Archives de la catégorie “Arts plastiques”

Lecture du « Néanmoins. Machiavel, Pascal » de Carlo Ginzburg, traduit par Martin Rueff : une nouvelle contribution majeure à la compréhension de quelques ressorts toujours dérangeants de notre Histoire moderne. Ou l’actualité persistante des intuitions de Machiavel…

03mai

Les essais de Carlo Ginzburg, précédemment parus en diverses revues, et rassemblés dans le « Nondimanco. Machiavelli, Pascal« , aux Éditions Adelphi, en 2018, ont paru, cette fois en une traduction en français de Martin Rueff, « Néanmoins. Machiavel, Pascal« , aux Éditions Verdier, le 8 septembre 2022, avec une mise à jour et en partie réécrits (notamment le chapitre VI « Machiavel et les antiquaires« , aux pages 131 à 146), et avec l’adjonction de deux textes, le chapitre V « Façonner le peuple. Machiavel, Michel-Ange« , aux pages 99 à 129, et la postface « Il n’y a pas de Dieu catholique« , aux pages 267 à 274.

Le singulier et très minutieux travail de penser de Carlo Ginzburg est absolument fondamental pour comprendre l’histoire en toute sa complexité de notre civilisation.

Et tout spécialement dans l’analyse éminemment aigüe et subtile qu’il donne,

et de l’œuvre même _ cf par exemple, et parmi pas mal d’autres, le déjà significatif « Le travail de l’œuvre Machiavel » de Claude Lefort _ de Nicolas Machiavel (Florence, 3 mai 1469 – Florence, 21 juin 1527), que Carlo Ginzburg déchiffre _ il a lu presque tout ce qui était accessible dans les bibliothèques (et articles publiés) du monde entier… _ comme nul autre aussi minutieusement avant lui,

et de la complexité, aussi, au fil de l’histoire, de la réception même, en un pluriel, très riche et très enchevêtré, de celle-ci…

Analyses qu’il fait tourner autour de la formule-pivot décisive machiavélienne, à laquelle jusqu’ici, nul _ à part peut-être Freddi Chiappelli (cf page 27) _ n’avait prêté une aussi perspicace et questionneuse lucide exploratoire attention !, du « dimantico » :

« toutefois« , ou plutôt, « néanmoins« …

Outre la très parlante 4e de couverture de cet ouvrage des Éditions Verdier :

Une réflexion sur la modernité politique à la lumière des pensées de Machiavel et de Pascal. Au moment où sont développées des histoires mondiales, des histoires décentrées, qui imposent de penser le monde globalisé, l’auteur examine ainsi les notions de règle et d’exception _ et leur très complexe tissage _ à l’épreuve des faits.

Machiavel, Pascal : ce rapprochement paraîtra surprenant. Machiavel découvre la casuistique médiévale _ voilà ! _ dans la bibliothèque de son père et met le rapport de la norme et de l’exception au centre d’un monde inventé (La Mandragore) et du monde où il vit et agit (Le Prince). L’adverbe néanmoins nomme ce rapport, qui marque le style comme la méthode de Machiavel. Pascal (Clermont, 19 juin 1623 – Paris, 19 août 1662), l’adversaire féroce de la casuistique, lit Machiavel _ en ses très percutantes Provinciales _ à travers Galilée (Pise, 15 février 1564 – Arcetri, 8 janvier 1642) _ oui ! et c’est très important ! _ et la réalité du pouvoir à travers Machiavel.

Néanmoins offre un voyage sur les traces de ces deux lecteurs extraordinaires et de leurs interlocuteurs, adversaires ou zélateurs : des personnages célèbres, notamment Campanella (Stilo, 5 septembre 1568 – Paris, 21 mai 1639) et Galilée, vus par leur censeur, le dominicain Niccolò Riccardi, mais aussi des moins connus, tel _ le très important ! et nous le découvrons ici… _ Johann Ludwig Fabricius (Schaffouse, 29 juillet 1632 – Francfort-sur-le-Main, 1er février 1696), qui permet, au fil d’une lecture oblique des Provinciales de Pascal, de proposer l’image du « très religieux » Machiavel.

Carlo Ginzburg a travaillé pendant des années sur des cas qui, pour être très différents, semblaient tous des anomalies _ des singularités, exceptions à la norme. De là sa rencontre, inévitable peut-être, avec la casuistique _ qui joue (et justifie ou excuse, à certaines conditions) de tels écarts.

En plus d’un essai consacré à la formule du Guépard, le roman de Tomasi di Lampedusa – « Si nous voulons que tout reste tel que c’est, il faut que tout change » -, la version française de ce livre offre deux nouveaux chapitres, l’un consacré à Michel Ange (Caprese, 6 mars 1475 – Rome, 18 février 1564) et Machiavel, l’autre à une phrase prononcée par le pape François : « Il n’y a pas de Dieu catholique ».

en voici aussi deux excellents commentaires très heureusement détaillés,

l’un, en date du 11 février 2021,

de Pierre-Henri Ortiz, sur le site de Nonfiction :

« Ginzburg, l’exception et la «  »théologie politique« 

Ginzburg, l’exception et la « théologie politique »

  • Publication • 11 février 2021
  • Lecture • 26 minutes

En neuf études autour de Machiavel, Carlo Ginzburg retrace la généalogie de la pensée moderne de l’exception en politique, dans son rapport à l’exception en religion _ voilà.

Depuis son retour en force avec l’événement-symbole du 11 septembre 2001, le problème des rapports entre politique et religion sature l’actualité de nos États qu’on pensait sécularisés. Sur le devant de la scène, les débats publics semblent le plus souvent s’embourber dans l’oubli presque complet de ce qu’est la religion, disparue derrière l’horizon de nombre de contemporains. En coulisse, un débat intellectuel assez ésotérique, qui mobilise historiens et philosophes, pose le problème dans les termes d’une expression désormais consacrée : celle de « théologie politique ». Inspirée de notions issues de la pensée de pères de l’Eglise antique (Eusèbe, Augustin) et de Spinoza (Tractatus theologico-politicus), l’expression renvoie à une hypothèse formulée par le juriste nazi Carl Schmitt, d’après lequel « tous les concepts prégnants de la théorie moderne de l’État sont des concepts théologiques sécularisés ».

Selon cette hypothèse, la dérogation aux règles ordinaires du droit et de la morale (le coup de force ou l’état d’urgence) tiendrait dans les conceptions modernes de l’Etat le rôle central joué par la dérogation aux lois de la nature et de la raison (le miracle) dans la pensée chrétienne de Dieu et de son action. Si cette proposition a d’emblée été vigoureusement combattue par le théologien catholique Erik Peterson, qui semble y avoir décelé tout ce qu’elle pouvait promettre à la mystique de la « Race », elle continue à inspirer la réflexion sur les évolutions de la politique moderne, en particulier sur le « mystère » théorique de l’état d’exception. L’état d’urgence sanitaire qui conditionne nos vies depuis bientôt un an suffit à illustrer l’intérêt du problème, qui est aussi celui des prisons spéciales du type Guantanamo, ou encore celui des lois de bioéthique.

C’est dans cette double perspective, politique et intellectuelle, que s’inscrit ce Nondimanco au titre non moins mystérieux au premier abord. « Nondimanco », qu’on pourrait traduire par « toutefois », c’est l’adverbe qui organise la réflexion sur le problème de l’exception dans la pensée de Machiavel, considéré comme l’inventeur de la science politique moderne. Or la lecture des neuf articles _ douze dans cette édition française _ qui retracent ici l’archéologie de cette pensée, et ses prolongements généalogiques jusqu’à Pascal, suggère un remarquable changement de perspective. Non seulement l’exception y apparaît comme un mécanisme tout aussi consubstantiel à la raison d’État que le miracle est essentiel à la doctrine de l’Église ; mais encore, l’exception politique apparaît comme un mécanisme qui n’a cessé de scandaliser ou de susciter l’ironie des commentateurs humanistes, calvinistes ou jansénistes lorsque l’Eglise s’est montrée trop prompte à y céder.

Machiavel ou la renaissance de la politique

L’œuvre de Machiavel s’inscrit dans le contexte plus général de la Renaissance, et en particulier de la « renaissance florentine »   . À l’heure où les guerres d’Italie font rage, la question n’est plus tant de connaître la meilleure constitution, la plus conforme à la morale, à la raison et au salut, mais la pratique la plus efficace _ voilà _ pour assurer l’ordre dans un monde cruellement instable. Désormais, la nouvelle science politique se veut expérimentale et pratique : elle se donne pour tâche d’observer et de comprendre le pouvoir dans sa réalité effective, afin d’éclairer les choix du gouvernement. Or l’examen des faits est sans appel : la source du pouvoir ne tient ni à la providence divine, ni aux qualités morales des gouvernants, mais à des phénomènes trivialement humains de deux sortes. Soit on en hérite par la naissance, soit on s’en saisit, par le moyen combiné de la force ou de l’habileté (la « virtù »   ) et de la chance (la « fortune »).

Ainsi la pensée politique rompt avec la théologie et avec la philosophie héritée de l’Antiquité (Platon, Aristote), qui liaient essentiellement leurs spéculations sur les acteurs du pouvoir à l’économie du salut et à la morale. La science de Machiavel examine les moyens et les fins propres au champ politique, dont on découvre alors l’autonomie, et qui entretient un rapport problématique à la religion et à l’Église. Si l’action des États n’est affaire ni de morale, ni de salut, la raison religieuse se voit écartée de la raison d’État. Surtout, l’Église est elle-même un de ces États, dans lesquels le pouvoir s’obtient et s’exerce d’une manière tout aussi indifférente à la morale, à la providence et au salut. Dans de telles conditions, la métamorphose de l’Église en État semble être au prix de sa fonction proprement religieuse : sa mission « cohésive », celle qui consiste à « relier » (religare en latin) les hommes afin d’assurer l’unité de la société. La rupture des Réformés avec l’Église semble devoir bientôt donner raison à cette analyse – et l’ironie de Machiavel à l’encore de l’Église lui vaudra non seulement d’être qualifié par certains de « calviniste », mais encore de voir son Prince interdit par la censure ecclésiastique (l’Index).

De la scolastique à la politique

Pour autant, la pensée de Machiavel n’est pas sans rapport avec la pensée religieuse de son temps, et le premier mérite des analyses de Carlo Ginzburg est de montrer comment elle se forme précisément sur le modèle _ voilà _ du raisonnement tenu en théologie scolastique ou en droit canon par les clercs de la Renaissance. C’est leur manière de penser simultanément les règles générales (de l’éthique ou du droit religieux) et les circonstances spécifiques de chaque situation – ce qu’on appellera plus tard la pensée casuistique – que Machiavel applique à l’analyse politique. Cette affinité entre la nouvelle science politique et la casuistique, perçue par différents commentateurs, est attestée par une enquête philologique minutieuse qui permet de retracer différentes étapes dans la formation intellectuelle méconnue du Florentin _ oui. À partir de l’étude d’une parodie de raisonnement casuistique dans la comédie La Mandragore de Machiavel – qui était aussi poète –, Ginzburg établit que son modèle se trouve dans un traité de droit commercial rédigé par le spécialiste de droit canon Giovanni d’Andrea dès la fin du XIIIe siècle. Environ deux siècles plus tard, dans la bibliothèque paternelle, le jeune Nicolas devait y découvrir une fascinante justification du « moindre mal », amplifiée par les prédicateurs italiens des siècles suivants, qui pouvaient par exemple justifier l’usure pour éviter un mal supérieur : ainsi l’enseignait le précédent biblique de Lot, qui s’était résolu à prostituer ses filles pour éviter le « moindre mal » de la sodomie (Gen. 19). Le fait que ce schème de pensée casuistique ait ensuite été reformulé et disséqué froidement dans une scène comique laisse songeur puisque, dans le fond, il fait naître une pensée dont l’essence consiste à reconnaître « la dimension tragique de la politique »   .

Si La Mandragore permet de retrouver la matrice canoniste de la pensée machiavélienne de l’exception, entre règles générales et circonstances particulières, l’examen d’un autre texte mineur, les Fantaisies à Soderini   , permet de remonter aux sources de la première formalisation de cette pensée de l’exception, autour du problème de la « fortune ». C’est à partir d’un pastiche des Vies parallèles de Plutarque, dû à Donato Acciauoli, que Machiavel en vient à méditer la propension d’un même moyen (par exemple le talent militaire de Scipion et d’Hannibal) à produire des résultats différents (la victoire ou la défaite), comme à l’inverse la capacité de moyens différents (par exemple l’impulsivité ou la prudence) à obtenir des résultats similaires (la prise du pouvoir). Le même pasticheur est peut-être aussi celui qui a conduit Machiavel, sur la base de cette découverte quant aux fins et aux moyens, à opérer un retournement décisif de la pensée d’Aristote christianisée par saint Thomas : retournement qui déplace la politique du domaine de l’« action », déterminée par le savoir et l’éthique, vers le domaine du « faire », déterminé par un savoir-faire.

En cela les analyses de Machiavel convergent vers celles d’un autre intellectuel humaniste et conseiller des princes, Pontano. Acteur et observateur des turbulences que traverse le Royaume de Naples, celui-ci constate à la même époque l’obsolescence des catégories latines et antiques pour penser la réalité effective d’un pouvoir qui s’exerce et se dit désormais lui-même en italien (ou en d’autres langues vernaculaires). Ainsi la science politique de Machiavel, et des humanistes qui l’accueilleront favorablement, est-elle avant tout un « art de l’État » : un examen expérimental des pratiques intéressé par leurs effets, indifférent en tant que tel aux considérations morales, ou plutôt, qui permet d’évaluer positivement des actes (sous l’angle de leurs effets) qu’on réprouve par ailleurs sur le plan éthique. Des actes tels que le meurtre de Rémus, assassinat fratricide, mais aussi acte fondateur de l’incomparable Rome.

Dans ce sens, la pensée politique qui vient d’être inaugurée ne rompt pas absolument avec la philosophie politique d’Aristote christianisée par Thomas : elle délaisse surtout le ciel _ platonicien _ des idées et des lois absolues, après que l’échec de la dictature théocratique de Savonarole en a démontré les limites, pour tourner son regard humaniste et renaissant vers la réalité des États. Dans cet « œil du Quattrocento » (pour détourner le propos de l’historien d’art M. Baxandall), l’« art des États » revient ainsi à mettre le gouvernement en « perspective ». Perspective dont le point de fuite est bien l’exception (le « nondimanco »), puisque la seconde notion cardinale de la pensée de Machiavel, la « virtù » pensée comme « puissance », est elle-aussi un héritage aristotélicien et thomiste restructuré par la tension entre norme et exception.

Machiavel en héritage

Les travaux de Machiavel ont été l’objet d’une réception contrastée, en particulier dans les milieux les plus concernés par les affaires de l’Église. Son livre le plus connu, Le Prince, est aussi le plus ambigu et le plus équivoque sur le plan de ses implications morales et religieuses : si bien que, publié en 1531 avec l’autorisation du pape et après avoir rencontré un important succès en Italie et en Europe, il est finalement _ un peu plus tard _ mis à l’Index, interdit et combattu par un parti anti-machiavélien (Gentillet en France, Campanella en Italie). À cinq siècles de distance, Ginzburg relève d’ailleurs que ce texte embarrasse toujours ceux qui, depuis quelques décennies, reconnaissent en Machiavel un héros de la République et non plus le promoteur « machiavélique » de l’immoralisme astucieux et tyrannique. Pour autant, si Le Prince est interdit, la science expérimentale des États semble faire son chemin irrésistiblement _ à méditer… _ chez nombre d’intellectuels et d’aristocrates européens, y compris des hommes d’Église, de la même manière _ pas tout à fait, cependant… _ que, bientôt, la science expérimentale de Copernic et de Galilée se diffusera inexorablement dans les cercles savants.

Dès le XVIe siècle, par des voies parfois tout à fait indirectes, le souvenir de Machiavel irrigue la controverse des Anciens et des Modernes, qui s’étend bientôt à une réflexion triangulaire élargie aux Sauvages, seconde espèce d’altérité lointaine. Dans ce contexte, la différenciation du Politique et du Religieux opérée par Machiavel soutient l’étude comparée des civilisations, débarrassée du postulat de la supériorité nécessaire de la Chrétienté (Guichard). Mais à l’inverse, alors que l’Europe, à commencer par la France, se déchire dans les Guerres de religion fratricides, le nom de Machiavel est tenu par d’autres pour responsable de l’« ensauvagement » d’une Chrétienté qu’il aurait contribué à pervertir (de Léry). Le constat machiavélien (« l’homme ne pardonne pas aux autres leurs torts »   ) est pris pour un programme diabolique, faisant obstacle à l’unité de la foi : ironie inconsciente de l’histoire, qui ne comprend plus l’ironie voilée de Machiavel devant les politiques de l’Église.

Dès lors, on ne peut être qu’interpelé par le sort remarquablement nuancé que l’Église fait au machiavélisme, qui mérite d’être mis en regard _ structurellement, en quelque sorte _ de l’affaire Galilée _ certes, mais avec des différences de fond, toutefois… Carlo Ginzburg rappelle en effet que l’Église a combattu, en Copernic et Galilée, le risque qu’une nouvelle vérité universelle entre en concurrence _ gênante politiquement et idéologiquement _ avec le discours cosmologique de l’Église, et qu’ainsi, l’émergence d’une Science autonome menace _ d’une certaine façon _ la Religion. Pour autant, les autorités ecclésiastiques n’ont jamais condamné comme « hérétique » le galiléisme (ou héliocentrisme), dont l’existence était tolérée dès lors qu’il ne prétendait qu’à l’humble statut de théorie scientifique _ sauvant les phénomènes… Décidément politique _ en effet _, l’Église _ temporelle _ a négocié le même régime de tolérance à la science machiavélienne, dès lors qu’on voulait bien la cantonner à son strict domaine de compétence. En l’espèce, il est aussi remarquable que la négociation avec la science physique et avec la science politique ait été conduite par l’intermédiaire des mêmes figures (notamment Niccolo Riccardi). À la différence de l’art politique, la Science s’affirme cependant _ voilà ! _ dans un geste fondateur qui rejette l’exception face aux lois inflexibles de la nature : geste particulièrement suggestif des rapports complexes entre Religion, Politique et Science au moment où chacune se voit attribuer un domaine de compétence propre et limité   .

La tolérance envers le machiavélisme, dont le cardinal de Richelieu est peut-être la plus éloquente incarnation, était d’autant plus facilement négociable que Machiavel, plus politique que Galilée, a su plus habilement avancer « entre les lignes »   ; c’est-à-dire à cet endroit où l’implicite est cependant univoque, et où le philologue doit venir chercher. De sorte que le machiavélisme a pu irriguer jusqu’à la pensée chrétienne. Ainsi de Pascal qui, dans ses Pensées, tente de faire la synthèse de Machiavel et de Galilée : la raison d’État et la raison scientifique constituent deux nécessités supérieures qui s’imposent parfois à l’ordre du Droit. Mais c’est aux Provinciales du même auteur que s’intéresse surtout Carlo Ginzburg : ce texte satirique par lequel le scientifique français se joint aux jansénistes dans leur critique du « probabilisme moral » des jésuites – un ordre ecclésiastique très « politique » au service des intérêts prioritaires de l’Église de Rome.

À travers deux belles et denses analyses des sources textuelles des écrits de la controverse entre jansénistes et jésuites – controverse qui croise la critique calviniste de l’Église romaine (Fabricius, Bayle _ c’est passionnant ! _) – on voit rejouer la force de l’ironie au service des paroles formulées « entre les lignes », ainsi que la négociation par l’Église d’un compromis entre formulation de la critique janséniste (tolérée) et expression publique de cette critique (proscrite). Surtout, autour de Pascal et de ses lecteurs calvinistes, on voit la critique de l’exception permanente pratiquée par l’Église tourner à la contestation de sa capacité à être autre chose qu’une puissance étatique. D’un point de vue satirique, c’est-à-dire à travers une lentille qui grossit délibérément les traits, c’est la religion elle-même qui semble différenciée de l’État romain, dont elle ne serait finalement guère plus qu’un prétexte. On pense alors au Grand Inquisiteur des Frères Karamazov, dont le gouvernement ecclésiastique tolère mal le retour de Dieu fait homme. Alors que Pascal est un précurseur de la théologie politique, les interprétations qu’en donnent ses lecteurs des siècles suivants (dont Dostoïevski fait d’ailleurs partie) interrogent ainsi les développements ultérieurs qui aboutissent à l’hypothèse _ dangereuse _ de Carl Schmitt.

Les conditions scientifiques d’une histoire souterraine

Carlo Ginzburg est plus connu du public pour ses livres consacrés à l’histoire des idées religieuses qui frémissent derrière l’activité des inquisiteurs et de la chasse aux sorcières. Il a notamment montré combien celles-ci s’étaient déployées dans le sillage de la persécution des juifs, laquelle s’inscrit elle-même dans une histoire au long cours précédée par l’affirmation d’une Chrétienté conquérante, et plus tôt encore, par l’affirmation de l’Église romaine face aux puissances séculières. Ruisselant en aval de ces analyses, Nondimanco poursuit la patiente exploration des galeries de cette « histoire souterraine » en direction de l’âge des Lumières _ et bien au-delà, en cette édition française dans cette traduction de Martin Rueff…

À l’heure où les sciences sociales sont encore interrogées sur leur contribution au débat public, le moindre des intérêts de ces neufs _ et ici douze _ articles _ les trois nouveaux constituent un apport très important ! _ n’est pas, non plus, de donner à voir toute la fécondité de l’application rigoureuse des méthodes de la philologie et de l’érudition patiente, pour clore des pistes trompeuses et apporter un éclairage nuancé aux préoccupations du présent. Par l’exemple, « entre les lignes », Nondimanco nous dit en somme que sous les conditions de méthode les plus exigeantes, les sciences humaines ont la capacité et le devoir de produire une vérité sans guillemets.

* Cet article a d’abord été publié lors de la parution du livre en Italie, sous le titre Nondimanco.

A lire également sur Nonfiction :

Giorgio Agamben, Le Règne et la Gloire. Pour une généalogie théologique de l’économie et du gouvernement

Carlo Ginzburg, Peur révérence terreur : Quatre essais d’iconographie politique

Françoise Lesourd , Laurent Thirouin (dir.), Lectures russes de Pascal. Hier et aujourd’hui

Et l’autre,

en date du 12 janvier 2023,

de Pierre Tenne, sur le site de En attendant Nadeau :

« Histoire secrète de la casuistique« 

Histoire secrète de la casuistique

« Le bon historien ressemble à l’ogre de la légende. Là où il flaire la chair humaine, il sait que là est son gibier. » La phrase de Marc Bloch a laissé son empreinte sur l’image du métier d’historien. Carlo Ginzburg, depuis ses premiers travaux, offre une alternative à cette figure de l’ogre par une pratique de l’histoire qui, à l’affût des indices, même microscopiques, parvient à penser ensemble l’humble et le gigantesque. Néanmoins, recueil d’essais parus ces vingt dernières années, est une œuvre remarquable autant qu’un plaidoyer pour une pratique de l’histoire singulière et inspirante.


Carlo Ginzburg, Néanmoins. Machiavel, Pascal. Trad. de l’italien par Martin Rueff. Verdier, coll. « Histoire », 288 p., 22 €


La recherche commence en 2003 par une réflexion sur l’exception et la règle chez Machiavel. Carlo Ginzburg, lecteur hors normes, s’y intéresse à l’un de ces indices dont il a théorisé la valeur historiographique et intellectuelle (« Signes, traces, pistes. Racines d’un paradigme de l’indice », Le Débat, 1980) _ un travail décisif ! Ici, l’indice est la récurrence de l’adverbe « néanmoins » (nondimeno ou nondimanco dans le texte original) dans les écrits de Machiavel. Sur les plans du style et de l’argumentation, Machiavel parvient à concilier la règle et l’exception par l’usage des « néanmoins ». L’identification de ce procédé stylistique et intellectuel – qu’avant lui très peu d’analyses avaient relevé – fournit à Ginzburg son hypothèse : Machiavel pense en casuiste _ voilà.

Néanmoins, de Carlo Ginzburg : histoire secrète de la casuistique

Simple, l’hypothèse est également gigantesque. La réception de Machiavel depuis un demi-millénaire a lié le penseur florentin à l’avènement d’une modernité politique et intellectuelle qui, Renaissance oblige, se serait dressée contre la scolastique et la théologie médiévales. Rien de moins anodin, donc, que de lire Machiavel comme un représentant de la théologie morale héritée du Moyen Âge. Rien de plus convaincant, à lire Ginzburg, dont on connaît l’érudition prodigieuse _ oui ! _ et le style limpide _ oui ! _ : la réception de Machiavel, la contextualisation _ voilà _ de ses textes dans leur totalité, leurs postérités versatiles, sont restituées avec une profondeur rare _ absolument ! _ qui situe avec force le Florentin dans ses héritages médiévaux.

Derrière la démonstration érudite, se tient, à équidistance merveilleuse des idées et des documents, une éthique de l’historien _ oui _ menant une enquête qui interroge sans cesse son objet autant que son sujet. Ce sont des références à l’histoire de l’art, écho de l’influence de l’Institut Warburg sur le jeune Ginzburg ; aux amis, tel l’historien de l’art Francis Haskell ; et jusqu’à ce militantisme intellectuel revendiqué qui renoue avec les engagements antifascistes transmis à Carlo depuis l’enfance – Leone, son père, fut un résistant célèbre au fascisme ; et sa mère, Natalia Ginzburg, aborda ces engagements dans nombre de ses romans.

Néanmoins, de Carlo Ginzburg : histoire secrète de la casuistique

Néanmoins raconte en filigrane les siècles de lutte politique portant sur des lectures concurrentes de Machiavel. Dans un vertigineux article (« Façonner le peuple. Machiavel, Michel-Ange »), qui se conclut sur la dénonciation des interprétations fascistes du Prince – la fameuse apologie de la force et du mal qui serait l’essence de cette pensée –, Carlo Ginzburg permet de relier l’opposition politique, l’« anti- » de l’antifascisme, à l’éthique positive de lecteur qu’il affirme dans tout l’ouvrage : « Je tiens à préciser d’emblée, pour écarter toute équivoque, que je repousse avec la dernière énergie (comme je le fais depuis de nombreuses années) l’attitude néo-sceptique qui consiste à mettre toutes les interprétations sur le même plan ». La détermination de cette pensée tient _ évidemment _ à tous ses engagements, archivistiques, historiques, intellectuels, éthiques, politiques.

Le cheminement depuis Machiavel passe ensuite par le long terme des réformes religieuses. L’imprégnation des textes et des idées machiavéliennes dans la réforme catholique est l’occasion de discuter des pans importants de cette histoire dont les auteurs italiens ont fait un domaine captivant d’investigation historique, moins sensible en France _ certes _ : l’influence valdésienne sur Reginald Pole, le rôle de l’Inquisition et de la censure inquisitoriale, permettent à Carlo Ginzburg de retrouver les pensées d’Adriano Prosperi et de Massimo Firpo, entre autres, pour inscrire la postérité machiavélienne dans l’histoire de la pensée ecclésiastique moderne.

Néanmoins, de Carlo Ginzburg : histoire secrète de la casuistique

Autre hypothèse formidable : Néanmoins postule et démontre la fortune intellectuelle de Machiavel chez les penseurs catholiques. L’une des prouesses du livre est la démonstration d’un usage du « néanmoins » dans le procès fait à Galilée _ oui, oui, oui _, notamment dans l’argumentation du cardinal Bellarmin. Le spécialiste de l’Inquisition qu’est Ginzburg déploie ici une lecture tout à la fois limpide et profuse, qui permet de faire émerger ce tour d’esprit à la fois machiavélien et casuiste dans les débats dont il montre que la pierre d’achoppement fut d’abord l’alternative entre deux formulations des théories héliocentriques. En 1615, Bellarmin avertit Galilée qu’il doit « se limiter à parler ex suppositione et non pas absolument, comme j’ai toujours pensé que l’avait fait Copernic ». L’alternative entre dire le réel et supposer les prémisses d’une réflexion renvoie à la question de la règle et de l’exception. Ce que dessinent ces débats, chez tous les acteurs, c’est en réalité l’idée moderne d’un langage de la nature réglé absolument par les mathématiques, tandis que le langage des hommes, politique et moral mais surtout faillible, est toujours celui des exceptions. Dès lors, « le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie ».

Galilée n’a pas le bonheur d’apparaître dans le sous-titre du livre _ en effet, et c’est peut-être dommage _, mais il fournit en effet le maillon essentiel _ voilà ! _ entre Machiavel et Pascal. Ce dernier clôt la recherche en ce qu’il apparaît avec Les Provinciales comme celui qui achève cette histoire secrète de la casuistique moderne. L’attaque littéraire et ironique contre la casuistique opérée par Pascal – et par les auteurs moins célèbres qui contribuèrent à ce démontage – fournit une conclusion longtemps définitive à la question de la règle et de l’exception dans cette histoire des idées. L’ultime ouverture de Néanmoins invite à ne pas célébrer cette conclusion trop longtemps _ en effet. Chez Lampedusa comme dans certaines prises de parole du pape François, un retour contemporain de la casuistique, et avec elle de la règle et de l’exception, permet de constater à quel point ces textes nous interpellent aujourd’hui aussi _, par-delà les siècles et les modernités, dans les travaux et les jours d’une langue dont Ginzburg, dans la séduction de la lecture, laisse croire qu’il est le seul locuteur _ du moins l’indipensable médiateur…

Un travail d’intelligence majeur de Carlo Ginzburg, une nouvelle fois.

Ce mercredi 3 mai 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

La passionnante très riche présentation par Marina Seretti, à la Station Ausone , de son « Le Sommeil profond et ses métamorphoses dans l’Art de la Renaissance » : une très riche « enquête picturale » et méditation philosophique…

15mar

Lundi dernier 13 mars,

pour la quatrième séance de la session 2022-2023 de notre Société de Philosophie de Bordeaux,

Marina Seretti a présenté de façon absolument passionnante son très beau livre _ en forme d’« enquête picturale«  _, splendidement et très richement illustré,

« Le Sommeil profond et ses métamorphoses dans l’Art de la Renaissance« , paru aux Presses du Réel le 27 août 2021 :

à l’entrelacs de la très détaillée Histoire de l’Art et de la plus fine méditation philosophique.

En voici _ avec illustrations _ la très riche vidéo (d’une durée de 68′)…

Ce mercredi 15 mars 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Réactualisation, à la date du 16 décembre 2022, de la bibliothèque de podcasts et vidéos d’Entretiens de Francis Lippa, à Bordeaux, de 2009 à 2022, avec les plus excellents auteurs, et parfois amis…

16déc

 

Ce vendredi 16 décembre 2022,

voici une nouvelle réactualisation

du listing des podcasts (et vidéos) de mes divers entretiens enregistrés avec d’excellents auteurs

à la Librairie Mollat (et un peu ailleurs : Théâtre-du-Port-de-la-Lune, Cité du Vin…)

enregistrés depuis le 13 octobre 2009,

disponibles _ et accessibles à l’écoute ! _ par podcasts, et aussi vidéos, sur les sites de la librairie Mollat

reprenant et complétant les listes de mes articles

du 22 octobre 2015 6 ans d’ entretiens d’un curieux, Francis Lippa, à la librairie Mollat _ et comment accéder à leur écoute

du 11 février 2016 Actualisation du listing des entretiens de Francis Lippa à la librairie Mollat, à la date du 11 février 2016 

du 10 avril 2017 Nouvelle actualisation du listing des entretiens avec Francis Lippa à la Librairie Mollat à la date du 10 avril 2017

du 27 novembre 2017 

du 11 juin 2019 

et du 6 avril 2022 

 

1)  Yves Michaud, Qu’est-ce que le mérite ? (52′) le 13-10-2009

2)  Jean-Paul Michel, Je ne voudrais rien qui mente dans un livre (62′) le 15-6-2010

3)  Mathias Enard, Parle-leur de rois, de batailles et d’éléphants (57′) le 8-9-2010

4)  Emmanuelle Picard, La Fabrique scolaire de l’histoire (61′) le 25-3-2010

5)  Fabienne Brugère, Philosophie de l’art (45′) le 23-11-2010

6)  Baldine Saint-Girons, Le Pouvoir esthétique (64′) le 25-1-2011

7)  Jean Clair, Dialogue avec les morts & L’Hiver de la culture (57′) le 20-5-2011

8)  Danièle Sallenave, La Vie éclaircie _ Réponses à Madeleine Gobeil (55′) le 23-5-2011

9)  Marie-José Mondzain, Images (à suivre) _ de la poursuite au cinéma et ailleurs (60′) le 16-5-2012

10) François Azouvi, Le Mythe du grand silence (64′) le 20-11-2012

11) Denis Kambouchner, L’École, question philosophique (58′) le 18-9-2013

12) Isabelle Rozenbaum, Les Corps culinaires (54′) le 3-12-2013

13) Julien Hervier, Ernst Jünger _ dans les tempêtes du siècle (58′) le 30-1-2014

14) Bernard Plossu, L’Abstraction invisible (54′) le 31-1-2014

15) Régine Robin, Le Mal de Paris (50′) le 10-3-2014

16) François Jullien, Vivre de paysage _ ou l’impensé de la raison (68′) le 18-3-2014

17) Jean-André Pommiès, Le Corps-franc Pommiès _ une armée dans la Résistance (45′) le 14-1-2015

18) François Broche, Dictionnaire de la collaboration _ collaborations, compromissions, contradictions (58′) le 15-1-2015

19) Corine Pelluchon, Les Nourritures _ philosophie du corps politique (71′) le 18-3-2015

20) Catherine Coquio, La Littérature en suspens _ les écritures de la Shoah : le témoignage et les œuvres & Le Mal de vérité, ou l’utopie de la mémoire (67′) le 9-9-2015

21) Frédéric Joly, Robert Musil _ tout réinventer (58′) le 6-10-2015

22) Ferrante Ferranti, Méditerranées & Itinerrances (65′) le 12-10-2015

23) Bénédicte Vergez-Chaignon, Les Secrets de Vichy (59′) le 13-10-2015

24) Frédéric Martin, Vie ? ou Théâtre ? de Charlotte Salomon (61’) le 25-11-2015

25) Marcel Pérès, Les Muses en dialogue _ hommage à Jacques Merlet (64’) le 12-12-2015

26) Yves Michaud, Contre la bienveillance (64′) le 7-6-2016

27) Karol Beffa et Francis Wolff, Comment parler de musique ? & Pourquoi la musique ? (32′) le 11-10-2016

28) Etienne Bimbenet, L’Invention du réalisme (65′) le 6-12-2016

29) Olivier Wieviorka, Une Histoire des Résistances en Europe occidentale 1940-1945 (54′) le 8-3-2017

30) Michel Deguy, La Vie subite _ Poèmes, biographies, théorèmes (75′) le 9-3-2017

31) Frédéric Gros, Possédées (58′) le 6-4-2017

32) Sébastien Durand, Les Vins de Bordeaux à l’épreuve de la seconde guerre mondiale (55′) le 6-6-2017 _ non diffusable publiquement, hélas, pour des raisons techniques : l’entretien est passionnant ! À défaut, lire le livre : « Les Vins de Bordeaux à l’épreuve de la Seconge Guerre mondiale : 1938-1950, une filière et une société face à la guerre, l’Occupation et l’épuration« , aux Éditions Memoring…

33) François Jullien, Dé-coïncidence (61′) le 17-10-2017

34) René de Ceccatty, Enfance, dernier chapitre (52′) & La Divine comédie (30′), de Dante (traduction), le 27-10-2017

35) Marie-José Mondzain, Confiscation _ des mots, des images et du temps (65′), le 7-11-2017, au Théâtre du Port-de-la-Lune : une vidéo. 

36) Pascal Chabot : L’homme qui voulait acheter le langage (49′), le 20-9-2018

37) Nathalie Castagné / Goliarda Sapienza : Carnets (49′), le 29-4-2019

38) Jean-Paul Michel : « Défends-toi, Beauté violente ! » & « Jean-Paul Michel « La surprise de ce qui est«  » & « Correspondance 1981-2017 » avec Pierre Bergounioux  (82′), le 3-5-2019 : une vidéo

39) Hélène Cixous : 1938, nuits (62′), le 23-5-2019 : une vidéo

40) Denis Kambouchner : Quelque chose dans la tête & Vous avez dit transmettre (62′), le 26-11-2019

41) Karol Beffa : L’Autre XXe siècle musical (53′), le 25-3-2022 : une vidéo 

42) René de Ceccaty : Le Soldat indien (9′), le 4-11-2022 : une vidéo

43) Pascal Chabot : Avoir le temps : Essai de chronosophie (64′), le 22-11-2022 : une vidéo

À suivre…

Le lien à l’article suivant de mon blog le 27 avril 2017 Deux merveilleux entretiens à l’Auditorium de la Cité du Vin, à Bordeaux, avec Nicolas Joly et Stéphane Guégan donne accès, lui, à deux très riches vidéos d’entretiens à la Cité du Vin :

le premier, le 17 janvier 2017, avec Nicolas Joly, et Gilles Berdin, à propos du livre La Biodynamie (94′) : une vidéo ;

et le second, le 28 mars 2017, avec Stéphane Guégan, à propos de la passionnante exposition à la Cité du Vin Bistrot ! De Baudelaire à Picasso (96′) : une vidéo

Bonnes écoutes ! Prenez-en le temps…


Une telle bibliothèque sonore et visuelle est sans prix :

victoire sur le temps, et dans le temps, et grâce au temps et à la vie, avec les rencontres et les œuvres qui en naissent, elle comporte d’irremplaçables joyaux, demeurant hic et nunc disponibles.

Ce vendredi 16 décembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le Programme de la saison 2022-2023 de la Société de Philosophie de Bordeaux : Pascal Chabot, Jeanne Guien, Christophe Bouton, Marina Seretti, Stéphanie Péraud-Puigségur

04oct

Voici le programme de la saison 2022-2023 de notre Société de Philosophie de Bordeaux :

Salle Station Ausone, 18h-19h30 (Mollat)

22 novembre : Pascal ChabotAvoir le temps. Essai de chronosophie, Paris, Presses Universitaires de France, 2021 ; et l’ensemble de ses essais aux PUF depuis 2008 (séance animée par Francis Lippa)

9 janvier : Jeanne GuienLe consumérisme à travers ses objetsParis, Editions Divergences, 2021 (séance animée par Pierre Crétois)

7 février : Christophe BoutonL’accélération de l’histoire. Des Lumières à l’Anthropocène, Paris, Seuil, 2022 (séance animée par Pierre Crétois)

13 mars : Marina SerettiEndormis: Le sommeil profond et ses métaphores dans l’art de la Renaissance, Dijon, Les presses du réel, 2021 (séance animée par Pierre Crétois)

Athénée Municipale

16 mai : Stéphanie Péraud-PuigségurGeste, figures et écritures de maîtres ignorants. Platon, Montaigne, Rancière, Limoges, Lambert-Lucas, 2022. Répondante : Juliette Morice (Université du Maine)

Un beau programme !

Ce mardi 4 octobre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Quelques progrès dans mes recherches sur les Loureyt – Lourreyt, originaires de Maurs, dans le Cantal…

26sept

Le 28 février 2017, par un message téléphonique _ à 18h 18, ainsi que mon agenda 2016-2017 en fait foi, j’avais laissé un message sur son répondeur téléphonique _,

j’avais pris contact avec le chercheur Jean-Marc Bersagol, originaire du Cantal, et plus précisément de Maurs,

à propos des ascendances lotoises (Figeac) et surtout cantaliennes (Maurs _ la commune de Maurs, limitrophe du département du Lot, est assez proche de Figeac_) des Loureyt, ancêtres d’Alfred Lourreyt _ le père de Marie-Amélie Lourreyt, l’épouse de Georges Droin, qui furent, en 1927-28, les commanditaires de la si belle villa Téthys, achevée de construire, en à  peine six mois, courant juillet 1928, au Pyla _,

sur lesquelles ascendances je menais des recherches depuis le 16 janvier 2017.

Car il se trouve que Jean-Luc Bersagol _ né en 1959 _ avait présenté, en 2008, une thèse de doctorat, intitulée « Petites villes et réseaux urbains en Haute-Auvergne aux XVIIe et XVIIIe siècles« , sous la direction du Pr Jean Duma, à l’Université Paris 10 ;

et, plus encore, que certains des membre de la famille des Bersagol, de Maurs, avaient épousé certains membres de la famille des Loureyt, de Maurs eux aussi ;

dont certains de ces Bersagol-ci _ en l’occurrence, en particulier, Marie ou Jeanne Bersagol (Maurs, ca 1700 – Maurs, avant 1781), épouse du cabaretier de Maurs Jean Loureyt (Maurs, ca 1700 – Maurs, avant 1781)étaient des ascendants directs de Marie-Amélie Lourreyt, épouse, le 1er août 1910, à Dax, Georges Droin, les commanditaires et propriétaires de la sublime villa Téthys au Pyla :

au double-titre, d’une part,

de l’ascendance, à la 4ème génération, du père de cette Marie-Amélie Lourreyt, soit Charles-Louis-Alfred Lourreyt (La Guerche-sur-L’Aubois, 31 août 1855 – Bordeaux, 5 janvier 1914) époux le 12 janvier 1853, à La Guerche-sur-L’Aubois, de Charlotte-Augustine-Elvina Ménétrier (Charenton-le-Pont, 21 mars 1831 – Bordeaux, novembre 1871) ; et c’est aussi de cette inscription du nom orthographié Lourreyt à l’acte d’état-civil de ce mariage à La Guerche, que provient le doublement de la lettre R dans le nom de famille des Loureyt originaires de Maurs, puis de Figeac, où était domicilié le marié sur cet acte d’état-civil à son mariage le 12 janvier 1853…_  ;

fils de Jean-Baptiste-Charles Loureyt (Figeac, 26 octobre 1812 – ?) époux le 12 janvier 1853, à La Guerche-sur-L’Aubois, de Charlotte-Augustine-Elvina Ménétrier (Charenton-le-Pont, 21 mars 1831 – Bordeaux, novembre 1871) ; et c’est aussi de cette inscription du nom du marié orthographié Lourreyt à l’acte d’état-civil de ce mariage à La Guerche, que provient le doublement de la lettre R dans le nom de famille des Loureyt originaires de Maurs, puis de Figeac, où était ainsi domicilié le marié sur cet acte d’état-civil à son mariage le 12 janvier 1853… _ ;

lui-même fils de Jean-Pierre Loureyt (Maurs, 15 avril 1765 – ?) _ époux le 30 mai 1794, à Figeac, de Marguerite-Clotilde Gach (Figeac, 1er juin 1766 – ?_ ;

lui-même fils d’Antoine Loureyt (Maurs, 2 janvier 1726 – ?) _ époux le 15 février 1757, à Maurs, de Jeanne Treps (4 juin 1724 – ?) _ ;

lui-même fils de Jean Loureyt (Maurs, ca 1700 – Maurs, avant 1781) et son épouse Jeanne Bersagol (Maurs, ca 1700 – Maurs, avant 1781) ;

et d’autre part,

de l’ascendance à la 5e génération cette fois _ d’où ce que Jean-Pierre Bersagol qualifie de « magnifique implex » dans une descendance croisée _, de la mère de Marie-Amélie Lourreyt, soit Valentine-Marie Bitôt (Bordeaux, 4 juin 1852 – Bordeaux, 1931) _ épouse le 26 octobre 1880, à Bordeaux, de Charles-Louis-Alfred Lourreyt (La Guerche, 31 août 1855 – Bordeaux 5 janvier 1914), l’époux étant alors domicilié avec sa mère, veuve, à Nevers, et étant lui-même clerc de notaire à La Guerche ; La Guerche (Cher) est proche de Nevers (Nièvre), dont la sépare la Loire… _ ;

fille de Catherine-Pauline Oré (Bordeaux, 2 novembre 1825 – Bordeaux, 19 octobre 1898) _ épouse à une date que j’ignore, et probablement à Bordeaux, de Pierre-Anselme Bitôt (Podensac, 22 mars 1822 – Bordeaux, 2 février 1888), médecin, demeurant 3 rue du Hâ à Bordeaux _ ;

elle-même fille de Marie-Josèphine Loureyt (Figeac, 7 août 1796 – Bordeaux, octobre 1878) _ épouse le 16 août 1814, à Figeac, de Jean Oré (Bordeaux, 29 décembre 1792 – Bordeaux, 5 novembre 1850), professeur alors au collège de Figeac ; leur domicile bordelais, plus tard, sera au 4 rue de La Lande _ ;

elle-même fille de Jean-Pierre Loureyt (Maurs, 15 avril 1765 – ?) _ épouse le 30 mai 1794, à Figeac, de Marguerite-Clotilde Gach (Figeac, 1er juin 1766 – ?_ ;

lui-même fils d’Antoine Loureyt (Maurs, 2 janvier 1726 – ?) _ époux le 15 février 1757, à Maurs, de Jeanne Treps (4 juin 1724 – ?) _ ;

lui-même fils de Jean Loureyt (Maurs, ca 1700 – Maurs, avant 1781) et son épouse Jeanne Bersagol (Maurs, ca 1700 – Maurs, avant 1781) _ nous y voilà!

Jean-Baptiste-Charles Loureyt, né à Figeac le 26 octobre 1812, et Marie-Joséphine Loureyt, née à Figeac le 7 août 1796 _ et ayant tous deux aussi pour mère la figeacoise Marguerite-Clotilde Gach (née à Figeac le 2 juin 1766), et épouse, à Figeac, le 30 mai 1794 du natif de Maurs Jean-Pierre Loureyt _étant ainsi frère et sœur ;

 

et ascendants,

lui, de son fils Charles-Louis-Alfred Lourreyt,

et, elle, de sa petite-fille Valentine-Marie Bitôt,

lesquels, cousins, se marieront à Bordeaux le 26 octobre 1880 ;

Marie-Joséphine Loureyt étant décédée exactement deux ans plus tôt que ce mariage, au mois d’octobre 1878 ; et son frère cadet Jean-Baptiste-Charles, à une date que j’ignore, mais avant ce mariage bordelais, puisque l’acte d’état-civil de ce mariage bordelais mentionne que la mère du marié, Charlotte-Augustine-Elvina Lourreyt, née Ménétrier, était alors déjà veuve de son époux…

Ainsi Jean-Luc Bersagol m’avait effectivement appris la date du mariage à Bordeaux d’Alfred Lourreyt et son épouse (et cousine) Valentine Bitôt ; mais je n’avais pas gardé en mémoire cette donnée ;

dont je viens de retrouver maintenant trace en compulsant méthodiquement les notes de mon _ toujours copieux, et par là précieux _ agenda d’entre le 16 janvier 2017 et le 27 mars de la même année 2017 ;

ainsi que les très précieux courriels échangés_ et précieusement conservés eux aussi… _ avec Jean-Luc Bersagol entre le 1er mars et le 27 mars 2017 ;

avec réception de 4 fichiers attachés excellemment documentés, avec photos de pièces d’archives d’état-civil,

ainsi que d’un éclairant tableau généalogique réalisé par lui _ mettant en évidence l’implex et la variation d’orthographe Loureyt/Lourrreyt, lors du mariage, à La Guerche-sur-L’Aubois (Cher), le 12 janvier 1853…

 

Ce lundi 26 septembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Chercher sur mollat

parmi plus de 300 000 titres.

Actualité
Podcasts
Rendez-vous
Coup de cœur