mots lors d’une interview pour France Musique.

Après des années à chercher sa voix de ténor, il est aujourd’hui l’une des voix les plus saisissantes du moment _ voilà : qu’on écoute ce CD ; mais qu’on écoute aussi sa superlative interprétation du Don Ottavio (ténor superlatif !) du Don Giovanni de Mozart à Salzbourg, cet été, sous la direction de Teodor Currentzis ; cf, entre plusieurs autres articles que j’ai consacrés à  Michael Spyres, mon article (avec un lien à la vidéo de l’intégralité de l’extraordinaire spectacle de ce Don Giovanni de Salzbourg 2021 !) du 10 août 2021 : … ; ou celui du 18 août suivant :  _, capable de graves impressionnants pour un ténor, mais aussi d’atteindre des aigus habituellement inaccessibles à un baryton _ mais la performance de Michaël Spyres est bien loin de se réduire à de pures prouesses techniques vocales ; son génie, si fin et délicat de l’interprétation-incarnation des personnages des opéras, est encore plus profond… Difficile dès lors de ne pas être conquis _ certes ! _ par un _ tel merveilleux _ disque, soulignant l’impressionnant _ oui _ ambitus _ un critère quantitatif _ du chanteur et ses infinies _ exceptionnelles _ nuances _ qualitatives, surtout ; et là est bien le principal… D’autant que le programme est riche _ oui _ et _ très _ réjouissant, mais aussi _ parfaitement _  pédagogue _ absolument : Michael Spyres ayant le plus grand souci de la justesse d’intelligence d’écoute du public, à la scène comme au disque… Baritenor s’ouvre ainsi par « Fuor del mar », de l’Idomeneo de Mozart _ rôle créé à Munich le 29 janvier 1781, pour la première de cet Idomeneo de Mozart, par l’immense ténor Anton Raaf (1714 – 1797) _, et sa musique vive capte instantanément l’auditeur : Michael Spyres a cette capacité de raconter _ excellemment _ ce qu’il chante _ oui ! _, de transmettre la psychologie et l’histoire de la partition _ voilà. Le disque poursuit avec un extrait des Noces de Figaro, « Hai gia vinta la causa », plus sombre dans la partition du personnage _ du comte Almaviva _, tandis que l’air de Don Giovanni « Deh, vieni alla finestra », lui aussi superbement interprété, se révèle charmant et charmeur _ deux rôles pour baryton… Retour au registre de ténor avec « Ô Dieux ! écoutez ma prière » de _ l’Edgard de _ l’Ariodant de Méhul _ créé le 11 octobre 1799, à Paris, avec Jean-Pierre Solié dans le rôle d’Edgard _, enregistré _ ici _ en première mondiale _ en effet, l’édition discographique est loin d’exploiter toute la richesse du grand patrimoine musical français… Il s’agit également de la première incursion _ en ce CD ; mais pas dans la discographie de Michael Spyres ; cf par exemple ses magnifiques Troyens (en 2017) et Damnation de Faust (en 2019), de Berlioz, avec John Nelson, toujours pour Erato… _ de l’artiste _ qu’est Michael Spyres _ dans le registre français qu’il sert à merveille _ oui ! _ et où il excelle _ vraiment ! _ : la diction _ si fondamentale pour tout le chant français… _ est superbe _ absolument ! Les élans musicaux _ oui _ sont ici comme des vagues déferlantes et viennent happer l’auditeur, tandis que le cœur est saisi de pitié. Cette perfection de la diction se retrouve dans tout le disque _ oui _, et notamment dans la _ bouleversante _ version française de Lohengrin et de son « Aux abords lointains ».

Le « Largo al factotum » (le podcast a une durée de 5′ 13) de Figaro (Le Barbier de Séville) est particulièrement savoureux _ oui _  : jouant avec les multiples couleurs de sa voix _ ici en registre de baryton _, Michael Spyres l’ensoleille, l’assombrit, lui confère une palette chromatique époustouflante _ voilà ! _, et s’amuse à prendre des voix différentes. Le jeu et l’interprétation transpirent _ avec grâce _ à chaque seconde, pour rendre l’air particulièrement vivant _ comme il convient parfaitement au personnage de Figaro...

L’impression de saisir un tableau en cours d’exécution se retrouve également dans les _ superbes et marquants _ extraits d’Otello _ de Rossini : créé le 4 décembre 1816, à Naples, avec le grand ténor Andrea Nozzari (1776 – 1832) dans le rôle d’Otello _ qui permettent d’entendre aussi en second plan le Iago de Sangbae Choï, mais aussi le chœur de l’Opéra national du Rhin, qui intervient à plusieurs reprises dans le disque, comme « Mes amis, écoutez l’histoire » (Le Postillon de Lonjumeau _ créé à Paris le 13 octobre 1836, avec Jean-Baptiste Chollet (1798 – 1892), ici ténor, dans le rôle de Chapelou _), « Pour mon âme » (qui suit « Ah mes amis, quel jour de fête ! », de La Fille du régiment _ créé à Paris le 11 mars 1840, avec le ténor Mécène Marié de l’Isle (1811 – 1879) dans le rôle de Tonio  _) ou encore « Va pour Kleinzach ! » (Les Contes d’Hoffmann _ créé à Paris le 10 février 1881 _). À la fois puissant et homogène, le chœur offre ainsi un beau répondant au baryténor, qui poursuit son voyage dans ce large registre. Si l’on apprécie les rôles aujourd’hui traditionnellement proposés aux barytons, le registre de ténor n’est pas en reste avec « Mes amis, écoutez l’histoire » qui déploie des aigus sans cassure entre les graves et les mediums. Quant à la couleur solaire et mordorée de l’extrait de La Fille du régiment, elle gomme _ mais oui _ l’impression d’effort que l’on ressent parfois dans la montée en force _ que n’avait pas réussie Marié de l’Isle le soir de la création, le 11 mars 1840… _, et elle convoque les souvenirs de certaines des plus grandes voix désormais immortelles.

Son Hoffmann prend une couleur ombragée, noire, et noble, avant que son Lohengrin français ne s’engouffre dans le romantisme wagnérien. La langue allemande est aussi présente avec « O Vaterland du machst bei tag »… « Da geh ich zu Maxim » (La Veuve joyeuse) et clôture _ avec une extraordinaire intensité _ le disque avec « Glück, das mir verblieb » (La Ville morte _ créée à Hambourg le 4 décembre 1920, avec le ténor Richard Schubert (1885 – 1959) dans le rôle de Paul _). Là aussi, la voix caméléon de Michael Spyres lui permet de briller _ merveilleusement ! _ et de s’inscrire comme une évidence _ absolument ; quel artiste !!!

Le livret permet non seulement de découvrir les mots de Michael Spyres, d’en apprendre davantage sur ce qu’est un baryténor et l’histoire de ce type de voix _ et c’est tout à fait passionnant ! _, mais il offre aussi les textes traduits des airs – non pas dans leur ordre d’écoute, mais en les regroupant par langue (à l’exception de « Voilà ce que j’appelle une femme charmante » _ de L’Heure espagnole, de Maurice Ravel _ intercalé entre deux textes allemands, ce qui semble être une erreur). Un système de couleur, à la fois simple et ingénieux _ en blanc, pour la voix de ténor, et en bleu, pour la voix de baryton _, permet par ailleurs _ en effet _ d’identifier quels airs relèvent de la tessiture de baryton ou de ténor.

Un mot enfin sur l’Orchestre philharmonique de Strasbourg _ déjà présent pour les superbes enregistrements discographiques de Michael Spyres des Troyens et de La Damnation de Faust, de Berlioz : sous la direction de John Nelson, en 2017 et 2019… _ qui donne le meilleur de lui-même sous la baguette de Marko Letonja, parvenant à suivre toutes les couleurs _ somptueuses : voilà… _ du soliste. Avec une dextérité sans faille, l’ensemble instrumental propose des nuances tout aussi changeantes que peut l’être la voix de Michael Spyres, et devient un formidable compagnon de jeu _ le mot est très juste _ pour le baryténor.

A noter qu’un concert « Baritenor » sera notamment donné le 5 novembre 2021 à la salle Érasme du Palais des congrès et de la musique de Strasbourg, puis au Théâtre des Champs-Elysées le 19 mai 2022. De quoi prendre plaisir à (re)découvrir en direct depuis la salle, à la fois ce programme, cette voix et surtout cet artiste _ tout à fait, en effet _  impressionnant.

Elodie Martinez

À suivre :

je compte ainsi revenir un peu plus précisément sur l’historique des divers chanteurs _ et divers rôles interprétés _ sur les exemples-jalons desquels s’appuie, en ce CD, Michael Spyres, en son passionnant parcours anthologique, d’entre 1781 (la création d’Idoménée, à Munich) et 1937 (Carmina Burana, à Francfort), de l’ambitus magnifique _ plus encore qualitativement, par ses nuances, que quantitativement, par son étendue… _ de cette voix jusqu’ici encore mal identifiée, de « baritenor« ,

que lui sait, ici, si magnifiquement incarner par son très subtil _ à la fois très délicat et très puissant _ art…

Et en toute modestie, un art exemplaire…

Un travail _ et pas seulement discographique… _ qui fait incontestablement date.

Ce vendredi 22 octobre 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

P. s :

Voir aussi ce petit article _ que j’ai essayé de traduire en un français un peu moins macaronique et un peu plus intelligible que l’original, probablement italien… _ abordant la caractérisation et l’historique de cette voix de « baritenor » (en France « taille) » :


baritenor (ou ténor, baryton ou, en France, Taille)

Est le type de voix de ténor couramment employée dans les œuvres du Baroque des XVIIe et XVIIIe siècles, et qui est demeuré sur la scène jusqu’aux premières décennies du XIXe siècle.

TRAITS

BARITENORI CÉLÈBRES

BIBLIOGRAPHIE

  • Rodolfo Celletti, Histoire du bel canto, Discanto Editions, Fiesole, 1983 passim
  • Salvatore Caruselli (ed) Grande encyclopédie de l’opéra, Longanesi Périodiques C. S.p.A., Rome, à nomen ( «  », « Contenu baryton »)

Deux facettes du vif et très nuancé talent violonistique de Théotime Langlois de Swarte : Corelli, et Sénaillé et Leclair

31mai

En forme de conclusion purement musicale de mes recherches sur le terreau familial de Théotime Langlois de Swarte,

et pour goûter les tendres subtilités et vifs éclats de son art

au violon baroque,

 

tout simplement ces deux superbes vidéos-ci,

glanées sur le Net :

_ Arcangelo Corelli (7′ 13)

_ Jean-Baptiste Sénaillé et Jean-Marie Leclair (23′)

Quel flamboyant talent !

Ce lundi, 31 mai 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

Ecouter Denis Kambouchner analyser l’expression « Quelque chose dans la tête » et la manie du souci de « transmettre » : l’entretien au Studio Ausone le 26 novembre dernier avec Francis Lippa, pour la Société de Philosophie de Bordeaux

10déc

Vient d’être mis en ligne

hier soir 9 décembre

sur son site par la librairie Mollat

le podcast (de 62′) _ cliquez sur podcast, et vous accéderez à son écoute ! _

de l’entretien du 26 novembre dernier à la Station Ausone,

_ et en ouverture de la saison 2019 – 2020 de la Société de Philosophie de Bordeaux _,

de Denis Kambouchner

_ président de la Société française de Philosophie _

avec Francis Lippa

_ vice-président de la Société de Philosophie de Bordeaux _

à propos du magnifique passionnant petit livre

_ de 154 pages : quelle lumineuse finesse et ampleur d’analyse ! _

de Denis Kambouchner,

paru le 28 août dernier aux Éditions Flammarion

Quelque chose dans la tête, suivi de Vous avez dit Transmettre ? ;

muni du bandeau suivant :

« Nous avons perdu la culture de la mémoire : avons-nous gagné celle du jugement ? » 

Cette question des moyens, outils et aliments

de la riche _ et positivement complexe : quelle variété de ressources et méthodes à apprendre à mettre en œuvre et inventivement connecter (ainsi que donner à cultiver à d’autres), sans esprit fermé de système, non plus que de formalismeformation et « culture » _ à tous égards _ du jugement

de tout un chacun et quiconque,

à commencer, bien sûr, par les enfants et les adolescents

_ auxquels s’adresse d’abord, originellement du moins, en sa conception première, le premier des deux essais, Quelque chose dans la tête ;

mais la question, bien sûr, ne s’arrête à nulle génération d’âge, ni d’époque :

apprendre à bien juger est l’affaire de l’entièreté, de son début à sa fin, de toute vie d’une personne,

je veux dire de la vie entière de tout un chacun ! et cela sans la moindre exception : face aux dangers et chausse-trapes incroyablement multiples des situations à tâcher d’éviter, auxquelles échapper quand elles surviennent, à entreprendre de surmonter, en apprenant comment y faire face et s’en dépêtrer et sortir vainqueur et vivant, et pas trop amoché, cabossé, blessé, souffrant… ; Montaigne nous en avertissait en ouverture du Livre III de ses Essais : « Personne n’est exempt de dire des fadaises » (ni de commettre des bêtises !)

et cela ne concerne pas seulement, bien évidemment, la vie humaine : puisque cet enjeu ô combien vital fait à coup sûr déjà partie des conditions de la vie et survie animales : que d’erreurs s’avèreront mortelles… _,

est en effet cruciale,

tant à l’échelle des individus,

qu’à celle des sociétés

et civilisations…

Et cette question-là

des « nourritures » fondamentales et ouvertes

_ ainsi qu’en chantier inventif et constructif permanent… _

du bien (ou toujours mieux) juger

ne cesse,

à côtés de ses recherches proprement cartésiennes

_ afin d’essayer toujours de mieux pénétrer les micro-subtilités infinies (et passionnantes) du travail philosophique de Descartes,

tâche peut-être principale du travail de Denis Kambouchner en sa carrière et œuvre philosophique _,

de constituer un pan essentiel du questionnement foncièrement pragmatique,

et à visée d’authentiques progrès de l’esprit,

de Denis Kambouchner.

Cet art de distinguer les nuances magnifiques et merveilleuses, à bien les considérer, du pensable

caractérise, me semble-t-il bien,

et court la culture philosophique française :

Montaigne, bien sûr, Descartes _ et le sillage des très nombreux cartésiens _, Pascal,

Voltaire, Diderot, Rousseau,

Bergson, Jankélévitch, Ricœur, Derrida, etc.

Tous assez peu adeptes du concept et de ses un peu trop rigides fermetures,

qui va dominer, me semble-t-il encore, la conquérante philosophie universitaire allemande,

au moins à partir de Kant et Hegel.

Oui, l’art des nuances subtiles, à partir de comparaisons ;

et même de métaphores

riches d’humour…

Afin de former et donner consistance à la finesse de la « sagacité » _ une notion cartésienne…

Quant au second des deux essais qui se répondent, « en écho« ,

Vous avez dit transmettre ?..,

celui-ci entreprend de mettre en garde _ délicatement, sans rechercher quelque polémique médiatique _ contre une tentation désagréablement fermée de concevoir l’enseignement de manière exclusivement conservatrice et rétrograde _ celle de certains idéologues réactionnaires, à la versaillaise ! _,

et de défendre un partage ouvert et inventif-créatif _ véritablement progressiste : mais à quels mots se fier parmi l’incroyable déchaînement orwellien de notre époque ? _ de la culture :

le maître judicieux étant seulement « un nain » _ humblement _ juché sur des « épaules de géants« ,

selon une formulation de Bernard de Chartres,

reprise notamment par Montaigne et Pascal…

Le vocable de « transmission » ne convenant, à proprement le penser,

qu’à l’opération de léguer à quelques proches

un héritage bien précis et spécifié à laisser en propriété et usufruit à ses descendants,

un patrimoine à ne pas laisser se disperser et disparaître, se dissoudre,

un secret de création-fabrication à ne pas laisser se perdre en le confiant ainsi à quelque disciple élu

qui saura en faire, à son tour, son miel propre…

Alors que la culture à même d’alimenter richement le bien juger d’autres que soi-même

est de l’ordre de ce « pollen » multiple et divers (de mille fleurs)

dont les abeilles _ montaniennes _ sauront faire leur « miel« ,

« en se l’incorporant » vraiment :

« Les abeilles pillotent de ça de là les fleurs ; mais elles en font après le miel qui est tout leur ; ce n’est plus thym, ni marjolaine ; ainsi les pièces empruntées d’autrui, il les transformera et confondra pour en faire ouvrage tout sien, à savoir son jugement : son institution, son travail et étude ne vise qu’à le former.

Qu’il cèle tout ce duquel il a été secouru, et ne produise que ce qu’il en a fait. Les pilleurs, les emprunteurs, mettent en parade leurs bâtiments, leurs achats, non pas ce qu’ils tirent d’autrui. Vous ne voyez pas les épices d’un homme de parlement : vous voyez les alliances qu’il a gagnées, et honneurs à ses enfants. Nul ne met en compte publique sa recette : chacun y met son acquêt

Le gain de notre étude, c’est en être devenu meilleur et plus sage« , Essais, Livre I, chapitre 26, De l’institution des enfants

C’est cette profondeur et intensité de l’incorporation d’une authentique culture personnelle

par celui qui la reçoit,

comme par celui qui la donne _ et l’a donnée _,

qui,

en son authenticité généreuse et désintéressée _ pardon du pléonasme _ seulement,

en fait l’efficace seul effectivement consistant et durable.

Le reste, utile à court terme, se dissipera sitôt l’usage effectué…

Ensuite, selon le mot _ authentiquement progressiste et libérateur _ de Nietzsche, à propos de ce que donne le maître à son disciple :

« Vademecum, vadetecum« …

Tel est le paradoxe généreux du libérateur…

Ce mardi 10 décembre 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

P. s. :

voici encore, à titre de complément de luxe,

de quoi écouter le podcast de l’entretien _ merveilleux ! _ que j’ai eu avec Denis Kambouchner le 18 septembre 2013 à la librairie Mollat,

à propos de son essentiel _ lucidissime ! _ L’École, question philosophique.

Un splendide double CD François Couperin par l’excellent Daniel Cuiller

30août

François Couperin (1668-1733),

si délicat, fin, complexe,

en même temps que si naturel et évident,

est terriblement difficile à réussir à interpréter

par les claviéristes.

 Daniel Cuiller nous offre ici un splendide double CD François Couperin l’alchimiste _ un petit théâtre du monde

_ un album Harmonia Mundi HMM 902375 76 _

sur un clavecin Philippe Humeau d’après un modèle français (fin XVIIe siècle),

réalisé à Barbaste 1977, et ravalé en 2006,

comprenant,

pour ce premier volume d’une intégrale à venir,

les ordres 11, 27, 19, 4, 3 et 20,

qui balaient les 4 recueils de 1713, 1717, 1722 et 1730.

L’interprétation de Daniel Cuiller est d’une totale évidence

dans la subtilité des élans

comme le ciselé raffiné sans maniérisme et juste des nuances.

Une merveille !

Qui augure magnifiquement de la suite !

Le texte de Manuel Couvreur dans la notice

est lui ausi excellent !



Ce jeudi 30 août 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

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