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« Le Premier jour (du reste de ta vie) », d’Etienne Daho : une toute simple chanson, mais quel charme !..

01juin

La chanson qui me charme tant, c’est « Le premier jour (du reste de ta vie) » _ écoutez-la ici (en 4′ 04 de présent d’éternité…) _, du magnifique Étienne Daho,

en sa merveilleuse version remastérisée en 2019 _ in le double CD « etiennedahoeden« , deluxe remastered (1996-1998), Warner Music 954 715 6 : somptueux.

Étienne Daho en a composé les paroles, superbes, et s’adressant à nous tous _ écoutez-en ici le récit de la composition en cette vidéo (de 5′ 24) parue sur le site des Inrockuptibles… _,

et la chante ici (en 4′ 04) avec un art, une diction-prononciation, et une voix (!) d’un charme absolument confondant…

Et pour encore mieux la goûter,
en voici les cryptiques paroles rimées
_ j’admire particulièrement l’art subtil et magnifique de la prononciation (la profondeur infiniment tendre et dénuée d’affectation de ses « on«  et de ses « en« …) qu’y met Étienne Daho en la douceur très simplement caressante de cette si touchante, naturelle et sobre interprétation remastérisée de 2019 : c’est superbe ! _ :
Un matin comme tous les autres
Un nouveau Paris
Rechercher un peu de magie
Dans cette inertie morose
Clopin clopan sous la pluie
Jouer le rôle de sa vie
Puis un soir le rideau tombe
C’est pareil pour tout l’monde
Rester debout mais à quel prix
Sacrifier son instinct et ses envies
Les plus essentielles
Mais tout peut changer aujourd’hui
Et le premier jour du reste de ta vie
Plus confidentiel
Pourquoi vouloir toujours plus beau
Plus loin plus haut
Et vouloir décrocher la lune
Quand on a les étoiles
Quand les certitudes s’effondrent
En quelques secondes
Sache que du berceau à la tombe
C’est dur pour tout l’monde
Rester debout mais à quel prix
Sacrifier son instinct et ses envies
Les plus confidentielles
Mais tout peut changer aujourd’hui
Et le premier jour du reste de ta vie
C’est providentiel
Debout peu importe le prix
Suivre son instinct et ses envies
Les plus essentielles
Tu peux exploser aujourd’hui
Et le premier jour du reste de ta vie
Non accidentel
Oui tout peut changer aujourd’hui
Et le premier jour du reste de ta vie
Plus confidentiel
Source : LyricFind
Paroliers : Étienne Daho / Guy David Batson / Jonathan Edward Male / Sarah Cracknell
Paroles de Le Premier Jour © Downtown Music Publishing, Universal Music Publishing Group

Ou l’évidence absolument bouleversante d’une toute simple _ du moins en apparence _ chanson…

Ce samedi 1er juin 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Interpréter ce chef d’oeuvre absolu des « Illuminations » de Benjamin Britten / Arthur Rimbaud, Op. 18 (1939) : le défi périlleux du chanteur…

25mai

« Ce chef d’œuvre absolu que sont Les Illuminations de Britten/Rimbaud« ,

écrivais-je le 24 octobre 2011, en conclusion de l’article « « , que je consacrais au superbe CD de cette radieuse soprano qu’est Anne-Catherine Gillet (Libramont-Chevigny, 20 janvier 1975), le CD AEon « Barber – Berlioz – Britten » AECD 1113, enregistré à Liège au mois de septembre 2011, avec l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège sous la direction de Paul Daniel, comportant « Knoxville : Summer of 1915 » de Samuel Barber/James Agee, « Les Nuits d’été«  d’Hector Berlioz/Théophile Gautier, et, donc, « Les Illuminations » de Britten/Rimbaud

_ cf dans le même sens cet article du 21 novembre suivant (2011), d’Olivier Mabille sur le site de ResMusica, intitulé « Anne-Catherine Gillet : merci et chapeau bas« , où le critique parle fort justement de la quasi « impossible tâche de rendre évidente la prosodie des Illuminations«  : en tout cas extrêmement périlleuse (un réel défi !) pour le chanteur-diseur, ainsi qu’on peut le constater à chaque effort d’interprétation de ce fulgurant chef d’œuvre de Britten

Des diverses interprétations au disque de ce chef d’œuvre absolu _ j’insiste ! _ de Benjamin Britten (et Arthur Rimbaud _ quel extraordinaire poème, déjà !, composé entre 1872 et 1875, et publié, posthume, en 1895… Et quelle sublime musique, en 1939, de Britten ! _),

je retiens bien sûr celle, princeps et magnifique, de Peter Pears _ qui n’en fut cependant pas le créateur ; la créatrice fut le 30 janvier 1940 à Londres la soprano Sophie Wyss, avec le Boyd Neel Orchestra sous la direction de Boyd Neel… _, avec l’English Chamber Orchestra sous la direction de Benjamin Britten lui-même, enregistrée à Kingsway Hall au mois de décembre 1963, in le CD London 436 395-2 « Britten – Serenade – Les Illuminations – Nocturne » _ écoutez ce podcast merveilleux (de 22′ 16) ! _ ;

ainsi que celle, magnifique aussi, de Ian Bostridge _ un interprète que j’apprécie beaucoup, beaucoup : regardez et écoutez cet extrait (« Villes« ) en cette vidéo (de 2′ 30)… _  avec le Berliner Philharmoniker sous la direction de Simon Rattle, enregistrée à Dahlem-Berlin au mois d’avril 2005, in le très beau CD EMI 5 58049 2 « Ian Bostridge – Britten – Serenade for Tenor, Horn and Strings – Les Illuminations – Nocturne« …

Or voici que l’ami Éric Rouyer me fait parvenir un nouveau merveilleux double album de son Palais des Dégustateurs, le CD PDD 035 « Benjamin Britten – Quatuor Béla – Julia Wichniewski« , enregistré du 25 au 27 février 2020 pour les 3 Quatuors, et les 27 et 28 janvier 2022 pour « Les Illuminations« , à La Courroie (Vaucluse), par le Quatuor Béla (Frédéric Aurier et Julien Dieudegard, violons ; Julian Boutin, alto, et Luc Dedreuil, violoncelle) et la soprano Julia Wischniewski,

comportant, adjointes au 3 Quatuors n°1 Op. 25 (de 1941), n°2 Op. 36 (de 1945) et n°3 Op. 94 (de 1976) de Benjamin Britten, ses sublimes « Illuminations » Op. 18 (de 1939) _ quel extraordinaire chef d’œuvre ! je le répète… _, dont la partie d’orchestre a ici été spécialement transcrite pour quatuor à cordes par Frédéric Aurier… 

La partie de chant est spécialement redoutable par son extrême virtuosité, tant de diction que musicale ; et, ainsi que pour toute mélodie chantée en français, le moindre mot, la moindre syllabe, doit être parfaitement compréhensible instantanément, et sans le moindre effort, par l’auditeur :

ce qui constitue une certaine gageure _ et même, comme ici, une très périlleuse épreuve… _ pour le chanteur, par conséquent.

Il faut donc saluer d’abord le courage de Julia Wichniewski, soprano comme fut la créatrice, à Londres le 30 janvier 1940, la suissesse Sophie Wyss, de relever cet immense défi d’interprétation-incarnation de ces sublimes « Illuminations » de Benjamin Britten…

Et ne pas trop se hérisser ni a fortiori se bloquer sur les mots ou syllabes mal identifiés à l’audition, sans disposer de l’aide du texte de Rimbaud sous les yeux…

Et au passage, je me demande pour quelles raisons ce fut plutôt à une soprano telle que cette Sophie Wyss (La Neuveville – Berne, 5 juillet 1897 – Bognor Regis – Sussex, 25 décembre 1983), plutôt qu’à un ténor, et en l’occurrence son compagnon _ rencontré en 1936, Britten avait 23 ans…Peter Pears (Farnham – Suffolk, 22 juin 1910 – Aldeburgh – Suffolk, 3 avril 1986), que Benjamin Britten (Lowestoft – Suffolk, 22 novembre 1913 – Aldeburgh – Suffolk, 4 décembre 1976) confia la création en concert de pareil exceptionnel chef d’œuvre ! :

il y a là à creuser…

Et je consacrerai bien sûr un très  prochain article à l’interprétation de ces 3 si beaux Quatuors à cordes de Benjamin Britten par le Quatuor Béla… 

Ce samedi 25 mai 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

A la troisième écoute : savourer la performance magnifique d’Alain Planès et Stéphane Degout, tout de sobriété éloquente, dans les mélodies de Gabriel Fauré…

22mai

Vient de paraître un tout nouveau CD « La Bonne Chanson – L’Horizon chimérique – Ballade – Mélodies« , le CD Harmonia Mundi  HMM 902382, d’une percutante sobre justesse de la part de ces deux parfaits interprètes que sont Alain Planès, pianiste _ né à Lyon le 20 janvier 1948 _, et Stéphane Degout, baryton _ né à Bourg-en-Bresse, le 9 juin 1975.

Une réalisation saluée comme il se doit par Jean-Charles Hoffelé, ainsi que je le découvre ce matin, après m’être procuré tout juste hier _ les seuls noms d’Alain Planès, comme de Stéphane Degout, suscitant mon immédiate très vive curiosité, et tout particulièrement en un semblable répertoire… ; et au passage, une petite question : pourquoi jusqu’ici pas de CD Ravel d’Alain Planès ?.. _ ce très fin CD, en un article intitulé « Mirages« .

MIRAGES

Quel baryton pour Fauré _ Pamiers, 12 mai 1845 – Paris, 4 novembre 1924 _, les aèdes façon Camille Maurane ou Gérard Souzay (jeune, de préférence) ? Stéphane Degout a choisi l’autre camp, celui des diseurs chenus, Endrèze, Panzéra (Genève, 16 février 1896 – Paris, 5 juillet 1976 ; dédicataire et créateur, le 13 mai 1922, de « L’Horizon chimérique« …) surtout, avec lequel il partage cette diction gorgée d’harmoniques _ oui _, ce timbre sombre _ oui _ qui sait s’emporter à l’aigu (écoutez leur Horizon chimérique respectif _ Charles Panzéra : podcast (de 6′ 59) disponible dans le double CD « Charles Panzéra – Gabriel Fauré – Henri Duparc » du cofffret LYS  00 3/4, paru en 1992, d’enregistrements de 1927 à 1937, avec, aux pages 5 à 19 du livret, un très détaillé texte de présentation intitulé « La voix intérieure« , de Jean-Charles Hoffelé, rédigé à Lainville, le 18 septembre 1991 ; et Stéphane Degout : podcast (de 1′ 48) ; podcast (de 2′ 30) ; podcast (de 1′ 47) ; podcast (de 2′ 16) _), cette ardeur du mot _ oui _ qui ignore l’affectation _ et c’est fondamental ! _, mais sait débusquer la poésie si difficile du Jardin clos, propriété habituelle des mezzos, de Claire Croiza à Noémie Pérugia, cette voix si naturellement noire qui saisit toutes les ambiguïtés _ verlainiennes déjà _ de La Bonne Chanson.

Sommet du disque – autant que L’Horizon chimérique dont La mer est infinie laisse espérer qu’un jour proche Stéphane Degout s’immergera dans le cahier _ sublime, en effet _ des DuparcMirages, musique immobile sur les poèmes blancs de Renée de Brimont, jamais mieux compris depuis Irma Kolassi _ (Athènes, 28 mai 1918 – Paris, 27 mars 2012), que Jean-Charles Hoffelé a fort bien connue : il a été son élève…

Merveille ! _ ô que oui ! peut-être même le sommet de ce CD ! Ecoutez-ici le podcast (de 15′ 16)… _, la BalladeAlain Planès, si éloquent tout au long de ce disque admirable, ose un _ sublimissime _ discours ému porté par ce Pleyel diseur, ah!, si, sur ce beau clavier, il enregistrait tout le piano de Fauré, quelle joie _ mais oui ! _ ce serait.

LE DISQUE DU JOUR

Gabriel Fauré (1845-1924)


Poème d’un jour, Op. 21
La Bonne chanson, Op. 61
Ballade en fa dièse majeur,
Op. 19

Le Jardin clos, Op. 106
Mirages, Op. 113
L’horizon chimérique, Op. 118

Stéphane Degout, baryton
Alain Planès, piano

Un album du label harmonia mundi HMM902382

Photo à la une : le baryton Stéphane Degout – Photo : © Lucien Fortunati

Un CD dont toute la beauté se révèle à la troisième écoute…

Ce mercredi 22 mai 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

La remarquable singularité du programme, et la parfaite réalisation musicale, du passionnant CD « Forbidden Fruit » de Benjamin Appl et James Baillieu

30juil

Dans la suite annoncée de mon article d’hier 29 juillet 2023 « « 

que j’avais consacré à la formidable interprétation de la mélodie « À Chloris » de Reynaldo Hahn sur les 10 premiers vers des Stances de Théophile de Viau _ qui en comportent 100 _,

je porte mon attention ce jour, dimanche 30 juillet, sur la magnifique unité dans la diversité du programme de 28 pièces musicales de ce « Forbidden Fruit«  _ le CD Alpha 912 _,

tel qu’il a été très finement composé par Benjamin Appl.

Et qui se comprend fort bien,

à considérer et prendre en compte comment l’image et symbole de la Pomme (Apple), comme séduisant très tentant fruit défendu et proscrit du jardin d’Éden, a pu solliciter l’imageance fertile de celui, Benjamin Appl, qui s’est avec délices laissé aller à composer le beau, sensuel, jouissif, mais parfois aussi amer ou carrément vénéneux et mortifère, et ainsi terriblement _ subtilement _ ambivalent _ Freud est donc ici présent, sous-jacent… _, programme de ce passionnant musical CD « Forbidden Fruit« , autour des variations toujours complexes et à jamais incertaines du désir,

à partir de tels jeux de tourbillons entés à la lettre même de son nom de famille, Appl…

Et que Benjamin Appl vient excellemment expliciter en son très beau texte de présentation, aux pages 20 à 23 du livret du CD,

avec l’exergue suivant, extrait des « Amours » d’Ovide (III, 4, v.17) : « Nous convoitons toujours ce qui nous est défendu et désirons ce qu’on nous refuse« . 

Des 28 pièces musicales de ce programme _ toutes ici accessibles à l’écoute par un clic _,

6 d’entre elles _ d’un compositeur anonyme anglais : « I will Give my Love an Apple » ; d’Ivor Gurney (1890 – 1937) : « The Apple Orchard«  ; de Roger Quilter (1877 – 1953) : « Now Sleeps the Crimson petal » ; de Leonello Casucci (1885 – 1975) : « Just a gigolo«  ; d’Edvard Grieg (1843 – 1907) : « To a Devil«  ; et de Jake Heggie (1961) : « Snake«  _ sont chantées en anglais 

6 d’entre elles _ de Kurt Weil (1900 – 1950) : « Youkali«  ; de Francis Poulenc (1899 – 1963) : « L’Offrande« , « Couplet bachique«  et « Le Serpent«  ; de Reynaldo Hahn (1874 – 1947) : « À Chloris«  ; et de Claude Debussy (1862 – 1918) : « La Chevelure«  _ sont chantées en français (+ 2 fois l’instrumental « In paradisium« , tiré du Requiem de Gabriel Fauré (1845 – 1924), en un arrangement pour le piano de James Baillieu : d’abord à la plage 2 ; puis à la plage 40 du CD)

et 14 d’entre elles _ de Hugo Wolf (1860 – 1903) : « Ganymed« , « An die Geliebte«  et « Und willst du deinen Liebsten sterben sehen«  ; de Richard Strauss (1864 – 1949) : « Das Rosenband«  ; d’Arnold Schönberg (1874 – 1951) : « Arie aus dem Spiegel von Arcadien : Seit ich so viele Weiber sah«  ; de Robert Schumann (1810 – 1856) : « Lorelei« , « Frühlingsfahrt«  et « Wer nie  sein Brot mit Tränen ass«  ; de Fanny Mendelssohn-Hensel (1805 – 1847) : « Die Nonne«  ; de Lothar Brühne (1900 – 1958) : « Kann den Liebe Sünde sein«  ; de Franz Schubert (1797 – 1828) : « Heidenröslein«  et « Gretchen am Spinnrade«  ; de Hanns Eisler (1898 – 1962) : « Die Ballade vom Paragraphen 218«  ; et de Gustav Mahler (1860 – 1911) : « Urlicht«  _ sont chantées en allemand.

Et cela, en une diction et une intelligence des textes superlatives : stupéfiantes !

Voilà.

Je remarque aussi l’article _ une fois encore très juste en son appréciation… _ de Jean-Charles Hoffelé, intitulé « Arcadie multiple« , paru sur le site Discophilia, avant-hier 28 juillet 2023…

ARCADIE MULTIPLE

Un simple song _ I will Give my Love an Apple, d’un compositeur anonyme _ sans accompagnement _ de piano _ ouvre l’album _ à la plage 1. Lui répond _ à la plage 4 _ une pièce pour piano seul _ ici Jean-Charles Hoffelé fait erreur : cette pièce, délicieuse, est bel et bien chantée ! _ d’Ivor Gurney, The Apple Orchard où s’évoque illico _ à la plage 2 _ l’In paradisum hypnotique du Requiem de Fauré que James Baillieu fera résonner dans la scripture de l’auteur _ Gabriel Fauré _ des Barcarolles à la coda _ à la plage 40 de l’album. La boucle se referme _ à la plage 41 et dernière, il y sura encore le « Urlicht » de Gustav Malher… _ sur un disque d’esthète _ oui _ qui ne m’étonne pas de Benjamin Appl. Il glisse son baryton caméléon de l’Arcadie érotique du Ganymed d’Hugo Wolf _ à la plage 6, sur des vers de Goethe… _ aux pamoisons exotiques sur fond de rumba rêveuse du Youkali de Kurt Weill _ à la plage 7.

Se prendrait-il pour Lotte Lenya ? Il a le talent, les audaces, le charme juste dosé d’un peu d’amer _ oui _, et n’hésite pas à prendre chez les dames Gretchen am Spinnrade _ à la plage 35 _ mais aussi _ l’hyper-sensuelle, sur un texte archi-brûlant de Pierre Louÿs, extrait des « Chansons de Bilitis« La Chevelure de Debussy, cultivant non l’ambigüité mais l’ambivalence _ oui ! _ : cette voix peut tout dans le champ clos et pourtant infini des « chansons », y compris À ChlorisReynaldo Hahn célèbre son antiquité digne de Poussin. Sublime simplement _ voilà ! _ et jusque dans Just a Gigolo, clin d’œil à la périphérie qu’autorise le charme nostalgique _ assez fréquenté, en effet, ici… Benjamin Appl dit aussi _ lui-même, en forme d’énoncés de titres de chapitres _ de brèves phrases, didascalies volées aux partitions ou simples appréciations qui font le voyage fluide.

Ecoutez les couplets bachiques de Poulenc, avec leur goût d’anis, et comparez son Serpent au Snake de Jack Heggie. Des ponts imaginaires se tendent _ voilà ! _ au-dessus de l’Atlantique, mais le disque s’ancre _ surtout, en effet _ dans le romantisme de Schubert, et de Schumann, dans le rare Die Nonne de Fanny Hensel, dans les crépuscules de Strauss ou du premier Schönberg que couronne l’Urlicht de Gustav Mahler.

LE DISQUE DU JOUR

Forbidden Fruit

Œuvres de Ivor Gurney, Hugo Wolf, Kurt Weill, Francis Poulenc, Reynaldo Hahn, Richard Strauss, Roger Quilter, Claude Debussy, Arnold Schönberg, Leonello Casucci, Edvard Grieg, Robert Schumann, Fanny Hensel, Lothar Brühne, Jack Heggie, Franz Schubert, Hanns Eisler, Gustav Mahler, Gabriel Fauré

Benjamin Appl, baryton
James Baillieu, piano

Un album du label Alpha Classics 912

Photo à la une : le baryton Benjamin Appl – Photo : © Manuel Outumuro

J’ajoute ici cette très intéressante chronique aussi,

publiée sur le site Operaramblings en date du 12 mai 2023 :

Forbidden Fruit

ALPHA COVERITUNES.inddForbidden Fruit is a CD by baritone Benjamin Appl and Pianist James Baillieu due for release on June 23rd.  It’s a sort of themed recital dealing with the Garden of Eden and the Fall _ telle en est donc la thématique qui en fait l’unité. It starts with the English traditional song “I Will Give My Love an Apple” and finishes with “Urlicht” from Mahler’s setting of text from Das Knaben Wunderhorn.  In between there are about 25 songs _ yes indeed _, some solo piano and quotes from the Bible which take us on a journey from all kinds of temptation, through consequences, to (maybe) some kind of redemption.  In all there’s 69 minutes of music.It’s musically varied with songs in English, French and German ranging from well known Lieder and Chansons to cabaret and other genres _ oui.  Appl is excellent _ absolument !!! _ in all three languages with exceptional diction _ oui ! Quelle aisance ! _ and sense of text _ magnifique d’intelligence.  He’s also stylistically versatile _ en effet : voilà pour sa diversité…  Those who have seen him live will not be surprised that his Schubert, Debussy and Quilter songs sound like a most excellent Liederabend but he can also find something darker and edgier for Eisler, Weill, Brühne and Heggie _ oui.  I particularly liked the his grim take on the Eisler setting of Brecht’s “Die Ballade vom Paragraphen 218”.  It’s a very fine performance by Appl with sensitive contributions _ il faut aussi le souligner ! _ from Baillieu.

The sound quality is excellent and very natural _ oui.  It was recorded in high resolution (96kHz/24bit)  in the Auditorio Stelo Molo RSI in Lugano in July 2020 and is being released as a standard resolution CD or as Hi-res and standard res FLAC and MP3.  I listened to the hi-res version.  There’s a digital booklet with lots of useful information and full texts in it too.

Highly recommended.

Catalogue number: Alpha Classics ALPHA912

Ainsi que ceci, de très pertinent encore,

placé en commentaire d’une vidéo consacrée à ce CD :

« Temptation, prohibition, good, evil… ‘how relevant are these in today’s world?’ asks Benjamin Appl. With the complicity of pianist James Baillieu, we are taken on a musical arc from simple folk songs through to the great song composers such as Schubert, Schumann and Wolf, along the way visiting the French masters Debussy and Poulenc, exploring ‘new objectivity’ with Weill and Eisler and enjoying compositions by Casucci, Heggie and others. The metaphor of forbidden fruit gives Benjamin and James a wide range of possible interpretations. Whilst some of the song settings centre on sensuality, others focus on socially immoral topics such as incest or sensitive subjects such as abortion. The German baritone embodies each of these stories with a passion and dramatic sense that makes this album a kaleidoscopic and astonishing journey through time and space« .

Une rareté discographique, donc, que ce très singulier CD « Forbidden Fruit« ,

qui vaut mille fois le détour d’un minimum de curiosité de la part des mélomanes !!!

Bravissimo !

tant pour la composition très originale, fine et variée, du programme,

que pour la rare performance musicale idéalement expressive,

tant du chanteur, Benjamin Appl, que de son compère pianiste, James Baillieuplus que parfaits tous les deux dans la justesse et pertinente beauté des émotions qu’ils nous offrent ainsi à partager !!!

Ce dimanche 30 juillet 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

La perfection superlative de l’ « A Chloris » de Reynaldo Hahn par Benjamin Appl en le très original programme de son CD « Forbidden Fruit », avec son compère pianiste James Baillieu _ ou atteindre l’acmé de sérénité du plaisir…

29juil

Qu’on commence par écouter _ en boucle si nécessaire… _ la plage 11, d’une durée de 3’10, de l’assez extraordinaire CD « Forbidden Fruit » du baryton allemand Benjamin Appl _ Ratisbonne, 26 juin 1982 _ et de son compère pianiste James Baillieu _ Afrique-du-Sud, mars 1982 _,

le très original CD Alpha 912, enregistré à Lugano du 27 au 30 juillet 2020, et paru seulement _ du fait de sa marquante a priori peu commerciale singularité ?!? _ le 23 juin 2023 ;

soit une interprétation plus que parfaite

_ entre bien d’autres enregistrées d’excellente qualité ; cf par exemple mon article du 23 mai 2020 : « « ,

dans lequel je donnais à écouter deux interprétations très réussies de la sublime « À Chloris » de Reynaldo Hahn (Caracas, 9 août 1874 – Paris, 28 janvier 1945), sur un poème de Théophile de Viau (Clairac, 1590 – Paris, 25 septembre 1626 ; le poète avait été condamné à mort pour libertinage…) ;

un poème lui-même sublimissime (on découvrira l’entièreté de 100 vers des Stances « À Cloris«  aux pages 64 à 67 du passionnant « Après m’avoir tant fait mourir Œuvres choisies«  de Théophile de Viau, paru en 2002 en la collection Poésie-Gallimard… ; le poème datant de 1621)

S’il est vrai, Chloris, que tu m’aimes,
Mais j’entends, que tu m’aimes bien.
Je ne crois point que les rois mêmes
Aient un bonheur pareil au mien.
Que la mort serait importune
De venir changer ma fortune
Pour la félicité des cieux !
Tout ce qu’on dit de l’ambroisie
Ne touche point ma fantaisie
Au prix des grâces de tes yeux.

_ une interprétation, assez étonnante, par Philippe Jarrousky, en sa voix pour une fois non pas de haute-contre, mais de ténor, en son très réussi CD « Opium«  (Virgin Classics 50999 216621 2 6, un CD sorti en 2009) ;

_ et une autre, celle-ci, par Véronique Gens, en son très réussi, lui aussi, CD « Néère«  (Alpha 215, un CD sorti en 2015) ;

en un article que je concluais par ces mots « Reynaldo Hahn sait être prodigieusement simplement délicieux«  _

soit une interprétation plus que parfaite de ce chef d’œuvre insurpassable de la mélodie française qu’est le si délicatement fondant « À Chloris » du cher Reynaldo Hahn

Quelle diction française ! et au service de quel chant ! à un tel degré admirables !

Quel art superlatif de si merveilleusement incarner ce qu’il chante _ en français comme en anglais, et, bien sûr, en allemand ; et cela en des genres aussi divers, voire carrément opposés, aux antipodes les uns des autres, tels que la mélodie, le lied ou la chanson canaille de cabaret !… _ possède ainsi ce décidément prodigieux interprète chanteur-diseur qu’est Benjamin Appl, avec la complicité radieuse, elle aussi _ attentivissime ! _, du magique piano de James Baillieu…

Quelle enchanteresse incarnation, donc, ici,

lumineuse de douce, légère, méditative, claire, et tendre gravité _ à fondre on ne peut plus sereinement d’infiniment délicat plaisir : la « grâce«  même ainsi attrapée et restituée… _de ce sublimissime « À Chloris« … 

Et demain,

après pareille toute simple mise en bouche auditive enchanteresse,

je reviendrai me pencher, cette fois en détails, sur l’originalité remarquable de ce véritable bijou discographique assurément singulier (!) _ ce qui permet probablement de comprendre (mais pas justifier !) la longueur du délai (de trois années !) écoulé entre l’enregistrement, en juillet 2020, et la parution de ce  CD, en juin 2023 : lors de leur enregistrement de juillet 2020, à Lugano, Benjamin Appl et James Baillieu avaient tous les deux 38 ans… _ qu’est tout ce CD « Forbbiden Fruit » _ Alpha 912 _, de Benjamin Appl et son compère pianiste, excellentissime lui aussi, James Baillieu…

Ce samedi 29 juillet 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

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