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Le goût de l’alto à l’anglaise : un superbe Timothy Ridout sur les traces de l’excellent Lionel Tertris (1876 – 1975) : un voyage chantant de l’alto, qui fait du bien…

20mai

L’excellent altiste anglais Timothy Ridout (né à Londres en 1995) nous régale avec ses CDs _ pour Harmonia Mundi _ sur les traces de son excellent confrère altiste Lionel Tertris (West Hartlepool, 29 décembre 1876 – Londres, 22 février 1975),

avec d’abord le CD « Elgar, Viola Concerto – Bloch, Suite for viola and orchestra » _ le CD HMM 902618 _, avec Martyn Brabbins dirigeant le BBC Symphony Orchestra _ enregistré à Londres au mois d’avril 2022 _,

suivi du double CD « Timothy Ridout – A Lionel Tertris Celebration – original works and transcriptions for viola and piano of works of  Lionel Tertris, Ludwig van Beethoven, Felix Mendelssohn, Robert Schumann, Johannes Brahms, Gabriel Fauré, William Wolstenholme, Cecil Forsyth, Ralph Vaughan Williams, Fritz Kreisler, William Henry Reed, Frank Bridge, John Ireland, York Bowen, Rebecca Clarke et Eric Coates » _ le double CD HMM 905 376.77 _, avec les seuls pianistes Frank Dupree et James Baillieu _ enregistré à Londres aux mois de janvier et d’avril 2023…

Sur Timothy Ridout, sur Lionel Tertris et l’alto, et plus précisément sur ces deux (ou trois) passionnants CDs,

Jean-Charles Hoffelé, à l’excellente oreille musicale, a bien su focaliser notre attention avec ses articles « Timothy » du 7 janvier 2023,

et « Portrait complet » du 16 mai 2024 :

 

TIMOTHY

Passons à pieds joints sur le tour de force parfois pénible des Nuits d’été selon Michael Spyres : si son « baryténor » lui permet d’offrir chaque mélodie dans sa tonalité originale, les dotant d’un français plus étudié que naturel, comment ne pas entendre que les notes lui résistent pourtant, plus que les sentiments d’ailleurs : Sur les lagunes est vraiment bien senti, et évidemment John Nelson met à son orchestre une poésie, un art d’évoquer qui suffisent à rendre l’écoute attractive.

Pourtant, lorsque l’alto de Timothy Ridout murmure la première méditation de Byron de son archet diseur, soudain ce personnage qui manquait aux Nuits d’été parait. Il ne quittera plus l’auditeur au long de cet Harold en Italie débarrassé de toute grandiloquence jusque dans les tonnerres de l’orgie de brigands, voyage dans des paysages dont l’orchestre de peintre rêvé par Berlioz s’incarne enfin avec toutes ses subtilités : décidément les Strasbourgeois y sont étonnants, tout comme hier dans la Messe Glagolitique de Janáček. Mais c’est d’abord la sonorité ambrée du jeune altiste anglais qui vous cueillera _ voilà.

Cet ambre des cordes, ce fluide de l’archet, quel altiste les aura possédés avant lui ? Lionel Tertis, et comme Tertis Timothy Ridout sait ce que chanter suppose _ voilà ! _, le phrasé, les mots imaginaires derrière les notes, les couleurs pour les émotions. Justement, il grave la transcription que Tertis réalisa à son usage _ d’altiste ! _ du Concerto pour violoncelle d’Elgar, le compositeur l’ayant adoubée jusqu’à diriger la création de ce que l’altiste espérait _ avec sa transcription du violoncelle à l’alto… _ comme un ajout majeur _ oui !  _ au répertoire de l’instrument.

Las, cette mouture singulière ne s’imposa pas, affaire de sonorité certainement, l’alto de Tertis était un mezzo haut et sa transcription tire à l’aigu, mais justement la sonorité claire de Timothy Ridout retrouve l’esprit _ voilà ! _ de celle du transcripteur et dans l’orchestre savamment allégé par Martyn Brabbins donne à l’œuvre une couleur nostalgique émouvante _ qui nous touche très en profondeur, en effet…

Contraste total _ oui… _ avec la Suite pour alto et orchestre aux couleurs extrêmes orientales que Bloch composa en 1919. C’est l’univers balinais qui ouvre le voyage (initialement Bloch avait intitulé le premier mouvement « Jungle »), le compositeur emportant son alto dans un orchestre hautement évocateur.

L’œuvre est demeurée rare, même au disque, elle culmine dans les lacis vénéneux d’un Nocturne ténébreux, moment magique où le jeune altiste déploie une incantation inquiète, phrasée pianissimo, d’une poésie fascinante, hypnose et sortilèges. Quelle œuvre ! _ absolument ; Ernest Bloch est un immense compositeur…

LE DISQUE DU JOUR

Hector Berlioz (1803-1869)


Les nuits d’été, Op. 7, H. 81
Harold en Italie, Op. 16, H. 68

Timothy Ridout, alto
Michael Spyres, ténor
Orchestre Philharmonique de Strasbourg
John Nelson, direction

Un album du label Erato 5054197196850

Sir Edward Elgar (1857-1934)


Concerto pour violoncelle et orchestre en mi mineur, Op. 85 (arr. pour alto : Lionel Tertis)


Ernest Bloch (1880-1959)
Suite pour alto et orchestre, B. 41

Timothy Ridout, alto
BBC Symphony Orchestra
Martyn Brabbins, direction

Un album du label harmonia mundi HMM902618

Photo à la une : l’altiste Timothy Ridout – Photo : © Kaupo Kikkas

PORTRAIT COMPLET

Qui connaît encore Lionel Tertris _ 1876 – 1975 _ ? L’alto solo de Sir Thomas Beecham, dont la sonorité légendaire produite par le grand instrument (43 cm de long) inspira tant de compositeurs _ voilà _ possédait d’abord un art du chant _ voilà ! _ comme venu d’un autre temps. Un altiste ? Une mezzo-soprano quasiment _ et c’est cela qui nous touche….

C’est à ce vocaliste des cordes _ belle expression _ que Timothy Ridout rend un hommage aussi éloquent que parfait _ oui, oui, vraiment ! _, n’hésitant pas à éditer voir à compléter certaines partitions, illustrant le répertoire romantique que Tertis remit au goût du jour, piochant dans les nombreux arrangements pour son instrument que Tertis réalisa durant l’entre-deux-guerres, période féconde qui verra aussi la floraison d’œuvres suscitée par son art.

Pure merveille _ oui ! _, la Sonate de Bowen qui ouvre l’album, les deux pièces brèves de Bridge, la Suite en folksongs de Vaughan Williams où l’archet du jeune homme chante à tue-tête, nuance les phrasés, arde les rythmes _ voilà, voilà…

On goûtera sa touche subtile dans les deux Kreisler, son art diseur dans la splendide Rhapsody de William Henry Reed, dans tant d’autres pages qui seront autant de révélations, mais courrez à la géniale _ oui, oui !Sonate de Rebecca Clarke qui referme ce voyage dans une alliance subtile, entre l’archet véloce du jeune homme et le piano orchestre de James Baillieu _ que j’ai personnellement découvert accompagnant Martin James Bartlett…

LE DISQUE DU JOUR

A Lionel Tertis Celebration

CD 1


York Bowen (1884-1961)


Sonate pour alto et piano
No. 1 en ut mineur, Op. 18


Lionel Tertis (1875-1975)


Sunset


Frank Bridge (1879-1941)


Pensiero, H. 53/1
Allegro appassionato, H. 82


Johannes Brahms (1833-1897)


Minnelied, Op. 71 No. 5 (version pour alto et piano : Lionel Tertis)


Robert Schumann (1810-1856)


Romance en fa dièse majeur, Op. 28 No. 2 (version pour alto et piano : Lionel Tertis)


Gabriel Fauré (1845-1924)


Élégie en ut mineur, Op. 24 (version pour alto et piano : Lionel Tertis)


William Wolstenholme (1865-1931)


Allegretto en mi bémol majeur, Op. 17 No. 2


Fritz Kreisler (1875-1962)


Liebesleid (version pour alto et piano : Timothy Ridout)
Praeludium et Allegro dans le style de Pugnani (version pour alto et piano : Alan Arnold & Timothy Ridout)

CD 2


William Henry Reed (1876-1942)


Rhapsody


Eric Coates (1886-1957)


First Meeting (Souvenir)


Ralph Vaughan Williams (1872-1958)


Six Studies in English Folk Song


Cecil Forsyth (1870-1941)


Chanson celtique


John Ireland (1879-1962)


The Holy Boy (No. 3, extrait des « Preludes for Piano » ;
version pour alto et piano : Lionel Tertis)


Felix Mendelssohn Bartholdy (1809-1847)


Lied ohne Worte, Op. 19b No. 1. Andante con moto, MWV U 86
(version pour alto et piano : Lionel Tertis)


Lionel Tertis (1875-1975)


Hier au soir


William Wolstenholme (1865-1931)


The Question, Op. 13 No. 1 (version pour alto et piano : Lionel Tertis)


York Bowen (1884-1961)


Obbligato to Beethoven’s « Moonlight » Sonata


Rebecca Clarke (1886-1979)


Sonate pour alto et piano


Timothy Ridout, alto
Frank Düpree, piano (CD 1)
James Baillieu, direction (CD 2)

Un album de 2 CD du label harmonia mundi HMM905376.77

Photo à la une : l’altiste Timothy Ridout – Photo : © Jiyang Chen

 

 

Un voyage chantant de l’alto qui fait beaucoup de bien…


Ce lundi 20 mai 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

La pure joie Mendelssohn : une « somme admirable », un « coffret unique » de 40 CDs, le coffret « Mendelssohn – The Great Edition », de Warner Classics…

08avr

« Somme admirable« , « coffret unique« , ainsi que « hautement recommandé » en conclusion de son lumineux article « Mises en boîte : Copland – Mendelssohn » du 10 mars dernier par Jean-Pierre Rousseau

sur son très précis et, plus qu’utile, très précieux blog pour tout vrai mélomane et discophile passionné,

c’est au sein du CD 13 sur les 40 que compte ce splendide indispensable coffret, que j’élis, enchanté, l’interprétation par les Quatuors Kreutzberger et Eder réunis _ un enregistrement Warner Classics réalisé à Riehen du 19 au 22 décembre 1989 _, du génialissime Octuor Op. 20 MWV R 20 (d’une durée, ici, de 31′ 03) de Felix Mendelssohn :

une œuvre que personnellement _ cf par exemple mon article «  » du 29 juillet 2020 ; ainsi qu’auparavant « «  en date du 17 octobre 2009, et dans lequel je prenais soin d’ajouter : « Est parue aussi, cette année 2009, une très belle version de l’ »Octuor » de Georges Enesco, pour orchestre, réalisée par le chef Lawrence Foster, et interprétée tout aussi brillamment par l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, dirigé par Lawrence Foster » (en un très beau CD Virgin Classics « Enescu String Octet – Violin Sonata N° 3 » : n° 50999 519312 2 3) » : une oeuvre dans la filiation directe du chef d’oeuvre de Mendelssohn _ je porte au pinacle de toute la musique…

Et je me suis permis d’ajouter en modeste commentaire, au bas de ce splendide aperçu de ce coffret Mendelssohn du label Warner Classics, détaillé en son article par Jean-Pierre Rousseau, la remarque suivante ;

Francis LIPPA

Immense merci pour cette belle et utile recension.

Je recommande pour ma part la sublimissime (et inégalée) interprétation du « Concerto pour violon, piano et Orchestre à cordes en ré mineur » par Gidon Kremer, Martha Argerich et l’Orpheus Chamber Orchestra (DG 427 338-2, paru en 1989) ;
ainsi que toute la musique de piano par Roberto Prosseda (au moins 10 CDs Decca, entre 2005 et 2015), le meilleur, et de loin…
_ cf mon blog Mollat « En cherchant bien », avec en dernier lieu mon article du 3 mars 2018 : «  »…

Ainsi que le très beau CD de Cyril Huvé (Paraty 208.106, paru en 2009).

Francis Lippa
vice-président de la Société de Philosophie de Bordeaux

Felix Mendelssohn, ou la joie.

Ce lundi 8 avril 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Deux avis bien distincts sur le récent CD Mendelssohn « Lieder ohne Worte » d’Igor Levit ; pour une approche de l’idiosyncrasie du génie mendelssohnien……

22fév

Voici ces deux avis :

_ celui de Jean-Charles Hoffelé, avant-hier mardi 20 février, sur son site Discophilia, et sous le sobre intitulé « 7 octobre » ;

_ et le mien, sur mon blog « En cherchant bien« , le jeudi 8 février dernier, et sous l’intitulé moins sobre « « …

7 OCTOBRE

Igor Levit avait probablement pensé payer son écot au piano de Mendelssohn, mais les crimes de masse perpétrés par les Palestiniens dans les kibboutz du sud d’Israël _ le 7 octobre 2023 _ auront tendu un voile funèbre sur le projet qu’ils auront, semble-t-il, hâté.

La pianiste, dont on voit au recto du disque, la main se refermant sur une étoile de David qui manque d’en tomber, s’en explique dans un bref texte qui ne doit pas excuser la moire univoque _ voilà ! _ dont les poésies mélancoliques de Mendelssohn se trouvent uniment obscurcies.

Des gondoles sans Venise, des romances toutes _ uniment _ nocturnes, une sélection trop brève _ certes _, un Alkan ajouté (La chanson de la folle au bord de la mer) qui, sous d’autres doigts, aura et l’amertume et l’étrange, mais qui gagné ici par ce deuil n’est plus qu’une _ réductive _ rumination, font un disque sinistre _ voilà l’avis _ où seul le toucher intime qui est le secret de l’art d’un pianiste qu’on a cru intellectuel et démonstratif (ce qui est son opposé) émeut _ oui ! _ malgré la grisaille, le constant _ uniforme climat _ entre chien et loup _ ou nuit et brouillard…

Et si _ plutôt qu’à Mendelssohn _ on rangeait l’album _ trop subjectif et circonstanciel, donc _ à Levit ?

LE DISQUE DU JOUR

Felix Mendelssohn-
Bartholdy
(1809-1847)


Lieder ohne Worte, Op. 19b
(4 extraits : I. Andante con moto ;
II. Andante espressivo ; IV. Moderato ; VI. Andante sostenuto)

Lieder ohne Worte, Op. 30
(3 extraits : I. Andante espressivo ;
III. Adagio non troppo ; VI. Allegretto tranquillo)

Lieder ohne Worte, Op. 38
(2 extraits : II. Allegro non troppo ; VI. Andante con moto)

Lieder ohne Worte, Op. 53 (2 extraits : IV. Adagio ; V. Allegro con fuoco)
Lieder ohne Worte, Op. 62 (2 extraits : III. Andante maestoso ; V. Andante con moto)
Lieder ohne Worte, Op. 102 (extrait : I. Andante un poco agitato)


Charles-Valentin Alkan (1813-1888)


La chanson de la folle au bord de la mer, Op. 31 No. 8

Igor Levit, piano

Un album du label Sony Classical 196588789823

Photo à la une : © Sony Classical

Le charme absolu, très prenant et très tendre, des « Lieder ohne Worte » de Felix Mendelssohn, en un choix de 14 pièces, par Igor Levit, en un parfait CD, tout fraîchement enregistré à Berlin au mois de décembre dernier…

— Ecrit le mardi 6 février 2024 dans la rubriqueBlogs, Musiques”.

Retrouver le charme très prenant et très tendre, voilà, des « Lieder ohne Worte« de Felix Mendelssohn, en une anthologie de 14 d’entre eux, puisés aux Op. 19, 30, 38, 53, 62 et 102 du maître,

sous les doigts justement délicats _ voilà _ d’Igor Levit,

en un CD Sony Classical 19658878982 tout fraîchement enregistré à Berlin les 3 et 4 décembre 2023 pour paraître le 26 janvier 2024

_ en une forme de réponse sienne au massacre du 7 octobre dernier : « And, at some point, it became clear that I had no other tools than to react as an artist. I have the piano, I have my music. And so the idea came to me to record these works, Mendelssohn’s« Songs Without Words » (…)  It is my artistic reaction  – as a person, as a musician, as a Jew – to what I have felt in the past few weeks and months. Or, to put it more precisely, it is one of many reactions that came to mind  » ; écouter et regarder cette brève vidéo de présentation par Igor Levit lui-même…

Je dois immédiatement ajouter cependant ici que rien, rien de rien, surtout, ne s’entend _ à mes oreilles du moins _ des terrifiantes atroces circonstances (et retentissements) qui ont conduit Igor Levit à ce parfait enregistrement-ci au Teldex Studio de Berlin les 3 et 4 décembre derniers, du sublime classicisme (mozartien ?..) de Felix Mendelssohn à son apogée de poésie (apollinienne ?..) de ces sublimissimes, si parfaitement dénuées du moindre pathos, 14 « Lieder ohne Worte« … Le choix d’une toute simple musique _ voilà _ pour l’éternité, très humblement parfaitement servie ici, voilà, par l’interprète, tout simplement, comme il se doit… _,

est un très délicat et modeste délice : écoutez donc…

Qui me rappelle aussi mon affection personnelle _ superlative ! _ pour le jeu magnifique et idéal de Roberto Prosseda, dans tout l’œuvre pour piano _ une intégrale génialissime ! et pas assez diffusée, tout spécialement en France… _ de l’immense probe et humble Felix Mendelssohn

_ et en cette occurrence-ci le parfait _ voilà ! _ double CD Decca 476 6796 des 57 « Lieder ohne Worte » (8 x 6 = 48 + 7 restés sans numéro), enregistré à Aci Reale, en Sicile, au pied de l’Etna, aux mois de janvier et mars 2008 ; cf le témoignage-constat de mon bref article du 3 mars 2018 :  « « , et écoutez aussi ceci

Tout simplement servir la grâce humble et modeste, heureuse et tranquille, intérieure et sereine, toute pure, de Felix Mendelssohn…

Ce mardi 6 février 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Pour une fois, mon appréciation personnelle de l’interprétation diffère de celle de Jean-Charles Hoffelé

_ peut-être un peu trop impressionné par le choix, et de la photo de couverture du CD, et des mots brefs de l’interprète dans le très mince livret du CD…

Ce jeudi 22 février 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le charme absolu, très prenant et très tendre, des « Lieder ohne Worte » de Felix Mendelssohn, en un choix de 14 pièces, par Igor Levit, en un parfait CD, tout fraîchement enregistré à Berlin au mois de décembre dernier…

06fév

Retrouver le charme très prenant et très tendre, voilà, des « Lieder ohne Worte«  de Felix Mendelssohn, en une anthologie de 14 d’entre eux, puisés aux Op. 19, 30, 38, 53, 62 et 102 du maître,

sous les doigts justement délicats d’Igor Levit,

en un CD Sony Classical 19658878982 tout fraîchement enregistré à Berlin les 3 et 4 décembre 2023 pour paraître le 26 janvier 2024

_ en une forme de réponse sienne au massacre du 7 octobre dernier : « And, at some point, it became clear that I had no other tools than to react as an artist. I have the piano, I have my music. And so the idea came to me to record these works, Mendelssohn’s « Songs Without Words » (…)  It is my artistic reaction  – as a person, as a musician, as a Jew – to what I have felt in the past few weeks and months. Or, to put it more precisely, it is one of many reactions that came to mind  » ; écouter et regarder cette brève vidéo de présentation par Igor Levit lui-même…

Je dois immédiatement ajouter cependant ici que rien, rien de rien, surtout, ne s’entend des terrifiantes atroces circonstances (et retentissements) qui ont conduit Igor Levit à ce parfait enregistrement-ci au Teldex Studio de Berlin les 3 et 4 décembre derniers, du sublime classicisme (mozartien ?..) de Felix Mendelssohn à son apogée de poésie (apollinienne ?..) de ces sublimissimes, si parfaitement dénuées du moindre pathos, 14 « Lieder ohne Worte« … Le choix d’une toute simple musique pour l’éternité, très humblement parfaitement servie ici, voilà, par l’interprète, tout simplement, comme il se doit… _,

est un très délicat et modeste délice : écoutez donc…

Qui me rappelle aussi mon affection personnelle pour le jeu magnifique et idéal de Roberto Prosseda, dant tout l’œuvre pour piano de l’immense probe et humble Felix Mendelssohn

_ et en cette occurrence-ci le parfait double CD Decca 476 6796 des 57 « Lieder ohne Worte » (8 x 6 = 48 + 7 restés sans numéro), enregistré à Aci Reale, en Sicile, au pied de l’Etna, aux mois de janvier et mars 2008 ; cf le témoignage-constat de mon bref article du 3 mars 2018 :  « « , et écoutez aussi ceci…

Tout simplement servir la grâce humble et modeste, heureuse et tranquille, intérieure et sereine, toute pure, de Felix Mendelssohn…

Ce mardi 6 février 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

L’enchantement du « Concerto en sol majeur » de Maurice Ravel par le merveilleux Francesco Piemontesi, avec l’Orchestre de la Suisse romande dirigé par Jonathan Nott : une réussite absolue !

10déc

La réception, hier samedi 9 décembre, du CD Pentatone PTC 5186 949 « Schoenberg – Messiaen -Ravel » de l’admirable Francesco Piemontesi, avec l’Orchestre de la Suisse romande sous la direction idéalement idoine de Jonathan Nott,

soit le CD Pentatone PTC 5186 949,

que j’avais stupidement laissé passer à sa sortie à l’automne 2022 _ enregistré à Genève en novembre 2020, pour le Ravel, en décembre 2020 pour le Messiaen, et février 2021 pour le Schoenberg… _ et commandé le mois de novembre dernier,

vient d’enchanter mon écoute !

Quel justissime Ravel !!!

Et en forme de bonus, voici une superbe vidéo _ à 40′ 40 des 63′ du concert enregistré à Genève le 2 décembre 2020, qui comporte de Felix Mendelssohn l’« Ouverture pour vents en ut majeur Op. 24«  et « Mer calme et heureux voyage, Ouverture en ré majeur Op. 27« , et d’Olivier Messiaen « Oiseaux exotiques pour piano et orchestre« , mais pas le « Concerto pour piano 0p. 42«  d’Arnold Schönberg…  _ de ce même Concerto pour piano et orchestre en sol majeur de Maurice Ravel par Francesco Piemontesi, Jonathan Nott et l’Orchestre de la Suisse Romande _ très peu de jours après leur enregistrement, en novembre 2022, pour ce CD Pentatone…

Et voici, encore, sous l’excellent titre de « Modern style« , l’article idéalement judicieux _ bien qu’un brin succinct… _ qu’a consacré à ce magistral CD « Schoenberg – Messiaen -Ravel » Pentatone PTC 5186 949, le très fin Jean-Charles Hoffelé en sa chronique « Discophilia » pour Artamag, en date, lui, du 21 septembre 2022 :

MODERN STYLE

Dans la section centrale de l’Allegramente _ du « Concerto en sol majeur » de Maurice Ravel _, Francesco Piemontesi exhume le blues que beaucoup ne veulent pas y voir _ Ravel revenait d’une très brillante tournée aux États-Unis _, savourant les mystères d’un orchestre trouble comme un alcool _ et c’est là excellemment vu... Dans un programme aussi tourné vers la modernité _ et c’est bien là le fil rouge de ce très original CD pour l’excellent label Pentatone… _, son Concerto en sol détaillé et profond sonne comme un contrepied, magnifique objet de pur plaisir sonore _ oui, oui ! _ qui prend tout son temps _ en une subtile composition de dionysiaque et d’apollinien. Ah! Ravel…

Le délire mécanique des Oiseaux exotiques _ d‘Olivier Messiaen _ n’en sera que plus cassant, un autre monde, dont l’orchestre bruitiste réglé au cordeau _ oui ! _ par Jonathan Nott avive les arrêtes _ voilà. Fascinants oiseaux de plexiglas, qui refusent d’entrer dans les classiques du XXe siècle, auxquels le pianiste apporte toute sa science _ magnifique et sereine de maîtrise _ de coloriste _ oui.

À rebours, les quatre épisodes – on peut difficilement les qualifier de mouvements – du Concerto de Schönberg sont joués comme autant de nostalgie _ Schönberg a 66 ans en 1942 _ d’un temps _ viennois _ révolu : fascinante la valse disloquée de l’Andante qui semble déjà en cours à la première mesure, irritant le faux foxtrot du Molto allegro, avant la méditation façon Bach de l’Adagio ouvert par ce choral de bois et de cordes comme venu d’un autre monde. Les petits fugatos du Giocoso referment dans une suractivité douce-amère cette lecture fascinante d’une œuvre insaisissable et qui entend bien le rester _ probablement.

LE DISQUE DU JOUR

Maurice Ravel (1875-1937)
Concerto pour piano et orchestre en sol majeur, M. 83
Olivier Messiaen (1908-1992)
Oiseaux exotiques
Arnold Schönberg (1874-1951)
Concerto pour piano et orchestre, Op. 42

Francesco Piemontesi, piano
L’Orchestre de la Suisse Romande
Jonathan Nott, direction

Un album du label Pentatone PTC5186949
Acheter l’album sur le site du label Pentatone ou sur Amazon.fr – Télécharger ou écouter l’album en haute-définition sur Qobuz.com

Photo à la une : le pianiste Francesco Piemontesi – Photo : © Marco Borggreve

Bravissimo !!!

Ce dimanche 10 décembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

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