Posts Tagged ‘musique

La présence des De Swarte dans les Pyrénées-Orientales : la filiation de Geneviève Rendu, née Sauvy, avec les Sauvy de Perpignan (et le château de l’Esparrou à Canet-en-Roussillon)…

29mai

Maintenant,

de même que je me suis demandé ce qui a pu déterminer Alain de Swarte de quitter Neuilly-Sur-Seine et la région parisienne

_ Alain de Swarte, né à Hazebrouk le 3 janvier 1926, s’est marié à  Geneviève Rendu à Neuilly-sur-Seine au mois de juin 1954 ;

Neuilly-sur-Seine où leur est né le petit Thibault le 3 mars 1955… ; Neuilly-sur-Seine, où furent aussi domiciliés (cf le Bottin de 1912, page 330) Eugène Sauvy (qui fut maire de Perpignan de 1904 à 1907) et son épouse Rose Sisqueille, les grands-parents maternels de Geneviève Rendu, au 20 bis de l’Avenue de Neuilly ; Neuilly-sur-Seine, aussi, où est décédé le 2 octobre 1995 Henri Sauvy, l’oncle maternel (frère de Marie-Thérèse Sauvy) de Geneviève Rendu… _

pour venir s’installer en 1956 _ l’année qui a suivi la naissance de Thibault _ au Domaine de la Meynie, à Trélissac, en Dordogne, et cela en l’absence de tout lien familial _ ni côté de Swarte, ni côté Rendu, ou Sauvy _ avec le département de la Dordogne,

de même, je me suis demandé ce qui a pu occasionner la résidence de la sœur d’Alain de Swarte, Bertille de Swarte, dans les Pyrénées-Orientales : à Perpignan, à Céret, ou à Canet-en-Roussillon

_ j’ai cependant noté, dans mes recherches, que le père d’Alain de Swarte (qui décèdera, lui, à Agonac, Dordogne, le 26 décembre 2009), Pierre de Swarte, né à Vieux-Berquin le le 10 décembre 1898, est décédé le 3 août 1990 à Prades (Pyrénées-Orientales) ;

alors que l’épouse de Pierre de Swarte, Suzanne Martin de Ramefort, née à Gennes, Maine-et-Loire, le 16 janvier 1902, est décédée à Agonac, Dordogne, le 15 août 1997…

Or, il se trouve que dans l’établissement d’une généalogie, il ne faut jamais négliger, ni perdre de vue, les ascendances maternelles des personnes…

Et les ascendances maternelles de Bertille de Swarte _ et de ses frères (Thibault et Eymeric) et sœur (Béatrice), issus du mariage d’Alain de Swarte avec Geneviève Rendu-Sauvy _ ont un puissant ancrage en Roussillon, comme nous allons le découvrir…

Si l’on remonte en effet dans la généalogie des enfants _ dont Thibault, et Bertille de Swarte _ d’Alain de Swarte (Hazebrouk, 3 mars 1926 – Agonac, 26 décembre 2009) et son épouse Geneviève Rendu-Sauvy (Paris, 1er décembre 1929 – Antonne-et-Trigonant, Dordogne, 26 octobre 2008)

_ il faut remarquer ici que les communes de Trélissac, sur le terroire de laquelle se trouve le Domaine de la Meynie, où avait choisi de s’installer, en 1956, Alain de Swarte, et où réside désormais son plus jeune fils, Eymeric de Swarte ; Agonac, où sont décédés Alain de Swarte (le 29 décembre 2009) et sa mère, née Suzanne Martin de Ramefort (le 15 août 1997) ; Antonne-et-Trigonant, où est décédée l’épouse d’Alain de Swarte, née Geneviève Rendu-Sauvy (le 26 octobre 2008) ; de même que Champcevinel, où se trouve le cimetière où reposent Alain de Swarte et son épouse Geneviève Rendu, sont des communes rurales voisines les unes des autres, dans les environs relativement proches de Périgueux _,

la généalogie _ ou ascendance _ maternelle en amont de Geneviève Rendu-Sauvy, est fort intéressante, géographiquement, tout particulièrement du côté _ roussillonnais… _ des Sauvy :

en effet, Geneviève Rendu-Sauvy _ ainsi que la nomme bien significativement son fils aîné Thibault de Swarte _, est la fille du couple formé _ leur mariage a eu lieu à Neuilly-sur-Seine le 17 mars 1923 _ par André-Marie Rendu (Paisandu, en Uruguay _ ou bien Provins, en Seine-et-Marne)… _, 17 mai 1885 – Canet-en-Roussillon, 8 août 1953) et Marie-Thérèse Sauvy (Perpignan, 1er mai 1896, Canet-en-Roussillon, 30 juin 1994).

Et cette dernière, Marie-Thérèse Sauvy _ la grand-mère maternelle des 4 enfants (Thibault, Bertille, Béatrice et Eymeric de Swarte) d’Alain de Swarte et Geneviève Rendu-Sauvy _, est la fille du couple _ le mariage a eu lieu à Rivesaltes le 21 juin 1894 _ formé par Eugène Sauvy (Perpignan, 19 octobre 1868 – 1917) et Rose Sisqueille (Estagel, 16 novembre 1873 – 21 mars 1945).

Et il se trouve qu’Eugène Sauvy a été maire de Perpignan : de 1904 à 1907.

Eugène Sauvy (1868 – 1917) est lui-même le fils du couple _ le mariage a eu lieu à Perpignan le 7 septembre 1857 _ formé par Joseph Sauvy (Perpignan, 30 octobre 1833 – 7 novembre 1892) et Joséphine Izam (Perpignan, 10 juillet 1838 – Perpignan, 10 janvier 1925).

Et en 1875, Joseph Sauvy, prospère négociant en vins perpignanais, et Président de la Chambre de commerce des Perénées-Orientales, acquiert l’important Domaine de l’Esparrou, à Canet-en-Roussillon, sur lequel il fait bâtir, en 1889, un château, le château de l’Esparrou.

Les successions familiales des Sauvy _ les descendants de Joseph Sauvy sont nombreux… _ sont relativement complexes,

mais le château de l’Esparrou constitue bien un fort ancrage, tant patrimonial qu’artistique (et musical) _ de nombreux concerts y sont donnés _, pour Bertille de Swarte et les siens,

tant Sartre que Langlois de Swarte…

À suivre,

Ce samedi 29 mai 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

Quand les bouteilles lancées à la mer reçoivent une réponse…

19avr

Ces derniers temps,

j’au eu la joie extraordinairement surprenante de recevoir, et à 4 reprises, un retour de messages de bouteilles lancées à la mer _ un phénomène pourtant assez rare…

Je veux dire de messages de réponse à un article de mon blog « En cherchant bien » qui a rencontré « son » lecteur, qui s’est senti tenu d’adresser à son tour un message de réception…


Ce lundi 19 avril 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

Lettre d’hommage à un dépôt de deux roses de son jardin…

27oct

Voici le courriel que je viens d’adresser ce jour, 27 octobre, à G. et V. B., domiciliés à V.,

puisque continuent de me hanter la personne et le regard _ sur deux photos conservées _ de S. P.,

ce professeur dont la vie a été ôtée le vendredi 16 octobre dernier, peu avant 17 heures, sur un trottoir de la rue du B.-M., à E.

Et cela, d’après un très simple témoignage factuel, de G. B.,

rapporté dans l’entame d’un article d’un journal parisien du 22 octobre :

« J’ai coupé deux roses de son jardin _ sic _ ce matin (hier) pour lui rendre hommage. Tous les rosiers que vous voyez _ s’adresse à la journaliste la personne qui témoigne ainsi _, c’est lui qui les a plantés… Je voulais simplement lui apporter quelque chose qui lui appartenait. C’est symbolique« . 

Monsieur et Madame B.,

voici 2 modestes articles, des 20 et 21 octobre derniers 
en hommage à celui qui a planté des rosiers dans ce qui est maintenant _ depuis décembre 2018 _ votre jardin, rue du M., à V. ;
et à un moment où on découvrait à peine l’identité de ce professeur assassiné…
J’ai tâché de connaître un peu ce qui a été son parcours d’enseignement, essentiellement en région parisienne ;
ainsi que les lieux où il avait successivement résidé, au fil de sa carrière dans l’Éducation Nationale…
J’ai tout particulièrement apprécié les témoignages
de son condisciple, historien, à l’université, Christophe Capuano _ que nous avons pu écouter lors de l’hommage national rendu à la Sorbonne _,
de son collègue (au lycée L. F. de C., de 2008 à 2011) ainsi que voisin (à V., de 2011 à 2018), D. B.,
et le vôtre, G., qui avez porté des roses de votre jardin pour l’hommage qui a été rendu à S. P., à V. ;
apprenant aussi que vous étiez devenus en décembre 2018 les propriétaires de la jolie fermette de la rue du M.
que S. P. et sa compagne _ j’ignore son prénom _ avaient superbement retapée, depuis l’année 2011 de leur installation à V. ;
et qu’ils ont quittée, ainsi que leur fils G., né en 2015, pour résider plus près de l’université de N.,
où la compagne, professeur d’Espagnol, de S. P. venait d’être nommée, et quittait le lycée E. B. de N.…
J’ai découvert aussi _ par d’autres témoignages recueillis à V., et tout aussi simplement rapportés en ce même article _ la très grande curiosité, notamment historique et géographique, de S. P.,
dans sa recherche de résidences très soigneusement choisies :
à V. (de l’été 2011 à l’été 2018),
puis à E. (apparemment depuis l’été 2019).
Hélas, les paisibles quartiers de C. et E. ne l’ont pas protégé…
Je suis aussi particulièrement sensible à votre pratique généreuse de la musique : tous deux, G. et V., jouez du cor et participez à des concerts…
(…)
Bref, les effroyables circonstances de l’assassinat du précédent propriétaire de votre jolie fermette de V.,
un homme si délicat, si soucieux de la sensibilité de ses élèves, et de leur élévation citoyenne,
m’ont permis de faire un peu votre connaissance…
Merci de votre bel hommage _ de ces deux roses de son jardin.
Ce mardi 27 octobre 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Disparition d’un écrivain français : Pierre Guyotat _ je me souviens…

07fév

De Pierre Guyotat,

mort ce jour _ à l’âge de 80 ans _,

j’ai lu, en 1970,

Tombeau pour cinq cent mille soldats

et Eden, Eden Eden

dont la lecture m’a marqué.

Depuis,

j’ai thésaurisé certains de ses livres,

notamment les derniers

_ dont Coma et Idiotie _,

considérés comme importants

_ et nécessaires _,

mais sans prendre vraiment le temps de les lire immédiatement,

eux…

J’ai lu d’autres livres

_ sur certains desquels j’ai pu un peu écrire, de manière un peu fouillée _ ;

et surtout,

outre mes diverses recherches

_ qui me prennent pas mal de temps, et me passionnent, m’emportent… _,

j’écoute surtout beaucoup de musique

_ qui me passionne aussi.

Je considère toujours Pierre Guyotat

comme un des principaux auteurs français contemporains…


Ce vendredi 7 février 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

A propos du Roma de Bernard Plossu : un très bel article de Fabien Ribéry

11jan

Ce jour,

mon ami Bernard Plossu m’a fait parvenir un superbe article de Fabien Ribery

à propos de son superbe album, aux Éditions Filigranes,

Roma.

Voyages à Rome, par Bernard Plossu, photographe

par fabienribery

© Bernard Plossu
« Tout au 50 mm en noir et blanc, effets interdits, vision pure, classique – moderne quoi
Il y a le monde, oui, peut-être, gisant là comme un pantin effondré _ qui se découvre, ainsi donné et surtout saisi, au vol, en marchant voire dansant, en une sorte de sidération émerveillée, mais active et lucidissime : quel œil fantastiquement lucide que celui de Plossu ! _, et le monde _ aussi : quel plus ! délicieusement richissime, instantanément cultivé pluriellement, tout surgit immédiatement en ce regard… _ selon William Klein, Robert Frank, Walker Evans, Pablo Picasso, Jean Siméon Chardin, Giorgio Morandi, et Le Bernin, Borromini, Mimar Sinan _ c’est-à-dire le monde vu par bien d’autres artistes éclaireurs vivaces du regard (sur les espaces) ; et pas des moindres ; et des plasticiens d’abord (photographes, peintres, sculpteurs, architectes), mais pas uniquement ; la culture faite sienne par soi est nécessairement ouvertement plurielle (la musique y a aussi sa part, comme la cuisine, et les odeurs et les parfums, un peu typés ; comme les couleurs). La culture, ce sont des ponts, des voies, et pas des murs ou des remparts et fossés…
Il nous faut Paul Cézanne pour approcher un peu ce qu’est une pomme _ certes ; et l’on connaît l’assidue fréquentation aixoise par Plossu de l’atelier de Cézanne au chemin des Lauves…
Il nous faut Marcel Proust pour comprendre les mystères du temps _ merveilleusement retrouvé, repris, et travaillé, re-travaillé.
© Bernard Plossu
Il nous faut Le Christ voilé _napolitain _ de Giuseppe Sanmartino pour ne plus craindre de mourir totalement.
Il nous faut Ordet de Carl Theodor Dreyer _ là, j’y suis un peu moins : Rome est ultra-catholique… _ pour recommencer à prier.
Et il nous faut maintenant Bernard Plossu pour entrer à Rome _ entrer est magnifiquement choisi ! Entrer, et arpenter, ré-arpenter, joyeusement, à l’infini…
Livre publié par Filigranes Editions – tirages de l’ami italianophile Guillaume Geneste -, Roma _ 1979 – 2009  _ est le fruit de trente ans d’arpentages _ ce mot qui me plaît tant ! cf mes 5 articles sur Arpenter Venise du second semestre 2012 : , , et _, de déambulations, de flâneries amoureuses _ voilà _ dans la ville délicieuse _ on ne le soulignera jamais assez : quelles délectations nouvelles rencontrées à l’improviste chaque fois !
voilà
© Bernard Plossu
Le regard est d’un passionné de cinéma (De Sica), de peinture (La Scuola Romana), de littérature (Andrea Camilleri _ mais plus encore les vraies romaines que sont Rosetta Loy et Elisabetta Rasy ! _), parce que la culture _ plurielle, formidablement, et sans casiers jamais clos : la culture vraie, ce ne sont que des ouvertures et des invites à regarder toujours mieux un peu plus loin et d’abord tout à côté ; et pas toujours fétichistement au même endroit et sous la même sempiternelle focale… _ n’est pas que l’apparat de la domination analysé par Bourdieu, mais un mode d’accès majeur _ voilà : accéder (et surmonter) n’est pas si courant, tant nous en barrent les clichés des copier-coller à l’identique de la comm’ _ à l’autre, à l’être, à soi _ oui : l’autre, l’être, soi : constitué de myriades de pièces s’ajointant (et s’enrichissant ainsi) à l’infini d’une vie vraiment ouverte.
Ici, les ruines ne sont pas abordées comme un spectacle de délectation romantique _ à la Gœthe lors de son long séjour (de plus de deux années) romain : c’est seulement à la fin de son séjour que Gœthe en vient à s’affranchir enfin des clichés partagés ; cf mes articles des 22 et 23 mai 2009 :  et … Et en les relisant, je me rends compte que je m’y entretenais avec Bernard Plossu ! _, mais comme une source de vie _ oui ! _, une puissance _ éminemment constructive de joie bien effective _ existentielle _ à la Spinoza _, des directions sensibles _ à arpenter, step by step, toujours un petit pas plus loin ; cf le regard sur Rome du sublime L’Eclisse d’Antonioni (en 1962)…
A Rome, malgré la vulgarité marchande effrayante (relire les Ecrits corsaires de Pier Paolo Pasolini _ cher à mon ami René de Ceccatty _ ; revoir Ginger et Fred, de Federico Fellini), nous pouvons ne pas être seuls, mais portés, aspirés, exaltés _ oui _, par des siècles de raffinement, de délicatesse _ oui _, de _ très _ haute civilisation.

© Bernard Plossu
Pour Plossu, Rome est un aimant, un amer, un amour : « Rome m’attire sans arrêt, j’y vais presque chaque année et je photographie en désordre _ oui _, surtout rien de systématique ni d’organisé ! _ bien sûr : en parfaite ouverture à l’inattendu du plus parfait cadeau de l’imprévu non programmé, qu’il va falloir saisir au vol de sa marche dansée, quand il va être croisé… Divin Kairos ! Quartier par quartier _ bien sûr : aux frontières-passoires étranges, par exemple celles du Ghetto du Portico d’Ottavia, avec sa fantastique pâtisserie… _, n’écoutant que mon instinct et surtout ma passion _ pour Rome _ : je suis amoureux fou de cette ville et, en même temps _ c’est un autre pan essentiel du goût de Bernard pour quelque chose d’essentiel de l’Italie _, de toutes les petites îles italiennes où je vais le plus souvent possible » _ et je suis impatient aussi de la publication à venir de ses regards sur les îles (surtout les plus petites : les plus îliennes des îles !) de la Méditerranée.
A Rome, il y a les amis, installés ou de passage _ les Romains de longtemps, c’est tout de même mieux… _, le couple Ghirri, l’architecte Massimiliano Fuksas, Jean-Christophe Bailly, Patrick Talbot qui lui fait découvrir l’intégralité du _ sublime _ palais Farnèse _ pas seulement la galerie des Carrache _ (un cahier de plus petit format est inséré dans l’ouvrage), tant d’autres.
Toute occasion, invitation, proposition, est _ certes _ bonne _ utile _ à prendre _ pour le photographe voyageur _, qui permettra d’effectuer _ voilà : œuvrer, et s’accomplir, en photographe de la plus pure et simple, non banale (à qui sait la percevoir et la capter), quotidienneté... _ de nouvelles photographies, de faire des découvertes _ voilà le principal ; en tous genres, et à foison !

© Bernard Plossu
Non pas d’épuiser le lieu _ ce qui est bien heureusement impossible : quel fou rêverait de cela ? _, mais de l’ouvrir toujours davantage _ et l’attention aux détails les plus particuliers des instants intensément ressentis, au passage si furtif du présent, mais ainsi saisis (par le pur instantané de l’acte photographique) en leur éternité, est ici tout particulièrement d’une richesse incroyablement profonde et infinie pour qui les regarde, ne serait-ce qu’un instant, ainsi vivifié-magnifié, maintenant… Voilà ce qu’apporte le regard sur le livre.
Aucune grandiloquence _ superficiellement décorative et extérieure, répétitive _ ici _ non : rien que du singulier délicieux raffiné _, mais de l’intimité _ oui _, de la familiarité _ mieux encore _, du simple _ comme le plus chaleureux et fraternel de ce qu’offre une vie, notamment dans les rues _, comme dans un tableau du maître Camille Corot.
Le sublime est un kiosque à journaux inondé de soleil, une devanture de magasin, un tunnel de périphérique, une moulure de cadre, une chaise, les longues jambes d’une passante, un pavé luisant, un if _ l’un après l’autre, et en une telle diversité : à l’infini de ce qui se prodigue si généreusement à qui passe ; tels les si incroyables merveilleusement imprévisibles, et surtout plus délicieux les uns que les autres, parfums des glaces de Giolitti, Via degli Uffici del Vicario, 40, peut-être le centre même du monde. A fondre de bonheur sous la langue… Il y a aussi les restaurants romains que connaît si bien ma fille Eve, pour avoir été romaine une année…
Venant de Santa Fe, passé par le désert _ oui : le contraste est assez impressionnant, mais pas tant que ça, à un peu y réfléchir : il y a en chaque vie un côté de Guermantes et un côté de chez Swann… _, Bernard Plossu découvre à Rome _ et s’en réjouit à l’infini _ un summum de présence _ voilà : fémininine, généreuse, maternelle ! _, une énigme métaphysique _ offerte _ à sa mesure, une joie de Nouvelle Vague _ cinématographique aussi, en effet _ poursuivie jusqu’à aujourd’hui _ sauf que le cinéma italien a, lui aussi, maintenant, pas mal hélas décliné. Bernardo Bertolucci est décédé le 26 novembre 2018.

© Bernard Plossu
De la classe _ toujours : et à un point extraordinaire ! _ en pantalon moulant ou robe de soirée, de la piété _ aussi, et aussi populaire _, des palais _ à foison ; des églises aussi, même si le plus souvent fermées au public ; avoir la chance d’y pénétrer quelques instants, à l’occasion furtive de quelque messe ou cérémonie, se prend et reçoit avec gratitude comme un petit miracle…
Des statues ont perdu leur nez, ou leur tête, ou leur phallus, si belles et fortes dans leur vulnérabilité même _ une richesse poétique du temps et de son œuvre ouverte.
Cité du dieu unique des catholiques, Rome est aussi _ bien sûr _ païenne, polythéiste _ oui _, animée de mille entités de grande vigueur _ assurant sa pérennité.
Le photographe la parcourt en tous sens _ bien sûr, Rome, elle aussi, est un labyrinthe : peu de voies qui soient tout uniment droites _ à pied, la regardant aussi de la vitre d’un train, d’un autobus, d’une voiture _ un dispositif très plossuien, intégrant (et surmontant) une dimension de défi à la vitesse, tout en étant protecteur : une distance demeure, hors viol. Et aidant au cadrage…

© Bernard Plossu
Rome est Cinecittà, kinésique, cinétique, cinématographique _ oui.
Vous arrivez à Roma Termini _ ou à Roma Ostiense, parfois aussi : en plein cœur déjà de la Ville… _ mais tout ne fait pourtant que commencer, recommencer, reprendre vie _ voilà, avec éclat, mais sans excès de théâtralité : pas pour quelque galerie extérieure ! juste pour dérouler son propre innocent plaisir, sa joie… Ni vulgarité trash, ni affèterie, jamais, chez Plossu… _ dans la bande passante _ voilà _ de votre regard _ dont témoigneront quelques unes, heureuses, des milliers de photos alors prises.
Un pyramidion, une arche, un parapluie _ oui.
Des voitures, des escaliers, des jardins _ belles spécialités romaines, en effet.
Des empereurs, des cyclistes, des naïades _ voilà ; les fontaines sont aussi une splendeur romaine…
Comme dans ce que donnent à apercevoir de Rome, par exemple, les merveilleux Journal intime de Nanni Moretti (en 1993) et La Luna de Bernardo Bertolucci (en 1979).

© Bernard Plossu

Des rails et des murailles.
Le Colisée _ sans y _ et ses lions.
Les toitures et les chambres d’hôtel _ Bernard m’a fait cadeau d’un tirage d’une magique vue de nuit prise d’une fenêtre de sa chambre d’hôtel près de Sant’Eustacchio… Un quartier que j’idolâtre, moi aussi, autour du sublime Panthéon, et non loin de Navona.
Les anonymes, le peuple, la rue _ si importants ici, en la noblesse sans apprêts de leurs allures chaloupées et rapides.
Roma témoigne du corps de son auteur _ marchant, dansant, lui aussi _, d’un esprit _ ouvert _ sans cesse en mouvement, d’une volonté de voir _ vraiment ce qui passe, se croise, dans le plus vif de l’instant bientôt évanoui _, encore et encore, jusqu’à l’ivresse _ oui, comme en témoignent les photos qui restent. Bref, ce qu’offre Rome à qui s’est dépris des œillères des clichés.
Roma _ le livre que, page après page, nous regardons _ traverse le temps, entre ici et là, regarde un arbre, une place, une foule, un prêtre, une femme.
Roma ? Amor fati bien sûr _ en ayant le malicieux divin Kairos de son côté, avec soi : à la suite du regard de Bernard Plossu…


Bernard Plossu, Roma, 1979-2009, textes Alain Bergala, Patrick Talbot et Bernard Plossu, Filigranes Editions, 2019, 320 pages
Filigranes Editions

© Bernard Plossu

Roma, pour rajeunir dans l’éternité la plus fraîche et vive que peut offir une vie

_ sa vie à soi, ouverte au meilleur le plus réjouissant de la vie des autres,

par la grâce d’un vrai pur regardeur tel que Bernard Plossu _,

ou la joie même.

Un bien bel article de Fabien Ribery.

Pour un nouveau chef d’œuvre de l’ami Bernard Plossu.

Ce samedi 11 janvier 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Chercher sur mollat

parmi plus de 300 000 titres.

Actualité
Podcasts
Rendez-vous
Coup de cœur