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La grâce (et l’intelligence) « Jaroussky » en un merveilleux récital de « Mélodies françaises », de Jules Massenet à Reynaldo Hahn _ un hymne à la civilisation de la civilité

25fév

Je ne vais pas être objectif,

autant que j’annonce tout de suite et sans ambages la couleur

_ car je place (on ne peut plus « personnellement » : j’en demande bien pardon !) au pinacle de mon goût musical « personnel », donc, la mélodie française… cf mon article du 11 octobre, à propos de l’excellent (ravissant !) récital de Susan Graham : « Un Frisson français » (chez Onyx) ; « Un bouquet de “glamour” musical _ et autres _ pour “temps de crise”…  » _,

le récital de mélodies françaises (disons « fin-de-siècle« ) que vient nous offrir Philippe Jaroussky

avec un CD de « Mélodies françaises » _ c’est le sous-titre de ce CD, auquel on aurait bien fait de s’en tenir ! _

est une merveille de réalisation,

grâce à l’interprétation d’enchanteresse probité poétique et musicale

_ et il faut du génie pour pareille justesse dans le rendu avec autant de « naturel » de l’infinitésimal du camaïeu des plus infimes nuances, et toutes (et chacune) « à leur place » !.. :

tout « devant », ainsi « à sa place », mobile et émouvante,

par un travail formidablement patient et inspiré, exigeant, face à l’œuvre qu’il faut « donner » « telle quelle », en quelque sorte,

c’est-à-dire telle que cette œuvre sourd, sub specie æternitatis, du génie de l’artiste créateur à l’instant béni des Dieux de son « invention-naissance » par l’artiste-auteur-compositeur-créateur de l’œuvre ;

par un travail, donc, de fourmi, titanesque et minutieux tout à la fois, de « mise en place » des interprètes

dont n’est devenue, à l’instant de cette interprétation le plus possible « en toute simplicité » offerte ;

dont n’est devenue plus perceptible la moindre trace du plus petit effort qu’il a pourtant bien fallu fournir, essayer, donner, pour y atteindre et s’y hausser !) ;

tout (de l’œuvre « donnée) devant, ainsi, donc,

glisser et couler de source, avec la grâce heureuse, et bientôt, à l’instant même, c’est à dire immédiatement, partagée par nous, récepteurs de ce « don » de l’œuvre ainsi interprétée (et captée _ par l’ingénierie sonore ; et reçue par nous _ les auditeurs-récepteurs, auxquelles cette œuvre ainsi interprétée est « donnée ») ;

avec la grâce heureuse, donc,

de l’évidence sereine de la sensation (æsthesis), indissolublement poétique et musicale, ici, comblée ;

car tel est bien son miracle, sa « grâce », en effet… _,

grâce à l’interprétation d’enchanteresse probité poétique et musicale

de Philippe Jaroussky, contre-ténor _ qu’on n’attendait peut-être pas, bien à tort !, dans pareil répertoire : pour tout dire, je ne goûte pas particulièrement l’aigü de son timbre (!) dans le répertoire baroque;

à moins que ce ne soient des « volutes » (d’ornements de la ligne musicale) peut-être un peu trop maniéristes, ou maniérées :

est-ce affaire d’œuvres (non françaises, ou de style « français », en l’occurrence) ? est-ce affaire de rôles ? est-ce affaire de choix stylistiques de chefs (d’opéras _ haendeliens ? ; ou de cantates _ italiennes ?..) ; voire de directeurs artistiques ? ou même de conseillers (moins avisés qu’ici)… ;

en tout cas, ici, pour l’heure _ en ces magnifiques « mélodies françaises » « fin-de-siècle » -ci _,

le goût de Philippe Jaroussky frôle la perfection… _

et Jérôme Ducros, au piano ;

plus les (brefs) amicaux renforts

_ en guest-stars : mais la mélodie est un art on ne peut plus convivial d’écoutes réciproques, à commencer par les écoutes mutuelles (= « l’entente », au sens premier et propre ! enchanteresse alors !) des interprètes entre eux, comme en toute musique « de chambre », laquelle est le B-A BA de LA musique !.. ne jamais le perdre de vue (ni d’ouïe !) _

du violon de Renaud Capuçon (pour « Violons dans le soir » de Camille Saint-Saëns, sur un poème d’Anna de Noailles) ; du violoncelle de Gautier Capuçon (pour « Elégie » de Jules Massenet, sur un poème de Pierre Lorys) ; et de la flûte d’Emmanuel Pahud (pour « Viens, une flûte invisible soupire« , d’André Caplet, sur un poème de Victor Hugo).

Le CD est officiellement, et plutôt malencontreusement à mon goût (car trop « accrocheusement ») titré : « Opium«  _ en référence à ce sous-titre de la mélodie (fort belle !) bien mieux titrée, elle, « Tournoiement« , de Camille Saint-Saëns (sur un poème d’Armand Renaud, en 1870…) _

comme s’il s’agissait _ vulgairement _ de la promotion commerciale de quelque « parfum » aux pouvoirs possiblement envoûtants (= aphrodisiaques) : mais non ! il s’agit seulement de délicates et subtilement raffinées « mélodies françaises » à écouter avec sérénité et tendresse sur sa platine !

alors que l’interprétation (magnifique de lisibilité et d’impact : quelle intelligence de la sensibilité !) de Philippe Jaroussky est aux antipodes du moindre mauvais goût, aguicheur, appuyé, affriolant,

l’interprète s’en tenant, présente-t-il lui-même très sobrement au début du livret du CD (page 5), à ceci :

« J’ai choisi volontairement la prononciation la plus proche possible de la voix parlée actuelle _ sans trop d' »r » roulés, par exemple… ; on pourra comparer avec une version antérieure d’« A Chloris«  filmée, sur You Tube… : telle un brouillon…  _, afin que les mots résonnent de la façon la plus naturelle _ un terme qu’il nous faudra commenter ! _ dans l’imaginaire _ « fantaisie » est le mot que prononce Théophile de Viau, le poète, dans « A Chloris » (en post-scriptum, pour le plaisir, je donne l’intégralité de ces « stances »)… _ des auditeurs, en essayant d’écarter tout « affect » ou « surinterprétation«  _ en effet ! tant de la part du chanteur ; que de l’auditeur !!! _ ;

avec cette reconnaissante _qu’il en soit chaleureusement remercié ! _ précision, encore :

« Je tiens à remercier tout particulièrement Frédéric Faye qui m’a permis, par ses conseils tout au long de cet enregistrement, d’aller dans cette _ fort heureuse ! cf la version antérieure d’« A Chloris«  sur You Tube _ direction »  _ on ne peut plus judicieuse, en effet : l’art français proscrivant absolument (comme une horreur qui le saccage et, sans nul remède hélas le détruit !) de présenter si peu que ce soit à sa réception

_ et ce point constitue aussi une donnée fondamentale de la chose : cet art (du chant français), tout comme celui (= frère !) de la conversation, étant tout entier tourné vers l’interlocuteur, qu’il s’agit d’abord, et avec le plus grand tact, de respecter et servir ; et jamais de séduire, acheter, emporter, berner, violer _

l’art français proscrivant absolument de présenter à sa réception

la moindre prise que ce soit au plus léger début de plus petit soupçon _ mortel pour l’interprétation ! comme pour la réception de l’auditeur !!! _ de surcharge ou de boursouflure !!! 

Sur les vingt quatre mélodies composant le merveilleux bouquet de ce récital, « Opium« , donc,

dix-sept d’entre elles ont été composées et publiées _ les indications du livret n’étant pas tout à fait complètes à cet égard, c’est dommage… _ entre 188o, pour « Nell » (sur un poème de Leconte de Lisle), et « Automne » (sur un poème d’Armand Silvestre), de Gabriel Fauré, et « Les Papillons » (sur un poème de Théophile Gautier), d’Ernest Chausson ;

et 1901 , pour « Les Donneurs de sérénade » (sur un poème de Verlaine : « Mandoline« , le quinzième du recueil « Les Fêtes galantes« ), de Gabriel Dupont ;

en amont de ce moment (1880- 1901 : si fécond pour ce genre si quintessentiellement « français »), trois mélodies de 1869-70 :

« Elégie » (sur un poème de Pierre Lorys) et « Nuit d’Espagne » ( sur un poème de Louis Gallet) _ tout spécialement merveilleuses, les deux !!! _, de Jules Massenet, en 1869 ;

et « Tournoiement » (avec pour sous-titre « Songe d’opium » : sur un poème d’Armand Renaud), de Camille Saint-Saëns _ tout aussi éblouissante ! _, en 1870 ;

et, en aval, quatre mélodies, entre 1907 et 1914 , et une dernière en 1924 :

en 1907, « Violons dans le soir » (sur un poème d’Anna de Noailles), du même Camille Saint-Saëns (1835-1921) ; l’immortelle « A Chloris » (sur un poème, donc, tellement beau, de Théophile de Viau, de 1621), en 1913,

et l’exquise « L’Heure exquise » (sur un poème de Verlaine, « La lune blanche…« , le sixième du recueil « La Bonne chanson« ), du magnifique Reynaldo Hahn (1875-1947), en 1914 ;

et enfin, exception un peu plus tardive de ce somptueux « bouquet », en 1924, « Sonnet » (sur le sonnet « Ha ! Bel Accueil, que ta douce parole…« , du « Premier Livre des Amours« , de Pierre de Ronsard) de Paul Dukas..

On comprend que Philippe Jaroussky ait tenu à ne pas se priver, ni nous non plus, de ces sept mélodies-là : extraordinaires, en effet !

Et alors que son récital fait l’impasse _ j’ose espérer que c’est pour les réserver à un futur récital ! _ sur ces chefs d’œuvre que sont les mélodies de Henri Duparc, de Maurice Ravel _ ainsi que, même si plus tardives, de celles de Francis Poulenc…

Le choix des mélodies de ce récital-ci par Philippe Jaroussky et Jérôme Ducros est extrêmement judicieux, en son « unité », autour des deux dernières décennies du XIXème siècle principalement :

un moment « fin-de-siècle », si l’on veut, mais brillant des feux mordorés et chatoyants d’une France qui affirme avec sérénité (et sans hystérie) son génie, son âme et son esprit, dans ses Arts aussi : la France de la république (et des Lois) de Jules Ferry, se remettant, avec son élégance « essentielle (depuis François Ier au moins, et Joachim du Bellay : « France, mère des Arts, des Armes et des Lois…« , dans « Les Regrets« , à un retour de Rome…), de l’humiliation de la défaite par les Armes de 1870…

Personnellement, je ne partage pas du tout ! la thèse d’un goût dominant, sinon généralisé, voire uniforme, pour un certain décadentisme _ à la Huysmans (ou à la Des Esseintes) de « A rebours« , en 1884 _ que pense décrypter, dans la plupart de ces œuvres-là, le livrettiste de ce CD, Christophe Ghristi.


Si l’art français se démarque, certes, du goût germanique pour « la terre« , les brouillard
bien épais de chemins ne menant nulle part (« Holzwege« ) au cœur des forêts et vers les cimes de montagne, ce n’est pas pour autant un art de l’artifice et de « la chaleur _ vénéneuse _ des serres » (page 5 du livret) _ telle celle, superbe par ailleurs, de la demeure haussmannienne des Saccard, donnant sur le Parc Monceau, dans « La Curée » de Zola (en 1872 : une critique au vitriol des miasmes du second empire, qui vient juste de s’écrouler, d’un bloc, à Sedan, à la capitulation de Bazaine, le 27 octobre 1870)…

L’art français, éminemment civil (avec urbanité !) et civilisé, est celui d’une nature peignée : celle des jardins de Le Nôtre (si bien dits « à la française« , même s’ils sont aussi originaires des académies italiennes _ cf l’excellent « La France italienne _ XVI-XVIIèmes siècles » de l’historien Jean-François Dubost, aux Éditions Aubier-Montaigne, en 1998 _), et des « Fêtes galantes » de Watteau, auxquelles se réfère Verlaine, et qui inspirent, en effet, nos musiciens, ici Reynaldo Hahn (en 1892) et Gabriel Dupont (en 1901)…

C’est un Art de la ville et « urbain » _ en la polysémie du terme _ qui tient (toujours) compte des autres (= des personnes), des perspectives humaines, en la fantaisie et la grâce de ses alignements ; et qui n’a pas beaucoup de penchant ou d’attrait pour les vertiges du sauvage (« the wilderness« )…

Ce récital-ci, de Philippe Jaroussky et Jérôme Ducros, est ainsi

selon _ et là je retiens la remarque du livrettiste, page 6 _ non « pas la couleur (mais) rien que la nuance« , ainsi que « le recommandait Verlaine ;

et Hahn lui obéit : son « Offrande«  _ « Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches… » _ ou « l’Heure exquise«  _ les deux mélodies d’après les poèmes de « La Bonne chanson« _ dédaignent les grands gestes et les éclats _ en effet _

pour une silencieuse intimité » _ oui ! celle des Couperin, par exemple… _ ;


ou selon cette autre « recommandation« , toujours d’après Verlaine, mais cette fois in « 
Les Fêtes galantes«  :

« chanter « Très crâne et avec élégance » »

Voilà ! Tout est ainsi résumé

Parmi mes découvertes singulières parmi les mélodies de ce programme,

je tiens à signaler celle de Cécile Chaminade (1857 – 1944), auteur d’un dynamique _ « et de la plus exquise excentricité » : en effet ! _ « Sombrero« , ainsi que d’un « Mignonne, allons voir si la rose« , d’après Ronsard, tout plein de « charme« , en 1894 : tout un esprit du temps nous est ainsi exquisément _ le mot revient, décidément _ rendu…

Bref, un must que ce CD « Opium _ Mélodies françaises », par Philippe Jaroussky et Jérôme Ducros

_ CD Virgin Classics 50999 216621 2 6 _,

afin de pénétrer toujours mieux (cf la série de mes articles antérieurs sur ce même « sujet » _ accessibles en remontant par la case « Archives »)

 _ et avec ravissement, tant l’esprit et l’âme (ainsi que tous les sens ; mais avec le filtre, toujours, de la civilité et de l’urbanité : sans y déroger jamais !) sont à la perfection « servis » ! _,

afin de pénétrer toujours mieux

le si beau goût (musical) français ;

quand son « art » (français, donc) de la civilisation

reçoit, ces derniers temps-ci,

d’un peu vilaines pichenettes et assez grossiers (vulgaires) accrocs…

D’où la mise en exergue d’un « hymne à la civilité »

_ quand la musique (du chant) adoucit (vraiment) les mœurs…

Titus Curiosus, ce 25 février 2009


Post-scriptum :

« A Chloris« , stances, en 1621,

de Théophile de Viau (Clairac, entre mars et mai 1586 – Paris, 25 septembre 1626) :

S’il est vrai, Cloris, que tu m’aimes,

Mais j’entends que tu m’aimes bien,

Je ne crois point que les rois mêmes

Aient un heur comme le mien.

Que la mort serait importune

De venir changer ma fortune

A la félicité des dieux !

Tout ce qu’on dit de l’ambroisie

Ne touche point ma fantaisie

Au prix des grâces de tes yeux.


Sur mon âme, il m’est impossible

De passer un jour sans te voir

Qu’avec un tourment plus sensible

Qu’un damné n’en saurait avoir.

Le sort qui menaça ma vie

Quand les cruautés de l’envie

Me firent éloigner du Roi

M’exposant à tes yeux en proie,

Me donna beaucoup plus de joie

Qu’il ne m’avait donné d’effroi.


Que je me plus dans ma misère!

Que j’aimai mon bannissement!

Mes ennemis ne valent guère

De me traiter si doucement.

Cloris, prions que leur malice

Fasse bien durer mon supplice.

Je ne veux point partir d’ici

Quoique mon innocence endure ;

Pourvu que ton amour me dure

Que mon exil me dure aussi.


Je jure l’amour et sa flamme

Que les doux regards de Cloris

Me font déjà trembler dans l’âme

Quand on me parle de Paris:

Insensé, je commence à craindre

Que mon Prince me va contraindre

A souffrir que je sois remis.

Vous qui le mîtes en colère,

Si vous l’empêchez de le faire

Vous n’êtes plus mes ennemis:


Toi qui si vivement pourchasses

Les remèdes de mon retour,

Prends bien garde quoi que tu fasses,

De ne point fâcher mon amour.

Arrête un peu, rien ne me presse,

Ton soin vaut moins que ta paresse,

Me bien servir c’est m’affliger;

Je ne crains que ta diligence,

Et prépare de la vengeance

A qui tâche de m’obliger.

In « Après m’avoir fait tant mourir« , Œuvres choisies de Théophile de Viau,

dans l’édition de Jean-Pierre Chauveau, en septembre 2002, dans la collection Poésie/Gallimard,

pages 64 à 67…

Douceur (de la musique) française _ ou pas

30jan

En partie, on va le découvrir, « à contrechamp » de ma série d’articles sur la musique française _ ou de goût (ou style) français _,

voici deux passionnantes et magnifiques productions (de CDs) :

un double CD Sanctus (marque américaine) : « Six Sonatas for violoncello and continuo, opus 3 » de Carlo Graziani _ né (à une date inconnue) à Asti, et mort en 1787 à Postdam _, interprétées par l’excellentissime violoncelliste Antonio Meneses _ cello _& les continuistes Rosana Lanzelote _ harpsichord _ et Gustavo Tavares _ cello, too, but at continuo _ ;

en un (double, pour 91 minutes) CD Sanctus SCS 002/003, enregistré au « Studio 3 of the Swedish Broadcastin Corporation« , à Stockholm du 26 au 29 octobre 1994 : un bijou…


Et un CD Oehms Classics (de marque allemande) : « The ENIGMATIC ART of Antonio and Francesco Maria Veracini« , une série de « Sonatas« , des « plus importants représentants de l’Ecole florentine de violon » _ tant au niveau du jeu interprétatif, que de la composition _, l’oncle, Antonio, et le neveu, Francesco Maria : Veracini, tous deux (1659-1733, pour l’oncle ; 1690-1768, pour le neveu) ; interprétées par, au tout premier chef, en violon _ Barockvioline _ soliste, Rüdiger Lotter ; et l’ensemble Lyriarte, constitué ici de Dorothée Oberlinger, à la flûte à bec _ Blockflöte _ ; Axel Wolf, au luth _ Laute _ ; Kristin von der Goltz, au violoncelle _ Barockcello _ ; et Olga Watts, au clavecin _ cembalo _ : un non moins très remarquable CD Oehms Classics OC 720 , enregistré les 14, 17, 18 & 19 décembre 2007 à la Himmelfahrtkirche de München-Sendling : une petite merveille de finesse…

Les données biographiques sur Carlo Graziani demeurent à ce jour très lacunaires : sa naissance à Asti, nous l’induisons de sa signature « Astignano » : « d’Asti  » ;

et « on ignore« , donc, « toujours où il demeura jusqu’au moment où _ comme bien d’autres musiciens de la péninsule italienne franchissant les Alpes pour faire carrière ailleurs que chez eux, alors _ on le retrouve à Paris, où en 1747 il joua au « Concert Spirituel«  _ fondé en 1725 : sur cette institution cruciale pour l’Histoire même de la musique (en Europe), cf le riche et passionnant travail de Constant Pierre : « Histoire du Concert Spirituel (1725-1790)« , aux Éditions Heugel en 1975, réédité en 2000.

Lequel « Concert Spirituel », « en instaurant le concerto solo« , « contribua beaucoup à attirer des musiciens étrangers en France, où ni l’église ni l’opéra ne donnaient une chance au virtuose _ instrumentiste _, comme c’était le cas _ aussi ! _ en Italie » : « l’artiste soliste _ de talent _ n’avait _ guère _ d’autre choix _ tant économique qu’artistique : de « carrière » _ que celui de s’adresser à la salle de concerts publique.« 

De plus :

« en outre, comme le concerto solo avait aussi peu de possibilités d’évoluer en dehors du cadre _ et des genres : principalement les « suites » (genre français par excellence) _ ;


en dehors du cadre français d’origine, il fallait _ à l’interprète _ se tourner vers l’étranger _ surtout l’Italie _ pour des modèles _ de composition… De cette façon, la nouvelle organisation attirait des virtuose de toute l’Europe, (…) encourageant ainsi l’essor du concerto solo en France.« 


C’est ainsi que Graziani, après son succès au « Concert spirituel » en 1747, « fut engagé pour jouer dans l’orchestre du marquis de la Pouplinière, où il était premier violoncelliste avec un cachet annuel de 1 200 livres« .

Et « le 14 décembre 1758, Graziani obtint une bourse de dix ans pour « la musique instrumentale. Cette année coïncid(ant) avec la composition de son premier recueil de « Sonates pour violoncelle avec contrebasse » (opus 1).«  Ainsi « Graziani contribua (-t-il) à développer le style français de musique « galante ». Il introduisit _ aussi _ en France les rythmes iambiques, les motifs de « chasse » et les trilles que l’on retrouve dans les « Sonates » parisiennes opus 1 et opus 2 pour violoncelle et basso continuo (1758), dix ans avant que les compositeurs français ne commencent à les utiliser _ à leur tour (et à sa suite) _ dans leurs œuvres. A cette époque, un style musical européen plus vif et plus varié _ « galant » _ apparut qui reflétait le goût du jour pour le plaisir et les festivités.

Ce nouveau style remplaça lentement mais surement la pompe et la solennité des années précédentes par une musique pleine de gaîté et de frivolité. De courtes compositions basées _ encore _ sur des pas de danse _ mais nouvelles : la France est aussi le pays par excellence de la danse ! _ ne cesssaient de gagner en popularité ; et les « allemandes » et « sarabandes » _ des « suites » du passé (depuis plus d’un siècle : vers 1640… ; à peu près vers l’arrivée de Froberger à Paris…) _ se libéraient de la gravité intellectuelle qui les avaient caractérisé lors du siècle précédent. » Ainsi « un style plus « galant » limita (-t-il) la basse à un rôle plus modeste _ au sein, ou en dehors, du continuo. C’était l’âge d’or du menuet qui, par sa grâce délicate, résume ce style nouveau _ présent aussi, alors, chez Jean-Chrétien Bach et Wolfgang Amadeus Mozart…


Mais en décembre 1762, suite à la mort de soin mécène _ La Pouplinière _, l’orchestre fut dissous ; et Graziani, sans travail, dut quitter Paris

_ non sans avoir été marqué par ces influences françaises : en profondeur, et durablement ; ainsi que cela s’entend si bien en l’opus berlinois…


Graziani commence alors une nouvelle vie, comme violoncelliste virtuose itinérant, jouant dans de nombreuses capitales européennes. Le 17 mai 1764, il se trouve à Londres (…) il rencontra le jeune Wolfgang Amadeus Mozart. (…) En 1770, on le retrouve à Francfort.


A la mort _ le 15 septembre 1772 _ du gambiste Ludwig Christian Hesse, Graziani déménagea à Berlin _ pour servir « le prince héritier de Prusse (le futur Frédéric-Guillaume II)« .

Et c’est ainsi que,

« bien que non datées,

les partitions existantes de l’opus 3 portent l’en-tête suivant » :

« SIX SONATES / A / VIOLONCELLE & BASSO /Dediés / A SON ALTESSE ROYAL / Monseigneur Le / PRINCE de PRUSSE, / Par / CHARLES GRAZIANI, / d’ASTI / Musicien de la Chambre de S.A.R. / Monseigneur le Prince de Prusse / Œuvre Troisième. / Chés JEAN JULIEN HUMMEL, à Berlin avec Privilège du Roi, à Amsterdam au Grand / Magazin de Musique / et / aux Adresses ordinaires ».

Quant aux œuvres des deux florentins Antonio & Francesco Maria Veracini,

il s’agit _ purement ! _ de (spendide) musique italienne ;

et tout aussi splendidement interprétées : avec feu et très grande délicatesse… :

le (grand) mérite de ce CD Oehms Classics : « The ENIGMATIC ART of Antonio and Francesco Maria Veracini« , à l’initiative de Rüdiger Lotter,

étant de nous faire approcher au plus près de l' »énigme » des sources idiosyncrasiques du génie _ poïétique… _ qui présida,

sur un espace de temps tout à fait intéressant et significatif,

à leur création (et filiation « florentine »)  :

1691, pour l’opus 1 ;

1694, pour l’opus 2,

d’Antonio Veracini ;

1716, pour la « Sonata Nona a violino o flauto solo e basso«  (in « 12 Sonates a Flauto solo, e Basso », dédiées au prince Frédéric-Auguste, à Venise, le 26 juillet 1716 ; et présentes à la Stadtbibliothek de Dresde) ;

1721, pour l’opus 1 des « Sonates pour violon avec basse continue », publiées à Dresde en 1721, et dédiées au roi de Pologne et Saxe Auguste le Fort [réédité à Amsterdam, chez Jeanne Roger, et Roger et Le Cène en 1730 ; et à Paris, chez Leclerc le cadet ; ainsi qu’à Londres, chez I. Walsh, en 1733] ;

1744, pour l’opus 2 des « Sonate accademiche a violino solo e basso« , dédiées au roi Frédéric-Auguste III (devenu à son tour, après son père, par élection, roi de Pologne en 1733) ; et publiées aussi à Londres,

de Francesco Maria Veracini

Bref : ces deux productions discographiques (Sanctus & Oehms Classics)

sont toutes les deux

magnifiques !

Et permettent de clairement distinguer, au passage,

ce qui caractérise un style italien (florentin !) assez préservé

_ en Angleterre (Londres, à plusieurs reprises, à partir de 1714 : c’est une des capitales européennes de la musique : Francesco Maria Veracini y réside de 1733 à 1738 ; il y est encore en 1744) ;

en Allemagne (Francfort _ en 1711, pour les fêtes du couronnement de l’empereur Charles VI _, Düsseldorf, en 1715, Dresde, surtout : de 1717 à 1722, dans l’orchestre _ brillantissime ! _ d’Auguste II le Fort, avec Johann Georg Pisendel

_ avec cette nuance (intéressante) que

l’orchestre de la cour royale de Dresde est alors _ depuis 1709 _ dirigé par la kappelmeister, violoniste, maître de ballet et compositeur Jean-Baptiste Volumier (1670-1728), de naissance flamande, mais formé à la cour de Versailles, qui sert, et avec enthousiasme, le « goût français » d’Auguste le Fort ; la nuance est à remarquer _ ;

fin, ici, des références allemandes)

et Autriche (plus spécifiquement Bohème : Chlumec, en 1722, Prague : pour le couronnement _ fastueux ! _ de l’empereur Charles VI comme roi de Bohème, cette fois, en 1723) ;

en Italie aussi (Rome _ où il rencontre Arcangelo Corelli, en 1699 _, Venise _ en 1717, il fréquente Giuseppe Tartini (qui avait été très impressionné par lui lors d’un concert dès 1712) et où il rencontre le prince héritier Frédéric-Auguste, qui va le faire venir pour l’orchestre royal à Dresde) _, Pise, de 1745 à 1750, Turin, en 1750, en plus de sa ville de Florence, qui demeure sa cité ; où il revient régulièrement ; réside à partir de 1750 ; est maître de chapelle de plusieurs églises à partir de 1755 ; et finira par se retirer, après 1760) ;

et jamais _ de fait ! _ en France ;

dans le cas de Francesco Maria Veracini (Florence, 1er février 1690 – Florence, 31 octobre 1768) ;

et exclusivement à Florence,

où il se consacre beaucoup à son importante école de violon, Via di Palazzuolo,

dans le cas d’Antonio Veracini (Florence, 17 janvier 1659 – Florence, 24 octobre 1745),

oncle et professeur de son brillant neveu _ ;

Bref

_ je reprends l’élan de ma phrase _,

ces deux productions discographiques permettent de clairement distinguer

ce qui caractérise un style italien (et florentin !) assez préservé, donc, du goût français ;

et le raffinement des « Goûts réunis« ,

sous (délicieuse !) influence française, lui...


Même si le plaisir (des sens, à l’audition de ces musiques) déborde _ et très largement _ la pure satisfaction de la seule curiosité historienne…

Le jeune _ il est né en 1969 _ Rüdiger Lotter, violoniste,

comme le chevronné _ et grand ! , né en 1957 à Recife, au Brésil _ Antonio Meneses, violoncelliste,

sont, tous deux, d’assez extraordinaires interprètes

de ces répertoires :

le plaisir que nous en éprouvons

est intense :

vivement recommandé !..


Titus Curiosus, ce 30 janvier 2009


Post-scriptum
(le 31) :

à propos du CD « Veracini« , ceci, tout frais,

dans les magazines musicaux de ce mois de février-ci :

d’abord, sous la plume de Frank Langlois, dans « Le Monde de la Musique« , page 84 :

« Au sein de la production violonistique italienne au XVIIIème siècle, ce disque nous incite à réévaluer _ sans doute _ l’art de Veracini l’oncle (florentin) et surtout de Veracini le neveu, véritable européen _ oui ! _, de Florence à Londres, Dresde ou Prague. Ce dernier compte au nombre de ces inlassables voyageurs dont les itinérances, loin de les éparpiller, ont concentré la sève créatrice«  _ oui ! l’expression, pour désigner le génie (« poïétique« ), est on ne peut mieux parlante !

A propos des deux « Sonate accademiche » que Frank Langlois apprécie tout particulièrement  en ce disque, cette précision-ci : « Sans doute par « académique » faut-il entendre la familiarité avec une conception platonicienne du Beau _ empruntée peut-être (en 1699) au modèle corellien ; et si marquante à Florence, la ville de Marcile Ficin, l’importateur, via la réception de ceux qui fuirent la Constantinople (prise en 1453) des traditions « académiques » platoniciennes… Le Beau est en effet le premier sentiment qui s’impose ici à l’auditeur _ nous l’avons constaté ; et célébré ! On dirait du Corelli moins abstrait, mais d’une aussi haute tenue, et nourri d’une impérieuse vie sensible et mentale.« 

Veracini avait déjà été servi, avec excellence _ oui ! _ par Enrico Gatti (CD Arcana A 27, en 1996). Rüdiger Lotter est de la même trempe. Certes moins olympien, mais doté d’une identique maîtrise technique, il offre une sonorité charnue, une intuition plus présente et une égale tenue d’archet. Offrant un continuo vif-argent _ oui ! _ (Kristin von der Golz y tient un rôle moteur), « Lyriarte » contribue heureusement à de disque essentiel _ je bats des mains pour applaudir à cette « écoute » du beau travail réalisé en ce disque !


Et Roger-Claude Travers dans « Diapason« , page 98 :

« Si l’on en croit Charles Burney _ en son « Voyage musical dans l’Europe des Lumières«  : à consulter toujours, quand on le peut, sur l’époque (paru aux Éditions Flammarion en avril 2003) _ qui entendit jouer Francesco Maria Veracini, sa sonorité était puissante et claire, la tenue de l’archet ferme, au service d’une ornementation riche et expressive.

Parmi les interprètes d’aujourd’hui, Enrico Gatti (CD Arcana) s’en approcherait peut-être un peu, s’il savait ajouter ce soupçon _ mais pas plus ! _ qui offre son parfum subtil à cette musique magnifique. Sa diction épurée oublie le grain de folie, qui fait aussi défaut à un Holloway (CD ECM). (…) C’est dire combien Rüdiger Lotter était attendu. » Mais, tempère son enthousiasme Claude-Roger Travers, « l’imagination ornementale est _ certes _ un peu fantasque _ ce qu’il faut ! _, mais pas assez aboutie ; le coup d’archet lisse, agréable, mais sans _ assez de _ mordant ; le vibrato, un peu tendre. Un anti-Gatti _ en quelque sorte _, dont la réflexion manque _ à son goût, un peu trop _ d’ancrage...


En revanche, « le travail d’équipe de « Lyriarte » est _ lui, proprement _ enthousiasmant : cohésion, mise en place, saveur des conceptions du continuo, avec de délectables tenues d’orgue. La flûte à bec de Dorothée Oberlingen, très juste d’intonation, est particulièrement ravissante.

Bienvenue au catalogue, enfin, à Antonio, vieux sage florentin, oncle de Francesco Maria, pas si éloigné par la langue d’un Corelli, oncontournable référence… _ en effet !

Voilà qui conflue assez bien avec mon enthousiasme…

de la dimension de profondeur _ et avec intensité ! _ dans la musique française ; et son interprétation : le magnifique exemple Claude Debussy / Nelson Freire

16jan

En prolongement, en quelque sorte de mon précédent article, sur le tout aussi (grandiosement) magnifique « exemple » Jean-Marie Leclair / John Holloway (« dans » l’exceptionnel CD Sonatasde Jean-Marie Leclair _ CD ECM 2009 n° 476 6280) : « une merveilleuse “entrée” à la musique de goût français : un CD de “Sonates” de Jean-Marie Leclair, avec le violon de John Holloway« ,

je viens ici « partager » la joie profonde que donne le CD Decca 478 1111 « Debussy Nelson Freire« , qui vient tout juste de paraître, avec un programme _ tout aussi merveilleusement « choisi » ! _ d’interprétations du Livre I des « Préludes« , « D’un cahier d’esquisses« , « Children’s corner » et « Clair de Lune«  (extrait de la « Suite bergamasque« ) de Claude « de France« ,

je veux dire Claude Debussy (né le 22 août 1862 à Saint-Germain-en-Laye et mort le 25 mars 1918 à Paris : « Tirili, tirila, je suis tout bonnement de Saint-Germain-en-Laye, à une demi-heure de Paris« )… ;

CD enregistré à la Friedrich-Ebert-Halle, Harburg, Hambourg, les 11-15 juin 2008…

La musique requiert,

pour qui ne se contente pas de la « lire » sur partition,

la médiation d’une interprétation _ inspirée !!! _ d’un artiste, qui sache la rendre _ elle, la musique ! _ avec humilité et inspiration (« génie de l’auteur, es-tu là ? fais- nous la grâce de venir nous visiter !..« , sous ses doigts, sous sa voix, dans la tension tendre, et très intensément, d’un « jeu »,

et en un lieu et un instant donnés ;

la qualité de l’enregistrement offrant, ensuite, la disposition

_ technologique : commode ! vive le disque ! _

d’une « répétition » infiniment prolongée :

répétée donc, à volonté ; mais différente, et à son meilleur « enrichie »

_ cf ici les analyses irremplaçables de Deleuze (1925-1995) en son (très grand !) « Différence et répétition« , en 1968 ;

mais aussi le principe des « variations » (baroques), et de « diminutions » (juste avant…) ;

lire ici « L’Altération musicale » de l’ami Bernard Sève (en 2002) _,

la qualité de l’enregistrement offrant la disposition d’une « répétition », et à son meilleur « enrichie », donc,

de la « rencontre » avec l’attention (« requise »), et, « quand ça vient« , souvent, sinon à chaque fois, émerveillée, et non émoussée

_ et c’est là, sinon à terme (à Dieu ne plaise ! pas trop vite, pas trop tôt, prématurément !..), du moins au fil des écoutes (elles murissent !…), un critère de la valeur des divers éléments placés en « connexion »… _

d’une écoute qui « doit » _ c’est là son requisit propre ! _ se hisser, elle aussi, à ce niveau de « beauté » des précédents « sens » (en action) des précédents « intervenants » (en la « chaîne » du « donné-rendu » de l’œuvre…) :

au premier chef desquels _ of course ! _ le compositeur (« auteur » premier : à la source…) et l’interprète sont les « maillons » principaux, mais non exclusifs…

Chacun « amenant »

_ sinon « convoquant » (= « faisant venir » ; comme érotiquement : in english, to come !) _,

au jour « J »

_ jour de la création de l’œuvre par son auteur-créateur ;

jour de l’interprétation de l’œuvre par l’interprète (à l’enregistrement _ ou au concert ; ou à « l’audition ») ;

jour de l’audition (= acte æsthétique _ cf le si merveilleux et nécessaire (de lire) !L’acte esthétique” de Baldine Saint-Girons _

de l’auditeur-écouteur (qui en « jouit »…) _

chacun amenant, donc,

tout ce qui peut concourir _ poïétiquement ! _ au miracle du meilleur de la « rencontre » æsthétique, donc…

Bref,

et même si je découvre ce matin sur le site de Channel Classics les quelques « réserves » d’écoute _ ou plutôt d' »audition » (acoustique !) _, quant au travail d’ingénierie du son (pour Decca) de Philip Siney, de Christophe Huss

_ dont c’est en quelque sorte un « dada » ; et au point, hélas pour lui, de s’en gâcher totalement, et combien souvent, le plaisir !!! _,

en son article (débutant par un « Et un autre massacre, un !« ) ;

et même si je découvre les quelques « réserves » d' »audition » (acoustique !) de Christophe Huss

quant à la « réalisation » de Nelson Freire,

Christophe Huss use, tout de même _ ouf ! _ des expressions « le toucher miraculeux«  _ oui ! _

et « la science de la respiration _ absolument : quelle qualité d’écoute de la musique de la part de l’interprète ! _ de Nelson Freire«  ;

ainsi que « un des plus grands pianistes de notre temps » !..


Sur la qualité de l’écoute de Nelson Freire,

je relèverai, encore, cette remarque du livrettiste Olivier Bellamy, page 6 du livret du CD Decca :

« Le grand Claude-Achille (…) suggère au lieu d’évoquer. (…) Debussy écoute le vent du monde lui rapporter, d’est en ouest, rumeurs anciennes et sons nouveaux (…). Nul autre que Nelson Freire ne se sent plus proche de cette pudeur féconde _ une belle expression _, de ce raffinement silencieux _ c’est on ne peut plus juste ! Il adore aussi la délicatesse de la dédicace de « Children’s corner«  : « A ma chère petite Chouchou, avec les tendres excuses de son père pour ce qui va suivre ». Après la mort de Debussy, Alfred Cortot était venu jouer quelques « Préludes«  à sa fille chérie _ Claude-Emma (30 octobre 1905 – 14 juillet 1919), dite « Chouchou«  _ (qui rejoindra un an plus tard son père dans la tombe _ au cimetière de Passy _ ). Il avait demandé à l’adolescente : « Est-ce ainsi que ton père jouait ? » Chouchou avait répondu : « Oui, mais papa écoutait davantage… »

Ecouter et laisser s’exprimer la musique, voilà le secret.« 

Et Olivier Bellamy ajoute encore, à la suite :

« Chopin ne faisait pas autre chose _ en effet… _ : écoutant ce que lui confiait le piano sous la caresse de ses doigts habiles. » Oui ! 

Bref, ce CD « Debussy Nelson Freire » est un cadeau des Dieux…

Faites-vous en, déjà, une « petite idée »

_ même si rien ne convient moins bien à l’écoute musicale qu’une « idée »,

fût-elle « petite » !… _

en allant l’écouter :

car rien ne remplace l’écoute personnelle ; même si, aussi, il vaut mieux « écouter » (vraiment) plusieurs fois…

Bonne écoute !

Bon « enchantement » !

Bon « Debussy Nelson Freire » ! pour vous…

Titus Curiosus, le 16 janvier 2009

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