Posts Tagged ‘Crescendo

Le CD Supraphon SU 4333-2 « Village Stories » (Stravinsky – Janacek – Bartok) du Prague Philharmonic Choir dirigé par Lukas Vasilek : une référence absolue selon le magazine Crescendo…

08jan

Comme le souligne superbement Pierre-Jean Tribot en son article « Fêtes villageoises entre ripailles et comptines » du 17 novembre dernier (2023) du Magazine Crescendo,

le CD Supraphon SU 4333-2 « Village Stories – Stravinsky – Janacek – Bartok« , du Prague Philharmonic Choir sous la direction de Lukas Vasilek _ voir la brève vidéo-teaser de ce CD par Supraphon _,

constitue désormais « une immense référence » de ce répertoire éminemment festif d’Europe centrale…

Leoš Janáček and the generation younger Béla Bartók and Igor Stravinsky were major 20th-century composers markedly influenced by folk music, bringing it to bear in their own creations. Janáček and Bartók also keenly devoted to folklore as theoreticians and collected folk songs around the villages. Stravinsky, for his part, was mesmerised by folk rituals. A case in point is Les noces, which in four choreographed scenes depicts Russian wedding customs. Following significant revisions of the instrumentation, the fourth, definitive, version of the piece received its world premiere in 1923 in Paris, as performed by Sergei Diaghilev’s Ballets Russes, to Bronislava Nijinska’s choreography. Janáček conceived his Nursery Rhymes at the age of 71, shortly after completing the opera The Makropulous Case. He too made changes to the instrumentation before arriving at a satisfactory form. The second version of the set bears witness to Janáček’s being enthralled by Stravinsky’s music. The Three Village Scenes for female voices and chamber orchestra feature arrangements of folk tunes Bartók collected in the Zvolen district in today´s Slovakia. The set is evidently influenced by Stravinsky’s style as well. The three challenging works have been undertaken by Lukáš Vasilek conducting the outstanding Prague Philharmonic Choir, which on numerous occasions have displayed its exceptional qualities and a great sense for performing music inspired by folk art. The album links up to the highly acclaimed recording of Bohuslav Martinů’s Cantatas (Gramophone Editor’s Choice, nomination for the BBC Music Magazine Award) _ je possède aussi ce CD Supraphon SU 4198-2, dirigé lui aussi par Lukas Vasilek, enregistré au Rudolfinum de Prague, en 2015 et 2016…

Voici donc ce bel et très juste article de Pierre-Jean Tribot :

Fêtes villageoises entre ripailles et comptines

LE 17 NOVEMBRE 2023 par Pierre Jean Tribot

Igor Stravinsky (1882-1971) : Les Noces (1917, rev 1923) ; Leoš Janáček (1854-1928) : Říkadla ; Béla Bartók (1881-1945) : Trois scènes de village.

Kateřina Kněžíková, soprano ;  Jana Hrochová, mezzo-soprano ;  Boris Stepanov, ténor ;  Jiří Brückler, baryton ;  Zoltán Fejérvári, Katia Skanavi, Alexandra Stychkina, Kirill Gerstein, pianos ; Amandina Percussion Group, Dakoda trio, Zemlinsky Quartet Belfiato Quintet. Prague Philharmonic Choir, Lukáš Vasilek.

2021 et 2022. Livret en anglais et en tchèque. Texte chanté traduit en anglais. 53’28’’. SU 4333-2

Il est parfois des programmes avec une évidence telle _ en effet ! _ qu’elle n’a pourtant jamais effleurée les concepteurs des programmes de disque ! Avec cet album, sans doute historique, Supraphon nous plonge dans la vie villageoise revue par trois des grands noms de la musique du XXe siècle, trois compositeurs qui ont pris leurs influences dans les danses, les transes et les comptines séculaires, voire millénaires des villages slaves et magyars _ voilà.

Dans les Noces de Stravinsky, Lukáš Vasilek amène ses choristes du Prague Philharmonic Choir, ses solistes et ses instrumentistes au plus profond des âmes _ voilà. Sa lecture du chef d’œuvre stravinskien conjugue tant la violence d’une fête qui déraille _ voilà : dans l’ivresse dionysiaque _, qu’une nostalgie des vies qui s’écoulent et du temps qui passe _ aussi.  Il y a dans la discographie des lectures plus violentes comme celle de Valery Gergiev (Mariinski) ou plus élégantes et racées comme celle de Charles Dutoit (Erato), mais cette nouvelle version conjugue comme jamais l’énergie primitive _ voilà _ avec un geste qui scanne les âmes en profondeur. Lukáš Vasilek a convoqué une équipe exceptionnelle _ oui ! _ pour l’entourer, il suffit de regarder la liste des pianistes d’où émergent les noms de Kirill Gerstein et Katia Skanavi. Tous ces artistes sont au diapason de cette interprétation qui fait briller mille détails _ mais oui : des pépites _ d’une partition que l’on pensait connaître par cœur mais dont on découvre de nouveaux aspects sous ces projecteurs musicaux.

Avant de passer aux brèves mais intenses Trois scènes de village de Béla Bartók, gorgées d’énergie et de couleurs fauvistes _ oui _, le Prague Philharmonic Choir interprète Říkadla, une sélection _ du morave Leos Janacek _ de comptines pour enfants, chansons de nourrices, issues de Bohème, Moravie ou Ruthénie subcarpatique _ qui ont formé la Tchécoslovaquie… Très courtes, chacune de ces pièces ouvre une nostalgie infinie qui émane de la simplicité de ces saynètes illustratives d’un bonheur quotidien, magnifiées par l’harmonisation du compositeur.

Enfin, les Trois pièces de village sont l’apothéose _ sublimissime _ de cet enregistrement par la force coloriste et rythmique _ oui ! _ qui se détache de cette œeuvre patchwork et unique _ rien moins ! _ dans le legs de Béla Bartók.

Tout au long de ce programme, le Prague Philharmonic Choir est superlatif _ oui ! _ tant dans son homogénéité, sa projection que dans ses multiples couleurs : impactant et fruité dans Stravinsky et Bartók, mais poétique et émouvant dans Janáček. La prise de son est magistrale _ comme toujours chez Supraphon _ et nous plonge dans la salle d’enregistrement _ le centre culturel VZLET, à Prague _ au plus près des artistes. Une immense référence  _ c’est dit !

Son : 10  Notice : 10  Répertoire : 10  Interprétation : 10

Pierre-Jean Tribot

Une joie irradiante !!!

Ce lundi 8 janvier 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un très réjouissant CD de musique baroque portugaise, 6 « Concerti Grossi » d’Antonio Pereira Da Costa (1697 – 1770), publiés à Londres en 1741, par l’excellent Ensemble Bonne Corde, soit le très vivant CD Ramée RAM 2104…

15déc

L’Ensemble Bonne Corde, dirigé par Diana Vinagre, nous propose un très réjouissant CD « Concerti Grossi » d’Antonio Pereira Da Costa (c. 1697 – 1770, Maître de chapelle à la cathédrale de Funchal, sur l’île de Madère) _ un CD comportant les Concerti V, VI, VII, VIII, IX et X, extraits d’un recueil de douze publié à Londres en 1741, et d’un style tout à fait corellien… _ que vient de publier l’excellent label Ramée, soit le très réussi CD RAM 2104

 écouter ici le podcast (de 69′) de ce CD …

C’est l’article « Le Portugal à l’ère baroque : deux nouvelles parutions » de Christophe Steyne publié par Crescendo en date du 24 novembre dernier qui  a orienté ma curiosité vers ce CD Ramée : 

Le Portugal à l’ère baroque : deux nouvelles parutions

LE 24 NOVEMBRE 2023 par Christophe Steyne

Hidden Gems of the Portuguese Baroque. Pietro Giorgio Avondano(1692-c1755) : Divertimenti en ut mineur, sol majeur, la mineur, ré mineur, mi mineur. Giovanni Bononcini(1670-1747) : Moi sposo t’arresta [Farnace]. Francisco António de Almeida (1703-1754) : Nell’ incognito soggiorno ; Camminante che non cura [La Pazienza di Socrate]. Ogni fronda ch’è mossa dal vento [Il Vaticinio di Pallade, e di Mercurio]. Rinaldo di Capua (c1705-c1780) : Nacqui agli affanni in seno [Catone in Utica]. Ana Quintans, soprano. Hugo Oliveira, baryton. Real Câmara, Enrico Onofri. Livret en anglais, français, allemand (paroles traduites en anglais). Novembre 2022. TT 70’17. Passacaille PAS1127

António Pereira da Costa (c1697-1770) : Concertos Grossos com doys Violins, e Violão de Concertinho Obrigados, Opera Primeira [V-X]. Ensemble Bonne Corde, Diana Vinagre. Livret en anglais, français, allemand. Octobre 2021. TT 70’24. Ramée RAM2104

Enrichie depuis deux siècles par l’or de la colonisation brésilienne, la Cour de João o Magnânimo (1689-1750) jalousait l’absolutisme de Louis XIV, entendait rivaliser avec les plus prestigieuses monarchies d’Europe, et briguait le reconnaissance du Saint Siège. Telle une réplique du Vatican, la Chapelle Royale fut élevée au rang de basilique patriarcale. « Faire de Lisbonne une nouvelle Rome » selon l’ambition déjà exprimée par le grand poète national Luís Vaz de Camões (c1525-1580). Pour le rayonnement musical de son palais de Mafra, Jean V _ voilà _ convoitait les meilleur artistes et compositeurs d’Europe. Brandissant un poste de Maître de Chapelle, il parvint en 1720 à attirer nul moins que Domenico Scarlatti, alors attaché à la Cappella Giulia auprès de l’Ambassadeur du Portugal. Le Napolitain enseigna le clavecin à la Princesse Marie-Barbara, dont la mère Marie-Anne d’Autriche animait la vie musicale de la cour en toutes ses manifestations, tant publiques que dans les appartements royaux.

C’est un tel fastueux décor qu’investit cet album, sur la piste de la Chambre Royale dont l’ensemble Real Câmara brigue l’augure : « un ensemble international et éclectique de musiciens unis par une esthétique commune, dans l’esprit cosmopolite de l’orchestre de cour portugais du XVIIIe siècle » lit-on sur son site. Revivifier un patrimoine, en lui associant les pratiques historiques d’exécution. Confronté aux incertitudes entourant le répertoire qui put résonner dans ces circonstances, le programme articule œuvres instrumentales mais aussi vocales. Parmi lesquelles un pan annoncé en premier enregistrement mondial : cinq trios de Pedro Jorge Avondano, dont le prénom apparaît comme Pietro Giorgio dans le manuscrit munichois qui conserve ces divertimentos datés de 1748. « Sûre, concise, inspirée, variée », selon le livret du disque, leur écriture renvoie à la sonata da chiesa et témoigne de diverses influences (napolitaines, romaines, vénitiennes, françaises). Le violon se singularise dans ces pages que Fernando Miguel Jalôto, claveciniste de l’équipe, a constitué sous forme de concerto grosso, amplifiée avec répartie de ripieno, selon une pratique courante à l’époque (la notice cite quelques exemples).

Le volet lyrique s’emprunte à trois compositeurs. Tirés de La Pazienza di Socrate, premier opéra-comique connu au Portugal, Nell’ incognito soggiorno et Camminante che non cura émanent de la plume de Francisco António de Almeida dont le roi avait financé le voyage d’études dans la cité pontificale _ Rome. Nous en entendons aussi un air extrait de la sérénade Il Vaticinio di Pallade, e di Mercurio. Au service dès 1698 de Léopold de Habsbourg, père de la reine consort qui lui apporta aussi son soutien au Paço da Ribeira, Giovanni Bononcini fut brièvement actif à Lisbonne au milieu des années 1730, quand il écrivit son Farnace pour l’Academia da Trindade. Ana Quintans chante Moi sposo t’arresta, seul air qui semble survivre à cet opéra, ainsi que Nacqui agli affanni in seno, provenant d’un des quelques opéras que le Napolitain Rinaldo di Capua accorda à la cité lusitanienne. Pour le tout premier CD de l’ensemble qu’il dirige ici, l’éminent Enrico Onofri inculque tout le soin et la virtuosité que réclament ces œuvres rares et dignement révélées. Tout au plus aurait-on souhaité que, derrière la précision du trait, les Divertimenti brillassent d’un panache que leur arrangement concertant semble quelque peu farder.

On doit également à Fernando Miguel Jalôto d’avoir reconstruit la partie de violoncelle qui manque à ce que l’on conserve des « Concertos grossos » d’António Pereira da Costa (exemplaire archivé à la British Library). Ils parurent à Londres en 1741, dans une capitale anglaise qui était un des principaux foyers d’édition européen _ oui _, et friande de partitions ibériques. La vogue du Baroque italien essaima jusque dans l’archipel de Madère _ voilà _, au point que l’on ne s’étonne guère qu’Arcangelo Corelli put servir de modèle à l’unique opus qui survit à ce compositeur. Sa vie est mieux connue depuis les recherches biographiques de Paulo Esteireiro, docteur en musicologie de la Universidade Nova de Lisboa, publiées en 2018. Mestre da Capella à la cathédrale de Funchal, et soutenu par le mécénat de João José de Vasconcelos Bettencourt (riche notable local), ce prêtre entendit-il jamais ses concertos autrement que par le biais de concerts amateurs ?, –dans la province d’un pays où la vie musicale était centralisée à Lisbonne.

La notice du CD détaille une analyse stylistique de ce recueil qui peut s’entendre comme une amplification du genre de la sonate en trio _ voilà _, et inclut _ comme dans les Suites… _ de nombreuses danses, dont la prépondérance du menuet. Tout en activant des idiosyncrasies, comme les élans martiaux et la verve rythmique de la Battaglia qui trouvaient alors fortune sur les chamades des orgues, et résonnent dans le concerto en ut majeur qui clôt le disque _ plages 29 à 33. La segmentation à l’intérieur des mouvements, et la versatilité d’un discours aux cheminements harmoniques parfois étranges, contribuent à l’imprévisibilité de ces œuvres, et à leur charme pittoresque _ oui.

C’est cette versatilité et cette insularité méridionale que valorise l’interprétation _ très vivante et charmante _ de l’ensemble Bonne Corde, jamais avare de condiment. Outre des archets délicieusement flexibles et savoureux _ oui _, on saluera l’archiluth et la guitare de Giovanni Bellini qui strient et épicent ce panel de six concertos. Et quelle prise de son ! Les micros de Rainer Arndt en soutirent tout le suc et les effluves. Réalisée à l’église de l’Enfant-Dieu de Lisbonne, l’ample et dynamique captation magnifie l’éloquence de ces pages qui enivrent _ voilà _ autant que le vin de l’île qui les vit naître.


Christophe Steyne

Passacaille = Son : 8,5 – Livret : 8,5 – Répertoire : 7-8 – Interprétation : 9

Ramée = Son : 9 – Livret : 9 – Répertoire : 9 – Interprétation : 10

Un très charmant travail de cet excellent Ensemble Bonne Corde…

Ce vendredi 15 décembre 2015, Titus Curiosus – Francis Lippa

De très beaux « Martinů » par Josef Špaček, Miroslav Sekera et l’Orchestre symphonique de la Radio de Prague, dirigé par Petr Popelka : une nouvelle brillante réussite du label Supraphon…

15nov

Comme en prolongement de mon article du 17 octobre dernier « « ,

..

et dans l’élan d’enthousiasme de mes récentes écoutes de musique tchèque (et morave) par des interprètes natifs de ce très fécond musicalement royaume de Bohème,

ce précieux article-ci « Bohuslav Martinů, entre Paris et New-York« , de Jean Lacroix, sur le site de Crescendo, en date d’hier mardi 14 Novembre 2023 :

Bohuslav Martinů, entre Paris et New-York

LE 14 NOVEMBRE 2023 par Jean Lacroix

Bohuslav Martinů (1890-1959) : Concerto pour violon, piano et orchestre H. 342 ; Sonate pour violon et piano n° 3 H. 303 ; Cinq Petites Pièces pour violon et piano H. 184. Josef Špaček, violon ; Miroslav Sekera, piano ; Orchestre symphonique de la Radio de Prague, direction Petr Popelka. 2020/22. Notice en anglais, en allemand, en français et en tchèque. 63.15. Supraphon SU 4330-2.

Le label Supraphon propose un programme Martinů, partagé entre la France et les Etats-Unis. Le compositeur _ Polička, 8 décembre 1890 – Liestal, 28 août 1959 _, après avoir obtenu une bourse, se rend dès 1923 à Paris où il étudie auprès d’Albert Roussel. Il y vit jusqu’en 1940, tout en retournant régulièrement dans sa Bohême natale, avant d’émigrer aux USA pour fuir la guerre et de s’y s’installer jusqu’en 1953. C’est là qu’il compose un concerto à la demande des époux Rabinof, Sylvia (1913-2001) et Benno (1910-1975). Ce dernier, Américain d’origine russe, est un grand virtuose qui a été l’un des derniers élèves de Leopold Auer. Le compositeur est alors très apprécié aux USA ; il y a déjà écrit un concerto pour le violoniste Mischa Elman. La série de ses six symphonies (sauf la Cinquième) est créée par des phalanges prestigieuses (Boston, Cleveland, Philadelphie) pendant cette période américaine.

Début mai 1953, Martinů, qui a la nostalgie de la France, mais aussi de l’Italie, quitte les Etats-Unis, où il ne reviendra qu’une seule fois. On le retrouve à Nice, à Rome, puis en Suisse, où il mourra. Le Concerto pour violon, piano et orchestre est créé un an après, le 13 mai 1954, à New York, en l’absence du créateur, alors sur la Côte d’Azur. C’est une œuvre de la maturité épanouie, au lyrisme exubérant et à l’impulsivité dynamique. D’essence néo-classique, elle comporte trois mouvements, dont le premier, Poco allegro, rappelle, selon son biographe Guy Erismann (Actes Sud, 1990), la Bohême entière, des champs et des forêts, des lacs et des rivières, celle du violon tchèque pur, chantant, presque spontané, souriant de mélodies inimitables qui planent sur le grand horizon. On y ajoutera une chaleur communicative et une complicité de l’archet avec un piano attentif à le mettre en valeur. Un Adagio grave et sensuel rappelle un thème de la Symphonie n° 4. Le lyrisme est ici à un niveau élevé, entre un violon virtuose aux accents méditatifs et un piano qui se tient sur la réserve. L’Allegro conclusif oscille entre drame et tension, entre flots de joie populaire et dynamisme orchestral qui mènent tout droit à un superbe apogée. On connaissait de cette partition trop peu enregistrée la belle version Matoušek/Kosarek _ elle est présente en ma discothèque personnelle _, avec la Philharmonie tchèque dirigée par Christopher Hogwood (Hyperion, 2008). Ici, Josef Špaček (°1986), qui a été finaliste du Concours Reine Elisabeth 2012, et son partenaire Miroslav Sekera (°1975) offrent beaucoup de finesse d’esprit au dialogue concertant, soutenu par Petr Popelka (°1986) qui, à la tête de la phalange de la Radio de Prague, met bien en évidence cet échange inspiré, entre tension et détente.

Petit retour en arrière, toujours new-yorkais, avec la Sonate n° 3 pour violon et piano, qui date de 1944, année de la Symphonie n° 3. En quatre mouvements, cette partition bien équilibrée quant à sa forme, relève d’un néo-classicisme transcendé. Le lyrisme y est permanent : le jaillissement est perpétuel dans le Poco allegro, l’Adagio s’écoule avec une tranquillité néo-baroque, comme le dit si bien la notice du musicologue Jaroslav Mihule, le Scherzo vit d’une intense alacrité populaire, avant un final qui ne cesse de s’épanouir avec noblesse. Une sonate des plus remarquables, qui a vu quelques grands noms s’y attacher (David Oïstrakh avec Frida Bauer, réédition en coffret Brilliant en 2012, ou le duo Josef Suk/Josef Hala pour Supraphon en 1989 _ je possède aussi cette interpration _). Les deux interprètes du jour se situent dans la ligne convaincante, claire et pleine de vitalité de Bohuslav Matoušek et Petr Adamec (Supraphon 1999, réédition 2008 dans un coffret de 4 CD).

Le complément des Cinq Pièces brèves pour violon et piano (titre original en français) nous ramène dans la capitale de l’Hexagone à la mi-avril 1930. Elles sont à la fois subtiles et d’un lyrisme plein de saillies. Les deux solistes soulignent bien leur élégance quelque peu parisienne pour clôturer un album qui vaut le détour _ voilà !

Son : 9    Notice : 10    Répertoire : 10    Interprétation : 9

Jean Lacroix

Bohuslav Martinů,

un superbe compositeur du XXe siècle qu’il faut vraiment aller bien mieux connaître…

Ce mercredi 15 novembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Mozart, ou la subjuguante jubilatoire évidence du bonheur absolu, par le piano (de grâce !) de Francesco Piemontesi ; ou le rare miracle de toucher ici aux lumières du paradis musical…

31oct

Le CD « Mozart – Piano Concertos N° 19 & 27 – Rondo K. 386 » de Francesco Piemontesi , avec le Scottish Chamber Orchestra dirigé par Andrew Manze _ soit le CD Linn Records CKD 622, enregistré à Edimbourg les 2-3-4 mars 2019, et paru le 26 août 2020… _, renforce ma conviction jubilatoire que Mozart, à lui seul, pourvoie l’évidence simplissime d’un bonheur absolu…

Du Concerto n°19 en fa majeur K. 459 (du 11 décembre 1784),

voici le podcast de l’Allegro (de 12′ 21) du premier mouvement :

Et du Concerto n° 27 en si bémol majeur K. 595 (du 5 janvier 1791),

voici le podcast de l’Allegro (de 14′ 12) du premier mouvement ;

et le podcast de l’Allegro (de 9′ 27) du troisième mouvement…

Une simple _ subjuguante _ évidence jubilatoire…

Cet article-ci, de ce 31 octobre 2023, se trouve être le neuvième que je consacre sur ce blog à des interprétations _ de Liszt, de Mozart, de Schubert… _ de Francesco Piemontesi _ pour les labels Orfeo, Pentatone, Linn Records…

_ 1° : celui en date du 26 décembre 2018 : «  » ;


_ 2° : celui en date du 6 juin 2019 : «  » ;

_ 3° : celui en date du 27 juin 2019 : «  » ;

_ 4° : celui en date du 25 septembre 2019 : «  » ;

_ 5° : celui en date du 29 octobre 2019 : «  » ;

_ 6° : celui en date du 24 octobre 2020 : «  » ;

_ 7° : celui en date du 19 septembre 2023 : «  » :

_ 8° : celui en date du 26 septembre 2023 : « « …

Mais c’est le stupéfiant miracle d’évidence simplissime de grâce _ voilà ! _ de ce proprement sublime CD des 19e & 27e  Concertos pour piano et orchestre K. 459 & 595 de Mozart sous les doigts de Francesco Piemontesi _ né à Locarno, dans le Tessin, le 7 juillet 1983 : il a maintenant 40 ans… ; lors de l’enregistrement de ce CD à Edimbourg les 2, 3 et 4 mars 2019, Francesco Piemontesi avait 36 ans… _,

qui me fait toucher aux lumières du paradis, au moins, de la musique…

Et voici encore _ manière pour moi d’enfoncer encore un peu mon clou… _ un très significatif _ lucidissime _ compte-rendu de concert donné le 28 avril 2014 au Conservatoire de Bruxelles par Francesco Piemontesi, sous la plume de François Mardirossian,

un compte-rendu découvert à l’instant sur le site de l’excellent Crescendo : « Francesco Piemontesi, l’intelligence musicale« 

_ c’est un jour, possiblement à l’automne 2018, une interview, saisie à la radio (probablement sur France-Musique), d’un chef (je ne me souviens hélas plus qui : Daniel Barenboïm ?…), auquel il était demandé quel interprète de la musique il conseillerait d’écouter en priorité ; celui-ci avait alors cité le nom et parlé très chaleureusement de Francesco Piemontesi, dont le jeu, avec lui, en concert l’avait profondément marqué ; et c’est ce très avisé conseil d’expert qui m’a incité à découvrir alors ce pianiste inconnu jusqu’alors de moi, et qui, depuis, non seulement ne m’a jamais déçu, mais surtout, comme aujourd’ui pour ce sublime CD Mozart des Concertos 19 & 27 du label Linn Records, paru au mois d’août 2020 (je l’avais laissé passer…), me comble… _ :

Francesco Piemontesi, l’intelligence musicale

LE 29 AVRIL 2014 par La Rédaction

Francesco Piemontesi © Marco Borggreve

Wolfgang Amadeus Mozart : Sonate pour piano KV 533/494
Ludwig van Beethoven : Sonate pour piano n° 30, op. 109
György Ligeti : Cordes vides (Etudes pour piano I), Entrelacs (Etudes pour piano II)
Claude Debussy : Des pas sur la neige (12 Préludes, livre I), La Danse de Puck (12 Préludes pour piano, livre I)
Franz Schubert : Sonate pour piano, D 958


Du haut de ses 30 ans _ à cette date du concert bruxellois, le 28 avril 2014, donc _, Francesco Piemontesi vient de nous offrir un récital au programme très exigeant. On se souvient de son éclatant 3e Prix au Concours Reine Elisabeth (2007) et, ce soir, il atteint un niveau de perfection subjuguant _ un adjectif qui vient aussi sous ma plume ! Sa Sonate _ en fa majeur K. 533/494, n°15 _ de Mozart est d’une grande simplicité et d’une confondante évidence _ « simplicité« , « évidence«  : encore de mes mots pour caractériser le miraculeux talent d’interprétation de Francesco Piemontesi… _, son toucher est sans manière, aérien, chantant _ voilà : la grâce même… Un son tout à fait mozartien _ mais oui ! Mais qu’est-ce qu’un son mozartien ? La simplicité de rigueur, la rondeur dans l’attaque de la touche et une grande vocalité dans les lignes mélodiques _ voilà, voilà. Piemontesi ne tombe jamais dans l’affèterie _ certes non… _ et conduit sans cesse _ dynamiquement, mais sans jamais rien de forcé : seulement l’évidence du plus grand naturel… _ la mélodie. L’auditeur comprend parfaitement _ oui _ où le compositeur voulait l’amener. Ce jeune pianiste suisse-italien _ natif, le 7 juillet 1983, de Locarno, dans le Tessin ; et il enregistre souvent à Lugano _ comprend parfaitement _ oh que oui ! _ la musique et la fait comprendre aisément _ et tout est dit là, en cette merveilleuse dynamique de jeu, sans jamais rien de si peu que ce soit forcé. Le mouvement lent est joué dans la tendresse _ oui ! _ et nous fait regretter qu’elle ne soit pas donnée plus souvent. Le récital se poursuit avec la grande Sonate op. 109 de Beethoven. D’emblée, Piemontesi modifie l’approche de l’instrument et offre un son très différent. Dès les premières notes, on saisit le bond dans le temps. L’instrument pour lequel cette œuvre fut écrite n’est plus le même, et la manière de s’exprimer non plus _ en effet. Nous sommes plongés dans les tourments beethovéniens et le deuxième mouvement conjugue poigne et vitalité _ comme il convient pour Beethoven. Le dernier mouvement (thème et variations) est un des moments forts de ce concert : le public est attentif à cette musique qui nous porte à l’état de grâce _ encore un de mes mots, même si la grâce de Beethoven n’est pas la grâce de Mozart… _ quand elle est bien jouée comme ce soir. Francesco Piemontesi chante la vraie virtuosité : science des voix, connaissance approfondie de l’esprit beethovénien et grande générosité dans l’émotion _ oui… Il sait où il va et il donne en permanence l’impression que la musique naît sous ses doigts à l’instant même où il la joue _ comme cela devrait toujours, toujours, être le cas ! Après la pause, deux Études de Ligeti parfaitement maîtrisées, claires, bien construites et d’un grand soin du son. Même chose pour les deux Préludes de Debussy et la tension est à son comble dans Des pas sur la neige _ je possède aussi le CD des Préludes de Debussy par Francesco Piemontesi, enregistré à Lugano en mars et avril 2014 : le CD Naïve V 5415. Piemontesi impose naturellement au public une écoute sereine et silencieuse _ oui, lumineuse ; et c’est aussi le cas à l’écoute de ses magnifiques CDs successifs depuis… En bis, deux autres Préludes de Debussy dont Feux d’artifice, très impressionnants de clarté et de facilité _ des traits éminemment piemontésiens... _, presque sans pédale forte. 
Un récital mémorable et un programme sans complaisance.


François Mardirossian
Bruxelles, Conservatoire Royal, le 28 avril 2014

Et de ce même magnifique écouteur qu’est François Mardirossian, lui-même interprète, et à nouveau à propos et de Mozart et de Francesco Piemontesi,

on peut lire aussi, toujours sur le site de Crescendo, et en date du 12 juillet 2014, cet article-ci intitulé « Piemontesi : l’intelligence même de Mozart« , cette fois à propos du CD « Mozart – Piano Works » par Francesco Piemontesi, le CD Naïve V 5367…

Immense merci à cet exceptionnel passeur de musique qu’est au piano Francesco Piemontesi mozartien absolu !

Et bien sûr merci à ces (et ses) sublimes Mozart !

Ce mardi 31 octobre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

« Austérité et sensualité, rigueur et liberté » : les oxymores de la musique de César Franck, en un nouveau singulier CD (PDD 033) du Palais des Dégustateurs, de l’ami Eric Rouyer…

30oct

Outre la qualité de son oreille musicale, la fidélité amicale et musicienne est une des vertus d’Éric Rouyer,

l’âme éditoriale du passionnant label, toujours exigeant, Le Palais des Dégustateurs…

Ce mois d’octobre-ci 2023, paraît le CD PDD 033 de ce label, consacré à « César Franck et Blanche Selva« , par le piano toujours délié de Jean-Claude Vanden Eynden…

Outre un article très positif sur ce CD sous la plume de Jacques Bonnaure, à la page 82 du numéro 257 du Classica de ce mois de novembre, dont je retiens les excellentes expressions de « austérité et sensualité, rigueur et liberté » pour caractériser la singularité musicale de César Franck,

voici deux autres commentaires très laudatifs,

l’un de Michel Tibbaut :

« Bien cher Éric,

Votre CD Franck – Selva – Vanden Eynden est une pure merveille ! Aucune interprétation du Prélude, Choral et Fugue ne me satisfaisait vraiment entièrement… jusqu’à l’écoute de cette miraculeuse version ! Les tempos sont idéaux, ce qui est essentiel dans cette œuvre. Quant à l’émotion…
Les deux pages de Blanche Selva m’ont rappelé que Déodat de Séverac était son musicien de cœur » ;

et l’autre de Jean Lacroix _ dont on apprécie la plume et le jugement en ses articles de Crescendo _ :`

« Cher Monsieur Rouyer,

Après audition du disque de Jean-Claude Vanden Eynden, je partage tout à fait l’avis de Michel Tibbaut.
Le pianiste donne de Franck une magistrale vision personnelle, qui fouille la partition jusque dans son âme même, avec une sonorité ample et chaleureuse. Il y a beaucoup de sincérité chez Vanden Eynden, et l’on sent, comme il le dit dans sa note du 5 octobre, qu’il a une réelle intimité avec l’œuvre et que son interprétation résulte d’une véritable recherche de sens.
Le plaisir est grand aussi de découvrir sa lecture de Blanche Selva que je connais bien grâce, notamment, à Monsieur Guy Selva, avec lequel j’ai des échanges depuis quelques années déjà. Non seulement la transcription des Trois Chorals est éloquente, mais le charme de ses deux pièces ajoutées agit à plein régime.
Voilà un très beau CD, que je ne manquerai pas de saluer comme il le mérite dans mon futur texte sur le Palais des Dégustateurs. »
Ainsi que le podcast d’un entretien (de 31′ 28) entre Jean-Claude Vanden Eynden et Éric Rouyer, dans l’émission « Isère classique » de RCF radio, diffusée le 22 octobre dernier…

Une très belle réalisation discographique, donc…

Ce lundi 30 octobre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Chercher sur mollat

parmi plus de 300 000 titres.

Actualité
Podcasts
Rendez-vous
Coup de cœur