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Brillantissime et ultra-poétique CD Rachmaninov de Boris Giltburg avec le Brussels Philharmonic dirigé par Vassily Sinaisky…

12déc

Admirable Boris Giltburg dans les Concertos pour piano et orchestre n°1, Op. 1, et n°4, Op. 40, ainsi que la Rhapsodie sur un thème de Paganini, Op. 43 de Serguey Rachmaninov (Semionovo, 1er avril 1873 – Beverley Hills, 28 novembre 1843), avec le Brussels Philharmonic dirigé par Vassily Sinaisky, en un magnifiquement accompli CD Naxos 8.574528 ! _ enregistré à Bruxelles du 29 août au 1er septembre 2022…

Ainsi que vient bien le confirmer l’article « Coda et victoire«  de Jean-Charles Hoffelé, en date du 16 novembre dernier :

CODA ET VICTOIRE

A tempo pour l’anniversaire – on célèbre les cent-cinquante ans de la naissance (le 1er avril 1873) du compositeur russe – Boris Giltburg aura bouclé son intégrale des Concertos, dispersée jusque-là entre plusieurs orchestres et parue au long cours. Le dernier volume serait-il un aboutissement ? _ incontestablement.

Ce qui manquait à ses Deuxième et Troisième Concertos, le raptus, la concentration, on le trouvera ici _ voilà ! Admirable _ oui ! _ Premier Concerto (Giltburg choisit la version révisée comme pour le 4e), d’un parfait équilibre entre électricité et lyrisme _ oui _, joué avec un goût très sûr – l’élégance du Finale est irrésistible _ absolument !

Rhapsodie virtuose et cinglante _ en même temps _, où le pianiste déploie un jeu machiavélique, et surtout un Quatrième Concerto d’anthologie, empli d’une dimension méphistophélique _ voilà ! _, où le clavier danse, claironne, chante, admirable par sa volatilité, son art de changer de registre dans la seconde, suivi par un orchestre dont le chef accorde sa battue aux moindres inflexions de son soliste _ oui, oui, oui : écoutez ici ce podcast

C’est _ là, cet orchestre et ce chef _ l’autre atout de l’ultime volume d’une intégrale dispersée, Boris Giltburg aura trouvé trop tard des partenaires au niveau de sa vision _ bellissime _, espérer qu’il reprenne avec eux les deux autres concertos risque hélas de s’avérer un vœu pieux.

LE DISQUE DU JOUR

Sergei Rachmaninov
(1873-1943)

Concerto pour piano No. 1 en fa dièse mineur, Op. 1 (version 1917)
Rhapsodie sur un thème de
Paganini, Op. 43

Concerto pour piano No. 4 en sol mineur, Op. 40 (version 1941)

Boris Giltburg, piano
Brussels Philharmonic
Vassily Sinaisky, direction

Un album du label Naxos 8.574528

Photo à la une : le pianiste Boris Giltburg – Photo : © Sasha Gusov

Un pur régal discographique.

Ce mardi 12 décembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

L’enchantement du « Concerto en sol majeur » de Maurice Ravel par le merveilleux Francesco Piemontesi, avec l’Orchestre de la Suisse romande dirigé par Jonathan Nott : une réussite absolue !

10déc

La réception, hier samedi 9 décembre, du CD Pentatone PTC 5186 949 « Schoenberg – Messiaen -Ravel » de l’admirable Francesco Piemontesi, avec l’Orchestre de la Suisse romande sous la direction idéalement idoine de Jonathan Nott,

soit le CD Pentatone PTC 5186 949,

que j’avais stupidement laissé passer à sa sortie à l’automne 2022 _ enregistré à Genève en novembre 2020, pour le Ravel, en décembre 2020 pour le Messiaen, et février 2021 pour le Schoenberg… _ et commandé le mois de novembre dernier,

vient d’enchanter mon écoute !

Quel justissime Ravel !!!

Et en forme de bonus, voici une superbe vidéo _ à 40′ 40 des 63′ du concert enregistré à Genève le 2 décembre 2020, qui comporte de Felix Mendelssohn l’« Ouverture pour vents en ut majeur Op. 24«  et « Mer calme et heureux voyage, Ouverture en ré majeur Op. 27« , et d’Olivier Messiaen « Oiseaux exotiques pour piano et orchestre« , mais pas le « Concerto pour piano 0p. 42«  d’Arnold Schönberg…  _ de ce même Concerto pour piano et orchestre en sol majeur de Maurice Ravel par Francesco Piemontesi, Jonathan Nott et l’Orchestre de la Suisse Romande _ très peu de jours après leur enregistrement, en novembre 2022, pour ce CD Pentatone…

Et voici, encore, sous l’excellent titre de « Modern style« , l’article idéalement judicieux _ bien qu’un brin succinct… _ qu’a consacré à ce magistral CD « Schoenberg – Messiaen -Ravel » Pentatone PTC 5186 949, le très fin Jean-Charles Hoffelé en sa chronique « Discophilia » pour Artamag, en date, lui, du 21 septembre 2022 :

MODERN STYLE

Dans la section centrale de l’Allegramente _ du « Concerto en sol majeur » de Maurice Ravel _, Francesco Piemontesi exhume le blues que beaucoup ne veulent pas y voir _ Ravel revenait d’une très brillante tournée aux États-Unis _, savourant les mystères d’un orchestre trouble comme un alcool _ et c’est là excellemment vu... Dans un programme aussi tourné vers la modernité _ et c’est bien là le fil rouge de ce très original CD pour l’excellent label Pentatone… _, son Concerto en sol détaillé et profond sonne comme un contrepied, magnifique objet de pur plaisir sonore _ oui, oui ! _ qui prend tout son temps _ en une subtile composition de dionysiaque et d’apollinien. Ah! Ravel…

Le délire mécanique des Oiseaux exotiques _ d‘Olivier Messiaen _ n’en sera que plus cassant, un autre monde, dont l’orchestre bruitiste réglé au cordeau _ oui ! _ par Jonathan Nott avive les arrêtes _ voilà. Fascinants oiseaux de plexiglas, qui refusent d’entrer dans les classiques du XXe siècle, auxquels le pianiste apporte toute sa science _ magnifique et sereine de maîtrise _ de coloriste _ oui.

À rebours, les quatre épisodes – on peut difficilement les qualifier de mouvements – du Concerto de Schönberg sont joués comme autant de nostalgie _ Schönberg a 66 ans en 1942 _ d’un temps _ viennois _ révolu : fascinante la valse disloquée de l’Andante qui semble déjà en cours à la première mesure, irritant le faux foxtrot du Molto allegro, avant la méditation façon Bach de l’Adagio ouvert par ce choral de bois et de cordes comme venu d’un autre monde. Les petits fugatos du Giocoso referment dans une suractivité douce-amère cette lecture fascinante d’une œuvre insaisissable et qui entend bien le rester _ probablement.

LE DISQUE DU JOUR

Maurice Ravel (1875-1937)
Concerto pour piano et orchestre en sol majeur, M. 83
Olivier Messiaen (1908-1992)
Oiseaux exotiques
Arnold Schönberg (1874-1951)
Concerto pour piano et orchestre, Op. 42

Francesco Piemontesi, piano
L’Orchestre de la Suisse Romande
Jonathan Nott, direction

Un album du label Pentatone PTC5186949
Acheter l’album sur le site du label Pentatone ou sur Amazon.fr – Télécharger ou écouter l’album en haute-définition sur Qobuz.com

Photo à la une : le pianiste Francesco Piemontesi – Photo : © Marco Borggreve

Bravissimo !!!

Ce dimanche 10 décembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le son intensément profond de Lukas Genušias dans la version originale de la Sonate N°1, Op. 23, en 1907, de Sergei Rachmaninoff : une chaleur qui brule…

18nov

Le CD Alpha 997 « Rachmaninoff – Piano Sonata N°1 Original Version – Preludes Op. 32 » par Lukas Geniušas  _ né le 1er juillet 1990 à Moscou _, sur le piano Steinway D offert par Frederick Steinway lui-même à Sergei Rachmaninoff (Semeniovo, 1er avril 1873 – Beverly Hills, 28 mars 1943) pour son 60e anniversaire, en 1933,

et enregistré à la Villa Senar de Weggis, en Suisse, cette villa que Rachmaninoff se fit construire à partir de 1930, et où demeure toujours ce magistral meuble Steinway,

m’a été offert ;

et j’ignore si de moi-même la curiosité m’aurait poussé vers ce somptueux enregistrement de Lukas Geniušas,

dans lequel se perçoit le génie pianistique du compositeur _ en 1907, à Dresde _ en toute sa profondeur, et peut-être sauvagerie…

Voici ce qu’en dit fort bien Jean-Charles Hoffelé en sa chronique intitulée « Le Fantôme » d’il y a cinq jours, le 13 novembre dernier, sur son site Discophilia : 

LE FANTÔME

Une Sonate ? Une symphonie. Konstantin Igumnov, découvrant ce fleuve de musique, conseilla à Rachmaninov d’y tailler des allées, ce qu’il fit. Heureusement, Lukas Geniušas préfère rester fidèle à la version princeps que le compositeur avouait « sauvage et longue » _ 42′ 24. Diabolique surtout _ et génialement, oui _, vaste nocturne empli de visions où Rachmaninov épuise le grand meuble, composé à Dresde et fatalement plus russe que russe. Pourquoi ai-je donc toujours entendu dans ses tempêtes une proximité avec la ténèbre busonienne ?

Lukas Geniušas l’entendrait-il aussi, si sombre de jeu, de phrasés, si intensément inquiet dans les replis nocturnes où Rachmaninov suspend le temps, et soudain si violente _ oui. Des tempêtes oui, des divagations, tout un univers où le jeune homme raffine un clavier mystérieux, comme hanté _ voilà.

C’est celui de Rachmaninov, ce grand piano aux sonorités d’orgue que Frederick Steinway offrit au compositeur pour son soixantième anniversaire _ en 1933, donc _ et qu’il aura joué durant un peu moins de dix ans avant son installation _ en juin 1942 _ en Californie. Dans le silence de la Villa Senar _ sur les bords du lac des Quatre-Cantons, près de Lucerne _, Lukas Geniušas fait chanter l’immense Lento, beau sous ses doigts comme du Chopin, avant les torrents de notes de l’Allegro molto, et soudain j’ai le sentiment que la magie opère : Rachmaninov est là _ voilà ! _, dans sa dimension prométhéenne.

Quatre Préludes de l’Opus 32 font entendre l’orgue de couleur de cet admirable instrument, ajout merveilleux qui ne parvient pas à effacer la puissance obsessionnelle de la grande Sonate.

LE DISQUE DU JOUR

Sergei Rachmaninov
(1873-1943)


Sonate pour piano No. 1
en ré mineur, Op. 28


13 Préludes, Op. 32
(4 extraits : No. 2. Allegretto ;
No. 7. Moderato ; No. 8. Vivo ;
No. 13. Grave)

Lukas Geniušas, piano

Photo à la une : le pianiste Lukas Geniušas – Photo : © DR

Un cadeau particulièrement magnifique, donc,

tant pour l’œuvre que pour son interprétation…

Ce samedi 18 novembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

La perfection du triple album « The three seasons » vivaldiennes, de Giuliano Carmignola (suite) : un éblouissant voyage inouï au coeur de l’invention infinie du génie musical d’Antonio Vivaldi

02nov

Comme en accomplissement de mon article «  » d’hier mercredi 1er novembre,

ce jeudi 2 novembre 2023, cet article-ci, parfaitement intitulé « Les Trois âges » _ de la prodigieuse invention du génie musical d’Antonio Vivaldi (Venise, 4 mars 1678 – Vienne, 28 juillet 1741) _, de Jean-Charles Hoffelé sur son excellent site « Discophilia » :

LES TROIS ÂGES

Le titre de l’album, dévié de celui du plus célèbre opus du Prêtre Roux, n’en fait pas mentir le sujet. Ce voyage _ très _ éclairé déroule un fil rouge entres les trois périodes distinctes _ voilà ! _ qui ont fait varier non la syntaxe vivaldienne, d’emblée clairement ancrée, mais son sensible _ c’est-à-dire sa présentation (et variations) par le compositeur au fur et à mesure de sa création…

Les opus de jeunesse montrent cette dilection particulière _ certes _ pour l’invention, le goût des surprises _ oui _, une fantaisie alerte _ oui, d’une extraodinaire vivacité ; et tout simplement vie… _ où pas une ombre ne paraît _ oui ; et il s’agit aussi de se faire un nom, via, non seulement ses concerts, mais aussi ses publications… C’est le virtuose _ oui _ qui se saisit de ce concerto vénitien, qu’avec Marcello et Albinoni il aura fait émerger de la lagune, une fête _ généreusement _ débordée déjà de couleurs _ oui : à la Véronèse… _ que Giuliano Carmignola célèbre _ comme nul autre ! _ d’un archet brillant, ivre plus d’une fois de tant de soleil dans les écrins dorés où l’enchâssent l’Accademia dell’Annunciata et Riccardo Doni.

La première maturité _ en quelque sorte estivale _ impose _ ensuite _  une autre esthétique, autant de concertos dramatiques, rappelant qu’entre temps l’opéra _ oui ! _ a envahi le catalogue vivaldien, faisant de son violon une prima donna _ voilà… Des teintes plus sombres s’invitent, surtout le discours s’intensifie _ oui _ et l’harmonie elle-même se charge d’affects _ oui _ que le violon lisse en phrasés ou déploie en roulades dans un orchestre de plus en plus symphonique. Mais même là, le violoniste équilibre son jeu entre ferveur et splendeur _ oui _, espressivo et méditation _ oui : écoutez ses sublimes mouvements lents… _ : les Largos, les Adagios sont sous son archet de vrais airs d’opéra où s’invitent autant des personnages _ et d’affects intensément émouvants _ que l’écho sonore de la Sérénissime.

L’ultime période émancipe _ expérimentalement en quelque sorte, tant le génie de l’invention de Vivaldi se défie lui-même sans cesse, et très ludiquement… _ le violon des propres canons que Vivaldi avait développés, l’écriture se charge en traits revêches (et d’une difficulté diabolique qui semble répondre aux nouveaux défis posés par la jeune génération menée par Pietro Locatelli). Surtout une tourmente gagne _ somptueusement _ chaque concerto, assombrissant le discours jusque dans l’élévation spirituelle de certains, une intranquillité qui rapproche l’ultime Vivaldi de ce Sturm und Drang qui paraît _ bientôt _ de l’autre côté des Alpes. Cet espressivo trouve en Giuliano Carmignola _ né à Trévise le 7 juillet 1951 : celui-ci a donc une maturité de 72 ans lors des séances d’enregistrement de ce triple album (de 210′), en janvier, puis février, puis mars 2023, à Abbiategrosso, en Lombardie… _ mieux qu’un interprète, un créateur _ explorateur-révélateur-inventeur, à son tour, oui ! _ qui aura fait de l’univers Vivaldi le cœur battant _ oui _ de son _ propre _ art, enfin magnifié par cette Accademia dell’Annunciata débordée de couleurs, en idéale harmonie _ oui, oui _ avec son violon _ si magistralement poétiquement _ éloquent.

Belle édition. Lisez _ aussi, en plus des 6 très judicieuses pages intitulées « Donner du temps au temps » d’Olivier Fourès… _ le long entretien _ de 5 pages, et très justement intitulé « Une vie avec Vivaldi« … _ accordé par le violoniste à Massimo Rolando Zegna.

LE DISQUE DU JOUR

The Three Seasons
of Antonio Vivaldi

Antonio Vivaldi (1678-1741)

CD 1
Concerto pour violon
en la majeur, RV 343

Concerto pour violon
en ré mineur, RV 240

Concerto pour violon
en ré majeur, RV 230

Concerto pour violon en sol mineur, RV 332
Concerto pour violon en mi majeur, RV 265
Concerto pour violon en ré majeur, RV 210

CD 2
Concerto pour violon en ut majeur, RV 189
Concerto pour violon en sol mineur, RV 333
Concerto pour violon en fa majeur, RV 289
Concerto pour violon en ut mineur, RV 197
Concerto pour violon en sol mineur, RV 330
Concerto pour violon en si bémol majeur, RV 380

CD 3
Concerto pour violon en ut mineur, RV 201
Concerto pour violon en si bémol majeur, RV 371
Concerto pour violon en la majeur, RV 353
Concerto pour violon en si bémol majeur, RV 367
Concerto pour violon en sol mineur, RV 327
Concerto pour violon en si bémol majeur, RV 380
Concerto pour violon en si mineur, RV 390

Giuliano Carmignola, violon
Accademia dell’Annunciata
Riccardo Doni, direction

Un album de 3 CD du label Arcana A550

Photo à la une : le violoniste Giuliano Carmignola – Photo : © DR

Un triple album vivaldien indispensable !!!

Absolument jubilatoire ! Oui !

Ce jeudi 2 novembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le choc du piano de Leos Janacek sous les doigts de magicien de Benedek Horvath, en un concert rien moins que parfait…

19oct

C’est sur la foi de l’enthousiasme communicatif du très fiable Jean-Charles Hoffelé en son article du 3 octobre dernier « Paysages imaginaires« ,

PAYSAGES IMAGINAIRES

Il faut bien plus que des doigts _ et comment ! _ pour saisir le presque-rien _ voilà _ qui ouvre dans un regret onirique les Improvisations que Bartók tissa sur les chants de paysans hongrois notés lors de ses voyages dans les villages de la puszta. La matière sonore éthérée que suscite le toucher immatériel _ unique… _ de Benedek Horváth est déjà emplie de ce sfumato qui tissera tant de mystères au long de _ ce chef d’œuvre sans égal qu’estDans les brumes, cette esquisse quasi abstraite coulée de la plume de Janáček, dont la Sonate rythme un peu plus loin le programme de ce concert parfait _ absolument !

Couleurs, pesées, pédale économe mais efficace – elle ne dissout jamais les attaques ou les rythmes chez Bartók _ comme il est absolument nécessaire, bien sûr _, écoutez la précision du tambour qui ouvre la première des deux Danses roumaines. Ce piano est une pure machine à imaginaire, qui impose jusque dans les irisations de Játékok – hélas seulement une sélection – des visions entre rêve et cauchemar que Kurtág aura notées dans sa calligraphie arachnéenne. Merveille _ oui ! _ qui exige une science de faire sonner l’instrument que j’aimerais entendre s’employer _ aussi _ à Debussy.

Aussi raffiné et complexe que soit le jeu de Benedek Horváth, dont j’avais tant aimé le premier album _ en 2016 _ où déjà s’affirmait la fusion KurtágBartók, et paraissait sous masque le compositeur de Jenůfa (l’opus de Kurtág, Les Adieux, est noté « à la manière de Janáček »), c’est la nature même de sa sonorité, ample, boisée, profonde, abolissant les marteaux à force de timbres – cela est sensible dans les écarts d’Éclats, l’autre opus de Kurtág présent au programme – qui me rend ce pianiste si physiquement proche _ oui, oui, oui.



Magnifique disque _ vraiment !!! _, dont la perfection ne laisse pas croire qu’il a pu être capté en public _ si : il fallait cette vie…

LE DISQUE DU JOUR

Béla Bartók (1881-1945)


Improvisations sur des chants paysans hongrois, Op. 20,
Sz. 74, BB 83

2 Danses roumaines, Op. 8a, Sz. 43, BB 56


Leoš Janáček (1854-1928)


Dans les brumes, JW 8:22
Sonate pour piano « 1.X.1905 », JW 8:19


György Kurtág (né en 1926)


Szalkak (Éclats), Op. 6d
Játékok (selection : Livre VI, Nos. 18, 6 ; Livre IV, No. 3b ; Livre II, Nos. 21, 5, 37 ;
Livre I, No. 57)

Benedek Horváth, piano

Un album du label Artalinna ATL-A027

Photo à la une : le pianiste Benedek Horváth – Photo : © DR

..

 

que je me suis empressé de commander le CD Artalinna « Bartok, Janacek & Kurtag« , le CD Artalinna ATL 027,

que je viens de recevoir ce jeudi, et qui immédiatement m’enchante,

tout spécialement dans le piano si singulier de Leos Janacek, « I-X-1905 » et « Dans les brumes« …

Avec pour conséquence mon intention de commander aussi, et au plus vite, le précédent CD Artalinna « Liszt, Bartok« , ATL 013,

dont voici ce que l’excellent Jean-Charles Hoffelé disait, déjà, en un article intitulé « Hungaria« , paru sur son site Discophilia le 11 octobre 2016,

il y a tout juste 7 ans déjà :

HUNGARIA

Le lent carillon qu’égrène dans le vent du soir György Kurtág au long de sa pièce inspirée par La Vierge de Frydek de Janáček et qu’il aura nommée « Les Adieux » ouvre et referme ce disque dédié à l’âme hongroise par Benedek Horváth, vingt cinq ans _ en 2016. Il en prolonge l’écho avec En rêveLiszt fait entendre à la reprise un glas que tant de pianistes oublient de faire sonner ; pas lui. Musiques de cloches _ et à quand Ligeti ?.. _, art de la résonance, mise en espace des claviers divers que savent susciter un emploi savant de la pédalisation, déjà rien qu’en cela, du grand art _ voilà.

Un jeune pianiste ? Un maître _ oui. Écoutez seulement l’orchestre qu’il déploie de son piano dans la plus littéraire, la plus habitée version d’Après une lecture du Dante que j’ai entendue depuis celle(s) de Claudio Arrau. Il y faut un clavier profond et des doigts héroïques, une armure de virtuose, une âme de poète ; il les a toutes deux. Voilà pour la preuve.

Mais pour l’esprit, qui se ressent et ne se prouve pas, la cantilène fragile qui ouvre En rêve de Liszt – une apparition juste inquiète comme il faut, un Füssli en sons –, la sélection si sentie opérée principalement dans les Deuxième et Troisième Cahiers de Pour les enfants de Bartók, vous en diront plus : ce piano en timbres, ces phrasés tendres mais sans sucre, cette grâce d’une suspension de l’harmonie au détour d’un accord, quelle grammaire, quel style à vingt-cinq ans !

Et si vous préférez le virtuose, l’Allegro barbaro de Bartók, la Sixième Rhapsodie de Liszt, tous deux dits à plein clavier, hantés par des verbunkos guerriers, déclamés, vous en apprendront plus, sans que jamais le musicien ne s’absente.

Pourtant, le sommet du disque reste selon moi la Sonate de Bartók, partition complexe que seul jusqu’alors Dino Ciani aura su incarner, motoriste et crâneur à la fois. Horváth y met une touche de grand fauve, creusant le clavier, jouant non d’un piano mais quasi d’un gamelan. Ce que faisait aussi Ciani, mais il lui en coûtait. Secret du hongrois _ un héritage de la langue ? _ : le tempo, qui lui donne tout le temps de glorifier le corps harmonique. Mais au fond, voilà le secret de son art : il joue non pas à deux mains mais à dix doigts. Cette plénitude du son ne s’explique pas autrement que par cette pratique qui transmue l’horizontalité du clavier en un orchestre.

Vite, une suite que je verrais bien chez Beethoven.

LE DISQUE DU JOUR

Bartok_Lisszt_Cover1110György Kurtág (né en 1926)


Les Adieux (in Janáceks Manier) (2 versions)


Franz Liszt (1811-1886)


Im Traum, S. 207
Après une lecture du Dante (No. 7, des Années de pèlerinage II,
S. 161)

Rhapsodie hongroise No. 6
en ré bémol majeur, S. 244/6


Béla Bartók (1881-1945)


Allegro Barbaro, Sz. 49, BB 63
Sonate pour piano, Sz. 80, BB 88
Pour les enfants, Sz. 42, BB 53 (sélection)

Benedek Horváth, piano

Un album du label Artalinna ATL-015

Photo à la une : © Jean-Baptiste MillotCDs Artalinna, 

Quel choc !

Jamais je n’avais aussi bien perçu, chez de merveilleux interprètes pourtant, le génie si singulier et vraiment extraordinaire de l’immense Leos Janacek _ le morave _ en ces 2 sonates pour piano,

que sous ces doigts magiques de Benedek Horvath !

Et voici, aussi, une vidéo (de 13′ 23) d’une interprétation de ce même magique « Dans les brumes » de Janacek, par Benedek Horvath, enregistré en concert le 10 novembre 2018

_ sur ce CD Artalinna AT L, la pièce dure 14′ 04 ; et le CD a été enregistré à l’église évangélique Saint-Marcel, à Paris, les 11-13 et 14 novembre 2018 ! Juste après cette prise en concert du 10 novembre 2018…

Chapeau bien bas, l’artiste !

Nous te suivrons désormais…

Ce jeudi 19 octobre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

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