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Deux passionnantes nouveautés discographiques de musique française baroque, de deux des fils de Bertille de Swarte : Sylvain Sartre et Théotime Langlois de Swarte

16août

Ce mois d’août 2021 nous offre diverses nouveautés discographiques,

parmi lesquelles deux très intéressantes réalisations de deux des fils de Bertille de Swarte

_ cf le bien utile précédent récapitulatif de mes recherches, du 29 juin 2021 : _ :

l’une de Sylvain Sartre,

à la direction de l’ensemble Les Ombres ;

et l’autre de son frère le violoniste Théotime Langlois de Swarte,

en duo avec William Christie au clavecin ;

ainsi que viennent de me l’apprendre deux articles de l’excellent site Discophilia, de Jean-Charles Hoffelé,

en date des vendredi 13 août, sous le titre de « Tragédie babylonienne » _ cette expression désignant la tragédie lyrique (de 1718) « Sémiramis« , du compositeur André Cardinal Destouches (1672 – 1749) _ ;

et lundi 16 août, sous le titre de « Le Violoniste retrouvé » _ il s’agit là du violoniste Jean-Baptiste Sénaillé (1687 – 1730), compositeur de sonates pour violon et basse continue (parues en 1710, 1712, 1716, 1721 et 1727.

Voici donc ces deux articles :

TRAGÉDIE BABYLONIENNE

Un voyage au Royaume de Siam en mission avec le Père Tachard (épisode immortalisé par Voltaire dans son Destouches à Siam), un engagement dans l’armée du Roi, le siège de Namur, et dans la musique militaire soudain la révélation de son destin, le jeune Destouches, à la vie jusque-là aventureuse, sera compositeur, André Campra son maître, la Tragédie Lyrique son nouveau champ de bataille.

Au soir de sa vie, Louis XIV entend Issé, premier ouvrage lyrique de celui qui, aux côtés de Colin de Blamont, aura pris la charge laissée par Campra : surintendant de la musique du Roi. Le monarque goûte la pastorale, avoue que les talents de compositeur de Destouches lui évoquent ceux de Lully.

Sept ouvrages lyriques suivront, Sémiramis fermant _ en décembre 1718 _ cette théorie de tragédies lyriques brillantes, pleines d’effet, où Destouches se souvenant des leçons de Campra, ose renouveler le genre par l’ampleur de l’orchestre et la puissance dramatique des scènes. Callirhoé marquera le sommet de cette nouvelle manière, l’ouvrage suscitant une admiration frôlant l’hystérie. Le sujet plus sombre de Sémiramis, reine incestueuse, le livret aux arrière-plans psychologiques complexes de Pierre-Charles Roy, le rôle si poignant de la reine de Babylone écrit pour le grand dessus de Marie Antier ne suffirent pas pour garantir à cet opéra au sombre flamboiement le succès qui entourait encore Callirhoé.

C’est que Destouches, prenant le contrepied du goût de la Régence, qui voulait des ouvrages légers, renouait ici avec le grand style de Lully, et avouait son goût pour l’opéra à grands effets – tremblement de terre et foudre vengeresse abondent au long des cinq actes – qu’il mariait avec une justesse psychologique dans l’incarnation des personnages en avance sur son époque. En cela, il annonce Hippolyte et Aricie de Rameau qui paraîtra quinze ans plus tard _ en 1733.

Les Ombres se dévouent à ce compositeur majeur de l’opéra français, l’ensemble de Sylvain Sartre avait déjà révélé Issé, aura participé aux renaissances de Callirhoé, du Carnaval et la Folie, et enregistré l’admirable cantate Sémélé. Avec sa vaillante troupe, ils font flamboyer ce drame sombre si puissant.

Eléonore Pancrazi met son grand soprano à Sémiramis, qu’elle incarne avec ardeur dès « Pompeux attrait » ; il fallait une tragédienne pour incarner la reine de Babylone, elle l’a trouvée. Mathis Vidal incarne les tourments d’Arsane sans craindre la tessiture exposée qui faisait la renommée de Cochereau, Emmanuelle de Negri donne à Amestris la couleur si singulière de ces sopranos lyriques qui dans la tragédie lyrique devaient conjuguer charme et pathétique. Thibault de Damas donne à Zoroastre toute son autorité.

La partition abonde en beautés, et sa fin, sur le simple « Je meurs » de la Reine n’est pas la moins saisissante. Destouches ne reviendra plus au grand style de la tragédie lyrique, Les Eléments, dont la composition fut partagée avec Delalande, sacreront le triomphe de l’opéra-ballet dont la cour de Louis XV sera si friand. Savait-il qu’avec Sémiramis, il refermerait l’univers inventé par Lully, laissant à ses successeurs le soin d’en dévoyer les canons et l’esthétique ?

Et si demain Sylvain Sartre et ses amis remontaient le fil du temps, nous révélant Amadis de Grèce, Omphale, Télémaque et Calypso, Marpesia, première reine des Amazones ?

LE DISQUE DU JOUR

André Cardinal Destouches(1672-1749)
Sémiramis

Eléonore Pancrazi,
mezzo-soprano (Sémiramis)
Mathias Vidal, ténor (Arsane)
Emmanuelle de Negri, soprano (Amestris)
Thibault de Damas, baryton-basse (Zoroastre)
David Witczak, baryton (L’Oracle, L’Ordonnateur des jeux funèbres)
Judith Fa, soprano (Une Babylonienne, Une prêtresse)
Clément Debieuvre, ténor (Un Babylonien, Un génie)

Chœur du Concert Spirituel
Les Ombres
Sylvain Sartre, direction

Un album de 2 CD du label Château de Versailles Spectacles CVS038

Photo à la une : la mezzo-soprano Eléonore Pancrazi – Photo : © DR…

LE VIOLONISTE RETROUVÉ

Dix années séparent Senaillé de Leclair. Le premier fut à bonne école avec son père, un des violons de Lully, le second un virtuose de son instrument dont le métier flamboyant ne pouvait faire oublier qu’il était un compositeur de génie, auteur d’une tragédie lyrique majeure, Scylla et Glaucus, dont la puissance ne se compare qu’aux grands ouvrages de Rameau.

L’un et l’autre auront, de leurs archets impétueux, réuni les goûts français et italien, c’est au premier que Théotime Langlois de Swarte et William Christie consacrent l’essentiel de leur stupéfiant album, et c’est justice : les Sonates si brillantes et si touchantes de Senaillé, emplies de danses et de musettes, parcourues de sarabandes et d’adagios nostalgiques, n’auront suscité qu’un album monographique signé par Odile Edouard voici quelques lustres pour le label K617.

Elles sont merveilleusement chorégraphiées par l’archet plein et souple du jeune homme _ certes ! _, qui sait y faire transparaître les nombreuses influences de l’opéra. Le génie poétique de Senaillé en fait tout sauf un petit maître, il égale Mondonville et n’est pas loin de se hausser au niveau de Leclair lorsqu’il élance la prodigieuse Courante de sa Sonate en mi mineur : cette ardeur du rythme, cet archet qui s’enflamme et danse, coupent le souffle.

Disparu à l’orée de sa quarantaine, ce compositeur qui n’aura composé que des livres _ au nombre de cinq _ de Sonates pour son instrument, méritait qu’enfin on le redécouvre, il ne lui aura manqué que le temps d’approfondir son art, et c’est un peu cruel d’ouvrir ce disque avec la Gavotte de Leclair, qui expose un génie mélodique tendant vers Mozart, alors que la Sarabande de la Sonate en mi de Senaillé est belle comme une phrase de Rebel. A dix ans de distance, l’un regarde l’avenir, l’autre caresse le passé, duo merveilleux que William Christie et son jeune ami ressuscitent avec des tendresses brillantes dont je ne me lasse pas.

Vite, s’il vous plait Messieurs, un second volume.

LE DISQUE DU JOUR

Générations

Jean-Baptiste Senaillé (1687-1730)


Sonate pour violon et basse continue en mi mineur, Op. 4 No. 5
Sonate pour violon et basse continue en sol mineur, Op. 1 No. 6
Sonate pour violon et basse continue en ré majeur, Op. 3 No. 10
Sonate pour violon et basse continue en ut mineur, Op. 1 No. 5


Jean-Marie Leclair (1697-1764)


Sonate pour violon et basse continue en mi mineur, Op. 3 No. 5 (extrait : I. Gavotte)
Sonate pour violon et basse continue en la majeur, Op. 1 No. 5
Sonate pour violon et basse continue en fa majeur, Op. 2 No. 2

Théotime Langlois de Swarte, violon
William Christie, clavecin

Un album du label harmonia mundi HAF89051292 (Série « Les Arts Florissants »)

Photo à la une : le violoniste Théotime Langlois de Swarte – Photo : © DR

Ce lundi 16 août 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

Découvrir une représentation (en 2003) des merveilleuses Boréades de Jean-Philippe Rameau, en DVD

14juil

Toujours en cherchant un peu sur la toile,

j’ai découvert un DVD d’une représentation des Boréades de Jean-Philippe Rameau, en 2003 à Paris, interprétée par les Arts Florissants sous la direction de William Christie.

La beauté merveilleuse de la musique de Rameau _ quel enchantement ! _

résiste même au triste mauvais goût de la mise en scène et des costumes _ et des effroyables danses, surtout…

Ce mercredi 14 juillet 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

Musiques de joie : l’incroyable tendresse, de goût français, de l’Introït du Requiem de Campra…

12juin

La tendresse est décidément un trait marquant

et enchanteur,

de la musique française.

Pour aujourd’hui,

j’ai choisi l’incroyablement envoûtante Berceuse

de l’Introït du Requiem de Campra

(Aix-en-Provence, décembre 1660 – Versailles, 29 juin 1744)

en un CD des Arts Flo

consacré à quelques uns des Grands Motets d’André Campra ;

le CD Virgin Veritas 7243 5 45555 2 7,

paru en 2003. 

Une merveilleuse bienfaisante douceur de paix.

A défaut du style merveilleusement idoine des Arts Flo,

en voici un podcast

dans l’interprétation pas assez versaillaise, du moins à mes oreilles,

de John Eliot Gardiner.

Il y faut bien davantage de douceur, tendresse,

et naturel…

Ce vendredi 12 juin 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Musiques de joie : le paradis sur terre des Selva Morale e Spirituale de Claudio Monteverdi (1640), par l’Ensemble Elyma et Gabriel Garrido

21mai

Parmi les joies terrestres les plus extatiques _ et orgasmiques _,

le somptueux compendium _ de toute une vie ; et quel(s) chef(s) d’œuvre !!! _ des Selva Morale e Spirituale de Claudio Monteverdi
(Crémone, 15 mai 1567 – Venise, 29 novembre 1643) ;
un recueil de la plupart de ses musiques religieuses
dédié à Eléonore de Gonzague (Mantoue, 23 septembre 1598 – Vienne, 27 juin 1655),
fille du duc de Mantoue Vincent Ier de Gonzague (Mantoue, 21 septembre 1562 – Mantoue, 18 février 1612),
le très décisif employeur et protecteur de Monteverdi.
Il est aussi à noter qu’Eléonore de Gonzague,
qui avait épousé, à Innsbruck, le 15 février 1622, l’empereur _ il l’était depuis le 28 août 1619, et suite au décès de l’empereur Mathias III _ Ferdinand II de Habsbourg (Graz, 9 juillet 1578 – Vienne, 15 février 1637),
en était devenue veuve _ et sans enfants _, le 15 février 1637.
A la date de la dédicace de ces si magistrales Selva Morale et Spirituale de Claudio Monteverdi, en 1640-1641, 
Eléonore de Gonzague est donc désormais impératrice douairière ;
et c’est son beau-fils Ferdinand III (Graz, 13 juillet 1608 – Vienne, 2 avril 1657)
_ né du premier mariage de l’empereur Ferdinand II, avec Marie-Anne de Bavière (Munich, 8 décembre 1574 – Graz, 8 mars 1616) _
qui règne maintenant sur l’empire des Habsbourg.
Ce que permet d’inférer cette dédicace des Selva Morale e Spirituale à la très belle et très pieuse Eléonore de Gonzague,
c’est l’hommage très reconnaissant de Monteverdi à ces Gonzague de Mantoue,
dont Monteverdi n’a certes pas oublié les bienfaits.
Et si Monteverdi a quitté Mantoue pour gagner Venise en 1613,
Venise où, en août 1613, il vient d’obtenir le poste éminemment enviable _ et extrêmement convoité _ de maître de chapelle à la basilique Saint- Marc,
c’est suite au décès, le 18 février 1612, de son employeur-protecteur le duc éminemment mélomane Vincent Ier de Gonzague.
Mais la reconnaissance envers les Gonzague mantouans _ Eléonore est la plus jeune des enfants du duc Vincent Ier _
est toujours bien présente et vivace,
au moment de faire un retour rétrospectif sur l’entièreté de sa carrière de compositeur de musique religieuse, dans le cœur du compositeur…
Pour illustrer musicalement la splendeur si jubilatoire de ces œuvres,
que j’ai découvertes, en concertmémorable ! _, par les Arts Florissants, au Temple du Hâ, à Bordeaux, le 26 septembre 1986
_ et je dispose d’une cassette de l’enregistrement de ce magique concert ! ;
le programme comportait notamment :
le Beatus Vir Primo, le Laudate Dominum Primo, le Confitebor Tibi Dominum Primo et le Gloria a 7 voci de la Messa Concertata _,
j’ai choisi ici l’interprétation _ dionysiaque et justissime quant à l’esprit jubilatoire de ces oeuvres _ de l’Ensemble Elyma, sous la direction de Gabriel Garrido,
en un époustouflant coffret de 4 CDs publié en 2005 _ le coffret Ambronay Editions AMY 001.
Une interprétation très efficacement _ et plus encore justement ! _ à même de nous faire ressentir musicalement
ce que peut être le paradis sur terre !
Un enregistrement tout simplement indispensable !
Et j’ai choisi plus spécialement,
splendeurs parmi les splendeurs
de ce coffret de 4 CDs de l’Ensemble Elyma en 2005 :
le Confitebor Tibi Domine Terzo, à la plage 3,
le Beatus Vir Primo, à la plage 4,
et le Laudate Dominum Primo, à la plage 6, du CD n° 2 ;
et dans le CD n° 1 :
le Gloria a 7 voci, de la Messa concertata, à la plage 12.
Et voici une vidéo d’extraits de cette merveilleuse Selva Morale e Spirituale de Claudio Monteverdi
par  l’Ensemble Elyma, en concert à Ambronay, sous la direction de Gabriel Garrido…
Un pur régal !
Ce mercredi 20 mai 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Musiques de joie : le très jubilatoire Messie de Haendel, tout simplement

21mai

George Frideric Handel 

(Halle-sur-Saale, 23 février 1685 – Londres, 14 avril 1759)
est un grand hédoniste
_ pas fondamentalement un mystique ;
ainsi Gustav Leonhardt ne chérissait-il guère Haendel…
Et c’est assez à juste titre, probablement, que son œuvre la plus universellement reconnue
est le très jubilatoire Messie,
donné pour la première fois à Dublin, le 13 avril 1742.
J’ai choisi ici l’interprétation fervente et équilibrée des Arts Florissants
sous la direction de William Christie,
en décembre 1993,
avec les solistes Barbara Schlick, Sandrine Piau, Andreas Scholl, Mark Padmore et Nathan Berg ;
soit le double album Harmonia Mundi HMG 501498.99.
Ce jeudi 7 mai 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa
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