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Pourquoi si peu de réussites discographiques de la Messe en ut mineur K. 427 de Mozart ? Minkowski, après Harnoncourt. Ou Fricsay…

03oct

Á plusieurs reprises déjà,

j’ai recherché une interprétation discographique vraiment réussie de la Messe en ut mineur K. 427 de Mozart.

Pour quelles raisons celle-ci est-elle donc si malaisée à vraiment « attraper« 

et « rendre » à la perfection

par ses interprètes ?..


Cf par exemple mon article du 19 mai 2020 « « …

Hier, 2 octobre, sur son site Discophilia,

et sous le titre « Baroque« ,

Jean-Charles Hoffelé a donné un compte-rendu

de l’interprétation que vient de donner de cette mozartienne Messe en ut mineur K. 427

Marc Minkowski,

à la tête de ses Musiciens du Louvre,

pour le label Pentatone _ soit le CD PTC 5186812.

Voici cet article :

BAROQUE

Sombre Kyrie ! Avant qu’Ana Maria Labin n’entonne son Kyrie, Marc Minkowski donne une couleur tragique à la grande Messe en ut, soupesant ses ombres, affirmant un sens du discours qui entend bien immerger l’œuvre dans une esthétique baroque _ voilà le parti pris. Tout ne sera qu’expression _ quasi expressionniste… _, la liturgie de la messe devenant une petite passion _ voilà : au sens de la psychologie de l’affectivité _ où les sentiments s’expriment avec une intensité d’autant plus prenante qu’elle est contenue _ un bel oxymore _, le chef maîtrisant le temps avec un art certain _ et c’est une forme de compliment.

Le petit chœur – neuf chanteurs – s’accorde à rejoindre dans des fondus assez inouïs la palette _ volontairement _ obscure des Musiciens du Louvre, l’équilibre se trouvant moins aisément dans les tonnerres du Gloria, mais que la douceur revienne, et comme tout cela prie et émeut _ soit un nouvel oxymore !

En majesté, le Credo rayonne, avant que l’émotion de l’Et incarnatus est _ un hapax de climax _ ne vienne vous saisir, ce mystère où Mozart aura écrit l’une de ses plus belles mélodies de soprano _ c’est très juste, en effet, anecdotiquement, mais tout de même un tantinet réducteur quant à la portée de l’œuvre elle-même…

L’approche de Marc Minkowski est si singulière _ voilà _ dans ce pan du répertoire mozartien qu’elle pourrait apporter l’éclairage nouveau _ seulement une démarque de marché ? _ que celui-ci attendait _ discographiquement _ depuis le geste de Nikolaus Harnoncourt. En poursuivra-t-il l’exploration ?

LE DISQUE DU JOUR

Wolfgang Amadeus Mozart(1756-1791)
Messe en ut mineur, K. 427

Ana Maria Labin, soprano I
Ambroisine Bré, soprano II
Stanislas de Barbeyrac, ténor
Norman Patzke, basse
Les Musiciens du Louvre
Marc Minkowski, direction

Un album du label Pentatone PTC5186812

Photo à la une : le chef Marc Minkowski – Photo : © DR

Ce samedi 3 octobre 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Silvia Baron Supervielle, ou le voyage d’écrire

24sept

Les 19 et 20 octobre prochains,

notre amie _ d’ascendance béarnaise : d’Oloron – Sainte-Marie _ Silvia Baron Supervielle,

sera le centre d’attention d’un colloque à son œuvre multiforme consacré, à Toulon, à l’université,

sous le titre de « Silvia Baron Supervielle ou le voyage d’écrire« .

Je renvoie ici aux articles de mon blog dans lesquels j’ai commencé d’approcher le mystère de cette écriture océanique,

les 8 janvier 2012, 31 juillet 2018, 3 décembre 2019, 4 décembre 2019 et 1er juillet 2020

_ ainsi que, un peu moins directement, quelques autres encore _ :

3 bis. annonce colloque avec le nom  des participants.pdf

Seront présents à Toulon, auprès de Silvia, ces 19 et 20 octobre prochains

notamment nos amis René de Ceccatty et Eduardo Berti.

Un voyage bleu ciel au cœur de l’imageance vitale…

Ce jeudi 24 septembre 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Disparition d’un autre frioulan hyper cultivé, et surtout poète : Nico Naldini, le cher cousin de Pier Paolo Pasolini

12sept

D’abord, voici le courriel que je viens d’adresser à René de Ceccaty,

qui fut ami, ainsi que traducteur, de Nico Naldini

(Casarsa della Delizia, 1er mars 1929 – Trévise, 9 septembre 2020),

cousin et biographe _ à deux reprises : en 1989 (Pasolini, una vita) ; puis en 2009 (Breve vita di Pasolini) ; cette seconde biographie, suite aux révisions des thèses, et polémiques, sur l’assassinat de Pier-Paolo Pasolini… _ de Pier Paolo Pasolini :

En accomplissant ma prière laïque (de lecture matinale des journaux),

j’apprends, dans le Corriere della Sera, le décès de ton ami Nico Naldini, chez lui, à Trévise, à l’âge de 91 ans.
 
Cf aussi cet article de La Repubblica du 10 septembre, qui m’avait échappé :
 
Bien sûr tu as traduit sa biographie _ Pier-Paolo Pasolini _ une vie, parue, dans une traduction de René de Ceccatty, chez Gallimard, en 1991 … _  de son cousin Pier Paolo _ Bologne, 5 mars 1922 – Ostie, 2 novembre 1975 _,
mais aussi tu l’as rencontré à diverses reprises, notamment en Tunisie _ où Nico Naldini séjournait fréquemment, à Sidi Bou Saïd _,
comme tu l’a raconté dans Enfance, dernier chapitre.
 
Nico Naldini était peut-être d’abord poète _ René de Ceccatty a traduit aussi son recueil de poèmes frioulans Je reviens des champs d’azur, paru, aux Éditions du Scorff, en janvier 2000 _, avant d’avoir à son actif une œuvre polyforme _ poésies, narrations, essais, biographies (de Giovanni Comisso, Goffredo Parise, Filippo De Pisis, Giacomo Leopardi), et même un film-documentaire, Fascista, en 1974…
 
Dès que j’ai appris cette nouvelle de son décès,
c’est d’abord de ce que tu évoques de lui dans Enfance, que je me suis immédiatement souvenu.
La mémoire nous parle, même si c’est un peu capricieusement.
 
Nico Naldini : encore un frioulan hyper-cultivé… _ ici c’est au triestin Magris que je pense.
 
Et c’est à lui que je vais consacrer mon article d’aujourd’hui…
 
Bien à toi, cher René,
 
Francis

Pour le reste,

on se reportera à l’œuvre polyforme que nous laisse Nico Naldini…

Ce samedi 12 septembre 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Les approches du réel (et de soi) de « Piccola » : « une vie ambiguë », entre trois hommes (plus âgés qu’elle), afin de parvenir à « trouver sa voie », à Rome, en 1990…

24août

L’écriture cursive, éminemment fluide _ dépourvue de la moindre lourdeur _, de Piccola,

de Rosita Steenbeek _ aux Éditions Vendémiaire, en ouverture de la collection « Compagnons de voyage« , que crée René de Ceccatty _,

enchante,

en plus de son si attachant et lumineux ancrage romain…

C’est un récit de formation

_ paru en version originale en 1994 _,

celui d’une jeune femme indépendante _ et très cultivée : son père, Jan Wieger Steenbeek (1927 – 2002), qu’elle admirait énormément, enseignait les Lettres à l’université d’Utrecht, aux Pays-Bas _, née en Hollande, à Utrecht, en 1957,

et venue en Italie et à Rome vers 1984, à la recherche de rôles au cinéma _ à Cineccita _, ou d’interviews d’écrivains et artistes,

afin, d’abord, bien sûr, de gagner sa vie ;

mais aussi, plus profondément, et surtout, se découvrir,

et mieux devenir soi…


Sa vie s’est trouvée peu à peu marquée par trois rencontres d’hommes _ Roberto Chiaramonte, Edoardo Pincrini, Marcello Leoni : un riche amant psychiatre, sicilien ; un très grand écrivain, romain ; un très grand cinéaste, romain lui aussi, d’origine romagnole _, tous les trois bien plus âgés qu’elle,

avec lesquels elle va entretenir des rapports affectifs _ d’amour et d’amitié plus ou moins sexués ; et assez diversement, pour le moins… _ complexes…



Au point qu’au mois de juin 1990, page 303 du récit, 

elle en vient à se demander « combien de temps je pourrais mener cette vie ambiguë _ voilà !

Je courrais _ très effectivement _ d’un vieux à l’autre ; et pour le reste je ne faisais plus rien« 

_ soit une absence d’œuvre tant soit peu effective, qui finit par la déranger… Page 287, Edoardo (Alberto Moravia) s’était écrié, à propos de Rome et des Romains : « J’en ai marre de ce peuple, de cette ville et de cette vie. Ici personne ne travaille. Tout le monde en prend trop à son aise. Même les pigeons sont trop gros pour bouger« …

Alors que parvenir à « tracer sa voie« 

(l’expression se trouve page 305, dans la bouche de Roberto _ qui s’est ouvert peu à peu, lui aussi _),

est probablement l’objectif de fond _ affleurant peu à peu à la conscience de la narratrice _ de cette quête,

à distance de sa Hollande native et familiale…

Et aussi, en découvrant et prenant possession d’une vraie « chambre à soi« , pour reprendre l’expression de Virginia Woolf.

Ce n’est peut-être pas tout à fait un hasard si ce lieu, ô combien tranquille, inspirateur, et donc apte à l’écriture personnelle,

la narratrice le découvre, et s’y installe, dans le courant du mois de juin 1990,

au retour d’un séjour, au mois de mai, de « cinq jours en Hollande » (l’expression se trouve à la page 290) en compagnie d’Edoardo Pincrini – Alberto Moravia

_ leur séjour, ensemble, en Hollande est narré de la page 290 à la page 297 _,

après avoir bien pris conscience de ce qu’elle nommait, page 307, « mon problème de logement : la pension _ où elle résidait alors, située dans le quartier du Ghetto, à Rome _ était de plus en plus bruyante et agitée, et il me fallait trouver une autre solution« .

« Un soir _ de début juin 1990, le passage se trouve page 310 _, où j’étais allée à l’Institut néerlandais pour assister à une conférence, j’échangeais deux mots avec un prêtre flamand qui m’annonça qu’un petit appartement s’était libéré dans un vieil immeuble médiéval qui appartenait au clergé belge, non loin de ma pension _ située, elle, dans le Ghetto ; en fait, il s’agit là d’une dépendance de l’église San Giuliano dei Fiamminghi, Via del Sudario, non loin de Sant’Andrea della Valle. Il pouvait me la faire visiter. »

« C’était un endroit idéal : église _ San Giuliano dei Fiamminghi _, théâtre _ Teatro Argentina _, bibliothèque _ la Casa Burckart _, m’entouraient, silencieux. Au cœur _ historique _ de Rome, mais protégé de ses rumeurs par des murs épais de plus d’un mètre« , page 312.

« J’allais m’y installer, sans la moindre hésitation. (…) C’était un lieu dôté d’une âme » _ voilà ! _, page 313.

« Le lendemain matin, je tournai la vieille clé dans la serrure, et un nouveau chapitre _ rien moins ! C’est un tournant majeur pour la narratrice ! _ commença dans ma vie« , page 316.

Quelques pages plus loin, pages 320 à 324,

la narratrice raconte une soirée passée avec Marcello Leoni – Federico Fellini et Guido Anselmi – Marcello Mastroianni _ Guido Anselmi est le nom même du personnage du réalisateur dans Huit-et-demi, de Fellini, en 1963, qu’incarnait Marcello Mastroianni… _, le soir du match de Coupe du Monde de football entre l’Italie et l’Uruguay ; c’était le 25 juin 1990.

Ce qui nous permet de dater avec un peu de précision cette installation de Rosita Steenbeek dans sa splendide cellule monacale de la Via del Sudario, si importante pour sa vie enfin féconde d’écrivain, entre la fin mai de son voyage de cinq jours en Hollande, avec Pincrini – Moravia, et le 25  juin de son dîner avec Mori – Fellini et Anselmi – Mastroianni, le soir même de ce match Italie-Uruguay de foot-ball, en 1990.

Les entretiens suivis et impromptus, informels pour la plupart, que l’auteur (Rosita Steenbeek) – narratrice (Suzanne), aura, entre février et septembre 1990,

avec Alberto Moravia (Edoardo Pincrini) et Federico Fellini (Marcello Leoni), 

vont lui faire accomplir des pas de géants dans cette connaissance de soi et des autres,

en la richesse, en partie (et d’abord) inconsciente, que ces deux créateurs majeurs vont lui faire, au jour le jour de leurs échanges formidablement ouverts, approcher et ressentir,

par le partage de leurs propres démarches éminemment singulières (et puissantes, via, tout spécialement, leurs propres parcours de création _ ce que je nomme, avec mon amie Marie-José Mondzain, « imageance« … : un concept qui s’applique particulièrement bien au mode de création débridé et formidablement ouvert d’images mouvantes de Federico Fellini…)

d’approches _ le terme décidément revient… _ très pointues de la richesse de perception du réel (et de « soi« , en ses rapports extrêmement complexes et riches d’ambivalences aux autres)…

Piccola,

en sa légèreté fluide et lumineuse _ romaine ? _ d’écriture,

nous fait approcher aussi, de biais _ et en rien doctoralement ! _,

l’idiosyncrasie de ces créateurs majeurs ultra-lucides que sont Alberto Moravia et Federico Fellini,

tout différents qu’ils soient l’un de l’autre…

La collection « Compagnons de voyage« 

que vient de créer René de Ceccatty aux Éditions Vendémiaire

commence magnifiquement !!!

Ce lundi 24 août 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Disparition d’un penseur lucide et singulier (et ami) : Bernard Stiegler

08août

Hier, brièvement de passage au pays basque, je consulte sur mon i-phone le site du Monde,

et j’apprends avec stupéfaction la disparition de l’ami Bernard Stiegler :

Bernard Stiegler, philosophe de la technique au parcours atypique, est mort

Un peu plus tard,

un autre article

sur le site du Figaro :

Bernard Stiegler, penseur des mutations contemporaines, est mort à 68 ans

Bien sûr, une rubrique nécrologique retrace _ quasi nécessairement _ le parcours de vie du défunt,

en plus d’une présentation résumée de son œuvre,

ainsi que de l’impact culturel de celle-ci.

Et ces deux articles nécrologiques ne manquent pas de citer son ouvrage (atypique) Passer à l’acte,

paru aux Éditions Galilée en 2003 ;

ouvrage dans lequel Bernard Stiegler narrait en toute liberté et vérité les circonstances _ atypiques, en effet, et plutôt anecdotiques, eu égard à l’œuvre (d’une vie) qui allait en surgir : à chacun d’en juger sereinement _ de la naissance de son œuvre philosophique,

via son amitié toulousaine avec Gérard Granel,

puis son autre amitié avec Jacques Derrida.

Ce qui m’apparaît sidérant

est de ne considérer l’apport philosophique singulier (!) de Bernard Stiegler

qu’à travers le tamis _ probablement supposé incontournable ! en plus de forcément journalistiquement pittoresque… _ des circonstances, peu banales, de la naissance et maturation de sa réflexion, en situation de confinement forcé, à Muret.

Et je ne dirai rien, ici, de l’abject tombereau d’immondices

auxquelles se livrent et déchaînent gratuitement l’ignorance, l’inculture et la méchanceté crasse

de ceux qui prennent la peine d’infliger une « opinion » (de lecteurs superficiels _ pestitentiellement nauséabonds : l’époque massivement déculturée (et décérébrée !) s’exprime ! _ de la seule notice nécrologique de leur journal) sur un penseur dont ils méconnaissent, bien sûr, totalement _ et pour cause ! profondément crétinisés qu’ils sont… _ la moindre pensée…

Pour ma part,

je m’honore d’avoir à diverses reprises _ fidèlement suivies _ m’être entretenu, pour la Société de Philosophie de Bordeaux _ le 15 mars 2003 au CAPC de Bordeaux ; puis le 18 novembre 2004, dans les salons Albert Mollat _, avec un penseur profondément lucide

et original _ dont le travail me tenait profondément à cœur ! _,

dont je suivais, ouvrage après ouvrage, le cheminement original du lucidissime penser exploratoire…

Regrettant seulement

que ces divers entretiens avec Bernard Stiegler aient eu lieu _ notamment celui du 18 novembre 2004, dans les salons Albert Mollat, rue Vital-Carles _ avant que la librairie Mollat ait pris l’iniative de les enregistrer sur podcasts, ou avec des vidéos _ dont persiste une trace…

Demeure cependant l’accessibilité de ces articles-ci de mon blog _ ouvert, lui, le 3 juillet 2008 _ :

_ le 7 juin 2009 : 

_ le 31 mai 2009 : 

_ le 26 octobre 2009 : 

_ le 18 novembre 2009 : 

Avec reconnaissance et admiration,

Ce samedi 8 août 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

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