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La temporalité du penser-chercher (libre) versus la logique comptable-et-compétitive (utilitariste) : la liberté (de la vérité) sous la pression du « réalisme » de la rentabilité

13mar

Un excellent article (et pétition) sur le blog « 24 heures Philo » (le riche et passionnant blog coordonné par François Noudelmann et Eric Aeschimann : Lien permanent) :

« Les revues prises dans le piège de l’évaluation«  par un collectif de « revues de sciences humaines » à la date d’hier, 12 mars, sur le site de Libération,

qui nous donne _ excellemment (et urgemment !) _ à réfléchir sur les enjeux de la temporalité dans ce qui se joue en ce moment sur ce que va devenir notre monde ; de quel côté va-t-il pencher ? :

Voici cette « communication » du collectif de « revues de sciences humaines » que je me permets d’assortir, as usual, de quelques commentaires « miens » :

Un débat très important agite, depuis 2008 au moins, la communauté internationale des chercheurs. Il concerne les revues et les modalités de leur classement, de leur notation et de leur évaluation. L’évaluation des revues n’est pas neuve (pensons par exemple au classement proposé par le CNRS en 2004), et les chercheurs sont familiers de la logique de hiérarchisation, plus ou moins formelle, qui sous-tend les pratiques scientifiques. Il nous semble même normal, sensé et essentiel que soient mises en valeur et distinguées _ car penser, c’est juger, distinguer, évaluer : critiquer, c’est-à-dire trier et choisir (retenir et écarter, et transmettre) _ les revues dont la qualité scientifique est reconnue par les professionnels de la recherche. Mais selon quels critères _ de fait ? de droit ? _ et selon quelles modalités ? Aujourd’hui, il nous paraît urgent de faire connaître notre position sur cette question, d’autant que la signification de la liste française de revues établie par l’AERES (Agence d’Evaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur) s’est vue confortée par la réforme du statut de l’enseignant-chercheur promue par l’actuel gouvernement.

Pourquoi ce projet de réforme, qui met les chercheurs dans la rue depuis bientôt deux mois, s’inscrit-il dans le prolongement direct de la création de l’AERES et de son classement des revues ? Parce qu’octroyer à l’AERES le monopole de l’évaluation des chercheurs consiste tout simplement à faire des revues les supports privilégiés de la discrimination et de la compétition entre chercheurs. Une fois la réforme adoptée, ces derniers seront jugés uniquement _ !!! _ sur le nombre de leurs publications _ !!! _ et sur la note attribuée _ !!! _, par l’AERES, à la revue dans laquelle ils auront publié. Pour le dire autrement, si un chercheur publie un texte dans une excellente revue spécialisée, mais mal (voire pas du tout) classée par l’AERES ou par son aîné l’ERIH (European Reference Index for the Humanities), il ne sera pas considéré _ labélisé ; officiellement ! _ comme un « bon » chercheur _ et ayant à trainer sur son front ce stigmate ! _, et verra son travail _ de facto lourdement _ confiné aux tâches enseignantes et administratives. Il n’aura donc plus l’occasion de mener à bien ses recherches _ on en mesure les effets ! _ et de les publiciser _ placardisées bel et bien qu’elles seront, par ce dispositif officialisé de censure…

Pourquoi cette réforme est-elle en totale inadéquation avec la manière dont fonctionnent _ actuellement _ nos revues ? Même si elles reposent sur le principe de la sélection et de la critique _ librement _ constructives _ la signature des articles n’engageant que l’autorité intellectuelle de leurs auteurs : mais c’est énorme ! _, les revues en sciences humaines et sociales n’ont absolument pas vocation à noter _ !!! : le nombre (= le quantitatif) évitant d’aller regarder un peu plus (et mieux) dans les coins ; c’est-à-dire de lire ! (= le qualitatif) _ les chercheurs ! Elles produisent _ créent _ et transmettent un savoir. Qu’elles soient spécialisées, généralistes, ou interdisciplinaires, leur objectif est d’informer la communauté scientifique _ curieuse _, de transmettre _ dans une perspective dynamique ouverte et libre !!! _ de nouveaux programmes de recherche _ à mener _, de poser des problèmes _ ils ne vont pas (ni jamais ! cf Bachelard, sur le « sens du problème » comme marque de l' »esprit scientifique » !) de soi ; et les « créer » est la première et essentielle mission, fondamentale et féconde, de « la recherche » ; qui deviendra, plus tard, un peu mieux « établie », « le savoir » : reconnu ; et même « la science » : admirée… _, de discuter _ toujours et indéfiniment !.. _ des méthodes _ indéfiniment en chantier _, de stimuler _ avec fécondité ouverte _ les interprétations, et non de récompenser ou sanctionner les individus _ réduits aux compétitions sans merci du (misérable) carriérisme…

La logique comptable et compétitive _ et c’est bien de son expansion impériale qu’il s’agit, hic et nunc !!! _ de l’actuelle réforme met à mal, tout particulièrement, le rôle des « comités de rédaction », qui travaillent en effet collectivement _ c’est important : il s’agit toujours d’un travail d’équipe ; et non de camarillas à la solde d’ambitions individuelles _ à l’élaboration d’une ligne éditoriale, en fonction de laquelle les articles sont sélectionnés ou non pour la publication. Les placer en position de faire le tri entre « bons » et « mauvais » chercheurs, c’est introduire, dans leur travail, d’autres considérations _ certes ! mortifères pour l’autorité de la recherche _ que celles qui président _ actuellement, pour l’essentiel _ à la ligne éditoriale de la revue. Or les membres d’un comité de rédaction ne sauraient être réduits à la fonction de froids _ lire Imre Kertész sur la logique de l’édition en régime totalitaire, in « Le Refus » : admirable !!! On peut lire aussi, du même, l’encore plus effrayant de réalisme « Liquidation » !!! _ administrateurs, fidèles _ l’adjectif est admirable ! _ aux critères de sélection _ on connait aussi ceux (« critères de sélection« ) d’Auschwitz : toujours de Kertész, lire, cette fois, « Etre sans destin« , à propos de l »instant décisif » (qui n’est pas celui de Henri Cartier-Bresson !.. _ dictés par la mode du moment _ on ne connaît que trop l’admirable constance et l’héroïque souci d' »autorité » et de « fondement » de telles pratiques !!! _ ou par une conception homogène et stagnante _ transie et cadavérisante ! _ des définitions de la scientificité. Une revue n’existe pas non plus sans le travail d’un comité de lecture _ ouvert et honnête, en ses exigences puissantes de « valeur » scientifique … _ dont l’avis consultatif ou le pouvoir décisionnel sont absolument cruciaux. Il revient en effet au comité de lecture de juger _ en toute liberté de l’esprit ; et, le plus possible, rien qu’elle !!! _ les articles répondant à l’appel à contributions lancé par une revue. Les choix de publication qu’effectue un tel comité n’ont rien de neutre _ chacun ses options, ses paris ; mais en toute honnêteté ! _, et il n’y a donc aucune raison pour qu’il en existe une forme unique _ officielle ! _ et supérieure _ ou totalitaire ! Là encore, se joue l’identité _ libre ! _ d’une revue.

La course à la publication, le risque de discriminations injustifiées _ sinon par de sordides intérêts carriéristes de quelques uns, cherchant à se faire un tout petit peu plus « malins » que les autres : le mot ne porte que trop bien le poids de son étymologie… _ et de renforcement des dissymétries, l’accumulation de critères de sélection mal ajustés aux situations spécifiques _ du « réel » en sa complexité : auxquels se confronte toute vraie honnête « recherche » _ : voilà ce que propose aujourd’hui le Ministère de la Recherche aux revues dont certaines sont pourtant mondialement réputées _ en effet : mais pour combien de temps ? si tels devenaient les nouveaux « handicaps » de la « compétition » ainsi organisée (ou truquée)… _ pour leurs qualités scientifiques et l’originalité _ essentielle ! _ de leur ligne éditoriale _ on sait ce que deviennent les « normalisations« … Voulons-nous d’une classification arbitraire des revues ? Voulons-nous que les revues soient instrumentalisées _ c’est de cela qu’il s’agit, avec cette machiavélisation tous azimuts galopante cf mon article du 11 novembre « la pulvérisation maintenant de l’intime : une menace envers la réalité de la démocratie » à propos de l’instrumentalisation de l’intimité, aussi, in « La privation de l’intime«  de Michaël Foessel…  _, pour ne plus devenir, en fin de compte, que les « chambres d’enregistrement » des ambitions individuelles des chercheurs ? Non, car cette logique compétitive et quantitative correspond mal _ le mot est faible ; et l’enjeu est capital !!! _ aux temporalités de la recherche en sciences humaines et sociales _ ainsi qu’ailleurs aussi ; en d’autres activités « à normaliser »… Faire du terrain, aller aux archives _ pour commencer _, formuler _ = créer en réfléchissant quasiment en permanence !.. _ de nouvelles hypothèses _ voilà le matériau « à créer » de base ! _, proposer _ aux pairs (en recherche) _ des interprétations, écrire _ oui ! _, et penser _ à tout moment du processus ! _, tout cela prend du temps ! A l’inverse, être condamné à publier à tout prix, n’importe où, n’importe quand, afin d’éviter la relégation _ normalisée (et totalitaire) _ dans la catégorie « mauvais chercheur », est tout simplement incompatible avec les exigences d’un travail de recherche honnête _ « honnête » : voilà le terme capital ; et ici, je me permets de renvoyer à l’essai décisif de Montaigne en ouverture de son dernier « livre » d’« Essais » : « De l’utile et de l’honnête » (livre III, chapitre premier) ; Montaigne, les « Essais » ; Machiavel, « Le Prince » : les classiques (ô combien critiques !) de la modernité.

Les mutations actuelles de l’Université font peser un grand nombre d’incertitudes sur l’avenir financier et matériel de la plupart des revues. Beaucoup d’entre elles étant liées à des institutions, des laboratoires, des centres de recherche, amenés à être restructurés si l’AERES et l’ANR (Agence Nationale de la Recherche) en décident ainsi, elles risquent _ l’époque (des « réformes » et des « ruptures » affichées) est particulièrement dangereuse : que de « mises à mort » ! que de « casse » !.. _ clairement leur survie ! Il faudrait donc _ idéalement, d’abord _ mener une réflexion digne de ce nom _ avec un vrai débat : ouvert et « honnête » : mais c’est peut-être beaucoup demander là à certains de nos présents « élus » (munis, qu’ils sont, de l’onction de l’élection « démocratique » !)… _ sur les modes de subvention _ vitales _ des revues. D’autant que dans le contexte d’un tarissement évident des abonnements de bibliothèques et d’une baisse non moins évidente des ventes de « sciences humaines et sociales » en librairie, les revues se retrouvent confrontées aux questions de la numérisation et de l’édition électronique

En dépit de l’existence de portails comme Cairn et Revues.org pour la mise en ligne des revues « vivantes », ou Persée pour les anciens numéros de revues, la France accuse encore un certain retard dans le débat sur ces questions, faute de prise de conscience politique _ suffisante (et suffisamment opérante) _ sur le sujet. Et pour cause : le ministère de la Recherche nous dit que la revue va devenir le moyen central de l’évaluation des chercheurs, mais ne songe _ le terme est assez savoureux _ même pas à ce qu’est réellement une revue de sciences humaines et sociales ! Il en ignore farouchement _ dogme de la priorité commerciale « aidant »… _ les modes de fonctionnement, les usages, l’originalité éditoriale, les soutiens et modes de financement. Ceci, finalement, n’étonnera guère, puisque force est de constater que le gouvernement actuel veut engager à toute vitesse _ prendre de court toute velléité de résistance à la modernité de la part des corporatismes conservateurs, cela va de soi !.. ; c’est là le B-A BA des stratégies auxquelles forment les écoles commerciales _ la réforme de la recherche, sans même avoir pris le temps d’en connaître _ mais un ministère est-il un organe de « connaissance » ? ou d' »action » ?.. _ ni les acteurs ni les supports.


Nous exigeons que les revues ne soient pas transformées en instruments de contrôle des chercheurs, et appelons donc à une suppression des listes de revues AERES, dans le prolongement de la demande de moratoire du 9 février 2009 par les instances scientifiques du CNRS. Nous demandons que soient préservées la pluralité, la diversité et les spécificités des revues de recherche en sciences humaines et de sciences sociales.

Revues signataires : Actes de la recherche en sciences sociales, Annales du Midi, Champ Pénal, Clio. Histoire, Femmes et Sociétés, Communications, Etudes Roussillonnaises. Revue d’Histoire et d’Archéologie Méditerranéennes, Genèses. Sciences sociales et histoire, Gérer et comprendre, Hérodote, Interrogations, Journal des anthropologues, L’Homme, La Recherche en éducation. Revue électronique internationale francophone, Le Temps des médias, Politix, Revue d’histoire du XIXe siècle, Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, Revue du MAUSS, Revue Française de Socio-Economie, Ruralia, Tracés. Revue de Sciences Humaines, Travail, genre et société, Vingtième Siècle. Revue d’histoire.

Voilà

un problème éminemment concret et d’actualité toute pressante,

quand, aussi, tourne (un peu, semble-t-il…) le vent du « réalisme » _ outre Atlantique, d’abord : « Yes, we can« …

Intérêt (de l' »utile« ) versus vérité (de l' »honnête« ),

à l’aune de la curiosité (libre !) de la recherche.

Une tension de valeurs éminemment cruciale, chacun peut (et doit ! il y va du « destin » de la démocratie : rien moins !!!) en juger…


Je me suis référé en mon petit commentaire, outre Montaigne et Machiavel

(et Michaël Foessel : il faut aussi lire le très remarquable « La privation de l’intime » sur les dangers de l’impérialisme de l’instrumentalisation, rampant, « du plus quotidien » de nos vies !.. _ = l’intime : en danger de disparition, ou « pulvérisation » ! cf mon article du 11 novembre : « la pulvérisation maintenant de l’intime : une menace envers la réalité de la démocratie« …) ;

je me suis référé à l’œuvre _ si important ! _ d’Imre Kertész…

De lui, Imre Kertész, j’attends _ et « Dossier K.« , paru en français le 4 janvier 2008 ne m’a pas (encore) satisfait sur ce point : il est vrai que la traduction en français de ses oeuvres a toujours un peu de retard (par rapport à l’original, en hongrois, et à la traduction en allemand _ Imre Kertész résidant désormais surtout à Berlin…) ; un livre passionnant et nécessaire !!! _ ;

de lui, j’attends un avis d’expert : en menaces de liberté !!

cf et « Etre sans destin » et « Le Refus » ;

tout comme « Liquidation » et, admirable, « Le Drapeau anglais » _ recueil comportant le bouleversant parce que fondamental « Le Chercheur de traces » (qu’on trouve aussi, en cas d’indisponibilité du recueil, en édition séparée)…

j’attends un avis d’expert (de vérité libre !)

sur la cité démocratique capitaliste,

en ses derniers (récents et présents) « tournants », tout particulièrement…

Car le « réalisme » me paraît venir _ rien moins ! _ changer de sens…


Titus Curiosus, ce 13 mars 2009

Ce que j’apprends d’un blog (2) : confirmation qu’il commence enfin (!) à se dire que le roi (d' »Art ») est nu

29nov

Ce que j’apprends d’un blog (2) :

confirmation qu’il commence enfin à se dire que le roi (d' »Art ») est nu ! Cette fois-ci, il ne s’agit pas tout à fait d’un blog, mais d’une « libre opinion », exprimée, en tant que (simple) « point de vue » sur une page du Monde, et signée d’un (simple) professeur : « agrégé, plasticien et conférencier en histoire de l’art (Ecole normale supérieure-prépa HEC)« .

Ce qui change aussi, ici encore

_ je veux dire sur le site (Internet) d’un journal tel que Le Monde _,

ce sont les réponses des (« simples ») lecteurs _ même « abonnés du Monde »… _, qui commencent à oser « répondre », et autrement que par quelques « clichés » (populistes), à quelque solennelle intimidante tribune de l' »anti-conformisme » ayant « pignon sur rue » _ et « accès aux media…

D’abord, je me permettrai de citer mes propres articles de cet été, sur ce même blog-ci _ les 10 & 12 septembre _, consacrés à la brillante (de strass) expo Koons à Versailles :

_ « De Ben à l' »atelier Cézanne » à Aix, à Jeff Koons chez Louis XIV à Versailles« , le 10 septembre ;

_ « Decorum bluffant à Versailles : le miroir-aux alouettes du bling-bling« , le 12 septembre…

Conformément à ma méthode _ pas nécessairement aisée à déchiffrer, faute de telles habitudes de « mises en dialogue » _,

je me permettrai de truffer l’article de mes « commentaires » (plutôt amicaux)…

Point de vue :

Art contemporain, le triomphe des cyniques,

par Olivier Jullien

LE MONDE | 26.11.08 | 13h31  •  Mis à jour le 26.11.08 | 13h31

Jeff Koons trône au château de Versailles et en permanence _ la « durée », en effet, importe, « compte » en ces « affaires » : elle impose, au moins, l’ersatz d’autorité de l’habitude, sinon plus « haut » « fondement » _ à l’entrée de la Fondation Guggenheim de Bilbao comme au Palazzo Grazzi à Venise. Damien Hirst lui tient compagnie dans ce même palais à Venise et partout. Jan Fabre triomphe au Musée du Louvre, éléphant suspendu dans les galeries de Fontainebleau, voiture de course en marbre dans les jardins du même château. La grosse langue autrefois transgressive des Rolling Stones est tracée _ vivent les « marques » ! cf là-dessus le travail de Naomi Klein, in « No logo _ la tyrannie des marques« , en janvier 2000 (et paru en traduction française aux Editions Actes-Sud en juin 2002) _ dans les jardins du château de Chambord…

Les châteaux et les palais seraient-ils pris d’assaut par des œuvres plébéiennes ? Certains discours voudraient faire croire _ ou le triomphe aggravé, ces deniers temps-ci, de Gorgias (et de la rhétorique) sur Socrate (et l’amour-désir de la la vérité et de la justice _ que « signifie » le vocable « philo-sophie« ) _ qu’il s’agirait de cela, de confronter un art vivant _ mieux encore que « moderne » : « contemporain » !!! « up-to-date », que diable !!! _ à des galeries poussiéreuses et endormies, des institutions conservatrices et des grandeurs passées ; que les réactionnaires seraient du côté des outragés, des frileux et grincheux, soucieux de préserver la noblesse _ tout juste « patrimoniale », à l’ère de la « fin des pères », cf ce qu’annonçait Alexandre Mitscherlich, dans les années 60, en son « Vers la société sans pères » (en 1963 ; la traduction française est parue en 1969)… _ de lieux de prestige.

Homard, lapin, en forme de ballons gonflables réalisés en aluminium, toutou gigantesque garni de fleurs, comme un mauvais « rond-point » de triste « carrefour » pour Jeff Koons. Crâne gigantesque en seaux à champagne accumulés devant le Palazzo Grazzi, moulage d’un crâne humain incrusté de diamants d’une valeur de 74 millions d’euros, l’œuvre est la copie en platine d’un crâne du XVIIIe siècle parsemé de 8 601 diamants, dont l’origine a été vérifiée pour s’assurer qu’ils ne proviennent pas d’un marché de contrebande (on a la morale qu’on peut !).

Agneau recouvert d’or, citation pesante des primitifs flamands ; centaines de milliers de scarabées, urines, couteaux et sang pour Fabre, le bon à tout ; la provocation rusée garantie et la transgression spectaculaire _ comment régner sans jeux, sans spectacles, sans fêtes ? (cf ici les pistes offertes par Guy Debord : « La société du spectacle » ; ou Philippe Muray : « Festivus festivus » ; ni transgressions (cf Georges Bataille : « La Part maudite« ) ; surtout un tant soit peu « canalisées »…  _ et outrée comme système, inaugurée par la reine de Belgique ! Si Fabre est ébouriffant et même parfois pertinent et drôle, quel est réellement le propos de l’installer princièrement au Louvre ? Comment penser raisonnablement qu’un artiste _ à préciser… _ soit en mesure de dialoguer avec des siècles d’histoire et de pensée comme de pratiques complexes ?

On voit que même Picasso, de toute sa vie, n’a établi que des liens assez pauvres avec ses maîtres, des couleurs standards de Formica des années 1950 et une approche virtuose et systématique, quoi qu’en disent les médias soumis _ pour raisons d’audibilité ? _ aux principes des expos spectaculaires. Sa pratique la plus géniale, le cubisme analytique, est absente de ces confrontations au passé, car cela se joue ailleurs _ ici alors _ ; et tant mieux.

Hélas !, peu d’articles critiques et peu d’auteurs _ pas même sociologues ?… _ pour chercher à décoder cette inflation de moyens comme les principes de quantité et du spectaculaire. De même, déplorons la complaisance des « Conservateurs » _ en titre ! _ des lieux, qui ouvrent leurs palais à des faiseurs, quand ils ont le soutien des grands argentiers, Pinault par exemple.

Pourtant le message est clair. Quelques représentants omniprésents d’un art dit « contemporain » _ vivent le nominalisme ; et la tautologie : sur ce dernier point, cf le très vivifiant travail d’Alain Roger « Bréviaire de la bêtise » !.. (paru en février dernier) _ sont tous, sans exception, les nouveaux artistes pompiers et académiciens bourgeois, la naïveté en moins _ sachant en imposer en épatant avec un alliage bien efficace de puissance et componction !.. De nombreux artistes contemporains vivants et créatifs utilisent aussi l’installation, la monumentalité, et parfois les références au luxe. Il y a des innovateurs dans des domaines variés et des sculpteurs pleins d’intelligence et d’humour. Certains proposent des œuvres complexes et déroutantes, mais avec un grand humour et des bricolages inventifs.

Quelques-uns encore continuent discrètement à recouvrir des surfaces par des moyens de leurs choix ; si Dubuffet et Reyberolle sont morts dans un silence assourdissant _ des media _, il existe encore des peintres _ ou « derniers des Mohicans » ?.. _, mais je gage qu’une personne sur mille, y compris dans un milieu éclairé de classe moyenne cultivée, soit capable de nommer trois artistes peintres, contemporains de 40 à 60 ans ! Même Garouste, Blais, Cognée, Favier pour ne citer qu’eux, sont inconnus, sans parler de plus âgés, comme Fromanger, Hucleux, Télémaque, Titus-Carmel… ; et je ne cite ici que ceux résidant en France.

Pendant ce temps, tous les lieux sont envahis et réellement colonisés par des productions spectaculaires, arrogantes, réalisées dans une débauche de moyens _ facteurs d’autorité du fait ; quand manquent, ou ne sont guère audibles les instances d’appréciation du « droit de l’Art » : au moins les pairs ; mais qui les connaît ? consulte ? ou écoute ?) _, installées dans les boudoirs et les salons _ de Palais ; ou de méga-Musées _, signes non pas d’une vieille aristocratie cultivée, mais de palais dorénavant squattés _ « squatt » : voilà le terme chirurgical qui analyse le fond du dispositif (de grandiose imposture !) _ par les parvenus les plus arrogants, qui, par des fortunes et des situations conquises par la fréquentation _ et occupation prolongée, tel le droit de l’occupant que nul ne vient remplacer : on s’y fait… ; il devient « partie intégrante » du « décor » _ des milieux du pouvoir, s’en arrogent l’usage.

Ces nouveaux maîtres des lieux _ par l’argent, la fortune, ou par l’élection populaire _ s’appuient justement sur des productions artistiques absconses pour décourager quiconque de s’identifier et de se les approprier. Le peuple se sent exclu de ces allées de châteaux (est-ce l’objectif ? _ oui : d’un côté de la « rampe », ou de « l’écran », ceux qui font ; et qu’on regarde ; de l’autre, le public, cantonné à regarder rien que ce qui lui est montré) qui doivent rester des allées de pouvoir. Paradoxalement, on l’y invite _ à « voir », vite et de pas trop près ; et sans toucher _ par le tapage médiatique, la provocation et le spectaculaire, mais pour l’en exclure quant à la saisie des enjeux _ il (le peuple !) tourne autour (un peu et vite : cela ne demande ni d’être détaillé, ni d’être contemplé), impressionné surtout, comme face au gigantisme (écrasant) des Pyramides ! Quant aux « objets », ils ont le goût amusant, pour certains, de la dérision ludique du nihilisme…

Les crânes de Hirst, les voitures de sport en marbre, les gigantesques babioles de Koons, ont un sens clair et précis, celui de l’arrogance de classe _ certes ! Perversité : ce sont des messages de même nature _ of course ! _ que ceux du président, au Fouquet’s, sur son yacht ou dans les piscines que lui prêtent ses commanditaires, où la vulgarité se drape dans le luxe pour amadouer _ anesthésier (cf le très remarquable « La démocratie immunitaire«  d’Alain Brossat, à La Dispute, en septembre 2003) ; autant que séduire et complaire, avec et par l’épate et le rire (méchant) de connivence : cf les comiques engagés dans ces palais du pouvoir… : jusqu’au Vatican ! (cf ici Olivier Mongin : « De quoi rions-nous ? notre société et ses comiques » _ ce qu’ils pensent être le peuple, lui intimant par là de se taire, de fuir ces lieux la tête basse, puisque leurs nouveaux maîtres possèdent et dominent leurs références _ cf mes articles de septembre sur les dispositifs à l’égard du « peuple » au XVIIème siècle (Louis XIV d’après son parrain « baroque romain » Mazarin !)… L’idée est la même, quand Nicolas Sarkozy entraîne Bigard et Johnny, comme Clavier, pour s’approprier ce qu’il croit être la « culture populaire » ; de même, crânes, bagnoles, petits chiens, jouets, vulgarité, sont sans doute les stéréotypes, les clichés que se font des classes populaires les faiseurs contemporains.

Ce kitsch _ parfaitement : et son « triomphe » même ! _ se réfère donc pour parfaire son arrogance provocatrice à certains codes habituels des quelques signifiants des classes populaires, les « nains de jardin » et les « toutous », les objets en ballons gonflables, les méchants canevas de mercerie, les crânes, des tatouages de bidasse, la bagnole de sport, le porno (Koons et la Cicciolina), la culture pop bon marché (la langue des Rolling Stones _ rachetée récemment comme logo…).

Manière de se gausser du mauvais goût des classes dominées, manière de s’approprier leurs icônes _ étrangères à l’Art ; idéologiques seulement _ pour les abrutir _ ah ! _ encore plus et se les soumettre en les passant à la moulinette de la monumentalité et du luxe _ bravo ! _, ce que « eux » ne pourront jamais se payer, même pour valoriser leurs propres signes _ d’appartenance sociale. Il s’agit d’établir la frontière, le mur _ la rampe et l’écran, en matière de « spectacle » ; les barrières mobiles, en matière d’organisation de la circulation sur la voie publique  _, entre des mondes, destinés à ne plus se rencontrer _ rien à toucher. L’esprit, la connaissance, le goût, la sensibilité, la culture et les références n’ont plus cours dans ces œuvres _ nihilistes _ de pouvoir _ loin, loin du « Partage du sensible«  dont a le souci un Jacques Rancière. Le signe de reconnaissance est le postmodernisme luxueux _ la richesse (d’où émane un tel luxe) ne pouvant que « faire (et si aisément !) sens »… Il faudrait maintenant, en manière d’art, prendre son parti que, là aussi, il n’y a plus de sens à chercher _ ou le « nihilisme » ! _, plus d' »évolution » _ d’aventure du « génie », préfèrerais-je _, ni d’esprit de sérieux ou d’enthousiasme, ni de quête, ni d’idéal, ni bien sûr d’émotion au pays du cynisme roi _ jolie formule ! le seul jeu étant celui, social, du pouvoir : et malheur aux vaincus !..

Art de gamins blasés et de bébés rassasiés, d’enfances gâtées _ infantiles et infantilisées. Surcharges pondérales _ et c’est peu dire _ du goût. Insulte délibérée de classe, ces _ pseudo _ artistes sont complices. La complicité va encore plus loin, quand l’architecture et les institutions s’en mêlent, faisant fleurir des fondations et des musées luxueux, audacieux et architecturalement bavards, comme le Musée d’Orsay en avait montré le chemin, aux missions obscures _ toujours pyramidalement en imposer !!!

Même à Beaubourg, architecture cohérente, démocratique et lisible, qui à l’origine, en tant que musée, devait abriter, sélectionner et proposer à l’esprit des collections permanentes, permettant de réfléchir, comparer, prendre du recul, évaluer et enfin penser notre époque, c’est le tourbillon spectaculaire _ circulez ! _ des collections et des œuvres, comme au Palais de Tokyo et dans tous les musées contemporains. Même au Havre, où il est dorénavant impossible de voir des Dubuffet, constamment remplacés par des gloires éphémères _ « tout passe, tout casse, tout lasse » : ou le turn-over des gondoles de « marchandises » des modes…

Ne parlons pas des machines à monumentalité et à spectacle des grandes fondations et des musées récents dont personne n’est en mesure de dire ce qu’elles abritent, le Musée Guggenheim de Bilbao en étant le plus flagrant _ on l’a « vu » : on ne pouvait pas le manquer ; non plus que l’oublier… _  modèle. Le bilan est celui d’une époque qui ne se donne plus les moyens de réfléchir, de penser, de comparer, de prendre du recul, de voir, revoir et assimiler ; mort des musées _ et de l’« Homo spectator » de Marie-José Mondzain…

Je ne dis pas ici que les grands bourgeois aient forcément mauvais goût, les fondations, Gulbenkian de Lisbonne et Thyssen de Madrid, Saatchi à Londres, entre autres _ ou les grandes collections américaines, telle, parmi bien d’autres, la collection Frick, fondée par Henri Clay Frick (1849-1919), à New-York _, le montrent, à l’évidence, mais de même qu’un capitalisme financier repose de plus en plus sur des bulles spéculatives et des valeurs virtuelles _ on voit ce qu’elles deviennent, quand elles n’ont rien « anticipé » pour se « solidifier » un peu mieux… _, une esthétique, un art de la spéculation, de l’artifice et de l’excès _ du faux _ voient le jour _ et prospèrent.

Je dirai deux mots de ce qui me motive : enseignant et conférencier en arts plastiques et culture artistique, artiste modeste et sincère, connaissant des dizaines de compagnons et compagnes d’anonymat, comme des centaines de jeunes créateurs, destinés à former les futurs acteurs de l’art contemporain, je suis scandalisé par l’arrogance de certaines postures et de la place significative qui leur est accordée _ au sein des jeux de pouvoir socio-économico-idéologico-politiques _, je suis atterré par l’absence totale de réactions _ ou d' »offensives » ; de pas mal, au moins (sinon tous) _ des sociologues, des penseurs, des critiques, des journalistes _ existe au moins un inlassable et inintimidable Jean Clair ! _, et certainement frustré, comme des milliers d’artistes de tous horizons des inégalités _ pis encore : injustices _ de traitement médiatique et marchand _ mais une justice est-elle ici à entendre de tels « spéculateurs » ? D’où vient la « juste » reconnaissance ? D’autres que de pairs ?.. De « regardeurs » (et acheteurs, collectionneurs) mieux lucides ?


Olivier Jullien est agrégé, plasticien et conférencier en histoire de l’art (Ecole normale supérieure-prépa HEC)…Quand la « croyance » en « les habits neufs » du roi cesse, bien des règnes _ et jusqu’à des empires _ s’écroulent tout soudain… Une vraie confiance paraît, elle, se mériter mieux, et autrement, que selon les modes d’emploi pressés _ how to… en 80 leçons _ de ces manipulateurs d’illusions : en Art, en finances, comme en pouvoir politique… L’Art est objet d’amour profond et d’infinie passion, seulement ; pas de modes (changeantes autant qu’éphémères)… Et d’une vraie et durable pratique d’œuvres : qui demande une réelle disposition du temps, pour s’y livrer… Rien qui obéisse au caprice ; et au doigt et à l’œil… Sub specie æternitatis, en vérité (et en réalité), seulement…
…Cette prise de position _ d’Olivier Jullien _  n’est certes pas parfaite ; et présente _ un peu naïvement _ quelques défauts de cuirasse _ qu’on identifiera en parcourant les « réactions » de quelques lecteurs-commentateurs de l’article du Monde _, contre les dangers desquels, déjà, un fin politique tel que Disraëli aurait prévenu : « never explain, never complain« … Mais elle a le mérite minimal de mettre avec courage en lumière le degré insupportable d’outrecuidance d’impostures en matière de fondement des valeurs, de croyance (entre crédulité niaise et confiance fondée) ; en Art aussi.

Et l’Art n’est pas le pire terrain pour se former le jugement (de goût esthétique), en dépit _ et précisément à cause !!! _ de l’absence de critères quantitatifs (faciles à « suivre »)… Les malheurs des spéculations de « marché » _ et cette « heure » même de « crise » ! qui risque de durer… _ pouvant (?) re-mettre un peu (peut-être fais-je , à mon tour, preuve ici de naïveté ?) les « pendules » à l’heure : car, en Art, règne _ et très implacablement ! _ le souci de la justesse ; pour l’artiste, au premier chef, forcément ; et son « génie » créateur _ tel un Cézanne sans cesse « cherchant » ; pour les amoureux des œuvres, ensuite ; au premier rang desquels des acheteurs (et bientôt collectionneurs) saisis par l’enthousiasme des (très hautes) exigences des valeurs _ sans équivalence : d’où le « sans prix » (ou « folie », même) de leur admiration ! _ d’Art…

Que, fuyant le suicidaire miroir-aux-alouettes collectif du bling-bling, on en (re-)vienne un peu plus au vrai risque du courage et de la sagesse d’un tel mieux « juger », afin d’un peu mieux,

et « nous faire conduire », ensemble ;

et, chacun, « se conduire », soi..

En cela, le jugement esthétique de goût artistique peut être un paradigme d’honnêteté du goût,

et pour le jugement (de goût) politique démocratique,

et pour le jugement (de goût) éthique existentiel :

apprendre à mieux juger…


Titus Curiosus, ce 27 novembre 2008

Post-scriptum :

avec une sélection de réponses _ au moins significatives (au-delà de la diversité de leur qualité) _ de lecteurs-abonnés du Monde :

ROBERT C.
28.11.08 | 10h41
Ouf ! Merci Olivier Jullien. Koons, c’est le triomphe du fric et du pouvoir. Le stade Dubaï de l’Art. Il faudra trouver un mot plus fort que « snob », ou « cynique », pour décrire cet « Art » qui n’est qu’un attrape-gogo fortuné. En ce sens, ce ne serait pas grave (qu’ils payent !) ; mais hélas cette chose occupe et occulte la scène culturelle. Car ce n’est pas seulement du mauvais goût, mais un manifeste : « Mort aux pauvres ! »

la huronne
27.11.08 | 19h19
Les « instances » publiques qui proclamant que l’idée dans l’art est plus importante que l’œuvre, et montrent des homards, des veaux en gelée, font qu’une fois de plus le pékin se dit que les artistes sont décidément des farceurs ; qu’ils sont là pour causer des sensations et faire rire le bourgeois ! on ne le choque plus, le bourgeois ; et l’Art, il s’en fout.

Juliannes
27.11.08 | 19h17
L’Art contemporain est une énorme escroquerie. Ce sont des artistes du vide. Quel est leur message ? Rien. On ne devrait même pas parler d’eux.

CHARLES B.
27.11.08 | 18h24
Excellent. Comme ça fait plaisir de lire ça ! Enfin quelqu’un d’assez courageux pour dire que le roi est nu…

nicolas f.
27.11.08 | 15h44
Quelqu’un qui signe « artiste modeste et sincère« , ça fait vraiment peur ! Depuis quand juge-t-on les artistes sur leur sincérité ou leur modestie ? Mozart était-il sincère et modeste ? Charles Le Brun, le peintre de Louis XIV, était déjà un sacré opportuniste, et je crois qu’ils ont vraiment eu raison de lui associer Jeff Koons. Marre d’entendre les mêmes bêtises sur l’Art. L’Art, c’est vivant ! Si vous voulez juste adorer et vous prosterner, il faut aller à l’église, pas au musée…

Thomas Lévy Lasne
27.11.08 | 14h42
Si les « bons » artistes ne sont pas plus présents sur la scène nationale, n’est-ce pas aussi parce qu’au lieu de se regrouper, s’organiser, se créer un public, ils font la queue individuellement des FRAC, DRAC, institutions, en espérant y être, tout en jouant le jeu de la féroce concurrence ? Dire qu’il n’y a pas de bons critiques en France, c’est faux (le très consolant Olivier Céna, le très systémique Yves Michaud, le très philosophe Alain Chareyre-Méjan, le très jouisseur Hector Obalk…)

Thomas Lévy Lasne
27.11.08 | 14h40
Puisqu’il faut faire court (obligation du site) : Pierre Auguste Renoir _ dont je ne suis pas fan _ disait « qu’il ne pouvait pas y avoir de bons artistes si il n’y avait pas de bons amateurs d’art« . Son « Koons » à lui s’appelait Bonnat. Il passait beaucoup de son temps à éduquer le goût des amateurs. Sa réaction face aux institutions d’État, ce fut d’abord de se regrouper avec d’autres artistes pour créer le Salon des Impressionnistes (avec Pissarro, Monet et Degas). Pourquoi jouer encore le jeu ?

MAURICE M.
27.11.08 | 13h50
De quoi parle-t-on quand on parle d’Art aujourd’hui ? Qu’en sait-on ? Qui en a entendu parler ? En tout cas ni à l’école, ni au lycée, ni par les récents ou actuels « Ministres de la Culture » (il paraît qu’il y en a au gouvernement), ni par les media fascinés par le gigantisme, le sensationnel, le « jamais vu » ? Vous avez dit « Art » ? Disons plutôt « mauvais goût généralisé« , « kitsch universel« , « fric« , « bulle financière » et, effectivement, « triomphe des cyniques » ! Au secours, Malraux !

vincent s.
27.11.08 | 13h15
Ce que M. Jullien voit dans les œuvres de ces artistes dévoile un esprit ombrageux. Le verbe est amer et ne dénote qu’une vive réaction à l’époque. Réduire l’Art contemporain à une guéguerre entre le soldat Koons et le soldat Garouste n’est la preuve que d’une absence totale de goût. On n’affirme rien, on crache. L’Art d’aujourd’hui est plus riche et mérite mieux qu’une énième élucubration de peintre maudit. Combien de temps encore allons-nous être emmerdé avec ces débats du siècle passé ?!

Lunettes
27.11.08 | 12h28
Ah, le beau discours ! Dénoncer le complot des financiers et des snobs, démontrer que l’Art contemporain n’est qu’esbroufe et manipulation : quel succès vous aurez auprès du bon peuple. D’ailleurs, tous les commentaires renchérissent sur votre propos. Il faut arriver à la signature pour comprendre : un plasticien aigri qui n’expose nulle part, un prof qui détourne les élites intellectuelles (ENS) vers le commerce (HEC), qui dit des stupidités poujadistes sur Picasso et qui écrit « Grazzi« .

Patricia G.
27.11.08 | 12h18
MERCI !!!!!!!!!!!!!

Mais j’erre.
27.11.08 | 11h53
Versailles et Koons, la rencontre peut néanmoins être intéressante. Un art à la botte du monarque absolu, doré et prétentieux à souhait, contre un art qui pratique l’humour, la dérision, l’éphémère, le scandale. Si Versailles s’en sort mieux, c’est qu’on est peut-être vampirisé par Louis le 14°. Au fait, Louis, c’était pas ce type maquillé et perruqué, avec plein de nœud-nœuds partout, avançant une jambe provoquante, quillé sur ses hauts talons. Quel mauvais goût !

Chiara R.
27.11.08 | 09h39
Très bien. Mais le palazzo, c’est Grassi, veuillez corriger s’il vous plaît ! Aussi, au lieu de dénoncer les nouveaux pompiers, et en parler encore et toujours, il serait temps peut-être maintenant de les ignorer, pour laisser la place, dans les médias, dans les musées, dans les lieux d’expositions, aux artistes. Ceux qui font leur œuvre comme on fait une résistance.

Marc D.
27.11.08 | 09h38
Bravo! oui, un certain Art comtemporain est bien le pompiérisme de nos jours, un art de parvenus. Les riches fin XIXe recherchaient la respectabilité pompeuse ; nos riches font dans le bing-bling. Tout cela repose sur une fantastique spéculation financière (une autre bulle !). Exposer dans des musées nationaux est une publicité qui ne peut qu’augmenter la cote des « artistes »-spéculateurs. Espérons au moins que la RMN participe à la plus-value…

jojo+
27.11.08 | 08h45
Le plus grave est le mépris du public que cela révèle : on va visiter Versailles pour faire connaître Louis XIV à ses enfants ; et on vous fout Koons devant pour qu’ils n’y comprennent rien ! Cette rage de l’ « élite » contre les simples gens est véritablement répugnante.

Rodolphe I.
27.11.08 | 01h46
Picasso est fascinant, justement pour avoir réussi _ lui _ à faire réellement de l’Art avec des moyens pauvres. Mais tous ces autres !… qui épatent le bourgeois (et rien que lui), et les critiques terrorisés à l’idée de passer pour de vieux cons. Tout ça relève du terrorisme intellectuel. La bêtise a de l’avenir. Comme toujours. Je suis un fou de peinture. Mais j’ai des exigences moins puériles que Pinault. Libre, lui ? Parce que la richesse est une preuve de goût ? Il le croit probablement.

Catherine M.
26.11.08 | 22h42
Un réseau d’acteurs (du monde de l’Art) liguent leurs intérêts pour faire monter la cote d’un artiste, ils récupèrent ensuite pour leur propre compte les bénéfices (symboliques, financiers, etc….) de l’opération. La plupart des « événements » de l’Art contemporain sont obtenus par consentement du spectateur. Celui qui se rebelle est viré du système. La plupart des « événements » de l’Art contemporain sont obtenus par « fabrique du consentement » des spectateurs, c’est de la pure com’.

Artiste Lambda
26.11.08 | 21h44
D’accord à 97 % avec votre constat : juste 3 petits bémols sur la confrontation de Picasso aux maîtres anciens, Orsay et Bilbao : critiquables certes, mais ne pas jeter les bébés avec l’eau du bain…

noelle b.
26.11.08 | 20h30
Merci, il fallait que cela soit aussi bien dit. Je communique votre article à mes amis »galeristes » et collectionneurs qui s’ébaudissent devant ce mauvais goût…

@ EtLaMusiqueDonc
26.11.08 | 20h24
Que les ballons de Koons soient en acier plutôt qu’en alu, ne les rend pas plus beaux et ne rend pas plus intéressante la démarche soi-disant artistique de leur auteur. « Auteur » (entre guillemets) devrait-on dire, car sans les dizaines de graphistes et d’ingénieurs de son bureau d’études, on se demande ce que pourrait « créer » ce Koons chéri des nouveaux riches. Lesquels n’en ont rien à cirer de l’Art, qui pour eux est pure spéculation financière.

natacha
26.11.08 | 20h19
Avoir le courage de braver le complot des bien-pensants et des bureaucrates culturels pour dénoncer les foutaises de certains artistes-business avec leurs homards et autres, c’est plutôt rare. A la place de Fabre et de Koons, allez donc, puisque c’est encore ouvert, jusqu’à la fin de la semaine, visiter le Salon des Indépendants au Grand-Palais, pour découvrir qu’il existe encore une vraie création artistique, qui n’a rien à voir avec la « daube » qu’on nous impose à Versailles.

Plein des poches
26.11.08 | 18h38
Avec la crise, rien ne va plus ; et demain, ce sera encore pire. Les chefs-d’oeuvre de Pinault et consorts ne vaudront plus un clou. Dans le meilleur des cas, ils seront entassés dans des garages aux toits crevés, dans le pire, jetés à la décharge. C’est donc demain qu’il faut acheter pour pouvoir faire la culbute. Le marché de l’Art, c’est comme la Bourse, on peut gagner très gros ; et il n’existe aucune valeur objective. La seule réalité est la loi du marché.

Hum_Hum
26.11.08 | 17h25
Merci et bravo pour cet article.

Atchoum
26.11.08 | 17h06
C’est comme ça, les pompiers se font des millions, et les purs crèvent la faim. En ces temps de crise, je pense avec dégoût à toutes les centaines de millions prélevées sur les résultats des entreprises de MM Arnault et Pinault aux dépens de leurs employés et englouties dans des homards gonflables !

EtLaMusiqueDonc
26.11.08 | 16h27
Un critique qui utilise encore des clichés comme « silence assourdissant »… et qui ignore que les ballons de Koons sont en acier. C’est vrai, ça, tous ces farceurs qui ne savent même pas dessiner ! Ah, Madame, on parle de Picasso, maintenant, mais les prédécesseurs trouvaient Picasso épouvantable ! Et que dire de Duchamp ? D’ailleurs, c’est bien simple, on devrait interdire la foire de Bâle, et interner Gehry…

Mona
26.11.08 | 16h25
MERCI pour ce point de vue vivifiant ! Nous vivons une époque où plus que jamais les « monnayeurs » l’emportent sur les « créateurs », pour reprendre une distinction chère à Julien Gracq .

MARTINE D.
26.11.08 | 14h52
Vous avez dit « cynique« , et vous avez raison. Le musée Picasso a besoin d’argent pour payer les travaux. Seul intérêt que l’expo Grand Palais : quelques toiles « de maîtres » ; le reste : infâme. Rothko et Bacon à Londres, c’est autre chose. Turner était en voyage… Je n’ai pas les mêmes points de vue que Jean Clair, mais au moins il sait de quoi il parle.

ajax
26.11.08 | 13h56
Comme vous avez raison : mais le temps tranchera ; nous traversons dans l’Art l’équivalent de la bulle de la Bourse. Bientôt nous verrons un krach de cet art-baudruche.


thierry g.
26.11.08 | 13h56
On ne peut que partager ce sentiment quand on entend le porte-serviette de Pinault qui gère (présider !…hum ) Versailles dire que Koons a _ dans un galimatias digne d’une devanture de fleuriste branché _ posé le même problème que Le Nôtre et donné une réponse d’aujourd’hui à ce que faisait le Nôtre à Versailles ! On sait bien que sa formation de maitre-aux n’en fait pas un grand intellectuel, mais quand même ! à partir du moment où les bornes sont franchies, il n’y a pas de limite : D’ac, Duchamp ?



Lire chaque jour les pages du Monde _ d’El Pais, de La Repubblica, du New-York-Times, et quelques autres _ est riche de significations… Des paroles un peu moins « pré-vendues » accèdent à la possibilité de la lecture ; et du débat, grâce aux sites des journaux (et des blogs), sur Internet… Charge à chaque lecteur d’apprendre à s’y orienter, avec recherche de « justesse »… Le pire n’est pas chaque fois le plus sûr…

Decorum bluffant à Versailles : le miroir aux alouettes du bling-bling

12sept

Sur une très fine _ comme à son habitude _ « lecture »
par Philippe Dagen
dans le Monde du 11 septembre
de l’expo Jeff Koons à Versailles

_ suite de mes articles précédents :
« Art et tourisme à Aix _ 1, 2, 3 et 4«  ;
« Du tourisme _ suite _ une surfréquentation destructrice »
et « De Ben à l’Atelier Cézanne à Aix à Jeff Koons au château de Versailles« …

« Philippe Dagen : Jeff Koons honore Louis XIV »
Le Monde 11.09.08 | 14h53
•  Mis à jour le 11.09.08 | 18h43

L’exposition Jeff Koons à Versailles a lieu jusqu’au 31 octobre 2008
Château de Versailles

Voici ce remarquable article ; mes (modestes) « farcissures » se glissant ici en vert…


Quinze œuvres de l’artiste américain Jeff Koons, 53 ans, sont disposées dans les appartements royaux du château de Versailles
tandis que « Split Rocker« 
, le monumental animal bicéphale recouvert de cent mille fleurs, trône dans les jardins.

Il serait difficile d’ignorer l’événement, vu son orchestration médiatique.

Les touristes n’ont du reste pas l’air surpris _ mondialisation (à commencer par médiatique) aidant, forcément un peu ! _, qu’ils viennent du Japon, du Brésil ou de l’est de l’Europe. Ils prennent immédiatement des photos des œuvres
_d’eux devant les œuvres de préférence
_ le dispositif de « projection »-« introjection » (cf Mélanie Klein : « Essais de psychanalyse« ) fonctionnant à plein (cf Bernard Stiegler, passim _ dont Prendre soin).
Les jeunes couples posent devant le gros cœur rouge et or suspendu au-dessus de l’Escalier.
« Balloon Dog » _ le chien géant rose magenta _ et « Rabbit » _ le lapin géométrique argenté _ attirent les objectifs _ des touristes photographiant.
Des sourires et des rires dans la foule cosmopolite, des indignations, aussi, mais bien rares.
Koons ne fait pas vraiment scandale

_ et pour cause :

qui de ce public ne s’y reconnaît,

en ses repères, si je puis dire, « culturels » médiatiques (de « marques » dûment estampillées) mondialisés ?… Versailles devenant l’annexe (sur « circuit ») d’Euro-Disney, à Marne-la-Vallée,

avant passages _ ou le « retour d’Ulysse« , mais assez peu monteverdien, lui, à Ithaque

(ou à son « petit Liré » ; d’après un « beau voyage » par les « Antiquités de Rome » et « Regrets » _ de Joachim du Bellay ; ou de Julien Gracq, dans l’attristant « Les Sept collines« ) ;

avant passages dûment réitérés par la case caddie /supermarché, ou la fidélité pénélopienne (cf les rêves de Molly Bloom au final de l' »Ulysse » de James Joyce) au quotidien… Tout se tient…


Il _ Jeff Koons, l' »artiste » dont il s’agit ici, donc : « Koons ne fait pas vraiment scandale«  _ n’y tient pas _ l’affluence des visiteurs et l’aura (planétaire) qui en découle, lui suffisant ! Il l’a répété _ et les faits lui donnent raison. Son goût pour le brillant et le pompeux s’accorde au décor des appartements.
Son « Autoportrait » en marbre blanc se dresse sur un socle en faux marbre vert de style à peu près Louis XV.
« Moon« , lune aux lueurs bleues, est à sa place à l’extrémité de la « Galerie des Glaces ».
Un grand vase de fleurs en bois peint est opportun dans la « Chambre de la Reine ».

Entre la sirène de porcelaine qui étreint « la panthère rose » et les dames nues et dorées qui soutiennent les candélabres, une parenté se devine.
La porcelaine de « Michael Jackson and Bubbles » n’est pas plus dorée et étincelante que les ornements des portes et des corniches.

Quand l’accord visuel est impossible, Jeff Koons et Laurent Lebon, commissaire de l’exposition, s’en sortent par une astuce. Les « aspirateurs », alors ultramodernes, que Koons superposait en 1981 dans des vitrines, occupent l' »Antichambre du Grand Couvert », sous le portrait officiel de Marie-Antoinette. Deux états de la condition féminine se font ainsi face. « L’Ours et le Policier » sont logiquement dans le « Salon de la Guerre » ; et le « Rabbit » ventripotent dans « celui de l’Abondance ». Le plus souvent, aucun heurt ne se produit entre le néopop de Koons et les décors royaux. L’artiste se glisse ici avec souplesse.

C’est que la question de l’unité ne se pose pas seulement en termes visuels. Elle touche à la nature des objets qui se trouvent rapprochés.

Pourquoi avoir, au temps de Louis XIV, si ostensiblement surchargé ses appartements de bronzes, marbres, peintures allégoriques, orfèvreries et argenteries ? Pour « démontrer » à ses sujets et aux autres nations _ à « méduser » _ la prospérité et la puissance de la monarchie française et imposer aux regards et aux mémoires leurs symboles.

Que fait Koons, si ce n’est mettre en évidence des objets tout aussi symboliques ? Ils exaltent l’Amérique, son mode de vie, son culte du nouveau et de la richesse.
Les sujets ont changé,

les procédés se ressemblent _ soit, au-delà de l’Histoire, une leçon d' »Histoire de l’Art » ; à moins que ce ne soit l’inverse.

A Versailles, au temps de Louis XIV, ce sont les codes de la mythologie antique _ cf Philippe Beaussant : « Louis XIV artiste » : un livre merveilleux de justesse et d’agrément pour le lecteur, autant que d’érudition (passionnément instructive) _ qui ont servi.
Koons, lui, se sert des codes d’Hollywood et de la publicité, du kitsch populaire et de la consommation courante.

C’est l’essentiel de son entreprise _ le terme est d’une justesse absolue _, dont ne sont montrés ici que quelques exemples parmi bien d’autres. Depuis les années 1980, non sans méthode ni logique, il met en scène la société dans laquelle il est né. On peut la juger sévèrement, la dire simpliste et parfois stupide. Mais Koons a le mérite _ en est-ce donc vraiment un ? _ de donner à en voir la vérité, avec une candeur et une ardeur qui laissent parfois perplexe _ tiens donc !..

Il ne crée pas des formes _ tel n’est en rien son but. Il s’empare de formes connues
_ les plus connues possible
(of course !!! c’est là un commentaire de ma part…) _
et les magnifie

_ est-ce le terme adéquat ? la lisibilité jusqu’à la boursouflure mérite-t-elle le qualificatif de « magnificence » ?… _

par l’agrandissement, le matériau de prix, le socle ou la vitrine

_ tout ce qui améliore la « visibilité » : peu y échappent, en de tels dispositifs politico-médiatiques, si efficacement financés et « machinés » !..

Mais reprendre les figures de Diane, de Mars ou d’Hercule à la fin du XVIIe siècle, était-ce si différent ?

Lire, en plus de Philippe Beaussant, les conseils de Louis XIV lui-même pour gouverner (au Dauphin : « Mémoires pour l’instruction du Dauphin« )…

Les artistes de Versailles, accomplissant un programme politique et propagandiste
_ on ne saurait mieux dire, cher Philippe Dagen _

les artistes de Versailles, accomplissant un programme politique et propagandiste

_ donc,

issu, via Mazarin, d’Urbain VIII Barberini (et des galeries des Palazzi et Ville romaines : à cet égard,
la référence au Baroque est on ne peut mieux « venue », en effet, de la part de Jeff Koons _,

n’ont rien inventé, reprenant des thèmes
_ et procédés, me permettrai-je d’ajouter à Philippe Dagen _
usés
_ mais « relancés » par le Baroque, via les labyrinthes moins lisibles du maniérisme _
depuis la Renaissance
_ cf la splendeur de Michel-Ange à la Chapelle Sixtine.

Ils leur ont conféré une efficacité
_ c’est tout le jeu

(politico-médiatique, au service de la « Propagande de la Foi », à l’ère de la Contre-Réforme),

du « baroque » barberinien _ d’Urbain VIII _, précisément !!! _
irrésistible
_ c’est là un terme crucial _
en accomplissant des prodiges techniques nouveaux et ruineux.

L’intrusion des objets à la fois si triviaux et si luxueux de Koons dans le château

rend cela soudain bien plus sensible
_ voilà bel et bien, en effet, l' »effet » visé et sans doute obtenu par cette exposition Koons à Versailles.
Elle fait regarder avec moins de respect
_ coucou « L’art m’emmerde ! » de Ben (et Érik Satie)
au seuil de l' »Atelier Cézanne » d’Aix-en-Provence !… _ ;

elle fait regarder avec moins de respect
ce qui les entoure _ qu’est ce qui ici, par ce « dispositif », est « décor » ? _,
ces productions prestigieuses et convenues

_ à commencer par les kilomètres d’allégories de Lebrun aux murs et aux plafonds :

à Versailles, comme dans les palais romains

(qu’on aille admirer, le samedi matin seulement, la spendide galeria du Palazzo Colonna !…) _

qui déclament la gloire du roi,
nymphes en série, mètres de moulures dorées, glaces si précieuses.


Il y a là une certaine conception de l’art et de sa fonction,
celle de l’art qui aspire à éblouir et à fasciner le plus grand nombre
,

la foule des sujets autorisés à pénétrer à la cour

_ hier :
Louis XIV y tenait beaucoup !

Louis XV (dans les petits-appartements)

et Louis XVI (dans la serrurerie) l’ont fui !… _,
le cortège des touristes autorisés à y piétiner
_ amenés en foules compactes par tours operators _

à leur tour

_ aujourd’hui.

Cette conception, on peut s’en méfier
_ esthétiquement

(pour ce qu’il en est de la beauté _ des critères de légitimité artistique) ?
politiquement

(pour ce qu’il en est de la justice _ des critères de légitimité politique ?) _,

d’autant que son efficacité
_ un critère régnant on l’a appris au moins depuis 1532 (date de la publication du « Prince«  de Nicolas Machiavel _ 1469-1527 ; « Le Prince » a été écrit en 1513…) _
est certaine.

L’exposition Koons à Versailles en est la manifestation récente la plus explicite.
En ce sens, elle est remarquable.


Titus Curiosus

lisant Philippe Dagen ce 12 septembre 2008

Exposition Jeff Koons à Versailles, château de Versailles, Versailles (Yvelines).
Tous les jours, de 9 heures à 18 h 30, jusqu’au 31 octobre.
( et jusqu’à 17 h 30 ensuite)
Nocturne les samedis de 18 h 30 à 22 heures. Entrée : 13,50 €.
Jusqu’au 14 décembre.

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