Archives de la catégorie “Littératures”

Le délicieux et passionnant « Montaigne à contrepied » de Philippe Desan, à l’occasion du départ de celui-ci de la carr!ère universitaire : de lucidissimes aperçus incisifs sur le monde de la recherche et les querelles d’enjeux de carrière des universitaires… Un jeu de fantaisie et érudition jubilatoire !

18sept

Achevant ce matin de bonne heure ma minutieuse seconde lecture _ cf mes précédents articles « «  et « «  cliquer sur ces deux titres afin de les lire…) des 11 et 13 septembre derniers …du passionnant récit de fiction « Montaigne – La Boétie – une ténébreuse affaire » (paru le 28 août dernier aux Éditions Odile Jacob),

je tiens à re-dire ici mon véritable enchantement de cet incisif très détaillé _ en un effectivement très riche, de mille détails absolument passionnants (tant sur Montaigne, sa vie, son œuvre, que sur les contextes compliqués et arcanes à chausse-trappes, de la recherche et des milieux et carrières universitaires) récit hâletant à la lecture de 376 pages _ travail de fiction de Philippe Desan, au moment de prendre sa retraite universitaire _ il quitte, le  14 décembre 2023, son poste de professeur à l’université de Chicago (Illinois) pour jouir, délivré de soucis professionnels permanents, du climat festif des montagnes de Boulder dans le Colorado…

Et au moment même où j’achevai cette seconde lecture, je reçois, ce matin à 7 h 10, un courriel de mon ami B., à B. _ auquel j’avais chaudement recommandé ce livre jubilatoire _, comportant, en fichier-joint, un article d’Hortense Dufourcq intitulé « Montaigne en assassin impuni« , à paraître vendredi prochain dans le supplément littéraire du Monde des Livres :

« Montaigne-La Boétie, une ténébreuse affaire », de Philippe Desan : Montaigne en assassin impuni

Le spécialiste de la Renaissance française livre un polar historique aussi attachant qu’érudit.

Par Hortense Dufourcq

« Montaigne-La Boétie, une ténébreuse affaire », de Philippe Desan, éd. Odile Jacob, 384 p.

« Parce que c’était lui ; parce que c’était moi... » Peut-être l’amitié entre Montaigne (1533-1592) et La Boétie (1530-1563) n’est-elle qu’une idée reçue _ de Montaigne lui-même, et exclusivement… _, transmise au fil des siècles au détriment d’une vérité plus sombre. C’est l’hypothèse qu’explore le nouveau livre de Philippe Desan, un roman historique cette fois, une première _ en effet ! _ pour le professeur à l’université de Chicago (Illinois), spécialiste de la Renaissance française et de l’auteur des Essais.

La référence balzacienne  du titre, Montaigne-La Boétie, « une ténébreuse affaire« , ne laisse pas de doute : l’ouvrage emprunte aux codes du roman policier et met en scène un complot criminel, une enquête et l’ébauche d’une mise en accusation _ voilà. Montaigne aurait assassiné _ rien moins ! _ son ami La Boétie, son rival en politique _ au parlement de Bordeaux _ et le mari de sa maîtresse _ Marguerite de Carle (ca. 1517 – 1580), épouse en secondes noces d’Etienne de La Boétie (1530 – 1563). Ce meurtre, resté impuni, aurait toutefois laissé des indices matériels et textuels _ en petit nombre… _ qui auraient traversé les siècles, jusqu’à tomber entre les mains d’un universitaire américain _ Jacques Saint-Maur _ et de sa brillante étudiante _ Diane Osborne _, qui ensemble mettent tout en œuvre _ par leurs recherches matérielles comme  textuelles _ pour faire éclater la vérité.

Cette fiction historique _ voilà _ parvient habilement à conjuguer érudition et frisson _ en effet… Lecteurs profanes ou connaisseurs des Essais y découvriront maintes anecdotes _ superbement détaillées _ sur la vie de Montaigne et ses écrits, mais aussi concernant la conservation matérielle des œuvres _ qui constituent aussi de très précieuses réserves d’indices… A n’en pas douter, le « seiziémiste » s’est servi _ et combien magistralemet !!! _ pour son roman de ses propres recherches. Il brode son intrigue criminelle sur des faits historiques _ parfaitement avérés, eux _ et y joint des éléments de théorie littéraire, laissant entrevoir dans certains passages du récit un état de la recherche – par exemple sur la question de la place des études de genre dans l’analyse des textes anciens, plus importante aux Etats-Unis qu’en France.

Rien, cependant, du ton _ certes… _ d’un essai d’histoire littéraire. La narration se fait souvent _ en permanence, bien plutôt… _ ironique, jouant de la variation des discours direct et indirect, et creuse la psyché de ses personnages comme lors d’un véritable travail _ oui _ d’investigation ou de profiling. Dans une amusante mise en abyme, l’auteur semble d’ailleurs se mettre en scène à travers un double fictionnel, le personnage du professeur français enseignant en Amérique (Jacques Saint-Maur, pour un Philippe Desan né à Saint-Maur-des- Fossés, dans le Val-de-Marne). Adoptant son point de vue et celui de son étudiante, il brosse avec humour _ proprement décapant ! _ des caricatures de grands pontes de la Sorbonne, symboles d’un monde académique et universitaire français attaché plus que tout _ et surtout que la justesse de la vérité ! _ au prestige des figures canoniques de sa littérature.

C’est ce qui ressort de cette stimulante _ et délicieuse, oui ! _ lecture : à son terme, le lecteur partage l’enthousiasme de l’auteur pour ses écrivains fétiches, tout en constatant que la littérature permet parfois une – réjouissante – désacralisation des idoles.

De sa science montaignienne de toute une vie de chercheur infiniment sérieux et méticuleux, Philippe Desan se prend à follement s’amuser ici, en explorant toujours très méticuleusement d’autres questionnements un cran plus iconoclastes _ et en complet à rebours de la doxa montaignienne la mieux établie _,

envisageant carrément une totale mauvaise foi de la part de Montaigne en l’écriture de son livre _ présenté pourtant par l’auteur comme « consubstantiel«  à sa personne… _, et osant mettre en cause la présentation affichée par lui-même de sa quasi-sainte amitié avec La Boétie ;

en total à rebours, par conséquent, des thèses puissantes et admises jusqu’ici comme indélébiles, de son magnifique essai d’ouverture, anti-machiavélien, du Livre III, « De l’utile et de l’honnête«  ;

et nous, lecteurs fidèles de Philippe Desan, à notre tour de nous laisser _ presque… _ prendre à ce parfait jeu d’écriture de cette fantaisie _ solidement entée sur son abyssale érudition… _, jusqu’au vertige, cette fois-ci aussi !

Le vertige du choc déboulonnant d’un Montaigne empoisonneur à l’arsenic de son faux-ami La Boétie…

Mais le livre de Philippe Desan comporte aussi bien de solides vérités sur les démarches nécessairement audacieuses _ ce que je baptise personnellement « imageance«  _ de la recherche…

Chapeau, l’artiste !

Et à suivre…

Ce mercredi 18 septembre 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le très brillant possible adieu à la recherche de Philippe Desan – alias Jacques Saint-Maur – en son diabolique vertigineux roman-récit « Montaigne – La Boétie, une ténébreuse affaire »…

13sept

Alors que, en mon article d’avant-hier 11 septembre, je posais presque innocemment la question :  « Qu’attendre de la surprise de la fiction que vient nous proposer Philippe Desan avec son « Montaigne – La Boétie – Une ténébreuse affaire » ?..« ,

ce jour d’achèvement de ma lecture des 376 pages de son roman-récit « Montaigne – La Boétie, une ténébreuse affaire » (qui paraît aux Éditions Odile Jacob),

il me faut commencer par saluer bien bas le formidable brio jubilatoire de ce récit-roman de Philippe Desan _ né à Saint-Maur-les-Fossés le 16 mai 1953 _, qui nous fait constamment _ mais oui ! _ nous interroger sur ce qui ressort là, en cette écriture, de la malicieuse invention romanesque de sa part _ avec de vraies-fausses preuves en forme d’objets (« Things«  ; cf ici l’article d’Amy Graves « Montaigne and Things« , aux pages 347 à 355 du « Global Montaigne – Mélanges en l’honneur de Philippe Desan« , paru en 2021) ; d’objets montaigniens, donc, bien matériels, affirmés avoir été très effectivement re-découverts fortuitement à divers moments de l’Histoire, et proposés ici en images (dessins ou photos) : le fauteuil de travail de la librairie de Montaigne (page 184), un flacon-fiole en étain en forme de livre, un petit in-octavo, affirmé retrouvé, lors d’une restauration de ce fauteuil, soigneusement caché dans le rembourrage de crin d’un bras large de ce fauteuil (page 231), l’ex-voto déposé par Montaigne en la chapelle de Lorette et affirmé retrouvé tout récemment lors de la réfection d’une cave maçonnée aux Bagni di Lucca (page 256) ; et même un trentième sonnet d’Étienne de La Boétie, affirmé caché, lui, inséré entre les gardes et le vélin d’une précieuse reliure de l’Exemplaire de Bordeaux des Essais (page 164), mais dont les six copies de négatifs de photos que prit Jacques Saint-Maur ont été in fine détruites par lui-même (page 375), en partie, mais probablement pas principalement, pour cause de Secret-Défense d’État impliquant jusqu’au président de la république (pages 296 à 305, puis 317 à 320)… _, et, d’autre part, du portrait véridique, parfois à l’acide, de certaines mœurs et carrières universitaires,

tant le portrait tracé _ à la David Lodge (« Un tout petit monde« ), ou à la Vladimir Nabokov (« Pnine« )… _ comporte de vraisemblance, sinon même, tout simplement de vérité douce-amère _ au-delà de la jubilation profonde du parcours à rebondissements de la très patiente vraie recherche, step by step, elle-même…

Un récit délicieux,

où le lecteur se perd vertigineusement entre vérités matérielles de choses (things) bien effectives et faux-semblants-mirages romanesques fictifs méticuleusement _ diaboliquement ? le diable se cachant tout spécialement dans les détails… _ échafaudés et très ingénieusement montés en son récit par l’ironique narrateur, Jacques Saint-Maur, en une bien jolie façon _ étourdissante, même… _ de régler quelques vieux comptes avec quelques confrères _ dont les clés seront à déchiffrer par les initiés du sérail… _, en forme de feu d’artifices festif pour marquer un peu son entrée en retraite de sa très brillante carrière universitaire de montaigniste éminent ;

et en rendant aussi et peut-être surtout hommage au difficile voire dangereux parcours à obstacles de certains valeureux chercheurs-doctorants, telle ici la courageuse (ou peu consciente et téméraire) et heureusement résiliente Diane Osborne _ qui ose dévoiler ici, en sa soutenance de thèse à la Sorbonne, l’énormité, rien moins, d’un Montaigne assassin, à Germignan, de La Boétie ! Et nous, lecteurs emportés par la formidable habileté du récit qui nous tient tout du long en haleine, y adhérons presque, avec de telles preuves matérielles (ou quasi) fournies à l’appui en ce récit d’enquête si superbement circonstancié… Toute recherche tenant aussi, bien évidemment, de l’enquête policière.

Mais aller jusqu’à parvenir presque à nous faire passer Montaigne pour l’assassin de La Boétie : waou !!!

A moins qu’il ne s’agisse d’une sorte de forme cachée d’aveu de repentir in extremis de la part du maître de thèse lui-même, ayant fait prendre, sous le coup de sa propre passion de chercheur, d’un peu trop inconsidérés de sa part risques à ses jeunes doctorants, l’une d’entre elles, Connie, allant même jusqu’à se suicider, sa carrière compromise :

« Vous savez comment Jacques est avec ses étudiants. (…) Il veut être le meilleur dans tout ce qu’il entreprend, et il s’attend à ce que ses étudiants fonctionnent de la même façon. Il leur met énormément de pression, peut-être pour réussir lui-même à travers eux. (…) Toujours est-il que Connie rencontra pas mal de difficultés avec une approche jugée peu orthodoxe par la grande majorité des spécialistes de Montaigne. Plusieurs pensèrent même que Connie était manipulée par Jacques. Il avait organisé une cotutelle avec l’université Paris-VII-Jussieu où il avait trouvé deux spécialistes de Freud et de Lacan prêts à codiriger la thèse de Connie avec Paul Rieland. Jacques n’était que le troisième lecteur (…) Toujours est-il que, trois jours avant la soutenance organisée par Jacques à l’université Jussieu, les deux psychanalystes décidèrent qu’ils ne pouvaient pas accepter le thèse de Connie en l’état. C’était une question de territoire. Ils eurent le sentiment que Connie et Jacques marchaient sur leurs plates-bandes. Connie fut dévastée. Elle n’avait plus de soutiens et craignait de décevoir ses parents qui étaient fiers d’elle. Elle se suicida. Une overdose de barbituriques » (pages 278-279)…

Nous pouvons mesurer ici les endémiques et persistants enjeux, jusqu’au tragique, de ces pauvres querelles de chipotages de territoires et pouvoirs d’universitaires privilégiant l' »utile » de leur carrière professionnelle sur l' »honnête » du souci impératif de la vérité

Tout cela, même en dehors _ ou à côté _, de l’infinie passion pour Montaigne lui-même, est assez intéressant et significatif de l’expérience réaliste _ et réaliste, Montaigne, sans défendre le machiavélisme, savait l’être ! _ du monde comme il va…

Ce vendredi 13 septembre 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Qu’attendre de la surprise de la fiction que vient nous proposer Philippe Desan avec son « Montaigne – La Boétie – Une ténébreuse affaire » ?..

11sept

Qu’attendre de la surprise de la fiction que vient nous proposer _ aux Éditions Odile Jacob _ le très érudit et perspicace Philippe Desan avec son « Montaigne – La Boétie, une ténébreuse affaire » ?..

Je me le suis demandé en l’achetant tout de même _ sur le nom de Philippe Desan, d’abord ; mais aussi sur la mention de repérage de dates et de lieux très précis en tête de chacun des chapitres de ce livre : un gage de confiance indispensable pour le passionné de repérages spatiaux et temporels d’orientation que je suis ! _, après avoir bien hésité devant pareil scandaleux mélange des genres, entre recherche historique et roman (page 5), voire polar (4ème de couverture)…

Ce soir, j’en suis _ pour le moment un peu perplexe, pris à total contrepied que je suis de ce que je me représente jusqu’ici de Montaigne à travers la fréquentation de ce que lui-même présente et détaille de sa personne en ses très consubstantiels « Essais«  _, à la page 79 de ma première lecture, peu après le récit du décès _ voire meurtre : indirectement suggéré par une délicate et très habile succession de menus détails-indices suggestifs, mais jamais massivement affirmé comme tel, un tel meurtre de La Boétie de la main même, insistante à diverses reprises, de son ami (« parce que c’était lui, parce que c’était moi…« ) Montaigne _, le 18 août 1583, d’Étienne de La Boétie, à la page 73…

Mais attendons bien sûr la lecture exhaustive des 376 pages de cette fiction de Philippe Desan avant de prononcer _ très fervent montaignien que je suis ; cf ce qu’y disait de ma vénération pour mon très admiré voisin Montaigne (j’ai vécu toute mon enfance à Castillon-la-Bataille, et me suis rendu maintes fois à pied à la sublime tour de Montaigne : une promenade d’un peu plus de 16 kilomètres aller-retour…) l’article liminaire de présentation de ce blog même, le 3 juillet 2008 : « «  _ mon tout personnel avis…

Voici, au passage, ce que j’écrivais de mon affection pour Montaigne en l’article de présentation de mon blog « En cherchant bien » du 3 juillet 2008 :

J’évoquerai l’ombre tutélaire et protectrice (depuis un 13 septembre 1592) _ l’ombre “amie”... _ de Montaigne, et l’humour infini _ tant qu’il y aura(it) de l’encre et du papier ; ainsi qu’”à sauts et à gambades”…de ce merveilleux (et humble) essayeur gascon ;

Montaigne _ le maître (sans disciple), dans les couloirs limpides du labyrinthe duquel (à qui consent de jouer, en « diligent lecteur » tout de même ! à l’y suivre, ou plutôt ac-compagner, et converser avec !..) introduit lumineusement le récent livre, indispensable, de Bernard Sève,Montaigne. des règles pour l’esprit (aux PUF en octobre 2007) _ ;

Montaigne “fondant” _ au participe bien présent du verbe “fonder” _, et sans le moins du monde le chercher, par la seule grâce (et autorité _ non didactique, loin de la chaire et du moindretitre _) de son espiègle _ non didactique, j’insiste, mais très ludique et malicieux _ exemple _ cf le défi àl’indiligent lecteur:Quitte mon livre ! _ ;

Montaigne « fondant » donc _ sans rien chercher du tout à « fonder » en fondateurce qui va tout aussitôt, et en Angleterre d’abord (où “il” est très vite traduit), devenir quasi immédiatement un genre, et littéraire, et philosophique _ lui ne les disjoint certes pas ! ; ou plutôt “il” n’est pas, lui, Montaigne, dans (dedans, enfermé jamais dans) des “genres”, tant son génie mutin et facétieux, en même temps qu’il n’y a, et vraiment pas !, plus sérieux ni grave ; tant son génie mutin et facétieux  est,à sauts et à gambades, absolument trans-genres… _ ;

Montaigne “fondant”, donc, pour dorénavant en quelque sorte, si j’ose dire _ et lui n’en sait fichtre rien ! et combien s’en rirait ! _“fondant”, si l’on y tient, l’”essai _ lui ne disant (et c’est la chose même !) qu’“essais, au pluriel et sans article… _,

tel, ou plutôt tels, par exemple, ceux, très vite (dès 1597), de Francis Bacon _ Francis Bacon, celui (1561-1626) du tournant du XVIIème siècle élisabéthain, pas le génie tourmenté, pictural, et sublime, du siècle qui vient de passer (1909-1992, pour cet autre) _ ; un des « fondateurs », ce Bacon de Verulam-là, philosophe et politique (« chancelier d’Angleterre« ), par l’”essay“, donc, de la “méthode expérimentale” du connaître (qui est forcément un peser et supposer, sous diverses coutures, un juger)…

Et juste au moment précis où je m’apprête à mettre en ligne cet article-ci, voici que tombe le courriel hebdomadaire de la Librairie Mollat annonçant la séance de présentation par l’auteur, Philippe Desan, à la Station Ausone, vendredi 20 septembre prochain, à 18 h, de son tout récent livre ;

présentation que voilà :

« Philippe Desan est l’un des plus grands spécialistes de Montaigne, c’est avec bonheur _ nous allons bien voir…qu’il s’essaye _ voilà ! _ aujourd’hui au roman.

Dans Montaigne – La Boétie, une ténébreuse affaire, il rend compte de la complexité _ tiens donc… _ de cette amitié légendaire« …

Ce qui ne fait que renforcer ma curiosité

_ et je dois encore ajouter que j’ai déjà rencontré Philippe Desan à divers colloques tenus à Bordeaux à l’université à propos de notre très cher Montaigne ; ainsi que lors de présentations de quelques uns de ses travaux montaigniens à la librairie Mollat…

Ce mercredi 11 septembre 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Revoir le très troublant « La Nuit du 12″, de Dominik Moll, avec un exceptionnel Bastien Bouillon en commissaire sobre et quasi mutique, travaillé par les fantômes d’un meurtre irrésolu…

27mai

Par hasard hier soir à la télévision,

je revois le très troublant « La Nuit du 12« , du décidément excellent Dominik Moll, un récit dominé par la performance contenue, presque mutique, d’un acteur magistral : Bastien Bouillon, le commissaire-enquêteur, que poursuit le fantôme de l’assassinée… ;

un film et un acteur qui m’avait amené à rechercher aussitôt à regarder, après le DVD de cette magistrale « La Nuit du 12« , le DVD de l’assez troublant lui aussi « Seules les bêtes« , du même Dominik Moll, et dans lequel ce même Bastien Bouillon tenait déjà le rôle d’un enquêteur…

Retrouvant l’article de mon blog, en date du 25 février 2023 « « ,

je me trouve aujourd’hui assez surpris d’en avoir alors si peu dit : « Excellent film !!!« …

Quant à l’article du lendemain 26 février 2023,

lui, est un peu plus explicite et détaillé : « « …

Et je me souviens d’avoir aussi lu à la suite de ma vision de ce film le roman de Colin Niel « Seules les bêtes« », d’où est parti Dominik Moll pour son film…

Bastien Bouillon est un extraordinaire acteur ;

voilà ce que je dois aujourd’hui souligner, à propos de ce film où les fantômes d’assassiné(e)s continuent de visiter les enquêteurs de ces « cold cases« …

Bravo à pareille lumineuse performance !

Et que devient donc ce fascinant très sobre acteur ?

Ce lundi 27 mai 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Et les premières réceptions, à la lecture et au concert, du « Tombeau de Couperin » en 1918-19-20…

28avr

En suite directe à mon article d’hier samedi 27 avril « « ,

voici d’abord _ et comme annoncé hier samedi en mon article _ quelques intéressantes réactions _ fraîches !, voire vachardes… _ de réception, ou bien à la lecture de la partition, ou bien à l’écoute du concert de création de ce « Tombeau de Couperin« ,

telles que Manuel Cornejo les a collectées et citées en son indispensable « Intégrale » de la Correspondance de Maurice Ravel, dont la première édition est parue au mois d’octobre 2018.

La toute première citée, page 594, se trouve en une lettre de Jean Roger-Ducasse (Bordeaux, 18 avril 1873 – Le Taillan-Médoc, 18 juillet 1954) à son ami André Lambinet, datée du 6 mai 1918 :

 

 

« Ravel vient de terminer 6 pièces vides et charmantes, dans la veine du 18e, intitulées Le Tombeau de Couperin. Chacune est dédiée à un ami mort à la guerre. Pourquoi Tombeau de Couperin() Ce qui est un peu outrageant, c’est que cette Forlane, ce Rigaudon, cette Fugue, danses légères mais danses, sont dédiées à des morts !  Et l’on ouira la jeune veuve _ Marguerite Long _ interpréter avec une verve étourdissante le Rigaudon _ en fait la Toccata _ dédié à la mémoire de Joseph de Marliave, mort au champ d’honneur ! Vous ne bondissez pas ? Alors, aurais-je l’esprit mal fait ? Je n’ai rien dit hier soir, parce qu’elle ne sait pas encore… mais le jour où elle sera en pleine possession de ces œuvres,, je sors froidement mon paquet. Il y aura des larmes et des grincements de dents, elle avouera que j’ai raison, qu’elle ne s’était pas rendu compte, qu’elle n’a vu là qu’un hommage harmonieux à son mari, que Ravel est un être bizarre… et elle les jouera. J’amènerai une claque pour faire trisser le Rigaudon, et elle le trissera ! Quelle tristesse… Ces six pièces sont faites avec rien, mais ce rien est subtil, amusant et fin. Pas une mesure d’émotion, et cependant le souvenir de ces soldats l’exigerait. Il aurait pu offrir les dédicaces à des danseuses ou à des filles de joie, et la musique se serait mieux comprise. A-t-il voulu ruser, et établir un paradoxe entre les sons de ses notes et les syllabes glorieuses de ces noms ? Il se peut, mais cela devient cynique. Il n’a peut-être pensé à rien, mais mon bonhomme est un de ces êtres qui pensent toujours quelque chose : que ces mânes saintes lui pardonnent, moi pas ! Vous me direz, si vous souffrez de l’estomac, que moi aussi j’ai fait une Sarabande. C’est juste : mais dans le recueil de Ravel, c’est la seule danse grave et triste qui ne soit point venue à son esprit, je ne dis pas à son cœur, et puis j’ai entouré la mienne d’un cortège douloureux et j’ai éteint le souvenir de la Danse dans un andante qui est le regard donné à une tombe qui se ferme. Et si l’on veut connaître la force de mes regrets et leur émotion, je demande qu’on écoute la Sarabande « .

Et Manuel Cornejo de citer alors en note de bas de page une critique de Pierre Lalo (parue dans Le Temps, le 16 novembre 1920) :

« Le Tombeau de Couperin par M. Ravel, c’est gentil. Mais combien plus gentil serait un Tombeau de Ravel, par Couperin ! « …

Et aussi, aux pages 645-646, cet extrait de lettre, lui aussi significatif, de Francis Poulenc à G. Jean-Aubry, en date du 10 juin 1919  :

«  (…) J’ai entendu aussi cet hiver Le Tombeau de Couperin, vous savez mon admiration pour Ravel, aussi je n’hésite pas à vous parler franchement, hé bien je n’aime pas du tout, mais du tout cette nouvelle œuvre que je trouve froide, pleine de procédés et uniquement admirablement faite. J’aimais tant le Trio que ma déception a été grande. Cette œuvre Surraveliste m’a produit l’effet des dernières œuvres de Fauré où celui-ci surenchérissant sur d’anciens procédés a fait œuvre parfaite mais vide d’émotion. (…) J’ai été aussi navré du peu d’œuvres d’orchestre nouvelles données aux concerts parisiens cet hiver ; mon cher calme plat, à noter simplement la prodigieuse Alborada de Ravel vraiment fantastique comme orchestration quoique rendue un peu Espagne russe de Rimsky par certaines percussions.« 

À suivre…

Ce dimanche 28 avril 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

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