Archives du mois de février 2024

Le magistral « Les Matériaux de l’art » de Bernard Sève (aux Editions du Seuil) : un indispensable amer pour naviguer et s’orienter au mieux désormais en philosophie de l’art…

19fév

En réponse à l’envoi, vendredi 16 février dernier, de Bernard Sève

d’une excellente très judicieuse recension, dans la revue Art Press, par Jérôme Duwa, sous le titre de « Comparer les arts« , de son magistral « Les Matériaux de l’art« , paru le 16 octobre dernier aux Éditions du Seuil,

voici le courriel matinal de ma réponse à ce que j’avais qualifié en un précédent courriel à Bernard Sève, en date du 30 octobre dernier, de « désormais indispensable amer de la philosophie de l’art « ,

afin de se repérer idéalement en ce champ infiniment riche, toujours ouvert, et un peu complexe, de l’Esthétique philosophique :

En effet, cher Bernard,

 
la recension que réalise pour Art Press Jérôme Duwa sait excellemment dégager l’essentiel de ton très riche travail,
et en l’insérant brillamment, et fort utilement pour le lecteur, dans le cadre des philosophies classiques de l’art (Hegel pour commencer…).
 
Et ce n’est pas là une mince réussite, étant donné l’extraordinaire précision du détail extrêmement ample et varié, très original, des justissimes analyses que tu as su mener ;
même si tes propres synthèses de fin de chapitre sont déjà, chaque fois, précieusement lumineuses pour le lecteur, l’aidant en son orientation dans la très grande diversité des champs (et œuvres particulières, à l’occasion) très minutieusement explorés…
 
Avec la très claire mise en évidence de ton concept effectivement crucial de « degrès d’artisticité » 
 
Le paradoxe de l’art, de tout art, venant de sa très audacieuse (voire quasi diabolique) « création », mais qui n’est, bien sûr, jamais complètement « ex nihilo »,
car toujours à partir de quelque chose de déjà là, un « matériau », oui, de départ, de base si l’on veut, et assez souvent immatériel, qui donne à l’ « artiste » l’impulsion « inspiratrice – respiratrice » presque folle (à couper le souffle et lui donner d’autres rythmes que ceux qu’il avait pris jusqu’alors), de le travailler, ce « matériau » -là, le re-travailler, le reprendre, le battre et rebattre, le combattre, au moins le défier, aller plus loin et au-delà de lui, plus ou moins contre, ou plus ou moins amoureusement, ou en dialogue, avec lui, aussi…
Et cela toujours en un contexte, hic et nunc, mais aussi en même temps au-delà, plus loin, ou à côté de lui, sur ses marges, et selon diverses intentions plus ou moins (et plutôt moins que plus : un art n’étant jamais réductible à une simple technique purement fonctionnelle et calculée-programmée) clairement maîtrisées ni en leur départ, ni en leur arrivée, ni en leur processus : c’est toujours une aventure quelque part, et à divers degrés risquée pour qui ose s’y lancer et s’y aventurer, à son corps défendant presque toujours, et donc avec courage …
 
Oui, le travail d’exploration des démarches essentielles et fondamentales, cruciales, de l’art que tu as réalisé là, est proprement magistral tant en son ampleur qu’en sa parfaite justesse…
 
Donc bravo à cette lucide et très claire recension de Jérôme Duwa, qui sait en effet aller à l’essentiel, et situe ce superbe travail en son contexte et surtout en sa très féconde portée philosophiques…
 
Un travail à urgemment et très largement faire connaître !
 
Francis 
 
P. s. :
je compte proposer ton livre lors de la réunion à venir du bureau de notre Société de Philosophie de Bordeaux
pour le programme des 4 conférences (retransmises en vidéo) à choisir, de notre prochaine saison 2024 – 2025, à la Station Ausone de la Librairie Mollat…
 
Cf ici la vidéo de mon entretien du 22 novembre 2022 avec Pascal Chabot  à partir de  son « Avoir le temps _ essai de chronosophie » (aux PUF)
et la vidéo de mon entretien du 9 janvier 2024 avec François Noudelmann à partir de  son « Les Enfants de Cadillac » (en Folio) ;
et chaque fois avec un aperçu panoramique sur l’ensemble de leur œuvre philosophique…
Et aussi la vidéo de mon entretien du 25 mars 2022 avec Karol Beffa à propos de son « L’Autre XXe siècle musical » (chez Buchet-Chastel).

Les matériaux de l’art

On compare souvent les arts du point de vue de leur forme, Bernard Sève fait le pari inverse : il les compare du point de vue des matériaux qu’ils mettent en œuvre. Rien n’est plus concret que les matériaux, rien n’est plus invisible _ c’est-à-dire invisibilisé par l’œuvre nouvelle. On voit le tableau sans penser aux pigments. Ces matériaux sont matériels (argile, bronze) ou immatériels (thème musical, scénario dramatique) ; tous commandent _ voilà : souterrainement _ une séquence conceptuelle rigoureuse : outils et techniques, pratiques corporelles, coopérations et collaborations, fragilités et restaurations, usages seconds.

Prenant en compte une centaine d’arts différents, le livre propose des rapprochements étonnants. Il ne se contente pas d’élargir considérablement les manières de comparer les arts, il propose une conceptualité neuve _ voilà. Ecartant la question classique « comment distinguer l’art du non-art ? », il développe la notion d’artisticité _ cruciale, fondamentale ; et comportant divers degrés… Ce concept beaucoup plus fécond repose sur l’idée qu’il n’y a pas de césure, mais une continuité entre art et non-art. L’art se décline par degrés _ voilà.

La conception que nous nous faisons couramment des arts et de la logique de leur développement historique en est profondément modifiée. Le foisonnement des pratiques artistiques n’est pas un problème, mais une condition _ même _ d’intelligibilité _ par le foisonnement fécond er proprement créatif, par hybridations, des imageances, pour reprendre ce concept que m’a inspiré l’amie Marie-José Mondzain … Comprendre cette diversité permet de s’approcher au plus près de ce qu’il peut y avoir d’artistique dans tout geste technique.

Un livre indispensable !!!

Ce lundi 19 février 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

De nouvelles découvertes à propos d’Amédée Ducos du Hauron (ainsi que son fils Roger) : la date de son mariage à Orléansville avec Marie-Louise Rey, le 10 juin 1896 ; et la date de la naissance de leur fils Roger, le 23 juillet 1918, à Alger (ainsi que le lieu et la date du mariage de Roger à Alger, le 5 octobre 1940, avec Sylvia Schiano-Lomoriello…

18fév

Alors que,

et pour répondre aux nécessaires précisions demandées par Matthias Bonopéra sur ce qui justifie pleinement les filiations que j’affirme très factuellement exister entre Luigi-Nicola Bonopéra et sa famille originaire d’Orléansville, je poursuis la _ nécessaire _ révision de mes articles concernant la famille Bonopéra (Macerata, Barcelone, Tarragone, Ceuta, Alger, Miliana, Orléansville, etc.),

voici que je viens de tomber, ce dimanche 18 février 2024, sur un arbre généalogique assez récent _ rédigé par Jean-François Rat, résidant actuellement à Londres _, dont j’ignorais forcément l’existence en 2021, et qui vient me révéler au moins deux faits concernant la branche algérienne-algéroise des Ducos du Hauron, qui avaient jusque là échappés à mes investigations :

_ d’une part _ et enfin, depuis le temps que je la recherchais !.. _, la date très effective du mariage à Orléansville d’Amédée Ducos du Hauron, alors rédacteur à la sous-préfecture d’Orléansville, et Marie-Louise Rey, sans profession, domiciliée à Orléansville _ chez son oncle-tuteur (et sa tante née Wachter, nièce de la future veuve de Paul Bonopéra, née Confex) Louis Gentet _ :

le mercredi 10 juin 1896 _ Jean-François Rat (dont j’ignore le lien qui le relie généalogiquement aux Ducos du Hauron ou aux Rey) ne donnant, lui, qu’une date approximative, celle de la publication des bans de ce mariage à venir, en page 2 du numéro du samedi 6 juin 1896 du Progrès d’Orléansville ;

alors que si nous nous reportons au numéro suivant de cet hebdomadaire, en date du samedi 13 juin 1896, à la page 3, nous apprenons que la célébration de ce mariage a effectivement eu lieu (« au milieu d’une affluence considérable d’amis« ) le mercredi 10 juin 1896.

Et c’est en novembre 1896 que les parents d’Amédée Ducos du Hauron : son père Alcide, sa mère Césarine-Marie, ses sœurs Marguerite-Jeanne et Marie-Alice, ainsi que son oncle Louis, le glorieux inventeur de la « photographie de couleurs« , quitteront l’Algérie pour retourner en France métropolitaine, résidant d’abord à Paris… ; son frère Gaston, toutefois, sera, lui, présent à Orléansville, le 21 janvier 1897, comme l’atteste une mention de résidence à Orléansville (chez son frère Amédée ?) inscrite sur son livret militaire : peut-être à l’occasion de la naissance ou du baptème de celle que suppose être la première née d’Amédée et Marie-Louise, Eveline Ducos du Hauron…

_ d’autre part, l’arbre généalogique esquissé par Jean-François Rat nous apprend aussi, en nous donnant un lien à son acte de naissance,

le lieu, à Alger, et la date, le 23 juillet 1918, de naissance du dernier né des enfants d’Amédée et son épouse Marie-Louise : Louis-Roger Ducos du Hauron ;

ainsi que les données biographiques concernant l’épouse de Roger Ducos du Hauron, dont jusqu’ici je connaissais seulement le prénom, Sylvia :

Sylvia-Adrienne Schiano-Lomoriello, née à Alger le 20 janvier 1920, et décédée à Rennes le 13 novembre 2002 ;

ainsi aussi que le lieu et la date du mariage de Roger et Sylvia :

à Alger, le 5 octobre 1940, grâce à une mention ajoutée sur l’acte d’état civil de naissance de Louis-Roger Ducos du Hauron_ une date que je pouvais supposer postérieure au mois de janvier 1939, puisque sur l’avis de décès de leur sœur Eveline Ducos du Hauron, épouse d’Henri-Bavolet Ducros, paru en page 6 du numéro du 2 janvier 1939 de L’Écho d’Alger, si la compagne du frère aîné de Roger, Gérard Ducos du Hauron, est mentionnée immédiatement à la suite du nom des deux frères de la défunte, Madame Jacquet, nul nom de fiancée ou épouse n’accompagne le nom de Roger, le benjamin de cette famille Ducos du Hauron d’Alger… 

Continuer à chercher est passionnant, et rarement infécond…

À suivre…

Ce dimanche 18 février 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le parcours discographique d’Andrea De Carlo dans l’oeuvre musical d’Alessandro Stradella (1643 – 1682)

17fév

Le compositeur Alessandro Stradella (Bologne, 3 juillet 1643 – Gênes, 25 février 1682) est superbement servi au disque, depuis quelques années,

par le label Arcana,

par Andrea De Carlo à la tête de son Ensemble Mare Nostrum.

 

Ce samedi 17 février 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

L’intelligence rêvée de l’esprit français de Martin James Bartlett en son magique « La Danse », et ses Ravel parfaits, aussi profonds qu’humblement élégants : « Le tombeau de Couperin », « Pavane pour une infante défunte » et « La Valse »…

16fév

Je ne me lasse décidément _ ni surtout _ pas d’écouter, et ré-écouter en boucle sur ma platine, le plus que parfait CD « La Danse » du jeune Martin James Bartlett,

et admire sans restriction aucune, en plus de la composition idéale (!) de son programme autour d’un plus que parfait, déjà, Ravel _ son épicentre (de 24′ 41) étant assez probablement « Le Tombeau de Couperin« , remarquablement incisif et enlevé sous les doigts prestes et tendres, justes, infiniment ravéliens, de Martin James Bartlett : une pure merveille !.. _ : Rameau, Couperin, Hahn, Debussy,

la profondeur élégantissime de ces trois Ravel-ci, « Le Tombeau de Couperin » (composé entre 1914 et 1917), « Pavane pour une infante défunte » (1899) _ rêveusement pensante et alanguie, prémonitoire… _, « La Valse » (1919-1920) _ implacablement lancéee, sans presse excessive, en son tourbillonnant vrillant destin, vers l’ultime, surprenant et muet, épuisé, clap de fin…

Le piano profond et élégant de ce jeune homme a tout compris et senti du basque frémissant, triomphant dans sa musique parfaite de ses plus sombres inquiétudes sur la vie…

Quelle sublime musique !

Et en quelle parfaite interprétation…

Comme en réponse musicale mieux que comblée à mes deux précédents articles

des 31 janvier « 

 et 12 février «  » derniers…

Ce vendredi 16 février 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Et ce soir, découverte majeure de deux superbes CDs d’éblouissante musique de trois magnifiques compositeurs polonais du XXe siècle : Aleksander Tansman (1897 – 1986), Grazyna Bacewicz (1909 – 1969) et Witold Lutoslawski (1913 – 1994)…

15fév

Et ce soir,

découverte majeure de deux superbes CDs d’éblouissante musique de trois compositeurs polonais du XXe siècle :

Aleksander Tansman (1897 – 1986) et Grazyna Bacewicz (1909 – 1969), d’une part,

et Witold Lutoslawski (1913 – 1994), d’autre part :

_ le CD « Bacewicz – Tansman – Piano Quintets« , de Julia Kociuban et le Messages Quartet,

soit le CD Dux 1792, enregistré à Lodz du 25 au 27 juillet 2021 _ écoutez-le ici

_ et le CD « Witold Lutoslawski _ Concerto for Orchestra – Partita for Violin and Orchestra – Novelette« , de Christian Tetzlaff et le Finnish Radio Symphony Orchestra dirigé par Nicholas Collon,

soit le CD Ondine ODE 1444-2, enregistré à Helsinki au mois d’avril, septembre et décembre 2022 _ écoutez ici le Largo de la Partita

Et sur ce CD Lutoslawski,

voici ce qu’en dit si bien, en un article intitulé « Les deux Lutoslawki« , Jen-Charles Hoffelé, en date du 12 février dernier :

LES DEUX LUTOSLAWSKI

Gloire aux Finlandais ! _ du Finnish Radio Symphony Orchestra, mais aussi du décidément excellent label Ondine. Ils poursuivent sous la direction de leur nouveau directeur musical _ le jeune chef britannique Nicholas Collon _ un cycle Lutosławski commencé sous la baguette analytique d’Hannu Lintu qui aura eu le temps de graver les quatre Symphonies et Jeux vénitiens.

Nicholas Collon n’est pas moins implacablement précis au long d’une lecture au scalpel du Concerto pour orchestre, partition heureuse au disque ces derniers temps (Krzysztof Urbański en avait signé pour Alpha une proposition transcendante), dont il fait entendre, derrière les grands décors bartokiens, l’avènement de la syntaxe si percutante qui éclatera dans les délires sonores de Novelette, complément éclairant ajouté en coda du disque.

Mais restons au Concerto : chaque détail en scintille, chaque gramme de cette poudre d’or des percussions (le Capriccio), de ces filets de brume (début de la Passacaille, je note un petit côté Britten), y résonne avec un naturel confondant. Le Finale, avec sa coda démiurgique (et non coupée), est anthologique.

La grande Partita, œuvre roide coulée de la plume la plus sévère maniée par Lutosławski depuis le Concerto pour violoncelle, est sauvé de sa sécheresse par l’archet lyrique _ oui ! _ de Christian Tetzlaff, qui en humanise _ voilà… _ les violences dans les jeux de timbres savamment dosés des Finnois. Ils semblent avoir trouvé en Nicholas Collon mieux qu’un directeur, une source d’inspiration.

LE DISQUE DU JOUR

Witold Lutosławski
(1913-1994)


Concerto pour orchestre
Partita pour violon et orchestre
Novelette

Christian Tetzlaff, violon
Orchestre Symphonique de la Radio Finlandaise
Nicholas Collon, direction

Un album du label Ondine ODE 1444-2


Photo à la une : le chef d’orchestre Nicholas Collon –
Photo : © Markku Ulander

En ces deux merveilleux CDs,

c’est tout un continent musical extraordinaire qui vient se découvrir à nous ici…

Ce jeudi 15 février 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

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