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Un très juste article, à nouveau, sur l’éclatante réussite des tragiques « Boréades » de Jean-Philippe Rameau dans l’interprétation saisissante de György Vashegyi et la splendide troupe réunie par lui…

27sept

En écho à mon article éminemment laudatif «  » du jeudi 12 septembre dernier,

voici, ce jour, un justissime article, à nouveau, du très fiable Jean-Charles Hoffelé à propos de l’enregistrement par György Vashegyi , le Purcell Choir, l’Orfeo Orchestra, et une excellente réunion de chanteurs à leur optimum, des magistrales « Boréades » de Jean-Philippe Rameau ;

un article intitulé « La Flèche magique » :

LA FLÈCHE MAGIQUE

« Suivez la chasse, allez », de son chant si noble, en trois mots, Sabine Devieilhe pose le tendre personnage d’Alphise face à l’attentive Sémire de Gwendoline Blondeel. La chasse, qui a emporté l’ouverture – Rameau se dispense du prologue, d’emblée tout à sa tragédie (et quelle !) – résonnera au long de cette première scène, cors en appels qui viendront piquer le dialogue et élargir l’espace sonore, jusqu’à l’arrivée de Borilée, formidable Philippe Estèphe, et du haut ténor de Benedikt Kristjansson, Calisis un peu fat.

La caractérisation de chaque personnage, apanage de cette version saisissante _ absolument !!! _, fait l’ultime théâtre de Rameau moderne comme jamais _ oui : un aboutissement de tout le magistral œuvre ramélien ! _, le chant si pur et si ardent _ oui : splendide ! _ de Reinoud van Mechelen donnant une ampleur d’émotion et une élégance de style plus entendus depuis le modèle laissé par Philip Langridge – tout aussi stylé, l’Adamas paternel de Tassis Christoyannis – fait entendre dans la nature de son chant que lui seul _ Reinoud van Mechelen, donc _ a la clef du secret d’Abaris, comme Thomas Dolié _ excellent comme à son habitude _ campe un Borée ravageur _ oui.

Sur une troupe aussi parfaite _ voilà, voilà ! _, l’orchestre fulgurant _ oui ! et pour quelle inouïe musique !!! _ de György Vashegyi emporte la victoire, fascinant évidemment dans les déchaînements qui unissent les Acte III et Acte IV, mais si juste dans les interrogations et les divertissements de l’Acte I, les charmes amoureux qui font de l’Acte II une parenthèse subtile où la danse s’invite, saisissant dans la tension de l’acte final et dans sa solaire résolution _ tout cela étant justissime. On garde amoureusement la gravure princeps de Sir John Eliot Gardiner, on chérit les audaces de Václav Luks, mais c’est ici qu’on viendra s’émerveiller avec constance devant ce chef-d’œuvre _ oui, oui, oui ! Cf mon propre article « «  en date du 12 septembre dernier… _ qui aura attendu le XXe siècle pour paraître _ enfin…

LE DISQUE DU JOUR

…`

Jean-Philippe Rameau (1683-1764)


Abaris ou Les Boréades,
RCT 31

Sabine Devieilhe,
soprano (Alphise)
Reinoud van Mechelen,
ténor (Abaris)
Benedikt Kristjansson,
ténor (Calisis)
Philippe Estèphe, baryton (Borilée)
Thomas Dolié, baryton (Borée)
Tassis Christoyannis, baryton (Adamas, Apollon)
Gwendoline Blondeel, soprano (Sémire, Une nymphe, L’Amour, Polymnie)

Purcell Choir
Orfeo Orchestra
György Vashegyi, direction

Un album du label Erato 5021732372734

Photo à la une : le chef d’orchestre György Vashegyi –
Photo : © Pilvax Films

 

Bravissimo pour cette magistrale _ et indispensable _ réalisation,

si fidélissime au tragique profond de ce chef d’œuvre, ultime, de Rameau…


Ce vendredi 27 septembre 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Et si la tragédie en musique « Les Boréades » était le chef d’oeuvre des chefs d’oeuvre de Jean-Philippe Rameau ?.. Une magistrale évidence de clarté – lisibilité de l’interprétation de György Vashegyi et sa troupe, de ce sommet de tout l’art français…

12sept

Et si la tragédie en musique « Les Boréades » était bel et bien le sublimissime chef d’œuvre des chefs d’œuvre de Jean-Philippe Rameau ?..

Telle est la puissante impression première qui me vient à l’esprit à l’écoute des ultimes minutes de l’enregistrement, en 2 CDs, de ces « Boréades« , tragédie en musique en cinq actes, du double CD Erato 5021732372734 du Purcell Choir et de l’Orfeo Orchestra, sous la direction de György Vashegyi,

avec les chanteurs Sabine Devieilhe (Alphise), Reinoud Van Mechelen (Abaris), Benedikt Kristjänsson (Calisis), Philippe Estèphe (Borilée), Thomas Dolié (Borée), Tassis Christoyannis (Adamas/Apolllon), Gwendoline Blondeel (Sémire/Une Nymphe/L’Amour/Polymnie)superbement enregistré à Budapest du 18 au 21 septembre 2023…

Avec une très impressionnante lumineuse force de clarté et lisibilité, à la française, de cette magistrale interprétation _ écoutez-la ici…

Et ce n’est là que la toute première impression, mais saisissante, de ma toute première écoute _ des 157 minutes de cet enregistrement…

Ce à quoi s’ajoutent les lumineuses présentations, aux pages 22 et 23, puis 24 à 28, de Benoît Dratwicki et, « Les Boréades de Rameau, envers et contre tout« ,  de Sylvie Bouissou.

Oui, c’est proprement stupéfiant d’évidence de beauté…

Un sommet de tout l’art français !

Ce jeudi 11 septembre 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

Encore à nouveau à propos du si beau (et jouissif) « Jouissons de nos beaux ans ! » de Cyrille Dubois et György Vashegyi…

07oct

Encore et toujours à propos du si beau et passionnant récent CD « Jouissons de nos beaux ans ! » de Cyrille Dubois _ et György Vashegyi _

et pour la quatrième fois après mes articles des 20 septembre «  « ,

22 septembre « « ,

et 25 septembre «  » derniers,

ce samedi 7 octobre 2023,

c’est un bel article de Matthieu Roc intitulé « Délicieux récital de Cyrille Dubois dans l’opéra du XVIIIe » qui vient renouveler mon attention sur ce si beau et passionnant CD Aparté AP 319 de Cyrille Dubois et György Vashegyi…

 

Délicieux récital de Cyrille Dubois dans l’opéra du XVIIIe

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En collaboration avec , directeur artistique du Centre de musique baroque de Versailles et , voici un excellent récital qui ouvre une large brèche dans notre méconnaissance du monde de l’opéra du XVIIIᵉ français, dominé par Rameau, mais où fourmille un nombre étonnant de compositeurs de qualité.

C’est une très bonne idée compiler tous ces extraits de dix-huit opéras de dix compositeurs différents _ voilà _ sous la forme d’une grande guirlande lyrique, à la fois variée et d’une très belle unité stylistique _ en effet. Sur les vingt-neuf plages du disque, la moitié est enregistrée pour la première fois _ c’est très juste. Le mélomane découvrira ainsi, entre des extraits connus de Rameau ou de Mondonville, des pièces extraites d’opéras de Royer ou de Dauvergne, dont il connait au moins _ un peu _ les noms _ sinon les œuvres _, mais découvrira en outre des inconnus, comme Grenet, Berton, de Bury, Cardonne… avec des morceaux d’une très belle facture _ absolument. Ouvertures, sarabandes et tambourins, airs élégiaques ou héroïques, lamentos tourmentés, tout se mélange avec bonheur, sans que ne se détache avec trop de netteté ni la supériorité de Rameau, ni la faiblesse éventuelle d’un de ses rivaux _ en effet…

, dans deux extraits des Amours de Tempé, fait preuve d’une richesse mélodique charmante, parente mais non pas imitatrice de Rameau. , dans Zaïde, et Le pouvoir de l’Amour montre un art maîtrisé du rythme et de la mélodie, avec des double-fonds intrigants. Au rayon des inconnus, c’est à que ce disque fait la plus grande part avec six pièces extraites du Triomphe de l’Harmonie, toutes plus heureuses et délicieuses que les autres. Les extraits de Titon et l’Aurore, des Fêtes de Paphos sont excellents, mais ne sont pas des nouveautés, tout comme les divers morceaux de Rameau. Osera-t-on accuser un petit coup de cœur _ c’est moins mon cas… _ pour Cardonne, et son air d’Ovide dans Ovide et Julie, tout à fait ravissant ? C’est peut-être qui parait le moins captivant, avec ce chœur dramatique avec orage venant de Phaétuse, très efficace mais qui semble échappé d’une copie d’Hyppolite et Aricie _ et alors ?.. Peu importe, c’est l’ensemble qui fait mouche, et le plaisir ne faiblit pas _ en effet _ à l’écoute de ce CD bien rempli _ et fort bien composé.

, ténor léger ou même di grazia pour notre époque, endosse pour tous ces airs la perruque du haute-contre de l’époque Louis XV, avec les talents qu’on lui connait et avec le plus grand bonheur _ oui. Sa voix est toujours aussi souple et ductile _ oui _, et il ne fait qu’une bouchée des acrobaties vocales les plus dangereuses dans le registre aigu. Les scènes dramatiques sont portées avec intensité, et les chansons bacchiques avec une joie teintée d’ironie. Surtout _ oui, oui _, son art _ absolument _ remarquable de diseur rend immédiatement intelligible chaque mot, chaque syllabe _ comme ce se doit dans l’art du chant français _, et cela contribue grandement _ mais oui _ au plaisir de l’écouter et de redécouvrir avec lui tous ces petits trésors. Excellents aussi, l’ et le , sous la direction de . C’est lui qui donne à ce florilège baroque la pulsation idoine _ oui _, l’énergie qui fait danser l’ensemble, et qui donne envie de réécouter _ tout cele est très juste _ ce très bon récital-découverte.

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Divers airs, danses et ouvertures extraits des opéras suivants. Jean-Philippe Rameau (1683-1764) : Castor et Pollux ; Les Boréades ; Daphnis et Eglé ; Zaïs ; La Guirlande ; Platée. Antoine Dauvergne (1713-1797) : Les Amours de Tempé. Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville (1711-1772) : Les fêtes de Paphos ; Titon et l’Aurore. Pancrace Royer (1703-1755) : Zaïde reine de Grenade ; Le Pouvoir de l’Amour. François Rebel (1701-1775) et François Francœur (1698-1787) : Tarsis et Zélie ; L’Aurore et Céphale. François Lupien Grenet (1700 ?-1753) : Le Triomphe de l’Harmonie. Pierre Montan Berton (1727-1780) : Deucalion et Pyrrha. Bernard de Bury (1720-1785) : Les Caractère de la Folie. Jean-Baptiste Philibert Cardonne (1730-1792 ?) : Ovide et Julie. Pierre Iso (1715 ?-1794 ?) : Phaétuse. Cyrille Dubois, haute-contre ; Orfeo Orchestra ; Purcell Choir ; direction : György Vashegyi. 1 CD Aparté. Enregistré du 15 au 17 novembre 2021 au Kodaly Centre, Pécs, Hongrie. Notice de présentation et textes en français et en anglais. Durée : 78:18

Ce samedi 7 octobre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Toujours à propos du si beau « Jouissons de nos beaux ans ! » de Cyrille Dubois et Györgyi Vashegyi (suite 2)…

25sept

Toujours à propos du si beau « Jouissons de nos beaux ans ! » de Cyrille Dubois et Györgyi Vashegyi,

qui fait briller de superbes feux l’opéra français entre 1728 et 1771 _ cf mes articles «  » du 20 septembre et « «  22 septembre derniers… _,

voici un bel article « Que tout s’enflamme et se réveille ! » de Laurent Bury sur le site Wanderer, en date d’hier 24 septembre,

qui rend justice, à son tour, au beau travail des interprètes de ce CD Aparté AP319 qui nous fait accéder à tout un pan jusqu’ici méconnu du répertoire lyrique français du siècle de Louis XV, contemporain des chefs d’œuvre magnifiques de Jean-Philippe Rameau…

Jouissons de nos beaux ans !
Airs et danses de Rameau, Dauvergne, Mondonville, Royer, Rebel & Francœur, Grenet, Berton, de Bury, Cardonne et Iso.

Cyrille Dubois, haute-contre
Orfeo Orchestra, Purcell Choir
Direction musicale : György Vashegyi.

CD Aparté, AP319, TT 77′

Enregistré du 15 au 17 novembre 2021 au Kodály Centre, Pécs, Hongrie.

On trouvera peut-être trop sobre, trop « classique » la manière dont Gyorgy Vashegyi aborde dans son nouveau disque les contemporains de Rameau ; c’est pourtant avec une véritable éloquence, sans effets superficiels, qu’il a su depuis longtemps s’approprier ce répertoire, ici avec la complicité de Cyrille Dubois, toujours à son affaire dans la musique destinée aux hautes-contre de l’opéra français.

Que de chemin parcouru depuis 1908, lorsque l’Opéra de Paris remontait en grande pompe Hippolyte et Aricie ! Ou même depuis 1952, quand la résurrection des Indes galantes était prétexte à un déploiement de faste grâce auquel la musique « ne gênait pas » les spectateurs ! Et même dans les années 1970–80, alors que la renaissance baroqueuse s’affirmait, qui aurait pu imaginer que l’on jouerait un jour les opéras de Lully et de Rameau, non seulement en France, mais même à l’étranger ? En Europe, du moins, car l’Amérique reste un territoire à conquérir sur ce plan. Alors qu’un certain nombre d’opéras de Rameau comptent désormais plusieurs enregistrements, alors que tous ceux de Lully ont eu droit à leur intégrale, l’heure est venue de s’aventurer _ un peu plus _ loin de ces sentiers aujourd’hui _ mieux _ battus pour donner à entendre des compositeurs nettement plus confidentiels. C’est là que le Centre de musique baroque de Versailles a un rôle à jouer _ oui ! _, à travers des disques comme ce « Jouissons de nos beaux ans », qui vient de paraître.

Puisque Rameau paraît mainstream, l’interprétation historiquement informée peut se tourner vers ceux qui, sans pouvoir prétendre au titre de génie de la musique, ont vu leur talent couronné en leur temps par l’approbation du public. On sait par exemple que Mondonville, violoniste virtuose, a composé pour la scène une poignée d’œuvres intéressantes, et l’Opéra-Comique a récemment présenté son Titon et l’Aurore _ de 1753 _ ; Antoine Dauvergne, dont la connaissance s’est longtemps bornée à son opéra-comique Les Troqueurs, sous prétexte que le livret pouvait sembler préfigurer celui de Così fan tutte, a été révélé comme compositeur de tragédies lyriques grâce à la résurrection de son Hercule mourant par Christophe Rousset en 2011. Mais par-delà ces deux noms, dont on peut soupçonner qu’ils ne sont vraiment familiers que des amateurs de ce répertoire, il existe encore une masse considérable de partitions qui dorment dans les bibliothèques, produites par des auteurs aujourd’hui bien oubliés.

On sait que Pancrace Royer était claveciniste, et c’est sa musique pour le clavier qui a jusqu’ici surtout été enregistrée, à l’exception de son opéra Pyrrhus _ de 1730 _, remonté à Versailles en 2012 et enregistré dans la foulée. Pour autant, était-il l’homme d’une seule tragédie lyrique ? Pas du tout, on l’apprend en écoutant le disque, où figure des extraits de Zaïde, reine de Grenade _ de 1739 _ ou du Pouvoir de l’amour _ de 1743 . Du tandem formé par François Rebel et François Francœur, quelques chanteuses ont eu à cœur d’interpréter certain air magnifique tiré de leur Scanderberg _ de 1735 _ et on dispose d’une intégrale de leur Pyrame et Thisbé _ de 1726 _ : mais qui avait entendu parler de Tarsis et Zélie _ de 1728. Sans parler d’autres compositeurs parfaitement inconnus au bataillon, comme François-Lupien Grenet (une assez large place est accordée à des fragments de son Triomphe de l’Harmonie _ de 1737 _), Pierre Montan Berton _  auteur de Deucalion et Pyrrha, en 1755 _ ou Pierre Iso _ auteur de Phaétuse, en 1759.

Le programme de ce disque couvre une période allant de 1728, soit quelques années avant la création _ en 1733 _ d’Hippolyte et Aricie, jusqu’à 1771, quelques années avant l’arrivée de Gluck à Paris. Autrement dit, une sélection avant tout consacrée aux contemporains de Rameau _ voilà… _, même si la musique n’est évidemment pas restée immobile pendant ces quatre décennies. D’ailleurs, l’air de 1771, extrait d’Ovide et Julie de Jean-Baptiste Philibert Cardonne, semble déjà appartenir à une autre esthétique _ en effet…

C’est donc ici tout un répertoire qui s’éveille _ reprend vie _, toute une théorie de belles endormies qui défilent ici, tirées de leur sommeil. Au terme d’un partenariat de plusieurs années avec le CMBV, György Vashegyi a dirigé et enregistré _ avec un grand succès _ de nombreux ouvrages lyriques du XVIIIe siècle français. Son orchestre Orfeo maîtrise ce répertoire, et l’on a déjà eu l’occasion d’admirer l’adéquation stylistique et linguistique _ mais oui ! _ de son chœur Purcell dans la tragédie lyrique. D’où vient alors cette première impression qu’il manque un petit quelque chose pour satisfaire pleinement l’auditeur ? _ mais pas moi…

Évidemment, il est impossible de créer, pour un disque d’extraits _ voilà _, la même tension dramatique qu’appelle un opéra donné dans son intégralité, mais ce récital semble au premier abord un peu dépourvu de fougue _ pas vraiment : tout dépend bien sûr des styles abordés… Le titre « Jouissons de nos beaux ans », emprunté à un passage des _ merveilleuses _  Boréades, dont l’esprit est aussi celui du chœur de nymphes « Nous jouissons dans nos asiles », tiré du Triomphe de l’Harmonie de Grenet, mais on est ici bien loin du slogan soixante-huitard « Jouissons sans entraves »… Rien de révolutionnaire dans cette interprétation qui paraît trop sage, et l’on se dit d’abord que les feux de l’amour, très présents dans le texte de ces opéras, ne semblent pas avoir vraiment embrasé les artistes _ mais l’amour peut aussi être tendresse…

A moins que notre oreille n’ait en réalité été influencée par d’autres chefs qui n’ont pas hésité, dans leur recherche d’efficacité théâtrale avant tout, à trop accentuer _ possiblement… _ le rythme de certains morceaux. On se pose la question en écoutant le fameux chœur de Platée qui conclut le disque, « Chantons Bacchus, chantons Momus », qu’on a sans doute trop pris l’habitude d’entendre marteler, voire piétiner. Rien de tel ici, car György Vashegyi reste avant tout soucieux d’équilibre et d’élégance _ des traits éminemment français, voilà ! _  : dans ces livrets, « jeunesse » rime avec « tendresse » _ oui ! _, et c’est ce souci de grâce _ oui ! _ que reflète sa direction aux tempos toujours mesurés, qui se refuse à toute frénésie hors de propos _ voilà. Nous ne sommes pas ici à Naples…

Le chef hongrois est parfaitement secondé dans sa démarche par Cyrille Dubois _ parfaitement ! _ qui, sans rien sacrifier de l’ardeur habituelle de son _ parfait ! _ investissement dramatique, déploie tout son art _ magnifique _ de la déclamation dans les passages tourmentés _ écoutez ici le « Impétueux torrents«  (4′ 00) qui ouvre le CD… Le ténor sait se transformer _ mais oui : il a oublié d’être niais… _ pour respecter les exigences de chaque morceau, délicat pour vanter le charme des plaisirs, plus exalté – mais dans les limites du bon goût – pour chanter la victoire de l’amour _ tout cela est très  juste… Le Bacchus qu’il incarne dans deux extraits des Amours de Tempé _ de 1752 _ de Dauvergne n’a rien d’un ivrogne en proie au délire. L’expressionnisme débridé n’aurait pas ici sa place, surtout si l’on songe à la virtuosité _ oui ! _ fréquemment exigée du soliste (ainsi que du chœur), avec les figuralismes qu’inspirent des mots comme « s’envole » ou « s’enflamme ».

Bien sûr _ bien sûr… _, le génie de Rameau reste éclatant, rapproché de ses contemporains moins illustres : il suffit d’écouter pour s’en convaincre l’ouverture de Zaïs, l’admirable « Descente de Polymnie » des Boréades ou même un air comme « Peuples heureux », des Fêtes de Polymnie. La muse de rhétorique est décidément très présente dans ce répertoire, et c’est son éloquence sans emphase _ oui, à la française… _ qui est de mise pour ce disque.

Voilà donc cet article de Laurent Bury…

En mon premier article sur ce CD,

j’avais émis l’hypothèse que le choix des pièces de ce CD de Cyrille Dubois et György Vashegyi devait peut-être un petit quelque chose au riche programme un peu commémoratif si plaisamment composé pour le Festin Royal du Mariage du Comte d’Artois, à Versailles, le 16 novembre 1773, qui, après le CD pionnier en 1993 d’Hugo Reyne et la Suomphonie du Marais qui m’a fait découvrir l’oeuvre musical de François Francoeur, vient d’être idéalement servi par les 80 instrumentistes réunis par Alexis Kossenko pour son très brillant double CD « Simphonie du Festin Royal de Monseigneur le Comte d’Artois – Année 1773 » ; mais à part le nom de François Francoeur dont deux extraits du « Tarsis et Zélis« , de 1728, composé avec son compère de toute leur vie Fançois Rebel, ouvre le programme du CD « Jouissons de nos beaux ans !« ,chant français, 

je me suis rendu compte que ces CDs n’ont en commun que l’Ouverture _ ce chef d’œuvre transcendant ! Écoutez la ici (4′ 43)  _ de « Zaïs » de Rameau,

et des emprunts d’ailleurs différents, d’une part à la « Zaïde, reine de Grenade » de Royer _ un rondeau et une chasse en rondeau, pour le CD d’Alexis Kossenko ; et un air pour les Turcs en rondeau, pour le CD de Cyrille Dubois et György Vashegyi  _, et d’autre part au « Titon et l’Aurore » de Mondonville _ une musette, pour l’un ; et un air de Titon, pour l’autre…

Mais le CD Dubois-Vashegyi nous fait accéder à des extraits d’œuvres de compositeurs français jusqu’ici oubliés tels que François-Lupien Grenet (Paris, 1700 – Lyon, 25 février 1753), Louis-Joseph Francœur (Paris, 8 octobre 1738 – Paris 10 mars 1804), Pierre Iso (ca. 1715 – ca. 1794) et Jean-Baptiste-Philibert Cardonne (26 juin 1730 – après le mois d’août 1792) ;

tandis que le double CD Kossenko, lui, sort des ténèbres de l’oubli, des extraits d’œuvres de René de Galard de Brassac, marquis de Brassac (La Roque, 1698 – Paris, 1771), Joseph-Hyacinthe Ferrand (1709 – 1791), Jean-Claude Trial (Avignon, 13 décembre 1732 – Paris, 3 juin 1771) et Louis Granier (Toulouse, 1725 – Toulouse, 1800)…

Leurs musiques méritent notre écoute…

Ce lundi 25 septembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

François Francoeur (1698 – 1787), Surintendant de la Musique du Roy, maître d’oeuvre des « Simphonies pour le Festin royal du Mariage de Monseigneur le Comte d’Artois », à Versailles, le 16 novembre 1773 ; ou l’été indien de la musique baroque française : comparer les orchestres de La Simphonie du Marais (et Hugo Reyne) en 1993, et des Ambassadeurs et La Grande Ecurie (et Alexis Kossenko) en 2023…

24sept

Dans le sillage du passionnant et superbe CD « Jouissons de nos beaux ans !«  _ le CD Aparté AP 319 _ de Cyrille Dubois, l’Orfeo Orchestra et le Purcell Choir sous la direction de György Vashegyi _ cf mon article un peu détaillé du 20 septembre dernier : «  «  _,

voici que je m’intéresse ce jour aux CDs qui ont été consacrés, en 1993 et en 2023, aux musiques _ instrumentales _ qui ont accompagné, à Versailles, le 16 novembre 1773, le Festin Royal donné pour les célébrations du mariage de Monseigneur le Comte d’Artois _ le futur Charles X _ et la princesse Marie-Thérèse de Savoie,

soient

_ le CD « François Francœur – Symphonies pour le Festin royal du Comte d’Artois » de Hugo Reyne et La Simphonie du Marais _ le CD Fnac-Music 592287 _, qui donne les 16 pièces musicales de la main de François Francœur (Paris, 21 septembre 1698 – Paris, 5 août 1787) données pour ces festivités royales _ ainsi que 3 autres, toujours de la main de ce compositeur : c’était l’œuvre de celui-ci qu’il s’agissait en effet de donner à entendre… _ ;

_ et le double CD « Simphonie du Festin Royal de Monseigneur le Comte d’Artois – Versailles 1773 » d’Alexis Kossenko dirigeant Les Ambassadeurs et La Grande Écurie _ le double CD Château de Versailles Spectacles CVS101 _, qui, lui, donne l’intégralité des 43 pièces musicales de ces festivités, soient ces 16 pièces de François Francœur même, mais aussi 27 autres de 10 autres compositeurs : Jean-Philippe Rameau (9 pièces) ; Antoine Dauvergne (3 pièces) ; Pancrace Royer (3 pièces) ; Bernard de Bury (3 pièces) ; Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville (3 pièces) ; Pierre-Montan Berton (2 pièces) ; et le marquis de Brassac, Jacques-Hyacinthe Ferrand, Jean-Claude Trial et Louis Grenier (1 pièce chacun) choisies _ et parfois modifiées, adaptées par Francœur _ pour l’espèce par celui qui était alors _ de 1744 à 1776… _ Surintendant de la Musique du Roy, en un notable brillant panorama de l’art du Grand siècle musical qui s’achevait, au moment où triomphait à Paris un tout autre style, avec Gluck, Grétry, Gossec ou Piccinni…

Bien sûr, l’orchestre des 20 instrumentistes réunis par Hugo Reyne en 1993, paraît un peu léger par rapport à celui des 70 instrumentistes d’Alexis Kossenko en ce double CD de 2023…

Mais l’esprit vif et follement heureux de cette musique était déjà bien là !!!

Avec aussi cette révélation de Benoît Dratwicki, aux pages 12-13 du livret (consultable ici) de ce CD CVS101 :

« On pensait ne rien savoir des conditions d’exécution de ces musiques, sinon ce que nous en disait la presse de l’époque : « on exécuta, pendant le Festin royal, différents morceaux de symphonie, sous la conduite du sieur Rebel, Chevalier de l’Ordre du roi, et Surintendant de sa Musique ». Aussi avait-on imaginé de rassembler l’effectif orchestral mentionné dans un document réalisé, la même année 1773, par Jean-Baptiste Métoyen, bassoniste de la Musique du roi, indiquant précisément le nombre de musiciens réunis dans la fosse de l’Opéra royal pour les spectacles donnés à l’occasion du mariage du comte d’Artois : 70 musiciens, dont pas moins de 26 violons, 6 altos, 14 violoncelles, 4 contrebasses, 2 flûtes, 4 hautbois, 2 clarinettes, 6 bassons, 4 cors, 1 trompette et 1 timbale. Un autre plan de la fosse de l’Opéra royal, daté de 1770, confirme à peu de choses près le même effectif et la disposition des musiciens.

Quelle surprise toutefois lorsqu’au premier jour de répétition du projet, Michael Greenberg, contrebassiste et musicologue, nous révèle avoir retrouvé dans les archives de la Musique du roi l’effectif précis de l’orchestre pour cet événement : il s’agissait de 78 musiciens, répartis en 34 violons et altos (sans détail), 15 violoncelles, 3 contrebasses, 10 flûtes et hautbois (sans détail), 2 clarinettes, 6 bassons, 3 cors, 1 trompette, 1 timbale et 3 tambourins. Il était trop tard pour changer l’effectif, mais, de fait, celui choisi était quasiment le même que celui retrouvé.

Au passage, dans le même article, Michael Greenberg donnait l’effectif de l’orchestre réuni pour le Festin royal du mariage du Dauphin _ le futur Louis XVI _, en 1770 : 79 musiciens (25 violons, 8 altos, 17 violoncelles, 4 contrebasses, 9 flûtes et hautbois, 2 clarinettes, 8 bassons, 3 cors, 2 trompettes, 1 timbale), confirmant l’usage – à la Cour – d’orchestres aux vastes dimensions dans le cadre d’événements extraordinaires« …

Il n’empêche qu’il, importe de rendre pleine justice au travail pionnier de recherche ainsi que d’interprétation, pleine de verve _ avec les moyens dont il pouvait disposer alors… _, de Hugo Reyne, dès 1993 ;

ce que ne font ni Alexis Kossenko, ni Benoît Dratwicki, ni pas vraiment non plus, le critique Loïc Chahine dans le bel article louangeur « Folle ivresse » qu’il donne aux pages 70-71 du magazine Diapason de ce mois de septembre 2023, de ce double CD d’Alexis Kossenko :

« Hugo Reyne n’avait gravé qu’une sélection (Fnac, 1993)« ,

en ne mentionnant pas que le choix d’Hugo Reyne s’était délibérément porté alors sur les seules pièces de François Francœur…

Oui, François Francœur en novembre 1773, ou le splendide été indien de l’âge baroque de la musique française

en quelque sorte récapitulée par François Francœur en cette sélection de morceaux de choix d’une durée d’un peu plus de 2 heures… _

du temps de Rameau et du règne de Louis XV…

Ce dimanche 24 septembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

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