Hélène Cixous vient de m’adresser son Cahier intitulé Nacres
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qui paraît aux Éditions Galilée :
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« un petit livre pour la rentrée« , lui avait demandé son éditeur ;
« petite demande, voix affectueuse« .
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« Tout ce que je peux te proposer _ lui répond-elle _ c’est un cahier. Ce n’est pas un livre _
un livre, c’est bien davantage apprêté (et travaillé) qu’un simple cahier (de notes). Ce cahier, il est déjà écrit. Il n’a jamais pensé _ Dieu merci pour lui ! _ être un livre. Je n’ai jamais pensé _ forcément ! _ pour livre à un cahier. Livrer _ voilà : tel quel et sans apprêts ; le mot est important : livrer, c’est aussi se livrer… _ un cahier à la lecture _ d’un lecteur étranger _, c’est comme si je sortais en chemise dans un rêve ou en maillot de bain, et au lieu d’aller à la mer, j’irais faire un séminaire. Un cahier ne prétend pas _ le mot est important _ être habitant ou citoyen _ comportant des droits et des devoirs légaux _ de la Littérature _ car la Littérature comporte des conditions-exigences minimales de reprise par l’auteur et de présentation au lecteur à venir : d’apprêts ; sans trop de débraillé… C’est un cabinet pleins d’objets estimables pour moi et probablement sans grande valeur pour un visiteur _ autre que soi. Des bouts et des fragments écrits à l’abri de toute lecture _ et fortiori relecture (d’un autre que soi : un visiteur de passage…). Des pages sauvages, libres de désordonné, sans arrière-pensée, sans visière, sans calcul, sans arme, sans aucune défense _ voici une presque théologie négative de ce qu’est en son essence propre la Littérature _, un ramas de boutons d’or _ de fleurs des champs _, des éclats herbeux _ et en rien gazonnés _ dont le charme _ tout privé _ pour moi réside dans la brièveté _ sans un quelconque souci de suites, ni, a fortiori, de fin, de point final… _, une poussière _ simplement _ d’astres _ tout de même !.. _ sur la terre oisive _ incultivée, libre de son loisir-plaisir, caprice même _ autour de la tour de Montaigne _ mon pays : atteignable à pied en peu d’heures depuis Castillon-la-Bataille… Des souffles. Des battements _
à peine effleurés, presque pas saisis : juste des ombres esquissées, même pas apprivoisées ; elles sont si farouches et fugaces… Même pas des phrases. Même pas des épiphanies, quoique _
si, justement : quelque chose commence, même si c’est à peine, à apparaître, s’esquisser, se profiler, se saisir... Juste une façon de se tenir la main _
pour continuer, pour poursuivre : tant le fil du vivre, d’abord, très probablement, que le fil de l’écrire, ensuite, sans trop de rupture ; les ruptures-cassures, les enjamber… Voir ici la place, ou fonction, des chats (Philia, Théïa) d’Hélène dans ces notes de Nacres… Sans ambition. Sans loi _
et la Littérature comporte, elle, un minimum d’ambition et de lois ; c’est dit.
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Ce petit volume aura été surpris _ non toiletté _ au saut du lit.
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Je n’ai rien arrangé pour paraître _ et présenter présentable figure (attendue, convenable, sinon convenue). À peine ai-je parfois complété des mots, des phrases nominales, dont l’inachèvement hâtif ne gênait pas le cahier.«
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Telle est, presque in extenso, la teneur du Prière d’insérer
que l’éditeur prie l’auteure de glisser, en feuillet séparé, détaché,
à l’avant de ce qui se présente, malgré tout comme un livre, avec couverture _ et qui, décidément, plaît beaucoup au lecteur que je suis ; et même l’enchante ; en un regard rétrospectif de l’auteure, empreint de prévenances, voilà, à l’égard du lecteur qui s’apprête à lire son livre. Tel un accueil de l’hôte accueillant l’accueillé avec un minimum d’égards nécessaires envers le lecteur (pour peu que celui-ci s’apprête, aussi, de son côté, à vraiment bien le lire ; sinon, « indiligent lecteur, quitte ce livre !« , prévenait Montaigne en ouverture, impérieuse autant que malicieuse, de ses Essais) sur le porche attractif de son seuil d’intimité de ce qui est ici livré : à la lecture.
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Le Nacres _ cahier d’Hélène Cixous a bien sûr passionné le Curiosus-lecteur que je suis.
Et me lance dans un tout premier questionnement,
pour essayer de reprendre le fil du souvenir de mes précédentes lectures de l’Œuvre-Cixous.
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En voici de premières amorces :
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Isaac serait-il une pure fiction ?
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La question _ « _ Isaac, c’est son nom, celui de votre amour ?« _ est posée page 94 :
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« _ C’est une fiction. Tout. Isaac, amour, votre, fiction« .
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Et ici, forcément, l’énigme-Isaac demeure…
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Il faudra que je recherche qui peuvent être les effectifs cousins d’Hélène (pages 44-45, et ailleurs)
la cousine Pi et son frère Paul-les-Malheureux :
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des Cixous _ ou apparentés : ils viennent d’Oran ! Des Amar ? _, et pas des Jonas ou des Klein….
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se trouve confirmée
avec l’indication du décès de son frère Tontus René Dulas
ainsi que le cimetière _ à La Teste, et non loin de l’Éden _ du Natus, page 83 :
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« 17 octobre 2017
Tontus est mort. En apparence. Pif _ Pierre-François _ me raconte longuement la légende de Tontus René Dulas et le royaume d’Éden (l’habitation des onze Dulas dans la forêt des Landes, hommes des bois, sans école, qui ne vont dans la société extérieure et hostile que pour le service militaire). Mes enfants, élevés _ c’est dit _ par ces forts de la nature, sur le Natus. Natus, nom propre du Bourrier.
Aller au Natus, expression _ conservée telle quelle _ de leur enfance.
Au lieu-dit Natus-de-Haut, le Bourrier créé en juillet 1916 au cimetière national de La Teste, tout ça mes enfants, sous les ordres des Dulas, Chef Tontus, l’ignorent, ils vont au Natus comme à l’Éden, l’Éden des enfants sauvages est un mont de débris immondices de la ville, écharnures, morceaux de carcasses d’avions, casques de guerre.
(Note : ces cahiers sont des petits-cousins du Natus, des bourriers.) » ;
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de même qu’est nommée, page 69, l’Allée Fustel-de-Coulanges…
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Est indiquée aussi, page 39, l’adresse d’Éve Cixous, rue du Saint-Gothard :
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« Un vilain souci : les Catacombes dégueulent maintenant juste à côté de l’immeuble de maman. Qu’aurait-elle dit ? Si je savais, ça me protégerait. Comme pour « l’avenue René Crotty » (elle disait). Elle aurait trouvé le nom de cette « sortie » stérilisée, rectum au néon, étrange bouche d’égout au terme d’un long cheminement intestinal embouché d’abord place Denfert-Rochereau.
Heureusement qu’elle est abritée au fond du jardin Saint-Gothard. Ce Saint-Gothard n’était pas son col. Elle, c’était le Lautaret. Destin à l’esprit farceur : une si petite rue pour un si grand col.
Écrire le livre des Cols, on y apercevrait Hannibal, Stendhal, Goethe, à cheval, maman à pied, ou à dos de chameau.
Le mot col, dans la langue d’une sage-femme.«
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Bref, me voici aux anges ! en cette déchiffreuse lecture…
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Ce jeudi 17 octobre 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa
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Post-scriptum :
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Sur le Natus-de Haut,
lire les articles excellemment détaillés de Patrick Boyer et Jean-Michel Mormone publiés en 2008 et en novembre 2013 dans le bulletin de la Société historique d’Arcachon et du Pays de Buch ;
ainsi que le livre d’Éric Joly paru en octobre 2013, Un Nègre en hiver, aux Éditions Confluences.
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