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Les apprentissages d’amour versus les filiations, ou la lumière des rencontres heureuses d’une vie de Mathieu Lindon

14jan

Avec un lumineux très gracieux Ce qu’aimer veut dire,

qui parait ces jours de janvier 2011 aux Éditions POL,

Mathieu Lindon,

l’année de ses cinquante-cinq ans _ il est né en 1955 _,

nous offre,

avec la gravité éminemment légère _ et tendre ! _ de son écriture cursive

(sans la moindre lourdeur ! sa phrase (toujours !) « vraie » _ c’est là un de ses traits majeurs ! si jamais on s’avise d’y réfléchir un peu… car il n’y a certes là rien, ni si peu que ce soit, de l’ordre du didactique ! oh non ! tout y est jeune et constamment tout frais… _ ;

sa phrase (toujours !) « vraie« , donc,

va _ marche d’un bon pas vif : d’une jeunesse quasi constamment avivée… _

en des élans successifs toujours _ printanièrement en cette « fraîcheur«  même _ renouvelés :

des pas dansés souples assez rapides et relativement scandés, jusqu’à la rencontre, à l’occasion, parfois, et même souvent, mais sans jamais forcer quoi que ce soit _ tant tout est est toujours si splendidement fluide ! _ de plages (rencontrées !) de quelques figures-expressions un peu plus denses, alors, en leur étrangeté (légèrement _ telle une gaze _, méditative…) pour lui-même le premier : avec l’énigme se découvrant _ plutôt que découverte ; et sans avoir à être affrontée _ de ce qu’il apprend ainsi, au fil de cette écriture progressant et juste à peine _ un effleurement en douceur un peu grave… _ pensive…)

Mathieu Lindon nous offre, donc,

ses leçons apprises _ et non données _ (d’aimer)

et progressives _ en les diverses strates des « âges«  se vivant, successivement ; et déposant un limon qu’il faut un tant soit peu « reconnaître« , « assumer«  (tel un legs dont on serait le légataire : si l’on veut bien y consentir…), et aussi (à la Montaigne : c’est moi qui le « convoque«  maintenant et le dit, pas Mathieu Lindon lui-même : ses références ne sont presque jamais philosophiques…) « cultiver » _

d’une vie (la sienne : de cinquante-cinq années jusqu’ici) :

par la grâce

tant donnée que reçue _ ce sont aussi là des « arts«  qui s’apprennent : sur le tas ; face à de si improbables « visitations«  angéliques… _

de rencontres amoureuses _ courent-elles les rues ? et comment parvenir à ne pas les manquer ?.. _,

et cela quels que soient les écarts d’âge

des aimants (ou amants, ou amis

_ voire parents aussi, qui eux aussi « aiment« … :

et Mathieu Lindon de se pencher, et c’est l’autre des lignes de force de ce livre !, sur sa filiation paternelle (ses rapports de fils à Jérôme Lindon, son père) ;

de même qu’il se penche sur sa propre absence d’enfants biologiques : une absence qui l’interroge même puissamment ; et qu’il résout aussi à sa manière…) :

ainsi remarque-t-il _ tel un amer auquel s’orienter si peu que ce soit (et d’importance ! sublime !) parmi les flots sans marques, à perte de vue, de la vie océanique… _ les vingt-neuf années d’écart d’âge

entre l’ami _ et amour… _ (d’exception !) que lui fut (et lui est : à jamais !) Michel Foucault _ mort le 25 juin 1984 _

et lui-même,

et les vingt-neuf années d’écart d’âge

entre lui-même

et son ami _ et amour _ Corentin, rencontré en 2004 _ cf pages 291-292 : « La nuit où je rencontre Corentin, fin 2004, tout se passe merveilleusement, dans le bar puis à la maison.

On ne dort pas une seconde _ ça fait des années que ça ne m’est pas arrivé _, on s’aime et on parle« 


« Les chiffres me fascinent« ,

ponctue, par ce constat, Mathieu Lindon, page 295, sa réflexion sur les durées de temps passé avec les uns et avec les autres de ceux avec lesquels il a un peu (plus et mieux) appris (qu’avec d’autres) « ce qu’aimer veut dire » :

« Quelques années après sa mort _ il s’agit ici de l’ami Michel Foucault (15 octobre 1926 – 25 juin 1984) _,

je pensai que viendrait un moment où

le temps écoulé depuis la perte _ voilà ! _ de Michel _ voilà un terminus a quo de poids majeur ! _

serait supérieur à celui durant lequel je l’aurais connu _ soit six années : de 1978 à 1984 _ ;

et cette pensée a resurgi régulièrement _ par la suite : tel un amer, donc…

Quand Hervé  _ Hervé Guibert (14 décembre 1955 – 29 décembre 1991) ; cf sur eux ce que dit Hervé Guibert in L’ami qui ne m’a pas sauvé la vie... _ mourut,

ce jour _ « foucaldien«  d’échéance : calculé et retenu… _ était déjà _ depuis plus d’une année _ arrivé.

Et un autre jour est venu _ l’an 2004 _ qui fait que

même Hervé,

il y a plus longtemps qu’il est mort

que de temps _ « guibertien« , cette fois _ où nous avons été si proches _ treize années : de 1978 à 1991…

Avec mon père _ Jérôme Lindon (9 juin 1925 – 9 avril 2001) _,

évidemment, ça _ un tel jour d’« échéance«  : « lindonien«  cette fois... ; étant donné leurs quarante-six années de vie communes : de 1955, l’année de la naissance de Mathieu, le fils, à 2001, l’année de la mort de Jérôme, le père _ n’est pas près de se produire (si, un jour je _ né en 1955, donc _ deviens centenaire  _ ou presque : car c’est en 2047, soit 2001 + 46, que Mathieu, à l’âge de 92 ans, donc, verra(-it) se clore ce temps « lindonien«  paternel…).

Les six ans passés auprès de Michel représentent, en pourcentage, une part

de plus en plus infime _ quantitativement : à compter seulement (le nombre de jours) ! _

de mon existence

qui augmente cependant _ cette part-là ! qualitativement ! _ sans cesse

dans le plus sincère _ ou « vrai«  !.. probe ! _ de mon imagination _ mais pas sur le versant d’un pur et simple imaginaire, qui ne serait que fictif, ou nominal… 

Comparer des années à des années,

c’est _ certes _ additionner des tomates et des poireaux,

ça n’a rien à voir avec la mathématique _ affective existentielle : la seule qui importe vraiment ! _ de l’existence _ vécue : et c’est elle qui constitue en quelque sorte l’objet de réflexion (= les comparaisons) de ce livre si intensément sensible qu’est Ce qu’aimer veut dire

Mais les chiffres me fascinent«  _ à l’aune de sa propre vie qui s’augmente et, d’un même mouvement, passe, les deux : voilà le point d’arrivée de ce raisonnement des pages 294-295…


Avec son aboutissement, surtout, à Corentin :

« Cette première nuit _ de « fin 2004« , donc _, je m’informe sur lui

et Corentin m’apprend qu’il prépare l’École Normale supérieure, section philosophie.

Je l’interroge sur les philosophes contemporains

_ contemporains pour moi, il y a plus de vingt ans _ « fin 2004«  _ que Michel est mort _ le 26 juin 1984… _  _

et il me répond ne pas bien les connaître,

excepté Foucault

dont la lecture lui fait un bien fou.

Ce garçon me semble _ ainsi : voilà ! _ de mieux en mieux.

Je suis frappé de sa jeunesse.

Je lui demande son âge,

puis à la suite de cette réponse, sa date de naissance précise.

Il s’avère qu’il est né après la mort de Michel _ survenue le 26 juin 1984.

Je calcule vite que la différence d’âge _ voilà ! _ entre nous _ Mathieu Lindon est né en 1955 _

est la même _ soit vingt-neuf ans _ qu’entre Michel et moi« , page 295…


Et Mathieu Lindon de poursuivre :

« Au plus fort de mon affection pour Michel vivant,

j’avais espéré _ Mathieu avait entre vingt-trois et vingt-neuf ans : désirer (et aimer) être aimé est un trait de cet âge ; aimer s’apprend un peu mieux un peu plus tard… _ que,

lorsque j’aurais son âge,

il y aurait quelqu’un de l’âge que j’avais alors

pour m’aimer _ devenu âgé… _ autant

et m’être aussi dévoué

que moi _ en pleine jeunesse (d’état civil, au moins), alors _ envers lui.

Mais c’était une imagination _ voilà : un fantasme _ qui se projetait dans un si lointain avenir

que jamais je ne l’ai attendu pour de bon, comme une réalité.

C’était _ à l’imparfait d’un passé bien passé désormais…  _ surtout une manière de me complaire _ un peu égocentriquement… _ dans ma relation avec Michel,

de me repaître _ assez naïvement : mais c’est déjà une forme de force, en cet âge un peu neuf… _ de sa qualité _ qui n’est pas rien ! _,

une masturbation sentimentale _ voilà ! Mathieu Lindon est toujours d’une parfaite probité : lumineuse aussi pour nous qui le lisons…

Si bien que,

lorsque je me rends compte _ aujourd’hui ; ou du moins cette première nuit de « fin 2004«  alors évoquée, pages 295-296 _ de mon différentiel d’âge précis avec Corentin,

en réalité _ cette fois : voilà ! _,

ça ne m’évoque pas du tout Michel et moi :

il y aurait trop de prétention _ subjective _

et trop peu de vraisemblance _ objective _

à ce que je puisse m’identifier à lui,

ne serait-ce que sur ce point.

Ça m’apparaît plutôt comme une coïncidence,

une anecdote _ voilà : de pure conjoncture, ou quasi : rien de vraiment « historique«  !.. _

qui fait d’autant moins sens

que j’ignore _ à cet instant-là, de 2004… _ quel sera le futur de mon lien _ déjà… _ avec Corentin

avec qui je suis seulement en train _ ce jour de « fin 2004« , donc ! _ de passer une mémorable nuit,

même si j’ai tout de suite _ c’est à relever… _ l’impression

que ça débouchera _ dans la durée : seule vraiment significative (de quelque chose comme une profondeur, un relief de « vérité« )… _ sur autre chose _ de marquant : « vraiment«  !

Mais ce qui m’habite _ immédiatement et fort ! _ implicitement _ voilà… _

est que la différence d’âge _ factuelle _

n’a aucune influence _ dynamique _ néfaste,

qu’il n’y a pas _ comme la pression de la doxa y entraînerait… _ à la redouter.

Je suis confiant _ donc : voilà ! _ dans une telle relation,

je sais _ d’ores et déjà, sur le champ : par l’amer (et boussole) de la « relation«  d’« intimité«  vécue (« sentie et expérimentée« , dirait un Spinoza) avec Michel Foucault… _ que ça fonctionne.

Telle est une des leçons _ formidablement encourageante ! _ que j’ai retenues de Michel,

de Michel et de moi en fait _ en la « tension«  si chaleureuse et forte, puissante, de l’« intime«  : qui est une relation vectorielle… Cf ce qu’en analyse superbement l’excellent Michaël Foessel in La Privation de l’intime _,

et qui m’est même devenue si naturelle _ = consubstantielle de l’identité acquise en se formant peu à peu mais ferme désormais ainsi ! _

qu’il me faut la distance _ de regard (creuseur de « relief« ) _ de l’écriture

pour prendre conscience que j’aurais pu penser autrement« , page 296…

L’année suivante _ fin 2005, ou début 2006, et lors d’un voyage « de vacances à l’étranger » en compagnie de Corentin (page 296) _,

Mathieu manque mourir ;

et sa « survie«  _ grâce à une opération chirurgicale pratiquée très vite sur place… _

est « miraculeuse«  (page 298) :

« Je sors euphorique _ voilà ce qu’il conclut ! _ de ce voyage

 où j’ai gagné _ par aufhebung de ce qui a été « éprouvé », « dépassé« , « surmonté«  et « acquis«  désormais dans le détail de l’épreuve soufferte partagée… _ avec Corentin

une intimité plus forte

que celle que même le plus violent acide _ Mathieu Lindon se souvient ici d’un épisode particulièrement dramatique de la dernière année « rue de Vaugirard » de Michel Foucault : le détail de l’épisode (et de ce qu’il a apporté à la qualité de relation d’« intimité«  – complicité entre Michel Foucault et lui-même) est narré avec une belle précision et une émotion rare aux pages 129 à 143 _ peut offrir« 

Cette « intimité » « forte » _ et « vraie » ! _,

c’est

celle de l’amour « vrai » _ voilà ! Une force (« intégrée«  maintenant) pour la vie…

Mathieu l’évoque ainsi aussi, à nouveau, encore,

pour un autre de ses amours forts, Rachid _ l’écrivain Rachid O., qui vit à Marrakech… _ :

« une peur me lie à lui

depuis toujours,

une peur qui est l’amour« , page 305…

Et il poursuit :

« C’était pareil pour mon père

et Michel,

ça l’est aussi pour Corentin

et Gérard _ ami intime depuis 1978… _ :

la crainte _ la terreur _ de ne pas pouvoir _ par quelque faiblesse aussi de soi… _ empêcher

que le malheur s’attaque  _ à le détruire ! _ à l’être aimé« 

Et de commenter :

« Comme si je ne profitais pas

de _ la chance de _ ne pas être le père _ voilà la relation la plus difficile (tendue, « braquée« ) du point de vue de Mathieu… _

de ceux que j’aime,

de n’être pour rien, physiologiquement parlant, dans leur existence,

et que j’intégrais _ toxiquement, en quelque sorte _ malgré moi le mauvais côté _ trop pesant et mal sévère _ de la paternité,

une responsabilité qui braque _ voilà ! _

qui angoisse

et dénature _ l’intimité…

Il me faut _ tel l’enfant, mais pas vis-à-vis de ses parents _ l’aide _ amicale, amoureuse _ de l’autre _ ami, amour… _

pour _ en cette situation de faiblesse de l’« angoisse«  _ m’en tirer« , page 305…

« En tant que jeune

ou en tant que vieux,

entre deux êtres

que sépare une importante différence d’âge

_ et dont Mathieu se trouve être l’un de ces deux-là _,

c’est _ ainsi… _ toujours _ à chaque fois… _ moi

qu’on _ c’est-à-dire l’autre (que moi)… _ enseigne

_ et qui me trouve ainsi « enseigné« 

Je suis le héros _ en gestation indéfiniment : tel un fils à perpétuité… _ d’un roman d’apprentissage perpétuel,

de rééducation _ inquiète _ permanente« , page 306…

« Rachid et Corentin _ les plus jeunes amours de Mathieu _,

je perçois leur clairvoyance efficace

comme un lien générationnel

car c’est la norme que le plus jeune comprenne que tel comportement n’est pas justifié par la morale

mais par les obsessions et caractéristiques des plus âgés,

et se sente tenu (ou non) de faire avec,

protégeant ses aînés

comme j’ai eu cent fois le sentiment de le faire.

(Mais)

Je n’étais _ moi-même, alors, à leur âge de maintenant _ pas ainsi _ par moins de « clairvoyance efficace«  qu’eux deux… _ avec Michel.

J’aurais voulu qu’il _ Michel _ connaisse _ maintenant ! _ Rachid et Corentin

aussi pour les aider _ eux, comme Michel a aidé Mathieu de sa merveilleuse attention et délicatesse (d’ange ?) au temps de la « rue de Vaugirard«  _,

qu’il _ Michel toujours vivant, ou ressuscité ! _ fasse mieux que moi

_ mieux que moi, aujourd’hui, avec eux ; mieux que, autrefois, moi avec lui ;

et que lui (toujours vivant ; ou comme ressuscité d’entre les morts…) fasse encore aujourd’hui avec eux, aussi (et surtout), comme il fit (si merveilleusement) alors autrefois avec et pour moi :

Mathieu, peu narcissique, est infiniment profondément humble et modeste ; inquiet de ceux qu’il aime ;

et généreux !..

Bien sûr qu’il ne suffi pas d’avoir vieilli

pour être comme lui _ Michel Foucault avait cinquante-sept ans à la survenue de sa mort…

Et pourtant,

j’ai le sentiment que

Rachid et Corentin

et même moi

sommes dans la droite ligne de l’enseignement _ du « travail sur soi« _ qu’on peut tirer de L’Usage des plaisirs et du Souci de soi,

les deux livres parus quelques jours avant la mort de Michel

et sur lesquels il a tant travaillé,

Corentin les ayant lus

et Rachid sans.

J’aime la façon dont l’un et l’autre m’écoute

quand je parviens _ = réussis un peu mieux… _ à leur parler de lui.

J’aurais voulu être capable de répéter _ et faire rayonner _ l’enseignement de Michel,

j’ai été atterré de croire ça au-dessus de mes forces,

et c’est comme si une part de cet enseignement _ cependant, et en dépit des obstacles divers, dont l’humilité quasi janséniste de Mathieu _ se répétait de soi-même, mécaniquement _ presque sans Mathieu, en quelque sorte, donc… _,

de même que Michel m’a souvent laissé penser que, dans une psychanalyse, la qualité de l’analyste était secondaire par rapport au processus même.

Michel et mon père

m’ont

chacun

transmis _ très effectivement, les deux… _

une façon d’aimer, non ?

Chacun

deux _ même ! _ :

il y a la manière dont on aime

et celle _ aussi _ dont on est aimé«  _ transmises toutes deux _, page 307.

Sur cette comparaison

des deux rapports (intimes)

à l’ami-amour Michel Foucault, d’une part,

et au père Jérôme Lindon, d’autre part,

cette réflexion-ci, page 308 :

« Personne que moi

ne me demande d’être fidèle à Michel ;

alors que, mon père,

ne pas en déshonorer le nom

est mon affaire publique.

A dix, vingt, quarante-cinq ou cinquante-cinq ans,

j’ai toujours été fils,

tandis que Michel

n’aurait jamais été cet ami

pour un gamin de huit ans _ alors qu’il le fut pour le jeune homme de vingt-trois ans, en 1978…

Or telle est la paternité _ en sa noble pesanteur _ :

avoir déjà aimé l’enfant _ avant d’aimer l’adulte qu’il devient et sera devenu _,

l’avoir eu à sa merci _ d’éducateur viril sévère

surplombant…

En vis-à-vis de _ et opposition à… _ ce rôle paternel-là

(qui fut celui de Jérôme Lindon),

Mathieu Lindon de citer ce mot de (l’ami de l’âge adulte _ et des amours…) Michel Foucault

en son Usage des plaisirs:

« Que vaudrait l’acharnement du savoir

s’il ne devait assurer _ un objectif peut-être étroit _ que

l’acquisition _ capitalisée _ des connaissances

et non pas,

d’une certaine façon et autant que faire se peut,

l’égarement _ rien moins ! celui du questionnement éperdu de la recherche même (créative…) _

de celui _ sujet cherchant et créateur fécond, jouant… _ qui _ activement _ connaît ?

Il y a des moments dans la vie

où la question de savoir si on peut _ en terme de possibilité, mais plus encore de puissance ! _ penser autrement

qu’on ne pense

et percevoir autrement

qu’on ne voit

est indispensable

pour continuer _ seulement : cela ne pouvant pas être seulement répétitif ou mécanique… _

à regarder _ c’est une action aventureuse ! _

ou à réfléchir«  _ itou ! « vraiment«  !


Et de le commenter ainsi,

toujours page 308 :

« Penser autrement,

c’était aussi _ pour Michel Foucault, donc : ce vivant ! _,

en plus de ces moments _ ludiques et sérieux à la fois ! _ passés avec nous _ au premier chef desquels, en effet, Mathieu Lindon et Hervé Guibert, en leur âge de jeunes chiens fous… _,

ce qu’il cherchait

dans l’acide« 

_ et qui demeure encore étonnant (et détonant !)

pour le lecteur bien candide que je continue, à mon âge, d’être…

Mais, de fait :

« Vivre, c’est vivre autrement« , page 309 _ aventureusement et « vraiment«  : « en vérité«  et « relief«  !..

Aussi devons-nous convenir avec l’auteur

de cet intense, probe et généreux (et élégant ! en son extrême délicatesse du penser-méditer-se souvenir…) Ce qu’aimer veut dire,

que

« le legs _ non paternel, lui ; mais amoureusement amical, disons… _ de Michel,

c’est cette possibilité de créer _ ouvrir… _ des relations

_ avec d’autres humains « vrais«  : amoureuses et/ou amicales… _

inimaginables _ au départ : elles vont s’ouvrir, voilà !, pour fleurir considérablement… _

et de les cumuler _ en constellations ouvertes immensément fertiles… _

sans que la simultanéité _ ressentie et menée polyphoniquement, en quelque sorte… _ soit _ pour un tel sujet : formidablement courageux et généreux ! _ un problème« 

Avec ce commentaire pour soi, alors, de Mathieu, page 309 encore :

« D’un côté,

rien ne m’émeut autant que la fidélité _ amoureuse _ ;

d’un autre,

elle me paraît _ mais s’agit-il tout à fait de la même ?.. _ une immorale paresse

_ à mener une pluralité de liens forts et « vrais« , chacun, en sa vie affective pleine, ainsi de front

Michel s’amusait que les mil e tre partenaires

qui rendaient si monstrueux _ en effet ! _ Don Juan _ aimait-il ?.. _

étaient atteints par n’importe quel pédé sortant tous les soirs« 

_ quid de la qualité de l’« aimer« 

d’un « faire du chiffre« , cependant ?..

« Sortir«  et rencontrer ainsi suffit-il pour « aimer » « vraiment«  ? Voilà ce que, lecteur, je me demande…

Dans cette optique-là,

« il  m’arrive _ commente alors, pour lui, Mathieu Lindon _ de trouver l’exigence de fidélité sexuelle

une honte«  _ telle une lâcheté ! _ : dont acte ;

même si cela continue de demeurer quelque peu du chinois

pour le lecteur se le recevant que je suis…

C’est peut-être que l’absolu de l’amour (« vrai« , tout au moins…)

est, lui aussi,

et forcément sans doute,

en son « relief » si on le vit jusqu’au bout,

oxymorique !

Bravo l’artiste !

Ce qu’aimer veut dire est un très

très beau livre

« vrai » !

Titus Curiosus, le 14 janvier 2011

Post-scriptum :

Je m’avise a posteriori de la très grande pertinence de la « quatrième de couverture« _ en fait la reprise pure et simple d’un alinéa-clé (in extenso et sans modification aucune) de l’ouverture (« Les larmes aux yeux« , pages 9 à 26) du livre, à la page 15… _,

et en soi-même, d’abord _ magnifiquement synthétiquement ! de la part de l’auteur du livre _,

et, ensuite, en guise de « confirmation« , en quelque sorte,

des toutes simples « pistes de lecture » de mon commentaire

de ce très sensible Ce qu’aimer veut dire :

« En vérité _ oui ! _, la proximité la plus grande _ voilà ! toutes « proximités«  (d’« intimité«  inter-personnelle) aboutées et comparées… _ que j’ai eue _ = vécue ! _ fut avec Michel Foucault ; et mon père _ ici le contre-modèle : évidemment familier, par prégnance première (et basique) du familial… _ n’y était pour rien. Je l’ai connu six ans durant, jusqu’à sa mort, intensément _ le terme, appliqué à cette « connaissance«  (inter-personnelle) -ci, est très parlant : c’est cette « intensité« -là qui se hisse au-dessus de la simple rhapsodie des moments vécus ; et accède à une dimension (« transcendante« , si l’on veut) d’« éternité« , pour emprunter le vocabulaire (oxymorique : comment faire autrement ? pour désigner le « moins ordinaire« , mais « plus réel«  que le réel coutumier de l’« écume des jours« …) d’un Spinoza _, et j’ai vécu _ pas seulement « logé«  _ une petite année dans son appartement _ d’un huitième étage luxueusement vaste et immensément lumineux « rue de Vaugirard« 

Je vois aujourd’hui _ rétrospectivement et travaux de deuil aidant : par la méditation de l’écriture de ce livre-ci même… _ cette période comme celle qui a changé ma vie, l’embranchement _ voilà : la rencontre, sinon la « visitation« , de l’ange ! _ par lequel j’ai quitté un destin _ familialement un peu trop (lourdement : un rien suffit à faire pencher la balance) tracé… _ qui m’amenait dans le précipice _ d’une annihilation…

Je suis reconnaissant dans le vague _ sic _ à Michel, je ne sais pas exactement de quoi _ j’ai proposé le terme d’« amer » afin de « se repérer« « orienter«  si peu que ce soit dans l’un peu trop uniforme plaine (liquide) des flots océaniques des rapports humains… ; et l’écriture de ce livre a eu, parmi ses fonctions, d’éclairer ce « quoi« -là un peu mieux, pour Mathieu Lindon… _, d’une vie meilleure _ soit la finalité de toute philosophie comme « exercice spirituel« , aurait pu dire un Pierre Hadot : mais Mathieu Lindon ne se veut décidément pas « philosophe«  La reconnaissance _ voilà ! _ est un sentiment trop doux _ lénifiant ? jusqu’à l’écœurement ? seulement pour un porteur d’une un peu trop forte dose de masochisme ?.. et pour le fils d’un père (grand !) éditeur et ami très proche, par exemple, d’un génie tel que Samuel Beckett, aussi, parmi d’autres très grands écrivains qui ont été les « contemporains«  (et édités) de ce père : la contemporanéité m’apparaissant comme un des objets de méditation de ce livre-ci de Mathieu Lindon… _ à porter : il faut s’en débarrasser _ l’objectiver ! _ et un livre est le seul moyen honorable _ parfaitement à découvert et public _, le seul compromettant _ comme si seul le risque (ici celui du jugement du sublime tribunal de la littérature !) encouru et affronté validait « vraiment » l’« expérience« … A la façon de l’« épreuve«  de la corne du taureau pour le torero en la préface par Michel Leiris de L’Âge d’homme

Quelle que soit la valeur particulière de plusieurs protagonistes de mon histoire, c’est la même chose pour chacun dans toute civilisation : l’amour _ voilà _ qu’un père fait peser _ voilà ! via l’« Idéal du Moi » et le « SurMoi«  : surtout à pareille hauteur de « sublime » (via, ici, donc, la littérature, l’écriture : pour l’éditeur insigne qu’était Jérôme Lindon !)… _ sur son fils, le fils doit attendre _ eh ! oui ! _ que quelqu’un _ hors cercle de la famille _ ait _ et cela ne court pas forcément la rue _ le pouvoir _ d’un peu de biais _ de le lui montrer _ = faire voir, enseigner _ autrement _ voilà : avec la grâce, non fonctionnelle (ni a fortiori didactique), d’un minimum de « surprise » et de « gratuité«  : un « don«  gracieux (voire angélique !) à apprendre à « recevoir«  : tel ce qui est donné en une amitié et un amour « vrais«  _ pour qu’il puisse enfin saisir _ c’est toujours un peu tardif ; et rétrospectif (et chronophage), l’« expérience » (adulte)… : surtout mâtiné de « poétique« , comme, tout spécialement, ici… _ en quoi il consistait _ cet « amour«  (du père pour son fils)…

Il faut du temps _ mais oui ! à « passer » et « donner » (et aussi « perdre« ) ! ainsi que la chance de soi-même durer un peu longtemps… _ pour comprendre _ enfin et peut-être _ ce qu’aimer _ et cela en la variété plurielle (mais non innombrable, non plus) de ses formes : pas seulement paternellement et filialement, donc… _ veut dire«  _ voilà !..

Encore bravo !

et merci !

à Mathieu Lindon

pour ce si beau « s’exposer« 

en cette écriture au récit un peu tranquillisé _ = surmonté, mais sans didactisme : gracieux ! _

de telles cruciales _ formatrices… _ épreuves

par blessures de la vie…

De Mathieu Lindon,

je lis maintenant

Je t’aime _ Récits critiques,

publié aux Éditions de Minuit en mars 1993…

Dialogue sur le penser des Arts : lire le « Philosophie de l’art » de Fabienne Brugère et Julia Peker, ou comment apprendre des avènements progressifs des Arts, aujourd’hui

26nov

Mardi soir 23 novembre,

dans les salons Albert-Mollat de la rue Vital-Carles,

Francis Lippa a dialogué (le podcast dure 50 minutes)

avec Fabienne Brugère

sur son (avec Julia Peker) Philosophie de l’art,

qui vient de paraître aux Presses Universitaires de France.

Bien plus qu’un manuel

destiné peut-être d’abord aux Étudiants de Philosophie (et Esthétique),

ce livre important _ et passionnant ! _ de 269 pages

est loin de consister en un simple panorama _ exposé factuel _ de l’état présent de la réflexion philosophique, même la plus pointue et la mieux lucidement ouverte

sur ce que sont les activités et productions artistiques,

en particulier aujourd’hui _ et cela, en toute la richesse de leur profuse et complexe diversité ! en priorité en ce qui concerne les Arts plastiques _, en ce tournant du millénaire,

mais qu’il propose bel et bien un véritable creusement

profondément éclairant (philosophiquement !)

de ce qu’est pour les artistes

_ et les plus authentiques, tout spécialement ! les auteures ont (très heureusement) privilégié les exemples qu’elles apprécient ou préfèrent ! auxquels va toute leur sympathie… On pourra le compléter, je me permets de le suggérer ici, par la lecture très substantielle du très beau et très riche 53 œuvres qui (m’) ébranlèrent le monde, de Bernard Marcadé, paru l’année dernière aux Éditions Beaux-Arts (et sous-titré Une lecture intempestive de l’Art du XXème siècle…) : un livre de « regards« , lui aussi exemplaire !.. sur les Arts depuis L’origine du monde, de Gustave Courbet, en 1866, à l’Hommage aux hirondelles, de Niele Toroni, en 1997… _

un véritable creusement, donc,

de ce qu’est pour les artistes

le penser _ leur penser _ même (à l’œuvre ! œuvrant ! « à l’ouvrage« , dirait un Jean Dubuffet…),

ouvert, tendu, secret, mais se manifestant peu à peu, cheminant plus ou moins sourdement, en effet, mais obstinément « instaurant« ,

selon le concept que les auteures empruntent (très judicieusement) à Étienne Souriau (cf son Vocabulaire d’Esthétique…)

_ pour ma part, j’aurais aussi fait appel au concept de poiesis (et de poïétique) que manie un Mikkel Dufrenne (cf, par exemple, son très beau travail Le Poétique…) _

le penser même, œuvrant,

de leur activité singulière artiste ;

et dont l’œuvre

(ou les œuvres _ les productions en tous genres, et parfois fort divers !..)

_ ce concept est magnifiquement « travaillé«  par Fabienne Brugère en son chapitre II, « L’œuvre (dé)grisée« , déployé de la page 81 à la page 132 _

n’est (ou ne sont) à certains égards qu’un témoin, une trace,

un résidu,

voire un déchet

_ si l’on consent à mettre un peu ses pas dans ceux d’un Antonin Artaud (cf Le Pèse-Nerfs…),

comme semble s’inciter à le faire, peut-être, Julia Peker, auteure d’un très récent Cet Obscur objet du dégoût, que Fabienne Brugère a publié dans la collection Diagnostics qu’elle dirige aux Éditions Le Bord de l’eau : c’est, me semble-t-il, au moins, ce qui vient colorer certains des chapitres de ce Philosophie de l’art, et en particulier sa conclusion : pour ma part, je résiste tout de même quelque peu, comme cela peut se soupçonner discrètement à l’audition de notre conversation, à la coloration quasi trash de ce penchant (surtout quand on l’applique aux Arts), dans lequel, et toujours pour mon humble part, je verrais comme les vestiges d’une sorte d’imprégnation, même up to date (ainsi appliquée aux Arts _ ou à la Culture, sinon à la Civilisation ! _, tout spécialement : vers un trash chic !!!) du masochisme nihiliste (mortifère !) contemporain, contre lequel Nietzsche, en son Zarathoustra (un livre pour tous et pour personne, le sous-titrait-il, plus que jamais intempestivement actuel !!!), par exemple,

contre lequel Nietzsche

appelait à un vigoureux sursaut

(de vie !) :

« Encore un siècle de lecteurs, et l’esprit va se mettre à puer« , diagnostiquait-il en sa lucidité magnifique !

en un chapitre capitalissime de ce Zarathoustra : « Lire et écrire« 

On aperçoit alors où peut mener la dérive hors de l’enthousiasme du « spectateur«  dé-passionné !..

Même si jamais le ton de Fabienne,

ni en l’écriture magnifiquement déployée du livre,

ni en l’éclat de sa parole claire et éloquemment détaillée (et illustrée de très judicieux exemples donnant à ressentir aussi, selon l’aisthesis, ce que ses concepts affutés excellemment dégagent en son analyse), en sa conférence,

n’a cette coloration décadente…

Fabienne choisissant, a contrario, de privilégier toujours l’empathie d’une approche positive,

amie,

envers la démarche, toute de fragilité _ en l’exposition la plus audacieuse à l’altérité dans sa plus extrême singularité : celle d’à son meilleur et le plus authentique… _ des artistes,

et s’interdisant tout surplomb _ qui serait seulement conceptuel _ qui pontifierait, de haut, et froidement, en quelque sorte.

C’est en tout cas cela que j’ai moi-même voulu signifier en insistant un peu sur l’exigence de valeur des artistes eux-mêmes _ et pas celle des critiques extérieurs ! _, en leur parcours poïétique, en leur working progress « instaurant« , avec la plus haute rigueur : celle de la probité de ce qui se cherche

en leur penser-expérimenter-œuvrer, donc…

Et qui peut donner lieu,

et sans forcément que cela soit recherché comme une « marque » pour seulement se faire remarquer, se _ bourdieusement… _ distinguer _ sur un marché (dramatiquement concurrentiel !) de consommation-achat-vente, par exemple… _

à un style :

cf le beau mot de Buffon

en son Traité du style : « le style, c’est l’homme même« ,

en son improbable singularité, donc ;

en sa propre, quasi monstrueuse, altérité à lui-même, se découvrant, sourdement ;

ou, encore : le « Je est un autre » d’Arthur Rimbaud…

Alors l’exposition _ par l’artiste, qui en propose en quelque sorte l’offre,

ou, mieux encore et plutôt, en fait (absolument !) le don (gracieux !) :

de cet exposer même !

(et sans exhibitionnisme !! est-il seulement besoin de le mentionner ?.. :

cela ne peut être que discret, intime ! quasi secret, et à la sauvette…) _,

ou mieux encore _ Fabienne le développe ! _ la « rencontre »  !

_ par le rencontreur même : qui veut bien se laisser aller (= consentir à…) s’y exposer, à son tour, en une expérience (dont l’intensité de l’enthousiasme _ de l’aisthesis : du corps propre s’y ouvrant… _ peut même aller jusqu’à une quasi explosion du ressenti… ;

même si tout cela ne peut être, de même aussi pour lui, forcément !, que discret, intime, quasi secret, et comme à la sauvette !

et en symétrique de l’intimité ultra-sensible, quasi à hurler silencieusement, de l’artiste lui-même !)

en une expérience

qui peut, donc, à l’occasion (assez rare ! tout de même…), se révéler, intensément, très forte :

cf là-dessus l’analyse tout bonnement sublime (!) qu’en livre, en toute sa générosité, Baldine Saint-Girons en son très grand (!! : je ne le recommanderai jamais assez !) L’Acte esthétique (aux Éditions Klincksieck) ;

et nous sommes là, en pareille « rencontre«  (activement esthétique ! donc), considérablement plus loin que ne pouvait aller le spectator (à la suite de celui d’Addison et Steele…) toujours passablement refroidi, lui, et, somme toute, toujours assez compassé (par quelque, tout de même, sorte de tampon-filtre anesthésique précautionneux…),

d’Adam Smith :

dont Fabienne Brugère nous donne une somptueusement lumineuse analyse, aux pages 193 à 207 de son chapitre Le Spectacle de l’Art… Et c’est même là un temps fort magnifiquement éclairant de ce travail ! Quand on le rapporte aux autres conséquences, un peu mieux connues, elles,  des analyses d’Adam Smith… ;

et sur ce spectator, justement,

on ne saurait faire l’impasse sur le décisivement magistral, lui aussi, Homo spectator,

de mon amie Marie-José Mondzain (aux Éditions Bayard)… :

Homo spectator et L’Acte esthétique sont des lectures absolument indispensables !!!… _

alors

_ et je reprends le fil de mon élan après cette incise consacrée au spectator _

l’exposition,

ou mieux encore la « rencontre »  !

_ en son ultra-sensibilité aussi discrète, intime, que puissamment explosive ! _,

d’un tel processus

improbable et fragile

est, en effet,

un merveilleux cadeau

_ donné (par l’un), reçu (par l’autre) : les deux ayant su (et appris à) _ c’est une force ! _, hors train-train, y consentir…

Donnant lieu, cette « rencontre » un peu rare,

à une expérience _ hors préméditation, ni calcul ;

et elle-même, forcément (ainsi en aval), elle aussi un peu rare,

en pareille discrétion et secret (aux antipodes du moindre exhibitionnisme hystérisé !) de « rencontre«  des intimités des ultra-micro-sensibilités ainsi ouvertes et offertes !.. _

de joie,

à peut-être, qui sait ?,

daigner

_ c’est la visitation de l’Ange ! le passage (ultra-furtif et si peu repérable, pour peut-être savoir, à l’instant de son apparaître si fugace, l’alentir, et accueillir, et recevoir ! s’en faire l’hôte le plus humblement dévoué…) de la Grâce ! _

daigner

partager

_ expérience proprement esthétique que cette joie singulière-là…


Inutile de préciser, donc,

que,

à mon tour

de lecteur de ce livre,

je partage dans toute sa plénitude cette démarche _ toute amicale _ d’accueil

et de sympathie,

celle de la curiosité ouverte et amie, affectueuse,

de Fabienne Brugère

à l’égard

de ce que nous avons qualifié, en notre conversation,

d' »expérimentation« 

audacieuse, courageuse

_ en l’audace, toute de probité, de sa fragilité discrète même… _,

d’artistes contemporains…

Bravo donc pour ce travail passionnant

d’exploration

quant aux Arts

pensant vraiment

_ et autrement que conceptuellement :

à travers quelque aisthesis

donnant, d’une façon ou d’une autre, à s’exposer (sans s’exhiber)

à d’autres que soi,

sans fausse posture

(ou imposture : hystérisée en quoi que ce soit) de soi… :

au service d’un autre Soi (étrangement plus grand que soi,

et cela pour chacun ! pas que pour l’artiste !)

qui vient discrètement,

« se trouvant«  ainsi alors en cette « expérience » d’aisthesis

partagée,

s’y découvrir… _

bravo donc

pour ce travail passionnant

qu’est ce Philosophie de l’art

de Fabienne Brugère et Julia Peker…

Titus Curiosus, le 26 novembre 2010

Post-scriptum :

le mardi 25 janvier 2011,

j’aurai la grande joie de dialoguer à la librairie Mollat, au 91 de la rue Porte-Dijeaux,

avec la magnifique Baldine Saint-Girons

_ cf et son génial Fiat lux : une philosophie du sublime, au Quai Voltaire ;

et son si merveilleux L’acte esthétique, aux Éditions Klincksieck _ :


à propos de son dernier important essai d’esthétique, Le Pouvoir esthétique,

aux Éditions Manucius,

dont voici

_ cf aussi mon article de présentation, en date du 12 septembre 2010 : les enjeux fondamentaux (= de civilisation) de l’indispensable anthropologie esthétique de Baldine Saint-Girons : “le pouvoir esthétique” _

la quatrième de couverture :

Mettre en évidence «le pouvoir esthétique», c’est souligner l’intrication des questions de l’esthétique à celles de l’éthique et du politique. Le pouvoir naît d’un vouloir et se heurte à d’autres pouvoirs. Sous la diversité des apparences, il concerne la force de l’apparaître, compris en ses trois temps : projet, stratégie, effets. Faut-il plaire, inspirer ou charmer ? Rechercher la dignité du beau, la gravité du sublime ou la suavité de la grâce ? Parmi les trois figures de la laideur ou du mal, notre adversaire est-il d’abord la difformité qui dissone, la médiocrité qui enlise, ou la violence qui révulse ? Le beau peut être médiocre et violent : il ne saurait manquer d’harmonie. De même, le sublime peut être compatible avec la difformité et la violence : il disparaît avec la médiocrité. Et la grâce peut être dépourvue de beauté et d’originalité : la douceur ne saurait lui faire défaut. À chaque combat sa technique : l’imitation des meilleurs, l’invention du nouveau, l’appropriation de traits gracieux. De là des résultats divergents : l’admiration va à ce qui plaît, l’étonnement à ce qui inspire, la gratitude à ce qui charme. Rompre les trois cercles maudits du mépris niveleur, de la médiocrité agressive et de l’envie négatrice, tel est l’enjeu. Dans quelle mesure ces trois grands types de pouvoir esthétique sont-ils exclusifs, chacun des deux autres ? Si Burke dégagea, au milieu du XVIIIe siècle, ce qu’on peut appeler le dilemme esthétique entre beau et sublime, est-on aujourd’hui fondé à parler d’un trilemme esthétique entre beau, sublime et grâce ?

A suivre…

une merveilleuse « entrée » à la musique de goût français : un CD de « Sonates » de Jean-Marie Leclair, avec le violon de John Holloway

12jan

Goûtant tout particulièrement le « baroque » français _ c’est presque un oxymore ! mais justement… _,

je désire faire partager la joie que me donne, en le passant et repassant sur ma platine, avec toujours davantage de degrés de plaisir, le CD « Sonatas« 

_ au nombre de 5, extraites du « Troisième Livre de Sonates« , opus 5 (en 1734) _

de Jean-Marie Leclair, par le violon _ « seul » _ de John Holloway ; qu’accompagne « la basse continue » _ ici le violoncelle et le clavecin _, par les soins, particulièrement fins, eux aussi, de Jaap ter Linden et Lars Ulrik Mortensen :

le CD « Sonatas » de Jean-Marie Leclair _ CD ECM 2009 n° 476 6280 (avec une exceptionnelle prise de son !..).

Une merveille de musique !!!

Il y a bien longtemps que me « touche » tout particulièrement (toute) la musique de Jean-Marie Leclair (Lyon, 10 mai 1697 – Paris, 23 octobre 1764) ; lyonnais, et formé _ juste de l’autre côté des Alpes, à la cour de Savoie, à Turin _ au violon virtuose par Giovanni-Battista Somis (turinois, Turin, 1686 – Turin, 1763), lui-même élève _ à Rome _ d’Arcangelo Corelli (Fusiniano, 1653 – Rome, 1713) ; et, probablement aussi _ à Venise _ d’Antonio Vivaldi (Venise, 1678 – Vienne, 1741)…

« Confronté », en sa carrière _ d’abord en 1728 lors d’un séjour à Kassel ; puis de passage à Amsterdam en 1743 _, au virtuose du violon Pietro Locatelli (Bergame, 1695 – Amsterdam, 1764),

alors que le jeu du bergamasque avait valu à celui-ci la réputation de « diable« ,

le jeu de notre lyonnais lui avait mérité la qualification d’« ange« 


Étrangement, c’est encore « au compte-gouttes » que paraissent à l’enregistrement discographique les œuvres de Jean-Marie Leclair ; pourtant assez peu nombreuses : 89 « pièces » de musique, exactement, en 13 opus de musique instrumentale _ splendide ! _ (des recueils de « Sonates » _ avec ou sans basse continue _ ; et de « Concerti » pour quelques instruments ; pour l’essentiel…), parues de 1723 à 1753 ; ainsi qu’une tragédie en musique, « Scylla & Glaucus« , représentée à l’Académie royale de musique en 1746 ; ainsi que 2 pièces (un trio et une sonate) posthumes, en 1766 et 67…

Qu’on écoute sur ce Cd ECM de 5 « Sonatas »

(extraites du « Troisième livre » _ ou opus 5, dédié à Louis XV, en 1734 : les sonates VIII, VII, I, III & IV)

ces trois magnifiques interprètes ! que sont John Holloway, au violon, Jaap ter Linden, au violoncelle, et Lars Ulrik Mortensen, au clavecin ;

et on sera introduit, avec la plus raffinée et tout à la fois la plus « simple » des délicatesses, dans un univers d’une diaprure merveilleusement splendide de souplesse, et somptueuse de pureté et de tendresse

_ française…

Un enchantement !

En 1776, en sa marquante « General History of the Science and Practice of Music« , le musicologue anglais John Hawkins avait livré cette (notable) appréciation-ci :

« Le Clair est célèbre pour l’esprit et l’énergie de son jeu ; et ses compositions en sont, en quelque sorte, la _ toujours bien vivante, encore pour nous, aujourd’hui ! _ preuve. On peut dire au moins que, pour la grandeur et la dignité du style _ oui ! _, il n’y a aucune composition de musiciens français, ni de Lully lui-même _ dont l’autorité resplendissait encore par l’Europe entière quatre-vingt-neuf ans, encore, après sa mort (en 1687) _, qui mérite d’être comparées aux siennes«  : pas moins !..

Cela étant plus que jamais avéré par l’interprétation de ces (trois) musiciens-interprètes-ci

en ce si remarquable enregistrement-ci !..

de la musique (en 1734) de celui qui, en 1733, avait été nommé « premier symphoniste » du roi.


Titus Curiosus, le 12 janvier 2008

Juste ce post-scriptum-ci

au réveil :

Ce CD « Sonatas » de l’opus 5 (de 1734) Leclair illustre merveilleusement

quant à son effet sur mes (modestes) oreilles,

sinon d' »amateur« , encore moins de « connoisseur »

_ cf mon article du 10 janvier : « sur la part des désirs d’œuvres dans la vie et l’Histoire des Arts » _,

ni, a fortiori, d' »expert« (!),

mais seulement de « curieux« ,

ce splendide mot

_ qui risque bien de retomber au statut de « cliché » (pour « les nuls » !…)

si l’on ne veille à (bien soigneusement) le réactiver, avec toute la formidable vigueur que vraiment il mérite !!! _ ;


ce splendide mot de Nietzsche

(au § 33 de « Maximes et pointes » du « Crépuscule des idoles« )  :

« la vie sans la musique ne serait qu’une erreur« …


A preuve,

le formidablement vif _ et tout bonnement merveilleux ! _ « essai » de François Noudelmann

_ l’excellentissime animateur du blog (que je recommande !) « 24 heures philo » sur le site de « Libération » _ :

« Le Toucher des philosophes _ Sartre, Nietzsche et Barthes au piano« …


Une réflexion unique

sur l’écoute

de l’amour

de la pratique de la musique (au piano…)

dans les marges de ce qu’on pu écrire _ et ne l’ont pas tout à fait fait (!!!) _ d’immenses (géniaux !) philosophes,

tels que Frédéric Nietzsche, lui-même, Jean-Paul Sartre,

et Roland Barthes…

Un livre très rare : une priorité même de lecture !..

Pour aimer davantage encore écouter _ sinon la pratiquer… _ la musique ;

tel, par exemple, ce si beau CD de « Sonates » du « Troisième Livre«  _ et opus 5 (en 1734) _ de Jean-Marie Leclair

par John Holloway, Jaap ter Linden et Lars Ulrik Mortensen…

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