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Le CD Supraphon SU 4333-2 « Village Stories » (Stravinsky – Janacek – Bartok) du Prague Philharmonic Choir dirigé par Lukas Vasilek : une référence absolue selon le magazine Crescendo…

08jan

Comme le souligne superbement Pierre-Jean Tribot en son article « Fêtes villageoises entre ripailles et comptines » du 17 novembre dernier (2023) du Magazine Crescendo,

le CD Supraphon SU 4333-2 « Village Stories – Stravinsky – Janacek – Bartok« , du Prague Philharmonic Choir sous la direction de Lukas Vasilek _ voir la brève vidéo-teaser de ce CD par Supraphon _,

constitue désormais « une immense référence » de ce répertoire éminemment festif d’Europe centrale…

Leoš Janáček and the generation younger Béla Bartók and Igor Stravinsky were major 20th-century composers markedly influenced by folk music, bringing it to bear in their own creations. Janáček and Bartók also keenly devoted to folklore as theoreticians and collected folk songs around the villages. Stravinsky, for his part, was mesmerised by folk rituals. A case in point is Les noces, which in four choreographed scenes depicts Russian wedding customs. Following significant revisions of the instrumentation, the fourth, definitive, version of the piece received its world premiere in 1923 in Paris, as performed by Sergei Diaghilev’s Ballets Russes, to Bronislava Nijinska’s choreography. Janáček conceived his Nursery Rhymes at the age of 71, shortly after completing the opera The Makropulous Case. He too made changes to the instrumentation before arriving at a satisfactory form. The second version of the set bears witness to Janáček’s being enthralled by Stravinsky’s music. The Three Village Scenes for female voices and chamber orchestra feature arrangements of folk tunes Bartók collected in the Zvolen district in today´s Slovakia. The set is evidently influenced by Stravinsky’s style as well. The three challenging works have been undertaken by Lukáš Vasilek conducting the outstanding Prague Philharmonic Choir, which on numerous occasions have displayed its exceptional qualities and a great sense for performing music inspired by folk art. The album links up to the highly acclaimed recording of Bohuslav Martinů’s Cantatas (Gramophone Editor’s Choice, nomination for the BBC Music Magazine Award) _ je possède aussi ce CD Supraphon SU 4198-2, dirigé lui aussi par Lukas Vasilek, enregistré au Rudolfinum de Prague, en 2015 et 2016…

Voici donc ce bel et très juste article de Pierre-Jean Tribot :

Fêtes villageoises entre ripailles et comptines

LE 17 NOVEMBRE 2023 par Pierre Jean Tribot

Igor Stravinsky (1882-1971) : Les Noces (1917, rev 1923) ; Leoš Janáček (1854-1928) : Říkadla ; Béla Bartók (1881-1945) : Trois scènes de village.

Kateřina Kněžíková, soprano ;  Jana Hrochová, mezzo-soprano ;  Boris Stepanov, ténor ;  Jiří Brückler, baryton ;  Zoltán Fejérvári, Katia Skanavi, Alexandra Stychkina, Kirill Gerstein, pianos ; Amandina Percussion Group, Dakoda trio, Zemlinsky Quartet Belfiato Quintet. Prague Philharmonic Choir, Lukáš Vasilek.

2021 et 2022. Livret en anglais et en tchèque. Texte chanté traduit en anglais. 53’28’’. SU 4333-2

Il est parfois des programmes avec une évidence telle _ en effet ! _ qu’elle n’a pourtant jamais effleurée les concepteurs des programmes de disque ! Avec cet album, sans doute historique, Supraphon nous plonge dans la vie villageoise revue par trois des grands noms de la musique du XXe siècle, trois compositeurs qui ont pris leurs influences dans les danses, les transes et les comptines séculaires, voire millénaires des villages slaves et magyars _ voilà.

Dans les Noces de Stravinsky, Lukáš Vasilek amène ses choristes du Prague Philharmonic Choir, ses solistes et ses instrumentistes au plus profond des âmes _ voilà. Sa lecture du chef d’œuvre stravinskien conjugue tant la violence d’une fête qui déraille _ voilà : dans l’ivresse dionysiaque _, qu’une nostalgie des vies qui s’écoulent et du temps qui passe _ aussi.  Il y a dans la discographie des lectures plus violentes comme celle de Valery Gergiev (Mariinski) ou plus élégantes et racées comme celle de Charles Dutoit (Erato), mais cette nouvelle version conjugue comme jamais l’énergie primitive _ voilà _ avec un geste qui scanne les âmes en profondeur. Lukáš Vasilek a convoqué une équipe exceptionnelle _ oui ! _ pour l’entourer, il suffit de regarder la liste des pianistes d’où émergent les noms de Kirill Gerstein et Katia Skanavi. Tous ces artistes sont au diapason de cette interprétation qui fait briller mille détails _ mais oui : des pépites _ d’une partition que l’on pensait connaître par cœur mais dont on découvre de nouveaux aspects sous ces projecteurs musicaux.

Avant de passer aux brèves mais intenses Trois scènes de village de Béla Bartók, gorgées d’énergie et de couleurs fauvistes _ oui _, le Prague Philharmonic Choir interprète Říkadla, une sélection _ du morave Leos Janacek _ de comptines pour enfants, chansons de nourrices, issues de Bohème, Moravie ou Ruthénie subcarpatique _ qui ont formé la Tchécoslovaquie… Très courtes, chacune de ces pièces ouvre une nostalgie infinie qui émane de la simplicité de ces saynètes illustratives d’un bonheur quotidien, magnifiées par l’harmonisation du compositeur.

Enfin, les Trois pièces de village sont l’apothéose _ sublimissime _ de cet enregistrement par la force coloriste et rythmique _ oui ! _ qui se détache de cette œeuvre patchwork et unique _ rien moins ! _ dans le legs de Béla Bartók.

Tout au long de ce programme, le Prague Philharmonic Choir est superlatif _ oui ! _ tant dans son homogénéité, sa projection que dans ses multiples couleurs : impactant et fruité dans Stravinsky et Bartók, mais poétique et émouvant dans Janáček. La prise de son est magistrale _ comme toujours chez Supraphon _ et nous plonge dans la salle d’enregistrement _ le centre culturel VZLET, à Prague _ au plus près des artistes. Une immense référence  _ c’est dit !

Son : 10  Notice : 10  Répertoire : 10  Interprétation : 10

Pierre-Jean Tribot

Une joie irradiante !!!

Ce lundi 8 janvier 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Ecouter le tendre ténor slovaque Pavol Breslik dans les Mélodies moraves du râpeux et sublime Leos Janacek

10mar

Géographiquement,

Kysucké Nové Mesto,

le lieu de naissance (le 9 mars 1979) du ténor _ slovaque _ Pavol Breslik

_ cf mes articles des 11 février et 28 mai 2018, et 19 janvier 2020 : ,  et … _

n’est vraiment pas très éloigné

de Hukvaldy,

le lieu de naissance (le 3 juillet 1854) du compositeur _ morave _ Leos Janacek…

C’est seulement le 1er janvier 1993 que la Slovaquie s’est séparée _ à l’amiable _ de la Bohème-Moravie, à laquelle elle était unie depuis le Traité de Saint-Germain-en-Laye, le 10 septembre 1919, qui avait créé la République de Tchécoslovaquie ;

en conséquence de quoi Pavol Breslik a possédé à sa naissance, en 1979, la nationalité tchécoslovaque

que possédait Leos Janacek lors de son décès, le 12 août 1928.

Surtout,

le chanteur _ slovaque _  et le compositeur _ morave _ appartiennent au même monde culturel slave 

assez proche de Vienne…

Le CD _ Orfeo C989201 _ The Diary of one who disappeared,

consacré à trois cycles de Mélodies de Leos Janacek :

Le Journal d’un disparu JW V/12,

Six chants populaires d’après Eva Gabel, JW V/9

et Mélodies de Detva, Ballades de Brigands, JW V/11,

est ici servi

par le ténor Pavol Breslik,

accompagné au piano par Robert Pechanec ;

avec, à l’occasion, la participation des chanteuses

Ester Pavlu, mezzosoprano,

Dominika Hanko, soprano,

Zuzana Marczelova, soprano

et Maria Kovac, mezzosoprano.

Pavol Breslik

est un _ tendre _ ténor mozartien ;

et c’est avec un très grand plaisir

que nous l’entendons pénétrer ici

le langage un peu rapeux _ et très idiosyncrasique ; et sublime ! _ de Leos Janacek…

Ce mardi 10 mars 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

L’oeuvre Durosoir au concert : les programmes du Quatuor Equinoxe et du Trio Rilke aux concerts d’Hendaye les 6 et 7 avril 2013

11avr

L’œuvre musical de Lucien Durosoir se caractérisant par une très forte singularité _ objective et à nos oreilles _,

en présenter quelque pièce _ en quelque sorte détachée… _ au concert, nécessite,

de la part des musiciens-interprètes,

un art délicat et assez subtil de la conception-composition du programme…

Et voici qu’il s’avère qu’avec Beethoven _ et sa puissance intense et profonde _,

Durosoir consonne en quelque sorte idéalement…

Le samedi 6 avril dernier, le Quatuor Équinoxe

(constitué de Clara Abou et Pauline Dangleterre, violons, Loïc Douroux, alto, et Émile Bernard, violoncelle),

et le dimanche 7 avril, le Trio Rilke

(constitué de Clara Abou, violon, Claire-Lise Démettre, violoncelle, et Antoine de Grolée, piano),

présentaient

en « Hommage à Lucien Durosoir«  _ et pour « Chemin de mémoire » qui entend instituer de tels concerts à Hendaye, lieu où vécut (et qu’a aimé) Lucien Durosoir, du 26 novembre 1925 au 29 avril 1926 ; et où il a composé deux œuvres importantes : les second et troisième mouvements de sa sonate Aube pour piano (achevés le 18 décembre 1925 et le 2 février 1926) et le premier mouvement de son Trio pour piano, violon et violoncelle (achevé le 18 avril 1926) ; c’est lors de ce séjour à Hendaye qu’a été décidé, le 14 avril 1926, l’achat de la Villa Les Chênes à Bélus, à l’extrémité sud-ouest de la Chalosse, où allaient s’installer définitivement (à la recherche du climat le meilleur !) Lucien Durosoir et sa mère : ce fut le 4 septembre 1926 _

deux œuvres de Lucien Durosoir :

d’une part,

deux mouvements, l’Adagio et le Scherzo, de son premier Quatuor à cordes (de 1920) _ cf sur les quatuors de Lucien Durosoir mon article du 4 juillet 2008 : Musique d’après la guerre _ ;

et d’autre part ses Cinq Aquarelles pour violon et piano (de 1920 aussi _ sa toute première œuvre _) : Bretagne, Vision, Ronde, Berceuse et Intermède

La très grande qualité de ces deux concerts _ et cela dans l’excellente acoustique de l’église Saint-Vincent, un lieu empreint d’une spiritualité qui convient parfaitement à la musique intense de Lucien Durosoir _

a très vivement marqué le public,

du fait de l’engagement puissant de ces deux (jeunes) ensembles, produisant une très forte « présence » _ poétique et musicale ! _ des œuvres interprétées… 

Alors, comment composer un programme de concert, faisant une place à quelque pièce de Lucien Durosoir _ ce compositeur si singulier _,

quand on est une jeune formation de musique de chambre, avec tout le travail de fond (et de longue haleine _ avec tant et tant d’heures de travail ensemble… _) qu’impliquent et nécessitent les formations si exigeantes de Quatuor comme de Trio ?..

Un concert impliquant la mise au point et donc la possession _ dans les doigts, dans les têtes, dans les cœurs : la musique se vit… _ de tout un répertoire,

cela ne peut certes pas s’effectuer du jour au lendemain ;

ce n’est qu’au fur et à mesure des répétitions et de la succession et maturation des concerts que les musiciens pourront peu à peu le constituer, l’établir, le faire resplendir dans leur jeu…


On est donc d’autant plus admiratif

du brillant de la réussite de la performance

des jeunes interprètes

du Quatuor Équinoxe

et du Trio Rilke

à l’église Saint-Vincent d’Hendaye, ces 6 et 7 avril derniers…

Et j’ai particulièrement à cœur de souligner que

les choix du Quatuor à cordes opus 18 n° 1

et du Trio opus 97 n° 7, avec piano, « À l’Archiduc » de Beethoven

se sont révélés particulièrement opportuns et ô combien excellents ! pour chacun des deux concerts,

la puissance poétique musicale de Lucien Durosoir ayant, en effet, quelque chose d’apparenté _ qu’on y médite ! _ à la puissance poétique musicale de Ludwig van Beethoven.

Dans mes essais de présentation-approche _ et d’approche de la singularité, tellement impressionnante ! _ de l’œuvre de Lucien Durosoir _ dans la rédaction de mes contributions au colloque Un Compositeur moderne né romantique : Lucien Durosoir (1878-1955), à Venise, au Palazzetto Bru-Zane, les 19 et 20 févier 2011 : Une Poétique musicale au tamis de la guerre : le sas de 1919 _ la singularité-Durosoir  et La Poésie inspiratrice de l’œuvre musical de Lucien Durosoir : Romantiques, Parnassiens, Symbolistes, Modernes : les Actes de ce colloque sont en instance de parution… _,

et en procédant, pour cela, à quelques tentatives de comparaison,

si ce sont les noms de Michel-Ange _ sculpteur _,

Agrippa d’Aubigné ou Walt Whitman _ poètes _

qui me sont venus à l’esprit,

en musique,

c’est à la puissance beethovenienne que me fait penser d’abord et en amont du XXe siècle, le génie musical de Lucien Durosoir en sa très forte singularité,


Que l’on pourra associer, aussi, à celui de contemporains tels que

Schoenberg, Janacek,  Szymanovski, Bartok, ou Chostakovich,

en son siècle, cette fois…

Voilà, ainsi, quelques propositions de pistes pour de futurs programmes de concert _  et notamment pour ce nouveau festival de musique (autour de Lucien Durosoir : « Chemin de mémoire« ) qui vient de voir le jour à Hendaye…

Cela dit,

des pièces telles que le Quartettsatz de Schubert,

ou la Sonata per violoncello e basso de Boccherini _ une personnalité rayonnante : au génie comparable à celui d’un Joseph Haydn, par exemple ; ce qui est loin de se savoir (et ressentir) assez !.. _,

ne déparaient en rien _ et ainsi superbement interprétées : avec une magnifique « présence » !!! _ le paysage musical de ces deux très beaux concerts

proposant de commencer à découvrir à Hendaye

l’idiosyncrasie puissante et profonde de Lucien Durosoir…

Titus Curiosus, ce 12 avril 2013

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