Posts Tagged ‘Crescendo

Reconnaissance de l’enthousiasmant bouleversant CD « Vol. Four – Weinberg – String Quartets N° 6, 13 and 15 » par l’Arcadia Quartet : une merveille de réalisation au disque…

21août

Comme en confirmation de mon article de samedi 17 août dernier « « 

à propos de l’enthousiasmant et bouleversant CD Chandos CHAN 20281 « Vol. Four – Weinberg – String Quartets N° 6 13 and 15 » par l’Arcadia Quartet _ enregistré à Dunwich, Suffolk, du 7 au 9 juillet 2023, et paru le 18 juillet dernier… _, un Quatuor constitué d’Ana Török et Rasvan Dumitru, violons, Traian Boalaaito, et Zsolt Török, violoncelle,

l’excellent magazine belge Crescendo publie ce mercredi 21 août 2024, et sous la plume très avisée de Jean Lacroix, un justissime article intitulé « Quatrième volet de l’intégrale des Quatuors de Weinberg par les Arcadia« ,

qui vient idéalement abonder à mon sens,

et que voici : 

Quatrième volet de l’intégrale des Quatuors de Weinberg par les Arcadia

LE 21 AOÛT 2024 par Jean Lacroix

Mieczyslaw Weinberg (1919-1996) : Quatuors à cordes n° 6 en mi mineur op. 35, n° 13 op. 118 et n° 15, op. 124.

Quatuor Arcadia. 2023.

Notice en anglais, en allemand et en français.

75’ 43’’.

Chandos CHAN 20281.

Lorsqu’il aura mené à terme son projet d’une intégrale des quatuors de Weinberg, qui doit compter six albums _ voilà, pour l’ensemble des 17 Quatuors de Mieczyslaw Weinberg… _, le Quatuor Arcadia rejoindra dans la discographie ses prédécesseurs : le Quatuor Danel (CPO, 2014 _ 6 volumes _) et le Quatuor Silésien (Accord, 2022). Fondé en 2006 par des étudiants de l’Académie de Musique Gheorge-Dima, sise à Cluj-Napoca, dans le nord-ouest de la Roumanie _ voilà _, le Quatuor Arcadia (Ana Török et Rasvan Dumitru, violons ; Traian Boala, alto, et Zsolt Török, violoncelle) s’est distingué en 2008 avec une intégrale des quatuors de Bartók (Chandos). Celle qui est consacrée à Weinberg en est _ ce jour _ à son quatrième volume. Nous avons présenté le troisième le 26 septembre 2023 _ Troisième volet des Quatuors de Weinberg par les Arcadia. Onze numéros sont désormais disponibles : 1, 2, 4 à 8, 11, 13, 15 et 16.

Ce quatrième album propose des partitions d’époques différentes, un choix déjà opéré antérieurement _ pour les volumes précédents. On ne reviendra pas sur la biographie tourmentée _ ravagée même _ de Weinberg _ Mieczyslaw Weinberg : Varsovie, 8 décembre 1918 – Moscou, 2 février 1996 _, désormais bien documentée. Lorsqu’il compose son Quatuor n° 6, entre le 20 juillet et le 24 août 1946, il le dédie à son ami compositeur Georgui Sviridov (1915-1998) qu’il a connu dans l’entourage de son autre ami, Chostakovitch. Deux ans plus tard _ en 1948, donc _, l’œuvre, au langage radical, figure au nombre des compositions que le régime soviétique _ de Staline _ classe parmi les « non conformes » _ aïe, aÏe, aïe… La notice de David Fanning, auteur d’un ouvrage _ Mieczyslaw Weinberg: In search of freedom (Hofheim, 2010) _ sur Weinberg en 2010, rappelle que, malgré la levée assez rapide de l’interdiction, celle-ci marquera le compositeur, qui ne produira pas de quatuor au cours des onze années qui suivront _ de 1948 à 1959. Il _ ce Quatuor n° 6, donc _ n’a pas été non plus joué de son vivant, semble-t-il, et ne sera donné pour la première fois qu’en janvier 2007, à Manchester, par le Quatuor Danel.

De vastes dimensions, quasi symphoniques (trente-cinq minutes), ce n° 6 se révèle audacieux dans sa conception en six mouvements. Très virtuose, l’ensemble, inclassable, est d’une grande difficulté technique et nécessite une maîtrise rigoureuse des couleurs sonores. Entre fluidité et sauvagerie _ voilà ! _, présentes dans les parties extrêmes, avec des moments lugubres, on découvre aussi deux mouvements dramatiquement brefs, avant un Adagio travaillé et un Moderato comodo à la fois passionné puis apaisé, avec des arpèges bruissants. Une partition qui demande aux interprètes de grandes facultés de concentration et de discipline collective, des qualités que possèdent au plus haut point _ oui ! _ les Arcadia.

Les quatuors n° 13 (composé entre mai et mi-juillet 1977) et n° 15 (l’écriture occupera les deux premiers mois de 1979) sont postérieurs au décès de Chostakovitch _ survenu le 9 août 1975 _ ; on peut les considérer dans la lignée des partitions de ce dernier, avec aussi des liens bartokiens _ oui. Ils ont une caractéristique commune : ils ne comportent pas d’indications expressives, mais bien métronomiques. En un seul élan de moins de quinze minutes (le plus court de Weinberg), le treizième, dédié au Quatuor Borodine, se révèle d’une grande complexité émotionnelle, avec des phases atonales onduleuses, un discours tantôt angoissant dans un échange entre le violoncelle et le premier violon, tantôt fusionnel, tantôt fiévreux, mais toujours d’un lyrisme concentré _ oui. Une page difficile _ mais imposante, grandiose _, tout comme l’est le quinzième quatuor, riche de neuf mouvements brefs, pour une durée de vingt-six minutes, au cours desquelles les sourdines sont utilisées dans plusieurs mouvements, dont le caractère, rythmé et passionné _ voilà ! _, adopte à chaque fois une texture propre. Ce quatuor est dédié à quatre lauréates russes de concours qui formeront ensuite le Quatuor à cordes de Moscou.

Le Quatuor Arcadia interprète, dans un engagement incisif et âpre _ idoine et superbissime ! _, ces pages dans lesquelles, selon une déclaration commune, il voit une musique pareille à une chaude lumière cernée par l’obscurité de l’inconnu. Toute la complexité de la structure et tout le poids émotionnel qui y est attaché, est traduit, comme dans l’album précédent, par des accents énergiques et une tension ravageuse _ énergie et tension ravageuse, d’une profonde intimité aussi… Les Arcadia prennent ces partitions à bras-le-corps, dans un investissement souvent bouleversant _ parfaitement ; du niveau de l’œuvre sublime de Beethoven, ai-je dit pour ma part… On attend les deux derniers albums à venir avec un _ très, très _ vif intérêt _ impatient et passionné. Mais il est déjà certain que la lecture globale des Arcadia, au style rigoureux et intensément lyrique _ oui ! _, va devenir une _ très _ solide référence pour ce _ sublime _ corpus weinbergien.

Son : 9  Notice : 10  Répertoire : 10  Interprétation : 10

Jean Lacroix

Des merveilles d’interprétation par les Arcadia

pour des chefs d’œuvre sublimissimes de musique de chambre de Mieczyslaw Weinberg. 

Ce mercredi 21 août 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le superbe CD « Czech Songs » de Magdalena Kozena (et Sir Simon Rattle) : un enthousiasme discographique partagé aussi sur le site du magazine Crescendo…

15août

Avec un peu de retard sur mes articles enthousiastes «  « ,

« « 

et « « 

des 25 juin, puis 2 et 3 juillet derniers,

voici que ce jeudi 15 août sous la plume de Pierre-Jean Tribot le très attentif magazine belge Crescendo consacre un justissime article de célébration au merveilleux CD Pentatone 5187 077 « Czech Songs« , par Magdalena Kozena et son époux Simon Rattle,

intitulé, lui, « Chansons tchèques avec Magdalena Kozena« , que voici :

Chansons tchèques avec Magdalena Kožená

LE 15 AOÛT 2024 par Pierre Jean Tribot

Czech Songs.

Bohuslav Martinů (1890-1959) : Nipponari, H.68 “Japanese Folk Songs” ; Songs on One Page, H.294 (orchestration de Jiří Teml) ;

Antonín Dvořák (1841-1904) : Evening Songs, Op.3 (orchestration partielle de Jiří Gemrot), Songs, op.2 ;

Hans Krása (1899-1944) : Four Orchestral Songs, Op.1 ;

Gideon Klein (1919-1945) : Lullaby. (orchestration de iří Gemrot).

Magdalena Kožená, mezzo-soprano ; Czech Philharmonic, Sir Simon Rattle.

2022 et 2023.

Livret en anglais.

Texte chanté en tchèque, traduction en anglais.

61’20’’.

Pentatone PTC 5187 077.

La mezzo-soprano Magdalena Kožená poursuit son compagnonnage musical avec son cher Sir Simon Rattle. Les deux artistes nous offrent un album magistral _ pas moins ! _ autour du thème de la mélodie tchèque pour mezzo et orchestre avec des œuvres _ bien trop _ rares _ en la discographie…

Ce voyage musical débute avec Bohuslav Martinů qui, comme le dit un éminent confrère, est sans doute le plus injustement sous-estimé _ oh que oui ! _ des grands compositeurs du XXe siècle. Composées en 1912, les  : Nipponari sont le fruit de la vague du japonisme qui parcourt alors l’Europe. Si on pense naturellement à Paris, comme capitale de cette frénésie artistique, l’Europe centrale ne fut pas une périphérie et connut un japonisme assez vif. Dans ce cycle de sept partitions d’un vingtaine de minutes, Bohuslav Martinů  compose un japon rêvé mais à la fois poétique et sensible. Le trait de composition est d’une extrême finesse _ un trait (assez français) de ce compositeur ! _, soutenant les lignes mélodiques portées par la voix de la mezzo soliste. Chacun des morceaux est relativement court, créant cet effet de haïku minimaux. On tient un véritable chef d’œuvre _ oui ! _ dont on s’étonne qu’il ne soit pas plus souvent  au programme des concerts.  Les Chansons sur une page sont un cycle composé en pleine Seconde guerre mondiale sur des mélodies populaires de Moravie. C’est encore une forme de l’économie magnifiée par la beauté harmonique d’un compositeur alors en exil. Composé à la base pour chant et piano, le cycle est ici orchestré par le compositeur tchèque Jiří Teml.

Il est bien sûr impossible d’envisager un récital de mélodies tchèques sans interpréter  Antonín Dvořák dont la facilité mélodique est toujours extraordinaire _ c’est vrai. Le compositeur de la Symphonie du Nouveau monde est ici représenté par ses Chants du soir et ses Mélodies, Op.2. C’est du grand Dvořák avec cette plasticité magistrale de la voix _ oui _ qui fusionnent avec un accompagnement orchestral évocateur des paysages de Bohèmes tantôt ombrageux, tantôt gorgés de lumières.

Le disque se clôture avec deux partitions de génies musicaux fauchés par la barbarie nazie Hans Krása et Gideon Klein.  Composés en 1920 et créées en 1921 à Prague sous la direction de Zemlinsky, les 4 chansons orchestrales sont un véritable chef d’œuvre _ oui _ témoignant du génie d’un compositeur moderniste qui se situe dans un univers à la fois post-mahlérien par la noirceur du propos et les contrastes, mais pas si éloigné des expérimentations de l”école de Vienne avec un ton narratif récité sans oublier un travail d’un grand raffinement harmonique _ en effet. En conclusion, le court Lullaby de Gideon Klein, composé alors que le musicien était interné au camp de concentration de Terezin en 1943. Initialement composé pour chant et piano, cette partition est ici orchestrée par iří Gemrot est une berceuse à la fois belle et triste d’un artiste dont la création était le seul refuse devant l’horreur.

Tout au long de ce programme Magdalena Kožená est exceptionnelle _ absolument ! Son timbre rayonnant et clair s’adapte tant à la limpidité presque translucide de Martinů et à la luxuriance de  Dvořák. L’artiste cerne idéalement le tragique de Krása  et Klein, avec le talent d’une diseuse dans le premier et d’une amplitude émotionnelle dans le second.  Tchèque de naissance, la mezzo-soprano vit chacun de ces morceaux comme personne _ c’est parfaitement juste. Sir Simon Rattle est un accompagnateur passionné et attentif à ne jamais couvrir sa soliste. Les pupitres de la philharmonie tchèque à la beauté plastique renversante _ oui _ , sublimée par une prise de son de démonstration comme de coutume _ en effet _ avec Pentatone.

Son : 10    Notice : 10    Répertoire : 10    Interprétation : 10

Pierre-Jean Tribot

Un enthousiasme discographique ainsi fort bien partagé.

Ce jeudi 15 août 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Réévaluer considérablement le pan religieux (et discographique) de l’oeuvre déjà si riche et si divers de Georg-Philipp Telemann (1681 – 1767), à partir de l’écoute du récent CD cpo « A Christmas Oratorio – Pasticcio » de Hermann Max et ses Rheinische Kantorei et Das Kleine Konzert, paru en 2023…

09août

Mes récents articles « « 

et « « 

des 4 et 5 août derniers,

à partir de l’écoute du CD cpo  777 946-2 « Telemann – CPE Bach – Veni sancte spiritus » de Hermann Max dirigeant _ à Magdebourg les 14 et 15 mars 2014 _ ses Rheinische Kantorei et Das Kleine Konzert _ le CD était paru en 2016, et je l’ai découvert parmi les disques soldés cet été 2024 : avec rien moins que huit ans de retard... _,

m’ont conduit à revenir m’intéresser d’un peu plus près au riche et vaste volet religieux de l’œuvre musical du bon Georg-Philipp Telemann (Magdebourg, 14 mars 1681 – Hambourg, 25 juin 1767), à travers sa vaste et plutôt désordonnée discographie ;

et, ainsi, en cherchant bien, à réussir à dénicher un assez récent CD cpo 555 605-2 « Georg-Philipp Telemann – A Christmas Oratorio – Pasticcio » _ composé de 5 Cantates du moment festif de Noël de la plume de Telemann, créées par lui-même à Francfort en 1711, 1719 et 1720, et à Hambourg en 1755 et 1757, ce CD-Pasticcio a été  constitué et enregistré par Hermann Max à Cologne les 20 et 21 décembre 2020 ; et est paru chez cpo en 2023…  _ qui m’a beaucoup beaucoup plu !

Admirez donc ici cette remarquablement vivante vidéo de présentation (d’une durée de 16′ 17) par Hermann Max, enregistrée le 20 décembre 2022 en l’église de la Trinité à Cologne… 

Et en recherchant sur mes blogs favoris, le blog Discophilia de Jean-Charles Hoffelé, et le blog belge Crescendo, des articles concernant des CDs Telemann dirigés par Hermann Max,

j’ai constaté tout d’abord l’étonnante rareté des articles qui y avaient été consacrés à des CDs Telemann _ 9 pour Discophilia et 4 pour Crescendo _, et ensuite et surtout, à mon grand étonnement, que pas un seul d’entre ceux-ci (!) ne portait sur un des pourtant très nombreux CDs du Das Kleine Konzert de Hermann Max publiés, au fil des ans, ou bien par le label Capriccio, ou bien par le label cpo… _ : diantre ! pour quelles musicales raisons ?.. Et je m’interroge ainsi sur pareil ostracisme…

En tout cas, faute de telles incitations informatives à ma curiosité,

il m’a bien fallu dû me contenter de mon appétence personnelle effective, heureusement ! mais je n’ai pas l’œil à tout… _ pour la musique de Telemann _ ma discothèque personnelle  possède à ce jour plus de 250 CDs Telemann… _,

ainsi que du bon vouloir des disquaires bordelais en leur choix d’approvisionnement (ou pas) de leurs rayons par de tels CDs Telemann (et Hermann Max)…

En conséquence,

il me faut aujourd’hui réviser _ et ré-évaluer considérablement ! _ mon opinion concernant ce volet religieux de la musique de Georg-Philipp Telemann : il est vraiment splendide !!!

Et convenir par constat objectif que le chef Hermann Max sert on ne peut plus magnifiquement sa discographie !

Dont acte.

Ce vendredi 9 août 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Et retrouver Tore Tom Denys, ténor, dans le superbe CD Hyperion « Ludwig Daser – Missa Pater poster & other works » de l’ensemble Cinquecento…

20juil

Et ce samedi 20 juillet,

retrouver Tore Tom Denys, ténor _ et directeur du merveilleux ensemble Dionysos Now ! Cf notamment mes récents articles des 29 et 30 juin derniers « «  et « «  _, dans le superbe CD Hyperion CDA 68414 « Ludwig Daser – Missa Pater poster & other works«  de l’ensemble Cinquecento est une grande joie musicale…

Ce très beau CD « Ludwig Daser – Missa Pater poster & other works » _ écoutez ici ! _,

c’est le récent article de Christophe Steyne, sur le magazine belge Crescendo, intitulé « Motets, chorals, et l’ultime messe de Ludwig Daser, magnifiés par les chantres de Cinquecento« , en date du 16 juillet dernier, qui m’a appris son existence ; et me l’a fait rechercher et découvri, et me procurer, parmi les bacs de mon disquaire préféré…

Motets, chorals, et l’ultime messe de Ludwig Daser, magnifiés par les chantres de Cinquecento

LE 16 JUILLET 2024 par Christophe Steyne

Ludwig Daser (1526-1589) : Missa Pater Noster. Benedictus Dominus. Ad te levavi oculos meos. Dilexi, quoniam. Danck sagen wir alle. Daran gedenck Jacob und Israel. Salvum me fac. Fracta diuturnis. Fratres, sobrii estote. Christe, qui lux es et dies

/ Cinquecento Renaissance Vokal. Terry Wey, contreténor. Achim Schulz, Tore Tom Denys, ténor. Tim Scott Whiteley, baryton. Ulfried Staber, basse.

Avec Franz Vitzthum, Filip Dámec, contreténor. Tomáš Latjkep, ténor. Colin Mason, baryton. Joel Frederiksen, basse.

Octobre 2022.

Livret en anglais, allemand, français.

Paroles en latin, allemand et traduction en anglais et allemand.

TT 69’46.

Hyperion CDA68414

L’heure de Ludwig Daser est-elle enfin venue ? Les mélomanes amateurs de la Renaissance dans l’aire sud-allemande connaissent peut-être le Benedictus Dominus à double-chœur introduisant cet album, puisqu’il figurait voilà vingt ans dans un programme sous la direction de Martin Zöbeley (Aeolus), et déjà en vinyle au milieu des années 1970 dans un volume de la collection « Bayern’s Schlösser Und Residenzen » consacré à Munich. C’est à la cour catholique de cette cité _ Munich, donc _ que Daser exerça comme maître de chapelle dès 1552 et pour une décennie, avant que ses convictions protestantes, peu en phase avec l’élan de la Contre-Réforme, l’amenassent en 1572 à Stuttgart détachée de l’influence vaticane. Dans ce nouveau cadre, deux pôles marquent alors son style _ et c’est bien sûr à relever _ : la manière polychorale italienne, et la compréhensibilité du texte asservie à la liturgie (conformément aux exigences de l’Église congrégationniste) et favorisée par la culture religieuse de ce compositeur qui avait étudié la théologie à Ingolstadt. Écrit en 1568 pour les noces du futur duc Guillaume V, un motet d’apparat prouve toutefois que Daser, même après son éviction, ne demeurait pas en mauvais terme avec la cour bavaroise.

Après une récente monographie du Huelgas Ensemble enregistrée en 2021 à l’église Saint-Augustin d’Anvers (DHM) où Paul Van Nevel se concentrait sur la Missa Preter rerum seriem et la Missa Fors seulement, le présent CD dresse un portrait élargi. On y trouve une autre des vingt-deux messes, la toute dernière _ la Missa Pater poster _, en plain-chant, reposant sur plusieurs sources grégoriennes, dont l’Ave Maria et le Pater Noster qui lui donne son titre. Procédés en cantus firmus, en imitation, en canon, en paraphrase : un riche arsenal technique signe la virtuosité conceptuelle de l’auteur à son apogée _ voilà _ dans ce genre.

Le programme inclut aussi deux chorals en langue allemande qui relèvent bien sûr _ en effet _ de l’office luthérien, tel qu’il se pratiquait auprès du nouvel employeur de Daser à Württemberg. En revanche, la sélection de sept motets en latin reflète un œcuménisme _ oui _ qui sied aux rites tant protestants que catholiques, et qui datent des deux périodes du compositeur, même si les modèles stylistiques ne sont pas étanches. Ainsi, le Benedictus Dominus à la manière polychorale vénitienne, et le motet Ad te levavi oculos meos et sa claire texture en accords, tous deux de la première époque munichoise, préfigurent-ils _ voilà _ deux aspects de la future esthétique développée à Stuttgart.

Pour le Fracta diuturnis, l’interprétation a opté pour une approche en alternatim, mixant plain-chant et polyphonie, ainsi que nous l’explique une notice détaillée et érudite. Un des nombreux gages de l’intelligente approche menée par les chantres de Cinquecento, doublant ici son effectif par cinq invités _ oui, selon une pratique assez fréquente pour cet ensemble _, pour ces pages de quatre à huit voix. Formée à Vienne en 2004 _ voilà ! _ et fidèle dès son origine aux micros d’Hyperion, l’experte équipe livre ici des lectures bien pensées et sensibles, aussi transparentes que somptueuses _ oui, oui ! _, baignées d’une lumineuse et charismatique ferveur _ voilà ! _, –et captées dans une avenante acoustique. Saluons un collectif d’une rare cohésion, méritant mention spéciale pour les contreténors, qui scintillent dans des tessitures pourtant très périlleuses. Les sévères architectures, certes plus touchantes dans les motets, trouvent ici un parfait avocat pour la réhabilitation de cet attachant compositeur, coincé par la chronologie et la géographie entre deux pairs mieux connus : son mentor Ludwig Senfl puis le célèbre Lassus, qui respectivement le précédèrent et lui succédèrent sous le règne d’Albrecht V. Sans conteste : une parution majeure, et prioritaire pour découvrir Daser ! _ c’est fort bien affirmé !

Son : 9,5 – Livret : 9,5 – Répertoire : 9,5 – Interprétation : 10

Christophe Steyne

Une musique _ et un compositeur Ludwig Daser (Munich, c. 1526 – Stuttgart, 25 mars 1589) _  servis par une interprétation _ de Cinquecento _ absolument splendides !!!

À découvrir !

Ce samedi 20 juillet 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Découvrir le coffret Warner Classics « Wolfgang Sawallisch – Complete Symphonie, Lieder et Choral Recordings (1954 – 1997) », en commençant avec le piano limpide de Youri Egorov, ou la grâce absolue ; et en poursuivant par l’enchantement des Lieder avec choeur de Schubert…

28juin

Comment aborder le coffret Warner Classics 5054197832178 de 65 de CDs « Wolfgang Sawallisch – Complete Symphonie, Lieder & Choral Recordings (1954 – 1997) » ?

Plusieurs récents articles de blogs peuvent peut-être suggérer quelques pistes d’écoute…

_ Par exemple l’article « Pas si sages » du Blog Discophilia de Jean-Charles Hoffelé en date du dimanche 23 juin dernier ;

_ ou bien l’incise consacrée à ce coffret dans l’article « Le chaos ou la beauté » du Blog de Jean-Pierre Rousseau avant-hier mercredi 26 juin ;/

_ ou encore l’article « Wolfgang Sawallisch, l’inspirant«   de Pierre-Jean Tribot, sur le site de Crescendo-Belgique, en date du jeudi 27 juin…

Au sein de ce coffret riche touffu de 65 CDs, j’ai commencé par suivre la suggestion de Jean-Pierre Rousseau, et ai commencé par l’écoute des CDs n°1 et n°10 :

les Concertos n°17 et 20 de Mozart _ enregistrés à Londres au mois de février 1985 _ ;

et le Concerto n°5 L’Empereur de Beethoven _ enregistré à Londres fin mai-début juin 1982 _,

dans lesquels le Philharmonia Orchestra dirigé par Wolfgang Sawallisch accompagne le formidablement délicat touché de piano de Youri Egorov…

Youri Egorov (Kazan, 28 mai 1954 – Amsterdam, 16 avril 1988) dans cet Empereur-ci avec Wolfgang Sawallisch (Munich, 26 août 1923 – Granau-Bavière, 22 février 2013), en 1982,

c’est le miracle de la grâce absolue.

Sinon,

je suis particulièrement heureux de retrouver en ce coffret les 4 CDs _ n° 12, 13, 14 et 15 ici ; soient 4h, 27′ et 30′ _ de « Weltliches Vokalwerk » de Franz Schubert, avec, notamment, Hildegard Behrens, Brigitte Fassbaender, Dietrich Fischer-Dieskau, Peter Schreier, et le Chor des Bayerischen Rundfunks _ enregistrés de 1977 à 1981 _, publiés en 1981, puis, remastérisés, en 1997 :

de pures merveilles, et infiniment variées, sous la baguette absolument idoine de Wolfgang Sawallisch…

Entre lesquels, tout spécialement, le divin « Gesang der Geister über den Wassern « Des Menschen Seele gleicht dem Wasser » » D.714, à la plage 18 du CD n° 13 _ écoutez ici (11′ 05)…

Mais tout ici de ces diverses et très variées œuvres avec chœur est très évidemment à écouter, ré-écouter, et saluer bien bas :

et c’est l’ombre de Schubert en personne (Lichtenstal, 31 janvier 1797 – Vienne, 19 novembre 1828) qui ici accompagne…

Immense merci, donc, pour cette opportune ré-édition hommage à Wolfgang Sawallisch, à l’occasion de l’anniversaire des 100 ans, en 2023, de sa naissance, le 26 août 1923, à Munich…

Ce vendredi 28 juin 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Chercher sur mollat

parmi plus de 300 000 titres.

Actualité
Podcasts
Rendez-vous
Coup de cœur