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Question : lesquels des « Tirages Fresson » de Bernard Plossu, sont ceux que je préfère ?.. Pour commencer, les images de nature : montagnes, déserts, campagnes, forêts…

08nov

Bernard Plossu est un adepte bien connu de marches-randonnées dans la nature _ plus ou moins sauvage… _ :

montagnes, déserts, hauts-plateaux, voire grandes prairies,

campagnes, et même jardins,

ainsi que sous-bois et forêts…

En ce chapitre-ci d’une « nature » au sein de laquelle cheminer, sac au dos

_ et appareil-photo à portée immédiate de main, tel le large filet pour le collecteur de papillons (cf ici Vladimir Nabokov…)… _,

un peu à l’aventure,

au moins 7 images (sur 80) de ce « Tirages Fresson« 

sont consacrées à des images disons _ et pour bien mal le résumer _ « vertes« ,

je veux dire peu ou prou « écologiques« ,

avec des degrés d’ailleurs fort divers entre sauvagerie et civilisation,

entre nature quasi vierge _ « wilderness«  américaine (cf Catherine Larère…) _, et culture _ européenne _ un tant soit peu peignée…

En ce « Tirages Fresson » qui vient de paraître,

au moins 7 images de « nature » se trouvent aux pages

13 (« Ardèche, France, 2012« ),

15 (« Taos Mountain, Nouveau-Mexique, États-Unis, 1978« ),

29 (« Californie, États-Unis, 1977« ),

30-31 (« Cantal, France, 2014« ),

53 (« Port-Cros, France, 2011« ),

69 (« Sud du Nouveau-Mexique, États-Unis, 1980« )

La librairie Artazart, sur les bords du Canal Saint Martin à Paris, vous propose de venir à la rencontre du photographe Bernard Plossu pour la parution de son album Western Colors, ce jeudi 23 juin à partir de Nouveau Mexique, Photographie Couleur, Onirique, Peinture, Rencontre, Yeux, Photographie Numérique, Photographie De Voyage, Les Photos Noir Blanc

et 80 (« Giverny, France, 2010« ).

On remarquera au passage l’imprécision _ bien évidemment par force ! _ de localisation _ quelque part… _ des sites

où ont été saisies ces images… 

Ce qui donne, cette fois au sein de ma liste de 13 images entre toutes préférées,

pour ce qui concerne le chapitre de l' »extérieur-nature« ,

le fait que j’ai retenu 2 images proprement sidérantes, à mon œil,

les images des pages 30-31 (« Cantal« )

_ peut-être un poil trop majestueuse (spectaculaire !) et photogénique, celle-ci, pour pouvoir servir véritablement d’emblème de la singularité extraordinaire du mode de faire, foncièrement modeste, aux antipodes du « m’as-tu vu« , de Plossu…,

et servir, du moins à mon goût personnel, pardon !, de couverture à l’album :

mais quelle infiniment tendre sensualité caressante se dégage des courbes, au premier plan, de cette merveilleuse « vue verte«  surplombante d’un très vaste, quasi infini, panorama cantalien, en Auvergne…

Bernard Plossu n’est pas l’homme des bien trop époustouflants vertigineux à-pics des Dolomites… _

et 53 (« Port-Cros« )

_ celle-ci (peut-être une image inédite ; à moins, et c’est plus vraisemblable !, qu’elle n’ait déjà paru, en 2013, en un album que je ne possède hélas pas !« L’Incertaine apparence de Port-Cros«  de Bernard Plossu et François Carrassan, paru aux Éditions de l’Égaré, en 2013 : un album probablement tiré alors à très peu d’exemplaires…) est, entres toutes, ma préférée : celle que j’aurais personnellement encouragé à choisir pour la couverture !

Quel infiniment doux plaisir sensuel de cheminer-s’enfoncer sans se perdre sur (ou dans) le chemin de ce vert sous-bois à la fois un peu sombre et combien chaleureusement lumineux d’Eden méditerranéen, accueillant, où vagabonder à l’envi sans jamais risquer de se perdre… Le paradis est juste là ! Et l’on s’y meut, en une île ! cette île de Port-Cros…

Port-Cros, Porquerolles, l’ïle du Levant : le paradis même du « Pierrot le fou » de Godard, dont Bernard avait si justement saisi les orgasmiques « ambiances«  en quelques magiques images de son si beau Plossu Cinéma, en 2010 (aux Éditions Yellow now) ; cf mon article du 27 janvier 2010 : … _ ;

ainsi que, aussi,

et cette fois dans ma liste supplémentaire de 22 autres images, cette fois,

_ il est si difficile de réduire le nombre de ses choix ! _,

les 2 images, encore,

des pages 69 (« Sud du Nouveau-Mexique« )

_ ici encore un chemin, ou plutôt cette fois une route pierreuse, mais désertique, sec et aride, celui-ci ! Et cette fois encore, un Plossu emblématique, et presque trop, pour le coup, pour que j’eusse choisie cette image-ci comme couverture… Et, à dire vrai, ma préférence, très subjective, bien sûr (et injuste !), va au Plossu européen, et même, assez souvent (mais pas exclusivement non plus : cf ici même son extraordinairement beau « Giverny« , de la page 80, ou, et à propos des villages, son admirable « Bourgogne« , de la page 81…), au Plossu méditerranéen… _

et 80 (« Giverny« )

_ une nature superbement peignée, cette fois, mais surtout pas trop, non plus, ici chez Monet : une merveille de classicisme (français, je le constate…) ouvert, à la fois retenu et déboutonné, et hyper-détendu, idéalement paisible, en sa respiration, pleine de fantaisie, amusée, et en même temps d’une idéale sérénité ; paradisiaque encore, mais d’une autre façon : apollinienne, dirai-je, cette fois, plutôt que dionysiaque (comme était le si chaleureux « Port-Cros« ) : quelle sublimissime renversante image, que ce « Giverny« – là, en son tendre délicatissime équilibre-déséquilibre (à la Marivaux), si français !..

Mais on comprend très bien aussi le degré d’embarras de choix de Bernard Plossu à sa table de travail,

face aux nécessaires choix éditoriaux à réaliser, à la profusion fastueuse de ses images, offertes, là, sous ses yeux ;

disponibles images, parmi _ et au sein de _ ses innombrables richissimes planches-contact _ qui les recèlent et les conservent _ ;

Bernard Plossu en face de ses milliers de somptueuses images saisies, qui, beaucoup d’entre elles, méritent vraiment, les unes ou les autres

_ et surtout celles au tout premier abord apparemment les plus « ratées«  ! _,

une nouvelle chance de parvenir à paraître, au moins une fois, quelque jour à venir, à nos yeux de regardeurs, à notre tour :

en quelque prochain nouvel album, ou quelque prochaine nouvelle exposition.

Oui, parmi les images qui n’ont pas été retenues cette fois-ci, pour ce « Tirages Fresson« -ci,

des centaines, probablement, l’archi-méritaient _ et méritent toujours _ pleinement,

mille fois davantage même, peut-être parfois, que celles sur lesquelles a porté, ce jour-là, le magnifiquement judicieux choix, déjà !, de leur auteur-capteur-saisisseur-receveur-partageur, à sa table de La Ciotat _ comme je l’y ai vu procéder, le 22 juillet 2008, pour son « Plossu Cinéma« , assis que j’étais auprès de Michèle Cohen et de Pascal Neveux, présents là pour ce tout premier choix…

Mais, et soyons-en certains,

ce n’est, pour ces belles endormies, sommeillant, pour le moment encore, en leurs planches-contact,

que partie remise, pour la prochaîne occasion de publication d’un album, ou d’une exposition ;

et grâce, bien sûr aussi, à la médiation féérique, décisive, elle aussi, du tirage de l’image,

par les doigts de fées de magiciens

tels que, ici, de père en fils _ Pierre, Michel, Jean-François _, les Fresson, à Savigny-su-Orge…

Car Bernard Plossu sait mieux que personne tout ce qu’il doit à la perfection infiniment soignée du travail de ses tireurs d’images préférés,

son épouse, Françoise Nunez, et Guillaume Geneste ;

et, ici, pour ces fabuleux tirages-couleurs-Fresson,

Pierre, Michel et Jean-François Fresson, à Savigny-sur-Orge… ;

dont la perfection infiniment soignée _ pardon de la répétition !, mais il faut y insister, comme le fait d’ailleurs lui-même, et à nouveau,  après le « Plossu couleurs Fresson » de 2007, le titre si justement reconnaissant de cet album de 2020 : « Tirages Fresson« … _ de ce travail de tirage

lui permet, à lui _ le rencontreur passionné d’images à faire sourdre-surgir, de ce réel inattendu à apprendre à vraiment, et vraiment presque partout, surprendre et percevoir vraiment (il faut insister aussi, et toujours, sur ce très profond souci de vérité de Bernard Plossu à toutes les étapes de son travail, et son refus absolu et même forcené du moindre trucage falsificateur !), en un clin d’œil, sur le champ, décisif ; et saisir, pour l’éternité désormais, par ses images photographiques qui vont être engrangées, conservées, tirées et publiées… _,

de vraiment se consacrer quasi exclusivement _ voilà ! c’est simplement un gain de temps et d’énergie à répartir (de confiance !)… _ à la pure rencontre _ miraculeuse _ offerte de ce si vaste réel à parcourir,

ce réel tout à la fois le plus normal et quotidien possible _ et ce peut-être celui-là même de sa propre maison à La Ciotat, comme jadis à Grenoble ; comme celui d’absolument le plus banal n’importe où (telle la plus simple chambre d’hôtel)… _et en même temps fantastiquement riche, et à quasiment inépuisable profusion _ pour qui sait, « sur le motif » d’abord, et c’est bien sûr le principal, le percevoir (puis, une fois « pris« , « saisi » sur la pellicule photographique et conservé, bien sûr encore apprendre à le reconnaître et identifier, très a posteriori, à sa table de travail), en sa merveilleuse fulgurance poétique iconique _, de formidables fabuleuses surprises ;

dont, Kairos aidant, et hic et nunc,

lui va pouvoir réaliser, l’éclair d’un clic instantané sur la pellicule photographique, ces fantastiques images vraies

qui vont demeurer à partager _ en une admirable œuvre réalisée _ pour jamais :

le défi, quasi permanent alors _ en ces très intenses autant que très sereines (de concentration paisible, vierge de tout parasite…) chasses aux papillons iconiques « sur le motif«  _, est immense…

Que de merveilleux trésors de poésie _ déjà réalisés, mais encore en partie dormants, en attente qu’ils sont de « réalisation finale«  lors du tirage sur du papier adéquat… _ attendent donc, encore,

dans les inépuisables rangements de planches-contact de Bernard Plossu, chez lui, à La Ciotat,

la grâce de lumière d’un tirage parfait enfin réalisé ;

puis d’un livre édité, ou d’une exposition exposée !

Et,

tout en bout de course, et presque accidentelle _ et assez pauvre en nécessité _,

la découverte émerveillée, consécutive,

par nous,

de nos regards éblouis de spectateurs _ de ces images, dans le livre, ou à l’exposition _ attentifs admiratifs,

infiniment reconnaissants de ces sublimes éclats si merveilleusement bienfaisants

de lumière

que nous recevons instantanément alors, tout en bout de course, en cadeau…

Car ces couleurs nous font vraiment du bien…

Ce dimanche 8 novembre 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un juste regard (de 2020) sur le lumineux « Piccola » (de 1994) de Rosita Steebeek, sur le blog vocal Paludes…

19sept

Sur le blog vocal Paludes _ sur les ondes de Radio-Campus Lille _, et en date d’hier vendredi 18 septembre,

voici une synthèse très juste _ et très justement enthousiaste _ de Piccola, le roman-témoignage de Rosita Steenbeek, paru _ en néerlandais _ en 1994, et que vient de traduire _ de l’italien, sur une traduction de Rosita Steenbeek elle-même, qui vivait à Rome, Via del Sudario… _ en français René de Ceccatty, pour sa collection « Compagnons de voyage« , qu’il inaugure aux Éditions Vendémiaire,
qui met excellemment le focus sur l’interconnexion subtile des personnalités des quatre principaux protagonistes,
et tout particulièrement _ sans narcissime aucun, ni la moindre lourdeur : légèreté et gaîté règnent lumineusement, à la romaine… _ sur celle de Rosita.
Cf mes 4 articles des 21, 22, 23 et 24 août derniers :
L’auteur _ Nikola _ de ce blog vocal semble jeune,
et on comprend que le contexte présent du politiquement correct contraste pas mal, pour lui, avec les mœurs bien plus ouvertes (post 68) du siècle passé…
Car il s’agit aussi d’une éducation sentimentale pour une jeune femme étrangère, venant, d’ailleurs, d’un pays un peu plus puritain (calviniste) que l’Italie d’alors (d’un catholicisme disons de façade)…
Ne perdons pas de vue que Rosita Steenbeek est aussi une jeune femme très cultivée,
qui a même fait aussi quelques études de théologie _ même si cela n’est guère évoqué (ni a fortiori souligné !) dans son texte
L’émancipation _ méditerranéenne, surtout à Rome et un peu en Sicile _ loin du père a importé aussi, en effet, dans le parcours de Rosita Steenbeek, qui « s’est trouvée » elle-même à Rome, au point d’y demeurer très longtemps : on la comprend…
L’auteur de ce blog vocal a donc tout a fait raison de mettre l’accent sur ce que s’apportent réciproquement, en effet, Rosita et ses 3 partenaires masculins, dont deux créateurs d’exception (Federico Fellini et Alberto Moravia) :
l’éducation sentimentale n’est donc pas _ pas complètement _ à sens unique.
Rosita leur apporte elle aussi, à chacun d’eux, quelque chose de précieux, en leurs jours de vieux mâles déclinants.
Cela me fait penser à l’image de je ne sais plus quelle sainte qui nourrissait au sein son vieux père, enfermé en prison… Mais là je pousse un peu loin le bouchon…
Et en cela, ce témoignage (très peu romancé : il s’agissait, semble-t-il, de maintenir une légère distance avec le témoignage brut !) de Rosita, republié ici (ainsi que traduit de l’italien) par les soins de René de Ceccatty à 26 ans de distance de son édition originale, en 1994, et en néerlandais,
éclaire aussi ce qui a passé entre les époques…
Charme et vivacité éclairent donc de la belle lumière méditerranéenne ce bien riche Piccola
Une ultime remarque concernant ce blog vocal :
un autre trait d’époque (de 2020) : cette manie d’angliciser les prononciations de tous les noms étrangers (Stinbik, pour Steenbeek)… Lille n’est pourtant pas très éloignée d’Utrecht…
Ce samedi 19 septembre 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Les approches du réel (et de soi) de « Piccola » : « une vie ambiguë », entre trois hommes (plus âgés qu’elle), afin de parvenir à « trouver sa voie », à Rome, en 1990…

24août

L’écriture cursive, éminemment fluide _ dépourvue de la moindre lourdeur _, de Piccola,

de Rosita Steenbeek _ aux Éditions Vendémiaire, en ouverture de la collection « Compagnons de voyage« , que crée René de Ceccatty _,

enchante,

en plus de son si attachant et lumineux ancrage romain…

C’est un récit de formation

_ paru en version originale en 1994 _,

celui d’une jeune femme indépendante _ et très cultivée : son père, Jan Wieger Steenbeek (1927 – 2002), qu’elle admirait énormément, enseignait les Lettres à l’université d’Utrecht, aux Pays-Bas _, née en Hollande, à Utrecht, en 1957,

et venue en Italie et à Rome vers 1984, à la recherche de rôles au cinéma _ à Cineccita _, ou d’interviews d’écrivains et artistes,

afin, d’abord, bien sûr, de gagner sa vie ;

mais aussi, plus profondément, et surtout, se découvrir,

et mieux devenir soi…


Sa vie s’est trouvée peu à peu marquée par trois rencontres d’hommes _ Roberto Chiaramonte, Edoardo Pincrini, Marcello Leoni : un riche amant psychiatre, sicilien ; un très grand écrivain, romain ; un très grand cinéaste, romain lui aussi, d’origine romagnole _, tous les trois bien plus âgés qu’elle,

avec lesquels elle va entretenir des rapports affectifs _ d’amour et d’amitié plus ou moins sexués ; et assez diversement, pour le moins… _ complexes…



Au point qu’au mois de juin 1990, page 303 du récit, 

elle en vient à se demander « combien de temps je pourrais mener cette vie ambiguë _ voilà !

Je courrais _ très effectivement _ d’un vieux à l’autre ; et pour le reste je ne faisais plus rien« 

_ soit une absence d’œuvre tant soit peu effective, qui finit par la déranger… Page 287, Edoardo (Alberto Moravia) s’était écrié, à propos de Rome et des Romains : « J’en ai marre de ce peuple, de cette ville et de cette vie. Ici personne ne travaille. Tout le monde en prend trop à son aise. Même les pigeons sont trop gros pour bouger« …

Alors que parvenir à « tracer sa voie« 

(l’expression se trouve page 305, dans la bouche de Roberto _ qui s’est ouvert peu à peu, lui aussi _),

est probablement l’objectif de fond _ affleurant peu à peu à la conscience de la narratrice _ de cette quête,

à distance de sa Hollande native et familiale…

Et aussi, en découvrant et prenant possession d’une vraie « chambre à soi« , pour reprendre l’expression de Virginia Woolf.

Ce n’est peut-être pas tout à fait un hasard si ce lieu, ô combien tranquille, inspirateur, et donc apte à l’écriture personnelle,

la narratrice le découvre, et s’y installe, dans le courant du mois de juin 1990,

au retour d’un séjour, au mois de mai, de « cinq jours en Hollande » (l’expression se trouve à la page 290) en compagnie d’Edoardo Pincrini – Alberto Moravia

_ leur séjour, ensemble, en Hollande est narré de la page 290 à la page 297 _,

après avoir bien pris conscience de ce qu’elle nommait, page 307, « mon problème de logement : la pension _ où elle résidait alors, située dans le quartier du Ghetto, à Rome _ était de plus en plus bruyante et agitée, et il me fallait trouver une autre solution« .

« Un soir _ de début juin 1990, le passage se trouve page 310 _, où j’étais allée à l’Institut néerlandais pour assister à une conférence, j’échangeais deux mots avec un prêtre flamand qui m’annonça qu’un petit appartement s’était libéré dans un vieil immeuble médiéval qui appartenait au clergé belge, non loin de ma pension _ située, elle, dans le Ghetto ; en fait, il s’agit là d’une dépendance de l’église San Giuliano dei Fiamminghi, Via del Sudario, non loin de Sant’Andrea della Valle. Il pouvait me la faire visiter. »

« C’était un endroit idéal : église _ San Giuliano dei Fiamminghi _, théâtre _ Teatro Argentina _, bibliothèque _ la Casa Burckart _, m’entouraient, silencieux. Au cœur _ historique _ de Rome, mais protégé de ses rumeurs par des murs épais de plus d’un mètre« , page 312.

« J’allais m’y installer, sans la moindre hésitation. (…) C’était un lieu dôté d’une âme » _ voilà ! _, page 313.

« Le lendemain matin, je tournai la vieille clé dans la serrure, et un nouveau chapitre _ rien moins ! C’est un tournant majeur pour la narratrice ! _ commença dans ma vie« , page 316.

Quelques pages plus loin, pages 320 à 324,

la narratrice raconte une soirée passée avec Marcello Leoni – Federico Fellini et Guido Anselmi – Marcello Mastroianni _ Guido Anselmi est le nom même du personnage du réalisateur dans Huit-et-demi, de Fellini, en 1963, qu’incarnait Marcello Mastroianni… _, le soir du match de Coupe du Monde de football entre l’Italie et l’Uruguay ; c’était le 25 juin 1990.

Ce qui nous permet de dater avec un peu de précision cette installation de Rosita Steenbeek dans sa splendide cellule monacale de la Via del Sudario, si importante pour sa vie enfin féconde d’écrivain, entre la fin mai de son voyage de cinq jours en Hollande, avec Pincrini – Moravia, et le 25  juin de son dîner avec Mori – Fellini et Anselmi – Mastroianni, le soir même de ce match Italie-Uruguay de foot-ball, en 1990.

Les entretiens suivis et impromptus, informels pour la plupart, que l’auteur (Rosita Steenbeek) – narratrice (Suzanne), aura, entre février et septembre 1990,

avec Alberto Moravia (Edoardo Pincrini) et Federico Fellini (Marcello Leoni), 

vont lui faire accomplir des pas de géants dans cette connaissance de soi et des autres,

en la richesse, en partie (et d’abord) inconsciente, que ces deux créateurs majeurs vont lui faire, au jour le jour de leurs échanges formidablement ouverts, approcher et ressentir,

par le partage de leurs propres démarches éminemment singulières (et puissantes, via, tout spécialement, leurs propres parcours de création _ ce que je nomme, avec mon amie Marie-José Mondzain, « imageance« … : un concept qui s’applique particulièrement bien au mode de création débridé et formidablement ouvert d’images mouvantes de Federico Fellini…)

d’approches _ le terme décidément revient… _ très pointues de la richesse de perception du réel (et de « soi« , en ses rapports extrêmement complexes et riches d’ambivalences aux autres)…

Piccola,

en sa légèreté fluide et lumineuse _ romaine ? _ d’écriture,

nous fait approcher aussi, de biais _ et en rien doctoralement ! _,

l’idiosyncrasie de ces créateurs majeurs ultra-lucides que sont Alberto Moravia et Federico Fellini,

tout différents qu’ils soient l’un de l’autre…

La collection « Compagnons de voyage« 

que vient de créer René de Ceccatty aux Éditions Vendémiaire

commence magnifiquement !!!

Ce lundi 24 août 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Réception de « Piccola », lumineux roman autobiographique de Rosita Steenbeek (1994), traduit par René de Ceccatty

21août

Reçu ce jour, des Éditions Vendémiaire,

Piccola, de Rosita Steenbeek _ paru en 1994 en néerlandais : l’auteur est née à Utrecht le 25 mai 1957 _,

que vient de traduire, de l’italien, René de Ceccatty

_ le titre originel, en néerlandais, de ce « roman autobiographique«  est De laatste vrouw : ce qui signifie « la dernière femme« … Et cela, d’après le commentaire du personnage de Roberto, le Professeur Chiaramonte, le riche hôte (et amant vieillissant) sicilien, à Taormina, de Suzanne, la narratrice ; lequel Roberto chantonne, page 110, la chanson Piove de Domenico Modugno, créée à l’Eurovision en 1959, et demeurée célèbre depuis, face à la sombre perspective d’être quitté : « Mais je sais que ça finira par arriver. Ciao ciao bambina et poi per sempre ti perderò (…) Tu es la dernière femme, la dernière femme…« .

J’en ai entamé immédiatement la lecture, très fluide, très agréable _ le livre semble ne pas comporter de chapitres ; en fait, si ! Mais de longueurs très inégales (118 pages, 69 pages et 202 pages), et dépourvus de titres. Les épisodes s’enchaînent très rapidement : tout passe (et advient) sans s’attarder, ni demeurer… D’où, aussi, des va-et-vient fréquents… _,

dont l’intrigue, pour le moment _ j’en suis à la page 127 (sur 399) _, nous transporte _ lumineusement _ en quelques va-et-vient entre Rome (Cinecitta, la Via Venetto, le Ghetto, le Trastevere, etc.) et Taormina, en Sicile.

La première mention de Rosita Steenbeek qui m’est tombée sous les yeux se trouve dans l’admirable Objet d’amour de René de Ceccatty _ cf mon article enthousiaste du 24 mai 2016 : _, aux pages 341 :

« L’appartement que je décris, Via del Sudario _ qui donne sur le couvent des Théatins (qui jouxte Sant-Andrea della Valle), où j’ai résidé 10 jours, du 6 au 15 mars 1992, en plein cœur de la Rome historique : quel merveilleux séjour !.. _, près de San Giuliano dei Fiamminghi, existe. C’est celui de la romancière et actrice néerlandaise Rosita Steenbeek, qui a écrit notamment sur le peintre Vanvitelli, originaire de son pays« 

et 342 :

« Puis, j’ai vu la Rome d’amis _ voilà _ qui y vivaient, Arturo Patten qui était photographe, Rita Cirio qui est critique de théâtre et amie de Fellini, Laura Betti, la comédienne et archiviste des œuvres de Pasolini, Alberto Moravia dont j’écrivais la biographie et son ancienne compagne Dacia Maraini, Rosita Steenbeek qui fut intime de Moravia et de Fellini, Bruna Conti, archiviste de Pasolini, de Visconti et de Sibilla Aleramo, auxquels j’ai consacré des études et des livres, et plusieurs écrivains et artistes auxquels j’ai rendu visite ou que je retrouvais à Rome : Claudia Cardinale, Adriana Asti, Giorgio Ferrara, Elisabetta Rasy, Jacqueline Risset, Graziella Chiarcossi, Nour Melehi, Gianna Cimino, Francesca Sanvitale, Rosetta Loy, Ginevra Bompiani, Sandro Veronesi, Rocco Carbone, Enzo Siciliano, Renzo Paris, Elio Pecora, Alberto Abate, Valentino Zeichen, Nicola Piovani, Umberto La Rocca » …

Bien sûr, je suis très curieux de poursuivre ma lecture de ce lumineux Piccola romain

La collection « Compagnons de voyage » commence décidément excellemment !

Ce vendredi 21 août 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Musiques de joie : la lumière tendre et vive du second Quintette à cordes avec Piano, opus 115, de Gabriel Fauré, en 1921

09juin

Si joie il y a dans la musique de Gabriel Fauré

(Pamiers, 12 mai 1845 – Paris, 4 novembre 1924),

c’est une joie lumineuse

de vie bien employée, musicalement épanouie,

en ce Quintette à cordes avec piano n° 2, en ut mineur, opus 115,

achevé en 1921.

Et tout particulièrement dans l’interprétation rayonnante

qu’en ont donnée

Éric Le Sage et ses partenaires du Quatuor Ébène

_ Pierre Colombet et Gabriel Le Magadure, violons, Mathieu Herzog, alto, et Raphaël Merlin, violoncelle _,

en l’Intégrale (en 5 CDs) de la Musique de Chambre avec Piano, de Fauré,

qu’en a proposée Éric Le Sage, pour Alpha, en un superbe coffret Alpha 228,

enregistré en 2010, 2011 & 2012,

sur une initiative de Jean-Paul Combet.


Nous voici dans l’intimité _ paisible _ du cœur battant du plus intime de la tradition française

d’infinie tendresse.

Avec la battue _ sereine, vivante et assumée _ du piano.

Á défaut de disposer d’un podcast ou d’une vidéo

de cette si belle réalisation,

voici un podcast de l’œuvre par l’Ensemble Schubert.

Ce mardi 9 juin 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

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