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Cette mine d’intuitions passionnantes qu’est le « Dictionnaire amoureux de l’esprit français », du turco-suisse Metin Arditi

07mar

Le mardi 26 février dernier,

et suite à mon écoute, le dimanche 24, de l’émission Musique émoi, d’Elsa Boublil,

qui lui était consacrée

_ cf mon article  _,

j’avais brièvement présenté

mon très vif plaisir de l’entame

_ jusqu’à la page 167 / 661, ce premier soir de lecture : j’en arrivais à l’article Debussy, après l’article Dada _

de ma lecture de ce très riche travail

_ de l’helvéto-turc Metin Arditi (né à Ankara le 2 février 1945) _,

sur un sujet qui de très loin, moi aussi, et depuis très longtemps,

me travaille :

je veux dire

les mystères et arcanes de ce « esprit français« 

auquel je suis tellement sensible, moi aussi, dans les Arts

_ et sans nationalisme aucun (ni encore moins de sourcilleuse exclusivité !), est-il utile que je le précise ?!

Il s’agit seulement du simple constat renouvelé chaque fois

et non sans surprise

_ je ne le recherche en effet pas du tout ! Non, mais cela vient me tomber dessus,

et me ravir et combler… _

de ce qui vient au plus profond secrètement me toucher,

et me fait fondre de délectation :

telle la reconnaissance d’affinités intenses comme congénitales…

Voici,

pour aller d’emblée à l’essentiel de ce que vais un peu discuter,

le résumé

Dans ce dictionnaire, l’écrivain sélectionne des traits selon lui exemplaires de la culture française, comme le culte de l’élégance, le sens de l’ironie et l’art de la conversation _ rien à redire, bien sûr, à cet excellent choix-ci. Les entrées abordent aussi bien les institutions, les personnalités et des aspects historiques, de l’Académie française à Louise de Vilmorin, en passant par la haute couture, l’impressionnisme et Jacques Prévert.

puis la quatrième de couverture de ce Dictionnaire amoureux de l’esprit français, de Metin Arditi,

publié aux Éditions Plon et Grasset :

Dictionnaire amoureux de l’Esprit français :

« Je voudrais bien savoir, dit Molière _ plaidant ici pro domo _, si la grande règle de toutes les règles n’est pas de plaire. » Partant de ce constat, Metin Arditi examine d’une plume tendre _ en effet _ les formes dans lesquelles s’incarne cet impératif de séduction _ oui… _ : le goût du beau _ davantage que du sublime _, le principe d’élégance _ oui, toujours ! a contrario de la moindre vulgarité _, le sens de l’apparat _ un peu survalorisé par l’auteur, selon moi _, mais aussi le souci de légèreté _ fondamental, en effet _, l’humour _ oui, avec toujours un léger décalage… _, l’art de la conversation _ très important : civilisateur _, un attachement historique à la courtoisie _ parfaitement ! _, l’amour du trait _ d’esprit et parole, seulement _ assassin, la délicatesse _ c’est très, très important aussi !!! l’égard et ses formes, envers l’autre _ du chant classique « à la française » _ la quintessence peut-être du goût français _, un irrésistible penchant pour la théâtralité _ surévalué à mon goût, à contresens de la délicatesse et de la discrétion, selon moi _, l’intuition du bon goût _ oui ! _, la tentation des barricades _ à l’occasion, faute de parvenir à assez se bien faire entendre _, une obsession du panache _ surévaluée, elle aussi, comme le penchant à la théatralité : le panache de Cyrano illustrant la couverture du livre ! _, et, surtout, une _ sacro-sainte et irrépressible ! _ exigence de liberté _ oui, cela, c’est incontestable : ne jamais être comdamné à emprunter des voies toutes tracées, ou disciplinaires ; mais disposer d’une capacité permanente d’invention, et de singularité. En un mot, le bonheur à la française _ oui : à savourer assez paisiblement et durablement en sa profonde et somme toute discrète intensité. À l’heure où chacun s’interroge sur la délicate question de l’identité _ mais non assignable à des traits fermés et une fois pour toutes donnés, invariants… _, ce dictionnaire rappelle que l’esprit français est, surtout, un inaltérable cadeau _ d’ouverture et fantaisie. Une lecture qui fait plaisir… et pousse à réfléchir _ et discuter, entamer le dialogue.

Voici aussi le texte accompagnant le podcast de l’émission Musique émoi du dimanche 24 février dernier,

qui reprend ces diverses thématiques :

Metin Arditi, amoureux  comme personne de  l’esprit français, examine d’une plume légère et souvent espiègle les  diverses formes dans lesquelles s’incarne en France le désir de plaire.

« On ne considère en France que ce qui plaît », dit Molière, « C’est la grande règle, et pour ainsi dire la seule ».


Partant de cet indiscutable constat, l’auteur de ce dictionnaire,  lui-même amoureux  comme personne de l’esprit français, examine d’une  plume légère et souvent espiègle les diverses formes dans lesquelles  s’incarne en France le désir de plaire : au fil des siècles se sont  développés le goût du beau, bien sûr, mais aussi le principe d’élégance,  le sens de l’apparat, le souci de légèreté, l’humour, l’art de la  conversation, un attachement historique à la courtoisie, la délicatesse  du chant classique « à la française », le penchant pour la théâtralité,  l’amour du juste, le goût des barricades, du panache, oui, du panache,  et, surtout, une exigence immodérée de liberté. Ce dictionnaire parle de  Guitry et de Piaf, de Truffaut et de Colette _ oui _, mais aussi de Teilhard de  Chardin, Pascal, Diderot, Renan, Péguy, les prophètes qui ont nourri  les artistes de leur pensée et les ont libérés dans l’exercice de leurs talents.


L’esprit français a aussi ses interdits. Ne jamais être lourd…  Ne pas faire le besogneux… _ c’est en effet capital ! Et Nietzsche vénérait tout spécialement cet aspect-là de l’esprit français… Comment plaire, sinon ?


Au fil des pages, ce dictionnaire rappelle que le goût des belles choses a _ aussi _ un prix _ économique, financier _, qu’un tel bonheur ne vient pas sans facture _ à régler in fine ! À défaut,  l’esprit français ne serait pas ce qu’il est… _ assez impécunieux…  Sans vouloir  transformer un pays qui, c’est heureux, n’est pas transformable, on  pourrait peut-être imaginer, ça et là _ mais c’est bien un vœu pieux ! une pure vue de l’esprit… _, quelques mesures aptes à diminuer _ mais est-ce vraiment réaliste ? _ le montant de l’addition.


À l’heure où chacun s’interroge sur la délicate question de l’identité du pays, ce dictionnaire rappelle combien l’esprit français est un  cadeau _ sans prix, eu égard au bonheur (d’être vraiment d’esprit français).

 

Je regrette aussi que manquent en ce Dictionnaire amoureux

certaines entrées

que pour ma part je trouve bien plus essentielles

que Sacha Guitry ou Edmond Rostand,

telles

Joachim du Bellay, Montaigne, Marivaux, Chardin, Monet, Paul Valéry, Pierre Bonnard, Charles Trenet, par exemple,

qui,

les uns comme les autres,

ont si merveilleusement _ et idiosyncrasiquement : un trait lui aussi bien français ! _ su chanter

l’incomparable douceur de notre France.

En tout cas,

j’éprouverais un très vif plaisir à dialoguer de tout cela

avec Metin Arditi,

s’il venait à Bordeaux.

Ce jeudi 7 mars, Titus Curiosus – Francis Lippa

Parmi les superbes rééditions de CDs Eloquence d’Ernest Ansermet, l’excellence prioritaire du double album Ravel-Debussy-Stravinsky des Ballets russes

29déc

Parmi les excellentes rééditions de CDs

de la série _ australienne _ Éloquence,

ici

de gravures du chef suisse Ernest Ansermet,

relevons,

avec le magazine Diapason de janvier 2019,

aux pages 124-125 (du Coin du Collectionneur),

et à propos,

au sein de cette remarquable série de rééditions,

du double album Ernest Ansermet and the Ballets russes, Decca 482 4989,

ce commentaire très avisé ci,

et sous la plume de l’excellent Patrick Szersnovicz :



« Son volume prioritaire, un double album partagé entre Ravel, Debussy et Stravinsky, nous ramène à des trésors familiers.

Dans le Daphnis et Chloé de 1965, l’exactitude textuelle s’accompagne d’une fluidité et d’une luminosité exceptionnelles _ son Lever du jour est peut-être le plus fabuleux de la discographie.

La lecture épurée, hautaine, un rien corsetée, du Prélude à l’après-midi d’un faune (1957, avec la flûte envoûtante d’André Pépin) ne sera pas au goût de tous nos collègues _, elle nous enchante.

N’en rajoutons pas sur la seconde version de Jeux (1958), mais précisons que la stéréo dont Decca avait alors le secret flatte l’habileté du chef suisse dans les changements de tempo, imperceptiblement anticipés, pour tendre, sans effet apparent, la continuité dramatique.

Ce regard creusé, éclairant la structure globale autant que les subtilités des alliages de timbres, se trouve déjà dans la version de Jeux (1953) comme dans la première version stéréo (1957) de La Mer, où Ansermet, ciselant le détail, magnifie la diversité des progressions orchestrales.

Mathématicien de formation, Ansermet le cérébral avait pourtant quelque chose de naïvement sauvage et d’une étonnante force poétique.

A preuve  l’admirable verdeur conférée aux Noces de Stravinsky, où s’incarne la fatalité de la souffrance humaine« .

Un double album ainsi indispensable

à toute vraie discothèque.

Ce samedi 29 décembre 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

Pour le centenaire Debussy (1918-2018), de superbes fragments symphoniques du Martyre de saint Sébastien, transcrits pour le piano et interprétés par l’excellent Vincent Larderet

26avr

Du pianiste Vincent Larderet, nous avions beaucoup apprécié ses deux précédents CDs Ravel, chez Ars Produktion,

le CD Ravel Orchestral & Virtuoso Piano (ARS 38 146)

et le CD Ravel / Schmitt Piano Concertos (ARS 38 178).

Et voici que paraît, à l’occasion du centième anniversaire de la mort de Claude Debussy,

un passionnant CD Debussy Centenary 1918 – 2018,

comportant, outre la 1ére série des Images (de 1905)

et les 12 Préludes de son livre II (1911 _ 1912),

une série de (6) Fragments Symphoniques extraits du Martyre de saint Sébastien (de 1911),

transcrits pour le piano par André Caplet,

et dans une révision et des compléments réalisés par Vincent Larderet lui-même.

Eh bien, cette interprétation de Vincent Larderet est tout simplement magnifique !!!

et justifie à elle seule l’acquisition de ce CD.

Et c’est aussi l’avis de Jean-Charles Hoffelé, en sa chronique du 10 avril dernier,

sur son site Discophilia,

intitulée Mystère et Martyre :

C’est le secret de Debussy : abolir le temps et l’espace. Si sa musique doit à toute force être un paysage, c’est d’abord un horizon, une de ces toiles dont le ciel occupe les deux tiers. Car au-delà de la figuration, une spiritualité s’impose, panthéisme qu’il faut savoir transmuer dans un clavier versicolore.

Vincent Larderet, sur son Steinway si plein, si ample, a certainement saisi la spiritualité : remettant sa plume dans celle de Caplet, il orne la parabole sensualiste du Martyre de saint Sébastien de ce sombre oriflamme que seul l’orchestre portait. Le voici dans le piano, écoutez seulement l’inquiétude de la Danse extatique où l’hymne du Finale du Premier Acte, proclamation qui transforme le piano en trompette, avant que le mystère trouble de La Chambre magique paraisse. Et soudain, je perçois dans ce Martyre comme des échos de La Tragédie de Salomé de Florent Schmitt, dont Vincent Larderet avait gravé une pénétrante version pianistique.

Mais la spiritualité est tout aussi omniprésente dans le reste de l’album. L’Hommage à Rameau fait un premier tombeau auquel le mystère recueilli, un peu angoissé, de Canope, fera écho. Ouvrir le disque avec le Premier Livre des Images, c’est signifier qu’ici commence, en 1905, le langage de maturité de Debussy, y enchaîner ensuite le Deuxième Livre des Préludes souligne cette logique d’un album consacré à la grammaire si singulière du Debussy de la pleine maturité.

Tout le Deuxième Livre est joué avec une attention aux indications de Debussy, à ses mouvements, à ses notations, à ses suggestions, qui révèlent le texte dans toute son opulence harmonique. Jeux à dix doigts, éloquent, qui prend tout le temps nécessaire pour explorer les nombreuses strates de ces œuvres qu’on joue souvent trop caressées. Arrau faisait ainsi, Vincent Larderet, avec son propre style, s’en souvient-il ?

Ce piano profond, inspiré, saisit l’atmosphère glacée de Feuilles mortes, voit dans Ondine un caprice noir, et creuse l’espace de Feux d’artifice pour en tirer non une description mais une abstraction : le piano moderne s’y élève tel un manifeste.

Maintenant, je serais bien curieux du Premier Livre des Préludes, des Images oubliées et du Second Livre ou encore d’Estampes.

Ce jeudi 26 avril 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

Dans la série des Grands Entretiens de France-Musique : passion et probité sereines d’Alain Planès

28fév

Les entretiens, tout spécialement, me séduisent, quand ils sont magnifiquement conduits, et, plus encore, que la personne écoutée, parle vraiment _ en vérité ! _, et est passionnante.

Parmi les grands modérateurs d’artistes, qui ont marqué les ondes, à la radio ou à la télévision : Claude Maupomé, Jacques Chancel, Denise Glaser.

Savoir provoquer en douceur la confidence confiante, et savoir écouter, en le faisant advenir, le détail le plus précis et révélateur du récit d’un créateur ou d’un interprète abordant quelques arcanes de sa recherche _ et c’est là un art très subtil que de savoir parler et savoir écouter… _,

apporte alors beaucoup à l’auditeur attentif sur le meilleur de l’aventure humaine en sa singularité en quelque sorte artisanale, prise sous l’angle du métier.


Depuis lundi dernier, 26 février,

Jean-Baptiste Urbain, tous les jours de cette semaine-ci, à 13 heures, sur France-Musique

s’entretient _ presque 30 minutes _  avec le pianiste _ ou claviériste _ Alain Planès. Et c’est absolument passionnant !

De passion et probité sereines.

Voici donc des liens aux podcasts de ces 5 précieuses émissions :

1° « Comme tout surdoué, j’ai souffert étant enfant« .

2° « Dans l’Indiana, j’ai découvert la liberté : je me suis retrouvé face à moi« 

3° « Le rôle de l’interprète, c’est de faire découvrir la musique aux gens. Il faut avoir de l’audace« 

4° « Debussy est un génie inouï. C’est une musique d’une si grande profondeur« 

5° « Mirò est le peintre le plus musical qui existe. Sa peinture, c’est du contrepoint« 

A écouter, et méditer…

Ce mercredi 28 février 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

 

Une flamboyante année Debussy : à partager…

23jan

L’année-anniversaire des cent ans de la mort de Debussy _ décédé à Paris le 25 mars 1918 _ s’avère flamboyante !

Avec ce début discographique merveilleux qu’est le fabuleux et confondant CD Images, L’isle joyeuse, Estampes, Masques, Children’s Corner, D’un cahier d’esquisses, que nous offre l’hyper-transportant Steven Osborne, au remarquable catalogue Hyperion (CDA68161)

_ qui nous promet aussi (un CD Hyperion CDA67267) à venir ces jours-ci sur un quasi semblable programme Debussy (Estampes,  Images, Children’s Corner, La plus que lente, L’Isle joyeuse) un autre magnifique pianiste britannique, Stephen Hough…

Sans compter le CD Debussy, très récemment paru, ce mois de décembre-ci, de Seong-Jin Cho chez Deutsche Grammophon, sur un programme aussi très voisin : Children’s Corner, Images, L’Isle joyeuse, Suite bergamasque.

Voir ici l’excellent article que consacre sur son site l’excellent Jean-Charles Hoffelé à ce CD proprement magique de Steven Osborne :

MAINTENANT DEBUSSY

Auteur d’une des plus parfaites intégrales _ oui ! _ du piano de Ravel, Steven Osborne est vraiment chez lui chez nous _ absolument ! Déjà en 2005, ses Préludes de Debussy, voluptueux et solaires, marquaient sa différence _ et sa justesse ! _ dans une discographie pléthorique ; plus de dix ans après, le voici qui nous offre un disque dont le sujet est, au fond, même s’il manque Pour le piano, la série de triptyques où Debussy radicalise _ voilà ! _, au début du XXe siècle, sa langue et sa syntaxe _ sur cet important (et trop souvent mésusé) terme « radicaliser« , cf le passionnant podcast de mon entretien avec Marie-José Mondzain, magnifique !, le 7 novembre dernier au Théâtre du Port-de-la-Lune, à Bordeaux ; et mes articles des 15 et 18 mars 2017 sur son très important Confiscation _ des mots, des images et du temps : pour une autre radicalité, d’abord celui du 15 mars : Le superbe « Nettoyer une expression » de Marie José Mondzain en son « Confiscation des mots, des images et du temps » ; et puis, en abordant aussi les merveilleuses analyses, à propos de leur concept partagé de semblance, de Michel Deguy (en son La Vie subite, ainsi qu’en notre époustouflant entretien du 9 mars 2017 à la Station Ausone), celui du 18 mars : A propos du « nominalisme radical » de Michel Deguy et de la « confiscation » du mot « radical » selon Marie-José Mondzain _, bien plus que dans les Préludes qui cherchaient le sujet et en déduisaient le vocabulaire, avec un renversement pour le Deuxième Livre qui revenait à l’absolutisme sensuel des Images.

Le magicien Osborne joue ses Images larges, en timbres pleins _ oui ! _, avec ce clavier si profus _ oui ! _ qui nous donnerait demain s’il voulait une Iberia d’anthologie. De la sensualité partout _ oui ! _, que couronne le grand rire qui gifle _ oui _ la fin de L’Isle joyeuse, emblème du disque. Masques ondoie et mord, fabuleux _ on ne saurait mieux dire ! _, puis l’estompe de D’un cahier d’esquisses paraît, et l’espace harmonique se creuse, sinistre soudain. Car dans ces voluptés, rode toujours _ oui _ l’ombre _ sarcastique _ de la mort : écoutez seulement comment il phrase dans l’harmonie ce tombeau _ voilà _ qu’est l’Hommage à Rameau.

Ailleurs le Faune reprend sa flûte, fait du piano un orchestre, et un orchestre qui jouerait son Debussy sensuel _ voilà, voilà _ à la façon d’Ingelbrecht ou Cluytens, les timbres et les couleurs à fleur de lèvres _ oui _, mêmes les Estampes soudain sont plus fauves _ oui, oui _ que japonaises. Et Children’s Corner n’est vraiment pas pour les enfants, quasi érotique _ oui _ de phrasés, d’accents, d’humour de corps de garde, c’est que Debussy sait persifler même dans la tendresse _ absolument.

Et ces moyens ! jouer du piano comme cela, ce n’est _ probablement _ pas permis _ avec pareille audace rayonnante et triomphante. Steven Osborne nous fera un jour les Etudes, je crains qu’après les siennes, on puisse jeter toutes les autres. Bon prince, Hypérion annonce pour l’an nouveau quasi le même programme avec … Stephen Hough !

LE DISQUE DU JOUR

Claude Debussy (1862-1918)
Masques, L. 105
D’un cahier d’esquisses, L. 99
L’isle joyeuse, L. 106
Images, Livre I, L. 110
Images, Livre II, L. 111
Estampes, L. 100
Children’s Corner, L.113

Steven Osborne, piano

Un album du label Hypérion CDA68161

Photo à la une : © DR

Titus Curiosus – Francis Lippa, ce mardi 23 janvier 2018

P. s. :

Voici tout d’abord l’article de présentation par le même Jean-Charles Hoffelé de ce merveilleux CD Debussy de Steven Osborne :

Debussy Piano Music _ Steven Osborne :

DEBUSSY Piano Music – Steven Osborne

Author:
Patrick Rucker
CDA68161. DEBUSSY Piano Music - Steven OsborneDEBUSSY Piano Music – Steven Osborne

DEBUSSY Piano Music – Steven Osborne

  • Masques
  • D’un cahier d’esquisses (Equisse)
  • (L’) Isle joyeuse
  • (6) Images
  • (3) Estampes
  • Children’s Corner

French music is indispensable _ sure ! _ to any pianist’s training. Nearly all professionals maintain, at the very least, a few ‘speciality’ pieces in their active repertories, and appropriately so. Since the 16th century, the French have contributed decisively _ of course ! _ to the history of keyboard music – as composers, performers and, no less significantly, instrument makers (think Blanchet, Érard, Cavaillé-Coll). Yet at any given moment, pianists born outside France who are convincingly identified with this very specific repertory are relatively few. Steven Osborne, from the outset of his career, has been among them _ yes indeed.

The latest demonstration of Osborne’s way with the French is this splendid _ yes ! _ new Hyperion release, presenting a bouquet of mature Debussy works. A viscerally exciting _ yes ! yes !Masques combines with a subtly understated … d’un cahier d’esquisses to create an overture to L’isle joyeuse, in a performance that is both bracingly original and scrupulously adherent _ yes indeed _ to Debussy’s score. Protean, fleet, sparse of pedal and drawing on a seemingly infinite arsenal of touch and dynamics, it conjures an isle where irresistible pleasures border on delirium.

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The classical restraint and chaste proportions of the two books of Images come as an almost startling contrast. Whether in the gentle chimes and gongs of ‘Et la lune descend sur le temple qui fut’ or the spinning kinetic exuberance of ‘Mouvement’, the darting about of ‘Poissons d’or’ observed by a scientific eye or the oracular reverence of ‘Hommage à Rameau’, each piece is strikingly apt and fairly bursts with evocative detail. Osborne shapes the six Images, composed over several years, into a cohesive entity that satisfies both emotionally and intellectually.

No less remarkable are the three Estampes. At the outset of their centrepiece, ‘La soirée dans Grenade’, an ancient muezzin’s call to prayer is heard before disparate rhythmic and harmonic elements coalesce into the throbbing habanera. It is typical of the ease and clarity with which Osborne teases musical allusion from Debussy’s richly layered textures. Even the forthright simplicity of Children’s Corner cannot disguise its vivid imagery. An exquisitely magical atmosphere is created by ‘Snow is Dancing’, while in ‘Golliwogg’s Cakewalk’ we counter some real high steppin’ when the white folks aren’t around.

Osborne traverses this well-known repertory with obvious relish, relying on immense musical and technical resources to reveal fresh, unexpected perspectives on music we all thought we knew. Intimacies of disarming candour are whispered into the ear by conjuring dozens of pianissimos from the instrument that leave you marvelling at their quality and variety, and admiring the Hyperion engineers who captured them so adroitly. This is music-making of great subtlety and finesse which neither lovers of Debussy and French music nor those who value piano-playing on the highest artistic level will want to miss.

Voici ensuite l’article de présentation par Jean-Charles Hoffelé, sur son site, du CD Debussy à paraître imminemment _ et qui attise mon impatience debussyste… _ chez Hyperion de Steven Hough, Mystère Debussy :

MYSTÈRE DEBUSSY

Voici peu, Hypérion offrait à Steven Osborne quasi le même programme (voir ici), disque opulent où le pianiste anglais osait un Debussy fils des Fauvistes plutôt que des Impressionnistes.

À son envers total, Stephen Hough, de son clavier ductile, nous fait son Debussy sur les pointes des timbres, danseur subtil qui dans les Images, dans les magiques Estampes suggère, ne souligne rien, laisse émaner ces mystères sonores avec une grâce, une élégance, quelque chose d’absolument mélancolique qui culmine en un Children’s Corner désarmant de pudeur, si légèrement effleuré qu’il n’est que rêve : écoutez seulement comment la neige danse sous ses doigts.

À force d’entendre le piano de Debussy comme un manifeste du modernisme, on en aura aiguisé les angles, et épaissi les couleurs, tout ici retrouve le secret de cette langue qui se souvient plus de Couperin que de Rameau (même dans l’Hommage au dernier) : l’art de la suggestion. Si bien que le disque refermé (par une Isle joyeusequi capture les vibrations d’un soleil marin), je me prends à rêver de ce que ce piano impondérable ferait des Préludes.

LE DISQUE DU JOUR

Claude Debussy(1862-1918)
Estampes, L. 108
Images – Livre I, L. 105
Images – Livre II, L. 120
Children’s Corner, L. 119
La plus que lente, L. 128
L’Isle joyeuse, L. 109

Stephen Hough, piano

Un album du label Hypérion CDA68139

Photo à la une : © Sim Canetty-Clarke

Et voici enfin l’article Debussy Piano Music (Hough ; Cho) que le magazine Gramophone vient de consacrer à ces nouveaux CDs Debussy de Stephen Hough et Seong-Jin Cho :

DEBUSSY Piano Music (Hough; Cho)

Author:
Harriet Smith
CDA68139. DEBUSSY Piano Music (Hough)DEBUSSY Piano Music (Hough)
479 8308GH. DEBUSSY Children’s Corner. Images. L’isle joyeuse. Suite bergamasqueDEBUSSY Children’s Corner. Images. L’isle joyeuse. Suite bergamasque

DEBUSSY Piano Music (Hough)

  • (3) Estampes
  • (6) Images
  • Children’s Corner
  • (La) Plus que lente
  • (L’) Isle joyeuse
  • Children’s Corner
  • (6) Images
  • (L’) Isle joyeuse
  • Suite bergamasque

Hyperion has been keeping Roger Nichols particularly busy of late, writing the notes for Steven Osborne’s Debussy recital (enthusiastically reviewed by Patrick Rucker – 10/17) and again for this recital from Stephen Hough. The overlap is quite considerable (both books of Images, Children’s Corner and L’isle joyeuse) and it was a bold move to release the discs so close together. They make for fascinating comparison, as does a new disc from the 23-year-old South Korean pianist Seong Jin Cho, who won the 2015 Chopin Competition. His programme is nearly identical to Hough’s, presenting the Suite bergamasque instead of the Estampes.

Where to start? Children’s Corner is always revealing. Stephen Hough’s ‘Doctor Gradus’ is full of sensitive phrasing and favours a relatively hazy sound world, compared to which Seong-Jin Cho has a degree more clarity and a striking sense of intimacy. How to pace ‘Jimbo’ ? Cho is a little slow, which can turn his lullaby into a dirge; no risk of that with Hough, who is positively flighty. Nelson Freire (Decca, 4/09) seems especially attuned to this particular elephant, to charmingly naive effect. The eponymous doll in the following Serenade is a knowing creature in Hough’s reading, while in ‘The snow is dancing’ he conjures a veiled landscape, whereas Cho opts for more clear-cut semiquavers at the outset. But turn to Osborne and be astounded by the way he finds as many shadings as there are Inuit words for snow. In the final number, the ‘Golliwog’s Cakewalk’, Cho goes at it with a will, finding plenty of charm too, but Hough really does seem to misjudge things here – it sounds arch and curiously under-energised. Turn to the wondrously colourful Freire or the anarchically punchy Osborne for the full effect.

Suite bergamasque suits Cho’s delicate pianism particularly well, and he brings charm to the ‘Prélude’ and a piquant exuberance to the ‘Menuet’, his upward-rushing scales suitably crystalline. He makes ‘Clair de lune’ individual without recourse to exaggeration and the final ‘Passepied’ wraps things up with a winsome delicacy.

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Hough begins his disc with the Estampes, a vivid reminder that Debussy loved art as much as music, and Hough similarly paints as well as plays. His ‘Pagodes’ sets the scene with just the right degree of blurring of the lines, motifs emerging and then receding once more, all combining to ethereal effect. In the closing ‘Jardins’ his pacing is spot-on and we get hints of the obsessive qualities that prefigure the Études, which give it a pleasing edginess. But I was less convinced by ‘La soirée dans Grenade’, which, though beautifully finished, sounds just too languorous, lacking a certain earthiness that Bavouzet conveys so effortlessly.

And so to the Images. Hough seems to me most successful in the slower numbers – the opening ‘Reflets dans l’eau’ is coloured with great subtlety and refinement. In the last of Book 1, ‘Mouvement’, Hough is pristine but a little slow for my taste, especially compared to Bavouzet, who finds tremendous clarity but also fullness at the climax around the minute mark. Cho here is a little on the hazy side though I much like his gradations of softness as he ascends to the top of the keyboard at the close of the piece. ‘Cloches à travers les feuilles’ is another interesting point of comparison: the interplay of the lines is limpid in Cho’s hands, Hough opting for a more haloed effect – preference will be down to personal taste. But then sample Osborne and you find more risk-taking in the quietness, an unmistakable sense of dolour that pierces the heart. In the following ‘Et la lune’, again it’s Osborne who really gets to the heart of the matter, leaving the readings by Hough and Cho seeming slightly workaday.

I have reservations when it comes to ‘Poissons d’or’ too. Here Cho and Hough seem too slow: the inspiration may have been a Japanese lacquer plaque hanging on the composer’s wall but these are sluggish, slightly dull golden fishes, where they should glisten. By comparison, Osborne brings them to life, glinting and wriggling; so does Bavouzet, to gleeful effect.

Finally to L’isle joyeuse. Again I find Hough a little bit steady – every phrase has clearly been considered but it doesn’t propel you forwards as Cho does and both are relatively pale affairs compared to the exultant reading of Bavouzet _ wonderful, I agree… _, who brings to it a Lisztian brilliance filtered through a French lens.

 

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