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Ré-écouter de Frederic Mompou (1893 – 1987) les quatre « Cuadernos » (1959, 1962, 1965 et 1967) de sa sublime « Musica callada »… Et le génie de l’interprétation du merveilleux Josep Colom…

23avr

De l’extraordinaire Frederic Mompou (Barcelone, 13 avril 1893 – Barcelone, 30 juin 1987),

le couronnement de l’œuvre si singulier _ et si profondément émouvant, en sa lumineuse sobriété _,

est probablement réalisé par les quatre « Cuadernos » (de 1959, 1962, et 1967) _ en vingt-huit (9 + 7 + 5 + 7) pièces brèves… _, de sa prodigieuse « Musica callada » _ sous l’inspiration fulgurante du « Cantique spirituel entre l’âme et le Christ, son époux«  de Saint-Jean-de-la-Croix (1542 – 1591).

J’en étais jusqu’ici resté aux interprétations magiques, d’abord de Frederic Mompou lui-même, enregistrées en 1974 au Casino de l’Alianca del Poblenou, disponibles au sein d’un coffret de 4 CDs Brilliant 6515 ;

mais aussi du magnifique pianiste catalan _ lui aussi _ Josep Colom _ né à Barcelone le 11 janvier 1947 _, enregistrées en décembre 1991 et février, mars et juin 1992, disponibles au sein d’un coffret de 4 CDs Mandala MAN 5021/24…

Or voici que je m’aperçois qu’est assez récemment paru un nouveau CD de cette sublimissime « Musica callada« , par ce même Josep Colom, cette fois enregistrée les 16 et 17 avril 2019, à l’Auditorio de Zaragoza, publié pour le label Eudora, le CD Eudora SACD 2101.

Sur l’œuvre si singulière et si intensément vibrante et touchante, en sa terrible discrétion, de Mompou,

je ne veux surtout pas manquer de renvoyer ici au merveilleux « Le Message de Mompou » de Vladimir Jankélévitch,

aux pages 157 à 172, de son excellentissime « La Présence lointaine _ Albeniz, Séverac, Mompou » paru en 1983 aux Éditions du Seuil, et qui vient de reparaître, le 12 mai 2021, en Points-Seuil…

Une finesse d’analyse d’une justesse indispensable !

Et à propos de cet admirable interprète qu’est décidément Josep Colom,

il me faut ajouter que c’est lui qui, en 1995, m’a fait découvrir _ en une écoute impromptue absolument émerveillée sur mon auto-radio, sur la route en partant au travail, d’une émission de France-Musique qui diffusait un extrait de cette musique, dont je n’avais hélas pas perçu le nom du compositeur, qu’il m’avait ensuite fallu rechercher ; et que j’avais heureusement trouvé alors ! Et j’avais donc pu commander ce CD à ma chère libraie Mollat ; et Vincent Dourthe ne l’a pas oublié !… _, ce tout à fait extraordinaire compositeur, si singulier, lui aussi, qu’est Manuel Blasco de Nebra (1730 – 1784).

Ce qui, consécutivement, a aussi fait de la librairie Mollat _ et sur une très longue durée : tant que ce stupéfiant CD a été distribué et disponible… _, le meilleur vendeur en France de ce magistral CD _ écoutez-le ici ! Il est miraculeux de poésie… _ des « Pièces pour clavier » de Manuel Blasco de Nebra par Josep Colom, enregistré à Paris en 1995, le CD Mandala MAN 4847 :

tellement la diffusion au magasin du moindre extrait de cette merveilleuse musique sur la platine du magasin, avait pour immédiat effet (de séduction !) de déclencher l’achat, ou la commande, de ce CD par quiconque l’entendait et l’écoutait et tombait sous son charme si prenant…

Le charme idéalement conjugué de la rencontre enregistrée de l’œuvre du compositeur, Manuel Blasco de Nebra, et de son interprète ici, le tout simplement merveilleux Josep Colom !

Cf, dans la série de mes articles consacrés à des »musiques de joie » _ durant la période de confinement de la pandémie de Covid _mon article du 10 avril 2020, qui s’en faisait l’écho toujours ébloui :

« « …

Cette « quintessence acérée et voluptueuse de l’intime« , écrivais-je ce jour-là,

et alors que j’ignorais, et pour cause, les formulations si heureuses, de cet extraordinaire si juste « écouteur de musique« , qu’est l’incomparable Vladimir Jankélévitch…

De Manuel Blasco de Nebra (1730 – 1784) à Frederic Mompou ()1893 – 1987),

l’interprète splendide qu’est Josep Colom (1947) est bien le plus magique passeur…

Écoutez et ré-écoutez pour votre propre joie la joie rayonnante et discrète que l’interprétation, en ces CDs _ tant de Frederic Mompou, par deux fois, en 1991-92 et 2019, que de Manuel Blasco de Nebra, en 1995 _ de Josep Colom, nous donne si généreusement à recevoir et partager…

Ce samedi 23 avril 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Musiques de joie : la Musica callada de Federico Mompou à l’écoute de la quintessence acérée et voluptueuse de l’intime

11avr

Le magnifique Josep Colom

m’a non seulement fait découvrir les Sonatas de Manuel Blasco de Nebra

(Séville, 2 mai 1730 – Séville, 12 septembre 1784)

_ cf mon article d’hier : _,

mais aussi la Musica callada de Federico Mompou

(Barcelone, 16 avril 1893 – Barcelone, 30 juin 1987)

en sa superbe intégrale de L’Œuvre pour piano de Mompou,

un coffret de 4 CDs Mandala 5021/24, publiée en 1993.

Música callada signifie Musique tue,

gardée pour soi dans le silence :

du moins le silence imposé à la parole, et au verbiage…

La joie selon Mompou

_ cf aussi la pièce très justement intitulée pour appeler la joie, extraite de Charmes, composée en 1921, en hommage affiché à Paul Valéry _

n’est pas exubérante, ni, a fortiori, dionysiaque ;

mais elle aspire,

en sa brièveté _ toute scarlatienne _à la quintessence fugace de l’intime…

Rien qui pèse, rien qui dure ni se répète, rien qui insiste…

Seulement l’intensité sobre et brûlante-froide

du pur instant magiquement saisi au vol

par le geste musical

qui croise alors Kairos.

Ce que réaliseront à la perfection,

en 1959, 1962,1965 et 1967,

les 28 pièces des quatre cahiers successifs de la Música callada, de Mompou.

Alors, quel interprète choisir ?

J’hésite entre

l’interprétation parfaite de justesse et élégance

du splendide coffret L’Œuvre pour piano, Mandala MAN 5021/24,

de Josep Colom,

enregistré en 1991-92 ;

et la version de l’inestimable coffret Complete Piano Works, Ensayo, puis Brilliant Classics 65 15,

de Federico Mompou lui-même,

enregistré en 1974 ;

et disponible tout entier (mais oui !) en podcast sur you tube…

La joie dont il s’agit n’a certes rien ici

ni de l’esprit du Baroque _ à la Scarlatti _,

ni de celui de l’Empfindsamkeit, ou du Sturm und Drang _ à la Carl Philipp Emanuel Bach _ ;

et c’est la toute première,

de ma collection de « Musique de joie« ,

à être issue du redoutable XXème siècle ;

mais cette joie musicale-là a quelque chose de la joie oxymorique,

tout à la fois acérée et voluptueuse,

du poème Charmes de Paul Valéry (en 1922)

comme du rare et éblouissant Canticó de Jorge Guillen (en 1928).

Un voyage musical on ne peut plus singulier, ainsi,

au cœur irradiant du présent…

Ce samedi 11 avril 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Ecouter mieux les silencieux, avec Laurent Vilarem

29juin

Samedi dernier matin, à la toujours intéressante émission Sous la couverture de Philippe Venturini sur France Musique,

je découvrais le livre Les Silencieux _ sous-titré Les Compositeurs à l’épreuve du silence _ de Laurent Vilarem ;

qui a vivement intéressé l’amoureux de la Musica callada de Federico Monpou (1893 – 1987) que je suis.

Et voilà que sur le site de Res Musica,

et sous la plume de Vincent Guillemin,

je découvre un article consacré à ce travail…


Le voici.

LES SILENCIEUX, DE LAURENT VILAREM

Les Silencieux. Les compositeurs à l’épreuve du silence. Laurent Vilarem. Éditions Aedam Musicae. 99 p.

12,90€. Avril 2019

Les-silencieux-Les-compositeurs-a-l-epreuve-du-silenceAxé sur le silence, choisi ou forcé, le premier livre de Laurent Vilarem soulève de nombreuses questions sur des personnalités musicales de tous temps, principalement de la musique classique, mais aussi du XXe siècle dans la variété et le rock, pour tenter de comprendre pourquoi ou comment un compositeur peut devenir muet _ pas seulement, et même loin, très loin de là ! ; car une telle interprétation du sens du propos de Laurent Vilarem serait terriblement réductrice de ce que l’auteur veut signifier là ! Car il est des œuvres, et parmi les plus belles, qui nous donnent à percevoir le silence (non vide, loin de là !) lui-même… au point que l’on peut même se demander si la musique (et plus largement toute vraie œuvre d’art) n’a pas pour but de rompre avec le discours et le bavardage afin de nous donner à accéder à la qualité de parole et de vie de ce qui pourtant ne dit rien et se tait…

Quatre-vingt-dix-neuf pages, quarante-six sous-parties, douze chapitres ouverts par un prologue et clôturés par un épilogue, une brève et luxueuse introduction de Philippe Jaroussk. C’est avec cette matière et un style d’écriture extrêmement fluide et rapide _ le même qu’à l’oral dans l’émission de Philippe Venturini : alerte et très vivant _ que notre ancien collaborateur _ dont acte _, Laurent Vilarem, tente _ mais c’est presque péjoratif… _ de traiter une question rarement abordée d’une manière globale _ vraiment ? _  : celle du silence chez les compositeurs _ cette formulation manque terriblement de précision.


Jamais trop vulgarisateur, ni en même temps jamais trop pointu ou limité à une partie de la musique ou du répertoire, le propos passe en quelques instants de Brel à Wolf, de Schumann à Gorecki. L’ouvrage ne se veut pas exhaustif et surtout, il ne tombe pas dans la facilité d’une psychanalyse de bon aloi, tellement habituelle aujourd’hui pour expliquer avec des concepts actuels des actes ou sentiments d’une autre époque et d’autres mœurs. Évidemment, l’auteur ne peut en si peu de mots couvrir intégralement le sujet, et ne chercher à établir aucune démonstration scientifique. Il pose des questions plus qu’il n’y répond, et tente par l’accumulation de thèmes et d’histoires _ c’est vague ; un thème, c’est un cliché ; et une histoire, c’est une anecdote : rien que du superficiel ! _ de faire ressortir de nombreux cas particuliers, parfois relativement similaires _ et confus. L’article ne nous fait pas entrer dans le détail du livre…

Ainsi se plonge-t-on dans un univers de névroses, de faiblesses ou de problèmes, jusqu’à la mort, cause la plus évidente _ certes… _ de silence _ mais ce sont bien davantage les silences des musiques elles-mêmes que les péripéties de vie des compositeurs qui sont porteuses de sens… C’est l’histoire de la Symphonie n° 8 de Jean Sibelius, de l’album Les Marquises de Jacques Brel, de Charles Ives qui arrête d’écrire lorsqu’il quitte son métier d’assureur pour la retraite, de Gioachino Rossini et son boursicotage des dernières années. L’histoire des femmes aussi, trop longtemps bloquées par la société, ou par leurs maris, à l’image d’Alma Mahler. Toutes ces tranches de vies sont énoncées succinctement, sans interruption, d’une main parfois lapidaire, mais toujours haletante _ ou passionnante ? _, à même de capter l’attention _ dans quel but ? Nous proposer d’y penser ? _ à chaque ligne, pour un parcours centré sur le vide _ mais les vides ne sont pas nécessairement déserts, bien au contraire _, celui du silence.


J’ai commandé le livre de Laurent Vilarem il y a une semaine.

Et j’attends avec une certaine impatience d’en découvrir et me pencher sur son détail…


Ce samedi 29 juin 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

S’enchanter à Mompou

30mai

Mompou est aussi merveilleux qu’inclassable.

A preuve, sa sublime Musica callada.

Soit par lui-même.

En un CD Mompou Complète piano works, un coffret de 4 CDs Brilliant Classics,

enregistré par le compositeur, Federico Mompou (1893-1987), lui-même au piano en 1974.

Une merveille.

Soit par l’excellent pianiste catalan Josep Colom :

en un coffret de 4 CDs Mandala, paru au mois de mai 1993.

Nulle autre interprétation ne leur arrive _ et de loin ! _ à la cheville.

Une musique d’un sublime sans égal.

Ce mercredi 30 mai 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

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