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Pour préciser et approfondir un peu l’écoute du très intéressant CD « François Couperin _ the Sphere of Intimacy » de Christophe Rousset et ses Talens lyriques, avec le ténor Cyrille Dubois…

25avr

Afin d’approfondir un tantinet davantage l’écoute du très intéressant CD « François Couperin _ the Sphere of Intimacy » de Christophe Rousset et ses Talens lyriques, avec le ténor Cyrille Dubois _ soit le CD Aparté AP 281 _,

telle que commencée à aborder le 14 janvier dernier en un article mien un peu trop rapide :

« « ,

je désire y revenir davantage,

avec cet article-ci, en date du 20 avril dernier, lui,

et intitulé « Couperin chez lui« ,

de Jean-Charles Hoffelé sur son site Discophilia :

COUPERIN CHEZ LUI

« Couperin intime » ? Pléonasme _ bien sûr ! Quasi tout chez Couperin ressort du soi _ le plus intime et délicat _, d’un univers intérieur qui entrouvre _ légèrement, sans la moindre pesanteur aucune, jamais… _ sa porte, clavecin, orgue, il faudra y ajouter les Airs, si rarement _ en effet _ enregistrés, non pas coulés dans l’abondante source des airs de cour, mais bien dans un autre registre _ plus personnel _, même si les airs sérieux en reprennent parfois les canons, Couperin jouant la carte du simple _ oui _ contre les raffinements qui les avaient envahis.

Rien de plus naturel, de plus évident, que les six Airs sérieux mâtinés de références antiques, on s’imagine bien devant le ton intime que leur donne Cyrille Dubois, Couperin les chantant, s’accompagnant lui-même au clavecin. C’est_ très _  heureux de les chanter ainsi, sans maniérisme jusque dans les ornements qui décorent la délicate Brunette (« Zéphire, modère en ces lieux »), couchant les notes dans les jolies poésies des textes, de les faire sans façon.

Les pièces de clavecin tirées du cahier que Ballard publia en 1707 leur font écho, portraits _ eux aussi délicats _ avant tout de silhouettes féminines brossés avec poésie et tendresse _ voilà _ par Christophe Rousset, comme pour faire écho aux poésies galantes des Airs, les trois Sonates fatalement moins ; tout écrites pour la chambre qu’elles soient, elles élargissent _ davantage _ l’horizon, le petit clairon de hautbois et de violon de La Steinkerque surtout, mais elles sont si finement _ oui _ réalisées et s’ajoutent avec bonheur à une discographie plutôt mince, mettant un émouvant nuancier à ce disque soudain versicolore _ voilà.

LE DISQUE DU JOUR

The Sphere of
Intimacy

François Couperin
(1668-1733)


Les Pèlerines. Air sérieux, 1712
« Qu’on ne me dise plus ». Air sérieux, 1697
La Sultane. Sonate en quatuor, ca. 1695
« Doux liens de mon cœur ». Air sérieux, 1701
La Pastorelle. Air sérieux, 1711
« Doux liens de mon cœur ». Air sérieux, 1701
La Superbe. Sonate en trio, ca. 1695
Les Solitaires. Air sérieux, 1711
Brunette. Air sérieux, 1711
La Steinkerque. Sonate en trio, ca. 1692
« Souvent dans le plus doux sort ». Air à boire
etc.

Cyrille Dubois, ténor
Les Talens Lyriques
Christophe Rousset, direction

Un album du label Aparté AP281

Photo à la une : le claveciniste et chef Christophe Rousset –
Photo : © Eric Larrayadieu

Une très réussie réalisation discographique, donc…

 

Ce mardi 25 avril 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Dans le chantier discographique de révélation de l’opéra français entre Lully (1632-1687) et Rameau (1683-1764) : l' »Ariane et Bacchus » (en 1696) de Marin Marais (1656 – 1728), par Hervé Niquet…

18avr

Dans l’important chantier discographique de révélation au grand-public mélomane de l’opéra français entre Lully (1632 – 1687) et Rameau (1683 – 1764),

voici aujourd’hui l' »Ariane et Bacchus » (en 1696) de Marin Marais (1656 – 1728),

dans la réalisation d’Hervé Niquet avec son Concert Spirituel _ ainsi que les Chantres du Centre de Musique Baroque de Versailles _ ; soit le double CD Alpha 926.

Sur cette réalisation, voici l’article de ce jour du site ResMusica,

sous la plume de Pierre Degott :

Ariane et Bacchus de Marin Marais pour la première fois au disque

Interprétée par le Concert Spirituel et des spécialistes du genre dirigés par Hervé Niquet, voilà une intéressante réalisation qui permettra à l’auditeur de se familiariser davantage avec la tragédie lyrique française entre Lully et Rameau. 

Créée en 1696 _ à l’Académie Royale de Musique le 8 mars 1696 _, soit près de dix ans après la mort de Lully _ décédé le 22 mars 1687 _, la tragédie lyrique Ariane et Bacchus fait partie de cette série d’ouvrages intermédiaires entre le monopole du compositeur d’origine italienne _ et les héritiers de son privilège royal qu’ont été ses fils, dont Louis Lully (1664 – 1734) : Louis Lully et Marin Marais collaborèrent pour Alcide, en 1693… _ et le règne de celui qui allait lui succéder à partir des années 1730, Jean-Philippe Rameau _ né le 25 septembre 1683. Grâce à l’action de nos grands chefs spécialistes du baroque, nous connaissons _ un peu _ mieux aujourd’hui les opéras de Desmarets, Destouches, Rebel et autres, et c’est une très bonne chose _ en effet ! Le présent enregistrement, reflet d’un concert donné au Théâtre des Champs-Élysées en avril 2022, porte ainsi, après Alcione et Sémélé _ dont je possède les CDs des interprétations de Marc Minkowki, Erato 2292-45522-2, de 3 CDs, en 1990, et Hervé Niquet Glossa GES 921014,  de 2 CDs, en 2007  _, au nombre de trois les opéras de Marin Marai à avoir eu les honneurs du disque. L’ouvrage, avec sa mécanique théâtrale nourrie de péripéties mythologiques, avec son hommage appuyé à Louis XIV, respecte à la lettre les codes de l’époque et il pourra parfois donner l’impression de déjà vu, ou plutôt de déjà entendu _ certes… Il n’en contient pas moins de belles scènes tragiques, notamment celles confiées à l’héroïne _ Ariane _ qui, abandonnée de Thésée, se croit à deux reprises délaissée par Bacchus. Sans doute est-ce l’existence de deux sources littéraires clairement identifiées qui explique la complexité d’une intrigue confiée à une multitude de personnages dont la caractérisation théâtrale et musicale reste peut-être _ et même probablement _ un maillon faible. Si l’on flaire ce qui pourrait s’apparenter à un soupçon de mélange des genres, ce serait peut-être aller un peu loin que d’adhérer aux propos d’Hervé Niquet lorsqu’il parle à propos d’Ariane et Bacchus de « comédie musicale à la française ». Nous ne sommes tout de même pas dans l’univers d’Ariadne auf Naxos… Sur le plan musical, l’œuvre brille de multiples beautés, portées par des audaces harmoniques inattendues ainsi que par une orchestration qui met en valeur un certain nombre d’instruments, notamment dans les récitatifs accompagnés et les grandes scènes d’Ariane.

Porté par un Hervé Niquet qui visiblement croit à la solidité du projet, le Concert Spirituel se montre parfaitement à la hauteur de la situation, autant pour les parties chorales qu’instrumentales. La distribution, composée de vétérans et de jeunes chanteurs tous spécialistes de ce répertoire, propose un équilibre tout à fait idéal et offre une belle homogénéité _ on aurait souhaité cependant un peu plus d’investissement de leur part… On regrettera presque que ait eu à se contenter du rôle bref de Junon, tant on se délecte _ une fois encore _ de l’élégance et de la noblesse de ses phrasés. À ses côtés, en Ariane ne démérite pas, mais la tessiture relativement basse de son rôle ne la met pas à son avantage _ en effet… On lui préfère en tout cas , dont le timbre frais et charnu donne quelque vie aux rôles plutôt anecdotiques de Corcine et de La Gloire. Chez les messieurs, on retrouve avec plaisir en Bacchus , habitué désormais de ces rôles le haute-contre à la française, et l’on se réjouit de découvrir à côté de lui , lui aussi possesseur de l’instrument idéal pour ce type d’emploi. Chez les clés de fa, est un Géralde véhément et autoritaire, plus théâtral que David Witzcak en Adraste ou dans la série de petits rôles qui lui sont confiés. Belle présence vocale également de la part du baryton , qui parvient à donner corps et substance aux deux rôles du Roi Lycas et du Sacrificateur.

Belle initiative, donc, qui aura permis de découvrir _ voilà, au disque… _ un opéra qui n’est sans doute pas _ en effet… _ un grand chef-d’œuvre oublié, mais qui n’en constitue pas moins un jalon intéressant _ c’est cela… _ de l’histoire de la tragédie lyrique française.

Marin Marais (1656-1728) : Ariane et Bacchus, tragédie lyrique en un prologue et cinq actes sur un livret de Saint-Jean inspiré de la tragédie Ariane de Thomas Corneille et de la comédie héroïque Les Amours ou le mariage de Bacchus et d’Ariane de Jean Donneau de Visé.

Judith van Wanroij, soprano (Ariane) ; Véronique Gens, soprano (La Nymphe de la Seine / Junon) ; Mathias Vidal, haute-contre (Bacchus / Un Songe) ; Hélène Carpentier, soprano (Terpsichore / Dircée / Un Songe) ; Marie Perbost, soprano (La Gloire / Corcine) ; Mathieu Lécroart, baryton-basse (Géralde / Jupiter) ; David Witczak, baryton (Adraste) ; Tomislav Lavoie, basse (Le Roi / Un Sacrificateur) ; Philippe Estèphe, baryton (Pan / Le Deuxième matelot / Lycas / Phobétor / Phantase / Alecton) ; Marine Lafdal-Franc, soprano (L’Amour / Elise / La Naxienne) ; David Tricou, haute-contre (Un Plaisir / Un Suivant du Roi / Le Premier matelot / Mercure) ;

Orchestre et Chœur Le Concert Spirituel, direction : Hervé Niquet.

2 CD Alpha.

Enregistrés en avril 2022 à l’auditorium du Conservatoire Jean-Baptiste Lully de Puteaux.

Notice de présentation en français, anglais et allemand.

Durée totale : 2:06:25

Un atout principalement documentaire, donc.

Ce mardi 18 avril 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Une comparaison discographique de Concertos et double concertos pour clavecin de Bach : le Bach revigoré et proprement jubilatoire de Francesco Corti et il pomo d’oro…

17fév

À propos du tout à fait remarquable _ et déjà remarqué ici même au mois d’août dernier _ percutant CD « Bach Harpsichord Concertos III » par Francesco Corti, Andrea Buccarella et le décidément toujours magnifique il pomo d’oro,

voici que paraît cet intéressant article, en date d’hier 16 février 2023, sous la plume de Christophe Steyne sur le site de Crescendo : « Concertos et double concertos pour clavecin de Bach : trois nouvelles parutions« ,

qui me paraît à confronter à mon article du 20 août 2022 sur ce même CD : « « …

Concertos et double concertos pour clavecin de Bach : trois nouvelles parutions

LE 16 FÉVRIER 2023 par Christophe Steyne

Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Concertos pour clavecin no 3 en ré majeur BWV 1054, no 4 en la majeur BWV 1055, no 6 en fa majeur BWV 1057, no 7 en sol mineur BWV 1058.

Masato Suzuki, clavecin. Bach Collegium Japan.

Andreas Böhlen, Kenichi Mizuuchi, flûtes à bec. Natsumi Wakamatsu, Azumi Takada, violon. Yukie Yamaguchi, alto. Toru yamamoto, violoncelle. Seiji Nishizawa, violone.

Juillet 2019. Livret en anglais. TT 60’05.  BIS-2481

Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Concertos pour clavecin no 2 en mi majeur BWV 1053, no 4 en la majeur BWV 1055. Concertos pour violon en la mineur BWV 1041. Concerto pour deux clavecins en ut mineur BWV 1062.

Mario Sarrechia, Bart Naessens, clavecin.

Sara Kuijken, violon solo.

Sigiswald Kuijken, violon, violoncello da spalla, direction.

La Petite Bande. Yun Kim, violon. Marleen Thiers, alto. Edouard Catalàn, basse de violon.

Octobre 2021. Livret en anglais, français, allemand. TT 62’39. Accent ACC 24385

Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Concertos pour deux clavecins en ut mineur, ut majeur, ut mineur BWV 1060-1062. Concerto pour clavecin, hautbois et cordes en ré mineur BWV 1059 [reconstruction F. Corti].

Francesco Corti, Andrea Buccarella, clavecin. Emmanuel Laporte, hautbois.

Ensemble Il Pomo d’Oro.

Avril 2021. Livret en anglais. TT 55’48. Pentatone PTC 5186 966

Au sein d’une discographie déjà abondante, l’actualité s’enrichit de trois nouvelles parutions consacrées aux concertos pour un ou deux clavecins. Affichant chacune un accompagnement réduit à un pupitre par partie, pour des effets au demeurant très contrastés selon l’esthétique qui se dégage de chaque album. Après un album de concertos à deux clavecins par Suzuki père et fils admiré par Ayrton Desimpelaere voilà huit ans, après un premier volume de concertos pour un seul clavecin (dont une reconstruction du BWV 1059), Masato et le Collegium Japan reviennent boucler l’intégrale des BWV 1052-1058. Dont celui décalqué du quatrième Brandebourgeois, ici superbement servi par les flûtes d’Andreas Böhlen et Kenichi Mizuuchi. On retrouve le même instrument à deux claviers (Kroesbergen, 1987, d’après Couchet), on retrouve le même accompagnement aminci, que la captation reproduit avec un relief et une densité qui remplument un peu la lésine des effectifs, au prix d’une certaine dureté et d’une image frontale.

On retrouve aussi le même genre d’interprétation radiographique, qui comblera les amateurs de lisibilité, de recto tono. Les mouvements vifs brillent comme un cristal aux arêtes pures, mais dépourvu de la moindre chaleur, de la moindre souplesse d’influx. Un usinage sidérurgique. Alors que dire des mouvements lents ?, d’une glabre et réfrigérante géométrie, désertés de tout affect, raclés à l’os. Suspecterait-on jamais l’Adagio e piano sempre de pouvoir flotter aussi impassiblement, tel un bloc de banquise dans un océan glacé ? Les oreilles avides d’un littéralisme élagué se rappelleront la phrase de Saint-Exupéry (Terre des hommes) : « il semble que la perfection soit atteinte, non quand il n’y a plus rien à ajouter mais quand il n’y a plus rien à retrancher ». Du territoire expressif visité par ces opus, ne reste-t-il pourtant qu’un cadastre piqué à la machine à coudre ?, se demanderont en revanche les contempteurs de cette approche digne d’un scanner.

Les déterminants de l’empathie ne se réduisent pas à l’arithmétique. L’émotion ne s’indexe pas sur la taille. Chez le label Accent, le même effectif d’archets (au plus, un quintette) manifeste une entropie supérieure à l’interprétation nipponne, mais aussi un net surcroît de chaleur communiquée à l’auditeur. Application du principe thermodynamique de conservation d’énergie ? À comparer le BWV 1055, les allegros ne sont pas moins animés avec l’équipe de Kuijken, mais le larghetto respire bien plus aisément. La malléabilité des cordes exsude un coloris et une saveur que nous ne percevions guère autour de Masato Suzuki. Toujours est-il que le mélomane devra adhérer à ce giron plutôt qu’un véritable orchestre, et accepter de souscrire à l’avis de Sigiswald Kuijken (« tous ses concertos appartiennent au genre de la musique de chambre ») au sein d’une notice à l’argumentaire partial. Laquelle explique aussi (pas très clairement) le recours à un violoncello da spalla pour le BWV 1062 (erronément répertorié comme BWV 1061 dans le tracklisting).

Côté solistes, on apprécie le tempérament de Sara Kuijken, aux phrasés étudiés qui déjouent les évidences (remarquable élasticité dans l’allegro assai) quitte à paraître parfois mal assurée. On salue le jeu fin et sensible de Mario Sarrechia, son articulation lubrifiée, son propos juste et soupesé (comme le final du BWV 1053 pétille sainement !). Le brillant alumnus des Conservatoires d’Anvers et Amsterdam est rejoint par Bart Naessens dans un tandem là encore parfaitement ciselé. Ce CD s’annonce comme premier volume d’une trilogie qui, outre les six concertos pour clavecin soliste (sans le BWV 1058 ?), compte rassembler à terme les trois doubles concertos pour clavecins, le double concerto pour violons, et les deux concertos pour violon

On mesure toutefois ce que l’interprétation du BWV 1062 concluant le disque Accent avait de prudente quand on sursaute _ avec jubilation ! _ à l’écoute du même concerto, qui fait irruption au début de l’album Pentatone. Le premier volume de l’intégrale des concertos solistes par Francesco Corti avait enthousiasmé notre plume et notre magazine _ et moi aussi !!! cf mon article du 21 mai 2022 : « «  _, qui le récompensait d’un Joker Millésime distinguant les douze meilleurs enregistrements de l’année 2020 ! Le livret invoquait un continuo attesté pour le BWV 1055, plaidant pour plusieurs archets par partie (3/3/2/1/1), extrapolés aux trois autres concertos de ce tome I. Nous voici ici cependant revenus à un équipage congru, mais valeureux par ses individualités : Evgeny Sviridov et Anna Dimitrieva aux violons, Stefano Marcocchi, à l’alto, Catherine Jones au violoncelle, Paolo Zuccheri au violone.

Codicille à cette série BWV 1052-1058, on nous offre ici le BWV 1059, inachevé par Bach mais complété par Francesco Corti (en s’inspirant des airs de la cantate Geist und Seele wird verwirret), comme Gustav Leonhardt l’avait osé en son temps (et gravé en 1960 sous étiquette Das Alte Werk), ainsi que d’autres tel Suzuki que nous évoquions ci-dessus. Tous les détails de cette intéressante (et très conjecturale) reconstruction sont honnêtement présentés dans le livret qui renseignera dûment les anglophones.

L’interprétation des quatre concertos affiche une vigueur peu commune, presque militante _ oui, oui… _, aiguisant les rythmes et affutant les tempos, poussant les partitions dans leurs retranchements. Y compris dans les andante et adagios, concentrés comme des instants paraboliques, resserrés d’un geste unificateur qui révoque la nuance, certes. Que dira-t-on alors des mouvements vifs ?! C’est musclé, parfois chahutant, souvent étourdissant, toujours stimulant _ pour notre jubilation ! Même combat que dans le disque de Masato Suzuki ? Du moins, la physionomie diffère, voire les enjeux : là dominait une impression de sécheresse, ici triomphe la force, tout aussi brute peut-être mais mieux hydratée, et qui n’oblitère pas l’éloquence. La démonstration intimide toutefois. On souhaiterait que la motorisation poussée à fond les manettes réintroduise quelque subtilité _ quant à moi, je me régale et y trouve le portrait le plus idoine que je me fais du puissant père Bach…

On saluera la virile découpe que les deux violonistes russes inculquent au tracé, et le non moindre élan que les cordes graves impulsent à la motricité. Andrea Buccarella partage la même pugnacité que son compatriote. Deux clavecins faits par Andrea Restelli d’après le « Christian Vater 1738 » de Hanovre sont les complices de cette lecture aussi radicale qu’incendiaire _ voilà. On s’enflamme ! La conduite est magistralement, autoritairement, impeccablement gérée. Irrésistible, mais désarçonnant, verrouillez votre ceinture ! _ et décollez !

BIS = Son : 8,5 – Livret : 8 – Répertoire : 10 – Interprétation : 6

Accent = Son : 9 – Livret : 8 – Répertoire : 10 – Interprétation : 9

Pentatone = Son : 9 – Livret : 9 – Répertoire : 10 – Interprétation : 9,5

Christophe Steyne

C’est bien intéressant !

Ce vendredi 17 février 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Une nouvelle et superbe interprétation, toute de tendresse, au disque du chef d’oeuvre de Johann-Hermann Schein, en 1623, « Les Fontaines d’Israël », par Opella Musica sous la direction de Gregor Meyer…

13fév

En comparant ce double CD CPO 555 459-2 « Israels Brünnlein« , de Johann-Hermann Schein (en 1623), par Opella Musica sous la direction de son chef Gregor Meyer, en un enregistrement (de 101′ 29), à Dresden-Hosterwitz, du 15 au 18 janvier 2021,

avec trois autres enregistrements discographiques de ce même recueil de Schein figurant dans ma discothèque :

_ soit le double CD Capriccio 10 290/91, par les Reinische Kantorei, dirigés par Hermann Max (de 93′), à St Osdag de Mandelsloh, en janvier et février 1989 ;

_ le CD Deutsche Harmonia Mundi 05472 77359 2, par Cantus Cölln, dirigé par Konrad Junghänel (de 51′), à St Olsdag de Mandelsloh, aussi, du 13 au 13 février 1995 ;

_ et le CD Harmonia Mundi HMC 901574, de l’Ensemble Vocal Européen, dirigé par Philippe Herreweghe (de 79′ 12), en juin 1995 ;

ce nouveau venu discographique, plus complet _ 26 pièces cntre 21… _, et tout de tendresse, est d’aussi belle et rayonnante venue que l’interprétation, toute de plénitude, de Philippe Herreweghe, vingt-six ans plus tôt, de ce chef d’œuvre que sont ces resplendissants « madrigaux spirituels à 5 ou 6 voix et basse continue » de Johann-Hermann Schein (Grünhain, 20 juin 1586 – Leipzig, 19 novembre 1630)…

Ce lundi 13 février 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

D’autres très beaux « Grands Motets » de Charles-Hubert Gervais (1671 – 1744), par György Vashegyi cette fois : la tendresse splendide du compositeur à nouveau parfaitement rendue…

07fév

Est enfin parvenu à demeure le CD des « Grands Motets » de Charles-Hubert Gervais (1671 – 1744), le CD Glossa GCD 924013,

un long moment indisponible chez le distributeur…

Lui aussi,

après le superbe CD « Grands Motets pour Louis XV _ Charles-Hubert Gervais » des Ombres de Margaux Blanchard & Sylvain Sartre, le CD Château de Versailles Spectacles CVS 073 _ cf mon article dernier « « , du 15 octobre dernier 2022 _,

et cette fois sous la direction du chef hongrois György Vashegyi, est une bien belle réussite et reconnaissance méritée de ce si beau répertoire baroque religieux français,

par une splendide brochette de chanteurs, dont les bien connus Cyrille Dubois, Mathias Vidal et David Witczak …

Et la tendresse splendide de Charles Hubert Gervais (Paris, 19 février 1671 – Paris, 15 janvier 1744) est à nouveau, cette fois aussi, magnifiquement incarnée par le Purcell Choir, l’Orfeo Orchestra et tout particulièrement les chanteurs _ Olivia Doray, dessus, Natalin Szutrély, dessus, Cyrille Dubois, haute-contre, Mathias Vidal, taille, et David Witczak, basse-taille : tous remarquables ! et avec une excellente prononciation à la française du latin de ces 5 Grands Motets (Exaudi Deus, O fili et filiæ, Judica me Deus, Usquequo Domine et Te Deum), différents des 3 Grands Motets (Super flumina Babilonis, Jubilate Deo et Miserere) de l’excellent CD récent lui aussi des Ombres et Sylvain Sartre : ces 2 CDs ayant tous deux été enregistrés au même mois de septembre 2021… _, sous la direction parfaitement sensible et fine, intelligente, du chef György Vashegyi, décidément en verve…

Un pan majeur de la musique baroque française baroque devenant ainsi enfin _ et très heureusement ! _ accessible par le disque _ et pas seulement de rares concerts à Versailles… _ aux amoureux de ce merveilleux répertoire pas assez interprété, ni reconnu comme il le devrait par un plus large public vraiment mélomane.

Comme à Sylvain Sartre,

un grand merci, donc, à la splendide réalisation musicale _ et discographique ! _ de György Vashegyi…

Ce mardi 7 février 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

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