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Les merveilleuses trouvailles des soldes de CDs (suite) : le saisissant double CD Tacet 131 des « Préludes pour piano » de Claude Debussy par Evgeni Koroliov

14juil

Et maintenant voici le saisissant double CD Tacet 131 des « Préludes pour piano » de Claude Debussy par Evgeni Koroliov _ enregistrés à Oslo aux mois de mai et octobre 2003 _, publié par Tacet en 2004 : écoutez-ici

Sur ce double CD, j’ai retrouvé un article plutôt sévère de Pierre-Jean Tribot, publié sur le site de ResMusica le 26 mai 2005, intitulé « Evgeni Koroliov, du Debussy monacal » :

Evgeni Koroliov, du Debussy monacal

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Formé par la solide école russe d’Anna Artobolewkaya mais aussi conseillé par les légendaires Heinrich Neuhaus et Maria Youdina, le pianiste moscovite s’est imposé comme un artiste discret mais dont chaque disque mérite une attention particulière _ en effet. Fortement attaché à l’œuvre de Bach, son Clavier bien tempéré et son Art de la Fugue, de très haute tenue, lui ont valu une reconnaissance internationale. Le compositeur György Ligeti considérant même son Art de la fugue comme le disque à emporter sur l’île déserte. On attendait donc avec intérêt sa lecture d’un tel monument de la littérature pianistique que les Préludes de .

L’approche est hautement personnelle, sans aucune concession à la facilité et à l’esthétisme. Le ton est à l’économie de moyen tout en respectant scrupuleusement les indications du compositeur, mais sans tomber dans une aridité hors sujet. Cependant force est de constater que dans Debussy, ce n’est pas particulièrement convaincant  _ pour Pierre-Jean Tribot. Certaines pièces de ces deux livres pêchent par un manque de sensualité (défaut particulièrement marquant pour Danseuses de Delphes et Brouillard qui nous font craindre le pire pour cet album). Heureusement le pianiste réussit beaucoup mieux certaines pièces plus techniques où il faut plus de puissance : la Danse de Puck et Général Lavine-exentric s’avèrent très efficaces. Cependant, il manque à cette intégrale une sensualité ou une rigueur à la Robert Casadesus pour transcender ces œuvres. Nous resterons donc fidèles à nos nombreuses références habituelles : Michelangeli, Arrau, Crossley, Kocsis, Pollini, Zimmerman, Casadesus et Février, tout en reconnaissant la probité _ voilà _ de l’approche ascétique de Koroliov.

La curiosité du disque réside dans l’enregistrement en première mondiale d’un vingt-cinquième prélude. Prévu dès l’écriture du cycle, cette pièce intitulée les soirs illuminés par le charbon et dédiée au marchand de charbon Tronquin est apparue en 2001 lors d’une vente aux enchères. Pendant 85 ans, la partition resta la propriété de cette famille dont l’ancêtre avait fourni du charbon de chauffage au compositeur. Cette œuvre dont le titre est tiré du poème le balcon de Charles Baudelaire, fait écho au quatrième prélude du premier livre où une autre citation du poète caractérise l’atmosphère de la pièce : les sons et les parfums tournent dans l’air du soir. Peu de commentaires à faire sur cette pièce qui prolonge la magie debussyste.

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Claude Debussy (1862-1918) : Préludes (Livres I et II), Les soirs illuminés par l’ardeur du charbon.

Evgeni Koroliov, piano.

2 CDS « The Koroliov series Vol. VII » Tacet 131.

Enregistré à Oslo en mai et octobre 2003.

Notice en français, anglais et allemand.

Durée : 86, 41mn.

Ainsi qu’un bien plus empathique entretien intitulé « Evgeni Koroliov, discret magicien du piano« ,

paru sur ResMusica en date du 22 juin 2015 :

Evgeni Koroliov, discret magicien du piano

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Primé dans la catégorie récital instrumental des International Classical Music Awards 2015, le pianiste est l’un des artistes les plus indispensables _ probablement, oui _ de notre époque. Loin de la médiatisation, il construit une discographie exceptionnelle (Tacet) _ oui ! _ dont Schubert est la plus récente étape.

Koroliov-Stephan_wallocha«  Je veux qu’ils se rendent compte qu’il n’y a rien de mieux que la musique dans le monde ; ils doivent être heureux de pouvoir vivre avec elle, quelle que soit leur position : pianiste de concert ou professeur dans une petite école de musique. »

ICMA :  Comment êtes-vous venu au piano ? Etes-vous issu d’une famille de musiciens ? 

 : Non pas du tout ! Mais quand j’étais petit, il était de coutume en Russie d’apprendre la musique aux enfants. Mes deux frères aînés ont commencé à apprendre le piano et ils ont abandonné très vite. Mais je me rappelais les mélodies et je voulais les jouer. C’est ainsi que je suis devenu pianiste.

ICMA :  Il y a-t-il eu dans votre enfance une expérience musicale particulière qui vous a fait dire « Oui, c’est cela que je veux faire dans ma vie » ?

EK : Oui, les œuvres de Bach, Mozart ou Schubert me touchaient énormément, même les petites pièces que j’étais en mesure de jouer. Et, plus important encore, je me suis mis très jeune à composer, cela me motivait beaucoup. Je ne me sentais pas destiné à être pianiste mais plutôt compositeur. La vie en a décidé autrement.

ICMA : Y-a-t-il eu dans votre enfance un concert par l’un des grands pianistes ou chefs que vous avez ressenti comme une forte expérience ?

EK : Je me souviens très bien d’un concert avec le célèbre chef français . Le violoniste a, lui aussi, toujours été une lumière pour moi. Un autre moment très important fut une rencontre avec dans la petite salle du Conservatoire Tchaïkovski. Il a joué trois pièces de l’ « Art de la fugue » qui m’ont beaucoup influencé.

ICMA : A 17 ans, vous avez joué le « Clavier bien tempéré » en concert. C’était rare à l’époque. Comment avez-vous eu cette idée ?

EK : Je me suis toujours senti attiré par cette musique et l’expérience des trois pièces de l’ «Art de la fugue » dont je viens de parler m’a tellement inspiré que je jouais Bach avec beaucoup d’amour et d’intérêt. Cela ne me semblait pas difficile, c’était tout simplement un plaisir. Et je ne me suis jamais inquiété de savoir si cela plairait au public _ bravo !

ICMA : Était-ce un public d’experts, ou des habitués des récitals ?

..;

EK : A cette époque, le public de Moscou était très, très bon. Il y avait un grand nombre d’amateurs de musique et ce n’était pas un problème, même de jouer Bach …

..;

ICMA : On ne jouait pas beaucoup le répertoire baroque en Russie. Peu de pianistes jouaient ces œuvres en concert. et occupaient à ce titre une position unique…

EK : Exactement! J’ai travaillé quelques heures en privé avec . Elle adorait Bach, le jouait très bien mais de façon non conventionnelle. A cette époque, on ne parlait pas encore d’ « interprétation historiquement authentique ». Et Bach au piano, ce n’est pas « authentique »… c’est clair.

ICMA : Était-ce pour vous une raison de jouer Bach au clavecin ou au clavicorde ?

EK : Oui ! Mais je n’ai jamais été très friand du clavecin. Par contre, le clavicorde est mon instrument de prédilection _ tiens, tiens… Mais il ne convient pas pour les concerts, car c’est un instrument très calme, très très calme _ de peu d’amplitude sonore. C’était aussi l’instrumentent préféré de J-S Bach…

ICMA : Quel rôle joue l’instrument pour un pianiste ? Pouvez-vous comprendre que ou voyagent avec leur Steinway ? 

EK : Oui, c’est très bien si vous pouvez vous le permettre. Mais de toute façon, je ne pense pas que je puisse faire quelque chose de parfait en concert _ ni non plus à l’enregistrement discographieue… Personnellement, j’essaie autant que possible de compenser les inconvénients de l’instrument par mon oreille et mon expérience. L’essentiel est de rester concentré _ et c’est fondamental. Finalement, c’est l’attitude face à la musique qui est décisive _ voilà.

ICMA : Quelles sont les qualités essentielles d’un piano à queue ?

EK : Un bon instrument chante… Mais restons réalistes: je suis déjà heureux si la deuxième octave sonne bien. Il y a cinquante ans d’ici je jouais des instruments où la troisième octave chantait encore…

ICMA : Vous avez enseigné pendant de nombreuses années à Hambourg. Les étudiants  ont-ils aujourd’hui une vision différente de ce que signifie « être pianiste » ?

EK : Difficile à dire! Tout est si différent d’une personne à l’autre. Je crois que les musiciens de la génération actuelle ont une réflexion beaucoup plus pratique _ et utilitariste. Ils doivent maîtriser des enregistrements, le monde des concerts… et vous devez obtenir ce qu’ils veulent faire. Ce qui n’est vraiment pas facile à notre époque ! Cela nécessite beaucoup d’énergie.

ICMA : Que dites-vous à vos élèves à ce propos ?

EK : Je veux qu’ils se rendent compte qu’il n’y a rien de mieux _ probablement, en effet ! _ que la musique dans le monde ; ils doivent être heureux de pouvoir vivre avec elle _ voilà ! En sa compagnie amicale ou amoureuse quotidienne : sans bla-bla mensonger intéressé… _, quelle que soit leur position : pianiste de concert ou professeur dans une petite école de musique _ et même aussi fervent mélomane…

ICMA : Au regard du résultat artistique, préférez-vous les enregistrements en salle de concert ou en studio ?

EK : Je suis toujours un peu insatisfait tant après un concert qu’après un enregistrement _ voilà. À cet égard, je ne fais aucune différence.

ICMA : Que signifie pour vous d’avoir reçu un Prix international de Musique Classique ?

EK : Cela m’est très agréable et me rend hommage, mais, en fait, je n’ai pas le sens des honneurs très développé _ un grand bienfait pour l’interprète : la reconnaissance donnée l’est le plus souvent pour de très mauvaises raisons….

ICMA : Quelles sont vos passions, outre la musique ?

EK : Il y en a beaucoup : la peinture, l’architecture, la poésie, la littérature. Auparavant, je jouais beaucoup aux échecs, mais aujourd’hui je n’en ai plus le temps et je n’ai plus de bon partenaire. Mais j’achète encore de revues d’échecs et je les lis, c’est ce qui me reste…

ICMA : Comment voyez-vous l’avenir de la musique classique dans les dix prochaines années?

EK : Je prédis un avenir pas très brillant. Les années à venir seront très difficiles, et cela n’a rien à voir avec notre musique mais avec le développement de la culture en général _ hélas, hélas ! _, un mouvement que nous ne pouvons arrêter. Je pense, et quelques musiciens pensent comme moi, que nous avons besoin de construire une « culture de catacombe », pour passer le temps en quelque sorte, tout comme l’ont fait les moines irlandais à l’âge des ténèbres pour ne pas laisser la culture descendre au plus bas _ oui, résister toujours, toujours, comme l’on peut, sans rien abandonner du moindre cran.

Propos recueillis par Isabel Roth, et Martin Hoffmeister. Rédaction de l’article par . Traduction de l’allemand par Bernadette Beyne.

Crédit photographique : © Stephan Wallocha

Pour ma modeste part,

j’ai consacré deux articles sur ce blog « En cherchant bien » au double CD Tacet 256 de la collection des merveilleux « Intermezzi » de Johannes Brahms interprétés par Evgeni Koroliov _ enregistrés à Berlin en février et octobre 2018 et février 2019 _ :

_ l’article du 15 septembre 2019 : «  » ;

_ et l’article du 15 octobre 2019 : « « .

« Spécificité« , « Singularité« , disais-je déjà alors, en 2019, du jeu d’Evgeni Koroliov :

oui, le jeu musical d’Evgeni Koroliov me parle vraiment ; et à ma modeste place d’écouteur, je dialogue avec lui.

De même que lui dialogue vraiment aussi, principiellement, avec les compositeurs qu’il interprète ; il n’est en rien un simple rouleau mécanique débitant la partition…

Une ultime remarque, de ma part _ de moi qui ne suis pas musicien, mais seulement mélomane un peu passionné... _, à propos de la fondamentale affirmation d’Evgeni Koroliov en son entretien « Evgeni Koroliov, discret magicien du piano » de 2015 :

« il n’y a rien de mieux que la musique dans le monde ; ils doivent être heureux de pouvoir vivre avec elle » :

en effet, cette affirmation _ sur la capacité infinie de bonheur de vivre avec de la musique _, moi qui ne suis pas musicien _ et pas non plus vraiment musicologue, sinon dans les marges contextuelles de celle-ci (cf mes deux contributions au colloque, au Palazzetto Bru-Zane à Venise, le 19 février 2011, « Lucien Durosoir, un compositeur moderne né romantique » : «  » et « La poésie inspiratrice de l’œuvre musical de Lucien Durosoir : Romantiques, Symbolistes, Parnassiens, Modernes«  _, je la partage pleinement, et de plus en plus fortement à mon âge, en ma soixante-dix-septième année de vie.

Bien sûr, toutes les musiques sont loin, très loin, de se valoir, s’équivaloir ; il existe, et en nombre infini, de pauvres musiquettes, ainsi que des flopées de musiques bavardes, ou seulement fonctionnelles ou bassement utilitaires…

Cependant, et chacune en son genre, depuis les musiques non notées, transmises par la seule performance d’interprètes très souvent non savants et non professionnels, peut tout à fait constituer, en son éventuelle naïveté, un sublime chef d’œuvre, quand elle est à son meilleur, et à son meilleur d’interprétation, jusque sur un coin de rue, et pas dans une salle de concert ;

telles ces musiques que nous disons « populaires » que Bartok et Kodaly _ et bien d’autres… _ sont allés rechercher collecter, écouter, capter, et noter, eux, sur papier, dans les campagnes et montagnes profondes de Transylvanie, ou partout de par le vaste monde, pour que puissent se poursuivre la transmission et le partage _ la joie ressentie ! _ des merveilles de celles-ci…

Oui, la musique _ tout simplement fredonnée spontanément sous la douche, tout comme enregistrée au concert ou sur CD, et surprise au vol à la radio (et je repense ici à l’épisode magnifique (!) de ces morceaux enchanteurs de Manuel Blasco de Nebra (1730 – 1784) interprétés par Josep Colom entendus au vol sur mon auto-radio (sur France-Musique) en 1995 quand je me rendais au petit matin à mon travail sans avoir pu percevoir-identifier alors le nom de ce compositeur singulier, à nul autre semblable (ni Scarlatti, ni Boccherini, ni CPE Bach, ni Mozart, ni Haydn, ni Mendelssohn…) … ; des extraits, et je ne l’ai découvert, après recherche un peu difficile, qu’ensuite, du CD Mandala MAN 4847 « M. Blasco de Nebra – Pièces pour clavier« , enregistré à Paris en 1995 par le toujours parfait Josep Colom : écoutez cette merveille ici ! ; un CD qui, une fois commandé, reçu et adoré (!), est devenu ensuite, après le partage de mon enthousiasme avec Vincent Dourthe, le disquaire à l’oreille si fine et si mélomane, un des CDs best-sellers du rayon Musique de ma chère librairie Mollat, à Bordeaux ! quelle aventure !.. ; cf le détail du récit jubilatoire de mon article en temps de Covid, le 10 avril 2020 : « « …), ou bien passée et repassée infiniment sans jamais se lasser sur sa platine… _ peut accompagner en beauté immédiate et profonde le moindre chapitre et le plus simple moment de nos diverses vies, pour nous faire à notre tour recevoir et ressentir à partager _ quelle chance ! _ un peu ou beaucoup de sa foncière et parfois sublime joie…

Merci l’artiste !

Ce dimanche 14 juillet 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Découvrir le coffret Warner Classics « Wolfgang Sawallisch – Complete Symphonie, Lieder et Choral Recordings (1954 – 1997) », en commençant avec le piano limpide de Youri Egorov, ou la grâce absolue ; et en poursuivant par l’enchantement des Lieder avec choeur de Schubert…

28juin

Comment aborder le coffret Warner Classics 5054197832178 de 65 de CDs « Wolfgang Sawallisch – Complete Symphonie, Lieder & Choral Recordings (1954 – 1997) » ?

Plusieurs récents articles de blogs peuvent peut-être suggérer quelques pistes d’écoute…

_ Par exemple l’article « Pas si sages » du Blog Discophilia de Jean-Charles Hoffelé en date du dimanche 23 juin dernier ;

_ ou bien l’incise consacrée à ce coffret dans l’article « Le chaos ou la beauté » du Blog de Jean-Pierre Rousseau avant-hier mercredi 26 juin ;/

_ ou encore l’article « Wolfgang Sawallisch, l’inspirant«   de Pierre-Jean Tribot, sur le site de Crescendo-Belgique, en date du jeudi 27 juin…

Au sein de ce coffret riche touffu de 65 CDs, j’ai commencé par suivre la suggestion de Jean-Pierre Rousseau, et ai commencé par l’écoute des CDs n°1 et n°10 :

les Concertos n°17 et 20 de Mozart _ enregistrés à Londres au mois de février 1985 _ ;

et le Concerto n°5 L’Empereur de Beethoven _ enregistré à Londres fin mai-début juin 1982 _,

dans lesquels le Philharmonia Orchestra dirigé par Wolfgang Sawallisch accompagne le formidablement délicat touché de piano de Youri Egorov…

Youri Egorov (Kazan, 28 mai 1954 – Amsterdam, 16 avril 1988) dans cet Empereur-ci avec Wolfgang Sawallisch (Munich, 26 août 1923 – Granau-Bavière, 22 février 2013), en 1982,

c’est le miracle de la grâce absolue.

Sinon,

je suis particulièrement heureux de retrouver en ce coffret les 4 CDs _ n° 12, 13, 14 et 15 ici ; soient 4h, 27′ et 30′ _ de « Weltliches Vokalwerk » de Franz Schubert, avec, notamment, Hildegard Behrens, Brigitte Fassbaender, Dietrich Fischer-Dieskau, Peter Schreier, et le Chor des Bayerischen Rundfunks _ enregistrés de 1977 à 1981 _, publiés en 1981, puis, remastérisés, en 1997 :

de pures merveilles, et infiniment variées, sous la baguette absolument idoine de Wolfgang Sawallisch…

Entre lesquels, tout spécialement, le divin « Gesang der Geister über den Wassern « Des Menschen Seele gleicht dem Wasser » » D.714, à la plage 18 du CD n° 13 _ écoutez ici (11′ 05)…

Mais tout ici de ces diverses et très variées œuvres avec chœur est très évidemment à écouter, ré-écouter, et saluer bien bas :

et c’est l’ombre de Schubert en personne (Lichtenstal, 31 janvier 1797 – Vienne, 19 novembre 1828) qui ici accompagne…

Immense merci, donc, pour cette opportune ré-édition hommage à Wolfgang Sawallisch, à l’occasion de l’anniversaire des 100 ans, en 2023, de sa naissance, le 26 août 1923, à Munich…

Ce vendredi 28 juin 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

L’intéressant rayonnement du creuset musical « Cleveland » au long du XXe siècle : la piste du « Cleveland Quartet »…

19juin

C’est l’enthousiasme qu’a suscité en moi la découverte du travail de Sergei Babayan à partir de mpon écoute enchantée du « fabuleux » CD « Rachmaninoff for two« , avec son disciple lui aussi phénoménal Daniil Trifonov _ cf mon article du 15 juin dernier « «  _, qui m’a incité à me pencher sur ce très riche creuset musical _ et de musiciens d’immense talent… _ qu’a été Cleveland (Ohio) _ cité industrielle des bords du Lac Erié _  au XXe siècle.

En commençant par m’inciter à me procurer, moi qui suis grand amateur de musique de chambre, le passionnant coffret de 23 CDs « Cleveland Quartet – The complete RCA Album Collection » RCA 19439998052, du Cleveland Quartet (1969 – 1995)…

Sur le site de ResMusica, le 17 avril dernier, Jean Claude Hulot avait consacré un article à ce coffret intitulé « La réédition du legs discographique du Cleveland Quartet« , qui avait attiréé mon attention ;

le voici :

La réédition du legs discographique du Cleveland Quartet

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Quatuor majeur de la fin du XXᵉ siècle, le a gravé pour RCA une série de disques de premier plan que Sony nous rend aujourd’hui dans un coffret exhaustif _ dont acte ! _ que dominent deux compositeurs : Beethoven dont l’intégrale des quatuors figure parmi les plus réussies de la discographie et surtout Brahms pour un ensemble (quatuors, quintettes et sextuors) qui témoigne d’une affinité exceptionnelle entre les quatre musiciens.

Fondé en 1969 à Marlboro par quatre musiciens américains réunis ensuite à Cleveland (hormis l’altiste, le quatuor est resté inchangé durant ses années d’activité), le quatuor éponyme fut immédiatement enrôlé dans l’écurie RCA et a laissé pour cette firme une série d’enregistrements regroupés par ordre chronologique _ c’est intéressant _ dans ce volumineux coffret _ de 23 CDs. Il s’ouvre par les trois quatuors de Brahms qui allaient établir la réputation de l’ensemble par leur énergie et leur conception très moderne anticipant sur celle des Berg. Suivirent deux disques Schubert, La jeune fille et la mort d’un dramatisme fiévreux et surtout un superbe Octuor avec l’apport de Jack Brymer (clarinette) et Bary Tuckwell (cor). De Mozart ne reste malheureusement que le bref Adagio et fugue et l’on regrettera toujours que les Cleveland n’aient pas gravé les grands quatuors. En revanche, deux quatuors de Haydn vifs et brillants témoignent de l’excellence de l’ensemble dans le répertoire classique viennois. Seule excursion dans le XXᵉ siècle, le CD suivant nous propose le peu significatif Quatuor n°1 de Barber (avec le célèbre adagio), et le difficile Quatuor n° 2 d’Ives. Une superbe version du _ superbe _  Quintette de Brahms avec clarinette (Richard Stolzman) égale la réussite des trois quatuors. Vient ensuite le début de l’association mémorable avec Emanuel Ax pour un Quintette de Dvořák gorgé de lyrisme et de tendresse _ oui. Les Cleveland se renforcent du Quatuor de Tokyo, autre ensemble poulain de l’écurie RCA pour un Octuor de Mendelssohn vif argent _ une magistrale interprétation, en effet, de ce chef d’œuvre quo personnellement me transporte….

L’intégrale des quatuors de Beethoven, en neuf CD, forme le cœur du coffret ; elle est exceptionnelle non tant par l’opus 18 presque trop opulent que par des Razumovsky proches de la perfection par leur galbe et leur imagination et surtout par l’ensemble des derniers quatuors _ un sommet de toute la musique de chambre, bien sûr ! _ , sommet d’héroïsme, d’émotion dans des mouvements lents bouleversants et de variété d’accents. Au milieu s’intercale un autre joyau de l’album avec les deux sextuors de Brahms renforcés par rien moins que Pinchas Zukerman à l’alto et Bernard Greenhouse (le violoncelliste du Beaux Arts Trio) au  violoncelle.

Après cela il restera au quatuor de Cleveland à graver trois autres disques majeurs pour RCA : le sublime _ sublimissime !Quintette _ à deux violoncelles _ de Schubert avec Yo-Yo Ma, d’une intensité sidérante _ oui !!! _, le Quintette avec piano de Brahms, décidément le compositeur fétiche des Cleveland, et celui de Schumann, tous trois avec Emanuel Ax pour refermer cette discographie d’un quatuor qui allait ensuite se dissoudre de lui-même en 1995 au sommet de son art.

Magistral et un peu frustrant tant on aurait aimé entendre les Cleveland dans un répertoire plus vaste et diversifié ; ne boudons pas notre plaisir néanmoins. Un coffret _ de trésors _ à thésauriser _ tout simplement, voilà.


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Ludwig van Beethoven (1770-1827) : les dix-sept quatuors à cordes. Johannes Brahms (1833-1897) : les trois quatuors à cordes ; Quintette avec piano ; Quintette avec clarinette ; les deux sextuors à cordes. Robert Schumann (1811-1854) : Quintette avec piano, Quatuor avec piano. Anton Dvorak (1841-1904) : Quintette avec piano. Franz Schubert (1797-1828) ; Quatuor à cordes « la jeune fille et la mort » ; Octuor ; Quintette à deux violoncelles ; Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : adagio et fugue K546. Joseph Haydn (1750-1810) : Quatuors à cordes « l’alouette », « les quintes ». Samuel Barber (1910-1981) : Quatuor à cordes n°1. Charles Ives (1874-1954) : Quatuor à cordes n°2 ; Scherzo. Felix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847) : Octuor à cordes, deux pièces pour quatuor.

Emmanuel Ax, piano ; Pinchas Zucherman, alto ; Bernard Greenhouse, Yo Yo Ma, violoncelles. Jack Brymer, clarinette. Martin Gatt, basson. Barry Tuckwell, cor. Thomas Martin, contrebasse. Quatuor de Tokyo, Quatuor de Cleveland.

23 CD, Sony. Enregistré entre 1972 et 1986 à New York City, Londres et Rochester.

Notice de présentation en anglais.

Durée : 19h.44:07

Je remarque aussi, et à nouveau sur ce site de ResMusica, mais sous la signature cette fois de Stéphane Friédérich, en date du 4 juin dernier, cet autre article consacré à un ensemble de la cité de Cleveland (Ohio), intitulé « Rodzinsky à Cleveland : une somme musicale de premier ordre » ;

le voici, lui aussi :

Rodzinski à Cleveland : une somme musicale de premier ordre

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Deuxième chef titulaire dans l’histoire de l’Orchestre de Cleveland après Nikolaï Sokoloff, Artur Rodzinski créa véritablement le son de la formation. Au début des années quarante, elle devint l’une des toutes premières phalanges internationales. Les gravures réunies par Sony Classical – archives de Columbia Records – sont d’autant plus précieuses qu’elles paraissent pour la première fois en disque-compact.

« Bâtisseur d’orchestres »… Rodzinski le fut assurément, même si l’on peut regretter que cette qualité estompe, à demi-mots, la réalité d’un musicien qui fut d’abord un remarquable styliste et un visionnaire en termes d’interprétation. En effet, la première caractéristique de sa direction et qui nous saute aux oreilles, c’est la brillance, la clarté _ un critère auquel je suis personnellement très sensible : je déteste la confusion... _ et la compacité des lectures. Mais à la différence d’un Toscanini qui fut son mentor lors de la mise sur pied de l’Orchestre symphonique de la NBC en 1937, Rodzinski construisit ses interprétations avec une liberté tout autre que celle du chef italien. Rodzinki possédait déjà un métier exceptionnel : à la tête de la formation américaine entre 1933 et 1943 (il céda la baguette à Erich Leinsdorf), il avait dirigé auparavant à Varsovie puis à Philadelphie (assistant de Stokowski) et, enfin, à Los Angeles. En peu d’années, la valeur artistique proprement sidérante de l’orchestre qui n’avait plus enregistré depuis la Grande Dépression est révélée. La virtuosité de l’ensemble des pupitres, la précision de la mise en place, la justesse des vents dans les différents solos, qu’il s’agisse de la musique française ou russe, n’ont rien à envier sur le plan technique, aux formations actuelles.

La variété du répertoire et l’intérêt de Rodzinski pour la musique de son temps – à la condition qu’elle se situe dans une veine tonale – ne sont qu’effleurés dans ce coffret. Il faut imaginer que le public de Cleveland entendit pour la première fois la musique de Stravinsky sous sa baguette et qu’il y assura la production de Lady Macbeth de Mtsensk de Chostakovitch en 1935 ! Il grava ainsi le troisième enregistrement de l’histoire de la Symphonie n° 5 du compositeur russe, après celles de Mravinsky avec Léningrad (1938) et Stokowski avec Philadelphie (1939). Cette œuvre et la Symphonie n° 1 captées en 1941 témoignent, sous sa direction, d’une inventivité et d’une énergie superbes : aucune baisse de tension, mais une conception narrative avec des prises de risques assumées comme ces cuivres poussés à la faute dans l’Allegretto de la Symphonie n° 5 (la version de 1954 avec le Royal Philharmonic Orchestra ne possède pas cette flamboyance). Les phrases sont tenues avec une minimum de vibrato et de rubato (à noter que le finale est amputé des mesures 119 à 121 pour qu’il tienne sur une surface d’un 78 tours). En pleine Seconde Guerre mondiale, Artur Rodzinski, chef d’orchestre polonais naturalisé américain en 1933, sait de quoi il parle lorsqu’il simule le combat des forces du bien contre celles du mal _ intéressant. Le répertoire slave qu’appréciait tant Rodzinski est magnifié dans Tchaïkovski et Rimski-Korsakov. La projection sonore est intense, sans aucune dureté et l’Ouverture 1812 qui nécessite, en principe, une restitution acoustique spectaculaire, n’est nullement caricaturée devant les micros de 1941. Le caractère anguleux, exalté et lyrique de Shéhérazade (quelle trompette solo!), de Roméo et Juliette, de la Symphonie n° 5 de Tchaïkovski marquent la discographie naissante des œuvres.

La musique française est tout aussi lumineuse _ comme bien sûr elle doit être ! _ avec une perception rythmique et un jeu sur les couleurs qui feraient croire aux timbres des orchestres français des années trente et quarante. Daphnis et Chloé de Ravel et La Mer de Debussy séduisent quand la Rhapsodie espagnole souffre de distorsions importantes, malgré un chic certain, celui de Malaguena, entre autres. La Symphonie fantastique de Berlioz est portée par un bouillonnement d’énergie et une puissance d’autant plus radicale que la prise de son favorise les suraigus comme les cymbales et les cuivres tonitruants du finale. On songe à Munch, Markevitch et Cluytens _ rien moins…

Cet engagement physique lié à un travail de répétition acharné offre d’autres pages tout aussi passionnantes comme Till Eulenspiegel ou bien une Vie de Héros de Strauss. Rodzinski profite des dissonances de l’écriture dont il accentue les effets et joue au mieux de la profondeur de l’orchestre. Cette efficacité se retrouve tout autant dans le postromantisme de la Symphonie n° 5 de Sibelius. Le chef en souligne les contrastes et même si les dynamiques sont canalisées et les distorsions inévitables dans le finale,  la perfection des cordes et un sens extraordinaire de l’articulation emportent l’adhésion. Voilà une grande version (oubliée) de l’œuvre ! Il en va de même du répertoire classique avec la Symphonie n° 1 de Beethoven dont l’élégance, l’élan et la luminosité sidèrent un demi-siècle avant l’apparition des lectures « historiquement informées » _ et c’est aussi à noter… A noter quelques raretés, du moins considérées comme telles aujourd’hui : un pot-pourri de la comédie Show Boat de Kern, puis les pièces intéressantes, mais guère davantage, de Järnefelt et Weinberger. Enfin, en un disque sont regroupés les concertos pour violon de Schoenberg, Berg et Mendelssohn. On s’interroge sur la présence dans une anthologie dédiées à Rodzinski, de celui de Schoenberg dirigé par Mitropoulos avec New York et Louis Krasner. Une présence d’autant plus étonnante que la pièce parut déjà dans l’intégrale Mitropoulos présentée par Sony Classical. Retenons la lecture enflammée et chantante du _ si beauConcerto de Mendelssohn sous l’archet génial _ oui _ de Milstein. Il s’agit d’une gravure inédite qui mérite d’être entendue ainsi que le _ sublime Concerto de Berg, dans la vision analytique et passionnante de Louis Krasner.

Les gravures de cette édition complètent deux précédents coffrets, l’un du même label consacré aux enregistrements new-yorkais du chef et l’autre, une compilation réalisée par Scribendum. Aucune des deux parutions n’a présenté les précieux témoignages captés à Cleveland. Un coffret qui mérite amplement le label “historique”.

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Artur Rodzinski, The Cleveland Orchestra, The Complete Columbia Album Collection.
Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Symphonie n° 1. Alban Berg (1885-1935) : Concerto pour violon “A la mémoire d’un ange”. Hector Berlioz (1803-1869) : Symphonie fantastique. Dimitri Chostakovitch (1906-1975) : Symphonies n° 1 et n° 5. Claude Debussy (1862-1918) : La Mer. Arno Järnefelt (1869-1958) : Praeludium pour petit orchestre. Jerome Kern (1885-1945) : Show Boat. Felix Mendelssohn (1809-1847) : Songe d’une nuit d’été, ouverture et musique de scène. Concerto pour violon en mi mineur. Modeste Moussorgski (1839-1881) : Prélude de la Khovanshchina. Maurice Ravel (1875-1937) : Daphnis et Chloé, suite n° 2. Rapsodie espagnole. Alborada del gracioso. Nikolaï Rimski-Korsakov (1844-1908) : Shéhérazade. Jean Sibelius (1865-1957) : Symphonie n° 5. Finlandia. Arnold Schoenberg (1874-1951) : Concerto pour violon. Richard Strauss (1864-1949) : Till Eulenspiegel. Danse des Sept voiles. Valses du Chevalier à la rose (arr. Rodzinski). Une Vie de héros. Piotr Iliytch Tchaïkovski (1840-1893) : Roméo et Juliette. Ouverture 1812. Marche slave. Symphonie n° 5. Carl Maria von Weber (1786-1826) : Ouverture du Freischütz. Jaromir Weinberger (1896-1967) : Variations et fugue sur un vieux thème anglais.
Louis Krasner, violon, Orchestre philharmonique-symphonique de New York, Dimitri Mitropoulos, direction (Schoenberg, Berg), Nathan Milstein, violon (Mendelssohn), Orchestre de Cleveland, Artur Rodzinki, direction.

1 coffret de 13 CD Sony Classical.

Enregistrements au Severance Hall de Cleveland entre décembre 1939 et février 1942 (décembre 1952 pour Mitropoulos).

Notice de présentation en anglais.

Durée totale : 9h10

Un bien intéressant focus discographique porté sur le rayonnement de ce creuset qu’a pu être, au XXe siècle, la vie musicale à Cleveland, grâce à certains interprètes, chefs comme instrumentistes, au talent un peu singulier… 

Ce mercredi 19 juin 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

P. s.  :

Et comme en confirmation de l’intuition qui vient de donner naissance à cet article-ci,

voici que ce jeudi matin 20 juin je découvre sur le site de Crescendo, sous la plume de Pierre-Jean Tribot, cet article « Béla Bartók d’orchestre à Cleveland« , que voici :

Béla Bartók d’orchestre à Cleveland 

LE 20 JUIN 2024 par Pierre Jean Tribot

Béla Bartók (1881-1945) :

Quatuor à cordes n°3 en do dièse mineur, Sz. 85, BB 93  (arrangement pour orchestre à cordes de  Stanley Konopka) ;

Suite du Mandarin Merveilleux, SZ 73 BB 83.

The Cleveland Orchestra, Franz Welser-Möst. 2024. 34’17’’.

Livret digital en anglais.

1 titre exclusivement digital du Cleveland Orchestra TC

Dans la longue et prestigieuse discographie, le légendaire _ voilà ! _ Cleveland Orchestra n’avait pas encore enregistré la Suite du Mandarin Merveilleux de Béla Bartók  alors que les œuvres du Hongrois sont l’ADN de son répertoire _ en effet _ avec les gravures du Concerto pour orchestre avec George Szell (Sony) et Christoph von Dohnányi (Decca). Du côté de son directeur musical Franz Welser-Möst, ce dernier avait déjà gravé une lecture assez oubliable de l’intégrale du ballet lors de ses années controversées avec le London Philharmonic Orchestra (EMI). Le chef autrichien impose ici une lecture creusée et plutôt lente qui base sa narration sur les dynamiques et la qualité vertigineuse des pupitres de son orchestre _ voilà. Le chef peut jouer de l’orchestre sans limites soignant les moindres nuances ou créant des déflagrations dans les tuttis. On peut préférer des lectures plus orchestralement radicales comme celles de Sir Georg Solti (Decca), mais on tient ici un modèle interprétatif avec un orchestre phénoménal _ sic.

Il y a une curieuse mode actuelle qui multiplie les arrangements de quatuor ou de quintette pour des orchestres… Dans le cas présent  Stanley Konopka, l’un des altistes chefs de pupitres du Cleveland Orchestra qui a arrangé le Quatuor n°3 pour orchestre à cordes. Le communiqué de presse nous apprend qu’il mûrissait ce projet depuis près de 20 ans avant d’être encouragé par Franz Welser-Möst. Il faut un petit temps pour s’habituer à la masse des cordes au lieu des quatre instruments classiques, mais cette version rend justice à ‘inventivité harmonique et rythmique _ voilà _ de Béla Bartók. Mais le plus fascinant est la qualité magistrale des cordes dont la plasticité et l’homogénéité sont vertigineuses.  Franz Welser-Möst dirige avec attention, respectant l’esprit chambriste et les mouvements de dialogues entre les pupitres, c’est une leçon d’orchestre _ CQFD.

Dès lors, un titre exclusivement digital _ hélas _ qui nous rappelle _ oui, oui… _ le niveau technique stratosphérique _ voilà _ de cet immense orchestre, dirigé avec soin par Franz Welser-Möst.

Son : 10 – Livret : 9 – Répertoire : 9 / 10 – Interprétation : 9

Pierre-Jean Tribot

Un nouveau passionnant travail ravélien du chef anglais John Wilson et son orchestre Sinfonia of London : la Suite d’orchestre « Le Tombeau de Couperin », associé au « Divertimento » Op. 18 (de 1943) de Lennox Berkeley, et la « Symphony n°3″ (de 2021) d’Adam Pounds ; ou d’un certain héritage orchestral ravélien et de l’éthique musicale de la lisibilité…

20avr

Suite aux CDs Chandos « Ravel – Ma Mère l’Oye – Bolero – première recording of original Ballets«  _ Chandos CHSA 5280, enregistré à Londres le 9 janvier 2020 et du 30 août au 1er septembre 2020 _

et « Ravel – Daphnis et Chloé – Complete Ballet«  _ Chandos CHSA 5327, enregistré à Londres du 7 au 9 décembre 2022 _,

auxquels j’ai consacré mes articles « « 

et « « 

des 1er septembre 2022 et 4 avril 2024,

voici que je viens de recevoir le CD « Ravel – Berkeley – Pounds – Orchestral Works » _ Chandos CHSA 5324, enregistré à Londres du 22 au 24 novembre 2022, soit à peine quinze jours avant le CD « Daphnis et Chloé » CHSA 5327…  _ de John Wilson et son orchestre Sinfonia of London _ regarder ici cette brève mais éloquente vidéo (de 1’41) d’un extrait du superbe Rigaudon de la Suite d’orchestre composée par Ravel zn 1919 d’après son Tombeau de Couperin pour piano, une pièce dédiée aux frères Pierre et Pascal Gaudin (nés à Saint-Jean-de-Luz respectivement le 7 février 1878 et le 31 janvier 1883), décédés ensemble au champ d’honneur le 12 novembre 1914, frères de la très chère amie luzienne de Maurice Ravel, Marie Gaudin ;

sur les liens y compris familiaux entre Maurice Ravel avec les Gaudin et Courteault de Saint-Jean-de Luz, cf par exemple mes articles « «  et « «  des 17 et 18 août 2022…  _,

un CD que je m’étais empressé de commander à mon disquaire préféré, suite à ma lecture, le 19 mars dernier, de l’article de Pierre-Jean Tribot « Ravel en miroirs anglais, entre mentors et disciples« , que voici _ avec mes farcissures _ :

.

Ravel en miroirs anglais entre mentors et disciples

LE 19 MARS 2024 par Pierre Jean Tribot

Ravel en miroirs anglais

..;

Maurice Ravel(1875-1937) : Le Tombeau de Couperin, M 68a ;

Sir Lennox Berkeley (1903-1989) : Divertimento en si bémol majeur pour orchestre ;

Adam Pounds (né en 1954) : Symphony n°3.

Sinfonia of London, direction : John Wilson. 2022.

Livret en allemand, anglais et allemand. 65’50’’. CHSA 5324.

Cet album propose une filiation musicale _ en l’occurrence ravélienne _ sur plusieurs générations. En ouverture, on y retrouve Maurice Ravel dont la musique séduisit le compositeur anglais Lennox Berkeley qui ambitionna d’étudier avec le compositeur français (ce qui ne se fit pas, mais Berkeley accepta d’aller suivre l’enseignement de Nadia Boulanger suivant le conseil _ diligenté _ de Ravel), Lennox Berkeley et Adam Pounds, lui-même élève  de Lennox Berkeley à la Royal Academy of Music. Pour des continentaux comme nous, les univers de Berkeley et Pounds nous sont _ certes ! _ très peu familiers, et on se plaît _ tout à fait ! _ à découvrir des mondes musicaux inspirés _ voilà, par la musique française.

L’interprétation du Tombeau de Couperin (1919) par John Wilson _ surprenante à la toute première écoute, comme tout renouvellement… _ est absolument exemplaire _ mais oui ! _ et elle réussit à allier l’énergie musicale _ oui _ avec une finesse du trait _ oui : voilà qui est excellemment dit : énergie musicale et finesse du trait. Les lignes mélodiques sont d’une parfaite lisibilité _ comme c’est indispensable pour tout ce qui touche au goût français, la lisibilité y est fondamentale ! _ et John Wilson soigne les nuances et les couleurs _ voilà. Saluons aussi la justesse des tempis _ oui _ qui permettent à la baguette du chef de mettre en avant la beauté _ hédoniste ! _ de l’orchestration ravelienne _ somptueuse… Cette interprétation, telle un diamant ciselé et scintillant _ et j’adhère tout à fait à cette métaphore… _, est l’une des plus belles de la discographie _ voilà ! _ par sa fraîcheur et ses lumières _ oui. John Wilson s’affirme _ oui _ comme l’un des plus grands ravéliens du moment _ rien moins !

Le Divertimento de Lennox Berkeley (1943) est dédié à Nadia Boulanger _ voilà. En quatre mouvements, il est à peine plus long que la partition de Ravel. On découvre une orchestration fine et racée _ oui _ qui témoigne d’une influence française par sa plastique aérée et mobile _ oui : d’une superbe fluidité ! _ mais avec un sens de l’orchestration brillant _ à la Ravel _ dans ses choix instrumentaux. C’est une musique narrative et riche en saveurs. Le livret nous apprend que la partition a été chorégraphiée en ballet, c’est une suite logique pour une musique illustrative et gorgée d’émotions suggérées _ et qui conforte la cohérence dans le suivi des choix d’œuvres à servir de John Wilson en sa discographie.

Adam Pounds fut l’élève de Berkeley et en tant que chef d’orchestre, il a dirigé le Divertimento de son professeur. La Symphonie n°3, d’une durée d’une demi-heure, a été composée pendant les confinements de la récente pandémie _ en 2021. La partition est dédiée à John Wilson et au SInfonia of London _ voilà. Le ton est plus sombre et dramatique dès les premières mesures de cette partition dense. La maîtrise de l’écriture en impose avec quatre mouvements bigarrés qui rendent hommage à Chostakovitch (valse tragique du second mouvement) ou à Bruckner (« Elegy » du second mouvement). La partition se caractérise par une motorique qui sert une énergie interne saillante _ oui _ alors que l’orchestration dévoile des timbres d’une grande subtilité en particuliers dans les pupitres des bois. Indéniablement cette symphonie est une grande œuvre de notre temps par son ton qui nous place en miroir des angoisses de notre époque _ voilà, voilà.

Tout au long de ce disque, il faut saluer l’engagement des pupitres _ voilà : et j’y suis très sensible, moi aussi : voir cette vidéo ! _ de l’excellent _ oui ! _ Sinfonia of London sous la baguette experte de John Wilson. Le son “qualité Chandos” _ et c’est tout à fait juste _ rend tous les aspects de ces musiques d’orchestre passionnantes et admirables _ oui, oui, oui. 

Son : 10 – Livret : 10 – Répertoire : 9 – Interprétation : 10

Pierre-Jean Tribot

Dans la vidéo de l’extrait du Rigaudon du Tombeau de Couperin que j’ai citée plus haut,

je remarque tout particulièrement la jeunesse et la vitalité _ l’engagement, dit Pierre-Jean Tribot… _ des membres du Sinfonia of London que dirige John Wilson…

Et la musique de Ravel mérite assurément cette vitalité.

Enfin, il me faut signaler que c’est tout spécialement sur le site du magazine belge Crescendo que j’ai rencontré cette curiosité et cette appréciation très laudative portées aux prestations du chef britannique John Wilson et son orchestre Sinfonia of London ; mes autres sites favoris demeurant, quant à eux, beaucoup plus discrets…

Au delà de l’intérêt de l’apport d’interprétations de très grande qualité, servies au disque par une très confortable, voire hédoniste, prise de son _ « qualité Chandos«  : dans ces divers excellents CDs Ravel du Sinfonia of London de John Wilson, je note que l’ingénieur du son est chaque fois Ralph Couzens… _,

élargir sa connaissance du répertoire de la musique est une vraie richesse pour le mélomane passionné et un tantinet curieux…

En tout cas, John Wilson _ né à Gateshead on Tyneside en 1972, il a aujourd’hui 52 ans _ est bien un chef à suivre.

Et le charme subtil et délié, intense et profond, de Ravel lui sied idéalement

Ce samedi 20 avril 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Pour un parcours rétrospectif sur le legs musical de Serge Prokofiev, le coffret « Serge Prokofiev – The Collector’s Edition » de Warner Classics en mars 2023…

18avr

Afin de se remettre un peu dans l’oreille le bien intéressant legs musical de Serge Prokofiev (Sontsovka, 23 avril 1891 – Moscou, 5 mars 1953),

le coffret « Serge Prokofiev – The Collector’s Edition » de Warner Classics paru en mars 2023, en 36 CDs (Warner 0190296262715), vient nous offrir une assez commode proposition discographique…

Je me permets donc de renvoyer ici à deux intéressants aperçus, en date respectivement du 15 mars et du 17 mars 2023, de deux lucides discophiles, Pierre-Jean-Tribot sur le site du magazine belge Crescendo « Prokofiev en boîte » _ en un panorama un peu survolé _, et Jean-Pierre Rousseau sur son blog personnel « Prokofiev en boîte« , lui aussi _ plus détaillé en son avisé commentaire.

Les passionnantes répétitions de « Pierre et le loup » au Théâtre de la nature du Vallon de Salut de Bagnères-de-Bigorre, où enfant j’ai passé plusieurs étés des vacances, ont constitué ma première expérience de découverte de la musique :

une merveilleuse _ idéale !!! _ initiation, que je n’ai certes pas oubliée…

Assister (ou participer à) des répétitions de concerts est même plus enrichissant pour la formation de l’oreille musicale qu’assister au concert public lui-même…

De même qu’adolescent j’ai été abonné aux Concerts de musique de chambre au Grand Théâtre de Bordeaux :

je me souviens tout spécialement du Quatuor Parennin, ainsi que d’un récital de mélodies de Gérard Souzay, qui m’avaient fortement impressionné…

Récemment,

c’est mon intérêt pour l’extraordinaire _ et bien trop méconnu encore des mélomanes en France _ Quatuor Pavel Haas, qui m’ a fait commander et recevoir et apprécier le CD des « Quatuors à cordes n°1 et n°2 » de Prokofiev par le Pavel Haas Quartet, le CD Supraphon SU 3957-2,

un Quatuor dont j’ignorais jusqu’à l’existence à la parution de ce CD en 2009…

J’avais aussi beaucoup apprécié le double CD Melodya MEL CD 10 01944 « The Love for three Oranges » enregistré à Moscou en 1961 sous la  direction de Dzhemal Dalgat…

Prokofiev, oui.

Un compositeur passionnant.

Ce jeudi 18 avril 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

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