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Le charme extrêmement prenant de Benjamin Appl à nouveau opérant et superbe dans un programme à nouveau original et assez singulier : un bouquet de 19 Lieder de Franz Schubert en des adaptations orchestrales d’Anton Webern (5), Max Reger (7), Alexander Schmalcz (2) et 5 autres compositeurs-orchestrateurs, avec la complicité du chef, natif lui aussi de Ratisbonne, Oscar Jockel, et le Münchner Rundfunkorchester : un album infiniment séduisant de clarté et naturel, justesse et poésie…

10oct

Benjamin Appl à nouveau superbe dans la réalisation très réussie _ quel beau timbre de voix, et quel subtil et évident art du chant ! _ d’un nouveau projet très original et singulier :

un bouquet magnifiquement composé de 19 Lieder _ avec piano, à l’origine _ de Franz Schubert en des adaptations orchestrales _ assez peu courues et ainsi rassemblées… _ d’Anton Webern (5), Max Reger (7), etc.,

avec la complicité du chef _ natif de Ratisbonne (le 24 décembre 1995) comme Benjamin Appl (né le 26 juin 1982) _ Oscar Jockel, et le Münchner Rundfunkorchester :

soit un album BR Klassik 900346 _ enregistré à Munich du 28 au 30 septembre, le 30 novembre, et les 1er et 2 décembre 2022 (Benjamin Appl vient d’avoir 40 ans ; et Oscar Jockel a tout juste 26 ans), et en une prise de son de Christine Voitz, d’une stupéfiante clarté et un exemplaire naturel ! ; l’album est sorti le 6 octobre dernier, il y a à peine 4 jours… _ à nouveau très prenant et vraiment plein de charme…

De Benjamin Appl _ baryton bavarois, formé au très fécond Regensburger Domspatzen de Ratisbonne (et ultime élève de Dietrich Fischer-Dieskau), et désormais installé à Londres _, mais cette fois avec le seul piano de James Baillieu _ né, lui, en Afrique du Sud au mois de mars 1982 _,

m’avait si fortement impressionné le très original et éminemment singulier CD Alpha 912 « Forbidden fruit » _ enregistré à Lugano du 27 au 30 juillet 2020 _, que je lui avais consacré rien moins que 4 articles, les 29, 30, 31 juillet et 1er août derniers :

« « ,

« « ,

« « 

et « « …

De même,

je m’étais tout de suite procuré le « Winterreise » schubertien de Benjamin Appl et James Baillieu, au piano, le CD Alpha 854 _ enregistré à Kentish Town, en Angleterre, au mois de septembre 2021 _, très réussi lui aussi.

Incontestablement,

ces 19 adaptations de Lieder avec piano seul de Franz Schubert (Lichtental, 31 janvier 1797 – Vienne, 19 novembre 1828) pour des interprétations avec accompagnement d’orchestre,

et par des compositeurs aussi différents qu’Anton Webern (Vienne, 1883 – Mittersill, 1945) pour 5 Lieder, Max Reger (Brand, 1873 – Leipzig, 1919), pour 7 Lieder,  ou le contemporain Alexander Schmalcz (né à Weimar en 1969), pour 2 Lieder,

mais aussi Johannes Brahms (Hambourg, 1833 – Vienne, 1897), Kurt Gillmann (Wannsee, 1889 – Hannovre, 1975), Felix Mottl (Unter Sankt Veit, 1856 – Munich, 1911), Benjamin Britten (Lowestoft, 1913 – Alderburgh, 1976), ou Jacques Offenbach (Cologne, 1819 – Paris, 1880), pour un Lied chacun,

surprend, étonne, charme et enrichit notre écoute…

En commençant ici par les 2′ 39 du très beau lied « Abendstern » de la première plage du CD, un lied de 1824 sur un poème de Johann-Baptist Mayrhofer, ici dans une orchestration d’Alexander Schmalcz,

on pourra écouter, en suivant, l’ensemble des 23 plages _ ainsi accessibles ici à l’écoute _ de ce très beau original CD…

De ce CD, je recommande tout spécialement la plage 5 (de 4′ 18) « Du Bist die Ruhe« , un lied de 1823 sur un poème de Friedrich Rückert, ici dans une orchestration d’Anton Webern,

et la plage 18 (de 3′ 44) « Nacht und Träume«  _ peut-être mon lied préféré de Franz Schubert : extatique !.. _, un lied de 1825 sur un poème de Matthäus von Collin, ici dans une orchestration de Max Reger…

À ces 19 Lieder chantés par le baryton éminemment charmeur _ quel naturel ! quelle clarté ! _ de Benjamin Appl,

le CD adjoint, aux plages 3, 7, 13 et 20,

10 « Deutsche Tänze (serie 1) » de Franz Schubert, adaptées pour l’orchestre par Johann von Herbeck (Vienne, 1831 – Vienne, 1877)…

Le très grand talent d’interprète de Benjamin Apple, aidé ici de celui d’Oscar Jockel, est de ne jamais tomber en une réalisation hyperbolique, opératique, de ces Lieder en ces versions avec accompagnement symphonique _ toujours tendre, précis, doux, délicat et infiniment léger _,

mais de savoir conserver et excellemment restituer l’intimité chaleureuse et tendre, complice, des humeurs des soirées de Liederabend, en un très attentif petit cercle d’amis proches, pour lesquels étaient donnés et créés ces Lieder avec un simple piano _ données du 26 janvier 1821, dans l’appartement de la famille von Schober, au 28 janvier 1828, chez Joseph von Spaun, pour ce qui concerne ces mémorables schubertiades auxquelles a participé Franz Schubert à Vienne… _,

tout en procurant à ces si touchants et très variés Lieder, d’une infinie délicatesse, sans le moindre surlignage de moindre mauvais goût, cette coloration symphonique qu’ils comportent aussi, en très fin subtil filigrane,

et que se sont amusés à leur apporter, à diverses époques de rayonnement de ces chefs d’œuvre intimes de Schubert _ très vite reconnus comme tels ! _, ces divers compositeurs ainsi orchestrateurs :

Jacques Offenbach (1819 – 1880),

Johannes Brahms (1833 – 1897),

Felix Mottl (1856 – 1911),

Max Reger (1873 – 1919),

Anton Webern (1883 – 1945),

Kurt Gilmann (1889 – 1975),

Benjamin Britten (1913 – 1976)

ainsi que notre contemporain et en activité _ en particulier pour le magnifique Matthias Goerne.. _ Alexander Schmalcz (né en 1969) _ ici, en ce programme, pour les Lieder « Abendstern » et « An Sylvia« , un lied de 1826 sur un texte de Shakespeare (extrait des « Deux gentilshommes de Vérone« ) adapté par Eduard von Bauernfeld…

Un CD tout simplement admirable : exceptionnel de justesse, clarté, naturel

…et poésie.

Benjamin Appl, décidément magnifique ; et plus que jamais à suivre…

Ce mardi 10 octobre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Révélation du Quatuor Arod dans « The Mathilde album », autour de Mathilde von Zemlinsky-Schönberg (1877-1923)

16nov

Le jeune Quatuor Arod

_ constitué de Jordan Victoria et Alexandre Vu, violons,

Corentin Apparailly, alto

et Samy Rachid, violoncelle _

nous avait offert un intéressant et très prometteur premier CD,

en 2017,

consacré à deux Quatuors de Félix Mendelssohn :

le Quatuor opus 13 et le Quatuor opus 44 n°2

_ le CD Erato 0190295761127.

Ce mois d’octobre 2019,

le toujours jeune Quatuor Arod

_ l’altiste du Quatuor est désormais Tanguy Parisot _

prend une remarquable très haute dimension

_ enthousiasmante ! _

avec un album vraiment magnifique :

The Mathilde album

_ le CD Erato 0190295425524 _,

comportant,

d’Anton Webern (1883-1945), le Langsamer Satz,

d’Arnold Schönberg (1874-1951), le Quatuor à cordes n° 2 opus 10

_ avec la participation de la soprano Elsa Dreisig : parfaite ! _,

et d’Alexander von Zemlinsky (1871-1942), le Quatuor n° 2, opus 15 :

trois sidérants chefs d’œuvre

du début du XXéme siècle viennois,

interprétés avec une flamme qui nous transporte

et subjugue totalement.

Ces trois œuvres ont pour inspiratrice commune

et bouleversante

Mathilde Von Zemlinsky (1877-1923),

épouse d’Arnold Schönberg,

et sœur d’Alexander von Zemlinsky ;

une muse viennoise au destin tragique,

dont les péripéties de vie nous sont fort bien détaillées

par le livret _ sous le titre de Portrait d’une muse, pages 4 à 11 _ de ce CD,

sous la plume d’Aurélie Barbuscia et les membres du Quatuor Arod,

puis de Laurent Muraro.


Un CD marquant de la discographie de ce répertoire

émouvant.

Ce samedi 16 novembre 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

Je ne suis pas seul à aimer vraiment beaucoup Barbara Hannigan…

24nov

Le 27 septembre dernier,

l’article de mon blog

 

clamait haut et fort

ma passion pour l’art de Barbara Hannigan.

Eh bien, d’autres que moi la partagent !

Á preuve,

cet excellent article-ci d’avant-hier,

par Michèle Tosi,

sur le site de ResMusica :

NOSTALGIE ET ABANDON AVEC BARBARA HANNIGAN ET REINBERT DE LEEUW 

article que voici :

Arnold Schoenberg (1874-1951) :

Vier Lieder op.2 ;

Anton Webern (1883-1945) : Fünf Lieder nach Gedichten von Richard Dehmel für Stimme und Klavier ;

Alban Berg (1885-1935) : Sieben frühe Lieder ;

Alexander von Zemlinsky (1871-1942) : aus Lieder op.2, aus Lieder op.5, aus Lieder op.7 ;

Alma Mahler (1879-1964) : aus fünf Lieder ; aus vier Lieder ;

Hugo Wolf (1860-1903) : Goethe-Lieder.

Barbara Hannigan, soprano ;

Reinbert de Leeuw, piano.

1 CD Alpha, réf. Alpha 393.

Enregistré en octobre 2017 au Muziekcentrum van de Omroep (Netherlands).

78:00

ALPHA-Hannigan-Vienna

Barbara Hannigan et son complice Reinbert de Leeuw ont choisi la « Vienne fin-de-siècle » et le genre emblématique du Lied pour darder les derniers rayons du romantisme allemand, entre nostalgie et aspiration.


État d’âme singulier, la « Sehnsucht » est le fil rouge qui lie l’imposant corpus de Lieder choisi par les deux interprètes. Il s’agit pour la plupart d’œuvres de jeunesse, signalant leur attache profonde à la tradition, même si le langage tend désormais vers l’émancipation des lois tonales. De la seconde école de Vienne (Schoenberg, Webern et Berg) à Hugo Wolf, en passant par Alexander von Zemlinsky et Alma Mahler, la présentation des pièces inverse la chronologie _ en effet.

Ainsi dès l’op. 2 de Schoenberg, la voix sensuelle et caressante de Barbara Hannigan opère, avec sa flexibilité et la finesse de ses inflexions _ absolument ! Le piano de Reinbert de Leeuw garde ses distances, errant sous la voix avec cette « pâleur » lunaire qu’évoque les poèmes de Richard Dehmel (Erwartung), en préservant l’intimité de ton recherchée. Dans Fünf Lieder nach Gedichten von Richard Dehmel d’Anton Webern, l’instrument chante comme la voix et tresse avec elle une polyphonie animée quoique retenue, dans une lumière filtrée. Avec une intonation toujours très sûre _ oui _, la voix épouse souplement le profil exigeant de la ligne, assumant les écarts de registre sans la moindre tension. C’est un lyrisme plus incarné _ en effet _ qui souffle dans les superbes Sieben früher Lieder d’Alban Berg _ qui m’avaient sidéré dans l’interprétation qu’en avait donné en un archi-mémorable récital la sublime Tatiana Troyannos au Grand-Théâtre de Bordeaux. Si le piano campe sur sa réserve – on attendrait plus de couleurs dans le premier Lied Nacht – la voix, sans se départir d’une certaine fragilité, sert le texte avec autant d’élégance que d’intelligence (Die Nachtigall). Le vibrato n’est qu’un ornement pour la chanteuse, qu’elle utilise avec un art singulier, ne le libérant parfois qu’à la toute fin de l’émission vocale (Traumgekrönt). Autre sophistication, son articulation un rien alanguie des mots pour garder le velouté de la phrase _ absolument !

L’artiste de scène qu’est Hannigan enchante les Lieder de Zemlinsky, dont la veine narrative, plus proche d’un Mahler (Schlaf nur ein), suscite une palette de couleurs expressives, entre tendresse et ironie. Pour autant, c’est Alma Mahler, et non Gustav, qui figure dans l’album. La superbe Stille Stadt (Dehmel toujours !) lie amoureusement parties instrumentale et vocale. La voix d’Hannigan s’y déploie avec une grâce inégalée, collant au texte avec une rare sensibilité et des demi-teintes fort subtiles (Licht in der Nacht). Les mots qui finissent par être susurrés invitent à une écoute plus attentive.

Exprimée par Goethe à travers le personnage de Mignon et mise en musique par Hugo Wolf, la « Sehnsucht » révèle sans doute sa profonde signification. La gravité est de mise dans les premiers poèmes (Mignon I et II) où les deux complices soignent la conduite et la souplesse du flux verbal. Plus encore que dans le célèbre Kennst du das Land qui referme l’album, c’est dans Mignon III que les deux artistes subjuguent : avec ces tintements voilés dans les aigus du piano (Schubert demeure) et la déclamation exemplaire de la voix qui monte en crescendo jusqu’au dernier vers, « Rendez-moi ma jeunesse, et pour l’éternité ».

C’est en effet admirable !!!



Ce samedi 24 novembre 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le sublime récital « Vienna : fin de siècle », de Barbara Hannigan et Reinbert de Leeuw

27sept

Chaque performance de la soprano Barbara Hannigan

nous enchante,

nous éblouit,

nous séduit.

Aujourd’hui,

dans le merveilleux CD Alpha 393 Vienna : fin de siècle,

accompagnée par cet incomparable fin musicien qu’est le plus jeune que jamais Reinbert De Leeuw au piano,

Barbara Hannigan compose et sert sublimement un merveilleux programme viennois au tournant du XIXe siècle s’achevant et XXe commençant

_ entre 1888 (pour les Wolf) et 1915 (pour un lied d’Alma Malher) _,

avec les Vier Lieder opus 2, d’Arnold Schoenberg (1899),

les Fünf Lieder nach Gedichten von Richard Dehmel, d’Anton Webern (1906-1908),

les Sieben Frühe Lieder d’Alban Berg (1907)

_ j’ai encore dans l’oreille, aussi, les trois quart d’heure d’applaudissements du récital de Tatiana Troyanos au Grand Théâtre de Bordeaux, que comportait son merveilleux programme (avec le Chio mi scordi di te de Mozart et les Nuits d’été de Berlioz), lors d’un Mai Musical… _,

deux Lieder des Lieder opus 2 (1895-1896), deux autres des Lieder opus 5 (1896-1897), et trois autres encore des Lieder opus 7 (1898-1899), d’Alexander von Zemlinsky,

trois Lieder des Fünf Lieder (1910), et un autre des Vier Lieder (1915), d’Alma Mahler,

et les trois Lieder de Mignon, ainsi que le célèbre Kennst du Das Land, des  Goethe-Lieder (1888) de Hugo Wolf, pour clôturer en beauté cet étourdissant récital

d’une chanteuse vraiment exceptionnelle !..

Une merveille qui fait déjà date !!!

Ce jeudi 27 septembre 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

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