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Jouir en toute plénitude de « Tutti i Madrigali » (de 1587 à 1638) de Claudio Monteverdi dans le magnifique coffret de 11 CDs Naïve OP 7547 du Concerto Italiano de Rinaldo Alessandrini, enregistrés de mai 1993 à janvier 2021…

17déc

Le Coffret de 11 CDs Naïve OP 7547 « Tutti i Madrigali » de Claudio Monteverdi par le Concerto Italiano de Rinaldo Alessandrini, paru le 3 novembre dernier,

est un incontestable monument musical.

Claudio Monteverdi (Crémone, 15 janvier 1567 – Venise, 29 novembre 1643) a publié 8 livres de Madrigaux (en 1587, 1590, 1592, 1603, 1605, 1614, 1619 et 1638) ;

auxquels s’ajoute un neuvième, posthume, publié en 1651 _ sur une période de  51 ans, et même 64 ans en tenant compte du livre posthume.

Or, les enregistrements de ces 9 Livres de Madrigaux de Claudio Monteverdi par le Concerto Italiano sous la direction de Rinaldo Alessandrini, s’étalent sur une période de 28 ans, allant de mai 1993 à janvier 2021 :

 

_ d’une part, de mai 1993 à décembre 2005 pour les Livres 4, 2, 5, 8 et 6 ;

_ et, d’autre part, de mai-juin 2019 à janvier 2021, pour les Livres 3, 7, 9 et 1 ;

_ avec, il faut le souligner, un enregistrement charnière, en avril 2016, à Caserte, pour 3 pièces capitales du Livre 8 (un Livre déjà enregistré en février 1997, janvier 1998 et décembre 2005) :

le « Combattimento di Tancredo i Clorinda » _ écouter ici le podcast d’une durée de 22′ 10 _,

le « Lamento della Ninfa » _ regarder ici la vidéo d’une durée de 4′ 45 _,

et le Madrigal « Hor che’l ciel e la terra«  écouter ici le podcast d’une durée de 10′ 27…


Voici l’article que Jean-Charles Hoffelé vient de consacrer à ce magistral coffret Naïve, sous le titre explicite de « Tutti i Madrigali« , sur son site Discophilia, avant-hier 15 décembre 2023 : 

TUTTI I MADRIGALI

Contrairement à La Venexiana qui aura prestement bouclé _ entre janvier 1998 et juillet 2006 _ son intégrale quasi expressionniste _ le coffret de 11 CDs Glossa GCD 920929 : à ré-écouter, bien sûr ! _, Rinaldo Alessandrini et son Concerto Italiano auront frôlé les trois décennies _ entre mai 1993 et janvier 2021 _ pour assembler tous les Livres et les réunir dans cette boîte essentielle _ oui _, naïve reprenant les Livres parus chez Opus 111, chez Arcana _ et pieusement thésaurisés… _, le chef ayant parfois substitué des versions plus récentes pour certains madrigaux tirés des albums que j’ai chroniqués ici même et qui proposaient autant d’itinéraires libres dans un univers dont chaque affect, chaque mélisme, les mots, les souffles, les couleurs, prouvent une adéquation idéale _ voilà.

Depuis, Les Arts Florissants, surtout Philippe Herreweghe et son Collegium Vocale, ont apporté d’autres éclairages, mais sont encore loin d’avoir bouclé le cycle _ mais pour moi, et tant importent ici et la culture et la langue, seuls des Italiens se révèlent idoines !

Pourtant, ils ne diminueront probablement pas le sentiment d’évidence _ oui _ qui se dégage de ces onze galettes, cette conscience si prégnante de l’harmonie, l’équilibre _ voilà _ entre le souci esthétique et la puissance des textes qui culmine dans un Combattimento historique _ oui _, tout entier porté par le Testo de Raffaele Giordani, la pure beauté des voix et la violence des sentiments, la suavité et la stupeur, un univers que Monteverdi aura porté à son acmé, renouvelant le genre, l’immergeant dans un théâtre des passions tout entier enclos ici. Définitif.

LE DISQUE DU JOUR

Claudio Monteverdi
(1567-1643)


Il primo libro de madrigali a cinque voci, SV 23–39
Madrigali e canzonette a due, e tre, voci … libro nono,
SV 168–178

Il secondo libro de madrigali a cinque voci, SV 40–59
Il terzo libro de madrigali a cinque voci, SV 60–74
Il quarto libro de madrigali, SV 75–93
Il quinto libro de madrigali, SV 94–106
Il sesto libro de madrigali a cinque voci, SV 107-116
Concerto: settimo libro de madrigali, SV 117–145
Madrigali guerrieri, et amorosi, … libro ottavo, SV 146–167

Concerto Italiano
Rinaldo Alessandrini, direction

Un coffret de 11 CD du label naïve OP 7547

Photo à la une : Rinaldo Alessandrini – Photo : © DR

Voici aussi,

sur le site de Classiquenews,

un entretien avec Rinaldo Alessandrini d’Alban Deags, en date du 4 décembre dernier, à propos de ce même coffret Naïve :

ENTRETIEN avec Rinaldo ALESSANDRINI à propos de son intégrale des Madrigali de Claudio Monteverdi que fait paraître l’éditeur Naïve sous la forme d’un coffret événement, incontournable pour Noël 2023.

Que représente cette intégrale réalisée pendant 30 ans ? Comment le Concerto Italiano a abordé la langue montéverdienne en un geste interprétatif décisif ? Et dans quelle stratégie instrumentale et linguistique ? En quoi les madrigaux de Monteverdi sont-ils essentiels pour l’élaboration de l’écriture baroque ? En quoi ont-ils favorisé l’émergence de l’opéra ? Quelle expérience en a tiré lui-même Rinaldo Alessandrini ? 

 

CLASSIQUENEWS : Comment expliquez de votre point de vue la réussite et l’accueil positif de votre intégrale des madrigaux ?

RINALDO ALESSANDRINI : Je ne pense pas être en mesure d’expliquer les raisons d’un accueil aussi positif. Généralement nous essayons de travailler pour obtenir le meilleur résultat possible, en espérant que cela plaise au plus grand nombre. En ce sens, les critiques négatives peuvent parfois être incompréhensibles, même s’il faut tenir compte des goûts individuels et donc de la possibilité que quelqu’un n’aime pas notre travail. Mais il ne fait aucun doute que l’accueil positif réservé à notre travail nous plaît et nous dit que le travail a été bien fait.

CLASSIQUENEWS : Parmi les madrigaux sans instruments, lesquels vous semblent les plus marquants et représentatifs ?

RINALDO ALESSANDRINI : Il est très difficile d’identifier « le meilleur de » dans plus de deux cents madrigaux, surtout ceux sans instruments. Il faut également tenir compte du fait que le style monteverdien s’est transformé à plusieurs reprises _ oui ; et la notice du coffret rédigée par Rinaldo Alessandrini le détaille superbement… _ au cours de sa vie. Tous les madrigaux ne s’expriment pas de la même manière, utilisant des stratégies expressives et linguistiques très différentes. Il y en a de très connus, mais parmi les moins connus, il y en a (beaucoup) d’une beauté absolue.

CLASSIQUENEWS : Parmi les derniers plus dramatiques avec instruments, quels sont ceux qui vous ont marqué le plus ?

RINALDO ALESSANDRINI : Peut-être « Hor che’l ciel e la terra » et « Vago augelletto » dans le huitième livre.

CLASSIQUENEWS : A travers les 8 Livres quelle évolution l’écriture de Monteverdi suit-elle ?

RINALDO ALESSANDRINI : Le langage de Monteverdi n’évolue pas (comme cela arrive toujours en musique), mais change en fonction des modes poétiques _ telle est donc la clé (poétique !) de ces changements. En ce sens, la relation entre poésie et musique ne sera jamais suffisamment considérée : l’importance et la présence de la poésie au XVIIe siècle sont quelque chose que nous ne connaissons pas aujourd’hui. Le style de Monteverdi est né de la réflexion d’un besoin de changement linguistique, qui conduirait le madrigal à devenir un véhicule d’émotions et de sentiments humains. La proximité de certains compositeurs, Luzzasco Luzzaschi _ ferrarais _ prémierement, et d’autres pour lesquels Monteverdi avait une grande estime, l’amène à réfléchir à une nouvelle manière de composer. L’influence de certains poètes (Tasso, Guarini, Marino, pour ne citer que les plus connus) ont créé les conditions pour la création de nouvelles stratégies musicales. Il faut également considérer que Monteverdi fut le seul compositeur à fixer des objectifs stylistiques à la fois dans le madrigal et dans l’opéra : aucun compositeur de madrigaux (au moins jusqu’au milieu du XVIIe siècle) n’a jamais composé d’opéras.

CLASSIQUENEWS : Sur le plan interprétatif, à quels défis avez-vous été confronté pour la réalisation du cycle entier ?

RINALDO ALESSANDRINI : Le cycle s’est achevé en 30 ans environ _ 28 ans : de mai 1993 à janvier 2021. Il est donc facile d’imaginer à quel point notre méthode de travail a changé au cours de cette période. Mais l’élément constant a toujours été l’adhésion au texte, selon des critères d’imitation et de création d’images sonores _ voilà. En ce sens, le travail sur le texte n’exclut pas, outre sa compréhension détaillée, l’étude de ses propriétés sonores et de prononciation. La pureté du son des voyelles de la langue italienne est un moyen idéal _ et c’est fondamental _ pour construire un son d’ensemble.

CLASSIQUENEWS : Y a t il des poèmes / des poètes que vous estimez mieux que d’autres ? Pourquoi ?

RINALDO ALESSANDRINI : Les choix poétiques ne peuvent être considérés comme séparés de la réalisation musicale _ bien évidemment… En ce sens, chaque texte mis en musique par Monteverdi semble être absolument parfait pour l’idée musicale avec laquelle le compositeur voulait donner du son aux paroles. Il faut aussi considérer que l’énorme diffusion de la poésie a donné à certains textes une grande popularité _ en effet. Très souvent, les choix des compositeurs ont privilégié certains textes en particulier, démontrant une plus grande fonctionnalité d’un point de vue musical. Il est donc difficile de porter un jugement sur la poésie indépendamment de la musique. Et il est certainement trivial de donner un avis positif sur la « Canzoniere » de Petrarca, sur le “Rime” du Tasso ou sur le « Pastor fido » de Guarini. Ce sont des œuvres universelles.

CLASSIQUENEWS : Sur quels critères avez-vous choisi les chanteurs ?

RINALDO ALESSANDRINI : En 30 ans d’enregistrement, l’équipe de chant a changé à plusieurs reprises. Chanter des madrigaux (ou de la musique d’ensemble) nécessite des compétences vocales et d’écoute différentes des autres répertoires. C’est un travail très proche de celui d’un quatuor à cordes _ oui : d’une extrême finesse d’écoute (et justesse) réciproque… _, où l’aspect technique du travail du son et de l’intonation prend du temps _ bien sûr. En ce sens, les chanteurs qui ont participé à nos travaux ont été choisis pour leur passion _ voilà _ pour ce répertoire ainsi que pour leur disponibilité technique.

CLASSIQUENEWS : Avec le recul que représente ce cycle dans votre travail musical ?

RINALDO ALESSANDRINI : Le travail sur le madrigal montéverdien a accompagné presque toute ma vie musicale _ voilà. Découvrir à quel point la musique peut être au service d’un texte est une expérience surprenante. En ce sens, Monteverdi est peut-être le meilleur professeur disponible.

CLASSIQUENEWS : En quoi le cycle est-il représentatif du Concerto Italiano?

RINALDO ALESSANDRINI : Le travail sur le madrigal de Monteverdi (et sur le madrigal en général) signifiait la redécouverte et la réappropriation d’une culture poétique et musicale pratiquement perdue avec l’opéra romantique : Verdi, par exemple, était l’un des détracteurs de Monteverdi _ tiens, tiens… L’apport (et la compétence) du travail linguistique est essentiel _ absolument ! _ dans le madrigal italien. Notre effort n’était pas seulement de redonner vie à la musique, mais de montrer clairement comment le madrigal intense, en tant que synthèse sublime de nombreux éléments culturels, nécessite une approche qui n’oublie aucun aspect _ en effet… _ lié à ces compositions.

Propos recueillis en novembre 2023 
Photos : Rinaldo Alessandrini, directeur musical du Concerto Italiano © Emilie Moysson

Voici aussi, et cette fois en date du 7 juillet 2017, sur le site ResMusica, un très intéressant article de Pierre Degott intitulé « Nuit, théâtre, histoires d’amour et de guerre avec Monteverdi et le Concerto italiano« ,

paru à l’occasion de la publication du CD charnière dans le parcours monteverdien de Rinaldo Alessandrini, enregistré en avril 2016 à Caserte,

et qui a probablement conduit Rinaldo Alessandrini à reprendre et achever _ en mai-juin 2019 pour le Livre 3, octobre 2020 pour les Livres 7 et 9, et  janvier 2021, pour le Livre premier _ ses enregistrements laissés, depuis 2005, inachevés, des Livres de Madrigaux de Claudio Monteverdi…

Nuit, théâtre, histoires d’amour et de guerre avec Monteverdi et le Concerto italiano

Ce dimanche 17 décembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Une oeuvre magnifique « oubliée » redécouverte en une interprétation irrésistible : le « double concerto pour violon, piano et orchestre » H. 342 de Bohuslav Martinů par Josef Špaček, Miroslav Sekera et l’Orchestre Symphonique de la Radio de Prague sous la direction de Petr Popelka, une nouvelle pépite indispensable du superbe label tchèque Supraphon…

14déc

Ce jeudi 14 décembre 2023, sous le titre de « Le Concerto oublié« , en son site Discophilia pour Artamag,

le bon Jean-Charles Hoffelé vient à son tour saluer et l’œuvre et l’interprétation du formidable « Double Concerto pour violon, piano et orchestre » H. 342 de Bohuslav Martinů (Polička, 8 décembre 1890 – Liestal – Suisse, 28 août 1959) _ composée en 1953  _,

chef d’œuvre et merveille d’interprétation que j’avais bien bas saluées en mes articles des 17 octobre et 15 novembre derniers :

« « 

et «  » …

LE CONCERTO OUBLIÉ

Ouvert sur un mystère _ oui _ avant l’efflorescence du violon (et comme Josef Špaček l’envole sur son magnifique Guarneri del Gesu, le « Le Brun »), l’Adagio vole en éclats dans un inextinguible vivo avant de s’épanouir en un bref choral, puis le mystère revient. Quelle œuvre ! _ absolument !!! _, que cet opus écrit pour Benno et Sylvia Rabinof par Bohuslav Martinů durant son exil américain, le moins connu de ses concertos, injustice qu’explique _ probablement _ la formation inhabituelle _ cf aussi cependant le semblable magnifique lui aussi « Double Concerto pour violon, piano et orchestre » de Johannes Brahms ; cf mon article «  » du 12 octobre dernier… _ pour laquelle il fut composé.

L’univers suractif de la 4e Symphonie y transparaît, écriture virtuose, giocoso des Allegros où Martinů réemploie avec habileté les principes du concerto grosso, mais contrairement à l’ultime symphonie (les « Fantaisies »), tout ici est irradié d’un vaste soleil _ absolument !

Interprétation irrésistible _ oui, oui, oui ! _ qui supplante celle de Bohuslav Matoušek, Karel Košárek et de Christopher Hogwood (Hypérion), affaire de style, de raptus _ oui _, simplement de brio. Josef Špaček et Miroslav Sekera ajoutent la Troisième Sonate, chef-d’œuvre de la série, elle aussi datant du temps des Amériques, avant de conclure avec les Cinq Pièces brèves iconoclastes, avec un peu de jazz et de tango, composées dans ce Paris des années trente où le jeune Martinů osait tout _ Bohuslav Martinů : un compositeur majeur qu’il importe d’absolument ré-évaluer au plus vite, comme son œuvre si riche, et si variée, le mérite !

LE DISQUE DU JOUR

Bohuslav Martinů
(1890-1959)


Concerto pour violon, piano et orchestre, H. 342
Sonate pour violon et piano No. 3, H. 303
5 Pièces brèves pour violon et piano, H. 184

Josef Špaček, violon
Miroslav Sekera, piano

Orchestre Symphonique de la Radio de Prague
Petr Popelka, direction

Un album du label Supraphon SU 4330-2

Photo à la une : le violoniste Josef Špaček – Photo : © Radovan Subin

Ce CD SU 4330-2 du magnifique label Supraphon constitue ainsi une formidable pépite indispensable à toute oreille exigeante mélomaniaque…


Ce jeudi 14 décembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Brillantissime et ultra-poétique CD Rachmaninov de Boris Giltburg avec le Brussels Philharmonic dirigé par Vassily Sinaisky…

12déc

Admirable Boris Giltburg dans les Concertos pour piano et orchestre n°1, Op. 1, et n°4, Op. 40, ainsi que la Rhapsodie sur un thème de Paganini, Op. 43 de Serguey Rachmaninov (Semionovo, 1er avril 1873 – Beverley Hills, 28 novembre 1843), avec le Brussels Philharmonic dirigé par Vassily Sinaisky, en un magnifiquement accompli CD Naxos 8.574528 ! _ enregistré à Bruxelles du 29 août au 1er septembre 2022…

Ainsi que vient bien le confirmer l’article « Coda et victoire«  de Jean-Charles Hoffelé, en date du 16 novembre dernier :

CODA ET VICTOIRE

A tempo pour l’anniversaire – on célèbre les cent-cinquante ans de la naissance (le 1er avril 1873) du compositeur russe – Boris Giltburg aura bouclé son intégrale des Concertos, dispersée jusque-là entre plusieurs orchestres et parue au long cours. Le dernier volume serait-il un aboutissement ? _ incontestablement.

Ce qui manquait à ses Deuxième et Troisième Concertos, le raptus, la concentration, on le trouvera ici _ voilà ! Admirable _ oui ! _ Premier Concerto (Giltburg choisit la version révisée comme pour le 4e), d’un parfait équilibre entre électricité et lyrisme _ oui _, joué avec un goût très sûr – l’élégance du Finale est irrésistible _ absolument !

Rhapsodie virtuose et cinglante _ en même temps _, où le pianiste déploie un jeu machiavélique, et surtout un Quatrième Concerto d’anthologie, empli d’une dimension méphistophélique _ voilà ! _, où le clavier danse, claironne, chante, admirable par sa volatilité, son art de changer de registre dans la seconde, suivi par un orchestre dont le chef accorde sa battue aux moindres inflexions de son soliste _ oui, oui, oui : écoutez ici ce podcast

C’est _ là, cet orchestre et ce chef _ l’autre atout de l’ultime volume d’une intégrale dispersée, Boris Giltburg aura trouvé trop tard des partenaires au niveau de sa vision _ bellissime _, espérer qu’il reprenne avec eux les deux autres concertos risque hélas de s’avérer un vœu pieux.

LE DISQUE DU JOUR

Sergei Rachmaninov
(1873-1943)

Concerto pour piano No. 1 en fa dièse mineur, Op. 1 (version 1917)
Rhapsodie sur un thème de
Paganini, Op. 43

Concerto pour piano No. 4 en sol mineur, Op. 40 (version 1941)

Boris Giltburg, piano
Brussels Philharmonic
Vassily Sinaisky, direction

Un album du label Naxos 8.574528

Photo à la une : le pianiste Boris Giltburg – Photo : © Sasha Gusov

Un pur régal discographique.

Ce mardi 12 décembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

L’enchantement du « Concerto en sol majeur » de Maurice Ravel par le merveilleux Francesco Piemontesi, avec l’Orchestre de la Suisse romande dirigé par Jonathan Nott : une réussite absolue !

10déc

La réception, hier samedi 9 décembre, du CD Pentatone PTC 5186 949 « Schoenberg – Messiaen -Ravel » de l’admirable Francesco Piemontesi, avec l’Orchestre de la Suisse romande sous la direction idéalement idoine de Jonathan Nott,

soit le CD Pentatone PTC 5186 949,

que j’avais stupidement laissé passer à sa sortie à l’automne 2022 _ enregistré à Genève en novembre 2020, pour le Ravel, en décembre 2020 pour le Messiaen, et février 2021 pour le Schoenberg… _ et commandé le mois de novembre dernier,

vient d’enchanter mon écoute !

Quel justissime Ravel !!!

Et en forme de bonus, voici une superbe vidéo _ à 40′ 40 des 63′ du concert enregistré à Genève le 2 décembre 2020, qui comporte de Felix Mendelssohn l’« Ouverture pour vents en ut majeur Op. 24«  et « Mer calme et heureux voyage, Ouverture en ré majeur Op. 27« , et d’Olivier Messiaen « Oiseaux exotiques pour piano et orchestre« , mais pas le « Concerto pour piano 0p. 42«  d’Arnold Schönberg…  _ de ce même Concerto pour piano et orchestre en sol majeur de Maurice Ravel par Francesco Piemontesi, Jonathan Nott et l’Orchestre de la Suisse Romande _ très peu de jours après leur enregistrement, en novembre 2022, pour ce CD Pentatone…

Et voici, encore, sous l’excellent titre de « Modern style« , l’article idéalement judicieux _ bien qu’un brin succinct… _ qu’a consacré à ce magistral CD « Schoenberg – Messiaen -Ravel » Pentatone PTC 5186 949, le très fin Jean-Charles Hoffelé en sa chronique « Discophilia » pour Artamag, en date, lui, du 21 septembre 2022 :

MODERN STYLE

Dans la section centrale de l’Allegramente _ du « Concerto en sol majeur » de Maurice Ravel _, Francesco Piemontesi exhume le blues que beaucoup ne veulent pas y voir _ Ravel revenait d’une très brillante tournée aux États-Unis _, savourant les mystères d’un orchestre trouble comme un alcool _ et c’est là excellemment vu... Dans un programme aussi tourné vers la modernité _ et c’est bien là le fil rouge de ce très original CD pour l’excellent label Pentatone… _, son Concerto en sol détaillé et profond sonne comme un contrepied, magnifique objet de pur plaisir sonore _ oui, oui ! _ qui prend tout son temps _ en une subtile composition de dionysiaque et d’apollinien. Ah! Ravel…

Le délire mécanique des Oiseaux exotiques _ d‘Olivier Messiaen _ n’en sera que plus cassant, un autre monde, dont l’orchestre bruitiste réglé au cordeau _ oui ! _ par Jonathan Nott avive les arrêtes _ voilà. Fascinants oiseaux de plexiglas, qui refusent d’entrer dans les classiques du XXe siècle, auxquels le pianiste apporte toute sa science _ magnifique et sereine de maîtrise _ de coloriste _ oui.

À rebours, les quatre épisodes – on peut difficilement les qualifier de mouvements – du Concerto de Schönberg sont joués comme autant de nostalgie _ Schönberg a 66 ans en 1942 _ d’un temps _ viennois _ révolu : fascinante la valse disloquée de l’Andante qui semble déjà en cours à la première mesure, irritant le faux foxtrot du Molto allegro, avant la méditation façon Bach de l’Adagio ouvert par ce choral de bois et de cordes comme venu d’un autre monde. Les petits fugatos du Giocoso referment dans une suractivité douce-amère cette lecture fascinante d’une œuvre insaisissable et qui entend bien le rester _ probablement.

LE DISQUE DU JOUR

Maurice Ravel (1875-1937)
Concerto pour piano et orchestre en sol majeur, M. 83
Olivier Messiaen (1908-1992)
Oiseaux exotiques
Arnold Schönberg (1874-1951)
Concerto pour piano et orchestre, Op. 42

Francesco Piemontesi, piano
L’Orchestre de la Suisse Romande
Jonathan Nott, direction

Un album du label Pentatone PTC5186949
Acheter l’album sur le site du label Pentatone ou sur Amazon.fr – Télécharger ou écouter l’album en haute-définition sur Qobuz.com

Photo à la une : le pianiste Francesco Piemontesi – Photo : © Marco Borggreve

Bravissimo !!!

Ce dimanche 10 décembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le son intensément profond de Lukas Genušias dans la version originale de la Sonate N°1, Op. 23, en 1907, de Sergei Rachmaninoff : une chaleur qui brule…

18nov

Le CD Alpha 997 « Rachmaninoff – Piano Sonata N°1 Original Version – Preludes Op. 32 » par Lukas Geniušas  _ né le 1er juillet 1990 à Moscou _, sur le piano Steinway D offert par Frederick Steinway lui-même à Sergei Rachmaninoff (Semeniovo, 1er avril 1873 – Beverly Hills, 28 mars 1943) pour son 60e anniversaire, en 1933,

et enregistré à la Villa Senar de Weggis, en Suisse, cette villa que Rachmaninoff se fit construire à partir de 1930, et où demeure toujours ce magistral meuble Steinway,

m’a été offert ;

et j’ignore si de moi-même la curiosité m’aurait poussé vers ce somptueux enregistrement de Lukas Geniušas,

dans lequel se perçoit le génie pianistique du compositeur _ en 1907, à Dresde _ en toute sa profondeur, et peut-être sauvagerie…

Voici ce qu’en dit fort bien Jean-Charles Hoffelé en sa chronique intitulée « Le Fantôme » d’il y a cinq jours, le 13 novembre dernier, sur son site Discophilia : 

LE FANTÔME

Une Sonate ? Une symphonie. Konstantin Igumnov, découvrant ce fleuve de musique, conseilla à Rachmaninov d’y tailler des allées, ce qu’il fit. Heureusement, Lukas Geniušas préfère rester fidèle à la version princeps que le compositeur avouait « sauvage et longue » _ 42′ 24. Diabolique surtout _ et génialement, oui _, vaste nocturne empli de visions où Rachmaninov épuise le grand meuble, composé à Dresde et fatalement plus russe que russe. Pourquoi ai-je donc toujours entendu dans ses tempêtes une proximité avec la ténèbre busonienne ?

Lukas Geniušas l’entendrait-il aussi, si sombre de jeu, de phrasés, si intensément inquiet dans les replis nocturnes où Rachmaninov suspend le temps, et soudain si violente _ oui. Des tempêtes oui, des divagations, tout un univers où le jeune homme raffine un clavier mystérieux, comme hanté _ voilà.

C’est celui de Rachmaninov, ce grand piano aux sonorités d’orgue que Frederick Steinway offrit au compositeur pour son soixantième anniversaire _ en 1933, donc _ et qu’il aura joué durant un peu moins de dix ans avant son installation _ en juin 1942 _ en Californie. Dans le silence de la Villa Senar _ sur les bords du lac des Quatre-Cantons, près de Lucerne _, Lukas Geniušas fait chanter l’immense Lento, beau sous ses doigts comme du Chopin, avant les torrents de notes de l’Allegro molto, et soudain j’ai le sentiment que la magie opère : Rachmaninov est là _ voilà ! _, dans sa dimension prométhéenne.

Quatre Préludes de l’Opus 32 font entendre l’orgue de couleur de cet admirable instrument, ajout merveilleux qui ne parvient pas à effacer la puissance obsessionnelle de la grande Sonate.

LE DISQUE DU JOUR

Sergei Rachmaninov
(1873-1943)


Sonate pour piano No. 1
en ré mineur, Op. 28


13 Préludes, Op. 32
(4 extraits : No. 2. Allegretto ;
No. 7. Moderato ; No. 8. Vivo ;
No. 13. Grave)

Lukas Geniušas, piano

Photo à la une : le pianiste Lukas Geniušas – Photo : © DR

Un cadeau particulièrement magnifique, donc,

tant pour l’œuvre que pour son interprétation…

Ce samedi 18 novembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

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