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Jouir en toute plénitude de « Tutti i Madrigali » (de 1587 à 1638) de Claudio Monteverdi dans le magnifique coffret de 11 CDs Naïve OP 7547 du Concerto Italiano de Rinaldo Alessandrini, enregistrés de mai 1993 à janvier 2021…

17déc

Le Coffret de 11 CDs Naïve OP 7547 « Tutti i Madrigali » de Claudio Monteverdi par le Concerto Italiano de Rinaldo Alessandrini, paru le 3 novembre dernier,

est un incontestable monument musical.

Claudio Monteverdi (Crémone, 15 janvier 1567 – Venise, 29 novembre 1643) a publié 8 livres de Madrigaux (en 1587, 1590, 1592, 1603, 1605, 1614, 1619 et 1638) ;

auxquels s’ajoute un neuvième, posthume, publié en 1651 _ sur une période de  51 ans, et même 64 ans en tenant compte du livre posthume.

Or, les enregistrements de ces 9 Livres de Madrigaux de Claudio Monteverdi par le Concerto Italiano sous la direction de Rinaldo Alessandrini, s’étalent sur une période de 28 ans, allant de mai 1993 à janvier 2021 :

 

_ d’une part, de mai 1993 à décembre 2005 pour les Livres 4, 2, 5, 8 et 6 ;

_ et, d’autre part, de mai-juin 2019 à janvier 2021, pour les Livres 3, 7, 9 et 1 ;

_ avec, il faut le souligner, un enregistrement charnière, en avril 2016, à Caserte, pour 3 pièces capitales du Livre 8 (un Livre déjà enregistré en février 1997, janvier 1998 et décembre 2005) :

le « Combattimento di Tancredo i Clorinda » _ écouter ici le podcast d’une durée de 22′ 10 _,

le « Lamento della Ninfa » _ regarder ici la vidéo d’une durée de 4′ 45 _,

et le Madrigal « Hor che’l ciel e la terra«  écouter ici le podcast d’une durée de 10′ 27…


Voici l’article que Jean-Charles Hoffelé vient de consacrer à ce magistral coffret Naïve, sous le titre explicite de « Tutti i Madrigali« , sur son site Discophilia, avant-hier 15 décembre 2023 : 

TUTTI I MADRIGALI

Contrairement à La Venexiana qui aura prestement bouclé _ entre janvier 1998 et juillet 2006 _ son intégrale quasi expressionniste _ le coffret de 11 CDs Glossa GCD 920929 : à ré-écouter, bien sûr ! _, Rinaldo Alessandrini et son Concerto Italiano auront frôlé les trois décennies _ entre mai 1993 et janvier 2021 _ pour assembler tous les Livres et les réunir dans cette boîte essentielle _ oui _, naïve reprenant les Livres parus chez Opus 111, chez Arcana _ et pieusement thésaurisés… _, le chef ayant parfois substitué des versions plus récentes pour certains madrigaux tirés des albums que j’ai chroniqués ici même et qui proposaient autant d’itinéraires libres dans un univers dont chaque affect, chaque mélisme, les mots, les souffles, les couleurs, prouvent une adéquation idéale _ voilà.

Depuis, Les Arts Florissants, surtout Philippe Herreweghe et son Collegium Vocale, ont apporté d’autres éclairages, mais sont encore loin d’avoir bouclé le cycle _ mais pour moi, et tant importent ici et la culture et la langue, seuls des Italiens se révèlent idoines !

Pourtant, ils ne diminueront probablement pas le sentiment d’évidence _ oui _ qui se dégage de ces onze galettes, cette conscience si prégnante de l’harmonie, l’équilibre _ voilà _ entre le souci esthétique et la puissance des textes qui culmine dans un Combattimento historique _ oui _, tout entier porté par le Testo de Raffaele Giordani, la pure beauté des voix et la violence des sentiments, la suavité et la stupeur, un univers que Monteverdi aura porté à son acmé, renouvelant le genre, l’immergeant dans un théâtre des passions tout entier enclos ici. Définitif.

LE DISQUE DU JOUR

Claudio Monteverdi
(1567-1643)


Il primo libro de madrigali a cinque voci, SV 23–39
Madrigali e canzonette a due, e tre, voci … libro nono,
SV 168–178

Il secondo libro de madrigali a cinque voci, SV 40–59
Il terzo libro de madrigali a cinque voci, SV 60–74
Il quarto libro de madrigali, SV 75–93
Il quinto libro de madrigali, SV 94–106
Il sesto libro de madrigali a cinque voci, SV 107-116
Concerto: settimo libro de madrigali, SV 117–145
Madrigali guerrieri, et amorosi, … libro ottavo, SV 146–167

Concerto Italiano
Rinaldo Alessandrini, direction

Un coffret de 11 CD du label naïve OP 7547

Photo à la une : Rinaldo Alessandrini – Photo : © DR

Voici aussi,

sur le site de Classiquenews,

un entretien avec Rinaldo Alessandrini d’Alban Deags, en date du 4 décembre dernier, à propos de ce même coffret Naïve :

ENTRETIEN avec Rinaldo ALESSANDRINI à propos de son intégrale des Madrigali de Claudio Monteverdi que fait paraître l’éditeur Naïve sous la forme d’un coffret événement, incontournable pour Noël 2023.

Que représente cette intégrale réalisée pendant 30 ans ? Comment le Concerto Italiano a abordé la langue montéverdienne en un geste interprétatif décisif ? Et dans quelle stratégie instrumentale et linguistique ? En quoi les madrigaux de Monteverdi sont-ils essentiels pour l’élaboration de l’écriture baroque ? En quoi ont-ils favorisé l’émergence de l’opéra ? Quelle expérience en a tiré lui-même Rinaldo Alessandrini ? 

 

CLASSIQUENEWS : Comment expliquez de votre point de vue la réussite et l’accueil positif de votre intégrale des madrigaux ?

RINALDO ALESSANDRINI : Je ne pense pas être en mesure d’expliquer les raisons d’un accueil aussi positif. Généralement nous essayons de travailler pour obtenir le meilleur résultat possible, en espérant que cela plaise au plus grand nombre. En ce sens, les critiques négatives peuvent parfois être incompréhensibles, même s’il faut tenir compte des goûts individuels et donc de la possibilité que quelqu’un n’aime pas notre travail. Mais il ne fait aucun doute que l’accueil positif réservé à notre travail nous plaît et nous dit que le travail a été bien fait.

CLASSIQUENEWS : Parmi les madrigaux sans instruments, lesquels vous semblent les plus marquants et représentatifs ?

RINALDO ALESSANDRINI : Il est très difficile d’identifier « le meilleur de » dans plus de deux cents madrigaux, surtout ceux sans instruments. Il faut également tenir compte du fait que le style monteverdien s’est transformé à plusieurs reprises _ oui ; et la notice du coffret rédigée par Rinaldo Alessandrini le détaille superbement… _ au cours de sa vie. Tous les madrigaux ne s’expriment pas de la même manière, utilisant des stratégies expressives et linguistiques très différentes. Il y en a de très connus, mais parmi les moins connus, il y en a (beaucoup) d’une beauté absolue.

CLASSIQUENEWS : Parmi les derniers plus dramatiques avec instruments, quels sont ceux qui vous ont marqué le plus ?

RINALDO ALESSANDRINI : Peut-être « Hor che’l ciel e la terra » et « Vago augelletto » dans le huitième livre.

CLASSIQUENEWS : A travers les 8 Livres quelle évolution l’écriture de Monteverdi suit-elle ?

RINALDO ALESSANDRINI : Le langage de Monteverdi n’évolue pas (comme cela arrive toujours en musique), mais change en fonction des modes poétiques _ telle est donc la clé (poétique !) de ces changements. En ce sens, la relation entre poésie et musique ne sera jamais suffisamment considérée : l’importance et la présence de la poésie au XVIIe siècle sont quelque chose que nous ne connaissons pas aujourd’hui. Le style de Monteverdi est né de la réflexion d’un besoin de changement linguistique, qui conduirait le madrigal à devenir un véhicule d’émotions et de sentiments humains. La proximité de certains compositeurs, Luzzasco Luzzaschi _ ferrarais _ prémierement, et d’autres pour lesquels Monteverdi avait une grande estime, l’amène à réfléchir à une nouvelle manière de composer. L’influence de certains poètes (Tasso, Guarini, Marino, pour ne citer que les plus connus) ont créé les conditions pour la création de nouvelles stratégies musicales. Il faut également considérer que Monteverdi fut le seul compositeur à fixer des objectifs stylistiques à la fois dans le madrigal et dans l’opéra : aucun compositeur de madrigaux (au moins jusqu’au milieu du XVIIe siècle) n’a jamais composé d’opéras.

CLASSIQUENEWS : Sur le plan interprétatif, à quels défis avez-vous été confronté pour la réalisation du cycle entier ?

RINALDO ALESSANDRINI : Le cycle s’est achevé en 30 ans environ _ 28 ans : de mai 1993 à janvier 2021. Il est donc facile d’imaginer à quel point notre méthode de travail a changé au cours de cette période. Mais l’élément constant a toujours été l’adhésion au texte, selon des critères d’imitation et de création d’images sonores _ voilà. En ce sens, le travail sur le texte n’exclut pas, outre sa compréhension détaillée, l’étude de ses propriétés sonores et de prononciation. La pureté du son des voyelles de la langue italienne est un moyen idéal _ et c’est fondamental _ pour construire un son d’ensemble.

CLASSIQUENEWS : Y a t il des poèmes / des poètes que vous estimez mieux que d’autres ? Pourquoi ?

RINALDO ALESSANDRINI : Les choix poétiques ne peuvent être considérés comme séparés de la réalisation musicale _ bien évidemment… En ce sens, chaque texte mis en musique par Monteverdi semble être absolument parfait pour l’idée musicale avec laquelle le compositeur voulait donner du son aux paroles. Il faut aussi considérer que l’énorme diffusion de la poésie a donné à certains textes une grande popularité _ en effet. Très souvent, les choix des compositeurs ont privilégié certains textes en particulier, démontrant une plus grande fonctionnalité d’un point de vue musical. Il est donc difficile de porter un jugement sur la poésie indépendamment de la musique. Et il est certainement trivial de donner un avis positif sur la « Canzoniere » de Petrarca, sur le “Rime” du Tasso ou sur le « Pastor fido » de Guarini. Ce sont des œuvres universelles.

CLASSIQUENEWS : Sur quels critères avez-vous choisi les chanteurs ?

RINALDO ALESSANDRINI : En 30 ans d’enregistrement, l’équipe de chant a changé à plusieurs reprises. Chanter des madrigaux (ou de la musique d’ensemble) nécessite des compétences vocales et d’écoute différentes des autres répertoires. C’est un travail très proche de celui d’un quatuor à cordes _ oui : d’une extrême finesse d’écoute (et justesse) réciproque… _, où l’aspect technique du travail du son et de l’intonation prend du temps _ bien sûr. En ce sens, les chanteurs qui ont participé à nos travaux ont été choisis pour leur passion _ voilà _ pour ce répertoire ainsi que pour leur disponibilité technique.

CLASSIQUENEWS : Avec le recul que représente ce cycle dans votre travail musical ?

RINALDO ALESSANDRINI : Le travail sur le madrigal montéverdien a accompagné presque toute ma vie musicale _ voilà. Découvrir à quel point la musique peut être au service d’un texte est une expérience surprenante. En ce sens, Monteverdi est peut-être le meilleur professeur disponible.

CLASSIQUENEWS : En quoi le cycle est-il représentatif du Concerto Italiano?

RINALDO ALESSANDRINI : Le travail sur le madrigal de Monteverdi (et sur le madrigal en général) signifiait la redécouverte et la réappropriation d’une culture poétique et musicale pratiquement perdue avec l’opéra romantique : Verdi, par exemple, était l’un des détracteurs de Monteverdi _ tiens, tiens… L’apport (et la compétence) du travail linguistique est essentiel _ absolument ! _ dans le madrigal italien. Notre effort n’était pas seulement de redonner vie à la musique, mais de montrer clairement comment le madrigal intense, en tant que synthèse sublime de nombreux éléments culturels, nécessite une approche qui n’oublie aucun aspect _ en effet… _ lié à ces compositions.

Propos recueillis en novembre 2023 
Photos : Rinaldo Alessandrini, directeur musical du Concerto Italiano © Emilie Moysson

Voici aussi, et cette fois en date du 7 juillet 2017, sur le site ResMusica, un très intéressant article de Pierre Degott intitulé « Nuit, théâtre, histoires d’amour et de guerre avec Monteverdi et le Concerto italiano« ,

paru à l’occasion de la publication du CD charnière dans le parcours monteverdien de Rinaldo Alessandrini, enregistré en avril 2016 à Caserte,

et qui a probablement conduit Rinaldo Alessandrini à reprendre et achever _ en mai-juin 2019 pour le Livre 3, octobre 2020 pour les Livres 7 et 9, et  janvier 2021, pour le Livre premier _ ses enregistrements laissés, depuis 2005, inachevés, des Livres de Madrigaux de Claudio Monteverdi…

Nuit, théâtre, histoires d’amour et de guerre avec Monteverdi et le Concerto italiano

Ce dimanche 17 décembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Sur la réception par la critique de « Vêpres de la Vierge » de Monteverdi en Cinémascope, technicolor et relief, par Pygmalion : quelques écoutes un peu diverses…

18oct

Le double CD Harmonia Mindi HMM 902710.11 des « Vespro della Beate Vergine » de Claudio Monteverdi _ ce chef d’œuvre magistral et renversant de 1610, composé à Mantoue, mais destiné à Venise… _ par l’Ensemble Pygmalion de Raphaël Pichon, a reçu des appréciations un peu contrastées de la critique ;

par exemple, sous la plume de Frédéric Degroote à page 84 du Diapason n° 726 de ce mois d’octobre-ci (3 étoiles),

et sous celle de Philippe Venturini à la page 84 du Classica n° 256 de ce même mois d’octobre (5 étoiles).

Frédéric Degroote, dans Diapason :

« Dès le martèlement de l’invitatoire Deus in adjutorium, le ton est donné : celui d’un Vespro vocalement et orchestralement opulent, alignant plus de 35 choristes et 25 instrumentistes, sans compter les solistes.

(…)

Tout dans sa relecture millimétrée est surligné en jaune fluo, à coups de vifs contrastes ou de superpositions d’instruments.

L’Ave maris stella accuse une lenteur à faire suffoquer les chanteurs ; l’Amen final, pourtant noté sans changement de tempo, s’étire davantage encore, dans un crescendo à l’extase superlative. Dans le Gloria Patri du Magnificat, Pichon passe outre les chiavette _ ces clefs indiquant qu’il faut transposer une quarte plus bas, et non jouer dans le ton écrit _ et se targue de faire chanter des sol aigus aux deux ténors pour « décupler l’impact émotionnel ». La fin prévue par Monteverdi semblant ne pas lui suffire, il calque sur le Fidelium animæ la toccata d’ouverture sous prétexte d’arguments doxologiques.

Si l’on s’étonne de ces libertés philologiques, on ne peut que louer la réactivité des forces en place pour défendre cette vision à la loupe, ce Monteverdi en réalité augmentée. Au moins cette expérience sonore, où règne un mysticisme de pacotille, reflète-t-elle fidèlement l’une des définitions que le chef donne des Vêpres de Monteverdi : « la première œuvre cinématographique de l’histoire de la musique« . Au point que l’on croit aisément être revenu d’un péplum« .

Et puis Philippe Venturini, dans Classica :

« Depuis le concert de février 2019 à la chapelle royale du château de Versailles, capté puis publié en DVD par Château de Versailles Spectacles (…)Raphaël Pichon conserve une conception foisonnante et recueillie à la fois, nourrie du faste de l’église comme de la vitalité du théâtre, du tumulte du Tintoret comme de la richesse chromatique de Véronèse. L’effectif fourni du chœur (une trentaine de chanteurs) et la variété de l’orchestre, permettent de souligner _ et non pas surligner, ici _ les styles ancien et moderne, de distinguer les pièces polyphoniques chorales (les 5 psaumes) des motets solistes (les 4 concerti sacri annoncés sur la partition), d’éclairer cette « première œuvre cinématographique de l’histoire de la musique« .

Contrairement à René Jacobs (Harmonia Mundi, 1995), Gabriel Garrido (K617, 1999) ou Jordi Savall (Alia Vox, 1988), Raphaël Pichon ne recourt pas aux interpolations en grégorien, sauf pour la conclusion (Domine, exaudi orationem meam), qui récite la toccata d’ouverture, et insère le motet Sancta Maria, succurre miseris SV 328.

La prise de son généreuse d’Hugues Deschaux, permet de disposer d’une matière sonore onctueuse qui, heureusement, ne brouille pas la polyphonie et maintient les solistes dans un espace global.

Comme à son habitude, Raphaël Pichon prête attention au texte, que ce soit dans la torrentielle réponse à l’appel initial, les différents épisodes du Dixit Dominus (les temps forts bien marqués sur « conquassabit« , la fluidité du « De torrente« ), ou du Magnificat qui investit un vaste espace.  La grâce surnaturelle du Nigra sum d’Emiliano Gonzales Toro, la sensualité du Pulchra es de Céline Scheen et Perrine Devillers, l’énergie du Fecit potentiam de Lucile Richardot, participent à cette « expérience de l’extase » _ orgasmique ? _ que cherche le chef« .

Cf aussi l’article, uniment laudatif, lui, intitulé « Ode mariale » de Jean-Charles Hoffelé sur son site Discophilia, en date du 15 setembre dernier.

ODE MARIALE

En février 2019, la Chapelle Royale résonnait de fulgurantes Vêpres à la Vierge, Monteverdi investissait le temple du Grand Siècle sous la conduite ardente _ voilà _ de Raphaël Pichon. Ceux qui étaient présents ont gardé de cette aventure des souvenirs pour la vie, heureusement le label du Château de Versailles a publié la captation filmée de ces soirées historiques.



Mais Raphaël Pichon est en constant « work in progress ». Adieu l’image, ces nouvelles Vêpres seront toute entières sonores, et gardent des solistes prestigieux des concerts de Versailles les seuls Lucile Richardot – son Fecit potentiam est historique -, Nicolas Brooymans et le saisissant doublé des ténors, Emiliano Gonzalez Toro et Zachary Wilder, le premier atteignant au sublime ici plus qu’encore qu’à Versailles pour Nigra sum.

Adieux les mises en espaces, au Temple du Saint-Esprit à Paris, dans la roideur post-pandémique de janvier 2022, Raphaël Pichon réinvente « ses » Vêpres, assumant leur caractère disparate, les espaçant de plain-chant, dorant à force cornets et saqueboutes les icônes, et célébrant, dans une spatialisation savante qui songe toutes oreilles ouvertes aux espaces oniriques de San Marco _ forcément… _, les polyphonies gabrielliennes _ oui. La nudité des a capella adossés aux fastes des célébrations, tout rend compte des multiples visages de ces Vêpres qu’on sait composites.

Miracle, elles coulent enfin d’une seule ligne, tour à tour ténue ou spectaculaire, comme elles ne l’avaient plus fait depuis la version princeps _ celle de 1964, celle de 1989 ? _ de John Eliot Gardiner, ce n’est pas sous ma plume un mince hommage à l’art de ce jeune homme qui n’aime se confronter qu’aux chefs-d’œuvre, l’année passée une Saint Matthieu bouleversante, aujourd’hui ces Vêpres éloquentes, à quoi pense-t-il pour demain ?

LE DISQUE DU JOUR

Claudio Monteverdi
(1567-1643)

Vespro della Beata Vergine,
SV 206

Pygmalion
Raphaël Pichon, direction

Céline Scheen, soprano
Perrine Devillers, soprano
Lucile Richardot, mezzo-soprano
Emiliano Gonzalez Toro, ténor
Zachary Wilder, ténor
Antonin Rondepierre, ténor
Étienne Bazola, basse
Nicolas Brooymans, basse
Renaud Brès, basse

Un album de 2 CD du label harmonia mundi HMM 902710.11

Photo à la une : le chef Raphaël Pichon – Photo : © DR

Des regards tous trois intéressants,

en harmonie aussi avec ma propre écoute, impressionnée… 

Ce mercredi 18 octobre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Comparer les écoutes des « Dixit Dominus » de Willaert (1550), Monteverdi (1610), Haendel (1707) et Vivaldi (1737)…

28août

En complément de mon article d’hier dimanche 27 août « « ,

dans une incise duquel j’indiquais que le « Dixit Dominus » d’Adriaen Willart (avec Jachet de Mantoue : Vitré, 1483 – Mantoue, 2 octobre 1559 ; et lui aussi est passé par la cour des Este, à Ferrare et Modène…) _ ce « Dixit Dominus«  est d’une durée de 6′ 31 dans le CD « Vespro della Beata Vergine » d’Adriaen Willaert interprété par la Capilla Flamenca de Dirk Snellings, enregistré en 2012… _, publié au sein du recueil « Di Adriano e di Iachet i salmi appartenenti alli Vesperi » publié à Venise en 1550 par l’éditeur Antonio Gardano,

avait été l’inspirateur de plusieurs autre célèbres « Dixit Dominus » :

dont celui de Claudio Monteverdi (en 1610, à Mantoue, mais à destination de Venise),

celui de George-Frédéric Haendel (en 1707, à Rome),

et celui d’Antonio Vivaldi (en 1737, et à Venise _ pour ce qui concerne celui des trois « Dixit«  de Vivaldi qui est catalogué RV 595 _),

je me propose de les donner ici à écouter et comparer, tous les quatre :

_ le « Dixit Dominus » (de 6′ 31) d’Adriaen Willaert, en 1550 ;

_ le « Dixit Dominus » (de 7’47, sur les 90′ 44 que durent ces « Vespro » _ de 2′ 35 à 8′ 14 _) de Claudio Monteverdi, en 1610 ;

_ le « Dixit Dominus » (de 5′ 18) de George- Frideric Haendel, en 1707 ;

_ le « Dixit Dominus » (de 24′ 01) d’Antonio Vivaldi, en 1737.

On mesurera ainsi ce que Monteverdi, Haendel et Vivaldi peuvent diversement devoir à l’œuvre première de leur devancier, à Venise, Adriaen Willaert…

..

Ce lundi 28 août 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Faire un point sur l’appréciation d’un compositeur, Giovanni Legrenzi (1626 – 1690), à travers les interprétations discographiques de quelques unes de ses oeuvres dont on dispose…

15mai

C’est à l’occasion de la parution _ et l’audition, bien sûr _ du CD « Mottetti » de Giovanni Legrenzi (Clusone, Bergame, 12 août 1626 – Venise, 17 mai 1690) par le Concerto italiano de Rinaldo Alessandrini, le CD Naïve OP 30579 qui paraît ce mois de mai 2023 _ enregistré à Rome il y aura bientôt 4 ans, du 11 au 14 juillet 2019 : pourquoi avoir tant attendu de la part de Naïve ?.. _,

que me prend l’idée de faire un point sur mes appréciations des œuvres de ce compositeur renommé-réputé, et même souvent qualifié de « jalon décisif » de la descendance musicale monteverdienne à Venise _ entre, disons, Claudio Monteverdi (1567 1643) et Antonio Vivaldi (1678 – 1741) _, qu’est Giovanni Legrenzi,

mais dont l’écoute _ discographique _ des œuvres, de genres variés et bien divers pourtant, n’a jamais vraiment jusqu’ici suscité de ma part _ de mélomane humblement récepteur _ un jubilatoire enthousiasme, et un durable engoûment, à travers les interprétations que j’en possède au disque jusqu’ici ;

soit, avec le CD récemment acquis ce mois de mai 2023, 7 CDS _ je n’arrive hélas pas pour le moment à remettre la main sur un 8e, le CD de « La Morte del cor penitente« , par les Sonatori de la Gioiosa Marca, le CD Divox CDX 71802, paru en 1995 ; dont voici cependant ici le podcast (de 1′ 53″) de son Ouverture seulement… _, parus entre 2001 et 2023…

En voici donc la liste :

_ « Dies Irae, Sonate, Motetti« , par le Ricercar Consort dirigé par Philippe Pierlot, le CD Ricercar 233412, paru en 2001

_ « Missa – Opus 1« , par l’Ensemble Olivier Opdebeek et Corsi Spezzati, le CD Pierre Verany PV 700033, paru en 2001

_ « Il cuor umano all’incanto (1673)« , par l’Ensemble Legrenzi, le CD Tactus TC 621201, paru en 2003

_

_ « Trio Sonate 1655, a 2 e a 3« , par les Parnassi Musici, le CD CPO 777 030-2, paru en 2004

_ « Sedecia », par l’Officina Musicum, dirigée par Riccardo Favero, le CD Dynamic CDS 711, paru en 2010

_ « Sonate & Baletti« , par l’Ensemble Clematis, le CD Ricercar RIC 356, paru en 2015 : le seul qui m’a réellement ému et touché… 

_ et le tout récemment paru « Mottetti« , par le Concerto italiano dirigé par Rinaldo Alessandrini, le CD Naïve OP 30579, qui ne me touche décidément pas…`

Au point que j’en suis précisément venu à me demander

si ma présente insensibilité à la musique de ce CD, provient ou bien de l’œuvre même du compositeur, Legrenzi, ou bien de cette interprétation-ci, en ce disque-ci…

Et pour ce qui concerne l’interprétation et les interprètes de la musique, au disque comme au concert, la qualité de la prestation (ainsi que celle, aussi, ne pas l’oublier !, de la réception par l’auditeur mélomane…), il faut insister sur le fait important qu’elles dépendent de nombreux facteurs, dont le lieu, le moment, le contexte, etc.

Soient bien des variables à prendre en compte et s’efforcer de mesurer…

Pour le genre délicatissime et merveilleux du madrigal,

mais qui n’est, bien sûr, pas le motet,

 

il se trouve que très probablement la référence musicale et discographique incontestable est l’ensemble La Compagnia del Madrigale, de Daniele Carnovich (Padoue, 1957 – Fontarabie, 20 septembre 2020 _ cf mon article du 25 septembre 2020 : « «  _), Rossana Bertini et Giuseppe Maletto ( _ cf mon article du 30 mars 2023 : « «  _),

avec, aussi, l’ensemble le précédant, La Venexiana, de Claudio Cavina (Terra del Sole, 14 septembre 1961 – 30 août 2020 _ cf mon article du 31 août suivant : « «  _)…

Mais hélas ni La Compagnia del Madrigale, ni La Venexiana, n’ont consacré d’enregistrements discographiques d’un compositeur aussi tardif _ par exemple le riche coffret de 9 CDs (enregistrés de 1998 à 2010, et paru en 2016) intitulé « L’Arte del Madrigale (1586-1616) » de La Venexiana, coffret Glossa 920930 ; mais c’est aussi le cas pour les CDs de La Compagnia del Madrigale, dont le compositeur le plus tardif enregistré par eux (Cipriano De Rore, 1515-1565 ; Luzzasco Luzzaschi, 1545-1607 ; Luca Marenzio, 1553- 1599 ; Carlo Gesualdo, 1566-1613) n’est autre que l’immense Claudio Monteverdi, 1567-1643., dont le Huitième Livre de Madrigaux est paru à Venise en 1638 _ que Giovanni Legrenzi (1626 – 1690)…

D’où ma décision de faire un petit point d’écoutes comparées

avec les CDs Legrenzi présents _ et retrouvés : en manque cependant un à l’appel : où peut-il donc se cacher ?.. _ en ma discothèque personnelle…

 

Ce lundi 15 mai 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Découvrir en CD un opera, jusqu’ici inédit au disque, de Pietro-Antonio Cesti (1623 – 1669) : « La Dori », créé à Innsbruck en 1657, en une interprétation, ici, sous la direction d’Ottavio Dantone

24mai

Pietro-Antonio Cesti (1623 – 1669) est,

dans le sillage de Claudio Monteverdi et Francesco Cavalli,

un des compositeurs qui ont créé l’opéra _ en Italie d’abord_, au XVIIe siècle…

Et voici que ces jours je répare un oubli discographique principalement dû aux circonstances (a-musicales) de la pandémie de Covid :

me procurer le double CD CPO 555 309-2 de l’opéra de Pietro-Antonio Cesti « La Dori » _ créé à Innsbruck en 1657 , après « L’Argia« , en 1655 et « Orontea », en 1656 : tous pour l’archiduc Ferdinand-Charles… _,

en un enregistrement de l’Accademia Bizantina, sous la direction de l’excellent chef vénitien Ottavio Dantone…

 

Ce mardi 24 mai 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

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