Posts Tagged ‘flamboyant

Et puis le chapitre « Pour un Prologue » de ce livre « qui voudrait s’appeler « Barricades » »…

12nov

Aux pages 60 à 62 se situe un chapitre intermédiaire _ c’est le septième d’un livre qui, en son « recueil« ,  en comptera finalement onze _ qui nous apprend que _ je cite ; et j’ajoute qu’à la page 9 une avertissante Note de l’éditeur nous prévenait, et c’est important pour l’architecture de ce livre, de ceci : « Certains de ces textes ont été publiés épars dans des revues, il y a longtemps ou non. Comme l’autrice ne se souvient pas toujours ni des circonstances ni des lieux de publication, considérons que les inédits et les autres se rejoignent dans un ordre qui en fait un recueil écrit aujourd’hui » : c’est en effet assez utile de le savoir, même si ça ne change pas grand chose à l’effet toujours sidérant et aussi admiratif que produit sur le lecteur ce nouvel opus d’Hélène Cixous, poursuivant, pour notre jubilation, l’exploration de sa toujours brûlante vivante veine à vif… _ :

« Le livre voudrait _ le verbe est ici au conditionnel _ s’appeler Barricades _ et j’ignore encore, à ce stade prématuré de ma toute première lecture, pourquoi ce livre aura in fine un autre titre, comique, lui : « Et la mère pond vite un dernier œuf« …

C’est un amoncellement _défensif, en un épisode désordonné et improvisé de bric-et-de-broc, sur le champ, à la va-vite, de conflit violent face à des armes offensives potentiellement mortelles… _ de divers objets, matériaux, fragments d’expérience unis entassés-unis _ ajointés, « se rejoignant » dit l’éditeur, dans une même perspective poursuivie, et in fine « unie« , de regard… _ pour résister _ voilà ! _ à des assauts hostiles _

armée sans armement, sauf à l’édification de pyramides de résistances _ d’encre et de papier _ improvisées _ inévitablement et ludiquement, hic et nunc, là, sur le champ, avec lucidité visionnaire et formidable prestesse : quelles joies de surprises secouantes à jets continus, oui, de lecture à notre tour endiablée ! _,

des poèmes de street-art,

la lutte entre des vagues _ en assauts successifs _ de rage, qui se disputent l’idée d’honneur _ et de dignité d’humanité profonde cruellement attaquée.

Qu’est ce qui est le plus valeureux ? l’émeute, l’insurrection, la révolte, en haut de cet amas convulsif, nue sous un drapeau la révolution, au milieu un orchestre canon, tanks, chevaux, pêle-mêle _ à la Goya du « Dos de Mayo« ,  ou à la Delacroix de « La Liberté guidant le peuple« , ou encore, bien sûr, à la Hugo des « Misérables« , etc. _

monuments de rêve _ du « Rêvoir« … _

chateaux forts faibles _ de papier.

 

Ne vous étonnez pas

Que le Prologue soit situé ici, au milieu _ un peu incongru, certes, au regard des normes de l’édition, mais le jeu bondissant et constamment renouvelé de la fantaisie de l’écriture d’Hélène est inépuisable _ du chemin des barricades, ne vous étonnez pas, dis-je à mes petits-enfants _ comptant au premier rang de ceux à qui Hélène tient si puissamment à adresser son vital témoignage, pour quand aura passé ce qu’à, une occasion parmi d’autres, Annette Wieviorka a appelé « L’Ere du témoin« … ; car le témoin doit vitalement, chaque fois (cf ici le beau chapitre aussi, précédent, intitulé « Cérémonies », aux pages 51 à 59), être lui-même matériellement passé, transmis, donné, d’une main à une autre.

Une file de temps nous sépare. Ou raccorde _ on ajointe et on transmet donc. Cinquante ans _ 50 ans ? _ Bien plus. Disons plus d’un demi-siècle s’étend entre mon enfance _ entre 1937 et 1945, rue Philippe, à Oran _ et celle de mes petits-enfants comme celle de mes lecteurs ; et pas du tout le même demi-siècle ou siècle de part et d’autre.

Le mien est composé de tant de guerres, de ruines, d’extinctions de races, de royaumes, de divisions et convulsions de planètes ! Depuis ma naissance je ne me suis jamais sortie d’un état de mobilisation  _ et c’est absolument capital pour bien saisir l’idiosyncrasie de l’écriture d’Hélène _, d’endeuillement et de colère _ telle celle de l’Achille de « L’Illiade« … Tous les matins avant le jour je crie, je me plains, je crains, je dénonce la destruction _ voilà. Quand le soleil de mes filles se lève, le cours de la vie reprend une innocence, on lit, on rit, on mange le pain du jour

L’enfance prophétique _ vécue au 54 de la rue Philippe à Oran, donc ; cf, entre divers autres, mon article «   » du 17 novembre 2022… _ ne me quitte pas, je sais tout, je suis en inquiétude _ d’éveil et alerte permanents, comme sur les remparts d’Elseneur et ses fantômes de revenants… _

Une non-coïncidence se maintient ferme _ au fil de cette vie _entre mon âge à double étage _ celui d’hier et celui de maintenant _

Chaque année _ dans la maison d’écriture de l’Allée Fustel de Coulanges, aux Abatilles, les mois d’été juillet et août… _ le temps, sa substance résineuse _ chargée de la senteur puissante de ce qui s’écoule, en plaie, des pins blessés de ce jardin enchanteur… _, allume un incendie _ cf ici le merveilleux « Incendire _ qu’est ce qu’on emporte ? » d’Hélène, l’année dernière, 2023 ; avec, par exemple, en témoin, mon article «  » du 27 novembre 2023 ; auquel j’ajoute ici un renvoi à celui, prémonitoire, du 15 juillet 2022, un an auparavant, car je n’ai forcément pas manqué alors de bien penser à Hélène en sa maison et son jardin des Abatilles, si proches du feu qui s’étendait :  »  » … Une réserve de haines fournit le bûcher quotidien _ où flamboie l’écrire magnifique et merveilleux, unique, splendide et somptueux, d’Hélène. Tout un assortiment. _ c’est intéressant, me dis-je _ bigre ! _

Dans mon campement _ d’éveil et alertes visionnaires _ c’est plein de barricades et de massacres »

Etc.

Comme quelques précisions ici jetées sur le papier au très important chapitre « Je veux être aussi criminelle que possible« , des pages 39 à 50…

Mais tout très effectivement se tient ici et s’ajointe parfaitement en ce « recueil » rapiécé de « textes » peut-être au départ un peu disparates, jetés sur le papier dans le contexte des urgences diverses de circonstances un peu, mais seulement en apparence, en effet disparates, car c’est bien une même unique veine et flamme qui les anime, leur donne vie et passion, et les fait si magnifiquement uniment flamboyer…

A suivre…

Ce mardi 12 novembre 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Florent Schmitt, entre l’oeuvre et l’homme (1870 – 1958) : le chef d’oeuvre de « La Tragédie de Salomé » (1907) en une superlative stupéfiante interprétation d’Alain Altinoglu dirigeant son orchestre de Francfort…

14juin

La vie de Florent Schmitt (Blâmont, 28 septembre 1870 – Neuilly-sur-Seine, 17 août 1958) déforme probablement injustement nos regards rétrospectifs sur son œuvre riche et superbe de compositeur français…

À son actif, cependant,

ce chef d’œuvre flamboyant que, et plus que jamais, demeure « La Tragédie de Salomé« , Op. 50, de 1907 ;

ainsi que vient nous le rappeler ce mois de juin le spendide (!!!) CD Alpha 941, du Frankfurt Radio Symphony placé sous la brillantissime direction du magistral Alain Altinoglu (Paris, 9 octobre 1975) _ un CD enregistré à Francfort en janvier 2021… Et admirez ici cette très significative vidéo de l’enregistrement (d’une durée de 63′ 24)

De cet opus magnifique de Florent Schmitt _ ami de Ravel… _,

ma discothèque personnelle possède déjà au moins 4 CDs :

_ le CD 2 du coffret de 22 CDs « Paul Paray – Detroit Symphony Orchestra – The Mercury Masters volume 2 : 1958 – 1962 » par le Detroit Symphony Orchestra dirigé par Paul Paray _ enregistré à Detroit en mars 1958

_ le CD 10 du coffret de 14 CDs « Jean Martinon – The Late years Erato and HMV Recordings 1968 – 1975 » par l’Orchestre National de l’ORTF dirigé par Jean Martinon _ enregistré à Paris, salle Wagram, en octobre 1974

 

_ le CD Apex 2564 62764-2, de l’Orchestre Philharmonique de Radio France dirigé par Marek Janowski _ enregistré à Paris en octobre 1988 ; et écoutez ici ces podcasts 1 et 2 (d’une durée respectivement de 26′ 31 et 13′ 51)

_ le CD Hyperion CDA 67599, du BBC National Orchestra dirigé par Thierry Fischer _ enregistré à Swansea en octobre 2006

Double bravissimo !

Tant pour cette œuvre elle-même, stupéfiante, déjà, du compositeur Florent Schmitt

que pour cette brûlante renversante interprétation-ci du maestro Alain Altinoglu !

Un CD par conséquent indispensable !

Ce vendredi 14 juin 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Pour une promenade musicale dans la Rome sensuelle (Fontaines, Pins, Fêtes) d’Ottorino Respighi

14fév

Le désir de revenir humer les senteurs de Rome, et sentir la douceur de ses lumières,

m’a conduit à l’écoute de quelques CDs d’œuvres « romaines » d’Ottorino Respighi (1899 – 1936) :

les merveilleux « Fontaines de Rome » _ écoutez-les ici en concert ! _ et »Pins de Rome«  _ écoutez-les ici en concert ! _,

sous les doigts précis et enflammés des magiciens pianistes que sont Giulio Biddau _ né à Cagliari en 1985 _ et Norberto Cordisco Respighi _ petit-neveu d’Ottorino, il est né le 4 août 1984 _, tous deux élèves _ et cela s’entend ! _ du magnifique Aldo Ciccolini, en un extraordinaire flamboyant CD « Respighi _ piano Four Hands« , un CD Evidence EVCD 035 paru en 2017 _ les deux pianistes sont magnifiques de sensibilité et de vie ! Cf l’enthousiasme de mon article du 10 mai 2018 : _ ;

et les « Fêtes de Rome« ,

du chef Antonio Pedrotti_ Trente, 14 août 1901 – Trente, 15 mai 1975, et élève à l’Académie Sainte-Cécile, à Rome, d’Ottorino Respighi… _, à la tête de l’orchestre de la Philharmonie tchèque, un enregistrement de 1961 disponible en un coffret Supraphon SU 4199-2 de 3 CDs, intitulé « Antonio Pedrotti in Prague », paru en 2016 _ de ces « Fêtes romaines« -ci, écoutez ici l' »Ottobrata » ; et cf le bel article « L’Italien de Prague«  de Jean-Charles Hoffelé, en son Discophilia le 21 août 2016.

La voluptueuse magie romaine est bien toute entière là.

Ce lundi 14 février 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un flamboyant Art de la fugue de Bach interprété à l’orgue de Naumburg par Samuel Kummer : un double CD « pour l’île déserte »…

29août

Le 22 août dernier, sur le site de Discophilia, l’excellent Frédéric Muñoz a présenté, en un article parfaitement détaillé,

un enregistrement « flamboyant » de L’Art de La Fugue de Johann-Sebastian Bach, interprété à l’orgue de Naumburg par Samuel Kummel,

soit le double CD Aeolus AE 11291 :

Un Art de la fugue flamboyant par Samuel Kummer à l’orgue de Naumburg

Dans une discographie plus qu’abondante, L’Art de la fugue de Bach trouve ici une approche tout à fait exceptionnelle de l’organiste Samuel Kummer porté par un orgue historique aimé du compositeur et une prise de son sans nul doute la meilleure depuis la restauration de l’instrument de Naumburg en 2000.

Ce nouvel enregistrement de L’Art de la Fugue suscite de la part de l’auditeur diverses réactions positives chargées d’émotion et d’émerveillement _ voilà. L’orgue tout d’abord, qui est l’un des plus mythiques du baroque allemand, construit par Zacharias Hildebrandt en 1746 pour l’église principale de Naumburg (Allemagne). Ce facteur d’orgue, élève de Gottfried Silbermann, avait conservé le somptueux buffet de 1705 édifié par son prédécesseur Zacharias Thayssner pour livrer un nouvel instrument, expertisé conjointement par Johann Sebastian Bach et Gottfried Silbermann _ rien moins… Le rapport d’expertise, conservé, montre côte-à-côte leurs élégantes signatures agrémentées de sceaux en cire rouge. Ayant subi diverses transformations inévitables au cours du temps, c’est le facteur Hermann Eule qui en 2000 apporta une restauration radicale par un retour à l’état de 1746 _ voilà. Certains jeux disparus furent alors reconstitués à l’identique, selon la tradition de la facture ancienne, ce qui aboutit alors à une grande réussite sonore, éloignée de toute conception moderne du son. L’harmonie générale repose sur le principe de la « Gravität » chère à Bach, avec de multiples jeux de 16 pieds, à chaque clavier et une anche de 32 pieds au pédalier, développant une assise grave très puissante de l’orgue.

Samuel Kummer est organiste titulaire à la Frauenkiche de Dresde. Détruite durant les bombardements alliés de février 1945, cette église fut reconstruite à l’identique et achevée en 2005, retrouvant en copie, buffet compris, l’orgue prestigieux de Gottfried Silbermann. Daniel Kern reprit la composition originale augmentée d’un grand récit symphonique. Très connaisseur de la facture saxonne du XVIIIe siècle, Samuel Kummer a étudié et approfondi l’Art de la fugue durant une dizaine d’années. Il propose une version très personnelle répartissant les différentes voix des contrepoints de manière variée sans esprit de système. L’usage de la pédale en particulier est savamment dosé, abandonnant l’emploi de la partie de basse de manière obligatoire.

Tous est ici guidé par l’écriture même, en grande intelligence _ voilà. Le choix des registrations est lui aussi remarquable : les beautés de l’orgue et des lignes musicales sont hautement mises en valeur, soit de manière individuelle par voix séparés sur des jeux solistes, ou ailleurs par grands blocs utilisant la sonorité de « l’Organo pleno » cité par Bach lui-même. On note une panoplie de timbres annonçant déjà une forme de pré-romantisme : jeux gambés, ondulants, quintoyants et autres anches pouvant se mêler harmonieusement aux jeux de fonds. Certaines fugues à 3 voix sont proposées en trio, utilisant un timbre différent par voix, ce qui apporte une écoute orchestrale et assez inédite à l’orgue dans ce répertoire. Le jeu de Samuel Kummer est très inspiré et éloigne tout côté aride ou pesant. Au contraire, la musique chez lui coule de source avec des tempi « giusto » et se déroule comme différents tableaux ou chacun représente tour à tour un monde fascinant et universel.

Commencé aux alentours de 1740, l’Art de la fugue fut présenté en 1745 contenant alors 12 fugues et 2 canons en vue d’une édition future. En 1751, juste après la mort de Bach, un nouvel ensemble est présenté rajoutant deux fugues dont la fameuse Fuga a tre sogetti et 2 canons supplémentaires. L’édition supervisée par Carl Philipp Emanuel Bach rajoute le choral « Vor deinen Thron tret ich hiermit » (BWV 668), bien que celui-ci n’ait pas de lien thématique apparent avec le reste de l’œuvre. Ce fut sans doute une manière de compenser l’inachèvement de la fugue à trois sujets dont on pense que Bach prévoyait un quatrième thème, sans doute celui du début qui sert de fil conducteur à tout l’Art de la fugue. Cet arrêt brutal demeure très troublant, jusqu’à se demander si Bach ne l’a voulu ainsi, mettant en scène et en musique sa propre mort, ou pour laisser le champ libre à la postérité pour terminer d’une manière ou d’une autre cette géniale proposition. C’est ce que fait Samuel Kummer, en enregistrant cette dernière fugue une deuxième fois, cette fois-ci en proposant une fin dont il est l’auteur, incluant le fameux quatrième thème. Le contrepoint s’achève alors en plénitude sur un grand accord de majeur sur toute la force de l’orgue.

La grande réussite de cet album tient aussi en grande partie à la technique d’enregistrement qui délivre la plus belle prise de son _ rien moins _ réalisée pour cet orgue depuis sa dernière restauration. L’orgue est très haut placé dans la nef sur une troisième tribune et l’atteindre n’est pas simple. Pas moins de neuf micros furent nécessaires sur sept hautes perches pour une captation SACD multichannel. La version CD stéréo disponible sur le même support est déjà impressionnante de vérité et d’équilibre sonores. Quatre éléments de premier rang sont ainsi ici réunis : compositeur, interprète, instrument et captation sonore, aboutissant à une production qui s’inscrit désormais en référence. Reprenant l’expression quelque peu surfaite : « Quel disque pour l’île déserte ? » On sera tenté de répondre : « Celui-ci assurément » !

Johann Sebastian Bach (1685-1750) : L’Art de la fugue BWV 1080 :

treize contrepoints, quatre canons, fuga a 3 soggetti ; Choral « Wenn wir in hoechsten Noethen » BWV 668a ; Fuga a 4 soggetti complétée par Samuel Kummer.

Samuel Kummer à l’orgue Zacharias Hilbebrandt (1746) de la Wenzelskirche à Naumburg (Saxe-Anhalt Allemagne).

2 SACD hybrides Aeolus.

Enregistrés en octobre 2020.

Livret bilingue anglais et allemand.

Durée totale : 105:51

Ce dimanche 29 août 2021, Titu Curiosus – Francis Lippa

Deux facettes du vif et très nuancé talent violonistique de Théotime Langlois de Swarte : Corelli, et Sénaillé et Leclair

31mai

En forme de conclusion purement musicale de mes recherches sur le terreau familial de Théotime Langlois de Swarte,

et pour goûter les tendres subtilités et vifs éclats de son art

au violon baroque,

 

tout simplement ces deux superbes vidéos-ci,

glanées sur le Net :

_ Arcangelo Corelli (7′ 13)

_ Jean-Baptiste Sénaillé et Jean-Marie Leclair (23′)

Quel flamboyant talent !

Ce lundi, 31 mai 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

Chercher sur mollat

parmi plus de 300 000 titres.

Actualité
Podcasts
Rendez-vous
Coup de cœur