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Un passionnant et intense « Labo du chanteur » (= travail de mise en place d’une interprétation musicale) de Thomas Dolié, baryton, avec Stéphane Trébuchet au piano, autour des deux premières « Chansons madécasses » (1925) de Maurice Ravel : une assez singulière beauté à attraper…

12mai

Assister, voire participer si peu que ce soit

_ pour ma part je me souviens tout spécialement des séances d’enregistrement à l’abbatiale de Saint-Michel-en-Thiérache, l’été 1995, pour le CD EMI-Virgin « Un Portrait musical de Jean-de-La-Fontaine« , sous la direction formidablement compétente (et magnifiquement exigeante !) de Nicolas Bartholomée à la table numérique, dans la sacristie ; un CD dont, « conseiller artistique » d’Hugo Reyne et La Simphonie du Marais, j’étais le co-auteur du programme (ainsi que de 90% du texte de présentation du livret), à partir d’un an de passionnantes recherches sur l’œuvre intégral (en deux volumes de La Pléiade) de Jean de La Fontaine, eainsi que sur l’œuvre musical de Marc-Antoine Charpentier ; cf mon article du 3 jullet 2020 : « «  _

au travail de mise en place, en vue d’un concert et plus encore d’un enregistrement discographique,

est absolument passionnant :

nous pénétrons alors au plus vif et sensible, frémissant (et fragile) de la chair la plus intime des œuvres qu’il s’agit d’interpréter, porter, et servir au mieux…

Or c’est exactement à cela que hier à 17 heures, à la Machine à Musique – Lignerolles, Thomas Dolié _ cf ici la merveilleuse vidéo (de 3′ 21) du final délicieusement somptueux autant que malicieux de « L’Heure espagnole«  sous la direction de François-Xavier Roth, dans lequel (« Un financier et un poète« …) est ô combien manifeste le génie éclaboussant de Ravel ! : Thomas Dolié y est Ramiro, le brave muletier qui « dans les déduits d’amour a (lui aussi, mais oui) son tour«  _ a généreusement et très simplement, et même très humblement, convié à assister le public pour son « Atelier du chanteur » _ cf cette vidéo de présentation (de 1′ 58), enregistrée le 24 février 2020 _, avec le pianiste Stéphane Trébuchet, en son exigeante  préparation, en cours, d’un enregistrement des 3 « Chansons madécasses » (avril 1925 – avril 1926) de Maurice Ravel, dans le cadre d’une très prochaine Intégrale discographique de la musique avec piano de Ravel par François-Xavier Poizat (Grenoble, 18 août 1989), à paraître cette année-ci, 2024, pour l’excellent label Aparté, que dirige l’excellent Nicolas Bartholomée…

« Les Chansons madécasses » ne sont certes ni le plus couru, ni le plus aisé non plus, des recueils de mélodies de Maurice Ravel :

commandé par l’américaine Elisabeth Sprague Coolidge (Chicago, 30 octobre 1864 – Cambridge, 4 novembre 1953), cette œuvre singulière et audacieuse de Maurice Ravel _ réalisée d’avril 1925 à avril 1926 : la troisième pièce a même dû être rajoutée afin d’adoucir l’effroi de l’impression produite par les deux premières ; et selon les termes de la commande passée, pour Elisabeth Sprague Coolidge par le violoncelliste Hans Kindler, l’effectif assez singulier de la pièce (d’une durée d’environ 10′), devait comporter, en plus de la voix, un violoncelle, une flûte et un piano : ce fut donc là la base même de ce travail très original de composition de Ravel qui a aboutira aux 3 « Chansons madécasses« , ce chef d’œuvre tout à fait singulier, j’y insiste, de Maurice Ravel, selon ses propres dires… _, a été composée sur un choix bien précis par Ravel lui-même de 3 poèmes en prose _ mais oui ! parmi les tous premiers… _ d’Évariste de Parny (Saint-Paul, La Réunion, 6 février 1753 – Paris, 5 décembre 1814), de 1787 : pour répondre à l’effectif même, très original donc, de la commande …

Cf déjà, ici, la très précieuse note, à la page 1009 de l’indispensable « Intégrale de la Correspondance de Maurice Ravel » publiée par Manuel Cornejo, se référant ici au très précieux « Maurice Ravel » de Roland Manuel _ à la page 118 de l’édition de 1948 dont je dispose ; dans l’édition originale de 1938, c’était à la page 166.

Et c’est Roland-Manuel lui-même que je lis donc ici, en son récit de 1938 :

« Amateur décidé des bibelots façonnés sous la Révolution, le Directoire, l’Empire et la Restauration, Ravel avait acquis, lors de son installation à Montfort, entre une pendule gothique de 1820 et une théière étrusque, les œuvres complètes d’Évariste Parny en édition princeps. Comme il feuilletait le poème des Fleurs :

L’Ognon préfère un sol épais et gras,

Un sol léger suffit à la semence.

Confiez-lui votre douce espérance

Et de vos fleurs les germes délicats…

il reçut d’Amérique un câblogramme du violoncelliste Kindler qui lui demandait de composer, à l’intention de Mme Elisabeth S. Coolidge, un cycle de mélodies avec accompagnement, « si possible » de flûte, de violoncelle et de piano« .

Et Roland-Manuel alors de poursuivre :

« Toujours heureux, en bon mozartien, de se plier à un jeu dont une volonté étrangère avait fixé les règles, le musicien poursuivit bravement sa lecture de Parny, bien décidé à imposer aux chants du « Tibulle français » la compagnie d’un piano, d’une flûte et d’un violoncelle. Séduit par un exotisme très particulier et de tout point conforme à ses goûts, puisque la couleur locale en est quasiment absente, son choix s’arrêta sur les cinquième, huitième et douzième chansons madécasses.

De cette gageure est née la meilleure musique de chambre qui soit sortie de ses mains depuis la guerre : « Les trois Chansons madécasses me semblent apporter un élément nouveau, dramatique _ voire érotique _, qu’y a introduit le sujet même des chansons de Parny. C’est une sorte de quatuor où la voix joue le rôle d’instrument principal. La simplicité y domine. L’indépendance des parties [s’y affirme] que l’on trouvera plus marquée dans la sonate [pour violon et piano] » _ très précieux extrait de l’Esquisse biographique dictée par Ravel à ce même Roland-Manuel, à Monfort-l’Amaury, le 10 octobre 1928 (note de Manuel Cornejo à la page 1437 de son indispensable édition de l’Intégrale de la Correspondance de Maurice Ravel).

 Réduite ici à ses éléments essentiels, primitifs, mélodie, rythme et timbre, la musique échappe complètement à la tyrannie des accords. Et pendant que Ravel s’amuse à faire à rebours le chemin parcouru par les compositeurs de jazz ; pendant qu’il y découvre la musique nègre en partant du rythme syncopé et de la juxtaposition des médiantes majeure et mineure ; pendant que son violoncelle se divertit à contrefaire la calebasse en sons harmoniques pizzicato, son lyrisme, amoureux de la belle Nahandove, quitte un instant pour cette Vénus exotique les enchantements de la féérie, les tréteaux de la comédie et chante pour une fois l’ardeur des voluptés terrestres« …

Cf aussi le très détaillé chapitre intitulé « Désaveux » que, aux pages 576 à 590, en son admirable et inégalé « Maurice Ravel » _ paru aux Éditions Fayard en octobre 1986 _ consacre à ces « Chansons madécasses » Marcel Marnat (Lyon, 6 juillet 1933 _ Marcel Marnat a maintenant 90 ans)…

Sur les péripéties à rebondissements de la composition et création de ces 3 « Chansons madécasses » de Maurice Ravel, on peut aussi s’attacher au très intéressant détail résumé en cette notice :


Maurice Ravel 1925

Les Chansons madécasses sont un cycle de trois mélodies (NahandoveAouaIl est doux) composées par Maurice Ravel entre 1925 et 1926 pour voix moyenne (mezzo ou baryton), flûte, violoncelle et piano, sur des poèmes en prose éponymes, les Chansons madécasses d’Évariste de Parny.

Elles sont dédiées à Elizabeth Sprague Coolidge, mécène américaine du musicien. Le compositeur, à la fin de sa vie créatrice, répéta à plusieurs reprises que de toutes les œuvres qu’il avait composées, c’est de ces Chansons qu’il était le plus fier. L’œuvre porte la référence M.78, dans le catalogue des œuvres du compositeur établi par le musicologue Marcel Marnat. La durée d’exécution de l’œuvre oscille entre treize et quatorze minutes.

Histoire de l’œuvre

La création s’est faite en plusieurs étapes : tout d’abord, la seule seconde des Chansons madécasses, Aoua, a été donnée lors de deux auditions privées organisées par la commanditaire et dédicataire Elisabeth Sprague Coolidge, le 24 mai 1925 à l’Hôtel Majestic de Paris, puis le 28 mai 1925 à Londres, les deux fois avec pour interprètes Jane Bathori au chant, Maurice Ravel en personne au piano, Louis Fleury à la flûte et Hans Kindler au violoncelle _ Hans Kindler, l’intermédiaire d’Elisabeth Sprague Coolidge pour cette commande à Maurice Ravel. Lors de l’audition parisienne, le compositeur Léon Moreau a protesté à haute voix contre les paroles _ violemment anticolonialistes (nous ne sommes pourtant qu’en 1787 !) du poème en prose du réunionnais Parny : celui-ci donnant ici la parole à des indigènes vivant « libres« , mais prévenant leurs frères « habitants du rivage«  de la menace d’« esclavage«  que feront peser sur eux de prochains colonisateurs blancs : « Méfiez-vous des blancs, habitants du rivage«  _ de la mélodie, pourtant bissée par les interprètes.

L’année suivante, une fois achevées les 1ère et 3ème Chansons madécasses _ « Nahandove«  et « Il est doux« ...  _, le cycle entier a été donné lors d’auditions privées pour les invités de la mécène Elizabeth Sprague Coolidge, le 8 mai 1926 à l’Académie américaine de Rome, puis le 21 mai 1926 au Palais d’Egmont de Bruxelles, les deux fois avec pour interprètes Jane Bathori au chant, Alfredo Casella au piano, Louis Fleury à la flûte et Hans Kindler au violoncelle ; et aussi le 13 juin 1926 à la Salle Érard de Paris, avec les mêmes interprètes à une exception près, le flûtiste, Urbain Baudouin qui remplaça Louis Fleury, initialement prévu mais décédé entre-temps prématurément _ le 10 juin 1926.

La première audition publique des trois Chansons madécasses date du 15 octobre 1926 à la Salle Érard à Paris, lors d’un « Festival Maurice Ravel » organisé par la Société musicale indépendante (SMI), avec pour interprètes Joy Mac Arden au chant, Vlado Perlemuter au piano, Gaston Blanquart à la flûte et Tony Close au violoncelle.

La première édition chez Durand est accompagnée de gravures de Luc-Albert Moreau.

Le premier enregistrement connu est celui _ pour le label Polydor _ de Madeleine Grey, cantatrice très estimée du compositeur, en 1932 :

« Depuis la création parfaite de Jane Bathori, il y a déjà bien des années _ 1925 et 1926 _, cette œuvre fort difficile _ sic _ a été reprise par beaucoup d’artistes, et non des moindres : aucune, sinon M. G. [Madeleine Grey], n’en a rendu aussi fidèlement le caractère _ voilà ! C’est elle que j’ai choisie récemment lorsque la Société Polydor m’a demandé d’enregistrer ces 3 pièces en me laissant le choix des interprètes« , a écrit Ravel le 5 janvier 1933 (in l' »Intégrale de la Correspondance de Maurice Ravel » publiée par Manuel Cornejo, page 1301.

Musique

 

Ravel _ bibliophile éminent et passionné ! _ s’enthousiasma pour les poèmes _ publiés d’abord en 1787 _ de Parny dont le contenu était conforme à ses propres convictions _ anticolonialistes, sinon érotiques… Le style extrêmement dépouillé _ oui _ qu’il adopta pour cette musique s’inscrit dans la suite de sa Sonate pour violon et violoncelle _ créée le 6 avril 1922. Dans cet esprit, cette œuvre n’est pas sans rappeler la Sonate pour flûte, alto et harpe de Claude Debussy, composée quelque dix ans plus tôt.

« Les Chansons madécasses me semblent apporter un élément nouveau – dramatique voire érotique – qu’y a introduit le sujet même de Parny. C’est une sorte de quatuor _ voilà ! _ où la voix joue le rôle d’instrument principal _ c’est très clairement affirmé là. La simplicité y domine. L’indépendance des parties _ et c’est bien là un point en effet capital ! Et qu’ont fort bien souligné Thomas Dolié et Stéphane Trébuchet dans leur travail de mise en place des deux premières mélodies… _ s’y affirme. » (Maurice Ravel, Esquisse biographique, 1928 _ disponible en entier aux pages 1437 à 1441 de l’indispensable « Intégrale de la Correspondance de Maurice Ravel » publiée par Manuel Cornejo _)

La chaleur et l’érotisme _ insidieusement torride _ de Nahandove et de Il est doux et la virulente dénonciation _ on ne peut plus claire et directe _ du colonialisme de Aoua font des Chansons madécasses une œuvre engagée _ assurément ! _ de Maurice Ravel, en même temps que sa meilleure réussite dans le genre.

Fin de citation de cette commode notice de Wikipédia.

À mes modestes oreilles et goût personnel,

l’interprétation la plus juste et séduisante _ jusqu’ici du moins ; et j’ai ré-écouté pas mal d’interprétations présentes en ma discothèque personnelle : de Gérard Souzay à Jessye Norman et Christa Ludwig ; et je mets à part ici la vraiment excellente, d’intelligence de ces mélodies, Janet Baker, avec le Melos Ensemble conduit par Bernard Keeffe, en 1966 : écoutez ce podcast _ de cet assez malaisant, intriguant et déroutant recueil de 3 mélodies (« Nahandove« , « Aoua« , de 1925, et « Il est doux« , de 1926) des « Chansons madécasses« , est celle, superbe de netteté et expression directe _ très justement dénuée d’affèteries : ouf ! _, du baryton Stéphane Degout _ une fois encore parfait d’intelligence et de la musique et des paroles du texte qu’il chante ! Quel mélodiste ! _, dans le très beau CD « Histoires naturelles » B-Records LBM 009, avec le piano de Cédric Tiberghien, le violoncelle d’Alexis Descharmes et la flûte de Matteo Cesari _ enregistré live à Paris, au Théâtre de l’Athénée, le 23 janvier 2017.

On trouve aussi et surtout sur le Net une magnifique vidéo (de 15′ 23) de ces interprètes dans ces, toujours très surprenantes, « Chansons madécasses«  _ sauf que, lors de ce concert, superbe lui aussi !, donné au Théâtre de la Bastille, à Paris, le 27 mai 2015, le piano était cette fois tenu, non par Cédric Tiberghien, mais par Michaël Guido.  Qu’on en juge ici même

Au terme du travail de cette soirée, hier, de mise en place de « Nahandove » et « Aoua« ,

la performance de Thomas Dolié (et Stéphane Trébuchet assumant au piano les trois parties de flûte, violoncelle et piano) était impressionnante de finesse-subtilité, fluidité dans la tenue de souffle de la courbe mélodique, puissance de projection, parfaite intelligibilité, bien sûr, et, au final, majestueuse et intense intime expressivité et beauté : assez singulière en sa redoutable exigence pour parvenir à vraiment bien l’attraper et porter…

En somme,

un très fructueux travail dont nous avons été les très humbles spectateurs-témoins admiratifs…

Ce dimanche 12 mai 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Découvrir l’interprétation formidablement expressive du Trio Helios dans le sublime Trio en la mineur de Maurice Ravel…

05juil

C’est l’article, ce matin du mercredi 5 juillet 2023, de Jean-Charles Hoffelé sur son site Discophilia, intitulé « Les deux mondes« ,

à propos de la parution récente du CD « Bohemia » (Mirare MIR 662) _ consacré à des Trios de Vítězslav Novák, le Trio pour piano No. 2 en ré mineur, Op. 27 « Trio quasi una ballata », de Zdeněk Fibich, le Trio pour violon, violoncelle et piano en fa mineur, et Bedřich Smetana, le Trio avec piano en sol mineur, Op. 15, JB 1:64 _

qui m’a fait découvrir l’existence d’un précédent CD de ce Trio Helios, intitulé, lui, « D’un matin de printemps« , soit le CD Mirare MIR 564, paru, lui, le 22 avril 2021,

qui comportait surtout le merveilleux Trio en la mineur M.67 de Maurice Ravel :

un chef d’œuvre absolu !…

Une interprétation superlativement expressive _ par Camille Fonteneau, violon, Raphaël Jouan, violoncelle et Alexis Gournel, piano _ de ce chef d’œuvre de Ravel…

Voici donc cet article précieusement révélateur _ merci à Jean-Charles Hoffelé ! _,

lu ce matin même :

LES DEUX MONDES

Le piano égrène le motif de petite ronde qui ouvre l’œuvre, violon et violoncelle s’y joindront, quasi sotto voce, archet de soie, clavier soudain en tempête, quelle introduction pour ce chef-d’œuvre.

Les Hélios avaient, pour ce qui fut je crois bien leur premier disque, assemblé un programme tout français autour du Trio de Ravel, le détaillant à loisir, y infusant une poésie de tous les instants qui emportait l’auditeur loin dans les paysages océaniques du Modéré avant de faire danser la poésie épicée du Pantoum en la décorant d’arabesques un peu mauresques. Magnifique version qui ose vraiment interpréter l’œuvre, lui donne des affects, des reliefs, et un art de chanter que l’on retrouve au long d’un Premier Trio de Saint-Saëns sauvé du salon, soudain plus proche de l’ouvrage de Ravel que je ne m’en serais jamais douté.

L’esprit français sans doute, ce partage d’une même écriture claire et infiniment mobile _ voilà. En coda, deux poèmes de Lili Boulanger, la sombre élégie D’un soir triste où le violoncelle de Raphaël Jouan se fait baryton – comme cet archet met des mots derrière les notes ! –, puis métamorphosant le même thème après les abrasions harmoniques augmentées par le violon à la fin de la première pièce du diptyque, le fin soleil D’un matin de printemps, danse un rien hypnotique que les trois amis animent avec d’infinies subtilités.

Second opus en Bohème, et des plus saisissants. Le ton rhapsode donné au Trio de Smetana, l’abrasion des cordes portées par un piano symphonique, un Finale exultant d’une prodigieuse vigueur rythmique, c’est une tout autre sonorité d’ensemble que dévoilent ici les Hélios, comme l’envers des subtilités, du raffinement de leur album français. Ils ont tous gagné en corps, leur jeu s’est fait plus athlétique _ mais déjà ils l’étaient magnifiquement, et combien ! dans le Trio de Ravel ! _  dès l’énigmatique Deuxième Trio que Vítězslav Novák note « quasi una ballata », poème d’une seule coulée dont l’écriture aventureuse leur va comme un gant.

Et le Trio de Zdeněk Fibich ? Chef-d’œuvre méconnu de son auteur, rarement joué en dehors de la Tchécoslovaquie, c’est une symphonie à trois, ténébreuse et tendre à la fois, où la lyrique bouleversante du compositeur trouve un espace que ses pièces pour le seul piano ne lui offraient pas souvent. Magnifique version d’une partition à la discographie particulièrement mince, je n’en connais que deux autres versions assez loin du fini de celle-ci.

Si les Hélios veulent poursuivre leur voyage en Bohème, les trois Trios de Bohuslav Foerster leur font déjà les yeux doux.

LE DISQUE DU JOUR

D’un matin de printemps

Camille Saint-Saëns
(1835-1921)


Trio pour violon, violoncelle et piano No. 1 en fa majeur,
Op. 18, R. 113


Maurice Ravel(1875-1937)


Trio pour violon, violoncelle et piano en la mineur, M. 67


Lili Boulanger(1893-1918)
D’un soir triste
D’un matin de printemps

Trio Hélios
Camille Fonteneau, violon
Raphaël Jouan, violoncelle
Alexis Gournel, piano


Un album du label Mirare MIR564

Bohemia

Vítězslav Novák(1870-1949)


Trio pour piano No. 2 en ré mineur, Op. 27 « Trio quasi una ballata »


Zdeněk Fibich(1850-1900)


Trio pour violon, violoncelle et piano en fa mineur


Bedřich Smetana(1893-1918)


Trio avec piano en sol mineur, Op. 15, JB 1:64

Trio Hélios


Un album du label Mirare MIR662

Photo à la une : les membres du Trio Hélios – Photo : © Lyodoh Kaneko

Et par ce magnifique Trio Helios,

regarder et admirer cette admirable interprétation-ci (de 26′ 33), en concert, le 28 septembre 2019, au Festival de Musique de Chambre de Trondheim, de ce sublime Trio de Ravel :

une lecture somptueusement vivante et profonde, en toute sa subtile poésie, de ce chef d’œuvre, composé à Saint-Jean-de-Luz aux mois de juin, juillet et août 1914 !!.. _ sur les circonstances de cette composition, lire les passionnantes pages 371 à 397 de L’Intégrale de la Correspondance de Maurice Ravel, publiée par l’ami Manuel Cornejo…

Ce mercredi 5 juillet 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Ecouter d’excellentes interprétations du Concerto en sol Majeur pour piano et orchestre de Maurice Ravel : avec brillance, expressivité et pudeur, selon le témoignage de Cédric Tiberghien

12août

Ce mercredi 12 août 2020,

le site de ResMusica se fait l’écho d’une interview _ par Pierre-Jean Tribot _ du pianiste _ excellent ! _ Cédric Tiberghien,

déjà donnée sur le site de Crescendo Magazine, le 26 janvier dernier,

donnée à l’occasion de la réception par le pianiste d’un prix pour son CD _ excellent ! _avec la violoniste _ non moins excellente ! _ Alina Ibragimova,

de Sonates de Franck, Vierne et Ÿsaÿe (le CD Hyperion CDA 68204)

_ cf mon article du 17 avril 2019 :

Et Cédric Tiberghien était alors interrogé aussi, au passage, sur le Concerto pour piano en Sol Majeur de Maurice Ravel :

« Vous avez participé à la nouvelle édition critique du Concerto pour piano et orchestre de Maurice Ravel pour la Ravel Edition.

Que représente Ravel pour vous ?« .

Cédric Tiberghien, entre les sonates de César Franck et Louis Vierne

Ce mercredi 12 août 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

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