Posts Tagged ‘Gabriel Fauré

Chanter « L’hymne delphique à Apollon » harmonisé par Gabriel Fauré : Benjamin Bernheim au Stade de France ; et aussi Cyrille Dubois…

12août

Benjamin Bernheim en clôture des Jeux olympiques de Paris 2024

Instagram

Alors qu’il interprètera à partir de demain le rôle d’Hoffmann dans la nouvelle production des Contes d’Hoffmann de la metteuse en scène Mariame Clément au Festival de Salzbourg, chantait hier soir au Stade de France l’Hymne à Apollon de Gabriel Fauré (d’après un chant grec retrouvé à Delphes en 1893), lors de la cérémonie de clôture des Jeux olympiques de Paris 2024. Il était accompagné par le pianiste et performer Alain Roche jouant sur un piano suspendu à la verticale. Une nouvelle version piano/voix de l’Hymne à Apollon créée pour l’occasion par Victor Le Masne, directeur musical des Jeux olympiques et Paralympiques de Paris.

Revoir la performance (en une vidéo d’une durée de 3′ 44) :

Alain Roche et Benjamin Bernheim interprètent « L’hymne d’Apollon«  lors de la cérémonie de clôture

Écouter aussi la belle interprétation de Cyrille Dubois

accompagné au piano par Tristan Raës :

Avec aussi, pour l’événement d’hier soir au Stade de France, ce commentaire-ci du Figaro :

Cérémonie de clôture JO 2024 : L’Hymne d’Apollon, réinterprétation française d’un classique grec

L’Hymne d’Apollon, qui a résonné dimanche soir au Stade de France pour la clôture des Jeux olympiques, est la réinterprétation française d’un classique grec vieux de plus de deux mille ans.

«Parenthèse en lévitation», selon les mots des organisateurs de la cérémonie : Alain Roche était au piano, suspendu à la verticale, et le ténor Benjamin Bernheim au chant. Le pianiste jouait dans une position très inhabituelle et avec un costume constitué de bandes VHS.

Pour le chanteur lyrique, se produire devant 80.000 personnes et avec un micro était évidemment inédit. «J’ai eu la possibilité de chanter comme je le fais à l’opéra, sans changer de style. C’est une chance énorme», a-t-il déclaré à l’AFP après son interprétation.

«Moment magique»

Ce chant est l’un des «hymnes delphiques», interprétés à Delphes, dans le centre de la Grèce, en 128-127 avant notre ère. En 1892 et 1893, des archéologues français de l’École d’Athènes mettent au jour des fragments de marbre d’un mur de temple, où sont gravées les partitions (pour le chant) d’hymnes au dieu des arts.

Aidé des philologues Henri Weil et Théodore Reinach, le compositeur Gabriel Fauré va l’«harmoniser», sous le titre Hymne à Apollon. Il sera chanté pour la première fois en 1894, lors du congrès à Paris qui consacre l’invention des Jeux olympiques modernes, dont la première édition a lieu à Athènes deux ans plus tard.

L’Hymne d’Apollon, réorchestré en 2024 par le compositeur Victor Le Masne, est plus court, avec une tonalité plus élevée, plus de pauses dans le chant et davantage de place pour le piano. «Il fallait un air qui touche le public populaire, en respectant notre héritage du passé, la Grèce antique et Gabriel Fauré. Le résultat m’a beaucoup plu. C’était un moment magique», a commenté Benjamin Bernheim.

Ce lundi 12 août 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un ravissant programme d' »Enfantines » (Bizet – Debussy – Fauré – Ravel – Aubert) par les délicieux Ludmila Berlinskaya et Arthur Ancelle, en un très réussi CD « Passage secret » musical vers nos jeux de l’enfance…

21juin

Un ravissement programme d' »Enfantines » (Bizet – Debussy – Fauré – Ravel – Aubert), par Ludmila Berlinskaya et Arthur Ancelle, en leur très réussi CD Alpha 1024 « Passage secret«  _ enregistré Salle Colonne à Paris au mois d’avril 2022… _,

ainsi que le remarque très justementnt aussi, sur le site de ResMusica, en un article intitulé « « Passage secret » hédoniste à quatre mains du duo Ancelle – Berlinskaïa« , Bénédict Hévry…

« Passage secret » hédoniste à quatre mains du duo Ancelle-Berlinskaïa

Instagram

Le duo publie chez Alpha ce réjouissant et solaire récital de piano français à quatre mains « Passage secret » entre grands classiques et la découverte de la ravissante Feuilles d’images de .

Le duo de piano Berlinskaya-Ancelle a déjà un long parcours artistique à son actif. Fusionnel à la ville comme à la scène il nous a déjà gratifié de huit superbes récitals discographiques, publiés jusqu’ici pour l’essentiel sur le label russe Melodyia. Le présent enregistrement, le premier réalisé pour la maison Alpha, explore cette fois le répertoire français à quatre mains écrit sous la Troisième République. Il est l’exact complément de leur disque Belle époque publié chez leur ancien éditeur. Cette fois, moins d’œuvres ou de noms plus rares (telles jadis celles signées Chaminade, Koechlin ou Hahn). Seul le méconnu et l’incontournable Debussy sont communs aux deux récitals… pour des œuvres fatalement différentes !

Ce nouvel enregistrement est un pur et gourmand _ voilà _ régal, tout d’abord par le réglage minutieux de l’instrument splendidement harmonisé, et par la prise de son d’Hughes Deschaux _ oui, oui ! _ à la fois capiteuse par sa légère réverbération et précise en sa définition spatiale  comme en sa restitution des moindres nuances dynamiques.

Il y a ensuite cette habile sélection – explicitée dans le magnifique texte de présentation signé par – de pages assez célèbres tantôt axées sur le descriptif de l’enfance, mais destinées à des pianistes aguerris (tels les Jeux d’enfants de Bizet ou la Suite Dolly de Fauré) tantôt délibérément écrites pour de jeunes pousses pianistiques encadrées (la Feuille d’images en cinq donnes de ) ou non (Ma Mère l’Oye) par leur mentor. Seule la petite suite de Debussy échappe un peu à ce champ sémantique. L’enchaînement des partitions est subtilement tracé que ce soit par le truchement d’Emma Bardac, mère de Dolly, probable maîtresse de avant de devenir Madame Debussy dix ans plus tard, ou par la solide amitié et l’estime réciproque qui liaient et Louis Aubert, créateur et dédicataire des Valses nobles et sentimentales.

Mais ce disque vaut avant tout pour ces interprétations capiteuses et enchanteresses _ voilà ! _, nimbées d’une impalpable poésie de l’instant, d’un réel et gouleyant plaisir ludique,  manière tendre et originale de respirer en musique _ oui _, dans l’intimité complice des quatre mains croisées au gré du clavier. Les Jeux d’enfants de sont ici un vrai régal _ oui, oui : écoutez-ici leur délicieux « Le Bal«  (1′ 41) _ par leur poésie de la précision quasi horlogère, depuis les balancements de l’Escarpolette au galop final du Bal, en passant  par l’évocation ici quasi-schumanienne du Petit mari petite femme, l’humour assez irrésistible du Volant, les hésitations aveugles du Colin maillard, ou les croquignolesques triolets du Saute-mouton. La Petite suite de Debussy est égrenée avec un hédonisme suave (En bateau) une poésie presque verlainienne (Menuet) ou une bonhomie savoureuse (Ballet final), là où la Dolly de Fauré, par son expression directe et généreuse, retrouve une spontanéité bienvenue qui faisait peut-être un rien défaut à la récente version plus gourmée de accompagné de (Hyperion). L’interprétation par le duo des cinq pièces enfantines de Ma Mère l’Oye de nous a paru un rien en retrait : on pourrait peut-être souhaiter un peu plus d’atermoiements aux errances de Petit Poucet ou plus de langueur négligée pour la valse lente si délicate des Entretiens de la Belle et la Bête, même si l’apothéose du Jardin féérique, avec ses crescendi ruisselants est splendidement menée. Enfin, il y a cette tendre découverte de la beaucoup plus tardive (1930) Feuille d’images de Louis Aubert, nostalgique regard dans le miroir vers cette époque faste et révolue de l’avant-guerre, une petite suite en cinq donnes détaillée avec un à-propos et une minutie sans faille et culminant en sa truculente et conclusive Danse de l’ours en peluche, donnée avec toute la goguenardise souhaitée.

Voici une anthologie de qualité superlative à la fois par la justesse du choix des œuvres, par la finition détaillée des interprétations, poétiques et minutieuses, et par l’adéquation stylistique à peu près parfaite de nos duettistes à chacune des différentes œuvres. Une réussite qui rappelle la compilation plus vaste encore du légendaire duo parue voici presque un demi-siècle et qu’Arion Music serait bien inspiré de rééditer !

Instagram

Passage secret.

Georges Bizet (1838-1875) : Jeux d’enfants, opus 22. Claude Debussy (1862-1918) : Petite suite, L. 65. Gabriel Fauré (1845-1924) : Dolly, opus 56. Maurice Ravel (1875-1937) : Ma mère l’Oye, M.60. Louis Aubert (1877-1968) : Feuille d’images.

Ludmila Berlinskaïa et Arthur Ancelle, piano à quatre mains.

1 CD Alpha Classics.

Enregistré à la Salle Colonne de Paris, en avril 2022.

Notice de présentation en français, anglais et allemand.

Durée : 73:39

Un CD proprement délicieux de passage musical (secret, intime) vers notre propre enfance…

Ce vendredi 21 juin 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le Fauré un poil trop sombre et aride (?..) de Stéphane Degout, ou les mille nuances du doux charme fauréen : une suite à ma troisième écoute…

29mai

Le 22 mai dernier, je saluai le très beau CD « La Bonne Chanson – L’Horizon chimérique – Ballade – Mélodies« , le CD Harmonia Mundi  HMM 902382, d’un article que j’intitulais, avec un poil de précaution : «  » ;

et dans lequel je me contentais surtout de ponctuer de menus commentaires l’article « Mirages » que lui consacrait, le lendemain de mon achat du CD, Jean-Charles Hoffelé sur son site Discophilia, sans l’ombre, lui, de quelque menue réticence que ce soit…

Or voici qu’hier 28 mai, sur le site de ResMusica et sous la signature de Jean-Marc Petit, paraît un nouvel article consacré à ce CD Fauré de Stéphane Degout et Alain Planès, sous le titre, cette fois de « Invitation au voyage en mélodies fauréenes avec Stéphane Degout« .


Le voici donc, assorti lui aussi, de quelques menus commentaires miens :

Invitation au voyage en mélodies fauréennes avec Stéphane Degout

Instagram

Le baryton Stéphane Degout et le pianiste Alain Planès nous proposent un riche panorama des mélodies de Gabriel Fauré, avec cinq cycles majeurs dont La Bonne Chanson et L’Horizon chimérique. Une invitation au voyage plus sombre _ un mot dont moi aussi j’usais _ et aride _ et je disais sobriété.. _ qu’il n’y paraît _ ou n’y devrait...

L’année du centenaire _ oui _ de la mort de Gabriel Fauré (1845-1924) ne pouvait se concevoir sans un hommage à l’immense mélodiste qu’il fut. Le genre de la mélodie, très prisé dans les salons français du milieu du XIXᵉ siècle jusqu’à l’aube du XXᵉ siècle, a accompagné Fauré tout au long de sa vie _ en effet. Il en composa une centaine _ pas moins… _, dont son premier opus Le Papillon et la fleur (1861), écrit à l’âge de 16 ans, jusqu’au testamentaire cycle L’Horizon chimérique op. 118 (1921), composé à l’âge de 77 ans. Autant de petits cailloux semés, fil intime _ voilà ! _ de la vie de Fauré où se mêlent rêves et doutes, angoisses et joies, classicisme mondain comme audaces harmoniques _ c’est là excellemment vu.

Le grand baryton français Stéphane Degout et le _ grand _ pianiste _ un peu trop rare en CDs ... _ Alain Planès nous proposent ainsi de parcourir cette existence à travers une copieuse anthologie de cinq cycles de mélodies. Du juvénile Poème d’un jour op. 21, composé en 1878, à l’orée de la carrière de Fauré, jusqu’au tragique L’Horizon chimérique, en passant par le délicieux cycle La Bonne chanson op. 61 sur des poèmes de Verlaine, mais également l’amoureux Jardin clos op. 106, ou encore le symbolisme des Mirages op. 113.

On connaît Stéphane Degout comme grand chanteur d’opéra, au timbre large et à la diction parfaite _ splendide aussi en récitaliste de mélodies… Ce sont ces mêmes qualités que l’on retrouve dans cet enregistrement où le souffle ample et la puissance du chanteur donnent des couleurs germaniques aux mélodies de Fauré qui n’en demandent peut-être pas tant. Les qualités de Stéphane Degout pourront donc apparaître aussi comme un défaut _ voilà _, l’intimisme _ doux et charmeur _ de Fauré nécessitant parfois _ un peu _ plus d’humilité dans le timbre. On se souvient de la tendresse et du poli des vieux enregistrements de Gérard Souzay dans ce même répertoire _ de son excessive préciosité aussi, à nos oreilles du moins ; et pour ma part, je lui prèfère la franchise plus directe de Stéphane Degout… Stéphane Degout nous emmène dans un pays plus sombre et aride _ voilà, voilà !!! _, qui peut se justifier dans le tragique des dernières mélodies _ toutefois, même dans le sublime testamentaire « Horizon chimérique« , on apprécierait une nuance supplémentaire de chaleur enthousiaste dans l’envol imaginé seulement de l’élan… _, mais moins dans la douceur nostalgique du Jardin clos.

Alain Planès, sur un piano Pleyel « Grand patron » de 1892 à la sonorité ouatée, se révèle bien plus qu’un accompagnateur _ oh que oui ! _ dans ces partitions toujours changeantes et complexes. À l’image de la redoutable Ballade pour piano op. 19, _ enchanteresse ici _ en milieu de programme _ et peut-être même son sommet, me laissais-je aller à penser… _, que même Franz Liszt _ mais pas Alain Planès ! C’est là tout dire… _ eut du mal à dompter _ ou apprivoiser et saisir, comme il doit convenir à tout interprète…

Cette anthologie, en proposant cinq cycles majeurs de mélodies de Gabriel Fauré, s’impose _ oui _ d’abord par la pertinence de son programme _ oui. Mais l’interprétation exigeante de Stéphane Degout et Alain Planès déconcertera sans doute les amateurs d’un Fauré plus « aimable » _ doux et charmeur… À écouter par petites touches _ et à un peu plus de trois écoutes…

Instagram

Gabriel Fauré (1845-1924) : Poème d’un jour op. 21, La Bonne Chanson op. 61, Ballade pour piano op. 19, Le Jardin clos op. 106, Mirages op. 113, L’Horizon chimérique op. 118.

Stéphane Degout, baryton ; Alain Planès, piano.

1 CD Harmonia Mundi. Enregistré en mai 2023 à l’Abbaye de Royaumont (France).

Notice de présentation et poèmes en français et en anglais.

Durée : 60:21

Un CD nécessaire, et à remettre plusieurs fois sur la platine,

par ces immenses interprètes-magiciens que sont Alain Planès et Stéphane Degout…

Ce mercredi 29 mai 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

A la troisième écoute : savourer la performance magnifique d’Alain Planès et Stéphane Degout, tout de sobriété éloquente, dans les mélodies de Gabriel Fauré…

22mai

Vient de paraître un tout nouveau CD « La Bonne Chanson – L’Horizon chimérique – Ballade – Mélodies« , le CD Harmonia Mundi  HMM 902382, d’une percutante sobre justesse de la part de ces deux parfaits interprètes que sont Alain Planès, pianiste _ né à Lyon le 20 janvier 1948 _, et Stéphane Degout, baryton _ né à Bourg-en-Bresse, le 9 juin 1975.

Une réalisation saluée comme il se doit par Jean-Charles Hoffelé, ainsi que je le découvre ce matin, après m’être procuré tout juste hier _ les seuls noms d’Alain Planès, comme de Stéphane Degout, suscitant mon immédiate très vive curiosité, et tout particulièrement en un semblable répertoire… ; et au passage, une petite question : pourquoi jusqu’ici pas de CD Ravel d’Alain Planès ?.. _ ce très fin CD, en un article intitulé « Mirages« .

MIRAGES

Quel baryton pour Fauré _ Pamiers, 12 mai 1845 – Paris, 4 novembre 1924 _, les aèdes façon Camille Maurane ou Gérard Souzay (jeune, de préférence) ? Stéphane Degout a choisi l’autre camp, celui des diseurs chenus, Endrèze, Panzéra (Genève, 16 février 1896 – Paris, 5 juillet 1976 ; dédicataire et créateur, le 13 mai 1922, de « L’Horizon chimérique« …) surtout, avec lequel il partage cette diction gorgée d’harmoniques _ oui _, ce timbre sombre _ oui _ qui sait s’emporter à l’aigu (écoutez leur Horizon chimérique respectif _ Charles Panzéra : podcast (de 6′ 59) disponible dans le double CD « Charles Panzéra – Gabriel Fauré – Henri Duparc » du cofffret LYS  00 3/4, paru en 1992, d’enregistrements de 1927 à 1937, avec, aux pages 5 à 19 du livret, un très détaillé texte de présentation intitulé « La voix intérieure« , de Jean-Charles Hoffelé, rédigé à Lainville, le 18 septembre 1991 ; et Stéphane Degout : podcast (de 1′ 48) ; podcast (de 2′ 30) ; podcast (de 1′ 47) ; podcast (de 2′ 16) _), cette ardeur du mot _ oui _ qui ignore l’affectation _ et c’est fondamental ! _, mais sait débusquer la poésie si difficile du Jardin clos, propriété habituelle des mezzos, de Claire Croiza à Noémie Pérugia, cette voix si naturellement noire qui saisit toutes les ambiguïtés _ verlainiennes déjà _ de La Bonne Chanson.

Sommet du disque – autant que L’Horizon chimérique dont La mer est infinie laisse espérer qu’un jour proche Stéphane Degout s’immergera dans le cahier _ sublime, en effet _ des DuparcMirages, musique immobile sur les poèmes blancs de Renée de Brimont, jamais mieux compris depuis Irma Kolassi _ (Athènes, 28 mai 1918 – Paris, 27 mars 2012), que Jean-Charles Hoffelé a fort bien connue : il a été son élève…

Merveille ! _ ô que oui ! peut-être même le sommet de ce CD ! Ecoutez-ici le podcast (de 15′ 16)… _, la BalladeAlain Planès, si éloquent tout au long de ce disque admirable, ose un _ sublimissime _ discours ému porté par ce Pleyel diseur, ah!, si, sur ce beau clavier, il enregistrait tout le piano de Fauré, quelle joie _ mais oui ! _ ce serait.

LE DISQUE DU JOUR

Gabriel Fauré (1845-1924)


Poème d’un jour, Op. 21
La Bonne chanson, Op. 61
Ballade en fa dièse majeur,
Op. 19

Le Jardin clos, Op. 106
Mirages, Op. 113
L’horizon chimérique, Op. 118

Stéphane Degout, baryton
Alain Planès, piano

Un album du label harmonia mundi HMM902382

Photo à la une : le baryton Stéphane Degout – Photo : © Lucien Fortunati

Un CD dont toute la beauté se révèle à la troisième écoute…

Ce mercredi 22 mai 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le goût de l’alto à l’anglaise : un superbe Timothy Ridout sur les traces de l’excellent Lionel Tertris (1876 – 1975) : un voyage chantant de l’alto, qui fait du bien…

20mai

L’excellent altiste anglais Timothy Ridout (né à Londres en 1995) nous régale avec ses CDs _ pour Harmonia Mundi _ sur les traces de son excellent confrère altiste Lionel Tertris (West Hartlepool, 29 décembre 1876 – Londres, 22 février 1975),

avec d’abord le CD « Elgar, Viola Concerto – Bloch, Suite for viola and orchestra » _ le CD HMM 902618 _, avec Martyn Brabbins dirigeant le BBC Symphony Orchestra _ enregistré à Londres au mois d’avril 2022 _,

suivi du double CD « Timothy Ridout – A Lionel Tertris Celebration – original works and transcriptions for viola and piano of works of  Lionel Tertris, Ludwig van Beethoven, Felix Mendelssohn, Robert Schumann, Johannes Brahms, Gabriel Fauré, William Wolstenholme, Cecil Forsyth, Ralph Vaughan Williams, Fritz Kreisler, William Henry Reed, Frank Bridge, John Ireland, York Bowen, Rebecca Clarke et Eric Coates » _ le double CD HMM 905 376.77 _, avec les seuls pianistes Frank Dupree et James Baillieu _ enregistré à Londres aux mois de janvier et d’avril 2023…

Sur Timothy Ridout, sur Lionel Tertris et l’alto, et plus précisément sur ces deux (ou trois) passionnants CDs,

Jean-Charles Hoffelé, à l’excellente oreille musicale, a bien su focaliser notre attention avec ses articles « Timothy » du 7 janvier 2023,

et « Portrait complet » du 16 mai 2024 :

 

TIMOTHY

Passons à pieds joints sur le tour de force parfois pénible des Nuits d’été selon Michael Spyres : si son « baryténor » lui permet d’offrir chaque mélodie dans sa tonalité originale, les dotant d’un français plus étudié que naturel, comment ne pas entendre que les notes lui résistent pourtant, plus que les sentiments d’ailleurs : Sur les lagunes est vraiment bien senti, et évidemment John Nelson met à son orchestre une poésie, un art d’évoquer qui suffisent à rendre l’écoute attractive.

Pourtant, lorsque l’alto de Timothy Ridout murmure la première méditation de Byron de son archet diseur, soudain ce personnage qui manquait aux Nuits d’été parait. Il ne quittera plus l’auditeur au long de cet Harold en Italie débarrassé de toute grandiloquence jusque dans les tonnerres de l’orgie de brigands, voyage dans des paysages dont l’orchestre de peintre rêvé par Berlioz s’incarne enfin avec toutes ses subtilités : décidément les Strasbourgeois y sont étonnants, tout comme hier dans la Messe Glagolitique de Janáček. Mais c’est d’abord la sonorité ambrée du jeune altiste anglais qui vous cueillera _ voilà.

Cet ambre des cordes, ce fluide de l’archet, quel altiste les aura possédés avant lui ? Lionel Tertis, et comme Tertis Timothy Ridout sait ce que chanter suppose _ voilà ! _, le phrasé, les mots imaginaires derrière les notes, les couleurs pour les émotions. Justement, il grave la transcription que Tertis réalisa à son usage _ d’altiste ! _ du Concerto pour violoncelle d’Elgar, le compositeur l’ayant adoubée jusqu’à diriger la création de ce que l’altiste espérait _ avec sa transcription du violoncelle à l’alto… _ comme un ajout majeur _ oui !  _ au répertoire de l’instrument.

Las, cette mouture singulière ne s’imposa pas, affaire de sonorité certainement, l’alto de Tertis était un mezzo haut et sa transcription tire à l’aigu, mais justement la sonorité claire de Timothy Ridout retrouve l’esprit _ voilà ! _ de celle du transcripteur et dans l’orchestre savamment allégé par Martyn Brabbins donne à l’œuvre une couleur nostalgique émouvante _ qui nous touche très en profondeur, en effet…

Contraste total _ oui… _ avec la Suite pour alto et orchestre aux couleurs extrêmes orientales que Bloch composa en 1919. C’est l’univers balinais qui ouvre le voyage (initialement Bloch avait intitulé le premier mouvement « Jungle »), le compositeur emportant son alto dans un orchestre hautement évocateur.

L’œuvre est demeurée rare, même au disque, elle culmine dans les lacis vénéneux d’un Nocturne ténébreux, moment magique où le jeune altiste déploie une incantation inquiète, phrasée pianissimo, d’une poésie fascinante, hypnose et sortilèges. Quelle œuvre ! _ absolument ; Ernest Bloch est un immense compositeur…

LE DISQUE DU JOUR

Hector Berlioz (1803-1869)


Les nuits d’été, Op. 7, H. 81
Harold en Italie, Op. 16, H. 68

Timothy Ridout, alto
Michael Spyres, ténor
Orchestre Philharmonique de Strasbourg
John Nelson, direction

Un album du label Erato 5054197196850

Sir Edward Elgar (1857-1934)


Concerto pour violoncelle et orchestre en mi mineur, Op. 85 (arr. pour alto : Lionel Tertis)


Ernest Bloch (1880-1959)
Suite pour alto et orchestre, B. 41

Timothy Ridout, alto
BBC Symphony Orchestra
Martyn Brabbins, direction

Un album du label harmonia mundi HMM902618

Photo à la une : l’altiste Timothy Ridout – Photo : © Kaupo Kikkas

PORTRAIT COMPLET

Qui connaît encore Lionel Tertris _ 1876 – 1975 _ ? L’alto solo de Sir Thomas Beecham, dont la sonorité légendaire produite par le grand instrument (43 cm de long) inspira tant de compositeurs _ voilà _ possédait d’abord un art du chant _ voilà ! _ comme venu d’un autre temps. Un altiste ? Une mezzo-soprano quasiment _ et c’est cela qui nous touche….

C’est à ce vocaliste des cordes _ belle expression _ que Timothy Ridout rend un hommage aussi éloquent que parfait _ oui, oui, vraiment ! _, n’hésitant pas à éditer voir à compléter certaines partitions, illustrant le répertoire romantique que Tertis remit au goût du jour, piochant dans les nombreux arrangements pour son instrument que Tertis réalisa durant l’entre-deux-guerres, période féconde qui verra aussi la floraison d’œuvres suscitée par son art.

Pure merveille _ oui ! _, la Sonate de Bowen qui ouvre l’album, les deux pièces brèves de Bridge, la Suite en folksongs de Vaughan Williams où l’archet du jeune homme chante à tue-tête, nuance les phrasés, arde les rythmes _ voilà, voilà…

On goûtera sa touche subtile dans les deux Kreisler, son art diseur dans la splendide Rhapsody de William Henry Reed, dans tant d’autres pages qui seront autant de révélations, mais courrez à la géniale _ oui, oui !Sonate de Rebecca Clarke qui referme ce voyage dans une alliance subtile, entre l’archet véloce du jeune homme et le piano orchestre de James Baillieu _ que j’ai personnellement découvert accompagnant Martin James Bartlett…

LE DISQUE DU JOUR

A Lionel Tertis Celebration

CD 1


York Bowen (1884-1961)


Sonate pour alto et piano
No. 1 en ut mineur, Op. 18


Lionel Tertis (1875-1975)


Sunset


Frank Bridge (1879-1941)


Pensiero, H. 53/1
Allegro appassionato, H. 82


Johannes Brahms (1833-1897)


Minnelied, Op. 71 No. 5 (version pour alto et piano : Lionel Tertis)


Robert Schumann (1810-1856)


Romance en fa dièse majeur, Op. 28 No. 2 (version pour alto et piano : Lionel Tertis)


Gabriel Fauré (1845-1924)


Élégie en ut mineur, Op. 24 (version pour alto et piano : Lionel Tertis)


William Wolstenholme (1865-1931)


Allegretto en mi bémol majeur, Op. 17 No. 2


Fritz Kreisler (1875-1962)


Liebesleid (version pour alto et piano : Timothy Ridout)
Praeludium et Allegro dans le style de Pugnani (version pour alto et piano : Alan Arnold & Timothy Ridout)

CD 2


William Henry Reed (1876-1942)


Rhapsody


Eric Coates (1886-1957)


First Meeting (Souvenir)


Ralph Vaughan Williams (1872-1958)


Six Studies in English Folk Song


Cecil Forsyth (1870-1941)


Chanson celtique


John Ireland (1879-1962)


The Holy Boy (No. 3, extrait des « Preludes for Piano » ;
version pour alto et piano : Lionel Tertis)


Felix Mendelssohn Bartholdy (1809-1847)


Lied ohne Worte, Op. 19b No. 1. Andante con moto, MWV U 86
(version pour alto et piano : Lionel Tertis)


Lionel Tertis (1875-1975)


Hier au soir


William Wolstenholme (1865-1931)


The Question, Op. 13 No. 1 (version pour alto et piano : Lionel Tertis)


York Bowen (1884-1961)


Obbligato to Beethoven’s « Moonlight » Sonata


Rebecca Clarke (1886-1979)


Sonate pour alto et piano


Timothy Ridout, alto
Frank Düpree, piano (CD 1)
James Baillieu, direction (CD 2)

Un album de 2 CD du label harmonia mundi HMM905376.77

Photo à la une : l’altiste Timothy Ridout – Photo : © Jiyang Chen

 

 

Un voyage chantant de l’alto qui fait beaucoup de bien…


Ce lundi 20 mai 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Chercher sur mollat

parmi plus de 300 000 titres.

Actualité
Podcasts
Rendez-vous
Coup de cœur